Ainsi, Carole Bouquet a éprouvé le besoin, avec un avocat, de venir lire un texte à l'émission animée par Marc-Olivier Fogiel pour dénoncer un jugement rendu par la 16ème chambre correctionnelle de Paris le 9 novembre. Il paraît que cette décision "est l'expression d'une justice qui ne défend aucune valeur et qui refuse de protéger les personnes contre les dérives de l'arbitraire". La comédienne annonce aussi qu'elle en interjette appel, ce qui aurait suffi à notre information.
A quel titre Carole Bouquet, et avec quelle légitimité, se permet-elle de tenir de tels propos outranciers et ridicules, alors qu'à l'évidence ils ont été préparés?
Bien sûr, aucune réaction n'est à attendre des autorités judiciaires qui se sentent sans doute très honorées de voir "leur" institution ainsi offensée.
Plus gravement, une personne qui prétend donner une leçon de démocratie doit-elle, en même temps, violer une règle élémentaire de celle-ci en venant critiquer devant Fogiel une décision dont elle a interjeté appel et qui sera examinée ultérieurement ? Ou bien veut-elle, selon une tendance qui s'amplifie, jouer sur les deux tableaux ? Choisir la voie de droit et narcissiquement emprunter la voie de travers ? Il me semble que la beauté qui s'érige en juge de la morale des autres devrait s'obliger à choisir. Fogiel ou la justice. Au moins, si on ne choisit pas, qu'on ne joue pas les rigoureux censeurs puisqu'on tombe dans un cirque aux effets plus dévastateurs que ceux d'un jugement qui n'a pas été rédigé, après de très longs débats, avec une telle désinvolture.
La vanité est très mauvaise conseillère.
En tout cas cette affaire donne une saveur toute particulière à l'intitulé de ce blog...
Rédigé par : Eolas | 23 novembre 2005 à 16:02
J'ai cru comprendre, mais peut-être suis-je dans l'erreur, que dans l'affaire des écoutes de l'Elysée, rien n'était légal. Aussi est-il dommage que les concitoyens n'aient pas un accès au jugement très important qui a été rendu dans cette affaire.
Nous pourrions alors, peut-être, évaluer la manière dont cette dernière a été traitée ainsi que la pertinence des propos suscités, ceux de Carole BOUQUET et les vôtres, à l'aune des critères retenus, c'est-à-dire l'outrancier et le ridicule.
En ce qui me concerne, je pense que la qualité de Citoyenne, et accessoirement celles de justiciable et de contribuable, donnent à la victime de votre diatribe à la fois le titre et la légimité de son intervention, ceci ne préjugeant évidemment pas sur le fond.
Rédigé par : GL | 23 novembre 2005 à 09:43
Je croyais qu'un texte du code pénal incriminait le fait de critiquer les décisions de justice?
Rédigé par : Eve MATRINGE | 20 novembre 2005 à 12:25
Comme vous avez raison. Et surtout, comme vous êtes prévoyant. En effet, le procès en appel concernant "l'affaire d'
Outreau", qui illustre de manière si éloquente le naufrage de la Justice française, va encore donner lieu dans les jours qui viennent à bien des commentaires désagréables aux oreilles des magistrats. Il était donc temps d'allumer un contre-feu. Bravo.
Rédigé par : Luc | 19 novembre 2005 à 20:10
Je n'ai pas vu non plus ledit communiqué (Pour Delphine : il s'agit de l'affaire dite "des écoutes de l'ELysées", où les condamnations ont été très légères, prison avec sursis, amende et dans deux cas dispense de peine). Mais je ne comprends pas au nom de quoi il faudrait imposer à une partie de choisir entre la voie de recours et critiquer la décision devant Fogiel ou quelqu'animateur que ce soit. Il serait même bien paradoxal d'aller critiquer la décision sur un plateau, mais la valider en n'interjetant pas appel !
Là où la démarche me paraît critiquable, c'est que le plateau en question n'est pas l'endroit idéal pour un débat contradictoire et serein sur les mérites et défauts éventuels d'une décision de justice, et que tout citoyen insatisfait d'une décision n'aura pas accès à un tel porte-voix pour se faire entendre.
J'y vois pour ma part une manoeuvre (sans sens péjoratif) pour faire pression sur le parquet pour qu'il interjette appel lui aussi, puisqu'il faut que vos lecteurs sachent que sur le seul appel de la partie civile, les peines ne peuvent pas être aggravées, seuls les dommages-intérêts peuvent être augmentés.
Rédigé par : Eolas | 19 novembre 2005 à 19:15