Marc Bonnant, un formidable avocat suisse, s'est livré dans un entretien au JDD sur le mode brillamment réactionnaire et provocateur qui a toujours été le sien. J'ai eu le bonheur il y a plusieurs années de pouvoir dialoguer avec lui à Genève et ce fut un régal d'avoir la chance d'être parfois contredit par lui.
Questionné sur le christianisme et l'islam, il répond que "...l'islam est prosélyte et expansionniste. En France, il y a peut-être trop de honte dans le christianisme, trop de repentir, trop de repentance pour qu'il puisse faire face à un islam conquérant..." et il conclut son propos par un hommage au peuple juif "...qui mérite d'être honoré indépendamment de la question palestinienne ou de Gaza. Il suffit de regarder n'importe quelle bibliothèque pour mesurer la contribution du génie juif à notre civilisation. J'aime passionnément les juifs".
Tout en reconnaissant ce qu'il y a de pertinent dans cet enthousiasme, on n'est pas obligé de le pousser aussi loin. Il demeure cependant que, comme aujourd'hui il y a un antisémitisme compulsif de l'extrême gauche derrière l'antisionisme revendiqué, il y a à rebours une défense systématique d'Israël dans la plupart de ses entreprises guerrières, avec une admiration certaine pour plusieurs de ses hauts faits. Comme si l'incroyable capacité à la fois d'audace et de résistance de ce petit pays démocratique à l'existence toujours menacée permettait à beaucoup de satisfaire, par procuration, une haine internationale ciblée.
En tout cas c'est le sentiment qui m'habite. La haine n'est pas à recommander sur le plan humain mais dans le domaine géopolitique, elle peut apparaître presque comme inévitable. Il y a un tel degré de malfaisance, de cruauté, de cynisme et de mauvaise foi dans la conduite de quelques personnalités et régimes, que la simple contestation politique est dépassée au profit d'un extrémisme de l'hostilité, qui mue le champ international en une exécration humaine contre laquelle on n'a aucune envie de résister. Bien au contraire.
J'ai attendu avec impatience que Vladimir Poutine paie l'invasion de l'Ukraine et les crimes multiples que sa dictature sans limite ni morale a perpétrés. Et il a osé se proposer comme médiateur entre l'Iran et Israël!
Mais je crains fort que mon espérance ne soit déçue et que le président Trump, de moins en moins Matamore et de plus en plus sur le recul, ne puisse pas faire bouger d'un pouce l'ordre international. Je n'ai pas honte pourtant de cette haine à l'égard de Poutine et toutes les considérations des experts noyant les culpabilités sous les analyses n'y pourront rien changer.
Je hais également le régime des mollahs et l'ayatollah Ali Khamenei cherchant à se mettre de plus en plus à l'abri des frappes israéliennes qui ont déjà décimé une part de la hiérarchie politique et militaire iranienne. La riposte inévitable de l'Iran a tué un certain nombre d'israéliens mais il semble que l'initiative préventive d'Israël pour empêcher une "Shoah nucléaire" soit globalement couronnée de succès.
À supposer que la finalité ultime de ces ciblages renouvelés et organisés de longue date ne soit pas l'éradication de cette dictature intégriste étouffant le grand peuple iranien sous des injonctions de plus en plus rejetées. Chaque jour démontre, en réalité, cette ambition purificatrice dont, si elle parvenait à son terme, Israël serait secrètement ou officiellement félicité.
J'aime cet État d'Israël qui m'autorise, avec une satisfaction dont je ne méconnais pas le caractère indécent, à me réjouir de l'affaiblissement et de la chute programmée d'une caste n'ayant pas lésiné sur les exécutions et le sang des opposants. Le régime iranien a ma haine comme Poutine.
Loin de m'attrister sur mon éthique personnelle, cette haine que j'éprouve est comme un devoir international. Je laisse volontiers aux diplomates et aux experts les calculs et les froideurs.
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