A Créteil, la cour d'assises a condamné l'agresseur de Sohane brûlée vive en 2002 à la peine de 25 ans de réclusion criminelle. De l'avis de tous, le procès a été conduit de manière remarquable et n'a pas suscité, de part et d'autre, la contestation qui devient habituelle, une fois les verdicts rendus. C'est dire qu'il a répondu au besoin de justice et à l'attente sociale.
Il est d'autant plus étonnant, dans ces conditions, d'entendre la Présidente du collectif Féminin-Masculin de Vitry-sur-Seine réclamer "une loi Sohane".
La loi, universalité consensuelle et réparatrice, a éclaté en mille exigences particulières. Ce n'est plus la société qui, dans sa plénitude, inspire la loi mais les victimes qui désirent privatiser celle-ci comme si elles répugnaient à s'abriter sous un pavillon unique. Jusqu'où va-t-on aller ainsi? On a une loi pour les homosexuels, pour les handicapés, pour telle ou telle confession, que sais-je encore...
Ce ne serait que risible si cette collection de revendications ne signifiait la perte profonde d'un sens commun, d'un destin solidaire. Chacun s'enferme dans sa détresse solitaire et prétend que la loi y appose son sceau.
Une loi Sohane demain, et après-demain? Ce n'est plus un pays, une société.
C'est devenu un puzzle dont les citoyens ne sont même plus capables d'assembler les morceaux.
Alors, chacun préfère devenir un morceau du puzzle.
Poster un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.
Vos informations
(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)
Un tic ???????????????
TOCS TOCS :-(
que dire de ceux qui applaudirent lors de la "recondestruction" des méfaits ?
"C'est devenu un puzzle dont les citoyens ne sont même plus capables d'assembler les morceaux.
Alors, chacun préfère devenir un morceau du puzzle." dites-vous !
un puzzle et des puces non sauteuses " gobeuses de toute mouche " -con- veut bien leur faire ravaler , façade sotte poudrée ou pas :-(
perso si morço du puzzle je veux bien être le roi :
devenant alors un puzzle dont les citoyens ne sont même plus capables d'assembler les morceaux.
chacun préfèrant devenir un morceau du puzzle !
question primordiale , deviendrais-je alors à mon tour , au kazoo , nouveau politichien dès que pot de vin divin voire même moins ???? :-(
hé-tic social ou simple mors pion ?
pour conclure :
"Chacun s'enferme dans sa détresse solitaire et prétend que la loi y appose son sceau."
ok mais alors faut point sot , non ? ( ou alors de l'ange )
Rédigé par : cactus | 26 avril 2006 à 17:45
Une bêtise n'en justifie aucune autre. Si un ancien ministre de la Justice a commettre la maladresse de faire croire que l'on peut légiférer pour un seul homme - ou une seule femme - il faut bien le comprendre comme une maladresse proférée sous le coup de l'émotion. Sinon, il s'agirait quasiment d'un outrage au concept d'organisation civique.
Dans la mesure où les jurés n'ont pas prononcé le maximum possible pour l'infraction visée, on ne peut pas supposer qu'ils aient été limités par la loi. Il n'y a donc pas là l'aveu d'une nécessité d'une sévérité accrue.
Dans la mesure où la condamnation est parmi les plus lourdes qui sont prononcées de nos jours, on ne peut pas dire que cela n'a pas de poids symbolique.
En d'autres termes, qu'elle serait-elle, votre nouvelle loi, qu'apporterait-elle ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 14 avril 2006 à 09:08
l'histoire de cette jeune fille est abominable, mais que serait une loi Sohane ? Il semblerait que le nombre de lois, correspondant souvant à une actualité, atteigne des niveaux inégalés. La loi n'est pas faite pour être débitée en petits morceaux
Rédigé par : brigetoun | 12 avril 2006 à 21:17
Sauf votre respect, je voudrais rappeler les propos que Dominique Perben a tenu à propos de la récente loi contre les propos homophobes : "J’ai été bouleversé par ce qui était arrivé à Sébastien Nouchet. Cette loi, c’est au fond quelque part la loi Nouchet", du nom de cet homosexuel brûlé vif quelques mois auparavant...
Alors oui, la "loi Sohane", on l'attend toujours...
Pour mémoire, c'est (au moins) depuis 1973 qu'est réclamée une loi cadre contre le sexisme (propos, violences et meurtres). Telle loi existe déjà en Suède, et depuis peu en Espagne.
Rédigé par : Romy | 12 avril 2006 à 03:04
Tanguy avait raison : on est passé du holisme à l'individualisme.
Rédigé par : Olenka | 11 avril 2006 à 21:11
Outre la montée du communautarisme - et donc quelque part la fin de la loi - je pense que cette nouvelle fonction déclarative de la loi est liée à l'apparente défaillance de son producteur.
Après avoir imposé des qualités à la loi, et donc avoir reconnu qu'elles ne lui étaient pas inhérentes, les citoyens veulent désormais remplacer le producteur de lois.
Sauf que trop de droit...
Rédigé par : Frédéric Lamourette | 11 avril 2006 à 12:53
Lorsque les différentes perceptions du devoir et de la morale divergent, il ne peut y avoir de convergence dans la paix et l'unité. La demande de lois communautaires ne doit alors pas être une surprise.
Rédigé par : Serge | 11 avril 2006 à 10:20
Bonjour,
pour rebondir sur votre article, c'est qu'il y a quelquechose de positif à ce que cette femme demande une loi Sohane. C'est que la loi est encore considérée par la majorité des français comme une norme permettant de rendre la société plus juste. Je ne suis pas du tout d'accord pour faire des lois d'exceptions pour telle et telle frange de la société française, aussi puissante soit elle. Je crois la France n'est plus fière d'elle même, arcboutée sur ses peurs. Et que le seul recours des citoyens pour préserver leur "individualité" est la loi. Ca me rapelle un épisode des Schtroumpfs, ou le grand schtroumpf, ulcéré par le manque de rigueur de ses corélégionnaires pondait un code de mille pages pour leur inculquer quelques règles. Qui ne servirent à rien, puisque devant sa tristesse, les schtroumpfs se mirent au travail dans l'ordre et la bonne humeur.
Rédigé par : raph | 11 avril 2006 à 00:08
La faute à nos dirigeants, qui ne sont plus capables de proposer un projet commun, un but pour notre société. A défaut de ce sentiment "de communauté de destin et de projets", chacun se replie sur sa petite communauté et nous devenons une mosaïque de groupes, où la communauté X est un loup pour le communauté Y et où chacun veut bénéficier des droits en reportant les devoirs sur les autres.
Il y a un vide, et je suis sûr que si des propositions existaient, elles trouveraient des adhérents.
Actuellement, nos politiques sont dans un trou noir, avec rien en magasin. La gauche de gouvernement a été pitoyable sur l'affaire de CPE, incapable de présenter quoique ce soit hormis des manoeuvres d'appareil autour de la candidature de Mme Royal. A droite, seul Sarkozy a une esquisse de vision, mais c'est encore bien pauvre et bien terre à terre par rapport aux attentes, immenses et frustrées. Merci aux marxistes et autres gauchistes, par leurs reniements et leurs errements, d'avoir tué toute envie de rêve et d'utopie.
Rédigé par : Authueil | 10 avril 2006 à 22:18