Justice au Singulier

Blog officiel de Philippe Bilger, Magistrat honoraire et Président de l'Institut de la Parole

Bruno Retailleau n’est pas « détruit »…

Je ne doute pas que sorti des miasmes de ces derniers jours, Bruno Retailleau va comprendre que rien n’a changé dans son rapport avec la majorité de l’opinion publique et que le fait de n’être plus ministre ne va pas obérer son futur, qu’il soit celui d’un candidat ou d’un auxiliaire essentiel pour quelqu’un d’autre. Il me semble que sa liberté d’aujourd’hui va lui permettre de se consacrer à sa tâche capitale de créateur ou de restaurateur d’une droite retrouvant l’estime publique non pas avec des promesses démesurées et démagogiques mais avec la capacité de tenir les engagements plausibles et raisonnables qu’une pensée conservatrice se doit de cultiver.

Donald Trump, faites libérer Boualem Sansal !

Boualem Sansal est en train de disparaître, de subir l’inaction coupable de nos dirigeants, même si cette personnalité extraordinaire et indomptable ne s’efface pas de nos mémoires. C’est pourquoi, aussi absurde que soit mon appel, aussi utopique qu’apparaisse, à ce point, l’immixtion de Donald Trump dans nos affaires, je me résous à adresser au président américain cette injonction admirative : Donald Trump, faites libérer Boualem Sansal !

Pourquoi le peuple leur fait-il si peur ?

Rares sont les moments où, dans une démocratie, les extrémismes ont raison. La France insoumise et le Rassemblement national ne réclament que la dissolution et, dans un registre différent, le départ anticipé du président de la République. Des personnalités politiques plus modérées, notamment Jean-François Copé et Édouard Philippe, sont sur cette dernière ligne, laquelle serait programmée par le président lui-même. Le président, uniquement préoccupé par la fin de son quinquennat et ne parvenant plus à maîtriser les orages qu’il a engendrés et libérés, s’obstine à refuser au peuple le droit de trancher une crise inextricable qui, sans le recours à celui-ci, pourtant, demeurera sans solution.

Dans l’humanisme glorifié, des cauchemars…

Face à cette sanctification laïque, à cet humanisme glorifié, j’ose à peine avouer le surgissement de démons, de cauchemars qui venaient troubler l’harmonie consensuelle et la sérénité des bonnes consciences. Je ne voyais plus seulement ces criminels, ces assassins auxquels l’abolition de la peine de mort avait sauvé la vie, mais la douloureuse, tragique et impressionnante multitude des victimes, totalement oubliées au Panthéon et dont les hurlements silencieux d’outre-tombe auraient au moins mérité d’être évoqués.

L’honneur comme solution politique ?

L’honneur est une exigence, une allure, une conduite personnelle. C’est une manière d’être qui relève de la morale au sens large et mériterait d’être prise en considération par le président de la République, qui pourrait en faire librement le choix, conscient de ce qu’un tel geste, plaçant la France au-dessus de sa personne, apporterait à une crise inédite dont il a été le responsable premier.

Il n’y a pas de preuves !

À partir de cette certitude que le dossier et les débats devront se passer d’aveu, il est normal, de la part des juges, à quelque niveau juridictionnel qu’ils se situent, de s’engager sur des chemins non pas inédits, mais forcément plus complexes. Ces chemins contraindront à des analyses plus fines, plus sophistiquées, aussi bien matérielles que psychologiques, à admettre des plausibilités, des vraisemblances ou des impossibilités. Des approches qui ne tiendront pas nécessairement l’absence d’aveu pour une interdiction de condamner, sauf à faire triompher le mensonge, consacrer la duplicité.

Le président est nu…

Après Michel Barnier, François Bayrou et la démission expéditive de celui qu’il espérait être son bouclier le plus sûr, Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron est dorénavant confronté à sa responsabilité fondamentale : à cause d’une dissolution aberrante qui a rendu l’exercice parlementaire impraticable et, au-delà, gangrené la vie démocratique, le président de la République n’a à sa disposition que des solutions qui mettront en lumière son propre échec.

Contre un autre séparatisme…

Je ne vois pas, dans ce constat qui pourrait être élargi, quoi que ce soit qui nous contraigne à sortir, par des solutions radicales, des embarras, des bonheurs, des tensions et des surprises qu’offre la quotidienneté amoureuse. Il me semble qu’au contraire, cette dernière se grandit quand elle est le lieu et l’instrument d’une réflexion, d’une prise de conscience, d’une élaboration commune d’un modus vivendi acceptable pour la femme qui désire se libérer — mais en demeurant au sein du couple et de la famille — et pour l’homme qui aspire à ce qu’on lui donne encore, au moins, l’illusion de son importance.

Avocat, de qui, de quoi, comment ?

Aussi, comme magistrat hier et citoyen aujourd’hui, je n’ai jamais dissocié l’apologie d’une personnalité ou d’une cause de l’exigence de vérité – la mienne – et de la volonté de faire le tour des problématiques d’un sujet. Arracher une parcelle à ce souci de plénitude, aussi étrange que cela paraisse, c’est me faire mal.

Les politiques au bord de l’action…

François Bayrou comme Sébastien Lecornu ne sauraient être considérés comme des personnalités médiocres, bien au contraire. Ils n’ont pas eu le même parcours, ne se ressemblent pas et leur psychologie n’est pas la même. Pourtant, à les écouter et à les lire, je ne peux m’empêcher de les trouver fidèles à une même conception de la politique d’aujourd’hui : on retarde plutôt qu’on avance, on tente d’inconcevables ententes au lieu de débroussailler avec vigueur le maquis du réel, quitte à faire mal, à faire de la peine à certaines causes et en privilégier clairement d’autres. On ne peut plus, en politique, piétiner en attendant le moment favorable : il ne viendra pas, il ne viendra plus.

Les magistrats sont masochistes !

Les ignorants au sujet de la Justice ont le verbe d’autant plus haut et péremptoire qu’ils croient tout savoir. Face à l’ensemble de ces accusations, stigmatisations, moqueries, dérisions, approximations et leçons, que trouve-t-on du côté de la magistrature, aussi bien de la haute hiérarchie judiciaire que du syndicalisme ? (…) Je n’ai pas envie qu’on fasse mal à la magistrature, corps essentiel à la paix d’une société, à sa régulation, à la démocratie. Mais si son vice est le masochisme, qu’elle continue de se faire fouetter avec le sourire !

Nicolas Sarkozy : une « haine » dont on relève appel…

En retenant l’association de malfaiteurs et un pacte corruptif à l’encontre de Nicolas Sarkozy , entre 2005 et 2007, dans l’obligatoire connaissance qu’il avait des démarches troubles de Claude Guéant et de Brice Hortefeux en Libye, il me semble – mais ce sera discuté devant la juridiction d’appel – que le tribunal a répudié à juste titre l’invraisemblance d’actions engageant la France sur un mode délétère sans que Nicolas Sarkozy en ait été informé.

Il faut des contradicteurs : c’est dans l’intérêt médiatique…

Le scandale ne résidait pas dans les analyses et les propos – la liberté charrie le pire et le meilleur – mais dans l’absence absolue de contradiction dans l’ensemble des séquences. On aurait pu attendre, espérer, une ou des voix dissonantes, discordantes, pour venir apporter un autre point de vue, un regard différent, des amendements souhaitables. Non, rien, le déroulement d’une implacable et constante partialité homogène. Comme si l’on cherchait à nous faire croire que cette mutilation du réel pouvait être la réalité tout entière et que nous en serions dupes. Et c’était sur France 5, chaîne de l’audiovisuel public payé par tous pour aboutir à une vision destinée à quelques-uns !