Ce titre - on me le pardonnera - fait référence au Premier ministre François Bayrou (FB). À la suite de sa longue intervention du 15 juillet, je l'estime encore davantage qu'auparavant. Et j'éprouve d'autant plus l'envie de le faire savoir, même avec une influence modeste, que la plupart des réactions, pour ne pas dire toutes, ont été négatives et parfois avec une tonalité continuant à être condescendante, comme si on avait affaire avec lui au "Petit Chose".
Par exemple le 16 juillet, à la matinale de Sud Radio où, questionné par Benjamin Glaise, Julien Odoul a fait preuve à l'encontre de FB d'une dérision choquante.
Dans le climat politique d'aujourd'hui, je ne suis pas surpris qu'il n'y ait même pas eu ce minimum d'équité et de bonne foi concédant que, fond et forme, l'exercice auquel s'était livré FB avait été globalement réussi.
Au contraire, plutôt que d'appréhender la difficulté de la tâche, l'évidence du constat, la sincérité du propos et la pertinence même relative des solutions pour diminuer la dette et favoriser la production, on a dégradé les motivations du Premier ministre : il cherchait à se préparer une sortie héroïque ou était tout simplement voué à jouer "petit bras" pour espérer durer tant bien que mal... À aucun moment on ne l'a crédité d'une lucidité et d'un effort qui auraient mérité au moins d'être salués.
Je pourrais, sur un mode un peu facile, relever la scandaleuse prévisibilité des oppositions et le soutien sans enthousiasme de son camp. Nous sommes dans une démocratie qui ne sait plus ce que sont l'écoute, la bonne foi, le dialogue, la présomption d'honnêteté et la volonté de laisser les intérêts partisans derrière le destin du pays. Il devrait pourtant imposer un consensus, pour sa sauvegarde, sur l'obligation d'une civilité parlementaire. On en est loin.
Continuant sur ce registre, si l'ironie était de mise, le fait que pour les uns les propositions de FB manqueraient de radicalité et pour les autres qu'elles seraient indignes parce qu'antisociales et génératrices d'une plus grande difficulté de vivre, pourrait apparaître comme le signe de leur équilibre et de leur intelligente modération.
De même que leur souci de ne laisser personne en dehors de ce devoir citoyen de payer son écot.
Le paradoxe est que sur ce constat dramatique - la dette augmente à chaque seconde de 5000 euros ! -, l'urgence de la situation de notre pays avec le risque, si on n'y prend garde, d'une immixtion du FMI, tout le monde s'accorde, quelle que soit sa position politique. Mais on refuse d'octroyer le moindre crédit à la tentative honorable, techniquement négociable (FB l'a assuré), intellectuellement et socialement maîtrisée, ni maximaliste ni insignifiante, engagée par le Premier ministre pour relever à sa manière le défi des prochaines années.
Reprocher à l'ensemble de ces mesures leur caractère superficiel n'est pas pertinent si on considère que c'est précisément ce refus de l'extrême qui constitue la force de ce projet. La nature équilibrée de ce dernier - rien de trop sur aucun plan ! - est son atout principal. J'entends bien que l'invitation de FB sera suivie à la lettre : tout sera trituré à l'Assemblée nationale au point d'être détricoté et sans doute éloigné de l'esprit originel. Mais ce sont les risques de la démocratie et leur menace n'enlève rien à la portée infiniment estimable - formidable base de travail - pour combler le passif et amplifier l'actif, de la politique envisagée par FB.
Ce n'est pas à dire qu'on ne regrette pas l'absence de prise en compte de l'immigration, de son gouffre, et de la gabegie de l'audiovisuel public. J'aurais scrupule à insister sur ces carences, tant l'essentiel, maintenant, me semble, plutôt que d'enfoncer le fer dans la plaie, de permettre une réponse négative à mon titre.
Parce qu'avant le désespoir, il y a la possible concorde et l'action nécessaire.
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