Et alors ?
On sait maintenant qu'à cause de cette liberté d'expression dont il a usé - et ce n'est pas la première fois que dans ce quotidien il voit et vise juste - il est gravement menacé, qu'il doit être protégé et que le journal ayant osé accomplir sa mission d'informer et de faire réfléchir s'est vu interdire dans deux pays au moins. Redeker en est réduit à évoquer "sa situation personnelle catastrophique" et les craintes légitimes qu'il nourrit sur son sort et, je le suppose, sur celui de ses proches. Quelle naïveté de sa part de n'avoir pas perçu que dire le vrai, en ces temps de folie religieuse, allait inéluctablement lui créer de dramatiques désagréments ! Il a assumé le risque et il a bien fait. On a besoin d'êtres et d'intelligences de cette trempe, qui ne plient pas.
Dans quel monde vit-on pour qu'en aval, devant l'inadmissible, il y ait certes des réactions mais modérées, tièdes, ménageant la chèvre et le chou ? Le ministre de l'Education nationale fait part de sa solidarité mais rappelle l'obligation de réserve des enseignants comme s'il n'était pas indécent de mettre sur le même plan ces menaces et la prétendue absence de retenue de Robert Redeker. Hier, à LCI, un commentaire sur cette affaire n'a pas été loin d'en faire porter la responsabilité sur l'auteur de l'article.
Il n'y a que le Figaro, ce matin, qui dans un rappel solennel signé conjointement par Nicolas Beytout et Francis Morel met en exergue l'atteinte dévastatrice causée et à un principe et à la liberté humaine. Et c'est heureux. Mais est-ce suffisant ?
Va-t-on longtemps encore, devant une stratégie mise en oeuvre par quelques fanatiques de l'islam, courber le dos, presque se repentir des offenses qu'on nous cause et, en définitive, perdre la partie dans ce combat du droit contre l'étouffement, de la parole et de l'écrit souverains contre la haine et l'obscurantisme ? Un processus est déjà enclenché qui risque de ruiner mortellement ce à quoi nous tenons. L'insupportable, à force d'être répété sans être véritablement défait ni même sérieusement contesté, acquiert une sorte de légitimité perverse qui met les démocrates en position de retraite. On peut qualifier celle-ci noblement, avec toute la pompe d'un humanisme abstrait, il n'en demeure pas moins que nous sommes dominés et vaincus à tout coup. Parce que la violence, loin de susciter notre résistance , est dorénavant accueillie comme une sorte d'évidence fatale. Ils sont devenus les plus forts parce que notre faiblesse n'était pas la tactique d'un instant mais l'épuisement d'une société amollie et lassée.
Quelle que soit leur tonalité politique et intellectuelle, si on ne soutient pas les courages et les singularités, ceux qui portent haut le devoir de ne pas se taire, on sera coupable de non-assistance à démocratie en danger. Ce n'est pas parce que les autres religions nous ont habitué à leur tolérance face aux agressions que nous devons faire preuve de résignation devant l'intolérance aux multiples effets, manifestée par une minorité excitée de l'islam.
Il y a tant de comités de soutien ridicules qui se créent qu'on en voudrait un immense et pluraliste en faveur de Robert Redeker et de ce qu'il a porté en notre nom.
Un intrépide, vite, pour que je signe.
Marcel, vous avez raison dans votre première partie et tort dans la deuxième.
La position que vous défendez, dans sa forme, n'est pas présentable à un musulman ordinaire aujourd'hui. Si vous lui dites : "rejoins l'idéal de perfection occidental, abandonne tous tes ressentiments", il ne suivra jamais. Il ne le peut pas.
Vous l'aurez compris, je suis un opposant farouche à tous les dogmes religieux, je ne puis être suspecté de la moindre mansuétude à l'égard de ces contes pour enfants attardés. Mais pour juger, il faut comprendre - non excuser (je crois que Philippe comprendra très bien) - et comprendre suppose une empathie, aller dans le sens d'un esprit contraire au sien, comme lorsqu'on marche à reculons dans une bourrasque pour ne pas laisser la victoire au vent dominant.
Ben Laden n'est pas un héros pour les musulmans, pas plus que Saddam Hussein. Mais c'est le seul rempart, pourri, haïssable, qu'ils discernent. Ce que souhaitent les musulmans ? Que ben Laden soit tué par des musulmans, sans être tombé entre les mains des occidentaux.
Il y aussi autre chose : les personnes dont je parle sont d'excellente éducation, l'un docteur en économie, l'autre gestionnaire, une troisième ingénieure industrielle, diplômés en France et en Allemagne. Mais voilà : l'un est épicier, les deux autres sont obscurs fonctionnaires de dernier rang sans que leurs diplômes n'aient été retenus. Des gens courageux et blasés par la discrimination ambiante. Ils ne se rebellent même pas contre, ils la prennent comme une malédiction. Ils aiment Mozart et Oum Kalsoum mais on les renvoie en permanence à Oum Kalsoum.
Retourner chez eux ? Le Maroc est devenu le lupanar de l'Europe. Nos ministres cassent les vaisselles dans les palaces de Marrakech, d'autres s'envoient des gamins dans l'impunité, le pays ne développe que des trafics commerciaux et des bordels de luxe. Où qu'ils portent leur regard, les merveilles du lointain passé glorieux de l'Islam espagnol est tombé dans le caniveau. Voulez-vous, avec ce décor, leur vanter encore les mérites insoupçonnés de leur humiliation ? Faut-il qu'ils avalent toutes les éjaculations occidentales, depuis les prisons d'Abou Graib jusqu'aux bienfaits de la colonisation pour nous montrer le visage apaisé du bon musulman ?Ils font le dos rond, ils comptent les points et ne se lèveront pour aucune cause, ni celle de Ben Laden, ni la vôtre.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 octobre 2006 à 16:28
Ce qui est terrible, Jean-Dominique, c'est qu'au moment où l'on demande aux musulmans non-islamistes de se situer, ils ne disent rien mais on a quelques sources, comme vous, qui nous parlent de « c'est bien fait ».
Ce que vous décrivez, c'est une confusion du jus in bello et jus ad bellum, droit dans la guerre et droit de la guerre. Il s'agit de confondre la légitimité d'un belligérant à faire la guerre avec la légitimité de sa manière de faire la guerre (le fond et la forme, pour faire simple). Je pense pour ma part qu'il n'y a rien de plus dangereux.
Car c'est cette logique qui fait qu'un Churchill parle d'émasculer les Allemands, ou qu'un haut général américain décrit les Japonais comme des babouins qu'il fera griller jusqu'au dernier au milieu du pacifique. C'est la légitimité de la guerre qui se met à tolérer l'inhumain, à tolérer qu'on bafoue les principes d'humanité pendant la guerre, guerre qui à la base est déjà suffisement inhumaine comme cela.
Je pense comprendre ce cheminement néfaste. Je n'ai pas envie de juger les hommes du passé qui ont connu ce cheminement, en particulier parce que ce serait tout à fait inapproprié dans la mesure où je ne connais pas leur contexte de vie.
Par contre, je n'ai aucun mal à juger ceux qui en France, bien pénard bien au chaud, osent tenir ce raisonnement, osent justifier ce cheminement. Tout d'abord, je les juge parce qu'il s'agit du présent et que je n'ai pas l'intention d'être un observateur de mon temps ; il importe de prendre position lorsque l'affaire est grave. Ensuite, je les juge parce que leur contexte est grosso modo comparable au mien, puisqu'ils vivent dans le même pays au même moment.
N'ayons pas peur des mots : les gens qui se réjouissent en France en 2006 d'un fait terroriste sont des soutiens moraux du terrorisme, ils s'y associent même s'ils hurlent une simili-sympathie pour les victimes, qu'ils ne peuvent s'empêcher de trouver quelque part responsables, et je les considère comme des ennemis. Pas des ennemis des États-Unis, de la France ou de l'Occident. Non, des ennemis de ce que je considère être comme idéal pour l'humanité, c'est à dire le droit de chacun à vivre en paix. Je vous invite à me suivre et à ne pas tolérer les concessions avec les idéologies de meurtre en masse, à ne pas tolérer l'idée que ça puisse être « bien fait ».
Comparaison n'est pas raison, j'ai du mal en lisant de pareilles choses à ne pas songer à ces quelques mots d'une époque pas si lointaine que j'ai pu lire « c'est bien fait pour les youpins, depuis le temps ... ». Lorsqu'on met l'humanité au placard alors qu'on est pas soi-même directement affecté au point de perdre les exigences morales qui font que nous ne sommes pas des animaux, l'heure est grave.
Que les musulmans nous disent où ils en sont. S'ils en sont à du « c'est terrible mais c'est bien fait », s'ils s'empresseront de faire des comparaisons de compatibilité mortuaire comme si la mort d'un innocent justifiait la mort d'un autre innocent, on saura à quoi s'en tenir, on saura quel sera leur parti lorsque le GSPC ou autre GIA, FIS et consort, tuera en masse en France - car le fait que nous brossons dans le sens du poil les dictatures musulmanes n'a pas dissuadé les tentatives terroristes sur le sol allemand et le sol français (et oui, en dépit de notre opposition à la guerre en Irak, en dépit de notre diplomatie grande amie de ce pays si respectueux des droits de l'homme qu'est l'Iran - Chine, Iran, la France à bon goût en amitiés). A contrario, s'ils estiment tout acte de terrorisme inacceptable, sans « mais », sans le moindre petit « mais », on saura qu'ils méritent notre soutien et notre confiance.
A eux de nous dire. On a moqué George W. Bush lorsqu'il proposait une vision du monde dualiste (« avec nous ou contre nous ») engluée dans un magma de références religieuses. Ce faisant, on a fait l'apologie de l'indifférence à la destruction inhumaine, à l'assassinat en masse. Pas de quoi être fier.
Il faut toujours laisser la place à différentes manières d'être avec ou d'être contre. C'est la meilleure réponse à ceux qui veulent qu'on choisisse à tout prix un camp en perdant tout libre arbitre et à ceux hyper-relativistes qui prônent l'indifférence au prétexte que ce serait indélicat d'oser avoir des avis. Il y a plusieurs manière d'être contre le terrorisme ; par exemple, on peut être contre le terrorisme et estimer que la guerre en Irak fut une mauvaise idée. Mais il importe de le dire, qu'on est contre, impérativement et définitivement.
Je me répète, le monde musulman doit se positionner. On tue et on menace au nom de l'Islam. De fait, l'Islam n'est donc pas hors-sujet, l'indifférence ou le silence n'est plus une réponse satisfaisante. Moi je ne veux pas condamner le monde musulman sans l'entendre plaider sa cause. Je ne veux pas condamner les musulmans français sans les entendre. Il serait temps qu'ils se rendent à l'audience.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 09 octobre 2006 à 12:07
A Baboulin :
L'attitude du musulman moyen face à l'intégrisme nécessiterait des thèses universitaires nombreuses. Pour en vivre une petite partie dans mon entourage, la maman de mon garçon étant marocaine d'origine, je puis simplement dire que c'est très complexe. Des personnes très pacifiques, qui ne demandent rien d'autre que de vivre anonymement dans la masse, ne peuvent cependant s'empêcher de penser : "c'est bien fait" quand il arrive un malheur aux Américains. Le fait que Ben Laden demeure introuvable devient satisfaisant, parce qu'il est le seul rempart à l'arrogance occidentale et qu'il fournit un masque de carnaval à l'humiliation musulmane dans le monde. A cette jeune femme qui fut ma compagne, chaque fois qu'un malheur touche une population musulmane, je dis en blasphèmant : "Allah est grand !". Elle en rit mais elle enrage. Les musulmans me semblent vivre dans une schizophrénie totale : même s'ils peuvent admettre ne pas vraiment croire à ce que dit le Coran, ils vivent malgré tout dans une peur panique du châtiment de dieu, peur que nous ne connaissons plus.
Oh, ils sont épouvantablement tristes du 11 septembre, choqués et sans joie devant le spectacle de ces victimes, mais leur coeur les ramène à comparer : combien de Palestiniens sont morts dans l'indifférence générale, qu'ils rapprochent du racisme ambiant chez nous. Cette crispation, faite d'amalgames informes, est fondamentale.
Je vous parle ici d'une personne et d'une famille aisée, frères et soeurs tous archi-diplômés, sans l'ombre d'un hidjab à l'horizon et qui ne savent plus comment une mosquée est faite depuis longtemps.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 octobre 2006 à 10:12
Que pouvons-nous faire pour Redeker ? C'est une question qui vient s'ajouter aux deux autres. Je n'ai entendu absolument aucun commentaire des présidentiables, le médias sont déja en train de l'"oublier." La bonne initiative de notre hôte à travers ce billet, les trois pétitions de toutes couleurs que j'ai signée sur le net, voilà de bonnes initiatives, mais devant la machine à broyer l'information, à la détourner, à mettre en avant l'édulcoré, le délavé. C'est sans surprise que je constate l'inhumanité médiatique, la lâcheté, cela ne m'enlève en rien l'envie d'aider Redeker, l'envie de mettre en place publique la dangerosité de l'Islam.Où,comment ?
Rédigé par : LEFEBVRE | 09 octobre 2006 à 01:41
Le problème n'est-il que religieux ? Je ne crois pas. M. Redeker a écrit, à mon sens, un bien mauvais article. Mais à mon sens, il avait le droit légitime de l'écrire. Qu'il en soit menacé de mort est inadmissible. Que ceux qui sont en désaccord avec lui s'adressent aux tribunaux et non à des assassins. (L'origine du mot assassin est d'ailleurs intéressante dans ce contexte...)
Tout cela est bien monté en graine médiatiquement. Les politiques se taisent, les extrémistes hurlent. Mais qui donne et distribue la parole aujourd'hui ? Que je sache, quand on ne veut pas qu'une info soit divulguée (voire même les blogs "coupés"), elle ne l'est pas. Pour reprendre un pied dans la Justice, a qui profite le crime ? A qui profite la publicité faite autour d'un article qui n'en mérite pas tant ? A qui profite la défiance et la colère légitime face à ces appels aux meurtre ? A qui profite cette mise en scène de la haine actuelle entre deux sociétés ? Pas à la démocratie, cela est sûr. Ne serions-nous pas des gentils pantins, croyants que les guerres de religions sont de retour (facile d'entrer en guerre pour les religions, elles s'appuient toutes sur une forme d'intégrisme), alors que le mobile est ailleurs. Le monde occidental, de culture judéo-chrétienne face au monde oriental de culture musulmane ? Les riches contre les pauvres ? Non. Une redistribution de la richesse plutôt, certains "islamistes" se servant des "fanatiques" pour optimser leur gains, pour se développer. La différence est que chez les chrétiens, cela s'est fait plus tôt et sous l'égide d'une église. Chez les musulmans, cela est maintenant et sous l'égide de multiples petits chefs...
Quant à la lâcheté des nôtres qui sont prêts à immoler la Laïcité sous le principe de la Tolérance, ils jouent avec le feu. La Laïcité, ce n'est pas d'interdire de blasphémer. C'est d'interdire d'en mourir.
Rédigé par : Armell | 08 octobre 2006 à 18:58
Jean-Dominique,
J'insiste. Bien sûr « lorsque Mahomet dicte le Coran, ce n'est pas l'exemple de Jésus qu'il a sous le nez mais celui d'un christianisme devenu depuis déjà 3 siècles meurtrier ! Tel est le contexte. Mahomet ne se réfère pas à une pratique monothéiste ancienne mais à celle de son temps ». Mais qu'est-ce que ça change à l'affaire ? Lorsque Jésus Christ court la campagne à la recherche de disciples, lui aussi s'inscrit dans un contexte. Lui aussi conteste certaines formes de sa religion - Jésus Christ n'est pas le premier chrétien, dans son discours il ne se dit pas comme fondateur d'une nouvelle religion mais messie juif. Quoi qu'il en soit, cela ne fait pas de lui un chef de guerre. Cela ne fait pas de lui un homme considérant la violence comme un moyen d'attirer la sympathie divine. Le contexte explique sans doute une partie des destinées humaines ; il ne change pas leur sens.
Winston Churchill n'était pas Mohandas Gandhi, ce n'est pas insulter le premier de le dire.
Alx,
J'ai aussi remarqué la suppression de ce blog. Après la précédente fermeture, l'auteur avait annoncé la ferme intention de poursuivre son blog. L'arrêt sans coup férir est des plus étranges. Si la décision vient de l'hébergeur, il devrait être facile pour l'auteur de recréer son blog ailleurs. Si la décision vient de l'auteur sous pression de sa hiérarchie... Dur à dire - on ne peut évidemment que formuler des hypothèses.
Dans la foulée, on remarque que le blog du même genre http://quefaitlapolice.blogspot.com/ avait pour un temps disparu à la rentrée au nom du « devoir de réserve » et semble être réapparu ensuite.
Au Royaume-Uni, les fonctionnaires de police ont tous été contraints de fermer leur blog, pour soigner l'image de l'institution (cf article sur BBCnews d'il y a quelques mois).
Il y a assurément un problème quand l'image des Institutions se soigne par le silence, lorsque la censure s'opère sans que soit démontrée une infraction aux lois, sans que puisse au cas par cas être mis en avant un trouble causé. Et là, je parle de censure, d'interdit, de mise à l'index ; je n'abuse pas le terme censure en désignant l'absence de popularité, le refus de lire ou de diffuser.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 octobre 2006 à 12:31
Là est le problème difficilement résolvable finement et clairement exposé par Baboulin : le contenu du texte et son supposé auteur Dieu. Celui qui le sert par l'épée aura le droit à la plus haute récompense dans ce monde et dans le prochain. " Ne pas croire est pire qu'un crime". "Les gens du livre(catholiques, juifs) doivent avoir une maison plus petite que celle du musulman. L'apostat est puni de mort tout comme l'homosexuel. Le fameux verset de l'épée prône la conquête par la force des territoires païens. La takyiia légitimise le mensonge sur l'intention dans le territoire à conquérir. La biographie du prophète parle d'elle-même et des exemples comme ceux-ci pullulent. Sachant que la parole du prophête ne peut être remise en cause, que c'est un blasphème puni par la mort. Refuser le nazisme, le stalinisme aujourd'hui, nous saurions faire, je pense, nous y avons été malheureusement formés. Nous nous dresserions tous en disant non, en réagissant de suite. Seulement dans le cas qui fait la triste actualité de Redeker, c'est bien plus qu'une doctrine, un système politique, c'est une religion en plus de tout cela et extrêmement conquérante et agressive de surcroît. Interdire les musulmans de croire : difficile. Remettre en cause le Coran: impossible. Faire l'autruche plus longtemps en continuant de faire semblant de ne pas se rendre compte : C'est l'"effet Daladier", on connait le résultat, le sentiment d'impunité grandit, la confiance et les actions s'amplifient. Renoncer à être qui nous sommes et capituler : première instalation de la Charia en Somalie ce mois de Septembre 2006, exécution d'un présumé voleur de portable qui aurait tué sa compagne,sur la place publique... Je ne voudrais malheureusement pas tomber dans le catastrophisme et pourtant. J'ai oublié un autre risque important, celui de voir glisser la population dans un autre extrémisme par peur ou en réaction. Nous n'en sommes certes pas là, mais cela se développe tout de même de plus en plus surtout dans les banlieues. Nous voyons bien que les principaux présidentiables ne se prononcent pas sur l'"affaire Redeker", que les médias ne suivent pas vraiment et que notre soutien reste en sous-sol sans ces deux grands vecteurs. Aussi je me demande avec mon peu d'information, mon manque de connaissance en politique, théologie ce que cela cache et je ne sais pas pour rester dans ma ligne d'honnêteté et vous faire part de mon intégrité. Je ne vois dans ce contexte ni solutions pour Redeker, ni solutions quant à l'Islamisation de l'Europe : L'Amérique pour l'un comme pour l'autre. La résistance pour moi : avec qui ?,Comment ? Pas avec n'importe qui, n'importe comment. Avec des intellectuels, des gens modérés, responsables, courageux c'est sûr si cela devient d'actualité en espérant qu'une solution viendra entre temps nous laisser dans cette paix, ce confort émotionnel que j'aime tant.
Rédigé par : LEFEBVRE | 06 octobre 2006 à 22:57
Je suis bien d'accord avec toi, mon cher Philippe, et tu t'en serais douté.
Je conseille à tes lecteurs d'aller signer la pétition de soutien à Redeker, lancée par le CRIF de Toulouse :
www.cedj.org/Motion-RR.htm
Je n'ai qu'un point de divergence, ou du moins d'interrogation, après lecture de ton texte.
Tu parles d'une "poignée de fanatiques", après quoi tu déroules les menaces que cette "poignée" est supposée faire planer sur notre société et ses valeurs.
S'il s'agit d'une "poignée", la menace ne peut pas être bien grande. Les méchants, s'ils sont à ce point peu nombreux, peuvent faire du mal à Redeker, mais pas à la France ni à l'Europe ni à l'Occident.
Si nous nous révoltons contre les agressions qui dernièrement ont visé : Théo van Gogh, l'opéra Iduménée à Berlin, les auteurs des "caricatures danoises", Benoît XVI, le professeur Louis Chagnon - c'est que nous devinons bien que précisément il ne s'agit pas d'une menace venant d'une petite minorité de fous furieux, mais de plus grave que cela - qui se nomme l'islam et sa logique universaliste totalitaire.
Le problème est que le politiquement correct empêche de poser cette question. Le problème est que le politiquement correct IMPOSE d'aborder la question avec un présupposé : l'islam et l'islamisme ne seraient pas la même chose.
Qu'ils ne soient pas "la même chose" est une idée acceptable. Qu'ils ne soient pas liés par des liens structurels et profonds, voilà ce qui me paraît contestable.
C'est cela qui scandalise et qui fait peur, Philippe : non pas qu'une poignée de terroristes manie la bombe et la fatwa, mais que cette poignée s'adosse à la troisième religion monothéiste, à treize siècles d'histoire, et à plusieurs milliards d'êtres humains.
Tant que cette question ne sera pas posée en pleine lumière (et ce n'est pas Voltaire qui va nous aider à penser cette affaire !), nous serons condamnés à des prostestations morales certes sympathiques mais inopérantes.
Rédigé par : baboulin | 06 octobre 2006 à 19:29
Pour monsieur Reffait
Dans ce cas, je vous prie d'accepter mes excuses pour ma mauvaise interprétation. Il est vrai que Redeker n'a pas été très inspiré par cet essai de comparaison théologique pour mettre en exergue ces dictats islamistes qui nous oppressent de façon plus vigoureuse à chaque fois en attendant d'étrangler notre mode de vie. Bien que loin d'être docteur es religion, je peux déjà voir d'autres appels aux sang dans les deux grandes autres religions. J'ai simplement cru que vous faisiez partie de ces gens qui digressent systématiquement dès que l'on parle de l'Islam comme d'autres digressent dès que l'on parle de la façon dont est traitée notre police et ils sont si nombreux. Je me rends compte que je fus injuste hier soir, que je vous ai blessé sur une méprise. En parlant d'Averroes, d'Ibn Arabi,d'Avicenne et autres néoaristociens : Je suis tombé par hasard, sur philosophie magazine qui consacre un dossier assez riche en référence du moins historique à L'Islam et l'Occident, bien nommé : le choc des révélations. Je vous envie monsieur d'avoir su vous départir de cette hantise du racisme car bien qu'ayant une histoire personnelle et des idées de fond loin de cette erreur de pensée, je la conserve. Ainsi même lorsque j'entends dans la rue, des propos outrageants sur ma race occidentale, , je n'ose pas répondre non par crainte physique, mais bien pour cette raison. Je profite de cet espace sur le blog de monsieur Bilger pour lui faire connaître si ce n'est déja le cas, une autre pétition qui circule sur Républica, les premières signatures me rassurent quant au fond possible de ce site, que je ne connais pas plus que le précédent.
Bien à vous monsieur Reffait.
Rédigé par : LEFEBVRE | 06 octobre 2006 à 02:40
M. Bilger,
vous défendez ici la liberté d'expression et je nous sommes nombreux à vous en savoir gré. C'est pourquoi je me permets de vous demander, à vous qui êtes, d'après vos billets ici, favorable à une vaste liberté d'expression, plutôt partisan de N. Sarkozy et donc sans doute du gouvernement actuel auquel il appartient et, en tant qu'avocat général, soumis (du moins je l'imagine) à un certain devoir de réserve, ce que vous inspire la fermeture soudaine du blog d'un inspecteur du travail, blog anonyme où l'auteur (pseudonyme bereno) faisait part de son quotidien de fonctionnaire. Il semblerait que ce blog ait été fermé par ordre de sa hiérarchie, ci-joint un lien qui expose je pense assez factuellement l'histoire : http://mamilitance.blog.lemonde.fr/mamilitance/2006/10/un_blog_censur_.html
J'ignore où l'auteur puise ses renseignements ni si ils sont exacts, mais j'ai pu observer moi-même qu'aucun message d'adieu n'a été posté avant la fermeture du blog, ce qui paraît un bon indice de fermeture non volontaire. Je consultais très régulièrement avec plaisir et profit ce blog instructif où je n'ai jamais rien décelé qui me semble préjudiciable à la dignité de la fonction d'inspecteur du travail, bien au contraire, ni aux entreprises inspectées, n'ayant jamais eu aucun moyen d'en identifier aucune. Il est vrai qu'une entreprise s'était reconnue en mai et avait signalé le fait à la presse locale, ce qui avait suscité une interruption du blog, néanmoins ce problème semblait réglé depuis.
Rédigé par : Alx | 05 octobre 2006 à 22:53
"Que l'interdiction du string soit un diktat religieux, je n'en sais rien, je ne trouve pas la suggestion ininitéressante"
cette phrase pour me faire sortir de mon trou cad de ma retraite,hé puisque sujet mâle traité là ?
si string astreignant cad qui tient sans cesse préoccupé OUI si astringent NON , du moins chez l'homme !
Rédigé par : cactus sur M. Patoulatchi | 05 octobre 2006 à 17:12
A Lefebvre :
Jamais, jamais, jamais , je n'irai prendre la défense de fanatiques religieux, jamais ! Je pense que nous sommes tous d'accord ici, nous n'allons pas non plus nous en féliciter éternellement. Le Coran est un tissu d'âneries et d'appel au sang, d'accord ! Mais le texte de Redeker, qu'il a parfaitement le droit d'écrire, est erroné dans sa comparaison hors de tout contexte historique avec le judaïsme et le christianisme. Le Coran n'est pas sorti d'un chapeau, il s'inscrit dans un héritage : lorsque Mahomet dicte le Coran, ce n'est pas l'exemple de Jésus qu'il a sous le nez mais celui d'un christianisme devenu depuis déjà 3 siècles meurtrier ! Tel est le contexte. Mahomet ne se réfère pas à une pratique monothéiste ancienne mais à celle de son temps.
Je n'ai aucune crainte de l'accusation de racisme, ma vie privée témoigne pour moi, je ne cherche pas à exonérer les musulmans de leur responsabilité. Je mets tout le bazar abrahamique dans le même sac, c'est différent. Je n'ai pas une détestation sélective mais successive de tout cet ensemble d'obscurantisme.
Je dis aussi qu'il faut bien faire la différence entre les textes, les fanatiques et la masse écrasante des musulmans qui souffrent au premier chef de cela.
Je dis aussi que Redeker aurait pu ne pas oublier les innombrables textes musulmans d'une grande douceur, dans la tradition soufie par exemple, les écrits d'Avicenne, d'Averroès, d'Ibn Arabi.Il aurait pu dire, qu'avant les Croisades, qui furent une catastrophe mondiale dont nous payons encore le prix (les islamistes s'y réfèrent en permanence), les royaumes musulmans ont été les seuls endroits au monde où juifs et chrétiens, à côté des musulmans, vivaient avec tous leurs droits, y compris civiques (il y eut de nombreux vizirs juifs ou chrétiens dans le Califat de Cordoue).
C'est le principe de notre hôte : avant de juger, comprendre, et avant de comprendre, apprendre. Les omissions de Redeker ne sont pas anodines, car elle entretiennent l'ignorance. Ce qui n'empêche que je suis de tout coeur avec lui dans l'épreuve qu'il traverse.
A Marcel : Philippe m'a dit, qu'avec ce bout de Matthieu, j'avais trouvé l'arbre mais qu'il ne cache pas la forêt. J'en conviens, c'était un petit poil de mauvaise foi de ma part !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 octobre 2006 à 13:18
Monsieur Reffait,
Que viennent faire Jésus et Mathieu dans ce scandale national qu'est la condamnation à mort de Robert Redeker ?
Pourquoi dès que l'Islam est invoqué, apparaît systématiquement cette comparaison avec l'ancien et le nouveau testament ? Les références aux croisades ? Et pas l'inverse ? Bien évidemment les deux autres grandes religions monothéistes sont critiquables, cela est souvent fait, sans représailles du moins de cette envergure. De quoi parlons-nous, d'un homme athée dont la vie est en suspens parce qu'il donne une opinion sur une religion dans un journal. Seriez-vous en train de justifier cette abomination à grand renfort d'arguments historiques, théologiques. Redeker mérite-il cette barbarie pour Godefroy de Bouillon ? Nous parlons d'actualité, trouvez-moi un catholique aujourd'hui ayant envie d'aller faire les croisades à Jérusalem, un Français partisan de l'esclavagisme ou d'une nouvelle colonisation. En tout cas, sûrement pas le philosophe Redeker. Je vous comprends, j'ai moi-même cette hantise de passer pour un raciste. Hantise qui me pousserait presque à ne plus être juste et à prendre la défense systématique de l'autre. Une race et une religion sont deux aspects bien distincts et ne faisons pas la dramatique erreur de défendre l'oppresseur en l'occurence l'auteur de la Fatwa qui vit au Qatar et qui est président en Irlande du comité européen de la fatwa (vous avez bien lu.)
Rédigé par : LEFEBVRE | 04 octobre 2006 à 23:21
Jean-Dominique,
C'est une chose que de dire que seuls les croyants iront au paradis (ce que disent toutes les religions peu ou prou qui adhèrent au concept de jugement dernier), c'est autre chose que de dire que c'est aux hommes d'anticiper sur ce jugement dernier divin.
Quant au passage de l'épée, je crois qu'il est parfaitement erroné que d'y voir là un appel à prendre les armes... Ce propos est suivi notamment de « Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. ». C'est à replacer dans le cadre de la persécution des premiers chrétiens et c'est une invitation non à tuer mais à affirmer sa foi, avec la certitude que ceux qui auront eu la foi auront Jésus comme intercesseur le jour du jugement dernier. Là aussi, on ne peut détacher ce propos de la notion de jugement dernier (même si bien sûr, ce concept nous paraît étrange dans notre monde contemporain où l'eschatologie n'est plus vraiment très sacrée).
Ce passage se poursuit par « Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste. Et quiconque donnera seulement un verre d`eau froide à l`un de ces petits parce qu`il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense ». Ceci est cohérent pour inciter les gens à la foi face aux persécutions. Cela reste finalement assez ouvert... même un verre d'eau compte.
L'éxègese n'est pas simple. Je trouve particulièrement abusif de trouver là dedans un appel à prendre les armes...
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 04 octobre 2006 à 11:25
Instructions de Jésus à ses disciples : Matthieu
10.14 et 10.15
Lorsqu'on ne vous recevra pas et qu'on n'écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds.
Je vous le dis en vérité: au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins rigoureusement que cette ville-là.
10.34 à 10.37
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée.
Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère;
et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison.
Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi;
____________________
Beau message de paix et de tolérance en vérité !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 octobre 2006 à 10:26
Vous avez raté la pétition, monsieur Bilger :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-819066,0.html
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 04 octobre 2006 à 09:25
Puisque l'Islam est toujours pris avec des pincettes et que sa critique est associée aux autres religion pour l'atténuer. Permettons nous aussi la petite gymnastique de la comparaison et jugeons donc alors la réalité du dictat "bien-pensant" actuel. Les écrits de Redeker comparés à ce qu'il nous est rapporté de Diogène, de Voltaire, de Beaumarchais, de Céline, de Nietzsche. Que de nos valeurs sont interdites par le saint Coran et les Hadiths, que nos librairies devraient être vides, que notre charcuterie est Haram,que notre athéisme est "pire qu'un crime, que notre libre arbitre est contraire à la pensée du prophète... En condamnant Redeker de façon aussi inhumaine, on me condamne aussi à mort, je suis comme lui "mécréant", contre les dogmes, critique, partisan de la vérité, provocateur parfois. Des millions d'autres habitants de ce pays nous ressemblent et nous avons le droit de vivre et penser comme bon nous semble. C'est ce qu'il y avait de véritablement merveilleux ces dernières années. Pensons aussi, en pensant à l'abomination que vit Robert Redeker, à tous les arabes et Berbères d'Algérie qui ont fuit Le GIA et qui aprennent cette fatwa en même temps que nous. Que doivent ils penser de nos médias et de nos politiciens en voyant des réactions aussi tièdes ? Merci monsieur Bilger pour votre prise de position courageuse, juste et humaine qui ressemble à votre façon de travailler. Vous êtes un exemple de ce que j'apprécie chez un être humain, digne de ce nom.
Rédigé par : LEFEBVRE | 03 octobre 2006 à 21:39
Un homme est condamné à mort,contraint à la clandestinité. La conséquence prend nettement le pas sur la cause. Le droit à la vie physique comme morale d'après nos valeurs commune est la prorité. La fatwa est une décision juridique et religieuse, le terme juridique est important car en se prononçant sur notre sol, cette Fatwa est par ce fait hors la loi. L'assassinat, sa mise en place, son incitation... sont réprimés. Il est donc nécessaire qu'une plainte soit déposée contre son auteur. Ce test d'une Fatwa de cette gravité sur le sol français ne doit pas avoir un résultat positif qui ne ferait que laisser à la charia le droit de s'installer. Les responsables politiques et judiciaires ont donc un véritable combat à mener pour que le Droit en l'état puisse avoir une légitimité conservée. Aujourd'hui pour Robert Redeker, demain pour l'essence même de notre République.
Rédigé par : LEFEBVRE | 03 octobre 2006 à 21:01
Jean-Dominique,
Je dois reconnaître que mon cursus universitaire en histoire n'est pas innocent dans la vision que j'ai de l'époque médiévale (bien que pourtant j'étais plus habile et à l'aise en histoire grecque, moderne et contemporaine). Il est certain que découvrir l'origine de la minuscule caroline, que nous utilisions quotidiennement, par exemple, surprend, lorsqu'on arrive avec l'idée toute faite d'une époque médiévale de vide culturel (et si on creuse la question, on découvre par exemple que la Renaissance n'est pas apparue ex-nihilo, que le tant décrié latin de messe n'était pas forcément si maladroit mais le fruit d'une nécessaire adaptation à l'évolution du temps, etc - un millénaire de diversité, de haut, de bas et de moyen).
Vous avez mille-fois raison dans ce que vous rappelez judicieusement sur les croisades. En tout cas à propos des premières croisades (après les premières, l'accès à Jérusalem n'était réellement plus possible).
Vous avez raison de présenter la croisade comme une formalisation chrétienne de l'idée de guerre sainte.
Néanmoins, on ne peut faire abstraction du fait que les écrits des pères et autres penseurs de l'Eglise étaient loin de poser en théorie et modèle la réalité. Non, la théorie chrétienne restait la violence organisée (la SDN et l'ONU avant l'heure ?), selon des critères très subtils loin de la réalité en de nombreuses occasions (voir à ce sujet la question de la tripartition des ordres d'Adalbéron de Laon ; une belle théorie, rien qu'une théorie). La croisade n'était pas affirmée et présentée pour ce qu'elle était. Cette forme d'hypocrisie n'est pas sans conséquence sur l'histoire du christianisme : on peut après coup critiquer cette hypocrisie, certes, mais on doit admettre que les écrits qui restent ne font pas l'apologie de la violence. Et précisement, comme vous le signalez, qu'ils proposent une pacification des rapports entre chrétiens.
D'autre part, et ce point me semble essentiel, on ne peut oublier que les violences dans le Christianisme pourront toujours être considérées comme une perversion de cette religion basée sur la non-violence du Christ, sur un Christ dévoué aux hommes refusant le pouvoir temporel. On ne peut le faire dans le cas de l'Islam, puisque cette religion est fondée sur l'apport de Mahomet qui était tout sauf non-violent et qui jouissait d'un pouvoir temporel. Pire, le Christianisme repose sur les Evangiles : ils sont plusieurs, on admet que différents apôtres aient une vision substansiellement différente de la même histoire. A contrario, l'Islam repose sur une seule source : Mahomet (que ce soit par le Coran ou par les Hadith), qui aurait connu des « révélations », qui serait le porte-voix de Dieu. Non pas le fils de Dieu fait chair, non pas le Verbe incarné en homme vivant et souffrant en homme : non, le porte-parole révélant lorsqu'il s'exprime la volonté divine. On voit mal ce Mahomet-là accepter sa crucifixion par les hommes, vivre la passion, et dire « père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ».
En ce sens, il me paraît difficile d'adhérer à « l'idée que l'Islam ne serait pas différent par nature du Christianisme et que seule une question de timing les sépare ». Je veux bien croire, et je serais le premier à m'en féliciter, que l'Islam puisse s'associer à nos valeurs, à notre esprit de laïcité imposant de cantonner le religieux à la sphère privée, au stade du choix individuel. Mais c'est aux musulmans de nous dire ce qu'il en est, c'est à eux de prendre position sur ce point. On ne peut pas parler en leur nom.
Sinon, je dois dire que je ne pense pas qu'une comptabilité mortuaire puisse nous éclairer. A l'heure actuelle, personnellement, je n'oserais imaginer quelle religion à fait le plus de mort (vu les événements récents, il faudrait incrémenter le compteur quotidiennement, semblerait-il). Mais je n'aime pas ce genre de calcul car l'essentiel n'est pas dans le passé à prendre comme fait définitif. On ne peut pas tirer de conclusion au partir d'un simple nombre. Ce qui compte, c'est de savoir où on va, ce qui, bien sur, nécessite de tenir compte de ce qu'on a été et ce qu'on revendique de ce qu'on a été. Mais pas de se résoudre à ce qu'on a été.
De manière imagée, par rapport au nazisme et au bolchévisme, la question n'est pas tant de savoir combien de morts ils ont causés mais de savoir qu'ils en causeraient encore si c'était en leur pouvoir, car les conditions criminogènes ne sont pas éradiquées - elles semblent intrinsèques à ces idéologies (c'est pour cela, par exemple qu'il est vain de parler des faits précis du génocide nazi avec des négationnistes ; il suffit de leur mettre le nez dans les textes fondateurs du nazisme et leur demander leur avis sur la prophétie d'éradication des juifs d'Europe, présente dans de nombreux discours que nul ne prétend apocryphes ; on gagne du temps).
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 03 octobre 2006 à 17:01
Très belle prise de position pour soutenir Robert Redeker ! Il n'y en a pas tant que cela... Au passage je trouve les politiques assez absents sur ce sujet.
Pour l'info de chacun, il faut lire cette lettre de Redeker envoyée à André Glucksman. Elle se passe de commentaires et ajoute à cette dimension politique celle d’un drame humain inacceptable dans notre démocratie :
«Cher André,
Je suis maintenant dans une situation personnelle catastrophique. De nombreuses menaces de mort très précises m’ont été adressées, et j’ai été condamné à mort par des organisations de la mouvance al-qaïda. L’UCLAT (Unité de coordination de la lutte antiterroriste) et la DST s’en occupent, mais...je n’ai plus le droit de loger chez moi (sur les sites me condamnant à mort il y a un plan indiquant comment venir à ma maison pour me tuer, il y a ma photo, celle des lieux où je travaille, des numéros de téléphone, et l’acte de condamnation).
Mais en même temps on ne me fournit pas d’endroit, je suis obligé de quémander, deux soirs ici, deux soirs là...
Je suis sous protection policière permanente. Je dois annuler toutes les conférences prévues. Et les autorités m’obligent à déménager. Je suis un SDF. Il en suit une situation financière démente, tous les frais sont à ma charge, y compris ceux éventuels d’un loyer d’un mois ou deux éloigné d’ici, de deux déménagements, de frais de notaire, etc...C’est bien triste.
J’ai exercé un droit constitutionnel, et j’en suis puni, sur le territoire même de la République. Cette affaire est aussi une attaque contre la souveraineté nationale: des lois étrangères, décidées par des fanatiques criminophiles, me punissent d’avoir exercé un droit constitutionnel français, et j’en subis, en France même, grand dommage.
Amitiés»
Rédigé par : Eric Nicolier | 03 octobre 2006 à 14:54
J'ai lu dans un des commentaires de qualité que la"révélation" avait explosé en vol.
Relisons simplement le "sermon sur la montagne"
Je ne sache pas que Mohammad l'ait prononcé;
Dommage!
Rédigé par : mike | 03 octobre 2006 à 14:18
Philippe, j’ai lu, qu’enfin, des intellectuels et des politiques condamnent l’intolérable fait à R. Redeker. Le mot " honneur " qui est dans le titre de votre livre, c’est vrai qu’il peut apparaître désuet. Exprimant, dès vendredi, dans votre blog votre indignation face à telles menaces et votre colère contre le si peu de soutien apporté à ce professeur, c'est l’honneur et l'idée qu'on se fait d'une démocratie que vous avez défendus.
Finalement, grâce à vous, le mot " honneur " risque de devenir terriblement moderne et d’avant-garde. Et vous, vous allez finir par apparaître comme un symbole de la modernité. Qui l'eût cru ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau pour Philippe | 03 octobre 2006 à 13:10
Loin de moi l'idée de vouloir avoir le dernier mot dans un débat crucial où il apparaît évident que ce n'est pas notre génération qui verra la solution du problème.
Marcel, vous serez d'accord avec moi que la Paix de Dieu ne concernait que les chrétiens entre eux : au passage du premier millénaire, les guerres privées en Europe ravageaient les campagnes. La Paix de Dieu, en instaurant un nombre de jours croissants où il était interdit de se battre, tendait à éradiquer la guerre entre chrétiens. La solution miraculeuse fut trouvée avec la Croisade : éloigner les guerriers en leur donnant des territoires à conquérir sous le couvert de la défense des Lieux saints (qui ne furent pourtant jamais mis en danger par les arabes, qui respectèrent dès la conquête de Jérusalem, tous les lieux chrétiens et la libre circulation des pèlerins.). La prise de Jérusalem par les croisés fut un massacre épouvantable, massacre de musulmans, mais aussi des chrétiens indigènes soupçonnés d'être partisans des arabes. L'appel à la croisade, théorisé, écrite noir sur blanc, est en tout point semblable à la conquête arabe : la libération des lieux saints ne fut qu'un prétexte pour s'emparer de terres parfois mêmes chrétiennes (mais byzantines et non papistes). C'était archi-temporel ! Rappelons quand même le souvenir calamiteux qu'ont laissé les Chevaliers de Malte à Malte, les chevaliers teutoniques en Pologne : ces saints hommes avaient une conception très musclée de la Paix de Dieu !
La Paix de Dieu, qui préserve le chrétien d'être tué par un autre chrétien, trouve son répondant dans les instructions de Mahomet, reprises récemment par Al Quaida : un musulman ne doit pas faire couler le sang musulman.
Certes l'époque est différente, et c'est pourquoi je pense que le fanatisme musulman durera moins longtemps que le fanatisme chrétien. Mais le moyen-âge des esprits fait fi des avancées technologiques : l'homo sapiens évolue bien moins vite qu'une puce électronique.
Je ne vois pas bien ce qui dérange dans l'idée que l'Islam ne serait pas différent par nature du Christianisme et que seule une question de timing les sépare. Que le christianisme ait été, après bien des crimes dont l'Islam n'atteindra, je l'espère, jamais le nombre, enfin réduit à la raison nous montre, par l'exemple du passé, le chemin de la solution à venir. Il ne s'agit pas d'imposer "nos valeurs" (aïe, Marcel, vieux fond colonial) mais de partager des valeurs que toutes les sociétés civilisées ont en commun, sans que l'une puisse s'en prévaloir plus que l'autre. L'intégrisme musulman sera vaincu par la raison, par la prospérité et, en cela, je partage assez l'avis de Condoleeza Rice lors de son étonnant discours à Sciences Po.
Nota (et je m'arrêterai là, promis) : Etudiant en histoire, j'étais très partisan de la réhabilitation du Moyen-Age. Les études comparées progressant, non, décidément, ce millénaire a un bilan globalement négatif dont nous payons encore les dettes intellectuelles et morales. Enfin, la violence juive, modèle théorique des violences chrétiennes et musulmanes (C'est dieu qui arme le bras des hébreux) ne serait qu'imaginaire selon les archéologues ! La fuite d'Egypte n'a pas eu lieu, la conquête de Canaan n'a pas eu lieu et les murailles de Jéricho ne sont jamais tombées car il n'y avait pas de murailles à Jéricho à l'époque ! Ce récit épique fut imaginé beaucoup plus tard pour exalter le sentiment du petit peuple juif qui rêvait de gloire et d'indépendance sans en avoir les moyens face aux appétits égyptiens, assyriens et perses...
Un grand merci à Philippe d'initier de tels débats !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 octobre 2006 à 11:31
Jean-Dominique,
Les Romains étaient-ils païens (paganus, hum, un terme chrétien, guère mélioratif qui plus est), polythéistes, ou monothéistes ? La réponse me paraît évidente. Les premiers chrétiens étaient confrontés à un monde polythéiste. Même le judaïsme s'intégrait dans ce monde polythéiste, il était parfaitement tolérable aux polythéismes environnants, tout simplement parce qu'il ne s'adressait qu'au peuple juif, n'avait pas de vocation universaliste. Le christianisme, justement parce qu'il est universaliste, était incompatible avec les polythéismes, imposant de renier tous les autres dieux. Le christianisme à eu besoin d'imposer son dieu unique. Que ce soit sur le pourtour de la Mare Nostrum, en Grande Bretagne (qui est donc ce Saint-Patrick que l'on y fête ?), ou chez les teutons, que ce soit face à des religions poliades ou face à des croyances populaires dénigrées comme superstitions.
A contrario, jamais le peuple juif n'a imposé sa religion à d'autres peuples. Les juifs n'ont imposé le dieu unique qu'en leur sein. Cette violence là était interne.
Par ailleurs, quand vous dites que Mahomet « n'invente rien » et que « la violence de ses conquêtes correspond à l'esprit du temps », je vous invite, pour mieux définir l'air du temps passé, à vous pencher sur les écrits de Saint Augustin, notamment sur le concept du bellum justum. Si vous voulez creuser la question en vous intéressant à l'après, penchez vous sur la « trêve de Dieu » et la « paix de Dieu ». Les pères de l'Eglise et de nombreux théologiens ont trifouillé les écritures pour parvenir faire coexister la non-violence du Christ avec les besoins militaires du temps, c'est vrai. Mais le tout reste sous enrobage moral ; il n'était pas question de coucher sur le papier l'apologie de la guerre. A propos de la paix de Dieu, par exemple, il n'était pas à l'ordre du jour de revendiquer publiquement le fait de guerroyer pour des objectifs très temporels - au contraire, les pouvoirs temporels acquis par certains hommes d'Eglises étaient hypocritement niés. Quant aux Hospitaliers et autres Chevaliers Teutoniques, leur voeu de chasteté se serait mal accommodé avec le promesse d'un paradis sous forme de lupanar.
Je conçois que ça puisse être irritant mais toutes les religions ne sont pas pareilles, n'ont pas la même histoire, n'ont pas les mêmes discours. Si le monde musulman à des contours de monde médiéval chrétien, le monde musulman en l'an 2006 ne connaît en rien les problématiques médiévales, tout comme nous avons en France une vision du monde médiéval du plus négatif souvent absurde (en dépit de l'apport d'historiens comme Jacques Le Goff)
Ceci étant précisé, il n'est guère utile que les esprits d'échauffent : nous sommes tous céans d'accord sur l'essentiel, c'est l'essentiel.
Vous avez raison, il faut soutenir les musulmans progressistes. Mais nous savons tous qu'on n'aide pas en fournissant une cargaison de poisson à celui qui ne manifeste aucune envie d'apprendre à pêcher.
Je persiste, on peut aider le monde musulman, mais il faut d'abord qu'il nous dise en avoir envie, de notre aide et de nos valeurs.
Veronique,
La question du rapport entre Islam et islamisme est assurément délicat. Je pense que c'est donner dans un ethnocentrisme peu capable de nous éclairer sur le monde que de faire une équation entre l'Islam et le Christianisme.
A ce sujet, je vous invite à lire Jean Flori, Guerre sainte, jihad, croisade. Violence et religion dans le christianisme et l'islam, Paris, Seuil, 2002.
Ca se lit très bien, je pense que ça peut être intéressant même pour des gens qui ne sont pas versés dans les sujets d'histoire (car je dois préciser qu'il s'agit d'un ouvrage d'histoire, scientifique, pas d'un roman ou d'un essai). Ca donne en tout cas quelques clefs de compréhension des divergences entre religions.
Quoi qu'il en soit, je suis d'avis que ce n'est pas aux athées ou aux chrétiens de résoudre la question du rapport entre Islam et islamisme. Je pense que c'est aux musulmans de trancher. On ne peut pas s'imposer à une religion venant de l'extérieur. C'est aux membres de l'ekklesia, de la sunna devrais-je dire, de statuer.
Sinon, l'été dernier je suis en effet allé à la plage. Je n'ai pas fait attention au sujet des attributs mammaires éparpillés sur le sable fin. Je ne sais pas si c'est un puritanisme des esprits qui est à l'oeuvre, quoi qu'il en soit moi ça ne me déplait pas de pouvoir regarder vers nulle part sans prendre le risque de fixer sans m'en rendre compte une demoiselle semi-dénudée (très inconvenant). En plus je trouve l'étalage anti-érotique, sabotant les joies de la découverte. Mais là nous nous éloignons du thème de la religion, car en fait de mystères il n'est plus question de ceux d'Eleusis ici.
Que l'interdiction du string soit un diktat religieux, je n'en sais rien, je ne trouve pas la suggestion ininitéressante, même si je n'oserais pas à en faire une affirmation.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 02 octobre 2006 à 21:24
en reparlant de vos écrits jamais vains monsieur Bilger ," ça sonnait comme une fable de ma fontaine ", dirai-je plus tard me remémorant les heures passer à vous élire en votre blog au log in si aisé !
Le risque, la paille et la poutre !
une belle fable si peu à fable mais quelle chute : pas d'immoralité mais une moralité !
"comment bien faire ses à Dieu ? "
je penche perso pour celle-ci :
point de risque de se prendre une poutre sur son chapeau de paille si intrépide !
vous connaissant , je suis certain que vous m'assignez tout de suite
:-)
Cactus qui se cygne juste avant que le les oiseaux de mauvais augure ne reviennent avec l'automne , porteur de tous les maux déjà inaugurés à l'-allez- au printemps dernier ( mais j'arrète car déjà il tonne : je sais , ce n'est pas un scoop )
bien à vous !
Rédigé par : cactus | 02 octobre 2006 à 20:42
OUI, Marcel, des options religieuses ou culturelles différentes doivent pouvoir coexister pacifiquement au sein d’un même pays. Je ne suis pas très érudite sur l’islam mais faut-il le confondre avec l’ islamisme ? Évidemment, écrivant cela , je vous sens sourire, avec d’autres, de ma supposée naïveté " humanitaire ". Mais les mots sont aussi faits pour différencier et hiérarchiser les choses.
Sur la même page du Figaro du 19 septembre, il y a un texte d’A. Sfeir. IL est bon, me semble t-il de le lire également.
Maintenant , NON, je n’approuve pas une collectivité locale qui aménage des horaires dans les piscines exclusivement pour les femmes. Car vivre en France implique de respecter un principe de Laïcité, des valeurs républicaines et d’accepter, sans aucune condition, la liberté les femmes.
Pour revenir à l’article de M. Redeker, pourquoi a t-il écrit que l’interdiction du string à Paris-Plage est une " soumission plus ou moins consciente aux diktats de l'islam " ? Il me semble que ce sont plus l‘air du temps et un certain puritanisme des esprits qui soient à l‘origine de cette interdiction.
Allez-vous à la mer, Marcel ? Depuis quelques années, de moins en moins de femmes enlèvent le haut et de plus en plus d’entre elles hésitent à le faire . Est-ce en raison " d'une soumission inconsciente aux diktats de l’islam et de l’islamisme ? " Ou n'est-ce pas plutôt les temps qui changent ?
Pour finir, je renouvelle mon soutien entier à Philippe et à R. Redeker qui a le droit absolu d‘écrire ce qu‘il pense.
Rédigé par : Véronique Raffeneau pour Marcel | 02 octobre 2006 à 18:02
http://www.gaucherepublicaine.org/
...on peut avoir une sensibilité de droite et se retrouver d'accord sur ce point avec la gauche républicaine et laïque...
Merci à Marcel P. et Jean-Dominique R.pour la très grande qualité de leur intervention: j'ai beaucoup appris et les en remercie... comme les autres intervenants, d'ailleurs !
Rédigé par : sbriglia | 02 octobre 2006 à 17:50
Merci M.Bilger pour cet article. M. Redeker est actuellement lâché par son ministre de tutelle. Aujourd'hui la liberté d'opinion est bafouée dans notre pays ainsi que la liberté d'aller et venir d'un homme. Je trouve ça fort inquiétant. L'intervention du président du culte musulman me semble être une urgence.
Rédigé par : NPC | 02 octobre 2006 à 17:11
Ah j'oubliais ! Comme on dit chez nous :
Si la religion n'existait pas, il ne faudrait pas l'inventer.
Rédigé par : asteroid257 | 02 octobre 2006 à 13:32
Pour Bulle, vous écrivez:
"Comment peut-il affirmer tant d'inexactitudes sur l'islam en les mêlant à d'exacts comportements islamistes ?"
Sans qu'il soit besoin d'examiner le bien-fondé de ce que Monsieur Redeker a écrit je pense qu'on peut tous être d'accord pour considérer que les menaces dont il fait l'objet ne pourront jamais être justifiées.
Peut-être se trompe-t-il, peut-être a-t-il blessé des Musulmans à travers cet article.
Mais dans ce cas, pourquoi ne pas lui répondre avec les même moyens que ceux qu'il a employés ?
Pourquoi d'autres intellectuels musulmans ou pas ne lui répondent-ils pas à travers d'autres articles. Je suis sûr que le Figaro serait tout disposé à publier cette réponse.
Comment peut-on justifier de telles menaces ?
Pourquoi ceux qui se sentent blessés ne lui intentent pas un procès pour obtenir réparation du préjudice subi ?
Bref, il y a tellement de moyens pour répondre, contredire ce qu'untel écrit qu'on n'imagine pas possible d'en arriver à de telles extrémités.
Le pire ? C'est que ceux qui profèrent ces menaces risquent de discréditer tous ceux qui, musulmans modérés (vrais musulmans pourrait-on dire ?), n'ont rien à voir avec ces fanatiques.
Rédigé par : asteroid257 | 02 octobre 2006 à 13:24
Non, Marcel, non ! Certes, ce n'est pas le sujet que développe Philippe dans sa note, mais enfin, je ne laisse pas passer des interprétations fausses.
J'ai écrit que le christianisme n'avait pas besoin de se référer à une queconque violence dans la mesure où il s'est développé sur un terreau monothéiste. Ce qui rend le judaïsme et l'islam très proche, ce sont les conditions de leur naissance : tous deux sont nés dans un environnement païen et avaient donc besoin d'imposer le dieu unique, contrainte qui ne s'est pas imposée au Jésus de Palestine déjà monothéiste. Mais, dès l'instant où les chrétiens se sont retrouvés en force confrontés au paganisme, la violence a aussitôt commencé. La violence est consubstantielle au monothéisme.
Mahomet théorise davantage le concept de communauté politico-religieuse, sous-jacent dans l'Ancien Testament et mis en pratique dans l'Empire romain avec Constantin. Il n'invente rien, ni la guerre de conquête, ni l'exclusion des autres, ni les règles morales, mais, arrivant 6 siècles après dans une société familiarisée à l'écrit, il le couche noir sur blanc. La violence de ses conquêtes correspond à l'esprit du temps. Se souvenir de la brutalité effrayante des croisades ou de la reconquista espagnole. A l'époque, partout on égorgeait sans discuter.
Aujourd'hui les musulmans vivent dans une double terreur : terreur intellectuelle d'un entourage jamais sûr (voir la tyrannie religieuse exercée par de jeunes hommes sur leur famille) et terreur métaphysique (s'opposer à l'intégriste, n'est-ce pas offenser dieu?). Nous sommes donc dans une situation totalement comparable à celle que vivaient les florentins avec Savonarole, les genevois avec Calvin ou encore les espagnols avec Torquemada et l'inquisition. Eh oui, l'islam a un décalage de 600 ans et vit son moyen-âge, c'est pas facile pour eux.
Un peu partout émergent des groupes de musulmans laïcs (www.manifeste.org) et qu'il faut soutenir.
La solution viendra du monde musulman et du soutien effectif que nous pourrons apporter aux éléments les plus progressistes de cette communauté. Par la force des choses, le moyen-âge musulman durera moins longtemps que le nôtre.
En conclusion, je recommande la lecture savante mais réjouissante du livre d'Israel Finkelstein "La Bible dévoilée", où l'archéologie nous démontre que Yahvé était, à l'origine, une sorte de Zeus juif, avec une femme, Eshera, et avec une multitude d'autres divinités associés. La foutaise de la révélation explose en vol.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 octobre 2006 à 12:09
Jean-Dominique, vous dites que « le monde musulman ne met pas nos libertés en péril : la liberté des musulmans est la première qui soit sacrifiée sur l'autel de la religion, les victimes de l'intégrisme musulman sont les musulmans eux-mêmes. Un récent sondage nous montre que [...] »
Les sondages récents nous promettaient un second tour Chirac / Jospin. Les sondages récents n'engagent que ceux qui y croient.
Le fait est qu'en l'état actuel des choses, le monde musulman met nos libertés en péril. Avez-vous vu Dalil Boubakeur, par exemple, accourir à la défense de la liberté d'expression ? Avez-vous vu le monde musulman en Europe défendre la liberté d'expression des Danois, ou avez-vous vu des manifestations où des individus scandaient des « après le 9/11, c'est le tour de l'Europe » ? Avez-vous vu notre propre société imposer la liberté d'expression comme droit inaliénable, ou avez-vous vu la chaîne de magasin Carrefour revendiquer, dans les pays musulmans, dans ses magasins le fait de boycotter les produits danois ?
Vous dites que les musulmans sont les premières victimes des intégristes. Il serait bon que l'absence de consentement de leur part se manifeste.
Lorsque le Front National dans les années 1990 louait le Palais des Congrès à Strasbourg, Catherine Trautmann, alors maire, ne lui refusait pas la liberté d'expression. Non, elle organisait une manifestation. Elle respectait le droit de quelqu'un dont elle ne partageait pas les idées, elle respectait le sens de son mandat de maire en ne l'abusant pas, elle prenait position en tant que citoyenne, pour ne pas rester les bras croisés devant ce parti ni pratiquer de terrorisme intellectuel.
Tant que le monde musulman ne clarifiera pas son rapport avec ses dangers, on sera contraint de suspecter le danger partout. C'est dommage mais il n'existe aucun moyen objectif (certainement pas un sondage) pour faire le tri, pour savoir qui soutien quoi et comment.
Vous dites aussi « L'Islam n'est ni plus ni moins violent que le judaïsme ou le christianisme : il est de même nature ». Pour ma part, j'observe que : le Dieu de l'Ancien Testament, le dieu juif donc, est un dieu vengeur prêt à exterminer tous les enfants d'Egypte ; Jésus-Christ, a contrario, est un non-violent patenté, refusant de prendre les armes face aux Romains, au dépit de nombreux juifs qui espéraient voir là la venue d'un nouveau chef de guerre, un nouveau messie, ne se contentant pas de la bonne parole mais d'actes face aux Romains tel Moïse face aux Égyptiens (d'où le choix de Barrabas : non pas parce qu'il était sympa, mais par la haine que suscitait la déception de ce messie pacifiste). Je constate qu'il a fallu longtemps avant que des chrétiens puisse faire de bons soldats, prennent des armes (sans doute l'idéal de non-violence était-il intenable à long terme ; à force de tendre l'autre joue, on risque de disparaître). Je constate que Mahomet de son côté n'eut aucun mal à prendre les armes et à ne pas laisser à César ce qui lui appartient, c'est à dire à d'emblée revendiquer un pouvoir temporel et non simplement spirituel - il fit ce que nous avons précisement rejeté en développant le concept de laïcité. Je constate que la vision du paradis qu'il propose repose sur le charnel que le christianisme dénigra en bloc, promettant moultes vierges pour ceux tombant les armes à la main. On peut certes comparer l'idéologie de l'Islam à certaines formes du christianisme, à son évolution sur les questions militaires au fil du siècle - après tout, se croiser, n'était-ce pas la garantie d'un avenir céleste ? On ne se surprend guère que l'Islam, néanmoins, rejeta le christianisme, prenant la concept de la trinité pour preuve de corruption.
Si l'on retire au judaïsme le droit de régir la vie de tous, si on le cantonne à la sphère privée, il reste la religion des juifs - du moins des juifs qui ne sont pas athées.
Si l'on retire au christianisme le droit de régir la vie de tous, si on le cantonne à la sphère privée, il reste l'image du christ non-violent doué du talent de pardonner.
Que reste t-il de l'Islam si on impose au musulman d'être plus « soumis » dans la sphère publique à autrui qu'à dieu ?
Toutes les religions appellent à l'orthodoxie. Toutes, sans doute, fonderaient des théocraties, si elles le pouvaient.
Mais il serait trop simple de croire que toutes puissent avoir le même rapport à la laïcité.
Ca n'est pas chic à dire, j'en conviens, ça bafoue l'égalitarisme absolu, mais le monde musulman sur ce point doit encore se déterminer. Le flou a un arrière-goût de statu quo trop important pour qu'il ne paraisse pas menaçant.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 02 octobre 2006 à 09:27
C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu sur le net l'article de Robert Redeker, après avoir appris quelles réactions il avait suscitées.
S'il m'est permis de paraphraser Voltaire, voici ce que cet article m'a inspiré : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, Monsieur Redeker, mais je suis prêt à me battre pour que vous puissiez continuer à le dire. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je pense que l'Europe devrait inscrire dans son droit, non pas une transposition littérale, mais un équivalent conforme à nos propres traditions du premier amendement de la Constitution américaine; et je pense, à titre personnel, que le droit de s'exprimer doit inclure le droit à l'invective, le droit à l'erreur et le droit à l'excès, que certaines législations nationales trop bien intentionnées protègent insuffisamment (au fait, où est la pétition pour rappeler à la Commission Européenne que cette tâche devrait avoir pour elle la priorité sur bon nombre d'autres?). Cependant, Monsieur Redeker, vous ne verrez pas d'inconvénient, je pense, à ce que, tout en m'associant à tous ceux qui condamnent sans ambiguïté les auteurs de menaces contre vous, je vous fasse part du peu d'estime que vous m'inspirez, pour avoir rendu un aussi mauvais service à la cause que vous prétendez défendre?
Ainsi vous souhaitiez souligner que les activistes islamistes ne tolèrent même pas la critique la plus modérée de l'Islam: dans ce cas, écrire un texte que non seulement aucun musulman, non seulement aucune personne originaire d'un pays de culture musulmane, mais même aucune personne s'étant sérieusement intéressé à l'histoire de l'Islam ne pourra manquer de juger grossièrement partisan et stupidement injurieux envers le fondateur de cette religion, et ensuite prendre l'opinion à témoin que non seulement les esprits les plus échauffés réclament votre tête- résultat que, vous le savez aussi bien que quiconque, vous auriez pu obtenir en dix fois moins de mots- mais que la majorité des musulmans répugne à sembler apporter son soutien à un texte rendu sciemment inacceptable même par les plus oecuméniques d'entre eux, quelle forte démonstration!
Et comme vous êtes bien fondé à stigmatiser l'embarras de la réaction de l'Education Nationale, après avoir rendu publique, tout en vous réclamant de votre appartenance à celle-ci, une profession de foi ausssi radicalement incompatible avec l'idée de laïcité!
Si votre but -je ne suppose pas que ce soit le cas- avait plutôt été de fournir, par l'argument du trouble à l'ordre public que vous ne pouviez pas douter de provoquer en réaction à votre article, des armes aux rédacteurs du projet de loi récemment déposé contre le blasphème, on aurait pu dire que c'était bien joué.
Mais si vraiment c'est de la liberté d'expression que vous vous souciez, elle vous remercie, Monsieur, mais elle se passe fort bien de défenseurs tels que vous.
J'espère que la police et la justice de notre pays feront preuve de l'efficacité qui convient pour mettre les auteurs des menaces de mort qui vous visent face à leurs responsabilités pénales, tout en souhaitant qu'aucun excès de zèle de ces deux institutions ne vous fasse courir le risque que vous soyez privé du bénéfice de la classique culpédothérapie dont à mon humble avis votre cas relève, et dont, j'en suis sûr, tout sincère partisan de la liberté d'expression et de la laïcité est prêt à vous apporter le réconfort".
Rédigé par : Rolland Barthélémy | 02 octobre 2006 à 04:06
M. Bilger m'a fait remarquer que traiter de "saloperie" l'article de M.Redeker sans justifier ce jugement allait à l'encontre de l'exigence de qualité dont je parlais. Mea culpa.
J'ai trouvé cet article mauvais pour plusieurs raisons. D'abord, il laisse transparaître l'ignorance de M. Redeker quant à l'objet de sa critique. "Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran" nous dit l'auteur. Or si vous ouvrez le Coran, vous ne trouverez pas grand-chose sur Mahomet. C'est la "Sunna" qu'il faut consulter pour connaître l'histoire de ce personnage. Il y apparaît certes parfois comme extraordinairement violent, notamment lors de l'époque médinoise; mais on ne peut pas arrêter là son portrait. Le prophète de l'islam est aussi présenté dans la Sunna comme un grand homme de foi, sensible et humain.
Ensuite, cet article pue la peur et la paranoïa. "Les adversaires de ce «monde libre», fonctionnaires zélés de l'oeil du Coran, pullulent en son sein". Quelle rhétorique! On se croirait dans un livre de Philip K. Dick. A lire Redeker, il y aurait un grande organisation internationale djihadiste qui voudrait faire plier l'Europe à ses diktats. Or il n'y a que quelques illuminés qui veulent faire disparaître l'Occident, et ces gens-là se trouvent dans leur majorité au Moyen-Orient.
Plus que sur la raison, cet article fonctionne sur l'affect, comme l'atteste son ton haineux, qui contraste fortement avec ce qu'on est en droit d'attendre d'un homme de culture. "Une foule hystérisée flirtant avec la barbarie": voici la description à peine malveillante que M. Redeker donne du pèlerinage à la Mecque. Il semble oublier que la ferveur religieuse offre parfois des scènes de violences ailleurs qu'en terre d'islam : les crucifiés dans les Philippines, par exemple.
Ceci dit, que l'on puisse se trouver exposé à des représailles comme M. Redeker parce qu'on émet des opinions critiquables est bien sûr intolérable. J'ai trouvé son article détestable, mais ce qui lui arrive est infiniment plus détestable, étant bien précisé que les menaces viennent de loin, de quelques "fous de dieu" prêts à tout, et que les policiers qui l'entourent ne sont pas là pour le protéger d'une vindicte émanant de la population musulmane établie en Europe.
Rédigé par : Julien | 01 octobre 2006 à 22:04
Bonjour,
Je crois que, dans l'"affaire" Redeker, il faut bien distinguer deux choses :
1) Le contenu de ce qu'il a écrit dans le Figaro, que je ne partage pas.
2) Le fait qu'un groupuscule de personnes puisse, dans notre pays de tolérance qu'est la France, condamner à mort un citoyen pour ce qu'il dit ou écrit, sans que nos autorités politiques s'en émeuvent plus que cela. C'est ce deuxième point que je trouve inadmissible (la mort contre un écrit) et c'est à ce titre que je soutiens Robert Redeker, alors même que, encore une fois, je ne partage pas ce que certains taxent chez lui d'islamophobie.
Cordialement à tous,
Lumiel.
Rédigé par : Lumiel | 01 octobre 2006 à 18:53
Un autre texte, la préface du Traité théologico-politique de Spinoza, paru en 1670 (extraits)
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Si les hommes étaient capables de gouverner toute la conduite de leur vie par un dessein réglé, si la fortune leur était toujours favorable, leur âme serait libre de toute superstition. Mais comme ils sont souvent placés dans un si fâcheux état qu’ils ne peuvent prendre aucune résolution raisonnable, comme ils flottent presque toujours misérablement entre l’espérance et la crainte, pour des biens incertains qu’ils ne savent pas désirer avec mesure, leur esprit s’ouvre alors à la plus extrême crédulité ; il chancelle dans l’incertitude ; la moindre impulsion le jette en mille sens divers, et les agitations de l’espérance et de la crainte ajoutent encore à son inconstance. Du reste, observez-le en d’autres rencontres, vous le trouverez confiant dans l’avenir, plein de jactance et d’orgueil.
Ce sont là des faits que personne n’ignore, je suppose, bien que la plupart des hommes, à mon avis, vivent dans l’ignorance d’eux-mêmes ; personne, je le répète, n’a pu voir les hommes sans remarquer que lorsqu’ils sont dans la prospérité, presque tous se targuent, si ignorants qu’ils puissent être, d’une telle sagesse qu’ils tiendraient à injure de recevoir un conseil. Le jour de l’adversité vient-il les surprendre, ils ne savent plus quel parti choisir : on les voit mendier du premier venu un conseil, et si inepte, si absurde, si frivole qu’on l’imagine, ils le suivent aveuglément. Mais bientôt, sur la moindre apparence, ils recommencent à espérer un meilleur avenir ou à craindre les plus grands malheurs. Qu’il leur arrive en effet, tandis qu’ils sont en proie à la crainte, quelque chose qui leur rappelle un bien ou un mal passés, ils en augurent aussitôt que l’avenir leur sera propice ou funeste ; et cent fois trompés par l’événement, ils n’en croient pas moins pour cela aux bons et aux mauvais présages. Sont-ils témoins de quelque phénomène extraordinaire et qui les frappe d’admiration, à leurs yeux c’est un prodige qui annonce le courroux des dieux, de l’Être suprême ; et ne pas fléchir sa colère par des prières et des sacrifices, c’est une impiété pour ces hommes que la superstition conduit et qui ne connaissent pas la religion. Ils veulent que la nature entière soit complice de leur délire, et, féconds en fictions ridicules, ils l’interprètent de mille façons merveilleuses.
On voit par là que les hommes les plus attachés à toute espèce de superstition, ce sont ceux qui désirent sans mesure des biens incertains ; aussitôt qu’un danger les menace, ne pouvant se secourir eux-mêmes, ils implorent le secours divin par des prières et des larmes ; la raison (qui ne peut en effet leur tracer une route sûre vers les vains objets de leurs désirs), ils l’appellent aveugle, la sagesse humaine, chose inutile ; mais les délires de l’imagination, les songes et toutes sortes d’inepties et de puérilités sont à leurs yeux les réponses que Dieu fait à nos vœux. Dieu déteste les sages. Ce n’est point dans nos âmes qu’il a gravé ses décrets, c’est dans les fibres des animaux. Les idiots, les fous, les oiseaux, voilà les êtres qu’il anime de son souffle et qui nous révèlent l’avenir.
Tel est l’excès de délire où la crainte jette les hommes. La véritable cause de la superstition, ce qui la conserve et l’entretient, c’est donc la crainte.
[…]
De l’explication que je viens de donner de la cause de la superstition, il résulte que tous les hommes y sont naturellement sujets (quoi qu’en disent ceux qui n’y voient qu’une marque de l’idée confuse qu’ont tous les hommes de la Divinité). Il en résulte aussi qu’elle doit être extrêmement variable et inconstante, comme tous les caprices de l’âme humaine et tous ses mouvements impétueux, enfin qu’il n’y a que l’espérance, la haine, la colère et la fraude qui la puissent faire subsister, puisqu’elle ne vient pas de la raison, mais des passions et des passions les plus fortes. Ainsi donc, autant il est facile aux hommes de se laisser prendre à toutes sortes de superstitions, autant il leur est difficile de persister dans une seule ; ajoutez que le vulgaire, étant toujours également misérable, ne peut jamais rester en repos ; il court toujours aux choses nouvelles et qui ne l’ont point encore trompé ; et c’est cette inconstance qui a été cause de tant de tumultes et de guerres. Car ainsi que nous l’avons déjà fait voir, et suivant l’excellente remarque de Quinte-Curce (liv. VI, ch. 18) ; " Il n’y a pas de moyen plus efficace que la superstition pour gouverner la multitude. "
[…]
Mais si le grand secret […] c’est de tromper les hommes et de colorer du beau nom de religion la crainte où il faut les tenir asservis, de telle façon qu’ils croient combattre pour leur salut en combattant pour leur esclavage, et que la chose du monde la plus glorieuse soit à leurs yeux de donner leur sang et leur vie pour servir l’orgueil d’un seul homme, comment concevoir rien de semblable dans un État libre, et quelle plus déplorable entreprise que d’y répandre de telles idées, puisque rien n’est plus contraire à la liberté générale que d’entraver par des préjugés ou de quelque façon que ce soit le libre exercice de la raison de chacun ! Quant aux séditions qui s’élèvent sous prétexte de religion, elles ne viennent que d’une cause, c’est qu’on veut régler par des lois les choses de la spéculation, et que dès lors des opinions sont imputées à crime et punies comme des attentats. Mais ce n’est point au salut public qu’on immole des victimes, c’est à la haine, c’est à la cruauté des persécuteurs. Que si le droit de l’État se bornait à réprimer les actes, en laissant l’impunité aux paroles, il serait impossible de donner à ces troubles le prétexte de l’intérêt et du droit de l’État, et les controverses ne se tourneraient plus en séditions.
Or ce rare bonheur m’étant tombé en partage de vivre dans une république où chacun dispose d’une liberté parfaite de penser et d’adorer Dieu à son gré, et où rien n’est plus cher à tous et plus doux que la liberté, j’ai cru faire une bonne chose et de quelque utilité peut-être en montrant que la liberté de penser, non seulement peut se concilier avec le maintien de la paix et le salut de l’État, mais même qu’on ne pourrait la détruire sans détruire du même coup et la paix de l’État et la piété elle-même. Voilà le principe que j’ai dessein d’établir dans ce Traité. Mais pour cela j’ai jugé nécessaire de dissiper d’abord divers préjugés, les uns, restes de notre ancien esclavage, qui se sont établis touchant la religion, les autres qu’on s’est formés sur le droit des pouvoirs souverains. Nous voyons en effet certains hommes se livrer avec une extrême licence à toutes sortes de manœuvres pour s’approprier la plus grande partie de ce droit et, sous le voile de la religion, détourner le peuple, qui n’est pas encore bien guéri de la vieille superstition païenne, de l’obéissance aux pouvoirs légitimes, afin de replonger de nouveau toutes choses dans l’esclavage.
[…]
Je me suis souvent étonné de voir des hommes qui professent la religion chrétienne, religion d’amour, de bonheur, de paix, de continence, de bonne foi, se combattre les uns les autres avec une telle violence et se poursuivre d’une haine si farouche, que c’est bien plutôt par ces traits qu’on distingue leur religion que par les caractères que je disais tout à l’heure. Car les choses en sont venues au point que personne ne peut guère plus distinguer un chrétien d’un Turc, d’un juif, d’un païen que par 1a forme extérieure et le vêtement, ou bien en sachant quelle église il fréquente, ou enfin qu’il est attaché à tel ou tel sentiment, et jure sur la parole de tel ou tel maître. Mais quant à la pratique de la vie, je ne vois entre eux aucune différence. En cherchant la cause de ce mal, j’ai trouvé qu’il vient surtout de ce qu’on met les fonctions du sacerdoce, les dignités, les devoirs de l’Église au rang des avantages matériels, et que le peuple s’imagine que toute la religion est dans les honneurs qu’il rend à ses ministres. C’est ainsi que les abus sont entrés dans l’Église, et qu’on a vu les derniers des hommes animés d’une prodigieuse ambition de s’emparer du sacerdoce, le zèle de la propagation de la foi se tourner en ambition et en avarice sordide, le temple devenir un théâtre où l’on entend non pas des docteurs ecclésiastiques, mais des orateurs dont aucun ne se soucie d’instruire le peuple, mais seulement de s’en faire admirer, de le captiver en s’écartant de la doctrine commune, de lui enseigner des nouveautés et des choses extraordinaires qui le frappent d’admiration. De là les disputes, les jalousies ; et ces haines implacables que le temps ne peut effacer. Il ne faut point s’étonner, après cela, qu’il ne soit resté de l’ancienne religion que le culte extérieur (qui en vérité est moins un hommage à Dieu qu’une adulation), et que la foi ne soit plus aujourd’hui que préjugés et crédulités. Et quels préjugés, grand Dieu ? Des préjugés qui changent les hommes d’êtres raisonnables en brutes, en leur ôtant le libre usage de leur jugement, le discernement du vrai et du faux, et qui semblent avoir été forgés tout exprès pour éteindre, pour étouffer le flambeau de la raison humaine. La piété, la religion, sont devenues un amas d’absurdes mystères, et il se trouve que ceux qui méprisent le plus la raison, qui rejettent, qui repoussent l’entendement humain comme corrompu dans sa nature, sont justement, chose prodigieuse, ceux qu’on croit éclairés de la lumière divine. Mais en vérité, s’ils en avaient seulement une étincelle ils ne s’enfleraient pas de cet orgueil insensé ; ils apprendraient à honorer Dieu avec plus de prudence, et ils se feraient distinguer par des sentiments non de haine, mais d’amour; enfin, ils ne poursuivraient pas avec tant d’animosité ceux qui ne partagent pas leurs opinions, et si en effet ce n’est pas de leur fortune, mais du salut de leurs adversaires qu’ils sont en peine, ils n’auraient pour eux que de la pitié.
[…]
Or l’esprit des hommes étant divers, celui-ci trouvant son compte à de certaines opinions qui conviennent moins à celui-là, de façon que l’un ne trouve qu’un objet de risée dans ce qui porte un autre à la piété, j’aboutis finalement à cette conséquence qu’il faut laisser à chacun la liberté de son jugement et le pouvoir d’entendre les principes de la religion comme il lui plaira, et ne juger de la piété ou de l’impiété de chacun que suivant ses œuvres. C’est ainsi qu’il sera possible à tous d’obéir à Dieu d’une âme libre et pure, et que la justice et la charité seules auront quelque prix.
[…]
Rédigé par : Lumiel | 01 octobre 2006 à 18:40
A Jacques Guy :
A moins d'être devenu citoyen de Monaco ou du Liechtenstein, je ne vois pas de pays sur cette terre dont vous ne pourriez pas éprouver de honte d'être le citoyen.
La France est loin d'être pourrie, elle est le théâtre de débats, parfois cruels, des débats qui la place pleinement dans le mouvement des nations, au coeur du maelström humain.
La République n'a peut-être pas la taille mannequin, elle a parfois des boutons d'acné et des crises d'urticaires, mais je l'aime pour ce qu'elle est, et passionnément encore.
Si vous avez honte d'avoir été Français, c'est sans doute que vous n'avez jamais su ce que c'était de l'être et, pour ma part, je me console aisément de ne plus partager cette communauté de destin avec une personne qui use de la "liberté chérie" de la République pour vomir le biberon qui a nourri ses premières années.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 octobre 2006 à 18:39
Bien sûr qu'il faut pouvoir tout dire : la vérité naît du débat. Telle est bien la tradition en Occident.
Ceci dit, je déplore quand même que la liberté d'expression soit toujours invoquée, dans le débat contemporain sur l'islam, pour justifier la publication de saloperies telles que l'article de M. Redeker, ou les caricatures parues il y a quelques mois au Danemark.
La liberté d'expression devrait quand même s'accompagner d'une exigence de qualité.
Rédigé par : Julien | 01 octobre 2006 à 16:37
Veronique, les propos de monsieur Redeker vous « heurtent » parce que vous « [pensez] que dans notre pays [...] peuvent coexister avec intelligence, harmonie et douceur toutes les préférences religieuses ».
L'islamisme est une préférence religieuse.
Dans une certaine mesure, le nazisme et le bolchévisme proposent des idéologies qu'on peut voir comme des préférences religieuses (si on excepte le fait que la dimension théologique y devient secondaire ou inexistante).
Peut-on coexister avec des préférences qui prônent l'extermination de l'autre, peut-on coexister avec celui qui n'a pour seul dessein que notre destruction ?
Il est louable que vous défendiez la liberté d'expression. Mais peut-on défendre ceux qu'un phénomène attaque tout en affirmant une coexistence possible avec ce phénomène ?
En 2006, on a du mal à comprendre le sens de la laïcité de combat, du ministère Combes, de la loi Ferry de 1882, de la loi Goblet de 1886 et d'une manière générale de l'esprit « bouffeurs de curés » du début du siècle. On moque les « hussards noirs », curés de la République, en soulignant qu'ils étaient aussi moralistes, voire plus, que les curés et pasteurs. On oublie que nos intégristes, nos ultra-montains, nos furieux, ne se sont pas calmés par l'harmonie et la douceur.
Ils avaient raison, ces furieux, d'ailleurs, lorsqu'ils annonçaient que s'opérait la « déchristianisation » de la société. A nous de voir si maintenant nous acceptons son islamisation par souci humanitaire.
A nous de voir si décidément il est devenu trop ringard pour nous d'imaginer « honorer la patrie par l'amour du travail, par l'honnêteté, par le respect du droit des autres » (Lavisse Ernest, Manuel d'Histoire, 1876) et de croire que demain la France sera autre chose qu'un patchwork de communautés dépourvu de valeurs communes, sans conviction d'un avenir commun.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 01 octobre 2006 à 16:07
Combat de la lumière contre les ténèbres. La catastrophe planétaire qu'est la révélation abrahamique avec ses pseudopodes israélites, chrétiens et musulmans a plongé l'humanité dans un océan de bêtises et de violences. Le très modéré Dalil Boubakeur n'a pas eu honte de dire qu'il condamnait à égale distance les violences physiques et verbales, renvoyant dos à dos Redeker et ceux qui veulent lui faire la peau. Oui, le Coran, comme l'Ancien Testament, est un long continuum d'appels à la vengeance, de menaces divines, de colères et d'anathèmes au nom d'un dieu fort irascible qui nous veut prosternés et rampants. L'Evangile est exempt formellement de cela uniquement parce qu'il se pose en héritier de l'Ancien Testament dont il n'éprouve pas le besoin de rappeler les menaces. Son histoire montre combien cette violence est inhérente à cette révélation, sitôt que les religieux sont en position de force.
Lorsque Salman Rushdie fut condamné par les ayatollahs, il s'en est trouvé en France pour minimiser la qualité des "Versets sataniques", comme pour atténuer le crime de blasphème. Lâcheté.
Et Louis Chagnon, professeur d'histoire qui avait présenté Mahomet comme un voleur et un assassin, ne fut-il pas sanctionné par l'éducation nationale ? Le Coran raconte pourtant les rapines et les meurtres des premiers compagnons de Mahomet !
Lâcheté.
Le 23 octobre 1988, un groupe fondamentaliste catholique a lancé des cocktails Molotov dans la salle de cinéma Saint Michel à Paris pour protester contre la projection du film "la dernière tentation du Christ". Cet attentat a fait treize blessés dont quatre sévères. Un autre attentat du même groupe a causé le décès d'un spectateur. Votre collègue, Philippe, a requis et obtenu le sursis contre ces terroristes.
Lâcheté.
Deux députés UMP (Raoult et Roubault) ont déposé une proposition de loi pour sanctionner le blasphème, proposition aussitôt soutenue par des groupes musulmans du 93, terre d'élection d'Eric Raoult.
Lâcheté.
Devant l'Infâme, notre société baisse scrupuleusement son pantalon, dans la crainte des colères des inquisiteurs. Religions de paix et d'amour ? Foutaises.
Non, le monde musulman ne met pas nos libertés en péril : la liberté des musulmans est la première qui soit sacrifiée sur l'autel de la religion, les victimes de l'intégrisme musulman sont les musulmans eux-mêmes. Un récent sondage nous montre que les musulmans de France, à une écrasante majorité, sont de braves gens dont la vie religieuse est aussi mollassonne que les autres habitants de ce pays, se réduisant, comme pour beaucoup de chrétiens ou de juifs, à des pratiques familiales et culturelles. Ne tombons pas dans les amalgames faciles. L'Islam n'est ni plus ni moins violent que le judaïsme ou le christianisme : il est de même nature.
Défendons partout et pour tous la liberté absolue de conscience.
Je respecte les croyants mais ne respecte pas leur croyance.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 octobre 2006 à 14:51
La liberté de la presse
En matière de presse, il n'y a donc réellement pas de milieu entre la servitude et la licence. Pour recueillir les biens inestimables qu'assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu'elle fait naître. Vouloir obtenir les uns en échappant aux autres, c'est se livrer à l'une de ces illusions dont se bercent d'ordinaire les nations malades, alors que, fatiguées des luttes et épuisées d'efforts, elles cherchent les moyens de faire coexister à la fois, sur le même sol, des opinions ennemies et des principes contraires.
TOCQUEVILLE - De la démocratie en Amérique (1833)
De la liberté de la presse
Rédigé par : Hal Eurode | 01 octobre 2006 à 13:43
"La religiosité n'est pas la foi, les conventions ne sont pas la morale, assaillir les premières n'est pas critiquer les secondes". Voici ce que disait Emily Brontë il y a déjà... Or, ce que nous servent aujourd'hui les barbus revient exactement à exalter religiosité et convention dans un déluge de haine et de violence.
Aussi longtemps que ne s'exprimeront pas avec plus de véhémence ceux des musulmans et intellectuels qui condamnent sans ambiguïté ce dogme à visée guerrière, je me sentirai en danger.
@ Monsieur Bilger, je vous verrais bien dans la peau de l'intrépide. Et je signe et défile dès que...
P.S. Pour une vision sans équivoque du rapport Islam/laïcité ou Islam/France, voir le blog de Soheib Bencheick, remarquable de courage et d'honnêteté
Rédigé par : Dominique Christau | 01 octobre 2006 à 13:34
Merci M. Bilger pour vos paroles.
Il est en effet des causes qui exigent notre investissement séance tenante. Nous avons d’ores et déjà dépassé le stade des menaces puisque les intentions suivies d'actes se multiplient dans leur sauvagerie la plus éloquente. Ce sont les ressorts, les fondements de notre démocratie qui sont en effet rognés et bafoués depuis trop longtemps pour que les dommages ne nous reviennent pas en boomerang. Il est grand temps de réagir solidairement et de marquer notre refus de la soumission à l’obscurantisme, fût-il islamo-musulman !
Rédigé par : Jenny Dutartre | 01 octobre 2006 à 11:55
Nous sommes, depuis un certain temps, sur une pente savonneuse en ce qui concerne le droit à la critique de l'Islam: "Versets sataniques", caricatures danoises, discours du pape, menaces de mort sur Robert Redeker...
Certains s'illusionnent sur une possible "révolution exégétique" pour règler le problème islamique. Or, si cette solution a pu contribuer à adoucir certaines ardeurs catholiques (via un retour aux sources), il ne peut en être de même pour l'Islam.
Comme l'a laissé entendre Robert Redeker, l'Islam est intrinsèquement violent: le Coran n'est pas de même nature que le Nouveau Testament. On peut bien sûr essayer de contraindre le texte à dire ce qu'il ne dit pas (par exemple, en transformant tous les passages violents en simples métaphores spirituelles), mais ce n'est guère crédible à terme, et malhonnête intellectuellement. D'une certaine façon, la "révolution exégétique" a déjà eu lieu, mais ce sont les islamistes qui l'on faite.
Le problème est insoluble
Rédigé par : miaou | 01 octobre 2006 à 09:23
Bulle, beaucoup , et moi en premier, sont heurtés par le propos de M. Redeker. Parce que nous pensons que dans notre pays, qui a fait dans la douleur le choix de la Laïcité, peuvent coexister avec intelligence, harmonie et douceur toutes les préférences religieuses. Ce qui n’est pas imaginable et définitivement condamnable, ce sont les invectives terrorisantes et criminelles à l’encontre de ce professeur qui, en France, a le droit à l’expression. Et que, comme l’a souligné Neville, si ses propos sont porteurs de haine religieuse, la loi peut le poursuivre. Et figurez-vous, il y a également d’innombrables espaces de liberté où qui veut, peut discuter, mettre à distance et condamner LIBREMENT la teneur de ses propos. C’est à cela que nous tenons sans aucune concession possible et qu’il nous faut expressément défendre.
Rédigé par : Véronique Raffeneau pour Bulle | 01 octobre 2006 à 06:13
mike: "Les politiques se taisent, tous à leurs petites affaires."
Et c'est bien là où le bât blesse. Votre France, je dis "votre" car, Diable merci, cela fait quarante ans que je n'y vis plus, votre France est devenue un cadavre pourrissant où les politiques sont les asticots réunis pour leur dernier festin.
Et merci à Lumiel pour la citation de Voltaire. J'ai honte d'avoir été Français... jusqu'à ce que je relise Voltaire, Montaigne, Rabelais, et tant d'autres. Hélas, les asticots les ont bouffés.
Rédigé par : Jacques Guy | 01 octobre 2006 à 00:35
Bon, ce comité de soutien à Redeker avec une manifestion nationale à Paris ? On le fait quand et qui en prend la tête ? Vous êtes partant M.Bilger?
Rédigé par : Hermione | 01 octobre 2006 à 00:10
Les politiques se taisent, tous à leurs petites affaires.
La recherche permanente du compromis au nom de la tolérance frise la compromission.
Tout ceci est dangereux et fait craindre des pogroms un de ces jours, si les musulmans de " bonne foi" aux deux sens du terme ne font pas eux-mêmes le ménage.
Je vous suis dans une pétition à venir.
Rédigé par : mike | 30 septembre 2006 à 17:49
Monsieur l'avocat Général, encore une fois bravo et merci de rappeler ce qui devrait constituer pourtant des évidences, néanmoins quelque peu oubliées ces derniers jours.
Pour ma part, épris de logique, je constate que presque personne n'a relevé le paradoxe suivant, en simplifiant les termes de ce qui est devenu l'affaire Redeker : " vous me traitez d'intolérant violent, et bien pour vous empêcher de tenir de tels propos à mon égard, j'userai de tous les moyens de coercition à ma portée, y compris vous menacer de mort, en appuyant mes menaces d'éléments prouvant que je peux les mettre à exécution ". Ceux qui raisonnent et agissent ainsi ne se rendent-ils pas compte que leur réaction-même démontre la véracité des propos dont ils proclament la fausseté ?
Il est de moins en moins contestable qu'une certaine pratique de l'Islam est incompatible avec les exigences de laïcité de notre société.
Que les musulmans, pacifiques pour la plupart, réalisent enfin leur révolution exégétique, qui ne se passera d'ailleurs pas sans soubresauts, et renoncent clairement, une bonne fois pour toutes, à cette pratique de soumission de la vie publique à la religion !
Qu'ils se désolidarisent toujours plus de ceux d'entre eux, minorité spectaculaire dont ils doivent prouver qu'elle n'est pas représentative !
Sinon, si l'Islam ne procède pas à cette révolution exégétique, il conduira les musulmans qui s'y refuseraient à une véritable schizophrénie.
Remarquez qu'elle a déjà commencé chez les islamistes, qui prônent la guerre sainte et qui contestent qu'on les traite de guerriers : si j'étais un ferme partisan de la violence comme témoignange d'une cause quelconque, je ne m'offusquerais pas qu'on me décrive comme tel, sauf naturellement si j'en avais plus ou moins honte.
De l'autre côté : que nos sociétés, enfin, ne laissent plus bafouer impunément leurs principes fondateurs sans réagir efficacement.
Si le Professeur Redeker a tenu des propos dans le but d'outrager l'ensemble des musulmans, qu'on le poursuive pour incitation à la haine religieuse.
Mais à ce que je sache, la loi qui prévoit ce délit ne le réprime pas de la peine de mort.
Par parenthèse, à en juger par les propos tenus par ce professeur chez JP Elkabbach hier matin, je ne pense pas que le Professeur Redeker ait effectivement commis l'infraction qu'on pourrait lui reprocher.
Rédigé par : Neville | 30 septembre 2006 à 16:11
La liberté d'expression, ce sont deux mots magnifiques mais qui, tel un arbre, peuvent cacher une forêt obscure... Et le texte de Monsieur Redeker manque de lumières... Comment peut-il affirmer tant d'inexactitudes sur l'islam en les mêlant à d'exacts comportements islamistes ? Comment peut-il évoquer l'écriture du Coran sans tenir compte de son contexte historique ? Comment peut-il affirmer que l'islam est une religion qui, dans son texte sacré, exalte violence et haine ? Conclusion sans équivoque : tout musulman ayant reçu une réelle éducation religieuse est donc porteur de violence et de haine.
Le texte de Monsieur Redeker est aussi violent que ce qu'il dénonce... Je ne signerai pas la pétition réclamée par tant de signatures du blog. J'en signerai volontier une sur le devoir d'être éclairé sans tous ces raccourcis indigne d'un professeur de philosophie !
Rédigé par : Bulle | 30 septembre 2006 à 14:21