J'ai suivi le feuilleton du conflit avec son entraîneur au PSG puis de son licenciement. J'ai relevé que comme Yannick Noah, Joey Starr, Lilian Thuram, il s'était abonné au dernier sport national : dire du mal de Nicolas Sarkozy. C'est devenu un must. Après tout, pourquoi pas ? On a les modes qu'on peut, les plus commodes étant celles qui suscitent l'assentiment de quasiment tous les médias. L'hostilité à Bush se sent moins seule, en France.
Mon anecdote est dérisoire. Elle n'est tout de même pas sans intérêt quand l'image qu'on dessine de Dhorasoo est certes celle d'un grand footballeur mais aussi celle d'un être atypique dans le milieu sportif, fantaisiste, décontracté, intelligent, pas obsédé par l'argent, les mannequins et le mode de vie replié de la plupart de ses collègues. Bref, quelqu'un de décalé et de sympa.
C'était juste après la désignation des joueurs pour la Coupe du monde par Raymond Domenech. J'avais accepté de participer à la "première" d'une émission sur France-Culture dont l'idée m'avait beaucoup plu. Il s'agissait de faire se rencontrer deux personnalités appartenant à des mondes totalement différents, pour un dialogue de deux heures dont une demi-heure à monter serait conservée. L'originalité de la chose tenait à ce que l'identité de votre interlocuteur ne vous était communiquée que très peu de temps avant le jour J, avec la réception d'un dossier d'information sur lui. Un footballeur et un avocat général, à la philosophie et à la vision du monde infiniment contrastées, j'étais enthousiaste pour cette expérience que ma passion de "sportif en chambre" rendait encore plus excitante.
Le rendez-vous, une semaine avant, avait été fixé dans un jardin public. Lui comme moi avions donné notre accord sans réserve à l'animatrice qui devait être présente sans intervenir. Je ne me leurrais pas. Dhorasoo et moi, si nous avions pu choisir, aurions élu sans doute d'autres partenaires. J'aurais préféré Grégory Coupet ou Jean-Jacques Goldman. Lui, je ne sais pas qui.
D'abord, au cours de la semaine, une inquiétude et des difficultés pour la garde de ses deux enfants. J'ai proposé de les accueillir chez moi où nos échanges pourraient se dérouler. Deux jours avant la date prévue, annulation. J'ai pensé que, de manière surprenante, Dhorasoo n'avait pu trouver une solution pour sa progéniture. La réalité était plus triviale. A la date fixée et acceptée par lui, il a participé à une parade publicitaire de plusieurs heures pour un quelconque sponsor.
Ce n'était rien. Mais déjà alors, le très léger écart entre l'image, absolument pas mercantile et intéressée, qu'on pouvait avoir de lui et cette dérobade m'avait surpris.
Légère déception, sentiment d'avoir été floué, regret d'avoir manqué une opportunité à laquelle je tenais. Dont il se fichait probablement. Pourquoi m'avoir donné cette fausse joie ?
Je n'ai plus jamais entendu parler de cette émission. Dommage : faire ouvrir les yeux, le coeur et l'esprit sur son apparent contraire peut faire du bien. Cela m'aurait fait du bien.
Que de conneries et de foutage, si Zizou t'avait dit qu'il n'avait pas le temps parce qu'il a de la promo t'aurais pas fait cet article , t'aurais même léché et quemandé un autographe même par agent... là c'est dhorasoo et tu veux pleurer... Faut arrêter 2 sec comme tu le dis le mec gagne plus trop d'argent donc tout contrat est bon à prendre et c'est normal.
Tu sais tu aurais pu lui proposer de lui payer ce qu'il allait gagner pour la pub, le problème aurait été reglé et il serait venu voir ta tête en face à face...
Rédigé par : lisa | 07 décembre 2006 à 21:54
Je tente une autre explication : et si le sieur Dhorasoo s'était défilé au dernier moment de crainte de ne pas être à la hauteur dans ce type d'émission ? Comme s'il avait accepté trop vite sans réfléchir...
Les excuses sur la garde des enfants, cela me fait penser (honte à moi) lorsque je me défile d'un rendez-vous qui ne m'intéresse pas !
Très entre nous ce monsieur Dhorasso, entrevu une fois sur Canal Plus, même s'il semble un peu (mais rien qu'un peu) différent de ses congénères footballeurs, ne m'a pas non plus fait sauter au plafond par la profondeur de ses analyses ! Une "confrontation" Bilger - Dhorasoo n'aurait-elle pas été risible (pour le second je vous rassure) ?
Rédigé par : Eric Nicolier | 28 octobre 2006 à 09:23
Sbriglia souligne aussi que cette émission attirait sur un terrain inconnu un des protagonistes. Avec humour, il nous dit aussi un peu toute l'incongruité de ce talk show...
On a tous eu, sauf les inconscients, dans la vie un rendez-vous qui nous a donné une peur ... bleue. Certains l'ont dominée, d'autres se sont sauvés. Dhorasoo aurait-il été un peu «capon» ? Mot que les Mauriciens emploient en créole dans le sens de peureux et non dans le sens de lâche comme en français...
Rédigé par : bulle | 28 octobre 2006 à 09:04
Vikash Dhorasoo n'est pas venu !?!!
Consolez-vous. Je viendrais, moi.
Rédigé par : Fleuryval | 27 octobre 2006 à 21:07
Lefebvre,
J'entends bien, j'entends bien. Je ne faisais que repréciser les problématiques que ces actions de Nicolas Sarkozy imposent de dégager, à mon sens. Ces trois actions font le jeu du communautarisme (surtout les deux premières, pour la troisième c'est peut-être autre chose), qui me semble être une forme moderne de racisme, c'est-à-dire le refus du droit à l'indifférence, la mise en exergue du droit à la différence comme la fin de la mixité.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 27 octobre 2006 à 18:27
Lefebvre pour Marcel,
A propos des exemples que j'ai cités, je n'ai pas dit que j'étais pour. Pas plus que je ne suis d'accord avec une revisite de la loi 1905 et pour cette obligation que pourraient avoir les maires de construire des mosquées ( voir rapport Machelon). C'est au contraire ce que je combats avec vigueur.
Je parle de ce paradoxe avec d'un côté des sportifs qui n'aident que des gens de leur communauté, ne s'indignent que pour eux et qui qualifient N Sarkozy de raciste alors qu'il ne l'est pas. J'ai mis en balance deux attitudes appuyées sur des éléments pour rejeter ce procès qui lui est fait à tort, c'est tout.
Rédigé par : LEFEBVRE | 27 octobre 2006 à 12:29
Match nul entre les pro et anti-Sarkozy. Vous n'entendez que Thuram, Noah, Starr, Dhorasoo, j'ai entendu Pascal Sevran, Johnny Hallyday, Christian Clavier, Doc Gynéco. A moins, cher Philippe, que vous n'écoutiez télé et radio que d'une oreille !
Dhorasoo vous a posé un lapin (l'imbécile, refuser deux heures avec vous dans un jardin public sous un soleil printanier !) mais dans un même papier mêler ses positions anti-Sarkozy et son impolitesse à votre égard me chagrine. Où est le lien ?
Rédigé par : Bulle | 27 octobre 2006 à 11:34
Lefebvre,
La discrimination dite positive peut être considérée comme une forme de racisme lorsque le ministre délégué au polpotisme des chances parle de pourcentages de gens d'origine maghrébine et africaine en terme d'emploi. Le racisme peut toujours être décrit comme une discrimination positive. On peut dire que le nazisme pratiquait la discrimination positive à l'égard des aryens.
Si par discrimination positive, il ne s'agit que d'adapter les moyens aux problèmes, alors la démarche est de la simple gestion, sans originalité propre (on se doute qu'il y a un intérêt à donner des avantages économiques aux zones de France en difficulté économique). Mais dès lors qu'il ne s'agit plus d'adapter des moyens mais de juger des individus sur des critères autres que leurs talents et vertus, il y a là un danger manifeste.
Concernant le CFCM, j'observe son silence concernant les crimes commis au nom de l'Islam, j'observe qu'il ne trouve pas un mot de remise en question du fondamentalisme musulman à dire lorsqu'un pape ose trouver sa religion supérieure ou lorsqu'une revue ose publier des caricatures blasphématoire. Je ne sais pas si on peut parler d'apport positif, en tout cas ce n'est pas flagrant.
Sur la « double peine », tout d'abord rappelons qu'elle n'a pas été supprimée mais qu'elle n'a été que restreinte. Ensuite, rappelons que le terme « double peine » est relativement propagandiste, comme le terme « sans papiers » pour désigner des « clandestins », car il suggère qu'il y a une exception dans le droit alors que la pluralité de forme d'une peine est une banalité dans notre droit pénal.
Si vous conduisez en état d'ébriété, on peut vous retirer le permis et vous donner une amende : voilà une « double peine ». Si vous pratiquez la bigamie, on peut vous donner une amende tout en vous déchéant de vos droits civiques civils et de famille, tout en imposant la diffusion de la décision à vos frais : voilà une « triple peine ». Si vous êtes militaire et que vous désertez, vous pouvez être condamné à de l'emprisonnement assorti d'une destitution si vous êtes en plus officier.
Ce sont des exemples pris au hasard, un nombre incalculable d'infractions prévoient des peines complémentaires (et dans certains cas des peines accessoires).
Parler de « double peine » comme s'il s'agissait d'une étrangeté dans le droit est soit acte d'ignorance soit malhonnêteté.
Lorsque ceci est dit, les opposants à la peine d'interdiction du territoire de la République embrayent généralement en disant que c'est bafouer les droits de l'homme qu'une peine complémentaire n'existe que pour une certaine catégorie d'individus. Ce discours oublie que le droit à être en France n'est acquis que pour les citoyens français (si on veut refuser à un juge pénal le droit d'interdire le territoire de la République, comment peut-on autoriser un préfet à décerner ou refuser des cartes de séjour ? Ce raisonnement pose l'abolition du droit de la Nation à gérer l'entrée en son territoire, une abolition qui n'a pour le moment jamais été décidée par le Parlement). Ce discours oublie aussi que l'idée que distinguer l'identité du mis en cause est une chose courante dans notre droit pénal : on distingue le mineur selon son âge du majeur ; on distingue dans l'exemple donné plus haut l'officier militaire du simple soldat ; dans de nombreux cas de figure, une profession peut être circonstance aggravante ; on distingue parfois les liens familiaux entre le mis en cause et les victimes.
Tout ceci montre que l'emploi du terme « double peine » est du plus discutable, qu'il est fâcheux que Nicolas Sarkozy ait revendiqué d'avoir aboli cette « double peine » sans poser le débat sur l'interdiction du territoire de la République. Peut-être était-il bon de préciser certains aspects des circonstances d'opportunité de cette interdiction, comme cela fut fait, mais c'est une erreur dramatique que de la discuter avec un tel langage, celui des ultra-contestataires, comme si en soi elle était un scandale sur le principe.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 27 octobre 2006 à 11:20
A Jean Dominique Reffait
"Ce lapin n'est pas fils de l'appât du gain, il est fils de l'indifférence."
Par ma part je n'y verrais que le comportement inné d'une génération qui ne respecte plus rien,et dont les représentants se lèvent le matin quand ils se réveillent estimant avoir assez dormi et non pas quand leur réveil sonne si toutefois ils en ont un,qui se couchent le soir ou tôt le matin sans se soucier de l'heure à laquelle ils devraient se lever le lendemain matin.
Rédigé par : dab | 27 octobre 2006 à 11:20
...et qui a sifflé le hors jeu?
@parayre :le principe du contradictoire est trop civiliste pour un pénaliste...et en l'espèce les échanges de pièces se sont traduits par des solos de reprise de volée de PB...mais si PB avait été convoqué pour un échange de tirs au but sur un terrain de foot avec VA ,peut-être aurait-il sorti de son chapeau le lapin d'une convocation imprévue à la chancellerie ou chez le PG...
Rédigé par : sbriglia | 27 octobre 2006 à 09:56
J'ai pu constater comme vous l'avez fait que Monsieur Dhorasoo était un ennemi juré de M.Sarkozy et je me pose une question: est-ce (encore une fois) du journalisme que de poser des questions "orientées" à des personnes du show bizzzzzzz alors que l'on connaît la réponse ???
Cela fait quelques temps déjà que Canal Plus demande à tous ses invités, acteurs, chanteurs, joueurs de football : "que feriez vous si Nicolas était élu président?"
Je reste perplexe quant à l'utilité d'une telle démarche.
Je dirais même plus, je suis désolée que l'on fasse faire de la politique à des personnes qui se vantent par médias interposés de fumer du cannabis, de la coke, etc etc...
Est-ce être totalitaire? extrémiste? avoir l'esprit fermé?
Pas plus tard que la semaine dernière, j'entendais Yannick Noah dire en rigolant qu'il n'avait jamais vu Florent Pagny autrement que sous l'effet du cannabis et tout ça à 20h45 !!!
Suis-je vraiment sur la même planète que tout le monde ??
Je me le demande parfois !
Et après on se plaint que les gamins manquent de repères...
Il y a des moments où je désespère...
Rédigé par : marie | 27 octobre 2006 à 09:37
Vraiment, hyper, hyper honte à moi d’avoir pu jeter le doute sur votre rusticité (au sens robuste).
J’espère, oui, j’espère très fort que ce post de fou de foot n’est pas votre façon de remettre les choses à l’endroit .
Philippe, je ne pensais pas, je le jure, pour l'appellation, Mlle de Scudéry, mais bien M. de Scudéry.
Après tout, certaines valent très largement certains. Non ?
" Et puis ce sentiment que cet apparent contraire que vous désirez ne vous désire pas. "
Je cite à nouveau cette autre grande signature de votre blog, Jean-Dominique.
Marcel, pas de panique, ne me reprochez pas de citer quelques-unes de mes références ! C’est juste une phrase que je trouve un peu déchirante et belle.
Vous vous rappelez, Philippe, quand je vous avais dit que vous m’apparaissiez, à vous tout seul, comme une sorte de " foule sentimentale ".
Cette note me dit que mon intuition est confirmée.
Rédigé par : Véronique | 27 octobre 2006 à 07:36
Et puis ce sentiment que cet apparent contraire que vous désirez ne vous désire pas. Comme si, alors qu'on s'est disposé à ressembler à ce contraire, celui-ci vous fuit sans même un regard de curiosité.
Ce lapin n'est pas fils de l'appât du gain, il est fils de l'indifférence.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 octobre 2006 à 22:57
En bon juriste que vous êtes , vous m'accorderez,je pense , que votre " charge "sur ce footballeur ne respecte guère - nous sommes en matière civile - les dispositions des articles 14 à 16 du nouveau code de procédure civile .
Rédigé par : Parayre | 26 octobre 2006 à 21:57
Pour un libéral modéré qui est attaché à des notions de travail, de service, de qualité, d'humanisme, l'ultra-libéralisme peut faire craindre que le contraire se produise. Qu'au lieu d'avoir de justes récompenses pour des valeurs, l'économie débridée élimine définitivement toute valeur morale. Par contre N Sarkozy a la subtilité de mettre les pieds dans le plat à bon escient. Il se fie à l'observation, tente d'améliorer la société et de casser ce pesant silence qui rend permissif. Il passe dessus la qualification populiste qu'on lui afflige pour aller au travail. Il bouge et fait bouger. La cabale montée à son endroit, lorsque les mots : racaille et Karsher prononcés dans des lieux et des temps dissociés, dans des contextes particuliers, est un scandale typique d'un point de vue qui se complait dans le mensonge et l'hypocrisie. Je ne me souviens pas d'avoir entendu Thuram, Noah, Dhorasoo proposer une manifestation pour Redeker,pour cet homme tué par une brute alors qu'il était descendu éteindre un feu de poubelle dans sa barre HLM pendant les "émeutes" ni même se révolter contre ce type de comportements. Les citoyens semblent mériter leur compassion en fonction de leur appartenance éthnique. Le ministre de l'intérieur a lui,abrogé la double peine, proposé la discrimination positive, créé le cfcm. C'est pourtant curieusement lui qui est taxé de racisme.
Ce genre de rdv manqué doit être terriblement décevant, l'idée d'émission est très bonne, il y a bien plus que du débat à proposer. Ceci dit, du débat serait déja bien à la télévision. Guillaume Durand et Stéphane Bern le font un peu. Pourquoi Culture et dépendance fut-elle supprimée ? Où est passée Élisabeth Lévy ?
Rédigé par : LEFEBVRE | 26 octobre 2006 à 20:35
On comprend bien votre déception, en effet. Des petits actes en disent plus sur la nature des hommes que de grandes déclarations de principe.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 26 octobre 2006 à 19:02
Un point commun peut-être entre le footeux et le candidat président cités dans votre chronique :
"Une seule ambition, la mienne !"
C'est dans les deux cas décevant et insuffisant.
Désolé de participer à l'hallali anti-Sarkozy (le pauvre...),mais là, tout de même, trop tentant....
Rédigé par : jpchaume | 26 octobre 2006 à 18:36