Je ne peux pas laisser vos réactions sans réponse, d'autant plus qu'elles sont généralement critiques soit sur le mode du sérieux soit sur celui de la dérision.
Rassurez-vous d'abord : je ne déteste pas le rap en soi, même si je n'ai pas d'appétence particulière pour lui. Je ne désire pas non plus faire poursuivre tous les chanteurs et n'ai rien, par principe, contre les artistes vrais ou prétendus tels. Je n'ai nul besoin d'être protégé....du gorille de Brassens ou de quoi que ce soit d'autre ! Rien ne me contraint non plus, comme je l'ai écrit dans un commentaire à Didier, à une obligation de compréhension à tout prix qui ferait que, par jeunisme ou par un abus d'explications sociologisantes, je serais systématiquement de plain-esprit avec tout ce qui me semble hautement contestable, pour ne pas dire plus.
Je ne suis pas persuadé non plus d'avoir la capacité - ou la légèreté, dont je méconnais pas en certaines circonstances qu'elle puisse représenter une qualité - de prendre "à la rigolade" les émeutes de ces trois semaines. Je ne parviens pas à les percevoir comme un immense pied de nez ludique que des jeunes auraient fait à leurs aînés. Tout au plus, comme Redeker l'écrit ce matin dans le Figaro, elles pourraient m'apparaître sans aucun sens sinon celui d'agir et de détruire pour rien. C'est la raison pour laquelle certains textes moins chantés qu'assénés me préoccupent et que je ne trouve pas scandaleux de songer à les poursuivre. Sans doute ma longue expérience judiciaire du droit de la presse - avec l'analyse au détail des provocations - alliée à l'atmosphère de la cour d'assises où la violence est à son comble me constituent comme un auditeur moins complaisant, moins enthousiaste de phrases qui, dans leur sens premier, appellent au mieux à des destructions, au pire à des meurtres.
L'exemple de Brassens, qui allait évidemment être utilisé, est pourtant très éclairant dans l'autre sens. Le gorille....ou le marché de Brive la Gaillarde, c'est de l'art, ce sont des chansons, tout simplement parce qu'il y a transposition et regard ironique du créateur sur lui-même. Où est la transposition, la distance, le symbolique lorsqu'on entend un "artiste" venir vous crier aux oreilles qu'il faut niquer et tuer les flics? Quand on veut tout excuser, on y parvient toujours. C'est même l'un des grands vices de notre société. Comme il est épuisant de condamner le condamnable, on absout.
Il ne s'agit en aucun cas, Eolas, de prétendre que ces quelques textes sont la cause des émeutes ou qu'ils les ont inspirées. Ils les ont accompagnées, et ce n'est pas neutre, hier, aujourd'hui et sans doute demain, de manière lancinante, dans un fond sonore de violence et de haine, dont ce n'est pas être un imbécile que de le prendre au premier degré, devant certaines réalités. Toutes proportions tragiques gardées, on a justifié les exécutions d'intellectuels collaborateurs sous l'occupation nazie parce qu'on a considéré que la liberté d'expression devenait criminelle lorsqu'elle servait un régime de terreur. Lorsque le crime existe, penser, écrire et parler ne sont plus neutres, à supposer qu'ils le soient jamais.
Derrière ces scrupules et cette tolérance, il y a l'idée, enfin, que ce seraient des jeunes mais aussi des artistes. Je ne discuterai pas le premier point. Pour le second, je l'ai déjà écrit, le beau pavillon de l'art ne doit pas recouvrir n'importe qui. Je n'ai pas la prétention de vous avoir convaincus les uns et les autres.
Mais le blog, c'est une totale dépendance. On passerait sa vie à discuter!
je cite: "Magistrat, je souhaite à travers ce blog, engager le dialogue avec mes concitoyens sur les problèmes de justice."
Ne croyez vous pas qu'avant de traiter les problèmes de justice, il vaudrait mieux , en amont, traiter les problèmes de police ? Ces fameux policiers qui sous n'importe quel prétexte engorgent la justice de dossier qui bien souvent sont classés sans suite dans les semaines qui suivent... C'est du vécu et je suis près à témoigner !
Merci de votre réponse
Rédigé par : Eric | 19 décembre 2005 à 10:30
En lisant les commentaires des uns et des autres, je me demande si on ne s'éloigne pas de ce qui est, à mon sens, le fond de l'histoire.
Personne ne contestera que la musique a de tout temps été un moyen très efficace de rassembler les individus. Bien plus facile d'accès que les idées. N'est-ce-pas cela au fond qui fait peur au législateur ou au représentant de l'Etat - politique - qu'est l'avocat général ?
Ces "garants de la morale républicaine", ayant été élevés, endoctrinés et nourris par le système dominant n'y verraient t-il pas, plus ou moins consciemment, un danger et une remise en cause de leur légitimité ou de leur existence même ?
N'est-ce-pas au fond l'outil de contre-pouvoir qui tombe sous le coup du concept, terriblement arbitraire, de "trouble à l'ordre public" ?
Si demain c'était le Chant des partisans, L'internationale, voire même la Marseillaise, qui était l'élément fédérateur - de gens qui n'ont que leur appartenance à une communauté pour exister - je ne serais pas étonné qu'on tente de le condamner.
Rédigé par : Smop | 01 décembre 2005 à 22:43
N'y a-t-il pas une mauvaise foi obtuse dans ces commentaires ? O:-)
Il n'est pas question de condamner _tous_ les titres de rap ou d'interdire ce style de musique ! Ceci ne concerne que quelques titres qui appellent à la haine et à la violence.
Que le rythme et la musique soient de style pop, rock ou rap, peu importe si le texte incite au crime.
Qu'on s'avise d'interdire un style de musique, fut-ce le bontempisme, et je serais la première à protester et à prendre sa défense ! Encore une fois, arrêtons de voir un état totalitaire là où il n'y a encore rien de fait...
Rédigé par : Delphine | 01 décembre 2005 à 20:43
Le commentaire d'egdtp replace bien la question telle qu'elle a été posée par Ph.B. La "valeur" d'une expression artistique peut s'appréhender de différentes manières mais une, essentielle à mes yeux, est celle de son impact sur ceux qui la recoivent. Il (l'impact) en fait ainsi aussi sa "valeur". Ecoutons nous aujourd'hui le Sacre du Printemps comme l'ont fait nos pères ? Lisons nous le "Bon appétit Messieurs" de Victor Hugo comme au 19ème siècle ? Non bien sûr et néanmoins l'impact existe. Que vient faire la Justice dans cette affaire ? Y a t-elle sa place ? On devine ma réponse. On que l'on ne vienne pas me dire que les textes des rapeurs d'aujourd'hui sont plus violents que ceux de nos ancêtres, ce serait un mauvais prétexte.
Rédigé par : Didier | 01 décembre 2005 à 08:10
Evidemment que les chants nazis sont entraînants ! Ils sont martiaux, guerriers, rythmés, bref, écrits POUR être entraînants ! Ca n'empêche pas qu'ils sont répugnants de bêtise crasse, mais ça ne retire rien à leur efficacité.
Cela dit n'a rien à voir avec le rap, qui recouvre une très large palette d'expressions, dont je ne ferai pas le détail ici, par simple goût pour la bonne chanson. Il ne manquerait plus que je fasse une rubrique à propos de piqueurs de mélodies à QI d'huître qui, parce qu'ils font rimer 'amour' avec 'massacrez les bourres', sont considérés comme des âââaartistes.
On pourrait croire que je déteste cette forme d'expression, voire que je la méprise. C'est bien pire, elle m'indiffère. (J'arrête d'ailleurs là les comparaisons animalières qui me viennent à l'esprit, je ne voudrais pas me fâcher avec mes amies les huîtres qui, si elles ne font pas preuve d'une qualité d'expression artistique patente, ont au moins la décence de garder pour elles leurs envies de meurtres).
Il ne me viendrait pas à priori l'idée d'interdire une de leurs 'chansons'. Me moquer d'eux, insister pour qu'on LISE simplement leurs textes pour en extraire la bêtise, les parodier, tout ce qu'on veut, mais pas interdire, c'est leur fabriquer une image d'artistes maudits à moindres frais.
D'un autre côté, sanctionner un texte qui passe les bornes, qui constitue clairement un appel au meurtre, ça ne me choque pas du tout non plus.
Cruel dilemme ? Paradoxe mondain ? Ben non. Pas dilemme. Pas paradoxe.
Des types s'enferment dans leur logique de violence. Ils sortent volontairement du cadre de la discussion, de l'opposition d'idées organisée par la démocratie ? La qualité d'artiste, usurpée ou non, n'étant pas une cause d'exemption de peine, ils doivent être punis. Comme un éditeur de chants nazis. Comme un non-artiste. Comme tout le monde.
Et merci M. Bilger pour votre blog, je le place d'entrée au niveau de celui d'eolas.
Rédigé par : lormars | 30 novembre 2005 à 22:43
Je pense que les gens de bonne volonté auront compris que ce que je veux dire, c'est que certains pourraient aussi revendiquer le caractère artistique des chants nazis et pourtant nous sommes tous d'accord sur leur contenu. Par conséquent, le caractère artistique ou non est pour moi un critère inopérant.
Ca c'était pour les gens de bonne volonté. Pour les autres, qui refusent de voir qu'il s'agit d'un raisonnement par l'absurde...
Rédigé par : koz | 30 novembre 2005 à 20:32
Bonsoir à toutes et à tous,
Je me permets de poster ici le lien vers l'article que je voulais placer en trackback sur ce billet mais que typepad s'obstine à refuser de mon logiciel. Cet article étant trop long pour être posté en commentaire intégralement, je le place sous cette forme.
http://campusliber.laecite.org/index.php/perso/suite/lorsquil_faut_bien_des_pretextes/
Rédigé par : José@La e-Cité | 30 novembre 2005 à 18:43
Ne faîtes pas semblant de ne pas comprendre mon propos, Damien.
Rédigé par : koz | 30 novembre 2005 à 16:26
Et nous avons oublié de donner le point Godwin à Koz !!!
Rédigé par : Egdltp | 30 novembre 2005 à 15:19
Par contre KOZ, la référence au nazisme est tout aussi facile que déplorable...
Tu es bien le seul à trouver les chants Nazis entraînants !
Rédigé par : Damien | 30 novembre 2005 à 12:26
Je ne comprends vraiment tout ce "débat".
Le "rap" - nom par lequel on définit une certaine production musicale - est un art comme un autre.
Qui peut discuter cela ?
Il me semble pour ma part que les voyous sont plus nombreux parmi les artistes "plastiques" contemporains aujourd'hui où l'on croise apparemment beaucoup d'imposteurs notoires.
C'est un simple exemple il n'a pas valeur d'argument.
M. Bilger n'a pas écouté certains petits chef-d'oeuvres de Kool Shen ou Akhenaton, qu'il aurait nécessairement apprécié. Point.
Que dire d'autre ?
Pas la peine d'expliquer que le rap rend bien souvent hommage à notre langue plus que la pop ou tout autre style musical.
Pas la peine d'expliquer que parfois les messages sont éclairés et intelligent.
Par contre la loi s'applique au rap.
Et parfois, les paroles peut revêtir une qualification pénale. Point.
Dans ce cas, la justice doit appliquer le droit.
Et alors ?
Rédigé par : Damien | 30 novembre 2005 à 12:26
Ce qui m'attriste dans nombre de commentaires c'est que les textes sont jugés essentiellement à l'aune du contexte temporel actuel et non celui de leur production. Ils sont donc totalement sorti de leur contexte justement...
Pourquoi des paroles qui n'ont pas changé seraient condamnables aujourd'hui et pas hier ? Pourquoi une oeuvre serait elle acceptable aujourd'hui alors qu'elle a été condamnée sur des critères semblables à ceux que vous opposez aujourd'hui à ces textes violents...
Avez vous vu les jeunes émeutiers attaquer les forces de l'ordre au son de ces champs ?
Je pense que par facilité, certains préfère dénoncer les thermomètres qu'agir pour faire baisser la fièvre.
Mais cette réaction est tout a fait compréhensible. Face a une profonde remise en cause de notre société par les faits, on préfère faire l'autruche que constater les dégats et reconstruire.
Pour revenir sur la licité des textes passés ou présents, la délinquance économique ou politique ne fait elle pas plus de mal à la société que ces textes ? Pourquoi n'est elle pas plus poursuivie par les représentants du peuple ?
Rédigé par : Egdltp | 30 novembre 2005 à 09:31
> Koz, Eolas n'a pas besoin de moi pour se défendre mais vous exagérez : la remarque concernait non pas le contenu des "oeuvres" mais la manière dont les autorités (le fameux Procureur Pinard pour Baudeleaire) les appréhendent, de la relativité des choses !
Rédigé par : Didier | 30 novembre 2005 à 09:20
Eh bien, le moins que l'on puisse dire, c'est que vous provoquez de vives réactions. Puisque les commentaires précédents vous sont peu favorables et que l'on vient à considérer que vous êtes prisonnier de votre âge et de votre condition sociale, je prendrai ma part : je ne pense pas qu'une incitation à la haine, à la haine raciale, à la violence, voire au meurtre cesse d'être inacceptable parce qu'elle est chantée au lieu d'être hurlée.
Eolas, franchement, votre invocation de Baudelaire est un peu trop facile. On y sent la vieille lune ressorti à chaque évocation du rapport entre la Justice et l'Art.
Avez-vous jamais lu dans les Fleurs du Mal un texte qui invite à la destruction de quelqu'un d'autre que soi ?
Ne soyez pas trop dupe des arguments artistiques. Les chants nazis aussi sont très entraînants.
Rédigé par : koz | 29 novembre 2005 à 17:54
@Jean-Baptiste : "Tous les textes violents ne se valent pas : la Marseillaise chante la patrie, le couplet cité la traîne dans la boue."
Donc si je comprends bien, ce qui compte n'est pas tant la violence du message que les intérêts qu'il sert. Brrrrr
Pour le coup, cette critique, ou plutôt cet équivoque frisson me semble vraiment naïf. Car il va de soi que l'enjeu du débat est politique. La question n'est pas de juger ces textes dans l'absolu, mais de savoir si le régime républicain a le droit et le devoir de les censurer. C'est donc à l'aune de l'idée républicaine (notez bien que je ne parle pas d'idéal républicain) que ces textes seront considérés. Or jusqu'à preuve du contraire nous sommes tous citoyens français, moi comme Edouard : chanter la République, ce n'est donc pas "servir des intérêts" parmi d'autres, mais défendre des valeurs. Et condamner les textes qui l'attaquent sans mesure, ce n'est pas sombrer dans le totalitarisme ou le politiquement correct, c'est un devoir civique élémentaire.
Rédigé par : Jean-Baptiste | 29 novembre 2005 à 14:52
"discuter" dites vous M. L'Avocat Général ! Moi qui suis un naïf, j'y vois un bouillonement salutaire que vous nous permettez. Prenez le comme un compliment, car s'en est un, mais sans excès, car les problèmes que nous évoquons sont vraiment graves et sérieux
Rédigé par : Didier | 29 novembre 2005 à 11:46
Moi, j'aime bien les cours de Maître Eolas (http://maitre.eolas.free.fr) sur la procédure pénale. Bien sûr, ce n'est pas un entremets d'une légèreté absolue, mais ça permet de comprendre bien des choses qui paraîssent absurdes sinon.
(Laurent, je sais que tu plaisantes, mais tout le monde ne connait pas forcément ton coté taquin et certains risquent de passer à coté d'un excellent blog ! ;))
Rédigé par : Delphine | 29 novembre 2005 à 08:41
@Jean-Baptiste : "Tous les textes violents ne se valent pas : la Marseillaise chante la patrie, le couplet cité la traîne dans la boue."
Donc si je comprends bien, ce qui compte n'est pas tant la violence du message que les intérêts qu'il sert. Brrrrr
Rédigé par : Edouard | 29 novembre 2005 à 01:15
La pratique du blogue (pour rebondir sur votre dernière phrase), c'est aussi de créer des liens. Alors M. Eolas a un blogue, qui plus est, très populaire et connu pour sa qualité (même s'il nous terrasse parfois par de long billets circonstanciés d'un mortel ennui sur la procédure pénale qui ne peuvent intéresser que les professionnels de la profession)... Donc, si vous le citez/interpellez, faites le lien : http://maitre.eolas.free.fr/
:-)
Rédigé par : Laurent Gloaguen | 28 novembre 2005 à 21:25
"L'exemple de Brassens, qui allait évidemment être utilisé, est pourtant très éclairant dans l'autre sens. Le gorille....ou le marché de Brive la Gaillarde, c'est de l'art, ce sont des chansons, tout simplement parce qu'il y a transposition et regard ironique du créateur sur lui-même. Où est la transposition, la distance, le symbolique lorsqu'on entend un "artiste" venir vous crier aux oreilles qu'il faut niquer et tuer les flics? Quand on veut tout excuser, on y parvient toujours. C'est même l'un des grands vices de notre société. Comme il est épuisant de condamner le condamnable, on absout."
Le raisonnement donnant grâce à Brassens et rejetant ses « descendants » ne vaut qu’à partir de votre définition de la création : même au-delà du droit, il y en a tant d’autres… Quant au fait qu’il soit plus simple, en l’espèce, d’excuser plutôt que de condamner, je maintiens qu’il est en réalité plus aisé de jeter l’opprobre sur ces œuvres lorsque les banlieues s’embrasent (et non lors de leur divulgation, la vigueur de la répression dépendrait-elle de l’actualité ?), en tant que potentielle cause conjoncturelle, plutôt que de s’intéresser aux causes structurelles. A tout prendre, les secondes me semblent plus opportunes – et plus justes - à rechercher mais… aller plus avant reviendrait à répéter un de mes commentaires précédents, ce qui suggère que nous avons atteint les limites du débat (uniquement sur ce sujet bien entendu), sans que l’un soit parvenu à convaincre l’autre, ce qui n’est finalement pas très grave, même compte tenu de nos professions respectives !
Rédigé par : Edouard | 28 novembre 2005 à 20:59
Monsieur l'avocat général,
Voudriez-vous donc prendre place dans les livres d'histoire aux côté de votre collègue feu le procureur Pinard, quoi voyait de la pornographie dans les fleurs du mal ?
Rédigé par : Eolas | 28 novembre 2005 à 20:43
Juste une remarque : j'avoue que les rapprochements qui sont opérés entre le rap français contemporain et le répertoire ancien, comme les chansons de Brassens ou encore la Marseillaise, me semblent vraiment peu pertinents. Que fait Brassens sinon s'adonner à la traditionnelle satire des gens de justice? Et que fait Rouget de Lisle, lorsqu'il appelle à une lutte farouche et sans merci, sinon appeler à défendre la patrie en danger? Autrement dit, rien de commun avec les textes de rap mis en cause, qui bien souvent prônent la violence en elle-même, et la violence contre la patrie, la République et la France. Prenons l'exemple d'un couplet de rap (cité par Finkelkraut!) : "La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser comme une salope, il faut la traiter, mec! etc." Cette violence n'a strictement rien à voir avec Brassens ou avec l'hymne national, peu s'en faut. Alors arrêtons de vouloir sauver ce type de paroles avec des références culturelles intempestives. Tous les textes violents ne se valent pas : la Marseillaise chante la patrie, le couplet cité la traîne dans la boue.
Par où l'on voit que, s'il doit y avoir une réhabilitation du rap, ce que je souhaite (j'écoute surtout du hiphop), elle ne se fera pas en justifiant toute sa production, quelle qu'elle soit. Seulement il peut y avoir du rap intelligent : et il y a des rappeurs qui ont dissuadé des gamins de brûler des voitures, de prendre de la drogue ou d'en vendre. Donc gardons tous un peu de sens critique, c'est tout.
Rédigé par : Jean-Baptiste | 28 novembre 2005 à 20:31
egdltp > Tu fais le parallèle avec la Marseillaise. Tu donnes en cela raison à Philippe Bilger. La Marseillaise est un chant de guerre, destiné à motiver les troupes qui partaient se faire massacrer au nom d'idées et de stratégies qu'il eut été trop long (ou trop malvenu) de leur expliquer. Certains, et seulement certains, textes de rap ont le même effet galvanisateur et déresponsabilisant.
Condamner les appels à la violence, d'où qu'ils viennent, n'est pas faire preuve d'intolérance. Pourquoi tolèrerait-on ce qui vient d'un bord et condamnerait-on ce qui vient d'un autre ?
Faut-il donc laisser les rappeurs dire tout ce qu'ils veulent ? OK ! Mais alors laissons les hooligans nazis hurler leur racisme en rythme !
Rien que cette idée me lève le coeur...
Il faut condamner, oui. Par contre, il faut aussi se demander pourquoi ces paroles de violence touchent un tel public ? Au dela de l'engouement des foules pour les chants guerriers, n'y a-t-il pas la marque d'une souffrance que les gouvernements successifs n'ont fait qu'aggraver depuis 30 ans ?
Condamner n'empêche pas de comprendre, au contraire ! Il ne s'agit pas de lyncher, mais de juger, donc d'écouter, d'accuser mais aussi de défendre. La justice n'est pas l'ennemi du peuple. Il faut arrêter de tout mélanger et de pratiquer un manichéisme aussi puant que n'importe quel racisme.
Rédigé par : Delphine | 28 novembre 2005 à 19:27
A propos de l'art et du rap:
Beaucoup de gens en parle sans meme avoir ecoute ne serait-ce qu'un seul album dans son integralite.
De toutes facons, vous etes deja victime de votre age et de votre condition sociale. Votre grille de lecture vous empeche d'apprehender correctement le sens de la culture hip-hop (graph, rap, break-dance, dj.)
Cherchez les paroles de NTM 'mais qu'est ce qu'on attend pour foutre le feu':
http://psic.free.fr/kesskonattend.html
Lisez le texte correctement, vous y verrez un plaidoyer - et une condamnation. Et non des eructations. Un truc qui rappelle 'ah ca ira', un truc bien franchouillard, quoi.
C'est ca qui fait peur, le bon sens de la position "nous n'avons rien a perdre car nous n'avons jamais rien eu". Finalement, la lecon des 'ancetres nos gaulois' est bien rentree: le tiers-etat chante sa revolte.
Ce texte a 10 ans. Si au lieu de condamner NTM on avait un petit peu ecoute la realite que le groupe decrivait, on en serait sans doute pas la, avec ces fractures terribles qui lezardent la nouvelle societe francaise.
Rédigé par : Nimbus | 28 novembre 2005 à 17:05
Pour reprendre le parallèle d'un précédent commentaire, la Marseillaise a accompagné des évènements au niveau européen qui fond passer ceux d'il y a 15 jours pour de la roupie de sansonnet. La met on à l'index ? En quoi les "féroces soldats" sont ils différents des "keufs" ou autres "poulets" ? Je reconnait que mon parallèle est limite tiré par les cheveux, mais sur le plan sémantique, il est possible de trouver un référentiel ou les deux textes sont équivalents. Que ce référentiel ne soit pas celui de la majorité, je le reconnais. Mais il me semble plus efficace pour la société entière que la justice essaye de s'éloigner le plus possible de celle rendu dans "les animaux malades de la peste" que de poursuivre des textes dont la valeur artistique est somme toute faible. Si cette catégorie de population ne peut même plus chanter, ou plus souvent erructer, son mal être, quel mode d'expression lui laissons nous ? Il est à noter que malheureusement, elle n'a pas ou plus l'accès aux modes d'expressions "normaux", manifestation pacifique, vote, participation aux organisations représentatives...,s'il en existe encore d'efficaces, quand on voit ce que fond nos représentants des mandats que nous leur donnons...
Rédigé par : Egdltp | 28 novembre 2005 à 17:04