Le Journal du Dimanche d'aujourd'hui publie une interview de Lilian Thuram où il est questionné, avec un sérieux redoutable, sur ce qu'il pense des banlieues et de sa polémique avec Nicolas Sarkozy. Il répond avec une implacable gravité. Il n'est pas gêné d'être pris pour ce qu'il n'est pas et le journaliste ne se sent pas ridicule d'interroger le grand footballeur comme si on attendait de lui des vérités décisives sur un terrain qui n'est pas celui du sport.
Cette situation qui revient à favoriser la confusion des genres s'aggrave jour après jour. A croire que les intellectuels et les politiques ont tellement failli qu'on a besoin en permanence d'aller chercher auprès d'autres des enseignements et des lumières que les premiers ne pourraient plus nous procurer. Je ne sais pas si un tel pessimisme est justifié mais, en tout cas, il me semble évident que la recherche obsessionnelle de sources indistinctes n'offre elle-même aucune garantie.
Il y a une double explication à cette dérive qui consiste à faire parler n'importe qui sur n'importe quel sujet au prétexte qu'il n'y aurait plus de maîtres à penser ou de personnalités incontestables. La première tient à la citoyenneté. Parce que chacun est citoyen, on en déduit que cette qualité autorise à traiter publiquement, médiatiquement de problèmes sur lesquels on ne sait rien de précis. Parce qu'un citoyen a le devoir de s'exprimer sur tout même s'il va énoncer des banalités ou se livrer à une misérable guérilla politique. La seconde tient à une particularité du milieu culturel français (au sens large). Il n'est personne qui n'ait envie de sortir du cadre étroit de sa fonction et de son rôle. Le scénariste se prend pour un réalisateur. Le metteur en scène pour un scénariste. L'actrice pour une chanteuse. Le sportif pour un penseur. L'actrice pour une égérie. Le journaliste pour une conscience morale.
Ils sont rares ceux qui ont la modestie de demeurer dans leur pré carré et de ne pas se servir d'une célébrité méritée à des fins impures. Yasmina Reza donne un bel exemple de cette lucide modestie en affirmant que l'intellectuel, hors de son champ de compétence, ne propose qu'une parole banale et que, donc, il lui convient de se taire quand on le sollicite sur tout et n'importe quoi.
Qu'au moins l'ironie vienne parfumer ces interviews décalés ! L'esprit de sérieux est accablant quand on veut démontrer à toute force qu'on a l'esprit sérieux. Je joue au foot donc je pense. Je plains Thuram de n'avoir plus le droit de rire de lui-même. Les journalistes, au moins, pourraient l'aider.
BHL, je vous en prie, ne vous piquez pas, un jour, de jouer au foot !
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Analyse remplie de partialité.
Lorque les hommes politiques s'adonnent au même exercice, lorsque Sarkozy se permet d'autopsier cette crise et de condamner la polygamie coupable, personne ne trouve rien à redire. Sarko, de Villepin et autres Le Pen ont certainement oublié de nous présenter leurs diplômes de sociologue.
Thuram a au moins le mérite de connaître cette banlieue. Laissez-le s'exprimer sur ses émotions et sa perception de citoyen.
Votre réductionnisme est proche des tendances d'une certaine droite extrême.
Rédigé par : Ehuzu | 11 septembre 2006 à 15:17
"Toute opinion est subjective et n'engage que ceux qui l'expriment" mais tout de meme...Finkelkraut,il suffit de lire ses ouvrages pour se rendre compte qu'il a un style et une pensee spitituelle de meme que bourdieu;ricoeur,etc...Voyons maintenant BHL:IL y a quelques annees en arriere je passais un diplome dans une structure privee ou l'une des formatrices pour "remotiver"des "stagiaires" a la traine dans leurs resultats leurs conseilla(je me rappelle des termes car ca m'avait marque:c'etait en 2000)"de JOUIR de la vie,regardez MARTIN GRAY qui a perdu toute sa famille a nice dans un incendie alors que sa premiere famille s'etait faite exterminer dans le getto de VARSOVIE!Eh oui certains d'entre vous ont echoue a l'epreuve du QCM,ca aussi c'est injuste!Mais soyez philosophes comme...comme???BHL par exemple...jouissez de la vie!"JE vous laisse imaginer le malaise qui m'a envahi ce jour la.Comment peut on comparer l'echec d'un qcm a un examen avec l'horreur de la souffrance qu'a vecu MARTIN GRAY dans sa vie("au nom de tous les miens")et en quoi le fait de lire les niaiseriespontifiantes de l'agregge de lettres qu'est bhl ou les livres ayant tres mal vieillis de sa generation ( nouveaux philosophes )vous donne il le droit de dire a des stagiaires qui passent un diplome la plupart pour essayer de sortir de la precarite qu'il faut "jouir de la vie"!Si vous prenez bhl pour un grand penseur alors que ses ecrits ou ses positions sont toutes pour la plupart bardes de certitudes qui souvent ont fait flop face aux realites(a ce propos je vous conseille "les maitres censeurs" d'ELISABETH LEVY)et si pourvous l'existence se limite a la" jouissance sans entraves"alors face a de telles inepties je ne vois pas pourquoi Liliam THURAM ne pourrait pas parler d'un sujet qui s'il ne le touche plus aujourd'hui l'a preoccupe par le passe(la segregation dans les quartiers reputes difficiles) et au nom de quoi si ce n'est d'un pouvoir de droit divin on peut affirmer que les "pensees"de BHL sont de plus haute tenue intellectuelles que celles de THURAM!
Rédigé par : DUPONT.stephan | 14 août 2006 à 21:23
Je deteste le fois jouer de fout je deteste le chocolat
Rédigé par : Brian | 31 janvier 2006 à 12:13
Il est membre du Haut Comité à l'Intégration, donc ce n'est pas seulement en tant que people ou footballeur que le JDD l'a interviewé, du moins je le pense.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lilian_Thuram
La liste des membres se trouve ici
Rédigé par : Un passant qui passe | 26 janvier 2006 à 04:06
Les citoyens pensent et s'expriment. Nous le faisons ici, sans avoir de titre pour le faire. Bilger, Thuram ou BHL, plus people, s'expriment aussi. D'autres, sans doute plus compétents que nous tous, people ou non, sont dans leur labo de recherche et produisent les idées que nous malaxons et déformons. N'hésitons pas. Pour ma part, je choisis mes références et je ne lis donc ni Thuram ni BHL dans le texte qui représentent gentiment mais certainement deux aspects d'une pensée simpliste sur les problème du temps.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 25 janvier 2006 à 22:51
Ne serait-il pas sage d'apporter plus d'attention à ce qui est dit, plutôt qu'à qui le dit ? Cela ne s'appelle t'il pas le discernement ? Mais peut-être que notre avocat faisant le diable estimerait-il que le bon peuple en manquerait ? Pour sur faudrait sortir de la cuisine de Jupitère pour avoir le droit de parler des étoiles .°.
Rédigé par : JF Tolédo | 20 janvier 2006 à 18:09
précision :
"sinon :
"Quid d'un avocat général qui ferait du journalisme à travers un blog ? Comme "étonné" l'a relevé, j'ai été plus surpris de voir votre photo en tête de votre blog que de lire qu'un footballeur s'exprimait sur le racisme !"
... vous décompte Edgar !
faut surtout rien changer en notre belle France somnolante : je suis avec vous , j'avoue là ; enfin un avocat général plus général !"
ayant peur d'être mal compris , je précise que :
-j'étais juste étonné par la phrase d' "étonné" reprise par quelqu'un qui me semblait s'étonner , lui aussi !
- sinon , pour la photo , je la "juge" indispensable , perso , en tête de tout blog !
et ce sera , sur ce sujet du moins , mon dernier mot , voire mon jugement dernier , :-)
bien à vous !
Rédigé par : Cactus Joe | 20 janvier 2006 à 09:03
« Quid d'un avocat général qui ferait du journalisme à travers un blog ? Comme "étonné" l'a relevé, j'ai été plus surpris de voir votre photo en tête de votre blog que de lire qu'un footballeur s'exprimait sur le racisme ! »
Je dirais plutôt quid d’une justice qui oublierait de communiquer ou lorsqu’elle en aurait la tentation le ferait bien mal ! J’ai la faiblesse de penser que les hommes et les femmes qui composent cette justice lui donnent ce supplément d’âme qui lui manque, justement en s’exprimant, en sortant de leur traditionnelle et si compassée tour d’ivoire… Communiquer c’est faire partager, c’est exprimer des idées et des émotions. Bref c’est être un Homme. Une institution qui ne communique pas, ou bien directement, ou bien par l’intermédiaire de ses membres, est une institution désincarnée et inhumaine.
« Monsieur l'avocat général, ... « le cadre étroit de votre fonction et de votre rôle » est la Justice, tous vos précédents billets avaient trait de près ou de loin à ce domaine dans lequel vous excellez, seulement ce dernier ne semble pas, même de loin, s'y rapporter. Quelle rigueur juridique que d'illustrer votre raisonnement par cet exemple que constitue votre billet ! BHL va-t-il jouer en Allemagne cet été et Lilian Thuram peut-il continuer à fustiger votre maître à penser ? »
Je ne veux sans doute pas interpréter la pensée de M. Bilger, loin s’en faut, mais j’ai plutôt vu dans ce billet davantage un trait d’humour que du premier degré. Il faudrait par les temps qui courent lire et relire l’oeuvre de Milan Kundera pour comprendre à quel point une société qui ne sait plus apprécier l’humour et le second degré, une société qui se prend trop au sérieux, est une société en perdition. On peut commencer par l’excellent « Livre du rire et de l’oubli » !
Rédigé par : Eric Nicolier | 20 janvier 2006 à 09:00
quelques remarques relevées ici ou là :
"Admettons… Je ne suis pas thuriféraire de ce monsieur mais j'ai lu certains de ses ouvrages ou bien certains de ses articles... Ses analyses ne sont pas non plus toutes à jeter au motif qu'elles sont estampillées BHL... On aimerait parfois rencontrer une hauteur de vue égale à celle de BHL de la part de tous ceux qui osent s'exprimer dans les médias d'une manière générale. Bref ne sombrons pas non plus dans l'anti-BHL primaire... Là encore il y a pire !"
d'accord avec Eric Nicolier : BHL-BHL reste fréquentable , ne serait-ce que pour sa meuf !!!!
choisir un tel objet d'art ne peut être que le signe d'une intelligence supérieure , non ?
sinon :
"Quid d'un avocat général qui ferait du journalisme à travers un blog ? Comme "étonné" l'a relevé, j'ai été plus surpris de voir votre photo en tête de votre blog que de lire qu'un footballeur s'exprimait sur le racisme !"
... vous décompte Edgar !
faut surtout rien changer en notre belle France somnolante : je suis avec vous , j'avoue là ; enfin un avocat général plus général !
sinon enfin :
"Il faut gratter désormais pour trouver l'intellect dans les médias"
(Frédéric Lamourette)
....d'ou le succès de la française des jeux
( tuent "ILS" :-()???????
ps : si BHL jouait au foot , il jouerait à quel poste ?
allez , j'essaie ( non transformé ? ) :
"ailé" gauche ?????????
Rédigé par : Cactus Joe | 19 janvier 2006 à 21:42
Le principe de Peter peut être généralisé à l'échelle d'une nation.
Rédigé par : all | 19 janvier 2006 à 11:15
Monsieur l'avocat général, ... « le cadre étroit de votre fonction et de votre rôle » est la Justice, tous vos précédents billets avaient trait de près ou de loin à ce domaine dans lequel vous excellez, seulement ce dernier ne semble pas, même de loin, s'y rapporter.
Quelle rigueur juridique que d'illustrer votre raisonnement par cet exemple que constitue votre billet !
BHL va-t-il jouer en Allemagne cet été et Lilian Thuram peut-il continuer à fustiger votre maître à penser ?
Rédigé par : Dago7992 | 19 janvier 2006 à 01:03
Quid d'un avocat général qui ferait du journalisme à travers un blog ? Comme "étonné" l'a relevé, j'ai été plus surpris de voir votre photo en tête de votre blog que de lire qu'un footballeur s'exprimait sur le racisme !
Il est peut-être exact que les journalistes ont tendance à tendre le micro à des stars plutôt qu'à des gens originaux ou d'horizons divers, mais en matière d'opinions, elles sont toutes bienvenues et légitimes sur des sujets d'intérêt général.
Rédigé par : Edgar | 19 janvier 2006 à 00:08
d'habitude mes visites sont plus discrètes !
Bravo pour ce blog!
Bien à vous...
CV
Rédigé par : vanneste | 18 janvier 2006 à 17:44
Les "joueurs de foot" (vocable souvent péjoratif à juste titre) n'ont pas souvent grand chose à nous dire ormis sur le sport qui les concerne directement et sur ce point on ne peut que déplorer l'emballement médiatique permanent qui vise à accorder plus d'importance à une prise de position émanant d'un "people" que celle d'un réel spécialiste de la question.
En même temps, M. Thuram n'est pas le pire, loin s'en faut et on pouvait trouver meilleur exemple… Je pense en particulier aux verbiages d'un Eric Cantonna récemment sur Canal Plus (émission le Grand Journal) où il nous a offert un raccourci d'analyse sur les discriminations dont souffrent certaines minorités dans notre société française ! Même Napoléon était de la partie dans ce discours improvisé au demeurant totalement incompréhensible... mais qui suscitait l'admiration de l'assistance.
Ce qui m'étonne toutefois dans tous les commentaires que je viens de lire ce sont les sarcasmes qui fusent dès que l'on évoque BHL. Admettons… Je ne suis pas thuriféraire de ce monsieur mais j'ai lu certains de ses ouvrages ou bien certains de ses articles... Ses analyses ne sont pas non plus toutes à jeter au motif qu'elles sont estampillées BHL... On aimerait parfois rencontrer une hauteur de vue égale à celle de BHL de la part de tous ceux qui osent s'exprimer dans les médias d'une manière générale. Bref ne sombrons pas non plus dans l'anti-BHL primaire... Là encore il y a pire !
Rédigé par : Eric Nicolier | 18 janvier 2006 à 11:27
Bonjour. Une nouvelle fois, je suis tout à fait d'accord avec vous Monsieur P. Bilger, et notamment quand vous dites que le journaliste se prend pour une conscience. Il y a de plus en plus de consciences dans les médias et cela devient, de mon point de vue, quelque peu dangereux et énervant.
Mais je rejoins "étonné" dans son commentaire un peu plus haut car il me semble aussi que vous vous tendez un piège. Je suis curieux par nature et parfois un peu malicieux, mais jamais méchant. Je sais déja (puisque vous me l'avez assuré)que vous ne vous prenez pas pour un censeur. Mais encore...en confidence. Pour qui vous prenez-vous en écrivant dans ce blog, Monsieur P. Bilger?
Rédigé par : olaf | 17 janvier 2006 à 20:49
Peut-etre n'ai-je pas bien compris la remarque, Emmanuel, mais j'ai été lire l'article d'Haaretz, qu'A.F. n'a pas démenti (n'était-ce le terme "sauvage").
Il est d'une violence malgré tout remarquable, et en tout état de cause ne peut être taxer d'antisémitisme, c'est même le contraire.
Pour ce qui est de Thuram, que sommes-nous en train de faire, si ce n'est publiquement nous exprimer sur un sujet de citoyenneté; je ne m'estime d'autre qualité pour parler de ce sujet que celle d'être un individu pensant. A ce titre, qu'on soit footballeur, chanteur, poête, intellectuel, industriel, étudiant, nous avons tous un bagage intellectuel et sociétal qui nous est propre. Notre expression le reflete. Thuram, comme Debouzze ou Joey Starr ont une expérience de la banlieue, pour y avoir vécu, que je n'ai pas. Je leur fait donc plus confiance pour en parler qu'à BHL (je n'ai rien contre lui, je reprends simplement l'exemple). A ce seul titre, ils méritent qu'on les écoute.
Rédigé par : Pierre Schuhl | 17 janvier 2006 à 19:02
Je suis assez en accord avec cette analyse ; par contre, je ne suis pas sûr que BHL mérite tant que cela l'étiquette d'intellectuel.
Et je vous rappelle qu'il s'est - hélas, trois fois hélas - piqué de faire du cinéma !
Mon point de vue sur tout ça : les "stars" sont devenues le référentiel absolu. Si elles ont la modestie de comprendre que c'est tronqué, c'est bien. Mais c'est rarement le cas (et ça inclut BHL). Et le mécanisme amplificateur des médias n'arrange malheureusement pas les choses...
Il faut gratter désormais pour trouver l'intellect dans les médias, ou être insomniaque...
Rédigé par : Frédéric Lamourette | 17 janvier 2006 à 13:02
En vous lisant , je n'ai pu m'empêcher de penser à Madame Marguerite Duras qui , au faîte de sa gloire littéraire et médiatique , s'était rendue sur les lieux de découverte du cadavre du malheureux Grégory Villemin et avait cru bon ensuite de publier " un papier " dans le quotidien Libération au long duquel , elle s'était autorisée à donner son sentiment sur " la culpabilité " de la mère de la petite victime en la qualifiant de " sublime , forcément sublime " .
Ex nihilo nihil .
Rédigé par : Parayre | 17 janvier 2006 à 09:17
Assurément, l'exemple n'est peut-être pas idéal. Aussi bien pour BHL que pour Lilian Thuram.
Je suis d'accord avec le fond, cependant. Les médias, dont on attendrait une analyse, un éclaircissement, une réflexion sur l'évolution de notre société que l'on peut voir dans les évènements au jour le jour se contentent de faire du sensationnel.
L'information est "sous les feux de l'actualité" quelques temps et là, on fait un gros plan en interrogeant tout et n'importe qui sans aller au fond des choses.
Et puis. pouf. Plus rien. Navrant.
Rédigé par : Isabelle | 16 janvier 2006 à 20:20
Bonsoir,
La logique de votre propos est redoutable car vous vous piégez tout seul.
En effet Yasmina Reza aurait pu écrire que "LE MAGISTRAT, hors de son champ de compétence, ne propose qu'une parole banale et que, donc, il lui convient de se taire quand on le sollicite sur tout et n'importe quoi".
Par ailleurs, cette logique risque de déboucher sur un patchwork de discours corporatistes ou pire sur une gouvernance technocratique
Cela dit, si je ne permettrai jamais de critiquer vos réquisitions en cours d'assises car le droit et les techniques judiciaires ne sont pas dans mes champs de compétences, mais rien ne devrait m'empêcher de m'exprimer, par exemple, sur la responsabilité des magistrats...
cordialement
Etonné
Rédigé par : étonné | 16 janvier 2006 à 18:40
tout à fait d'accord avec le commentaire ci-dessus !!! Dénoncer le racisme est le devoir de tous les citoyens, et un footballeur est aussi bien placé que n'importe qui, fusse-t-il journaliste ou avocat ...
Rédigé par : Dominique | 16 janvier 2006 à 18:34
Derrida, Bourdieu peut être. Prendre BHL ou un animateur de France culture comme enfanteur d'une pensée c'est déjà autre chose. Il me semble que sur les questions de société, nul besoin d'un quelconque brevet de légitimité pour s'exprimer en tant que citoyen, heureusement. La liberté d'expression ne s'applique pas uniquement à des Finkielkraut.
Rédigé par : Pierre | 16 janvier 2006 à 18:17
on ne peut dire d'une parole qu'elle est banale que quand on l'a entendue.
si ces paroles sont banales pour vous, on peut croire avec un peu d'optimisme, qu'elles seront écoutées et entendues ailleurs. non ?
condamner celui qui va parler a priori ne me semble pas très fin.
pas plus que fustiger celui qui veut "sortir" de sa condition, comme le footballeur qui veut réfléchir et partager ses réflexions. ou celui qui passe une capacité en droit alors qu'il a planté son bac ...
changer ou évoluer me semblent des aspirations honnêtes pour chacun, surtout dans un pays où il est difficile, justement, de changer de position.
alors laissons le parler. que madame reza soit d'accord ou pas.
Rédigé par : wam | 16 janvier 2006 à 17:21
Vous avez sans doute raison dans le fond, il vaut mieux interroger les gens sur leurs compétences. Mais en l'occurence êtes-vous certain que BHL a une légitimité supérieure à un footballeur pour parler de politique en général et de politique des banlieues en particulier ?
Rédigé par : Bos | 16 janvier 2006 à 13:45
Je reconnais que j'ai un préjugé (terrible pour un juge !) défavorable à l'égard des footballeurs (souvenirs du collège peut-être ?), mais à lire le post d'Edouard, il semblerait que Thuram se démarque de ses congénères.
Il me semble que la chronique de Philippe Bilger avait de toute façon plutôt pour but de pointer la propension des journalistes à demander leur avis aux people, et ce sont donc plutôt les rédactions qui sont à mettre en cause. Sous prétexte de vendre, on interroge un acteur, un chanteur ou un sportif connu, qui aura un avis plus ou moins intéressant, mais qui souvent n'apportera rien au sujet. Il faut se méfier dans le même temps de l'hostilité portée aux intellectuels, comme si réfléchir sur un sujet et y apporter une réponse un peu dissonante devait toujours susciter la méfiance.
Alain Finkielkraut en sait quelque chose, lui qui a fait les frais de la police de la pensée et s'est retrouvé taxé de racisme et d'antisémitisme, ses propos ayant été déformés et instrumentalisés.
il faut espérer que l'expression des idées soit encore possible, hors l'angélisme des gentils people !
Rédigé par : Emmanuel | 16 janvier 2006 à 10:48
Lilian Thuram est footballeur, certes.
Il semble donc présumé benêt, et son discours devrait se limiter à "oui je crois que bon dans l'ensemble on a fait un bon match et les trois points sont mérités".
Pourtant, Lilian Thuram, à son petit niveau, s'est montré à plusieurs reprises - et alors que N. Sarkozy était encore en train de panser ses plaies de 95 - très concerné par les problèmes de racisme.
A Parme notamment, équipe dont il était capitaine. Il organisa plusieurs réunions avec les clubs de supporters afin qu'ils cessent de pousser des cris de singe quand la balle arrivait dans les pieds de joueurs de couleur. C'est peu, certes, et il ne risquait alors que de compromettre sa carrière dans le meilleur championnat du monde.
Au Stade de France également, à l'occasion du match amical France-Algérie, interrompu lors de l'envahissement du terrain par "des jeunes de banlieue". Tandis que tous les joueurs regagnaient les vestiaires au pas de course, le brave Lilian, fou de rage, attrapait lesdits jeunes par le col pour leur expliquer dans des termes choisis combien leur comportement était mal venu pour la condition des français d'origine étrangère en France.
Lorsqu'il finit par regagner le couloir menant au terrain, une caméra saisit toute la déception et la colère du joueur, déclamant "ils n'ont rien compris, tout ce qu'on a fait n'a servi à rien".
Parlait-il de l'image (d'Epinal peut-être, mais elle aura eu pendant un temps ses vertus fédératrices) "black-blanc-beur" ayant suivi 1998 ? Quand bien même, je sais, c'est peu. Mais c'est déjà ça, et il est bon parfois que le dialogue ne se limite pas aux élites entre elles. Ce n'est pas parce que Lilian Thuram ne médiatise pas toutes ses actions qu'il n'a pas nécessairement des choses à dire.
Une chose est sure en revanche, pour entendre parler de la banlieue et des rancoeurs que peuvent faire naître l'exclusion, j'écouterai au moins avec la même attention Lilian Thuram que BHL.
Rédigé par : Edouard | 16 janvier 2006 à 01:25