Oui, je sais, je n'aurais pas du regarder hier soir même un petit bout de l'émission de Fogiel et Carlier. Ma seule excuse est que je me suis abandonné à ce qui souvent me perturbe seulement après avoir assisté à la superbe victoire du PSG sur Bordeaux.
Plus sérieusement, c'est à la télévision, au cours de ces instants où des animateurs veulent donner l'impression de dialoguer vraiment avec leurs invités alors qu'ils les encensent ou les ridiculisent, que notre société offre une image d'elle-même en réduction, pour le pire ou le meilleur, avec une netteté que le désordre spontané de l'existence ne permet pas d'obtenir. Hier, nous avons eu le pire, nous avons été les témoins d'une indignité. Le lynchage d'un homme simple, intimidé et très maladroit dans son expression par un duo sans allure. Cette misérable exécution n'a pas échappé à MS du Parisien de ce matin pour qui "le téléspectateur n'est pas fier d'avoir assisté à ça".
Revenons une semaine en arrière. Jordy, invité pour faire la promotion d'un livre, affirme qu'il a été dépouillé par son père de ses émoluments d'artiste précoce. Fogiel, évidemment, parce que sans doute il était plus rentable d'être complaisant qu'agressif, le traite de manière à peu près courtoise. Le père de Jordy, on ne sait dans quelles conditions, est convié sur le plateau, hier soir, pour répliquer. Assommé par les questions à répétition, en réalité toujours la même, moqué par l'acolyte Carlier si dur avec les faibles derrière sa fausse faconde tolérante, Lemoine - c'est le nom du père harcelé, saoulé de coups comme un boxeur en perdition, ne parvient pas à placer un mot cohérent. Désemparé, groggy, il jette l'éponge puis, dans un dernier sursaut, propose de lire un texte, pour se sentir plus à l'aise et mieux se défendre. Fogiel répond que son temps de parole est écoulé et qu'il convient de passer à autre chose.
Je n'éprouvais aucune sympathie particulière pour ce père sinon celle qu'on ressent forcément pour quelqu'un qu'on humilie et dégrade, parce qu'on sait qu'on ne risque rien à le faire. Quelques minutes auparavant, Courbis, personnage sulfureux et, à la fois, grand connaisseur du football, avait raconté ses procédés financiers avec une verve qui montrait qu'il ne croyait pas une seconde à l'honnêteté qu'il proclamait. Comme il avait du bagou et de la réplique, on s'est bien gardé de le pousser dans ses retranchements, qui auraient mérité d'être visités. Tout ce qu'on a entendu, c'est Carlier n'en revenant pas et répétant, ébahi :"Ah ! Il est génial ce type !". Deux poids deux mesures. Un aplatissement et une indignité.
Tout cela ne serait que tristement quotidien si la télévision n'était pas, à la fois, très regardée et en même temps, indifférente à ce qu'elle diffuse. Elle n'a plus besoin de se préoccuper de l'image, de la vision de la vie qu'elle offre, du modèle de dialogue et de relations humaines qu'elle propose puisqu'elle est assurée d'une audience qui rend l'éthique superfétatoire. On pourrait résumer en soulignant que le citoyen entre chez elle et doit respecter ses règles mais qu'elle n'entre jamais, elle, dans la société. Elle nous impose ses vulgarités quand nous ne pouvons pas l'assujettir à nos élégances.
C'est vrai, sur tous les plans, même les plus dérisoires. Canal Plus diffuse beaucoup de matchs de football et nous enivre avec des flots de parole qui nous empêchent de regarder et aussi d'écouter l'image. Certains commentateurs usent d'un langage qui fait honte par son incorrection chronique. Deux fois, comme un naïf, je l'ai signalé au directeur des Sports qui, bien sûr, ne m'a pas répondu. Non pas tant à cause de cette grossièreté qui fait qu'on n'accuse même plus réception mais parce que, probablement, il se moque de ce détail qu'est notre langue médiocrement utilisée puisque, de toutes façons, les téléspectateurs sont là. Autrement dit, il n'est personne, dans l'univers médiatique, qui se soucie si peu que ce soit de la qualité profonde de ce qui est donné à voir et à entendre. Ou alors, il faudrait un audimat radicalement en baisse à cause du français massacré ou de la honte de certains faux dialogues ! On comprend bien que dans ces conditions, la télévision est tranquille. On la fuira seulement pour de mauvaises raisons.
Une indignité dominicale, ce n'est pas grave, direz-vous. Ce n'est que médiatique.
Je prends les médias au sérieux s'ils se désintéressent, eux, de ce qu'on pense et de ce qu'on sent.
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Bonjour,
Mon commentaire rejoint celui relatif à "Montebourg, la télévision est la politique". Si la télévision est devenue un peu la politique, et bien elle est devenue aussi un peu la justice. Si la notion de "lynchage médiatique" est souvent utilisée de manière outrancière, elle ne correspond pas moins à une véritable peine (se souvenir de Dominique Baudis suant à grosse gouttes lors de l'affaire de Toulouse). Etre présenté menotté devant les caméras au journal télévisé de 20 heure correspond déjà à une petite condamnation.
Rédigé par : Louis Kulicka | 10 avril 2006 à 16:55
Nous nous sommes rencontrés chez un ami commun, alors magistrat à Lille, il y a une trentaine d'années. J'ai retrouvé depuis le plaisir que j'avais eu à converser avec vous en lisant vos articles et en parcourant votre weblog.C'est moins votre détestation de Fogiel à laquelle je m'associe que mon désir de lire votre analyse du mouvement anti-cpe qui me fait vous écrire. Pensez-vous comme moi que nous assistons à de très inquiétantes manifestations du jeunisme
qui ronge notre société ? Lorsque j'ai fait votre connaissance, encore jeune professeur, je débutais ma carrière dans les classes préparatoires ; Je viens de prendre ma retraite après trente ans d'enseignement en classes littéraires et scientifiques, dont quinze en khâgne. Je m'honore de n'avoir jamais cédé à ce jeunisme auquel cèdent trop d' hommes politiques, de professeurs,de journalistes, par démagogie ou par manque de courage. Je me souviens par exemple d'avoir dit à mes étudiants ma satisfaction de les avoir rencontrés à une manifestation contre Le Pen lors des dernières élections présidentielles et de leur avoir aussitôt après vertement reproché d'avoir manifesté contre leur propre inconséquence, puisque, pour la majorité d'entre eux, ils n'avaient pas voté au premier tour...Un seul de mes collègues en a fait autant...
Rédigé par : Claude Audinet | 08 avril 2006 à 21:43
"M.Lemoine & sa femme faisaient pourtant les fiers il y a 14ans en exhibant leur fils alors que tout le monde décriait l'utilisation d'un enfant de 4 ans à des fins commerciales. Maintenant qu'il y a le revers de la médaille, on ne va pas non plus lui dresser un tapis rouge!"
Qui a dit qu'il fallait lui dérouler le tapis rouge ?
Je crois qu'il ne faut pas oublier que si Mr LEMOINE a été invité c'est en quelque sorte dans le cadre d'un droit de réponse suite à l'émission de la semaine précédente.
Et si il peut être du rôle d'un journaliste (quoi qu'il est difficile de donner ce titre à fogiel et son compère) de poser des questions qui fâchent, la méthode employée par Fogiel est pitoyable.
Je n'ai jamais compris l'intérêt de poser une question sans laisser les gens y répondre ou à rebondir sur une bribe de réponse pour enchaîner sur une autre et au final ne faire qu'une chose: Porter un jugement sans laisser la parole aux gens.
Je ne suis pas un fan de tv, sauf pour le sport, mais j'ai pu apercevoir l'autre jour la marrionnette de fogiel chez les guignols. Il est désormais accompagné d'une hyiène sur le plateau (à cause de son rire bien sûr) et la caricature est excellente et surtout triste pour l'interressé lui même.
Enfin, ca le fait vivre mêê très bien et je crois qu'il se contente de cela. Ca fait aussi vivre les annonceurs.
Rédigé par : asteroid257 | 07 avril 2006 à 12:46
Le monde occidental revient au Théâtre Romain : Peter SLOTERDIJK le montre de façon très convaincante, Rome est de retour avec sa grande économie du spectacle sanglant et d'autant plus ludique que le combat des gladiateurs est organisé pour être dissymétrique. La mise à mort n’a pas être élégante comme un sacrifice, cela c’est bon pour le taureau dans l’arène, non elle doit être bestiale et sans inhibition.
Il faut imaginer Fogiel en organisateur des jeux du cirque ventant au César la qualité de ses gladiateurs achetés sur les marchés du monde.
Pour soi même ne pas participer à cette régression de notre monde. Peut on faire plus ? Peut on imaginer faire appel à l’éthique , modifier les lois, organiser un boycott des annonceurs qui tirent richesse de cette bassesse ? Probablement sommes nous condamnés à assister impuissant au retour généralisé du cirque sanglant dont l’émission en question n’est qu’une préfiguration sans envergure.
Jean-Marie GAMBRELLE
Rédigé par : jean-Marie Gambrelle | 07 avril 2006 à 11:21
On pourra dire ce que l'on voudra sur la façon dont sont traités les invités chez Fogiel ou ailleurs, tout le monde connait la règle du jeu avant de venir donc, sur la forme, je ne vois pas en quoi on peut y trouver quelque chose à redire.
Ce qui me semble bien plus important, c'est le fond des 2 affaires mentionnées.
"Courbis, [...] avec une verve qui montrait qu'il ne croyait pas une seconde à l'honnêteté qu'il proclamait."
Mais si justement, Courbis était on ne peut plus honnête : il affirme en toute liberté qu'il pratique une forme d'évasion fiscale en se faisant payer en Suisse son travail d'intermédiaire entre une entreprise italienne et une entreprise espagnole.
De l'autre côté, on a ce père de Jordy qui essaie de tourner autour du pot pour ne pas avoir à dire qu'il a tout simplement payé un simple cachet de figurant à son fils de 4 ans en conservant pour lui, le véritable auteur de l'"oeuvre", le gros du pactole. Il pourrait le clamer haut et fort et ainsi l'assumer (qui sait, il est peut-être dans son droit ?) mais il ne le fait pas.
Pourquoi ?
Ma lecture de ces deux cas est que, chez Courbis, on retrouve le monsieur tout-le-monde qui fraude avec les moyens qu'il a en ne payant pas sa redevance télé ou en faisant sauter ses contraventions. Personne ne trouvera grand chose à redire car en fin de compte ce monsieur n'a volé personne (si ce n'est la société...)
Par contre, chez le père de Jordy, on voit cet être ignoble qui a commis le plus grand des sacrilèges : il a abusé son enfant. Peut être même que certaines personnes, inconsciemment, ne le considèrent pas mieux qu'un pédophile.
Voilà où nous en sommes réduits : les atteintes envers une personne physique sont infiniment plus honteuses que les préjudices commis contre la société.
Dans ces histoires, la télévision n'est que la combinaison d'une loupe et d'un miroir.
Rédigé par : Oaz | 07 avril 2006 à 01:01
La télé est aussi capable du meilleur.
Par exemple l’émission sur Arte hier soir : Berlusconi l’affaire Mondadori de Marco Boucault.
Contrairement aux analyses frelatées d’un Le Lay, la télévision et un formidable engrais pour le développement de l’intelligence et du libre arbitre de mes enfants (j’en ai trois). Je suis toujours confondu par la distance qu’ils prennent par rapport à ce qu’ils voient et apprennent.
Nous sommes collectivement plus intelligent que ce que l’on raconte habituellement !
Rédigé par : François Descamps | 06 avril 2006 à 15:56
Ceci étant dit, l'attitude du procureur peut-elle être de tourner le regard sur ce qui lui déplait ?
Après tout, il a choisi de placer son nez dans les travers de la société pour requérir au nom de la société ; regarder la télé n'est qu'une prolongation de cette démarche. :^)
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 06 avril 2006 à 11:04
il y a un vaccin très efficace à ce virus.
il suffit d'éteindre la télévision.
et pour éviter de devoir renouveler le vaccin, jetez-la, vous économiserez 116 euros.
et vous n'aurez plus mal.
Rédigé par : vanverde | 05 avril 2006 à 15:19
M.Lemoine & sa femme faisaient pourtant les fiers il y a 14ans en exhibant leur fils alors que tout le monde décriait l'utilisation d'un enfant de 4 ans à des fins commerciales. Maintenant qu'il y a le revers de la médaille, on ne va pas non plus lui dresser un tapis rouge! Il a utilisé un enfant, s'est plongé dans le luxe (limousine & co), a menti, volé son enfant. Maintenant ils réglent leurs comptes à la télé, tant pis, ils s'en prennent plein la tête tant pis! Je ne comprend pas ses gens qui lavent leur linges sales à la télé, sur ONPP, derrière le rideau de Bataille & Fontaire... S'il ne sait pas s'exprimer à l'oral, il envoit une lettre à Fogiel qui la lit à l'antenne.
Rédigé par : raptor | 05 avril 2006 à 10:21
Vous nous avez communiqué votre révolte quant à une lâche agression dans le précédent billet et vous nous avez donné à tous le désir d'être celui qui venait en aide à la victime.
Nous avons tous condamné ceux qui passent leur chemin quand une passante se fait agresser. Et pourtant, nous sommes, si on n'y prend garde, dans la même situation devant nos télévisions. Certes l'écran nous empêche de bondir sur le plateau de Fogiel mais, en restant devant ce spectacle, nous l'encourageons. En faisant nombre, en faisant donc l'audimat, on signe pour une prochaine indignité dominicale.
Promettez-nous cher Philippe de ne point céder un jour à l'envie d'aller corriger ces deux agresseurs, Ni chez Ardisson. Ni chez Bern. Le peu que j'en ai vu une ou deux fois m'a toujours donné la nausée… On y passe de l'étreinte courtisane à la mise à mort dont vous avez été témoin.
Rédigé par : Bulle | 04 avril 2006 à 19:53
Il y a quelques années, je me suis rendu compte que les seules choses qui m'intéressaient à la télévision, ce sont les films et le sport.
Depuis, je ne possède plus de télévision. Je dispose d'un ordinateur me permettant de regarder des DVDs choisis dans une médiathèques et lorsqu'un match est intéressant, je sors le regarder au bistrot.
Cette réaction n'empêche pas les vendeurs de temps de cerveau humain disponible de diffuser leur camelote, mais au moins, je ne suis pas agacé par de mauvais clowns imbus d'eux mêmes entre deux pages de pubs.
Quant aux informations, j'ai la radio, la presse écrite et l'internet.
Tout ceci pour dire qu'on peut très bien vivre sans télé et même, comme le rappelle M. Chaume ne rien perdre de ce qui s'y passe.
Rédigé par : zouille | 04 avril 2006 à 10:46
Oui , il faudra bien qu'un classicisme émerge de la pagaille médiatique , comme un soleil des nuages , et distribue des ombres et des lumières ; sinon nous serons le jouet d'un totalitaire .
On ne peut plus continuer à vivre dans l'éphémère , l'aléatoire , le simulacre ; ni dans le chaos d'une polysémie qui est l'alibi ultime de l'absurde .
Classicisme ? Cette convergence miraculeuse des trajectoires qui civilise des cultures éparses - dans le naturel , la simplicité , la rigueur .
La pérennité de notre société se fonde actuellement sur la vulgarité .Bientôt au train médiatique où vont les choses , la vie de l'esprit se confinera dans des catacombes ; les idées seront refilées sous le manteau , à la manière des samizdats du temps de Staline .J'entends : les idées inconvertibles en " produits " , celles qui lèvent les coeurs , celles qui civilisent .
Il faut que la vie retrouve un sens , la conduite un code , la sensibilité une architecture , la sociabilité des références , la politique un idéal ...
Rédigé par : Parayre | 04 avril 2006 à 09:25
Ce qui me surprend c'est que vous soyez surpris par ces minables.
Cela dit, ne faisons pas le procès de toutes les télévisions ni de tous les journalistes.
Arte, LCI,la 2 vers 8h du matin ne sont pas débiles; et j'en oublie certainement.
Rédigé par : mike | 04 avril 2006 à 08:53
pas d'opinion sur l'émission. Je suis de ces créatures étranges qui n'ont pas de télévision. Mais je ne suis pas sure que l'audimat baisse du fait de la cruauté et de la vulgarité. Un peu l'histoire de l'oeuf et de la poule. Les animateurs forment un public qui en retour les plébicitent pour leur langage et leur comportement. Bien sur ce n'est ni brillant ni courageux, et de plus c'est dangereux. Faire du peuple une plèbe
Rédigé par : brigetoun | 03 avril 2006 à 22:48
Contrairement à ce que beaucoup de gens croient encore, le métier de la télévision ce n'est pas de diffuser des émissions pour un public mais de vendre de l'audience à des annonceurs. Patrick Le Lay l'a rappelé naguère avec un cynisme outrancier. Certes il existe des exceptions, quelques chaines sans publicité financées sur fonds publics. Pour ma part je regarde celles-là et ai abandonné les autres depuis très longtemps.
Rédigé par : Yannick | 03 avril 2006 à 22:42
Bref addendum...
En relisant votre texte me revient en mémoire un propos de Jean François Deniau, dans l'un de ses livres.
Il rapportait que l'éducation qu'il avait reçu l'inclinait à défendre systématiquement le point de vue du faible...
Un honnête parti-pris, isn'it ?
Rédigé par : Jean Pierre Chaume | 03 avril 2006 à 22:37
Les sous-rires de la honte. Il y a autant de bassesse à humilier un homme sur un plateau télé qu'à arracher un sac sur l'esplanade des Invalides. Parmi les casseurs,il y a les casseurs d'abri-bus et de cabines téléphoniques. Il y a aussi, plus conventionnels, les casseurs de gens. Et il y a, plus discrets, celles et ceux qui préfèrent construire. Souriront bien ceux qui souriront les derniers. Bientôt.
Rédigé par : Jean-Luc Masquelier | 03 avril 2006 à 22:11
D'habitude je n'ai aucune pitié pour ceux qui s'exhibent chez Fogiel (ou Ardisson) : Ils savent à quoi s'attendre.
Mais là oui, c'était vraiment blessant, pour Lemoine et pour les téléspectateurs.
Rédigé par : all | 03 avril 2006 à 18:26
J'ai parfaitement conscience de l'impact dérisoire de mon geste mais j'ai cessé de regarder la télévision en 1991.
Considérant que j'avais par ailleurs -salarié et citoyen- bien d'autres occasions de me sentir méprisé et manipulé, j'ai choisi de m'épargner cette médiocrité.
Je constate depuis avec effarement que je reste néanmoins parfaitement informé de ce tout ce qui s'y passe, tant les autres media consacrent d'informations et de commentaires
à cette vaste entreprise d'abrutissement collectif.
Je ne résiste pas à l'envie de vous transmettre ce texte, trouvé en 1989 dans Télérama,
à l'occasion du fameux "bicentenaire", et signé de Jean Vautrin :
"A l'heure brûlante de l'inégalité des peaux, en ces temps d'indifférence et de piétinement de l'autre, en ces circonstances sidaïques et entremêlées où le vetiver, l'automobile, les tremblements de terre et la capote anglaise disputent la faveur des médias aux restaurants du coeur et au Top 50, je pleure.
A cause de la surinformation, de la désinformation, de la confusion des esprits, je rugis.
Par peur du suivisme, de la gadgetofolie, de l'intégrisme et de la barbarie, j'implore l'espèce humaine de ne jamais perdre tout à fait l'humour, le bon sens, le libre arbitre, quelques héros, un peu de culture et la science du vin.
Je sais que je dérive sur un glaçon en cube au milieu de l'océan, que nous approchons de l'équateur et que la situation est désespérée, mais j'écris aujourd'hui que la prise de la Bastille passe par le retour de l'humanisme."
Tout est dit.
Oublions ces gnomes fogielo-carlieresques aussi vains qu'arrogants.
Ils ne méritent que notre mépris.
Rédigé par : Jean Pierre Chaume | 03 avril 2006 à 18:15
Ceci étant dit, la télévision est à présent si calquée sur l'audimat que l'on peut suggérer que c'est une forme de démocratie directe.
Suggestion qui, d'ailleurs, peut donner des sueurs froides si l'on prend en compte le succès incontesté des « Lagaf » et assimilés.
Là, du coup, le plebiscite prend tout son sens et on en arrive à se prendre pour un patricien.
Et le paradoxe réside dans le fait que, des fois, le médiocre est intéressant. Allez savoir pourquoi, c'est connu que chez Ardisson, ou chez son complice (coauteur ?) Fogiel, on va surfer sur la vague du moment, et surtout surfer sur la vague de l'invité in de l'instant. Pourtant il peut arriver à tout le monde de regarder de pareilles émissions avec attention - comme le sujet du jour en atteste.
Le fait que l'on regarde le médiocre le sanctionne positivement, quoi qu'on en pense. En l'acceptant, on le rétribue et on lui signe un contrat pour demain.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 03 avril 2006 à 18:06