Rédigé le 19 mai 2025 | Lien permanent | Commentaires (3)
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Quand une affaire est médiatisée, qu'elle concerne une personnalité célèbre, en l'occurrence Gérard Depardieu (GD) qui a été un immense acteur, qu'il s'agit d'agressions sexuelles selon les deux plaintes initiales et que le mouvement MeToo en a fait une cause emblématique, il n'est pas étonnant qu'on se sente pousser des ailes judiciaires.
Me Jérémie Assous (JA) un avocat de surcroît dans la lumière pour son talent et un tempérament dont le fort n'est pas la modération mais souvent une verve provocatrice, ne m'en voudra pas, dans ces conditions, d'imaginer, comme tant d'autres citoyens sans doute, ce que je n'aurais pas dit ou fait à sa place, ce dont je me serais abstenu, ce que j'aurais tenté de dominer.
Je crois que précisément à cause du caractère flamboyant, excessif, tonitruant de GD, en tout cas sur les plateaux de cinéma, et de ce qu'on raconte sur son comportement habituel, mots et gestes compris, j'aurais cherché à offrir, pour sa défense, un contrepoint tout de mesure, de finesse, de délicatesse, comme une sorte de contraste avec l'image trop souvent véhiculée du client dont j'avais la charge. Me Assous a adopté l'attitude inverse. Comme si GD avait été contagieux et avait influé sur le caractère de son conseil !
Je sais par ailleurs que GD contestait les infractions qui lui étaient reprochées et qu'il était difficile, voire impossible pour JA, de le rendre conscient du risque de ses dénégations et d'attirer son attention sur les éléments qui étaient susceptibles de les battre en brèche. Il convenait au moins que GD en fût alerté.
Sur le fond du débat je ne veux pas me prononcer. Reste que j'ai eu l'impression que JA, par le battage exceptionnel dont il a entouré son intervention du premier jour, a paradoxalement sinon interdit, du moins entravé une recherche tranquille et sereine de la vérité en constituant l'audience comme un combat sans pitié où les plaignantes, assistées de leur conseil, n'étaient pas vraiment respectées et où les dires de son propre client n'étaient pas écoutés comme ils auraient pu l'être dans un climat plus apaisé. Avec son intensité vindicative, JA, selon moi, a manqué cet objectif principal qui était tout de même de laisser une chance à GD et à sa relaxe désirée.
Le jugement rendu a été conforme aux réquisitions du parquet et GD a été condamné à 18 mois d'emprisonnement avec sursis. Me JA a interjeté appel mais je n'aurais pas, comme lui, par des déclarations maladroites, laissé entendre que le tribunal correctionnel avait présumé coupable GD, sans s'interroger une seconde sur sa propre responsabilité d'avocat.
Il est clair que lors des futures audiences en appel, JA devra se résoudre à changer de registre. En choisissant de devenir plus mesuré pour devenir plus efficace.
Il n'empêche que, si je trouve très positive la dénonciation de certaines pratiques de défense dans le domaine pénal, par exemple pour le narcotrafic, je me sens en revanche très solidaire du barreau quand il proteste contre la mise en cause de la manière de défendre de tel ou tel avocat, en incriminant ses questions, ses propos, même ses outrances et la stratégie adoptée.
Sur le premier plan on l'a constaté précisément à l'encontre de Me JA qui avait tout à fait le droit de dire aux plaignantes - à ses risques et périls - qu'elles "mentaient" dans le procès Depardieu, aucune victimisation secondaire ne devant en être déduite, et pour le second, dans le jugement de Marine Le Pen et autres, le tribunal n'avait nul droit d'incriminer une stratégie de défense qui relevait de la totale liberté de l'avocat et de sa cliente.
Si cette dérive se poursuit, le barreau qui parfois crie au scandale pour tout et n'importe quoi aura raison de s'élever avec force contre cet impérialisme judiciaire.
Me JA va comprendre, j'en suis sûr, que le talent n'est pas tout. Qu'il y a une intelligence qui est capitale dans le domaine judiciaire : celle du procès.
Rédigé le 17 mai 2025 dans Actualité, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (25)
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On a tellement insisté sur la similitude des projets et la superficialité des différences entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez qu'on a oublié l'enjeu capital de l'élection des 17 et 18 mai. Comme souvent, c'est Albert Zennou qui dans sa chronique du Figaro a le mieux perçu l'importance de cet affrontement maintenant si proche, en soulignant que "derrière la bataille Retailleau-Wauquiez, c'est l'avenir de la droite qui se joue".
Je n'aurais pas l'impudence de dénier à LW un très brillant parcours intellectuel et universitaire avec la réserve toutefois, qui n'est pas ironique, que créditer un candidat d'un tel passé est souvent implicitement le faire passer pour quelqu'un qu'on pourra admirer mais sans l'envie de voter en sa faveur.
Il serait absurde de ma part d'amplifier ce qui sépare les deux jouteurs sur le fond, leur programme reprenant peu ou prou les fondamentaux d'une droite qui serait enfin consciente de son identité et donc de son influence démocratique. Toutefois, en détruisant l'hégémonie culturelle de la gauche, BR est beaucoup plus attentif que LW à redonner à la droite une place décisive sur le plan des valeurs, des idées et de la vision de la société. Une victoire seulement électorale ne serait pas une conquête des esprits (voir mon entretien avec Bruno Retailleau du 18 juin 2020).
À ce sujet il ne faut pas prendre au sérieux la faribole à laquelle LW semble tenir et qui imputerait à BR le dessein de vouloir pactiser avec Édouard Philippe et de noyer la droite dans le macronisme. Alors que BR sait aussi bien que son adversaire tout ce qui, sous Édouard Philippe Premier ministre et à cause de lui, a obéré le premier mandat présidentiel (Le Figaro). Il est aux antipodes du juppéisme mou persistant de ce dernier.
Il ne serait pas honnête, par ailleurs, de ressasser qu'à plusieurs reprises LW a abandonné son parti au prétexte qu'il devait se préserver pour l'élection présidentielle de 2027, quand tout démontre qu'elle va être plus que jamais disputée pour la désignation du candidat de la droite.
Il faut écouter et lire BR. Il a cet énorme avantage, dans un monde politique trop souvent insincère par tactique, de n'avoir jamais varié dans ses convictions - du sénateur au ministre - et d'avoir donné de la droite au gouvernement une image très positive. Quel crédit, sur ce plan, pourrait-on accorder au futur président de LR s'il avait décidé, face à une situation nationale et internationale dangereuse, de jouer au Ponce Pilate et de ne pas apporter son concours à un Premier ministre et à une équipe qui tentent d'améliorer ce qui va mal ?
C'est parce que BR n'a pas chipoté, contrairement à LW qui aurait désiré être installé de manière confortable dans le fauteuil ministériel qu'il aurait choisi en excluant tous ses rivaux potentiels, qu'il convient de lui faire confiance : sa politique de présence a permis l'affirmation de la présence d'une politique - de droite. Avec les succès et les avancées que sa fonction pouvait faire advenir.
Lorsque BR énonce : "Ma droite, ce sera la droite qui va défendre les honnêtes gens. Ce n'est pas la droite d'une tambouille des appareils politiques", il vise juste en pourfendant les combines et les reniements d'hier et en mettant en lumière une conception de l'Ètat de droit au service du peuple. Et non plus seulement pour des transgresseurs dont les garanties qui leur sont octroyées rendent inefficace le combat contre eux.
Ce ne sont pas les variations qu'on s'est plu à publier sur les caractères et les goûts culturels de l'un ou de l'autre qui devront faire pencher la balance en faveur de BR. C'est en raison de la profondeur d'une personnalité, de ce qu'elle est et de la démonstration constante de ce qu'elle était, est et sera, qu'on doit trancher le plus clairement possible afin d'offrir à cet homme de réflexion et d'action une victoire incontestable qui enlèverait à LW l'envie perverse de chicaner.
Connaître BR, c'est aussi tenir pour rien le grief qui lui est fait de ne pas pouvoir consacrer demain toute son énergie à cette double tâche capitale : faire avancer et protéger la France comme ministre, et en même temps refonder le parti de la base au sommet, idées et responsables compris. Non seulement BR assumera cette mission avec sa formidable puissance de travail et de réactivité mais il est évident, si les Républicains prennent acte du fait que la droite est redevenue une espérance grâce à lui, que le ministre sera un appoint considérable pour le président du parti ; ce dernier fera bénéficier le ministre d'une force et d'une légitimité incomparables.
Une fois qu'on a admis le caractère très riche du vivier de la droite républicaine, la conscience qu'ont certaines de ses personnalités les plus emblématiques (je songe à David Lisnard et François-Xavier Bellamy) que BR est la chance et l'incarnation d'une droite enfin de retour, il ne faudra pas manquer d'être présent au jour J.
2027 ne sera rien si les 17 et 18 mai, BR ne devient pas tout.
Rédigé le 14 mai 2025 dans Actualité, international, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (44)
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Brigitte Bardot (BB) a été questionnée pendant 45 minutes par Steven Bellery, un journaliste fin et délicat chef du service Culture de BFMTV (BFMTV).
Entre la merveille qu'elle fut jeune et la merveille qu'elle est demeurée autrement à 90 ans, je n'ai pu m'empêcher de voir ce qu'une influenceuse américaine avait décrit : plus rien d'important ne s'était déroulé en France après elle. Sans la moindre vanité, elle a semblé l'admettre, ce qui rejoignait le sentiment de mélancolie tendre et souriante, d'ironie gracieuse qui a paru l'habiter durant tous ces échanges.
Fidèle à son combat qu'elle a mené avec tant de constance et de sincérité que plus personne ne la tourne en dérision, elle souhaite, à la fin de son existence, qu'elle considère sans peur ni aigreur, faire cesser la consommation de viande de cheval et faire abolir la chasse à courre, spectacle inhumain, selon elle, et organisé par "des connards".
On peut rire de son absolutisme dans ce domaine mais on aurait tort, d'abord parce qu'elle n'obtiendra pas gain de cause et que sa personnalité, qui a arrêté le cinéma en 1973 parce que celui-ci ne lui offrait plus les rêves et les belles histoires qu'elle en espérait, a trouvé dans son immense passion opératoire et de sauvegarde pour tous les animaux un formidable destin de substitution.
Durant cet entretien où on ne pouvait qu'être ébloui par le charme, la malice, l'incroyable apparence de ce visage unique où hier et aujourd'hui ne s'opposaient pas mais se conjuguaient, j'avoue que j'aurais aimé que cette intrépide sur le plan de la liberté de pensée et d'expression, tellement coutumière de coups d'éclat et de provocations, si audacieusement elle-même sans le moindre souci du jugement d'autrui, se laissât aller comme d'habitude pour battre en brèche le politiquement, le socialement et l'artistiquement correct. Elle ne l'a pas fait ou alors seulement par petites touches.
Elle a dénoncé MeToo et ce que, selon elle, Nicolas Bedos et Gérard Depardieu avaient subi en n'ayant plus la possibilité de travailler.
Elle a pourfendu ce progrès qui en allant trop loin tuait le progrès.
Elle a déploré ce monde qui ne regarde plus la nature ni les feuilles des arbres.
Elle a stigmatisé le désordre choquant de l'Assemblée nationale même si elle a dit beaucoup de bien de sa présidente.
Sur le festival de Cannes, elle a eu des propos assez durs, frappés au coin du bon sens, notamment sur le caractère "social" et "merdouille " des films d'aujourd'hui et la foire qui sévit là-bas.
Il ne s'agit pas de faire de BB l'incarnation d'une sagesse pour tout mais j'ai ressenti un bonheur à la voir si tranquillement, si sereinement, à partir d'une gloire immense perpétuée par les admirateurs faisant chaque jour la queue devant La Madrague, regretter le temps d'avant à cause des malfaisances et des vulgarités de maintenant.
À la suite d'une question sur la mort, elle a affirmé que depuis toute petite elle y avait toujours pensé mais nulle crainte, nulle angoisse dans ses yeux, seulement la certitude qu'elle avait représenté à un certain moment le pic d'une adoration mondiale et qu'aujourd'hui sa quotidienneté était faite d'autre chose.
Impossible de ne pas tomber sous son charme éclatant, mutin.
Depuis 1973, elle joue sans doute son plus beau film.
Rédigé le 12 mai 2025 | Lien permanent | Commentaires (21)
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Les chroniques de Michel Guerrin sur la culture, dans le Monde, m'intéressent toujours, que je les approuve ou non. Stimulantes, elles tranchent radicalement avec l'esprit général de ce quotidien, qu'une distinction un peu condescendante éloigne du sentiment populaire.
Elles sont d'autant plus remarquables qu'on pourrait craindre le pire dans le domaine de la culture dont Michel Guerrin écrit justement "qu'elle est dominée par la gauche depuis toujours (...) et que la bataille idéologique en cours se propose d'en finir avec l'hégémonie de la gauche sur la culture institutionnelle".
L'un des fers de lance de cette résistance est David Lisnard, le maire de Cannes, qui a écrit que l'argent public "n'avait pas à financer des spectacles hostiles aux valeurs républicaines, militants, contraires à nos principes". Cette argumentation est habile car elle n'ostracise pas. Elle peut être approuvée par une droite et une gauche de bonne foi.
"Quand les peuples se droitisent, l'argent public peut-il encore être monopolisé par les oeuvres de gauche ?" : on a le devoir, en effet, de se questionner ainsi.
Michel Guerrin, aux antipodes de la conception d'une culture clivante et d'une arrogance élitiste, s'interroge précisément pour savoir comment on peut rendre la culture populaire pour qu'une majorité de citoyens, notamment dans les provinces, ne se sente pas délaissée. Cette question centrale est fondamentale pour une authentique politique culturelle. Le rédacteur de la chronique énonce tout ce qui pourrait paraître rejoindre la vision de gauche dans la culture d'aujourd'hui et il reprend ce qui est perçu comme une évidence par beaucoup : "Offenser est consubstantiel à la définition de l'artiste".
C'est cette conception de l'artiste que je me permets de discuter. Si j'en avais envie, je pourrais généraliser ma contestation et m'étonner, par exemple, du fait que dans plusieurs activités intellectuelles, notamment médiatiques, on considère que l'essentiel est de pourfendre, d'être moins un pouvoir qu'un contre-pouvoir permanent. C'est ce dont se réclame le journaliste de base, qui s'estimerait déshonoré par un mécanisme d'adhésion.
Je m'inscris en faux à l'égard de ce poncif qui imposerait l'offense pour être un véritable artiste. J'ai des exemples dans la tête, au fil des siècles, qui au contraire démontrent que l'artiste a d'abord été un créateur, un esprit, un talent qui rassemblent. Qui, par l'universel, loin de déchirer l'humanité qui l'écoute, l'admire ou le critique, favorise son unité, sa concorde et, pendant quelques heures, sa sensibilité et son intelligence tendues vers un même but : le spectacle qui la fait s'aimer parce qu'elle aime en même temps la même chose.
J'entends bien que dans la définition par l'offense, il y a une humeur âpre, acide, belliqueuse, qui correspond au désir de subvertir le monde et de se camper en intrépide même sans risque. J'avoue préférer le bel unanimisme engendré par l'artiste authentique qui ne nous blesse pas mais nous rejoint, édifiant un pont entre lui et nous.
Acceptons cette idée provocatrice que l'art soit destiné à nous faire du bien.
Rédigé le 10 mai 2025 dans Actualité, Art, Cinéma, Musique, Médias, parole, Religion, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (30)
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Membre de l'ordre de saint Augustin, Léon XIV est devenu, après quatre scrutins et 24 heures de conclave, le nouveau pape des catholiques. Personne n'attendait ce cardinal américain qui, âgé de 69 ans, aura, je l'espère, un long pontificat.
Je me suis totalement trompé, comme tant d'autres, parce que face à cette fumée blanche si rapidement intervenue, j'imaginais qu'un consensus avait distingué l'un des favoris, le cardinal Parolin.
Il faudra patienter quelque temps pour savoir dans quelle lignée s'inscrit ce nouveau pape même si on comprend que sa filiation revendiquée ne l'éloignera pas beaucoup des vertus de pauvreté et de charité prônées par le pape auquel il succède.
Quelle allure, quelle dignité, quel splendide et solennel rituel que celui qui a présidé à l'élection du cardinal Prevost. Tous ces cardinaux dans un huis clos qui n'est pas retrait du monde mais volonté d'offrir à celui-ci le meilleur choix possible ont donné de l'Église catholique et du catholicisme tellement décrié - trop souvent sans réaction de sa part -, une image magnifique. Une superbe illustration pour une institution dont la durée et la constance dans l'expression d'un absolu - qui résiste heureusement aux modernités qui le rendraient vulgairement relatif - sont admirées bien au-delà des croyants.
Songeant à cette chambre des pleurs où le nouveau pape se recueille face à lui-même, prenant la mesure de l'immense charge et sauvegarde d'âmes qui seront les siennes, j'ai fait un rêve mêlant le profane et le sacré.
Si nos présidents de la République, venant d'être élus, avaient l'obligation de se livrer à cette pratique, sortis de la folie et de l'enthousiasme populaire, je ne doute pas qu'ils en tireraient profit.
Et que nous aurions à notre tête des responsables d'abord conscients de leurs devoirs et pour lesquels la morale et l'urbanité démocratique ne seraient pas de vains mots.
Rédigé le 08 mai 2025 dans Actualité, international, parole, politique, Religion, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (29)
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L'alternative que je propose dans mon titre va faire, je n'en doute pas, hurler les belles âmes. Pourtant il faut savoir ce qu'on veut.
On ne peut pas à la fois s'indigner face à l'ensauvagement d'une société - du fait de majeurs souvent multicondamnés et de mineurs de plus en plus précocement engagés dans la violence - et refuser de mettre en oeuvre la dureté pénale qui au moins permettrait de le réduire. J'avoue que j'ai pu moi-même, à mon époque d'accusateur public, être coupable de cette inconséquence quand je tentais de concilier ma volonté de réprimer avec un humanisme qui, quoique sincère, faisait pencher la balance probablement vers une sorte de faiblesse.
Parce que, contrairement à ce que croit le commun des citoyens persuadé qu'il est facile d'être infiniment sévère, que ce mouvement est naturel qui devrait conduire les magistrats de la constatation de l'infraction à la rigueur la plus extrême, le processus est beaucoup plus complexe. Il y a parfois même, j'en suis sûr, une mauvaise conscience à l'idée de châtier le crime ou le délit à la hauteur de ce que l'un ou l'autre mérite.
Pourtant, si l'on a ces états d'âme, il faut choisir un autre métier, une mission moins éprouvante. En matière pénale en tout cas. C'est pour cela que sous la forme d'une provocation, j'avais suggéré que deux fonctions étaient inutiles dans l'univers pénal : les juges des enfants et les juges de l'application des peines.
Ce qui était déjà difficilement admissible quand l'insécurité semblait encore freinée dans son développement est devenu franchement insupportable avec le dépassement de ce qu'une société est capable de tolérer. Il est bien fini le temps où un garde des Sceaux aveugle pouvait évoquer seulement "un sentiment d'insécurité" quand aujourd'hui, grandes cités, périphéries et provinces sont touchées par la gangrène d'une malfaisance prenant mille formes, et d'abord celle effroyable du narcotrafic mêlant le lucre, les meurtres, les assassinats comme s'il en pleuvait !
Il est d'autant plus nécessaire de changer radicalement son logiciel, comme le souligne souvent Pascal Praud (CNews), que malgré cette dérive qui incite même les citoyens les plus équilibrés à juger prioritaire l'ensauvagement national, la vision de la police et de la Justice n'a pas radicalement changé. Y compris à droite, puisque la gauche et l'extrême gauche s'obstinent dans une antienne qui ressasse que la société est coupable et le délinquant victime.
Ce qui a été décisif dans ma réflexion, outre la nausée devant ce que la quotidienneté fait surgir avec un pire toujours plus indigne, est la profonde lucidité d'un Maurice Berger, pédopsychiatre et psychiatre d'adultes qui un jour, questionné par Sonia Mabrouk, a énoncé cette évidence toute simple, au sujet de l'enfermement : qu'il devrait être plus inconfortable, plus douloureux que la vie d'avant.
On peut bien sûr continuer à applaudir des deux mains tout ce qui adoucit, infléchit, assouplit, fragilise, relativise cette règle d'or. En se félicitant aussi que la crainte de la sanction, en définitive, pèse peu face à la volupté immédiate de la transgression. Mais qu'on ne s'étonne pas alors que le choix soit vite fait pour la plupart des délinquants qui, incapables d'ailleurs de se projeter, optent pour la drogue de l'interdit plus que pour une honnêteté que la rigueur de la Justice devrait imposer.
Et il n'est même pas nécessaire de faire référence au Salvador en se moquant absurdement de ce qu'a très bien dit son président : "Combien de millions de personnes ont ainsi été sauvées par cette sévérité ?"
Ce billet m'a été directement inspiré par le jugement selon mes voeux du tribunal correctionnel de Brest ayant condamné à dix ans d'emprisonnement (le parquet en avait requis douze) l'auteur d'un rodéo urbain qui, sous l'emprise de stupéfiants et sans permis, avait fauché une jeune femme au cours d'une nuit de mars 2024. Le prévenu était déjà connu pour des infractions similaires sur le plan de la drogue et de la conduite. Si l'exécution de cette peine n'est, pour une fois, pas totalement dénaturée, nous aurons là l'illustration de ce que ce post cherche à démontrer.
Pour espérer une France moins dégradée, attaquée et meurtrie au quotidien, il faut que la douleur de la sanction relègue au second plan la volupté de la transgression. Ce serait cruel ?
La cruauté serait de ne pas le faire.
Rédigé le 06 mai 2025 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, Police, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (24)
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Le Premier ministre a raison de vouloir un référendum sur les finances publiques, le budget, la dette et les impôts en considérant que "la question est suffisamment grave pour qu'elle s'adresse aux citoyens" (JDD).
Je ne sais pas s'il obtiendra satisfaction parce que tout ne dépend pas de lui et qu'à l'évidence il y aura des résistances (le président attendrait le "plan d'ensemble"). Emmanuel Macron lui-même pourtant nous avait promis un référendum mais sans doute estime-t-il que c'est suffisant puisqu'on attend désespérément le thème qu'il nous proposera. Il doit être partagé entre le crédit démocratique qu'il tirerait de la consultation du peuple et le désir profond qu'elle n'ait aucune conséquence négative pour lui.
Je voudrais prolonger la réflexion de François Bayrou. On ne peut plus, en effet, laisser l'ensemble des citoyens à l'écart sur des problématiques capitales comme l'immigration, la Justice, la santé.
Qu'on ne m'oppose pas des arguments juridiques qui, s'ils ont leur importance, pourraient être aisément levés au regard de la gravité qu'on attacherait aux enjeux républicains et à l'écoute bienvenue du peuple. Au demeurant, compte tenu de ce qui reste à présider pour Emmanuel Macron, la crainte d'une tonalité plébiscitaire serait évidemment vaine.
Je n'insisterais pas sur ce recours nécessaire au référendum si on ne sentait pas notre monarchie présidentielle tenaillée à intervalles réguliers par la mauvaise conscience de savoir les citoyens là, en plénitude et en attente, prêts à répondre massivement à des questions, et de ne jamais oser les interroger dans leur totalité.
Le paradoxe en effet est qu'on multiplie les sondages compulsifs, les ersatz de référendum, les conventions partielles, les consultations régionales, les grands débats, les délibérations réduites, les commissions commodes, les apparentes sollicitations populaires. Pour donner l'impression d'un pouvoir respectueux des tréfonds de la France alors qu'en réalité il fait ce qu'il peut avec une Assemblée nationale rétive et divisée et qu'il cherche désespérément à continuer la politique mais par d'autres moyens.
La dernière initiative du président est un parfait exemple de ce qui représente à la fois la volonté de se débarrasser d'une difficulté et l'envie de recueillir les fruits d'une Convention citoyenne, sur "les temps de l'enfance" (rythmes scolaires et durée des vacances). Ce serait ridicule si cela ne concernait pas notre pays et l'inaptitude à penser, à délibérer et à trancher. Et il paraît que le président oserait reprocher au Premier ministre son indécision, son "inertie" !
Le citoyen en a plus qu'assez d'être consulté par petits bouts, à mi-temps, à la portion congrue, du bout de la démocratie, avec des pincettes. Il veut pouvoir sortir la politique de son marasme parlementaire pour la conduire dans les vastes espaces de la République et du suffrage populaire. Pour que ce dernier casse les blocages, les pudeurs inutiles, les bienséances convenues et ainsi déverrouille les portes de l'audace.
Le peuple piaffe aux portes de la démocratie authentique. Qu'on les lui ouvre vite pour qu'il ne les enfonce pas !
Rédigé le 04 mai 2025 dans Actualité, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (41)
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Qu'on me laisse m'occuper des riens, de tous ces petits riens qui, dans la quotidienneté privée, politique, médiatique, judiciaire, sociale et culturelle, sont laissés à l'abandon parce que, paraît-il, trop dérisoires et insignifiants ! Qu'on n'éprouve pas à mon égard une sorte de condescendance ironique parce que je serais en charge du vain et de l'inutile !
Ce n'est pas de la fausse modestie mais qu'irait faire un homme comme moi dans le traitement des sujets nobles, gravissimes, sociétaux, alors que je ne suis qu'humeurs, subjectivité, liberté, contradiction, superficialité rapide et admiration de quelques rares grands esprits, authentiques éclaireurs ? Pourquoi me priverais-je des délices et des poisons de la politique politicienne quand tant se consacrent aux enjeux du monde, aux rapports de force internationaux, à la géopolitique et, avec une assurance qui ne se démentira jamais malgré les résultats contraires, nous déchiffrent le rébus d'un univers de plus en plus illisible ?
Qu'on ne vienne me chercher des noises, puisque je ne vais gêner personne ni faire de l'ombre à quiconque, quand dans mon minuscule pré carré j'égrènerai, avec un inventaire qui ne pourra pas être exhaustif, tous ces riens qui m'agacent, me sollicitent, me mobilisent, m'indignent, me découragent ou me font prendre au sérieux, voire au tragique, ce qui, pour la plupart des êtres, serait à peine considéré !
Ces élus qui s'insultent sans s'écouter, pour précisément ne pas avoir à s'écouter.
Ces malappris confondant la contradiction des idées avec la haine de ceux qui les expriment.
Ces critiques littéraires ou cinématographiques qui oralement ou par écrit suintent la complaisance, s'en sortant par des "jubilatoire" ou des hyperboles aussi grotesques que leurs massacres.
Cette humanité qui ne sait pas regarder dans les yeux, dire bonjour ou bonsoir, se lever pour les personnes âgées, faire preuve de la politesse la plus élémentaire, souvent dans ces rames de métro où sourire à un enfant est un crime et ne pas se plonger dans son portable une anomalie !
Cette indignation quand on refuse d'appréhender en gros mais qu'on désire évaluer au détail ! Lorsqu'on ne se soumet pas au devoir de détester toute la France Insoumise et la gauche parce qu'elle serait la gauche mais qu'on a envie de privilégier les lumières des personnalités par rapport aux ombres délétères des antagonismes. Par exemple préférer un Jérôme Guedj socialiste à certains conservateurs obtus !
Ce petit cénacle de la droite intellectuelle et médiatique qui donne des leçons à la société tout entière mais qui n'est pas fichue de s'appliquer les mêmes règles, qui ne sait pas, par exemple, que le savoir-vivre n'est pas que pour les autres...
Ces inquisiteurs de droite comme de gauche qui sont incapables de la moindre nuance, qui adorent ou haïssent Israël en bloc et font dépendre leurs convictions du vent dominant ou de préjugés jamais questionnés. Pour la liberté d'une Élisabeth Lévy, que de médiocres idéologues, de déplorables castrateurs !
Ces justiciers de mauvais aloi qui ne distinguent pas le bon grain de l'ivraie, qui s'estiment plus sages et compétents que les juges, n'acceptent pas la moindre compréhension à l'égard de ceux qu'il était capital de honnir - par exemple Nicolas Bedos - ou la plus petite réserve à l'encontre de ces personnes qui sont sanctifiées à proportion de leurs ennuis judiciaires, notamment Nicolas Sarkozy.
Ces journalistes écorchant la langue française, persuadés d'être plus importants que leur invité, avec leurs questions tellement longues que la réponse est réduite à la portion congrue.
Ces moutons de Panurge créant, dans le monde culturel et médiatique, des vedettes qui ne valent pas tripette mais bénéficiant d'un monopole abusivement engendré. Pour un Michel Drucker, que de piètres modèles !
Ces amis de tous registres prêts à vous aider quand vous n'avez pas besoin d'eux mais absents quand vous les sollicitez !
Ces pourfendeurs, ces éradicateurs de la liberté d'expression des autres mais se vantant de respecter ce beau principe à usage strictement personnel.
Ces médiocres crachant sur des mondes, par exemple politique, dont ils sont pourtant à des années-lumière pour l'esprit et la qualité. Ces petits maîtres s'érigeant en modèles quand ils ne sont que des repoussoirs !
Ces interminables monologues dans la vie sociale comme si l'art de la conversation avait disparu et que les conférences, partout, avaient substitué aux causeurs les didactiques.
Ces quelques hommes et femmes de pouvoir oubliant que sans exemplarité sur tous les plans, ils dégradent une République dont ils ont sans cesse le mot à la bouche.
Cette vertu essentielle qui, dans toutes les séquences de la vie collective ou singulière, devrait dominer mais qu'on recherche aujourd'hui désespérément : le courage.
Tous ces humains, ces professionnels qui se prennent pour des emblèmes, des institutions avant de l'avoir démontré par le plus petit commencement de preuve.
Tous ces compassionnels prêts à être infiniment généreux sur la peau des autres et déniant aux transgresseurs l'honneur d'avoir été responsables de leurs actes. La société ne les a pas engendrés, ils ont mal usé de ce qu'elle leur avait donné ou refusé.
Ces riens qui viennent, seconde après seconde, irriter ma susceptibilité, ma sensibilité, je ne les tiens pas pour rien ! Il faut se battre pour les traiter comme ils le méritent.
Rédigé le 02 mai 2025 dans Actualité, Art, Cinéma, Education, international, Jeux, Justice, Livres, Médias, parole, politique, Société, Sports, Télévision | Lien permanent | Commentaires (29)
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Rédigé le 01 mai 2025 | Lien permanent | Commentaires (11)
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Contrairement à tant d'esprits délicats et de fines bouches, non seulement je n'ai jamais méprisé Cyril Hanouna (CH) mais j'ai souvent apprécié son talent, son aisance orale, son verbe percutant et, j'ose le dire, son incomparable don d'animateur médiatique et politique. Dans "Face à Baba", il a ringardisé beaucoup d'autres émissions du même type, d'abord par sa parfaite écoute - et objectivité - de tous les candidats à l'élection présidentielle.
Il y a une sorte d'ironie à le voir peut-être quitter le rôle d'animateur observateur pour s'engager véritablement dans une voie politique. C'est ce que Valeurs actuelles nous annonce en présentant les grandes lignes de son projet présidentiel.
Le premier signe du changement radical de notre climat démocratique est le fait que, si cette volonté de CH se confirme, elle ne va pas susciter comme à une certaine époque une sorte de saisissement incrédule face à l'irruption de comiques, d'animateurs, de personnalités trop atypiques pour ne pas altérer le champ prétendument noble de la joute présidentielle.
On a déjà connu avec Coluche de telles ambitions s'exprimer mais celui-ci était poussé par un clan politique avec François Mitterrand et Jacques Attali, qui pervertissait l'élan spontané de son envie, moins de l'emporter - il savait qu'il n'y parviendrait pas - que de semer le trouble dans un univers trop conventionnel.
CH ne sera pas président mais je ne l'imagine pas s'aventurer dans cette entreprise pour abandonner au dernier moment. Il aura évidemment droit à l'accusation d'être une créature de Vincent Bolloré avec cette paradoxale anomalie que tous les milliardaires se voient reconnaître le droit de faire de la politique sauf quand ils sont conservateurs !
Autre chose va distinguer la possible candidature de CH de celles désirant profiter d'une période sans repères ni cohérence pour tenter par curiosité en quelque sorte une expérience politique.
Depuis longtemps déjà, CH est sorti du registre strict de l'animateur omniprésent, volubile, provocateur et adepte d'un parler tellement vrai, parfois grossier, que les polémiques survenaient non pas comme une infortune mais comme une chance...
Les sanctions dont il a été victime, l'injustice dont C8 a pâti avec l'instauration d'une double peine - les amendes payées puis une éradication scandaleuse -, les controverses quelquefois de nature politique, qui ont impliqué CH, le comportement de ce dernier se sentant trop limité dans le rôle qu'une animation classique lui imposait, la constante irruption dans l'espace médiatique d'un trublion constituant le divertissement comme une autre manière de faire de la politique, les débats civiques et sociétaux étant pour lui d'autres modalités pour divertir - tout cela qui tient à lui-même ainsi qu'à son environnement peut être perçu comme un prélude à ce qui adviendra s'il va au bout de son élan politique.
J'ajoute que ce qui aurait été saugrenu dans un passé relativement éloigné l'est de moins en moins - on peut dire à partir de 2007 - quand des personnalités présidentielles, des programmes théoriques vite remplacés par des trahisons qui ne relevaient pas toutes d'une adaptation au réel, des postures choquantes dégradant l'image du pouvoir aux yeux des citoyens, ont créé des déceptions rendant relatives les différences entre la classe politique et la société civile.
CH ne sera pas président mais s'il décide de conquérir les suffrages non plus des téléspectateurs mais des électeurs, il ne sera pas ridicule, on l'écoutera, il contraindra les autres à sortir de leurs banalités cherchant à faire passer leur gravité pour de la profondeur, il proposera des mesures, des réformes peut-être iconoclastes, de rupture sans doute même si les principales qu'on nous a annoncées n'ont rien d'aberrant.
Je ne sais pas quel sera le futur de CH, politique ou non. En revanche, pour peu qu'il maintienne son ambition et mette tout ce qu'il est - avec la familiarité qu'il créera avec les Français - au service de sa candidature, il aura rejoint son rêve : être pris au sérieux sans être tourné en dérision.
Il sera un aiguillon pour tous les autres. La mauvaise conscience d'un monde démocratique ayant rendu plausible sa candidature.
Il ne sera pas président mais...
(La cause est entendue puisque Cyril Hanouna a admis, sur Europe 1, n'avoir jamais eu l'intention de se présenter mais avoir simplement voulu faire de la pub pour ses émissions. Le pire, très révélateur sur le climat politique actuel, est que certains, de bonne foi, l'ont cru).
Rédigé le 29 avril 2025 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Religion, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (47)
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Rédigé le 27 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (9)
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Regardant le 24 avril l'émission "100 % Politique" animée sur CNews par Gauthier Le Bret, j'ai été surpris par la discordance des points de vue sur l'attaque au couteau -57 coups sur la victime tuée - dans l'établissement scolaire Notre-Dame de Toutes-Aides à Nantes. Alors qu'à l'évidence les crimes commis par ce mineur de seize ans imposaient une grille d'explication complexe, aussi bien psychiatrique que sociale, sécuritaire, politique...
Souhaiter un tel pluralisme n'est pas fuir ses responsabilités mais au contraire prendre la mesure d'un événement qui risquera de demeurer incompris si on récuse la plénitude nécessaire.
Qui peut contester la validité des considérations de pur pragmatisme sécuritaire concernant, à cause du port de couteau de plus en plus observé, l'installation de portiques, les fouilles, la reconnaissance faciale et les mesures à prendre pour que les établissements privés et publics soient à l'abri de massacres dans la voie du mimétisme américain ?
On ne peut pas non plus désapprouver le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'un fait divers mais d'un fait de société et que sa nature politique, au-delà des émotions singulières, était évidente. Il voit dans ces actes criminels la traduction extrême d'un monde gangrené par le refus de l'autorité, le laxisme et la déconstruction. Il a aussi rappelé, pour lutter contre les facilités paresseuses du "il n'y a qu'à", qu'il était impossible de placer un policier ou un gendarme derrière tous ceux qui étaient porteurs d'un risque potentiel.
Il me semble, au sujet de Justin P, qu'une interrogation fondamentale ne peut être éludée. Comment se fait-il que ce garçon qualifié diversement de "bizarre, réservé, suicidaire, solitaire, adorateur d'Hitler, voulant étriper tout le monde, remarqué par ceux qui le côtoyaient..." n'ait pas, au-delà de la curiosité inquiète qu'il suscitait, incité ses parents, ses éducateurs, ses professeurs à se prémunir pour que cette personnalité infiniment problématique passe d'un virtuel plus que troublant à un réel horriblement concret ?
J'entends bien que soupçonner ainsi un mineur de 16 ans, pour ce qu'il est et semble montrer, relève d'une sorte d'anticipation choquante, quasiment totalitaire. Mais comment échapper à cette alternative traumatisante : ne rien tenter et laisser le pire peut-être se commettre un jour ou intervenir pour briser une menace seulement supputée ?
La garde à vue de Justin P a été levée et il a été interné en psychiatrie.
Le texte très long, à la fois délirant mais révélateur d'une inspiration confuse mêlant nazisme et gauchisme - "écocide globalisé" - qu'il a envoyé par mail le 24 avril à midi, participe d'une adolescence mêlant une extrême difficulté d'être à des visions apocalyptiques ; ne percevant comme seule solution que l'éradication d'une part d'humanité détestée par son propre chaos.
Quels que soient les ressorts profonds de ces crimes, ils ne rendront pas moins absurdes les dires de la maire écologiste de Nantes laissant entendre, pour s'en prendre à Bruno Retailleau, que l'émotion est seule acceptable et que la politique n'a rien à voir en l'espèce. Alors qu'au contraire tout est lucide et pertinent qui alliera les affres du singulier et les dérives du pluriel. La prévention intelligente et la répression sans faiblesse. 100 % Complexe !
Sur ce dernier point, cessons de traiter les mineurs délinquants ou criminels comme si nous voulions qu'ils n'aient jamais changé par rapport à l'image bénie d'une enfance préservée de tout, coupable de rien. Notre législation à cet égard est mauvaise et impuissante devant les transgressions.
Justin P pourra être déclaré irresponsable. S'il ne l'est pas ou si sa responsabilité est atténuée seulement au moment où il a poignardé ses victimes, il faudra moins pleurer sur lui que sur elles, contrairement à l'habitude politique et médiatique.
Rédigé le 25 avril 2025 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (24)
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Une nouvelle émission, "Controverse" (LCP), apprendrait "l'art de débattre avec courtoisie" (Le Figaro).
Je ne suis pas persuadé que débattre soit un art. Il s'agit plus d'un combat intellectuel.
Mais ce qui est rare aujourd'hui tient en effet à l'exigence de courtoisie, liée aussi bien à la qualité de la forme qu'à l'élégance des personnalités s'affrontant sans la moindre grossièreté.
Pour espérer un tel moment de grâce, il convient d'abord d'écouter l'autre, de lui laisser terminer ses phrases et de ne pas croire par principe que son verbe n'apportera rien à votre réflexion.
On oublie trop souvent que les débats réussis sont un exercice de modestie de l'un par rapport à l'autre. En ce sens il est insupportable d'entendre des contradicteurs de médiocre envergure mais très contents d'eux-mêmes, jeunes ou moins jeunes, s'en prendre péremptoirement à des esprits les dépassant de cent coudées par leur finesse et leur profondeur. Rien n'est plus énervant sur certains plateaux de télévision, comme dans des séquences sociales et festives, que de constater l'enflure de tel ou telle qui monopolise la parole quand d'autres discrets, patients, attendent de s'exprimer.
Combien de fois n'ai-je éprouvé qu'une envie, malgré une expérience et une culture qui n'était pas inférieure à celle des autres : celle de me taire, d'écouter et d'admirer !
Je me suis trouvé dans cet état de délicieuse compréhension et d'infinie estime le 23 avril, sur Midi News, quand nous avons pu profiter d'un Sylvain Tesson éblouissant qui dans son registre inimitable a dénoncé le "tripatouillage des politiques", révélé son appétence culturelle pour le christianisme, sans la moindre arrogance à l'égard des autres religions et avoué qu'il appréciait que dans notre pays, les Ravachol fassent le pendant à ceux qui ne pensaient pas et ne croyaient pas comme eux. Il aimait cette pluralité française, cette diversité sociale (CNews).
En quelques minutes, il a magnifiquement décrit son rapport avec les choses, avec l'espace, avec la nature, cette manière qu'il avait eue d'escalader les cathédrales pour prier à sa manière, de s'approprier le monde par le mouvement et de nous le restituer ensuite grâce à la littérature, avec un vocabulaire d'une richesse telle que l'univers y était enfermé et qu'il parvenait à relever le défi de mots aussi puissants et singuliers que la réalité qu'ils décrivaient.
Tout était beau et convaincant. A peine était-on tenté de discuter que la magie vous emportait !
Pour moi, un grand moment de télévision, qui nous sortant des joutes ordinaires nous faisait monter dans les cimes ; au figuré pour nous !
Quel bonheur, je le souhaiterais à certains, que d'avoir l'occasion de se taire, d'écouter et d'admirer !
Rédigé le 24 avril 2025 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (25)
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Immense émotion mondiale à la suite de la mort du pape François au petit matin du lundi de Pâques.
Comme s'il avait retenu son dernier soupir jusqu'à cette date tellement capitale et symbolique pour tous les catholiques.
Il sera enterré le 26 avril.
Il est évident que je vais faire preuve, encore davantage qu'à l'ordinaire, de la décence que toute disparition devrait nous inspirer. Ce pape dont, depuis des mois, on connaissait le fragile état de santé, est mort pourtant dans une stupéfaction universelle douloureuse comme si on espérait son existence éternelle.
Pour ma part, ma culture catholique m'ayant conduit à toujours le respecter et à le traiter, même quand il me déstabilisait un peu, non pas comme une personnalité politique mais tel l'évêque de Rome et le chef de notre Église, j'avoue avoir parfois été surpris.
Par le dédoublement entre, d'un côté, un pape heureusement conservateur, intransigeant sur les principes de base, ne s'abandonnant dans ces domaines sensibles à aucune provocation ni incongruité - la bénédiction pour les couples homosexuels me semblait une suggestion bienvenue -, de très bon conseil sur le plan des directives et orientations qu'il imposait à la Curie et, de l'autre, une extrême sensibilité progressiste, humaniste, ciblée sur les périphéries, les migrants, les vulnérables, les blessés de la vie.
S'agissait-il, comme je l'ai cru longtemps, d'une politisation qui par moments semblait faire tomber ce pape bien au-delà de ce que son exercice classiquement pontifical aurait engendré ? Je ne pouvais pas m'empêcher d'éprouver, face à la liberté dont il usait et à l'authentique générosité qui était la sienne, un malaise devant ce qui me paraissait constituer un risque pour l'ensemble de la communauté catholique, susceptible d'être fracturée par des positions papales qui frôlaient tellement l'engagement qu'elles tombaient quasiment dans le partisan.
Tout ce que je lis et entends depuis sa mort me fait naturellement réfléchir et il aurait été absurde de ma part de ne pas m'en soucier et de ne pas en tirer des enseignements pour mon propre regard sur ce pape qui dans tous les cas ne laissait personne indifférent. Parce que son obsession était sans doute plus d'agiter le monde que de tranquilliser l'univers catholique.
Est-ce à dire qu'il dégradait sa parole et son action en un exemple de combat ordinaire, hémiplégique et injuste par les options qu'il pouvait choisir et dont la ligne principale était de mettre en lumière et en pitié des causes généralement abandonnées ? Je n'en suis plus si sûr.
D'abord sa volonté de simplicité, et de dépouillement forcément relatif mais incontestable (exemples dans sa vie quotidienne et dans son lieu de sépulture), sa dilection pour la piété des gens du peuple, qu'il a tellement appréciée en Corse, sont des éléments qui ne pouvaient que toucher des catholiques effrayés ou lassés par la surabondance du somptuaire. Il y avait dans le comportement papal une rectitude, une évidence de dignité et de proximité, exemplaires au point de nous rendre fiers d'une personnalité dont la politique pontificale nous laissait parfois sur notre faim. Quand le pape François déclarait aspirer à "une église pauvre pour les pauvres", il était profondément crédible.
On aurait pu lui reprocher, comme souvent pour les êtres d'exception, tant leur désir de surprendre pour le meilleur est intense, de s'être attaché d'abord à ce qui n'était pas son prochain immédiat mais à des compassions, des sollicitudes et des soutiens plus éloignés. Comme si le premier allait de soi et les seconds avaient été trop longtemps sacrifiés.
Dès lors que ce pape avait pour exigence de coeur et d'esprit fondamentale la paix, la concorde entre les nations, le refus absolu de la guerre, l'équité internationale, il était inévitable que d'une certaine manière il concédât bien plus à Dieu qu'à César. Aucun pape n'a apposé plus que lui, sur la fureur, la violence et le chaos du monde, le voile qu'il n'hésitait pas à rendre impérieux d'une morale universelle dont le catholicisme était l'incarnation emblématique.
Faut-il considérer que dans l'exercice de sa charge suprême il avait décidé d'être de gauche comme nos politiques ordinaires ? Répondre affirmativement serait s'égarer à mon sens. Ce qui est certain en revanche est qu'il a poussé à l'extrême une vision de l'Évangile qui, si on élimine la référence à César et à la politique qui ne regarde pas le religieux, pourrait être sans abus qualifiée de gauche, si on rapetisse le message de Jésus au lieu de le vouloir universel. Celui d'une humanité nue qui ne s'embarrasse pas d'un camp ou de l'autre.
Il est difficile pour un pape, même le plus engagé dans les troubles et les désordres du siècle, de changer le cours des choses même si son verbe et son influence partout où il passe valent mieux, sont plus opératoires, que toutes les comédies politiciennes.
Arrivant au terme de ce billet, je ne voudrais pas moi-même porter sur ce pape formidablement atypique un jugement banal, en le réduisant à ce que nous sommes au quotidien : des adeptes du relatif.
Son catholicisme était extrémiste, absolu. La tiédeur n'était pas son fort.
Rédigé le 22 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (30)
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Par mon titre, j'entends l'ensemble des transgresseurs, délinquants, criminels, détenus, condamnés, fauteurs de troubles, compulsifs de la violation de la loi, haineux de la moindre autorité, orphelins du langage et violents immédiats, ignorants de la morale élémentaire, mineurs lâchés sans bride par des éducateurs de toutes sortes dépassés, auteurs d'abjections multiples, obsessionnels de la haine de l'État...
Des surveillants de prison ont témoigné et ils ont confirmé ce qu'on sait depuis longtemps : "Les détenus ont pris le pouvoir" (Le Parisien). Il y a des établissements où ils font la loi quand les défenseurs de celle-ci sont voués à plier sous leur joug.
Le Conseil national des barreaux (CNB) a publié une enquête d'opinion menée avec l'IFOP (Le Figaro). Aujourd'hui elle conclut à une chute libre de la magistrature dans l'esprit public puisque 48 % de nos concitoyens sont en défiance à l'égard des institutions judiciaires alors qu'en 2008 une forte majorité portait un regard favorable sur elles.
Ce sont toujours les même reproches qui sont adressés à la Justice : lenteur, inégalité, médiocre accessibilité, mépris, indulgence pour les puissants et dureté avec les faibles, politisation des magistrats...
Je pourrais presque me réjouir que 52 % des Français ne vouent pas aux gémonies cette institution capitale pour la démocratie, qui n'est plus depuis longtemps un pouvoir mais une autorité et qui devrait être surtout à mon sens un service public. On comprend bien le caractère particulier de ce dernier sur au moins un double plan : on n'a pas envie d'en user comme on le ferait d'un service public ordinaire et il est inévitable que le mécontentement d'un citoyen sur deux - il a perdu ou il n'a pas assez gagné - abaisse largement l'indice de satisfaction !
Je n'ai plus envie de me vouer à une apologie désespérée de cette institution que j'ai pratiquée durant quarante ans avec cette certitude qu'une pratique singulière visant l'exemplarité pouvait sur-le-champ modifier l'opinion d'observateurs initialement pessimistes ou au moins réservés.
Il me semble assez piquant que cette enquête ait été élaborée sous l'égide du barreau comme si en réalité celui-ci se lavait les mains de cette désaffection judiciaire.
Une Justice "partisane" est le grief dominant, d'autant plus accablant qu'il mêle les politiques, les médias et les citoyens dans cette dénonciation qui rend impossible - je m'en suis rendu compte - toute contradiction.
Je ne me résous pas à cette descente de la Justice dans l'estime publique alors que par ailleurs, et là je m'en félicite, l'armée et la police progressent.
Il n'y a évidemment aucune raison pour que la Justice échappe au mouvement général qui fait que les malfaisants ayant pris le pouvoir un peu partout, naturellement les forces régaliennes sont accusées de faiblesse à leur égard.
C'est en effet le changement fondamental dans la lutte contre le fléau de l'insécurité : le fait que les transgresseurs, où qu'ils soient, ne se contentent plus de compter sur leur bonne étoile pour échapper à l'interpellation et à la condamnation mais que dorénavant ils prennent les devants : on attaque les pompiers, on donne des rendez-vous meurtriers à la police, on menace les juges, on insulte les maires, on poursuit ses trafics et ses intentions homicides en prison, on manifeste avec arrogance que le monde a changé et que les sales ombres ont pris le pas sur les lumières honorables, reléguées peu à peu dans les oubliettes d'une société qui n'a pas su les sauvegarder.
Je vois bien pourquoi la Justice, au-delà de sa politisation, est mal perçue par rapport à la police et à l'armée. Elle intervient tard, trop tard, quand tout est consommé et elle est rarement à la hauteur de ce qu'espère le citoyen même de bonne foi. Elle n'est par ailleurs jugée que sur ses affaires médiatisées, ce qui a pour conséquence de laisser dans l'anonymat la multitude des pratiques des parquets et du siège acceptables, parfois même excellentes.
Le pessimisme d'aujourd'hui qui fait douter de la victoire possible contre les crimes, les délits et l'enfer pénitentiaire est parfaitement compréhensible.
Puisque la loi est passée de l'autre côté et que les malfaisants tiennent le haut du pavé.
Rédigé le 21 avril 2025 dans Actualité, Justice, Médias, parole, Police, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (23)
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Un citoyen conscient de ses devoirs s'intéresse naturellement à la vie démocratique de son pays. Pourtant, dans l'actualité quotidienne, il me semble que trop souvent il demeure enkysté, sur le plan politique, dans sa sphère partisane. Il a son champion ou sa championne et n'en démord pas.
Alors qu'on pourrait espérer, au contraire, une infinie curiosité de sa part et une envie de se mêler de ce qui ne le regarde pas.
Je n'ai jamais compris pourquoi le passionné de politique ne se sentait pas frustré à l'idée de n'avoir pas une sorte de droit de regard universel sur l'ensemble des débats agitant les partis et, partant du sien, de se construire la République qu'il souhaiterait.
D'autant plus qu'il pourrait faire preuve à la fois d'objectivité - il ne serait pas concerné - et de lucidité : il ne serait pas ligoté par des liens et des dépendances internes.
Les arbitrages qu'il aura à effectuer auront des conséquences importantes, ils engageront notre pays sur des chemins contrastés, désastreux pour peu qu'ils soient mal avisés.
Commençons par le 16 mai. Si Bruno Retailleau n'est pas élu président de LR, quelle que soit la permanente invocation du duo, et non pas du duel, par Laurent Wauquiez, le premier se verrait réduit à la portion congrue et le second serait en charge de l'essentiel.
Le passé est trop clair pour qu'on puisse hésiter sur la personnalité à promouvoir et la ligne à adopter. LW n'a pas cessé de faire prévaloir ses intérêts personnels, lors de la composition des gouvernements, avant ceux de son parti et des possibles ministres sollicités. Je suis persuadé que l'action ministérielle de BR, loin d'être un handicap, apparaît de plus en plus comme la démonstration qu'une vraie droite est en train, sortant de sa molle léthargie et de ses divisions artificielles, de redevenir une espérance et de susciter le désir.
Les socialistes comprendront, lors de leur futur congrès, que leur regain dans l'opinion n'a tenu qu'à la revendication de leur ancrage social-démocrate avec leur libération de l'emprise de LFI et de la domination malsaine de Jean-Luc Mélenchon sur la gauche et l'extrême gauche. Il est capital que ses adversaires s'unissent pour faire revenir un parti socialiste pleinement autonome capable de résister à la tentation facile des unions électorales. Peu importe qui le dirigera pour peu que son projet soit celui-là et pas seulement de servir le dessein de François Hollande impatient de rattraper le temps perdu.
Chez les écologistes, si Marine Tondelier éprouve beaucoup de plaisir à passer à la télévision, comme le lui a reproché un anonyme de la direction, ce ne semble pas être un motif suffisant pour ne pas envisager un concurrent ou une concurrente. On dit qu'elle est favorite, lors du prochain congrès, pour se voir renouveler comme secrétaire nationale mais on a le droit de supposer qu'en dehors de Sandrine Rousseau qui la critique, d'autres ambitions pourraient se manifester.(Elle a été largement réélue comme secrétaire nationale : on la verra encore plus à la télévision!).
À LFI, la garde rapprochée de Mélenchon tient bon et il y a quelque chose de pathétique dans cette fidélité qui s'obstine alors qu'elle sait que son "Lider" est voué à l'échec en 2027. La peur ou l'admiration la motivent-elles ? Ce n'est pas en tout cas la migration de François Ruffin avec ses limites politiques et son talent de cinéaste qui pourra les détourner de Mélenchon qui exerce une fascination par son emprise et sa culture et par l'habilité paternelle avec laquelle il gère les uns et les autres, les laissant libres mais sous condition d'inféodation.
Il y a Fabien Roussel au parti communiste et un sondage récent l'a mis à un niveau inespéré. Mais tout tient à sa personnalité et rien à son programme. Ce qu'il n'a pas de communiste séduit et quand il se résout à proclamer qu'il l'est, il baisse.
Au Rassemblement national, la probabilité de Marine Le Pen candidate en 2027 n'est pas totalement à écarter mais peu plausible.
Jordan Bardella est, paraît-il, le successeur naturel. Il a cherché à se vieillir mais il reste incurablement jeune. La comparaison avec l'Emmanuel Macron de 2017 n'a pas grand sens compte tenu du passé étatique de ce dernier quand il s'avance sur la scène de la joute présidentielle. Jordan Bardella, à marche forcée, se construit une personnalité, un savoir, une culture, une souplesse dans l'expression, une profondeur dans la pensée, des développements et une rigidité moins scolaires, cet homme n'est pas médiocre, il est méritant. Mais cela ne suffit pas. Il n'est pas fini, ceci dit sans la moindre dérision, contrairement à ce qu'Éric Zemmour avait fustigé chez Emmanuel Macron. On ne peut pas souhaiter que la présidence de la République soit la continuation d'une formation alors qu'elle devrait en être l'aboutissement. Le RN ne changera rien mais il devrait s'interroger.
Édouard Philippe sera candidat en 2027. Il était très apprécié des Français et le président Macron jaloux de sa popularité l'a fait partir dans des conditions peu dignes. Depuis qu'il mène son trajet à sa manière pour conquérir le Graal, il est toujours bien placé mais son juppéisme foncier décourage. On ne parvient pas à le croire quand Christophe Béchu nous annonce, de sa part, "des réformes massives". Déjà, s'il en fait d'utiles, ce serait bien !
À Reconquête!, deux intelligences, deux personnalités dissemblables, deux talents, l'un avec une dureté inflexible, l'autre avec une conviction souriante, mais le même programme. Lequel ira ? Elle nous a déclaré que ce serait lui. J'attends la suite avec impatience. Il n'est pas fait pour suivre. Elle n'est plus faite pour suivre.
Si on ne se mêle pas en politique de ce qui ne nous regarde pas, on ne comprend pas, on n'espère rien, on est exclu. La démocratie est un immense champ où tout le monde a le droit de jouer. De sortir de chez soi pour aller voir ailleurs. De la même manière que les affaires, c'est l'argent des autres selon Alexandre Dumas fils, la République, c'est l'affaire de tous.
Rédigé le 18 avril 2025 dans Actualité, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (21)
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N'aurais-je pas apprécié la personnalité et la pratique de François Bayrou (FB) que j'aurais tout de même défendu le Premier ministre tant je suis agacé par la condescendance ironique avec laquelle certains parfois le traitent. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je suis irrité par la dérision dont beaucoup de citoyens font preuve à l'encontre de personnalités politiques qui les dépassent de cent coudées. Il n'y a aucune raison pour que le pouvoir justifie, à l'égard de ceux qui l'exercent, les critiques les plus absurdes, les plus injustes...
Je suis d'autant plus à l'aise pour le souligner qu'après sa conférence de presse sincère et pédagogique du 15 avril, avec la parfaite implication des ministres concernés par la préparation du budget 2026 - le profane que je suis regrette qu'on doive attendre le 14 juillet pour connaître les pistes adoptées -, je n'ai pas été convaincu par le slogan sous l'égide duquel il s'est exprimé : "La vérité permet d'agir" (Le Parisien).
Le vérité, à mon sens, ne permet pas d'agir. Elle relève du constat, du bilan, de l'évaluation, de la description, de ce qu'on sait depuis belle lurette et qui est partagé par tous les politiques et experts de bonne foi. Il en existe plus qu'on ne pense.
La France a toujours été extrêmement douée pour les pensées et les travaux préparatoires, les préludes, les introductions, la confection des bagages, leur installation dans la voiture, l'accumulation des données, des chiffres et des informations. Plus rien ne demeure étranger à ceux qui vont avoir la mission d'entreprendre, l'honneur d'accomplir. Ils ont la vérité à leur disposition, capital essentiel, outil fondamental.
(Crédits : LP/ Olivier Lejeune)
Mais la vérité ne permet pas d'agir. Sinon notre pays ne serait pas en régression partout, pour l'efficacité de ses services publics et la qualité de ses institutions. Alors que la déconnexion est constante et douloureuse entre ce qu'attendent les citoyens et ce qu'on leur donne.
La vérité ne permet pas d'agir parce qu'entre la vérité et le réel, il faut de l'énergie, de la volonté, une telle puissance de résolution et de vigueur que l'action suivra inéluctablement la vérité qui n'est qu'une lumière préalable, et rien de plus si l'humain qui a en charge le destin de la France n'a pas le courage d'en user pour réformer, transformer, modifier.
Entre ce que je sais et qui doit m'aider, me guider et le concret que j'espère, qui m'attend, il y a un gouffre, ce qui sépare le virtuel du vrai, le nécessaire du praticable, l'impossible de l'empirisme.
La vérité, en France, surtout dans le domaine qui angoisse FB et le conduit à nous mobiliser, on la connaît tous. C'est ce qui a fait croire à certains observateurs et analystes moqueurs, que le Premier ministre s'était abandonné à une explication inutile. Elle ne le deviendra que si, comme dans beaucoup de velléités macroniennes, elle demeure à l'état de promesse sans la moindre effectivité. Le doute portait plus sur l'aptitude à agir enfin que sur la justesse de la description, aussi calamiteuse qu'elle méritait d'être dénoncée.
L'action, le courage, l'énergie, la constance, la résistance, le dessein sans faille de tenir bon et de faire passer la vérité dans une sphère où elle sera au service d'un homme ou d'une femme. Qui saura réaliser ce qui a été promis, constituer le verbe comme une annonce authentique : de l'action.
Il faut maintenant mettre littéralement la main à la pâte.
Rédigé le 16 avril 2025 dans Actualité, Education, international, Médias, parole, politique, Télévision | Lien permanent | Commentaires (34)
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On va me juger simpliste, ignorant, partial, trop sensible ou naïf.
Comme si les guerres ne faisaient pas des victimes. Comme si l'Histoire n'était pas emplie de massacres. Comme si l'Ukraine était le premier pays à souffrir et à pleurer.
Pourtant l'horreur qui a frappé Soumy, dans son centre-ville bondé, le dimanche des Rameaux, dépasse l'entendement, l'indignation politique même la plus intense, le dégoût ordinaire devant ce que l'invasion de l'Ukraine par la Russie fait surgir chaque jour. Au point qu'à force de s'installer dans nos vies françaises, ce conflit à la responsabilité non partagée nous est devenu invisible. Telle une familiarité ignoble.
Mais les 34 morts de Soumy et la centaine de blessés, dans une zone totalement civile, nous contraignent à regarder la réalité, la vérité en face. Nous n'avons plus la ressource de fuir dans des considérations géopolitiques, dans des analyses savantes sur les rapports de force internationaux, sur les désastres humains pesés au trébuchet, telle une immonde comptabilité.
C'est à Soumy une humanité sciemment assassinée et meurtrie par quelqu'un dont les ordres immoraux font en effet de lui, comme l'a déclaré le président Zelensky "un salaud". Aussi insultante que soit cette définition, elle me paraît justifiée parce qu'il y a des crimes qui sortent de l'épure d'un monde international même chaotique et violent, pour relever d'une inhumanité pure et nue. Sans la moindre faille pour un zeste de compréhension, un soupçon d'explication. Exactement comme dans l'univers pénal : il y a une hiérarchie même dans l'ignoble.
Avoir décrété qu'on allait faire mourir une part de la population innocente de tout dans ce centre-ville de Soumy où les têtes et les coeurs se trouvaient, croyants ou non, dans l'émotion tranquille du dimanche des Rameaux, est une ignominie. Qui pouvait s'attendre à une telle rupture dans cette respiration dominicale, à ces morts et à ces blessés visés par le sadisme de Poutine ?
Il faudra un jour, sans la moindre complaisance, questionner la scandaleuse attitude du président Trump qui a non seulement changé le cours des alliances traditionnelles et légitimes mais offert à Vladimir Poutine l'énorme avantage d'un soutien rompant sans équivoque l'équilibre entre les parties au point que sur Soumy il s'est contenté de déplorer sans incriminer la Russie, ce qui est tout de même hallucinant. Contrairement au président Macron qui a protesté comme il convenait.
On peut craindre le futur avec la psychologie si singulière de ce président américain qui n'a pas suffisamment de constance pour supporter durablement les obstacles que le réel et les hommes en cause opposent à ses promesses de Matamore.
Avec le risque en effet que "sur Trump et l'Ukraine, la lassitude guette" (Le Parisien) et qu'en conséquence Poutine puisse continuer à s'abandonner à des massacres sans limite tandis que Zelensky fatiguera avec ces incessantes exigences d'armement trop chichement satisfaites.
Comme l'a déclaré Bernard-Henri Lévy, Soumy est "un Guernica ukrainien" mais surtout "le massacre de trop" (Le Parisien).
Quand jugera-t-on que c'est assez concéder à ce tueur en liberté ?
Rédigé le 15 avril 2025 dans Actualité, international, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (39)
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Le 6 mars dernier, j'ai publié chez Héliopoles MeTooMuch ?.
Les promotions des livres que j'ai fait paraître auparavant, chez des éditeurs différents et reconnus, ont été plus ou moins réussies mais sans que j'ai eu envie de faire un sort à telle ou telle.
Avec Héliopoles le désir d'écrire un billet s'est renforcé au fil du temps, tant il me semble que ce petit ouvrage, dont j'ai la faiblesse de considérer qu'il exprime un point de vue équilibré sur #MeToo - sur ses lumières initiales, ses ombres et ses risques - m'a permis, par sa promotion à laquelle je me consacre, d'approfondir un certain nombre d'idées et peut-être d'illusions sur la nature humaine, sur l'amitié, le savoir-vivre, la fidélité des uns, l'indifférence, voire la négligence des autres.
Qu'on m'entende bien : je ne me place pas au niveau prestigieux de Michel Houellebecq ou, dans un autre registre, de Guillaume Musso. Il y a des auteurs qui sont naturellement invités partout et ils ont cette immense liberté de pouvoir dire non ou oui.
Par ailleurs, quand Héliopoles, créé il y a quinze ans et dirigé par un couple professionnel d'exception, Zoé Leroy et Christophe Brunet, a accepté de publier MeTooMuch ?, j'ignorais qu'ils passeraient très vite du statut d'éditeurs à celui d'amis, avec leur faculté rare de savoir allier la compétence, le sérieux avec la "rigolade". Ce qui m'autorise à jouir de ce que j'ai toujours aimé : une gravité qui a le droit de s'oublier et de se perdre dans la drôlerie ; sans surestimer la qualité de la mienne ! C'est la plus heureuse conséquence que cette rencontre due à mon nomadisme éditorial et j'ai pris tellement à coeur leur cause que je suis scandalisé par leur relatif anonymat encore. Jean-Christophe Buisson, pour le Figaro Magazine, ne me l'a pas caché !
Pour être honnête, j'avais prévenu mon duo d'éditeurs de mon espoir d'être invité sur certains plateaux ou de bénéficier de l'amabilité critique de tel ou tel hebdomadaire - ce qui a été le cas parfois dans la famille conservatrice - en les alertant toutefois sur le fait que ma liberté d'expression aurait sa rançon et que ma manière de n'avoir pas une estime globale pour tous les journalistes me pénaliserait probablement.
Ce que j'avais annoncé s'est produit et j'avoue mon inconséquence. Ce préjudice m'est apparu normal - à moins d'être un saint médiatique, on ne tend pas la main à qui vous a fait du mal, même sur un mode correct et acceptable - et pourtant je n'ai pas pu m'empêcher d'espérer une seconde un miracle. J'ai été rapidement détrompé.
Sur l'amitié, que de contrastes ! Ce très beau et très fidèle sentiment, à mon sens, s'il peut se réjouir d'exister par lui-même, ne devient véritablement concret et tangible que si l'ami(e) vous montre effectivement qu'il l'est ou que vous puissiez le lui démontrer. Comme l'amour, l'amitié a besoin de preuves.
Une note joyeuse d'abord. J'ai vu, j'ai su que j'avais quelques amis, de qualité et de constance. Qui n'avaient pas besoin de se faire prier. Qui me donnaient spontanément, sans se trahir intellectuellement, ce que je leur aurais offert dans les mêmes circonstances. Ce ne sont pas des connivences quand elles sont d'authentiques concordances.
Et, à côté, il y a les amis de papier, pas forcément faux mais invisibles, démobilisés, se trouvant des occupations plus importantes, des flagorneries plus immédiates, prétendant se parer de rigueur quand tout simplement ils ignoraient la beauté d'un lien quand il se fait passer avant tout le reste.
Pour l'ironie on est gâté. Il y a ceux qui disent n'avoir pas reçu le livre, d'autres qui l'ont perdu, untel en veut un autre mais n'en fera pas plus sur lui, quelques-uns qui promettent mais ne tiennent pas, ici on laisse espérer l'auteur, là on le décourage ou pire, on l'ignore.
C'est sans doute le plus insupportable de la part de cet univers médiatique : sa grossièreté. On n'accuse pas réception, une telle politesse serait faire trop d'honneur à celui qui vous a fait envoyer le livre avec une dédicace. Ce sont souvent les mêmes qui, conservateurs, prétendent enseigner à la société les vertus qu'ils ne pratiquent pas.
Il y a une surprenante catégorie intermédiaire dont on n'attend rien de précis mais qui sans précipitation, un jour, vous fait plaisir. Des relations vous offrant la grâce d'avoir aimé le livre.
Au Salon du livre au Grand Palais - gangrené par une manifestation grotesque anti-Bolloré et anti-Fayard -, j'ai eu la chance de pouvoir signer tous les exemplaires mis à ma disposition. Avec quelques originaux qui désiraient que je signe tout ce qu'ils me présentaient mais sans acheter le livre (moins de 10 euros !). La littérature est aussi un commerce.
La promotion de mon livre n'est pas terminée. J'attends encore ce moment délicieux, pour un auteur, de la rencontre avec ses lecteurs ou avec des journalistes l'ayant vraiment lu.
C'est une comédie humaine parce qu'on en apprend beaucoup sur les autres. Et un peu sur soi. Mais il faut de la lucidité : pourquoi ce monde, où les hostilités, les frustrations et les jalousies sont recuites, la vanité incommensurable, la fiabilité réduite, l'amitié aléatoire, serait-il meilleur que tous les autres ?
Mais je suis heureux : mes éditeurs m'ont dit que MeTooMuch ? se vendait. Il y a donc une Justice !
Rédigé le 13 avril 2025 dans Actualité, Livres, Médias, parole, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (13)
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Le dernier match du Paris Saint-Germain contre Aston Villa a été mon chemin de Damas.
Il fallait bien la Ligue des champions pour me convertir parce que dans le championnat de France, l'équipe parisienne domine si outrageusement que dans chaque match, après une résistance plus ou moins longue de l'adversaire, sa victoire est acquise. Cela devient lassant, comme tous les succès inévitables auxquels, à tort, on ne reconnaît plus le moindre mérite.
Mais en Ligue des champions, c'est autre chose ! Le coup de tonnerre de l'élimination de Liverpool - mon équipe étrangère préférée - avait déjà montré que le PSG s'était métamorphosé et que la faiblesse de caractère singulière et collective s'était totalement dissipé.
On n'a pas compris immédiatement l'apport inestimable de l'entraîneur Luis Enrique car les premiers matchs sous son égide n'avaient pas révélé encore ce qu'il attendait de son équipe et les progrès fulgurants qu'il allait lui faire accomplir. Grâce notamment à des joueurs métamorphosés sous sa baguette à la fois ferme et chaleureuse.
Je continue à ne pas aimer du tout que le PSG soit adossé au Qatar, en ayant conscience cependant que, sans sa manne inépuisable, les passionnés de football auraient pu attendre longtemps ce que nous découvrons, parfois enthousiastes, au fil des compétitions européennes.
Je persiste à être mal à l'aise avec le président qatari du PSG dont j'ai l'impression, à voir ses comportements extra-sportifs, qu'il n'est pas d'une totale limpidité.
Mais ce qui m'importe au premier chef, c'est bien ce que le PSG est devenu. Titulaires et remplaçants ne sont jamais négligés voire abandonnés. L'équipe a perdu son caractère disparate animé par un joueur d'exception, Kylian Mbappé, star médiatiquement trop honorée, au profit d'un collectif extraordinaire. S'il n'est pas composé de onze vedettes, il fait apparaître, pratiquement chez tous, une excellence multipliée par le talent altruiste de chacun.
Avec l'éblouissement devant des pépites comme, par exemple, Désiré Doué.
On éprouve dorénavant le sentiment d'une implacable et délicate machine qui, même un temps menée, ne suscite aucune inquiétude chez ses supporters parce que, tôt ou tard, elle comblera son retard pour finir par l'emporter.
On perçoit, même pour le profane comme moi, un plan, un dessein, une stratégie, qui inspirent enfin le jeu de cette équipe. Chacun au service de tous, tous défendant puis tous à l'avant, avec des buts pouvant être marqués par n'importe qui. À aucun moment le rouleau compresseur ne cesse. La preuve récente étant le but in extremis de Nuno Mendes qui va permettre au PSG de se rendre assez tranquille chez Aston Villa.
Et ce n'est pas un feu de paille. J'ai attendu quelque temps avant d'exprimer mon plaisir et mon revirement parce que dans beaucoup de sports j'ai subi trop de déceptions où, porté aux nues aujourd'hui, le vainqueur allait décevoir demain. C'est une spécialité française.
Apparemment le PSG est sur une lancée qui dure. L'embellie persiste. Le projet collectif de l'entraîneur ne connaît pas de ratés sur le terrain.
Lors des matchs, il me semble aussi que le PSG se comporte mieux. Que ses joueurs ne sont pas sans cesse par terre comme s'ils étaient à l'article de la mort, qu'ils ne discutent plus de manière éhontée, à plusieurs autour de l'arbitre, les décisions de celui-ci et, en résumé, qu'ils ont plus de tenue.
Ce qui est la moindre des choses quand l'argent surabonde pour le club comme pour chacun individuellement et l'entraîneur couvert d'or mensuellement. On espère donc de lui pas seulement une influence sportive et technique mais un enseignement éthique. Une superbe équipe a plus de devoirs que de droits : la classe n'est pas seulement de vaincre n'importe comment !
Le hasard du football international fait aussi que de magnifiques équipes nous ayant émerveillés paraissent, pour certaines, être un peu en déclin, ce qui ouvre une voie royale pour le PSG même si sur sa route possible, Arsenal sera à craindre.
Le PSG n'est plus insupportable. Ce n'est que du foot mais c'est si doux, dans ce monde tellement erratique, d'une gravité folle, d'un délire angoissant, de retenir dans sa main quelques gouttes de bonheur, aussi dérisoires soient-elles.
Rédigé le 11 avril 2025 dans Actualité, international, Jeux, Médias, Société, Sports, Télévision | Lien permanent | Commentaires (33)
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Directeur de Marianne, Frédéric Taddéï (FT) écrit à la dernière page, comme il se doit, "Le mot de la fin". Dans le numéro en cours : "…il faut abolir cette peine de mort politique qu'est la peine d'inéligibilité".
Je sais que son point de vue sera contredit aussi bien pour des motifs politiques que médiatiques. C'est le propre des idées fortes et ce n'est pas FT qui s'en plaindra !
Je n'ignore pas avoir déjà écrit sur FT et je ne ressens pas le besoin de m'en excuser. D'abord pour ma propre satisfaction. Je déplais trop souvent par une envie, à laquelle je ne veux résister, de dire le fond de ma pensée, la nature de mes humeurs, pour ne pas me féliciter de cette opportunité renouvelée de pouvoir estimer quelqu'un.
J'ajoute que le FT d'aujourd'hui a changé de registre. L'indépassable animateur de "Ce soir (ou jamais !)" - dont l'effacement et la discrétion apparents valaient toutes les présences ostensibles - a été remplacé par le responsable d'une publication qui, sur le plan judiciaire notamment, est remarquable et par l'auteur libre et indépendant du Mot de la fin.
À plusieurs reprises j'ai soutenu FT qui n'avait pas besoin de moi pour se défendre. Le paradoxe est qu'on osait lui reprocher une conception intelligemment intégriste de la liberté d'expression contre celle rigide et sectaire cultivée chaque jour par Patrick Cohen. FT n'était pas un justicier qui choisissait de laisser parler seulement ceux que sa vision politique tolérait : il ouvrait la porte médiatique à tous, et d'abord à ceux auxquels l'accès à la visibilité était devenu impossible, voire interdit. Sa seule exigence toujours parfaitement respectée, à la télévision, tenait à cette limite : on ne transgressait pas la loi sur son plateau. Cette éthique et ce pluralisme du débat ont donné lieu à de passionnantes joutes où la contradiction, contrairement à tant de confrontations d'aujourd'hui, n'était pas de pure forme.
FT est d'abord pour moi un modèle dans la mise en oeuvre, sans la moindre concession, d'une liberté d'expression exemplaire. J'aime pouvoir le rapprocher d'une journaliste essayiste atypique, Peggy Sastre, dont les points de vue, développés dans Causeur ou dans Le Point, offrent à qui les lit un champ stimulant de réflexions et de paradoxes. Elle s'attache à définir rigoureusement la liberté d'expression en faisait appel, notamment dans le dernier hebdomadaire cité, à des intellectuels qui confirment sa vision d'une plénitude irréprochable.
Quand elle écrit qu’"une liberté d'expression qui n'oserait plus froisser personne deviendrait vite une liberté à usage limité", nul doute que FT partage sa conviction. Lorsqu'elle reprend à son compte l'analyse de Greg Lukianoff, un avocat, journaliste et militant américain, pour qui la liberté d'expression "est et restera toujours une idée ÉTERNELLEMENT RADICALE... pas seulement une garantie juridique mais un principe culturel exigeant dont la valeur ne se révèle qu'à l'épreuve de l'inconfort", je suis sûr que FT approuve cette approche irréprochable d'une liberté qui est beaucoup moins pour soi que pour les autres.
Quand j'ai commencé à lire son "Mot de la fin" dans Marianne, j'ai éprouvé comme une émotion intellectuelle à voir le changement de cap de FT qui s'assignait, sur un certain nombre de thèmes, à penser et à dire ce que longtemps il avait eu pour déontologie de taire. J'ai naturellement pris son parti et je ne me suis pratiquement jamais trouvé en désaccord avec lui. Moins, pour être franc, parce que le fond de son écrit était forcément pertinent qu'à cause de la confiance immédiate, évidente, limpide dont je créditais un esprit et une personnalité qui, n'ayant jamais eu pour perversion d'étouffer ou de limiter le verbe d'autrui, bénéficiaient de mon assentiment quand ils s'aventuraient dans l'imprévisibilité de l'opinion et les nuances de la conviction.
Je me défie de plus en plus des censeurs officiels ou officieux qui, ayant toujours eu la vocation d'éradiquer, sur le plan politique, médiatique, judiciaire ou culturel, la liberté des autres, n'ont jamais su la pratiquer pour eux-mêmes.
Parce que FT est aux antipodes d'une telle petitesse, qu'il a passé son existence médiatique à se battre pour la liberté des autres, il me semble que porter sur celui qu'il a décidé d'être aujourd'hui, sur ses débuts brillants dans le Mot de la fin, un regard favorable, au moins une bienveillance critique, est la moindre des choses.
FT est convaincant parce qu'il n'a aucune rançon à payer.
Rédigé le 09 avril 2025 dans Actualité, international, Justice, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (47)
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On sait qu'au premier tour de l'élection présidentielle de 2027, nous aurons, pour le Rassemblement national, Marine Le Pen ou Jordan Bardella. Tout dépend des aléas judiciaires dont la conclusion devrait être, pour l'appel, à l'été 2026.
Pour peu que le RN ne change pas sa stratégie de défense - en s'entêtant dans sa thèse administrative minimaliste totalement contredite par le jugement du 31 mars - et n'offre pas à la juridiction d'appel une porte de sortie fondée sur une bonne foi contrite, les conséquences judiciaires seront probablement lourdes. Avec l'interrogation sur un éventuel pourvoi en cassation qui restaurerait l'état du 31 mars.
Ce qui est étonnant, et n'a pas été assez commenté, c’est la parfaite équivalence entre les pour et les contre, pour le futur présidentiel de MLP et JB. L'émission "L’Événement, l’interview" (France 2), avec JB pour invité, l'a révélée et La Tribune Dimanche et BFMTV, quasiment confirmée le 6 avril.
Le RN peut s'en réjouir puisque cela démontre une interchangeabilité entre leurs deux leaders mais il me semble que MLP pourrait et devrait en être troublée puisque, malgré les différences positives en sa faveur, elle est placée exactement au même niveau que le président du RN.
Il est en effet clair que si MLP a échoué deux fois à l'élection présidentielle - malgré des progrès techniques indiscutables, elle a manifesté cette faiblesse d'être bonne tout le temps sauf lors du jour J -, elle serait en 2027 bien plus apte que JB à faire gagner son camp. Pourtant, ce dernier apparaît comme une indéniable solution de rechange alors que tout démontre, quand on l'écoute, qu'il répond à des questions et qu'il argumente, qu'on a affaire à un homme dont le comportement médiatique mécanique et scolaire le rendrait mal adapté à l'imprévisibilité des joutes présidentielles. Non pas qu'il soit médiocre mais ses adversaires auront vite fait de déceler le point faible de sa cuirasse, qui est de ne pas supporter d'être sorti de son champ programmé.
C'était évident sur France 2 où il a déroulé de manière répétitive un propos appris qui perdait toute force à proportion de son ressassement.
Je ne méconnais pas le fait que, ne s'appelant pas Le Pen, il bénéficie ainsi d'un crédit de principe mais ce n'est pas l'explication principale de ce constat qu'au-delà de leurs personnalités, le RN est tellement fort qu'il emporte beaucoup sur son passage parce qu'on désire l'essayer, qu'une majorité n'en peut plus de ces personnalités classiques qui croient pouvoir regagner par la morale ce dont leur répugnance à une véritable opposition politique les a privés.
Ce ne sont pas les réactions d'hostilité partisane à l'encontre du RN à la suite du jugement du 31 mars et de la manifestation organisée le 6 avril qui vont diminuer des adhésions multipliées précisément par cette stigmatisation tellement rentable pour ce parti !
C'est lui qui est consacré dans les enquêtes d'opinion, peu importe qui le représentera, avec un programme dont le fond paraît n'avoir pas la moindre importance au regard de cette finalité obsessionnelle pour une multitude de citoyens : ce n'est pas parce qu'on n'aura plus Emmanuel Macron après 2027 qu'on est prêt à retomber dans les ornières d'une France conventionnelle promettant infiniment et tenant si peu !
Le paradoxe est que le duo du RN, d'une certaine manière, est beaucoup plus républicain que ces ambitions tournant autour d'un seul leader, d'un seul chef, qui ne feront jamais l'objet de la moindre critique puisqu'ils sont consacrés par avance. Quoi qu'ils aient pu accomplir ou au contraire ne rien faire.
Édouard Philippe n'arrive pas à se débarrasser de son juppéisme. Par moments il fait tellement dans la nuance qu'il n'est plus compris. Christophe Béchu nous annonce qu'avec lui nous aurons "des réformes massives". C'est la spécialité des politiques de nous tenter avec elles avant mais de les oublier ou de les trahir après. Parce que l'action a cette désagréable habitude de les rendre impossibles ou de les rapetisser.
François Hollande mène un combat utile et salutaire pour la démocratie au sein du parti socialiste mais je ne suis pas sûr que les électeurs verront revenir avec plaisir un président "inachevé" qui n'en finit pas de se rappeler au mauvais souvenir de beaucoup.
Jean-Luc Mélenchon continue à détruire son talent par un cynisme clientéliste qui lui fait croire à cette illusion que l'alliance d'une jeunesse excitée et de banlieues islamisées sera son nirvana pour 2027. Alors qu'il est le seul candidat qui permettra à coup sûr la victoire du RN.
Si on a le droit de rire, Marine Tondelier venant apporter un soutien écologiste à LFI pour la défense de l'État de droit - quand heureusement le parti socialiste et les communistes se sont abstenus - n'a pas beaucoup de mémoire : qu'on demande à Julien Bayou ce qu'il en pense !
Chez les Républicains, si Bruno Retailleau devient président du parti au mois de mai, tout sera ouvert pour lui ; rien ne sera acquis mais il n'est pas absurde d'espérer qu'enfin le RN sera confronté à un adversaire respectueux de la démocratie mais sans complaisance ni concession. À une droite incarnée par un responsable n'attendant plus de la gauche des injonctions, des leçons, des menaces et les poncifs d'un progressisme constant dans l'échec.
Des solitudes face à 2027 quand au RN ils sont deux...
Tant d'autres s'impatientent, piaffent, s'inventent déjà un destin présidentiel. Ce qui constitue par défaut la domination actuelle du RN dans les enquêtes d'opinion est l'absence d'adversaires suffisamment lucides, équilibrés, exemplaires et plausibles pour pouvoir réduire son impact sur une masse de citoyens prêts à se mobiliser pour de l'inédit.
Il ne faut jamais sous-estimer cette lassitude populaire face à des gens qu'on connaît trop, qu'on a trop vus...
Ce second quinquennat d'Emmanuel Macron va probablement mal se conclure par rapport aux espérances de 2017 et au désenchantement de 2022 : le RN sera là, ou tout proche!
Rédigé le 06 avril 2025 dans Actualité, Gastronomie, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (67)
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Est revenue récemment, dans le débat public, la question de l'interdiction du Syndicat de la magistrature grâce à Bruno Retailleau (France 2) et David Lisnard (CNews) et, si j'ose dire, à cause de Marine Tondelier qui n'a rien trouvé de mieux que d'approuver l'injonction faite par le SM aux magistrats de s'opposer politiquement au Rassemblement national (LCI).
Il me semble que sur ce sujet nous avons un parfait exemple de la dérive des pouvoirs. De droite, en raison de l'impuissance à faire respecter les règles d'un syndicalisme exclusivement professionnel. À gauche, par la complaisance à l'égard d'une politisation qui fait perdre toute légitimité à une part importante, moins par le nombre que par l'influence, de la magistrature dans l'opinion publique.
Comment ne pas s'interroger à titre principal sur cette lâcheté qui gangrène, ce courage qui manque ?
Peut-être convient-il de s'attacher en amont à tout ce qui empêche les pensées conservatrices d'avoir la fierté de s'assumer dans la réalité. Avec ce handicap trop souvent constaté d'un hiatus entre leur expression publique et la pratique de chacun : combien de fois en effet ai-je, malheureusement et socialement, constaté que les vertus fondamentales d'une éthique et d'une vision conservatrices - politesse, rigueur, écoute, qualité de la forme, attention à autrui, tolérance et équité - n'étaient destinées qu'à la façade et trop rarement pratiquées dans l'intime, comme si une personnalité pouvait se cliver ainsi entre le public et le privé. Alors que sans plénitude, tout perd sens.
Il est clair que dans les débats intellectuels, politiques, médiatiques, on perçoit trop souvent une incapacité à ne compter que sur la sincérité et la liberté pour penser, répondre ou contredire. Comme si on était tenu par d'autres considérations tenant aussi bien à sa propre faiblesse qu'à la volonté absurde de ne jamais donner l'impression de céder un pouce de terrain à l'autre. Cet extrémisme qui fait fi de toute authenticité aboutit paradoxalement à la libération d'une parole violente, grossière, méprisante. Face à soi, on a un être qu'il faut détruire plutôt que contester ses idées.
Je n'ai pas quitté mon thème central concernant le SM.
Non seulement ce dernier n'a pas abandonné sa ligne idéologique de gauche, voire d'extrême gauche mais il l'a amplifiée.
À l'abri de la moindre réaction opératoire des pouvoirs publics et exploitant, à son bénéfice, l'idée absurde que tout serait politique contre les exigences d'un métier imposant pourtant une absolue neutralité pour être crédible et respecté dans ses pratiques.
Durant des années, chacune de mes conférences, à la fin, lors des questions, a abordé le problème du syndicalisme judiciaire. Je répondais, sans doute avec trop de mesure, qu'il était inutile d'évoquer des interdictions qui ne seraient jamais possibles.
Malgré le caractère scandaleux de la violation permanente de l'article 10 de l'ordonnance du 22 décembre 1958, rien ne bouge, on accepte tout.
Pourtant "toute délibération politique est interdite au corps. Toute manifestation d’hostilité au principe ou à la forme du gouvernement de la République est interdite aux magistrats, de même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions. Est également interdite toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions", énonce ce texte.
Pourquoi, alors, l'indignation devant l'esprit partisan qui s'étale syndicalement sans la moindre vergogne est-elle incapable du moindre courage politique mais au contraire semble-t-elle résignée à ne s'exprimer qu'en mots, donc sans effet ? Les gardes des Sceaux, certains se piquant même de n'avoir peur de rien, sont apparus tous tétanisés. Abstention et passivité d'autant plus étonnantes qu'une réaction contre une intolérable politisation judiciaire, avec des modalités à déterminer, serait largement approuvée par l'opinion publique. On a l'impression que les les ministres - hier, Eric Dupond-Moretti confronté pourtant à l'insupportable implication du SM dans la fête de l'Huma - regardent passer ces outrances comme s'ils étaient secrètement satisfaits de voir le corps judiciaire sombrer encore davantage à cause d'une frange irresponsable de celui-ci.
Je ne crois pas que Gérald Darmanin qui se concentre sur l'essentiel et paraît considérer avec une ironie résignée les délires idéologiques du SM, qui souvent le prennent pour cible, ait la moindre intention de s'occuper de cette politisation libérée de toute crainte. Pourtant la certitude qu'elle représente le motif essentiel de la défiance du citoyen à l'égard de l'institution et des juges devrait mobiliser.
Jusqu'où le SM ira-t-il avec l'arrogance tranquille d'une force qui sait que la lâcheté est partout et le courage nulle part ?
Rédigé le 05 avril 2025 dans Actualité, Education, international, Justice, Livres, Médias, parole, Police, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (39)
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Le jugement rendu à l'encontre de Marine Le Pen et autres, avec en particulier l'exécution provisoire ordonnée pour rendre son inéligibilité de cinq ans immédiatement opératoire, a suscité un vif émoi de la part de beaucoup de politiques - au-delà même des militants du RN - et d'une majorité de citoyens. Qu'on soit ignorant ou non de la chose juridique, le sentiment dominant était qu'on avait d'une certaine manière poursuivi un combat politique par des moyens judiciaires.
Il y a eu les menaces scandaleuses à l'égard de la présidente du tribunal correctionnel, qui ne doivent pas faire oublier qu'on a le droit de contester un jugement dès lors qu'on ne porte pas atteinte à l'autorité de la Justice.
Il me semble que la prise de conscience de cette anomalie au moins partielle a entraîné la réaction politique et judiciaire prévoyant la conclusion de l'instance d'appel pour Marine Le Pen à l'été 2026, ce qui lui donnerait encore la faculté d'être candidate en 2027.
Je relève qu'il n'y a donc aucune fatalité pour que les pratiques judiciaires soient atteintes par une lenteur et des retards inadmissibles. Quand on veut, on peut aller vite.
Une réflexion particulière mérite d'être exprimée qui s'interrogerait sur les notions d'indépendance et de responsabilité.
La première est constamment priorisée par le profane comme par les professionnels de la Justice. Encore récemment par le président de la République qui, dans un communiqué, a souligné l'importance de l'indépendance, déploré les menaces contre les magistrats et rappelé le caractère fondamental du recours.
Cela fait longtemps que je propose, seul dans le désert judiciaire, de substituer à la pierre angulaire de l'indépendance celle de la responsabilité.
L'indépendance à l'évidence n'a pas manqué, sur un plan structurel, à la juridiction ayant condamné Marine Le Pen. Mais on conçoit bien alors à quel point elle ne peut pas être tout. En effet cette indépendance théorique n'interdit pas aux magistrats d'élaborer les analyses les plus audacieuses, les plus provocatrices ou les plus partisanes. Elle offre un champ libre aux juges qui, certains d'avoir le droit à une totale autonomie intellectuelle, juridique et judiciaire, ont toute latitude de développer les argumentations qui n'auront pour limite qu'une autre approche possible de la part d'une cour d'appel sauf en cas précisément d'exécution provisoire.
J'ajoute que je discute d'autant plus l'exigence d'indépendance, dans toutes ses acceptions, que je crois impossible de l'atteindre pleinement. Pas seulement sous l'effet d'un pouvoir qui a pu être intrusif en certains temps mais en raison de cette utopie laissant croire qu'on pourrait totalement se détacher de soi en jugeant. Je me souviens de Me Jean-Denis Bredin, grand esprit politique et judiciaire, pour qui cette dépendance à l'égard de soi était de loin la plus dangereuse pour un magistrat. Parce que ou bien il n'en avait pas conscience ou bien il se faisait fort de n'être pas gêné par elle. Alors qu'il n'y a rien de plus malaisé que de mettre entre parenthèses son terreau intime pour parvenir à une objectivité irréprochable.
Si on adhère à mon point de vue, on acceptera l'idée que le concept de responsabilité pourrait aisément remplacer celui d'indépendance. Il aurait pour avantage décisif de fonder les raisonnements non pas seulement sur le recours sec et exclusif au droit, avec ses limites, mais sur une approche où la plénitude de l'argumentation prendrait en compte tout ce qui serait de nature à les enrichir et à les rendre exemplaires.
Cette obligation de responsabilité n'aurait pas donné cette impression, pour le jugement Le Pen, d'avoir fonctionné en totale autarcie en ayant éliminé avec bonne conscience tous les obstacles nécessaires et utiles à une complexité de bon aloi.
Il est clair qu'une telle conception d'un droit enrichi par des données sociales et politiques, sans déconnexion avec la réalité d'un pays, aurait évité la politisation ostensible et déplacée du prétendu trouble à l'ordre démocratique qu'aurait représenté, selon le tribunal, la candidature de Marine Le Pen en 2027.
Cette notion de responsabilité aurait conduit à quitter le champ partiellement partisan pour donner au contraire un tour intelligemment politique au jugement en question.
Il me semble que paradoxalement la banalité ressassée de l'indépendance est une facilité.
Pour ceux qui ne connaissent rien de la Justice et se contentent de rappeler cette prescription passe-partout.
Pour ceux qui servent l'institution judiciaire et s'imaginent qu'elle pourrait justifier toutes les dérives de fond et de forme commises entre les quatre murs d'une dangereuse autarcie.
Rédigé le 02 avril 2025 dans Actualité, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (60)
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