Après le vote de la motion de censure, Ségolène Royal (SR) a écrit au président de la République pour lui proposer de la nommer Premier ministre. "Au nom des femmes et des petites filles".
Avec la réactivité qui caractérise L'Heure des pros, Pascal Praud, en début d'émission ce matin du 5 décembre, l'a invitée à nous rejoindre, à sa convenance.
Trois quarts d'heure plus tard, elle arrivait. Et de toute sa singularité, durant le temps qui restait, elle a été éclaboussante.
J'entends déjà les sarcasmes et la dérision. J'avoue n'être pas objectif à l'égard de cette femme qui, sur tous les plans, m'inspire de l'estime, parfois même de l'admiration (voir mon Entretien du 18 juillet 2020).
Questionnée par Pascal Praud, elle a expliqué les raisons pour lesquelles elle avait fait cette offre de candidature. Parce que sinon, parmi toutes les éventualités politiques, on n'aurait jamais évoqué son nom. Puisque, d'une certaine manière, la démocratie aujourd'hui contraint encore les femmes à faire preuve d'une extrême assurance ou à ne pas exister.
Pour n'être pas favorable au dogmatisme d'une parité intégrale, je considère cependant qu'il y a des femmes qui valent mieux que certains hommes de pouvoir. Parmi elles, on ne peut pas mettre sur le même plan SR, à la légitimité évidente, et Lucie Castets condamnée à faire sa propre promotion.
Au cours de l'entretien, SR, sans fuir l'interrogation sur ce qu'elle ferait à l'égard de LFI et son programme politique, a répondu que son seul souci serait de servir la France et que les partis la rejoindraient ou non. Elle ne dépendrait pas d'eux. On aurait eu tort de prendre cette affirmation de soi pour de l'arrogance. L'expérience acquise, les épreuves subies, ne la rendaient pas ridicule quand, avec une tranquillité sûre d'elle, elle se déclarait à la hauteur de la mission si elle lui était confiée.
Le plus touchant se rapportait à sa sensibilité de femme et de mère, qui la conduisait à exprimer l'affection qu'elle éprouvait pour ses quatre enfants, la fierté que leur parcours lui inspirait et le fait que c'était grâce à eux qu'elle avait surmonté tout ce qui aurait accablé une personnalité moins courageuse et résiliente qu'elle.
Évidemment Emmanuel Macron ne la choisira pas comme Premier ministre. Elle le sait mais cela lui importe peu. Cette volonté qui l'a toujours animée de ne rien céder au conformisme et à l'inégalité des sexes l'incite à dire qu'elle est là, qu'il n'y a pas de raison pour qu'on l'oublie et que, mise au pied du défi politique, elle accomplirait le travail aussi bien que les hommes prioritairement nommés et assumerait, comme eux, les devoirs de la charge.
Il est déplorable que le talent, la force, le courage, le respect du peuple, doivent être assénés, quand c'est une femme qui les possède, au risque de ne jamais être remarqués même s'ils ont été éclatants dans notre histoire, dans nos souvenirs.
Je ne peux m'empêcher de me rappeler que SR s'est retrouvée au plus haut dans le coeur des Français, quand un échec politique s'est conjugué avec une douleur intime et qu'elle a avec pudeur et dignité dépassé le premier et dominé la seconde.
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