Philippe Muray est mort jeudi dernier. Dans un magnifique article paru dans Libération, Philippe Lançon nous dit qui il était, la force et l'impertinence de son esprit, l'agacement délicieux que sa lecture suscitait.
J'aimais ses articles. Je ne connaissais pas tous ses livres. Le dernier, Festivus Festivus, était éblouissant et trop long, injuste et formidable de lucidité, superbement réactionnaire et plein de cette gaîté qui vient de la volupté de bien choisir ses cibles et de savoir les atteindre en plein centre, là où cela fait mal, là où cela fait du bien.
Combien de fois ai-je demandé, et encore tout récemment, s'il était possible de le rencontrer, par une envie absurde de voir dans quelle personne habitait cette intelligence, dans quel type d'esprit était né ce style et dans quelle âme avait prospéré cette incroyable et chaleureuse dénonciation de l'humanité moderne et de ses ridicules.
J'aurais voulu le connaître. Trop tard. Il y a un silence inquiétant dans l'univers où on allait se consoler de la lâcheté contemporaine.
La liberté est en deuil.
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"Les tartufes sont partout."
dit si bien JDR!
faut profiter !
au prix bas ou est le tartufe , ça ne saurait durer :-( !!!!!!!!!!!
Rédigé par : Cactus Jo | 07 mars 2006 à 18:49
Je ne connaissais pas même le nom de Philippe Muray, vous voyez, j'avoue Monsieur l'Avocat Général !
Cela m'a donné l'occasion de lire un long entretien de lui sur parutions.com.
C'est bizarre. Socialement, je suis résolument à gauche, car je ne conçois pas un monde où j'aurais le pognon et d'autres la misère. Mais la modernité obligatoire m'emmerde : j'aime Céline, Aymé, Drieu la Rochelle (que n'ais-je entendu lorsque je l'ai avoué !). Je déteste Paris-Plage et trouve ridicule ces troupeaux de rollers encadrés par la Police (Oh, quel anti-conformisme ! Quelle rebellion !).
Dans ce texte, il écrit : "De sorte que le conflit n'est plus aucunement, comme ils voudraient encore le faire croire, entre «progressistes» et «réactionnaires» ; mais entre ceux qui, ayant massacré (modernisé) jour après jour le monde, dénoncent la moindre critique de ce massacre modernifiant comme une ignominie sans nom, et quelques personnes qui viennent d'entreprendre de le regarder, ce monde concret, les yeux bien ouverts, et en parlent."
Oui c'est vrai. Je dis souvent que s'il a fallu 4 millions d'années d'évolution pour en arriver où nous sommes, il n'y a pas de quoi crier au chef d'oeuvre. Les tartufes sont partout. Le prix Goncourt va au plus mauvais livre de l'année (vraiment très mauvais !). L'intelligence a honte d'elle-même.
Merci, Philippe, de m'ouvrir une porte. Je vais lire Muray et m'indigner, soit de lui, soit des autres...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 mars 2006 à 12:40
on parle beaucoup de lui sur le blog d'Assouline, sur un article qui au départ était consacré à Françoise Verny
Rédigé par : brigetoun | 05 mars 2006 à 19:12
Dans ce même " papier" , joueur de mots , il pestait contre .... " le lex-shop à ciel ouvert " constitué par la télé " .
écrit Parayre
et oui , Duralex sed lex
:-(
j'adorais , au fait !
Rédigé par : Cactus Jo | 05 mars 2006 à 18:16
J'ai commis une erreur , les " Exorcismes spirituels " ont été publiés en quatre tomes et non trois ...
Rédigé par : Parayre | 05 mars 2006 à 10:06
Festivus Festivus, page 197 : « je crois me souvenir qu’il existe un film de propagande qui s’intitule « Hitler offre une ville aux juifs ». Les media aux ordres, dès le lendemain de l’inauguration du concept Paris Plage, ont battu des mains et sauté en l’air, et leurs discours auraient pu très bien se condenser en cette bonne nouvelle : Delanoé offre une plage aux touristes… »
Et il les envoie ensuite au four crématoire ? Cette évidente allusion à l’histoire atroce de Theresienstadt : vous trouvez ça brillant ? preuve d'une grande "liberté d'esprit" ?
Pour moi, c'était un réac ronchon, forcené ; avec un brio qui n'excuse pas le reste (y compris son catholicisme).
Rédigé par : yves duel | 04 mars 2006 à 18:45
Un belle intelligence , une plume caustique , un esprit aussi réactionnaire que libertaire faisaient effectivement de Philippe Muray un être rare .
Dans la compilation de ses divers articles publiée en trois tomes aux " Belles Lettres " sous le titre " Exorcismes spirituels " , on peut le retrouver et dénicher notamment un texte de 1992 intitulé " L'envie du pénal " au long duquel il dénoncait avec acuité , je le cite , la légifération galopante , la peste justicière investissant à toute allure notre époque .
Dans ce même " papier" , joueur de mots , il pestait contre " la marche implacable de nos sociétés au pas de Loi " , " le despotisme légalitaire " , " l'orgie procédurière " , " le lex-shop à ciel ouvert " constitué par la télé " .
Il concluait , comment se lasser de le citer : " Quel Racine osera , demain , composer les Néo-Plaideurs ? Quel écrivain s'échappera du zoo légalitaire pour en décrire les turpitudes ?"
Rédigé par : Parayre | 04 mars 2006 à 17:58