Fabrice Burgaud en a assez et il le fait savoir. Il ne se rendra pas à la nouvelle convocation de l'Inspection des services judiciaires, les 12 et 13 avril. Il estime qu'il s'agit d'une enquête "prédisciplinaire" et qu'il ne bénéficie pas" de l'exercice normal des droits de la défense". On lui réplique que l'enquête est administrative et qu'elle ne permet pas la présence d'un avocat.
Je n'éprouve pas une sympathie démesurée pour ce magistrat même si ses sept heures d'audition devant la commission parlementaire m'ont mis en solidarité avec lui, quoi que j'en aie, tant la vision de cet homme souffrant et maladroit na pu que toucher la sensibilité de quiconque.
Je sais bien que l'Inspection dépend du garde des Sceaux mais tout de même, on pourrait peut-être le laisser tranquille maintenant. Le judiciaire a failli. Est-ce pour cela qu'une partie de celui-ci fait encore le forcing pour donner l'illusion qu'il y a chez nous des vainqueurs et des vaincus ?
Attendons le rapport de la commission, le 7 juin. Ce n'est pas parce que la faute disciplinaire va être difficile à trouver qu'il convient, sur un autre plan, de relancer la machine, maintenant.
Il se rebiffe et, pour une fois, je le comprends.
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Le juge Burgaud se hisse au-dessus des lois, celles même dont il est censé être un des garants...
Le rôle d'un juge est de faire appliquer la loi et non de l'écrire. L'écrire est le rôle des parlementaires qui sont les représentants du peuple, ne l'oublions pas.
Dans cette affaire, le juge Burgaud a trahi le peuple français au nom duquel il est censé rendre justice.
Il devrait pour cela être condamné aux sanctions les plus sévères.
Rédigé par : Franck Gourbeyre | 12 juin 2006 à 00:27
Bonjour,
Qu'il se rebiffe, vous semble normal...A moi aussi! Pourtant je serais tenté de lui dire: "abstine et sustine"...N'est-ce pas la formule consacrée?
Bien sincérement et Bonnes fêtes de Pâques?
Marc Fievet
P.S/ Sur le Cyber Aviseur, "http://cyberaviseur.canalblog.com", un article intitué "Le saviez-vous" à lire certainement!
Rédigé par : Marc Fievet | 16 avril 2006 à 07:44
Je vois que j'arrive après la bataille... Je ne peux que dire que je ne suis pas convaincu, loin de là.
Pauvre juge Burgaud, comme il souffre ! Et puis il est tellement maladroit (comme si la maladresse était une preuve à décharge)... Versons une larme sur ce pauvre homme !
Non, Philippe, c'est un mauvais combat, et on ne s'étonnera pas que bien des intervenants vous soupçonnent de corporatisme.
Vous savez à quoi me fait penser cette image du malheureux Burgaud, si souffrant ? A celle d'un Pinochet à demi-mort qui, dès qu'il est rentré au Chili, se lève comme Volpone et se met à gambader comme un gamin...
Rédigé par : Gérard Lenne | 16 avril 2006 à 00:28
Pour Goupil.
3ème intervention et, comme on dit, dernière de ma part sur ce fil.
Ne soyez pas agressif et ne faites pas de procès d'intentions à Philippe Bilger et puisque vous avez la gentillesse d'approuver mes propos, approuvez également ceux-là :
Philippe Bilger écrit ce qu'il pense ou ressent. Il y a parfois du fond et parfois de l'humeur. Il n'est à l'abri, comme personne ici, de propos inadéquats mais il a le mérite de s'exprimer et d'ouvrir la discussion au risque de se prendre une bordée. Respectez sa démarche : elle est unique.
Ne pas être d'accord doit nourrir le débat et non l'invective.
Quant à Burgaud, mettons-le dans le carton avec Fogiel et Carlier et laissons-le se recouvrir de poussière. Son sort ne concerne que sa hiérarchie et, éventuellement, ceux qui ont eu affaire à lui. Je ne hurle pas avec les grands-mères déguisées en loups...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 16 avril 2006 à 00:26
bonjour,
Aller ou ne pas se rendre à une Xème audition d'enquête, la question est-elle là pour le Juge Burgaud ?
Il a un peu donné l'impression d'un enfant qu'on aurait laissé jouer avec une arme à feu. Cette caricature est forte, mais laisse entrevoir tant la responsabilité de celui qui a pressé la détente, que celui qui a donné l'arme.
Alors se rendre ou pas à l'audition d'enquête ? Si j'étais le juge, je changerai de métier pour éviter de revivre de tels moments, tant il n'a pas donné la franche impression d'avoir acquis la maturité de nature à le mettre à l'écart désormais de tels errements.
Ce serait l'occasion pour lui de méditer et de partir sur de nouvelles bases. Comment faire une carrière dans la magistrature aprés un tel désastre ?
Rédigé par : Louis Kulicka | 14 avril 2006 à 14:50
Lisez cela : http://birenbaum.blog.20minutes.fr/archive/2006/04/14/stop-a-l-oubli.html
C'est 100 milliards de fois plus important que les états d'âme de Mr Burgaud dont on se moque.
Par contre la souffrance de dizaines de familles, les crimes horribles dans lesquels leurs proches ont disparu, tout cela ne semble pas préoccuper nos élites.
Et surtout ne me parlez ni de populisme, ni de démogagie : ce serait obscène devait tant de souffrance.
Qui se préoccupe de ces gens ?
Rédigé par : Goupil | 14 avril 2006 à 14:42
Concernant l'idée de « sélection psychologique », tous les concours de la police nationale (gardien de la paix, officier, commissaire) sont associés de tests psychotechniques qui servent, lors de l'oral, au psychologue qui accompagne le jury pour évaluer l'état d'esprit de l'individu.
Il n'y a pas de « sélection psychologique » à proprement parler tout simplement parce qu'un tel concept serait une porte ouverte gigantesque à l'arbitraire. Mais il est clair que toutes les failles manifestes ou ambiguïtés relevées dans le tests appeleront à être exploitées lors de l'oral, qui déterminera pour une large part la réussite au concours parmi les admissibles.
Pour en venir au coeur du débat, je trouve personnellement tout à fait hypocrite d'une fois de plus inviter les individus à ne pas assumer leurs actes. Un peu comme lorsqu'on fait exploser un avion sur une tour, il y a toujours quelqu'un persuadé qu'il y a moins responsable que celui qui froidement à agit. Un peu comme lorsqu'on décide de rentrer dans un transformateur électrique blindés de panneaux « danger de mort », il y a toujours quelqu'un persuadé que le libre-arbitre de celui qui se suicide en connaissance de cause s'estompe.
Lors de son audition, Burgaud m'a semblé lamentable, je n'ai éprouvée aucune sympathie, encore moins de l'empathie. Je ne trouve pas qu'il a fait acte de courage. Je trouve cela inquiétant qu'un individu pareil puisse avoir le pouvoir de placer des gens en détention provisoire. Ca ne veut pas dire qu'il faille ajouter des contraintes à l'entrée à l'ENM, ça veut surtout qu'après, sur le terrain, il faudrait des évaluations plus régulières et que des JLD ayant les moyens et la volonté d'assumer leur rôle.
Son refus de se préter aux règles disciplinaires devrait, si cela n'en tenait qu'à moi, être motif de radiation pour faute grave. Je trouve exaspérant que certains briguent ou exercent des métiers de la justice ou de la police tout en s'affirmant absolument incapables de respecter des règles pourtant simples. Quel crédit accorder à des individus qui veulent disposer d'un pouvoir de force publique qui existe uniquement en vue de faire appliquer des règles d'organisation sociale lorsqu'eux-même s'avèrent parfaitement incapable de se faire aux plus basiques de ces règles, notamment celles qui traitent de l'équité entre citoyens, celles dont la non-application nuit manifestement à autrui ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 14 avril 2006 à 09:25
"souffrant et maladroit" ?
Je n'ai vu qu'une partie de l'audition et je l'ai trouvé certes mal à l'aise mais surtout froid et insensible, appliqué à éluder la question de sa responsabilité. Je n'ai pas le sentiment de voir un cadre éminent de l'institution judiciaire rendant compte de son action. Certes il n'est pas le seul responsable de cet immense gâchis, mais il ferait preuve de davantage d'humanité en adoptant cette position plutôt que de s'en tenir à sa ligne de défense selon laquelle tout ce qu'il a fait était techniquement correct.
Rédigé par : Yannick | 13 avril 2006 à 19:17
Je crois qu'il n'y a pas grand chose à rajouter au commentaires que vous avez suscité sur ce thème (Le juge Burgaud et sa rébellion), Monsieur Bilger.
Vous êtes avant tout un magistrat et vous mesurez avec ces réactions tout ce qui vous sépare des citoyens.
Vous ne nous menez pas sur le chemin de la réconciliation avec notre institution judiciaire avec des propos de ce type.
Un grand bravo à Mr Reffait... et aux autres.
Rédigé par : Goupil | 13 avril 2006 à 16:59
Cela me fait plaisir de vous lire. Et je comprends le juge Burgaud. Voilà un type, assisté par une cohorte de gens au tribunal, juges de la détention, etc. qui se retrouve seul à la barre pour répondre des erreurs de la justice. Quand il dit: "je n'ai fait qu'appliquer la procédure" c'est vrai. La justice doit changer. Pas seulement les juges. (lisez le résumé des réflexions de Pascal Clément, le garde des sceaux, dans le Parisien de ce matin)
Rédigé par : raph | 13 avril 2006 à 15:51
Les enfants mentent!
Y a pas de pédo-files en France, arrêtez de faire chier la justice...
Rédigé par : Danielle | 13 avril 2006 à 14:44
Je réagis à l'information de notre ami Jacques Martinon sur le renforcement de la psychologie dans la formation des juges.
Je sais qu'il est plus facile d'aborder la psycho que les fondements philosophiques de celle-ci, mais la psychologie a usurpé un statut scientifique et bon sang, il faudrait quand même admettre que c'est une fumisterie à 80% lorsqu'elle est déconnectée de ses fondements philosophiques ou médicaux !
La formation à la psychologie (laquelle?) des juges est au mieux un cautère sur une jambe de bois, au pire, un alibi de fumiste pour justifier tout et n'importe quoi.
Si Outreau devait servir à quelque chose, c'est quand même bien à démontrer la vacuité de cette pseudo-science telle qu'elle s'exerce aujourd'hui. Arrêtons le carnage de la psychologie judiciaire ! Il n'y a pas un psychiatre sérieux, pas un philosophe sérieux qui ne condamne l'exercice de cette discipline hasardeuse. C'est le règne des tireuses de tarot !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 avril 2006 à 13:52
...Il faut avoir ,un jour,connu la morgue condescendante d'un juge d'instruction ,son ignorance de l'avocat ,sa "reconstitution" des réponses du prévenu pour avoir peu de doutes sur ce qu'a pu être au quotidien ,le calvaire des inculpés d'Outreau...
Rédigé par : sbriglia | 13 avril 2006 à 11:59
Petite réponse d'un actuel auditeur de justice (promo 2006) à Mr Edmond Prost sur l'enm et la sélection.
Je serais pour ma part favorable à une sélection psychologique, qui je crois se pratique déjà pour les candidats au poste de commissaire de police.
Pour la philosophie à l'enm, ce n'est pas à l'ordre du jour. Par contre, des séminaires de psychologies ont été renforcés. L'actuel directeur de l'enm (Mr Dobkine), par ailleurs critiqué sur ce blog, insiste particulièrement sur "l'humanité du juge". Une bonne chose je pense...
Rédigé par : Jacques Martinon | 13 avril 2006 à 11:09
Le Judiciaire a failli. C'est le constat principal. Le juge Burgaud a courageusement témoigné en audition publique du déroulement de l'Affaire. Ne cherchons pas à en faire un bouc émissaire pour occulter tous les dérapages odieux qui se sont déroulés et dont la responsabilité incombe à beaucoup de composants de notre société.
Attendons le rapport de la Commission, le 7 juin prochain..
Rédigé par : Josiane Diaz | 13 avril 2006 à 10:13
Le Juge BURGAUD ne fait que revenir dans le réel. Vivant habituellement et de par sa formation dans cette abstraction qui nourrit son irresponsabilité (Y compris disciplinaire !! La discipline des magistrats ne comporterait-elle aucun volet déontologique où il serait question de conscience, de dignité, de délicatesse, voire de simple correction vis-à-vis des justiciables et des auxiliaires de justice ? Mais il est vrai que l’intéressé a réfuté les accusations portées à ce sujet par plusieurs des victimes d’Outreau et de leurs avocats), il touche enfin du doigt à quoi correspond le non accès à son dossier. Mais l’intéressé a-t-il toujours versé en temps et en heure à ses dossiers d’instruction les pièces reçues des services de police et autres ? La pratique inverse développée à l’encontre des droits de la défense est tellement répandue que l’on peut en douter.
De même, il se plaint de ne pouvoir être assisté par un avocat. D’habitude, cet auxiliaire de justice apparaît pourtant dans les cabinets d’instruction, comme dans les commissariats de police (Cf. Certaines intervention sur ce blog), comme un empêcheur, voire un nuisible. Si l’intervention de l’avocat est souvent redoutée, c’est peut-être aussi qu’il y a des choses à ne pas approfondir, voire à dissimuler. Pourquoi ne pas transposer en effet le schéma usuel consistant à soutenir que toute personne tentant d’éviter le contact avec les forces de police a obligatoirement quelque chose à se reprocher ?
Mais que le juge BURGAUD se rassure. Ses déboires resteront au stade administratif. Il n’aura pas le "plaisir" d’être promené à vue avec les menottes et cela sans raison aucune (Cf. Dernier rapport de la Commission nationale de la sécurité). De même, s’il se rebiffe un peu trop face à une situation qui lui semble injuste, il est douteux qu’il soit accusé, lui, de rébellion ou d’outrage. Il y aurait toujours des collègues compréhensifs qui, à quelques jours d’intervalles, se seront pourtant émus très vivement de l’attitude de M. Jean-Paul HUCHON à qui est dénié tout droit de se rebiffer et ce quand bien même il se rend, lui, aux convocations légales. Tout le monde est d’ailleurs prévenu, et surtout les journalistes, de la date, de l’heure et de l’incident. Assurément cette médiatisation ne vient pas de l’intéressé.
Sans préjuger du fond du dossier, il est fortement envisageable que ce dernier ait simplement eu conscience d’avoir rien à se reprocher. De surcroît, quand on connaît les méthodes policières suivies au plus haut niveau dans certains dossiers "médiatiques" et qui, notamment en raison de leur impunité, confinent à celles d’une république bananière (Cf. Procès de l’assassinat du Préfet ERIGNAC), M. Jean-Paul HUCHON a probablement eu un motif supplémentaire d’être agacé de la situation.
Quel dommage Monsieur l’Avocat général que, tenu par votre devoir de réserve, vous n’ayez pas pu parler de ce dossier ayant mis en lumière un faux en écriture publique et qui aurait donc dû avoir des suites devant une Cour d’assise !
Rédigé par : GL | 13 avril 2006 à 09:29
Quelle solidarité de corps!
Je n'y vois pas un juge qui se rebiffe, mais un juge qui se défile. Que Burgaud ne veuille pas devenir le bouc-émissaire, c'est normal. Mais placé comme il l'est au coeur des dysfonctionnements de l'instruction, qu'il n'en profite pas pour les mettre en lumière et suggérer des solutions, voilà un incivisme supplémentaire dont nous serions passé ces temps-ci. Le progrès n'avance que sur les erreurs, à condition d'avoir le courage de les reconnaitre et l'intelligence de les corriger.
Rédigé par : Jean-Luc Masquelier | 13 avril 2006 à 09:22
Ne connaissant M. BURGAUD que par la presse, je ne peux avoir une opinion juste sur les qualités professionnelles de ce magistrat.
Ce métier de magistrat a ceci de difficile que son terrain d'exercice est l'homme dans toute sa diversité et complexité.
Ausi, je me demande si le premier fautif de l'affaire d'Outreau n'est pas une mauvaise - si ce n'est une absence - sélection des personnes qui veulent embrasser ces carrières judiciaires.
Faire des études de haut niveau est à la portée de toute tête bien faite et travailleuse; se 'colter' quotidiennement à l'homme est autrement plus difficile et demande des qualités intrinsèques que ne délivrera jamais le 'bachotage' même intensif d'ouvrages traitant du sujet.
Questions :
1) L'accès aux professions judiciaires ne devrait-il pas passer par une sélection (non, ce n'est pas un gros mot) psychologique des candidats ?
2)Idem pour le déroulement de la carrière; la diversité des fonctions fait qu'une personne peut avoir le bon profil pour une fonction mais pas pour une autre.
3) L'étude approfondie de la philosophie fait-elle partie du programme de l'E.N.M.?
Rédigé par : PROST Edmond | 13 avril 2006 à 08:00
Bonjour,je reste convaincu que le juge est la personne la plus puissante, et influente dans une affaire judiciaire. Il est celui qui a un pouvoir de vie ou de mort sur ses prévenus. ils est donc crucial de mettre a ce poste des personnes mûrs et pleinnent d'expérience.Ou alors si pour des questions pratique on ne peut le faire il suffit pour les juges non expériementer de les mettre en doublons avec un tuteur. je reste convaincu que si Burgeau avait eu un "tuteur actif" jamais tout ceci ne seraiD arrivé.De plus il ne faut pas négliger le rôle essentiel de la police.Elle joue son rôle, mais elle peut parfois détruire les plus faible.Elle les transforme en victime.Alors ce sont des proies idéale pour les affaires médiatiques.Il faut donc mieux canaliser les instructions
Rédigé par : Bledou Yves | 13 avril 2006 à 00:41
Je ne vous comprends pas ! Il ne s'agit pas de s'acharner contre le Juge mais il y a deux questions à régler :
1/ il y a eu faute, des vies brisées. Il ne peut pas y avoir de "pardon" sans acceptation de la faute;
2/ le Juge dit qu'il a fait son travail correctement et donc circulez, il n'y a rien à voir. Il est légitime de constester cette affirmation. A t-il raison contre tout le monde ? N'est il pas comptable ?
Rédigé par : Didier | 12 avril 2006 à 22:01
Philippe, permettez-moi de rapprocher deux de vos textes (que j'ai lus ensemble, ayant été tenu éloigné de votre blog par un voyage en Espagne) : celui sur Jean-Paul Huchon et ce dernier sur Fabrice Burgaud. Ne sentez-vous pas comme un même parfum dans le comportement de ces deux "people" ? Je m'exonère des contraintes judiciaires ordinaires et je m'appuie, pour me protéger, sur les médias.
Les acquittés d'Outreau ont-ils eu le loisir de refuser de se rendre à une convocation de M. Burgaud ? Certes non, car ils étaient dans son cachot et il aurait fait beau voir qu'ils refusassent de se présenter aux multiples convocations du juge. L'inspection des services judiciaires instruit un dossier disciplinaire où le juge Burgaud est mis en cause, j'ignore comment elle procède mais elle agit comme tous les juges d'instructions. Une première déposition, d'autres interrogatoires, besoin de compléter ou de confronter des versions, et on reconvoque, autant de fois que nécessaire. Cette instruction doit déboucher sur une décision judiciaire de sanction ou non. C'est la règle que Burgaud a maint fois appliquée pour d'autres, mais dont il ne veut pas pour lui. Personne, dans une instruction, ne peut décider souverainement que ça suffit, ni Huchon, ni Burgaud.
Personne n'était au courant de cette nouvelle convocation, il n'y a donc pas lieu de parler d'un acharnement : c'est M. Burgaud, par la publicité qu'il donne à son insoumission à la loi, qui propose cette interprétation. Personne ne songe à lui faire subir ce qu'il a fait subir aux autres, mais il est soupçonné d'avoir commis des fautes et il doit simplement répondre aux questions qu'on lui pose. C'est la loi, et qu'elle soit dure pour lui aujourd'hui n'est de responsabilité de personne, si ce n'est de lui-même.
Lors de l'audition de la commission parlementaire (qui elle ne l'a pas reconvoqué car elle n'instruit pas le dossier Burgaud), la vision de cet homme souffrant et maladroit vous a mis en solidarité avec lui. Grands dieux ! Puissent tous les mis en examens de France, souffrants et maladroits, avoir accès à TF1 pour inspirer la commisération nationale !
Qu'une personne impliquée dans une affaire, d'ordre disciplinaire ou pénale, se rebiffe contre l'institution judiciaire qui veut lui faire cracher le morceau, c'est légitime, c'est de l'auto-défense. Que cette personne use de toutes les armes dont elle dispose pour se sortir du pétrin est également légitime. Huchon et Burgaud utilisent les armes qu'ils croient efficaces pour s'en tirer, c'est normal.
Mais ils sont hors la loi tous deux.
Sur ce point, Philippe, n'êtes-vous pas victime de la médiatisation artificielle voulue par l'un et par l'autre ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 12 avril 2006 à 20:35
Peut-être qu'un jour nous dira-t-on au 20h que le seul responsable de la longueur d'une détention provisoire est le temps qui fait visiblement tant défaut à la justice ?
Ou alors, et cela est plus probable, on refera le procès d'un juge dans la prochaine affaire médiatisée dans laquelle des innocents seront placés détention provisoire.
Il y a une question que je me pose vis-à-vis de la fameuse présemption d'inocence. N'y a-t-il pas une grande contradiction que d'affirmer placer des individus présumés innocents en détention provisoire car ils représentent un danger potentiel pour la société ou pour le dossier ? Finalement, en les placant en détention, on les présume coupables plus qu'innocents. L'étrangeté de cette chose me fait penser que je dois ommetre un élément.
Rédigé par : Clément | 12 avril 2006 à 19:41
F. Burgaud a été au cœur des malheurs de nombreuses personnes, l’une d’entre elles s’est suicidée. Sans vouloir appliquer la loi du talion, nous avons le droit d’en savoir plus et son administration a le devoir de lui poser quelques questions. Si l’on parle de pression psychologique pour lui peut-on oublier celles qu’il a fait subir aux innocents ?
Rédigé par : François Descamps | 12 avril 2006 à 19:05