Il y a des crimes qui n'en finissent pas d'être commis. Ils ont tué puis discutés, défendus, voire absous, ils pourrissent les esprits et continuent de révolter, souvent dans l'indifférence générale. J'ai pensé longtemps qu'il en serait ainsi pour le dossier de Cesare Battisti. Que pouvait peser la vérité en face du matraquage audiovisuel dont ont bénéficié les seuls apologistes de cet individu, que pouvait peser l'indignation en face de Fred Vargas, de Bernard-Henry Levy et de tous ceux qui, par commodité ou snobisme, ont suivi les traces de ces illustres éclaireurs ? La formidable lucidité que donne, pour les imbéciles, le fait de n'avoir rien connu d'une affaire, de ne pas porter dans son être les stigmates laissés par le crime, comme une marque de fabrique !
Mais il ne faut jamais désespérer. Dans le Nouvel Observateur de cette semaine, un article de Marcelle Padovani est consacré au livre d'Alberto Torregia "J'étais en guerre et je ne le savais pas". La journaliste nous décrit le drame de l'auteur, sa détresse aussi, puis sa volonté, sa révolte, son combat, enfin ses certitudes. C'est l'honneur de cet hebdomadaire que d'avoir le premier ouvert la porte à la restauration de la vérité, à la force de la contradiction.
Qui est Alberto Torregiani ? Le fils de Pierluigi Torregiani, bijoutier milanais assassiné par les Prolétaires Armés pour le Communisme ( les PAC ), pour le punir d'avoir résisté lors d'une précédente attaque à main armée. Alberto, lui, sera atteint d'une balle perdue à la colonne vertébrale. Il est resté paraplégique. Il lui aura fallu beaucoup de temps pour accepter de remettre sa mémoire, qui avait tout voulu effacer, au coeur de cette horrible tragédie. Il l'a fait en écrivant ce livre en 2004.
Guillaume Perrault, étayant sa démonstration sur les incontestables sources judiciaires italiennes humiliées d'avoir été prises pour du vent, avait lumineusement démontré les charges pesant sur Battisti et sa participation notamment à cet assassinat.
Battisti a fui deux fois. Condamné par contumace à la prison à vie en Italie, il se réfugie en France en 1990. Le 10 février 2004, il est arrêté. Libéré sous la pression d'une classe intellectuelle qui se portait garante de cet honnête homme - pensez donc, un auteur ! -, il en profite pour disparaître au mois de mars 2004, contrairement aux engagements pris devant la juridiction qui lui avait accordé du crédit.
Qu'à cela ne tienne, tout s'explique. Sa double fuite est le signe éclatant de son innocence et ceux qui l'accablent ou qui doutent seulement sont des malfaisants qui n'ont pas le sens de l'écoulement du temps ni celui de l'Histoire. Le disparu publie même un livre célébré comme il se doit et BHL se commet à lui rédiger une préface. Bref, Battisti gagne sur tous les tableaux.
Et Alberto Torregiani vient gâter ce magnifique tableau de l'innocent pourchassé, qui fait si chaud au coeur de ceux qui désespérément cherchent des causes à défendre plus que des vérités à dire. Il a tout lu, tout vu, tout repris à zéro. Il a le temps, il ne peut plus bouger. Il a étudié les 150000 pages du dossier d'instruction et sa conclusion est claire, irréfutable : Battisti est coupable de l'assassinat de son père.
J'entends bien que, pour beaucoup de partisans de Battisti, les preuves sont secondaires. Elles sont même importunes puisqu'une seconde elles viennent altérer la pureté du combat politique ou, mieux encore, du soutien christique !
Mais tout de même ! Le moment venu, le livre traduit, les médias, qui ont "servi la soupe" à une vision unilatérale et confortable de l'affaire Battisti, vont-ils au moins convier Alberto Torregiani à compléter douloureusement la part occultée de la réalité, vont-ils accepter de mettre en scène la vérité plus que les célébrités ? Ce serait la moindre des élégances. A défaut, Guillaume Perrault et Marcelle Padovani constitueraient déjà d'heureux précurseurs.
Ce devrait être une démarche évidente mais j'entends déjà des phrases : c'est trop tard, on ne peut pas faire ça, cela intéresse qui, l'intelligentsia va protester. Je crains ces atermoiements, ces abstentions que la mauvaise conscience se fabrique pour continuer à s'aimer contre vents, marées et émissions.
La lecture de cet article, dans le NO, m'a procuré un bonheur sombre. Durant quelques minutes, la justice a vaincu le crime et le mensonge.
Bonsoir, vous trouverez à cette adresse les principaux extraits en mp3 d'un entretien réalisé par un ami et moi-même avec Guillaume Perrault:
http://chatborgne.canalblog.com/archives/2005/12/21/1135382.html#comments
Cordialement,
Frédéric Valandré.
Rédigé par : Frédéric Valandré | 31 octobre 2006 à 21:53
Oui, Marcel, le cas que vous évoquez est un échec de la réinsertion. Ou peut-être aussi le résultat d’une lourde erreur de diagnostic. Mais la science psychiatrique n’est pas parfaite. Pour des cas comme ceux-là, c’est à mon sens, les évaluations ou appréciations psychiatriques qu’il convient d’abord d’interroger et de discuter.
J’écris ce qui suit avec le plus de précaution possible, en regard de ceux qui ont à souffrir, immensément, des actes criminels de celui que vous citez. Si notre société a fait le choix de la réinsertion, qui peut garantir un risque zéro de récidive ? On peut avoir comme objectif d’y tendre le plus efficacement possible. Il ne faut pas avoir peur dans ce domaine de remettre en question et de repenser l’existant. Mais le risque zéro, je pense que c’est une utopie.
Je défends le principe d’une collaboration internationale en matière de criminalité et de corruption. Pour ce qui est de la peine de mort et de la perpétuité réelle, je reste attachée à votre principe: "... sauf si nous étions persuadés qu'un traitement inhumain serait réservé à l'extradé."
Mon argument est sans doute trop court, mais je n’en ai pas d’autres. J’ajoute que si vous n’êtes pas tout à fait sûr de votre propre principe, eh bien, si besoin est, je m’efforcerai de le défendre... pour vous.
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 30 octobre 2006 à 08:54
Ce qui n'est pas normal, c'est que ce soit BHL ou Vargas qui décident qui est coupable ou ne l'est pas. Après qu'un tribunal français ou italien décide en fonction du Droit ce qu'il advient de Battisti... le fiasco d'Outreau n'est-il pas venu d'un déferlement médiatique ahurissant dès la garde à vue de ces accusés à tort, qui les a tout de suite traités de monstre ? L'accusation via un journal de M.Duras n'a-t-elle pas envoyé Christine Villemin un temps en prison ? Le juge Burgaud n'a-t-il pas été lynché avant même que l'on sache ? Croyez-moi, si j'étais victime, accusé à tort ou juge même externe à l'affaire, mon ressentiment ne serait pas petit, la télévision plus encore que la presse de plus en plus et impunément détourne les histoires lorsque ce n'est pas l'Histoire, cela devient plus qu'énervant, cela devient grave. Que nous soyons informé, oui, mais que ça tourne trop souvent comme cela, il y a une dérive inacceptable.
Rédigé par : LEFEBVRE | 29 octobre 2006 à 23:23
A P. Bilger
Effectivement comme vous me le rappeliez, je pense aussi que les crimes de sang étaient exclus de ces grâces « italiennes ».
(Pour Marcel également)
Donc soit F. Mitterrand n’avait pas toutes les informations sur le dossier Battisti (étonnant) soit tout ceci relève du fait du Prince.
Il y a donc la parole de la France à respecter ce qui était l’objet de mes quelques lignes même si on peut s’émouvoir à juste titre de cette décision…
Le bon peuple a bien dû respecter la décision de non peine de mort pour Patrick Henry ce qui dans le contexte et l’époque, était dur à accepter.
Comme disait, je crois, Hemingway : d’une mauvaise chose, il faut en faire une bonne…
La grâce présidentielle doit-elle encore exister sous cette forme régalienne, doit-elle être supprimée ou aménagée ?
Il en va en premier du respect de notre Justice et des professionnels qui la servent.
Ainsi le mis en cause a assez de recours dans notre pays pour ne pas voir comme encore dernièrement un ancien sportif de haut niveau, éviter la haie de l’Appel, sachant bénéficier de facto après sa condamnation de la largesse présidentielle…
Quant aux différentes intelligentsia dites de gauche mais plutôt « gauchistes » à mon avis elles trouvent l’essence de leur existence dans moult causes « intellectualisées ».
Marcel pour l’exemple de ce psychopathe, je ne peux étant soumis au secret de ma profession, en parler comme quelqu’un qui n’a jamais eu de contact avec son entourage, victime comprise…
Je vous rejoins tout à fait cependant sur le fait qu’il doit être « en dehors de la cité » pour reprendre une formule récente de Maurice Druon à propos de tels individus.
Rédigé par : doc | 29 octobre 2006 à 23:14
Véronique,
Si on estime que « Notre pays se doit de ne pas extrader une personne qui serait condamnée [...] à une perpétuité réelle », ça signifie que les autres pays du monde devraient refuser à la France toute extradition de nombre de criminels (notamment les suspects d'assassinat, d'attentat, en bref le profil type du genre d'individu dont la gravité des agissements justifie une extradition), ceux encourant la perpétuité. Est-ce à dire que la collaboration internationale en matière judiciaire est impossible pour les crimes les plus graves ?
Concernant le(s) rôle(s) des prisons, il s'agit là de choix sociaux. Il fut un temps où l'idée de réinsertion était totalement absente. Est venu un temps où cette idée est devenue prédominante. Le droit actuel fait la synthèse des deux tendances, appuyant parfois beaucoup la seconde tendance. Mon point de vue est que la réinsertion doit être un plus, une chose à faire à tout prix une fois qu'on a au préalable protégé la société. Ce n'est ni vrai ni faux, c'est un choix.
Il en va de même pour la perpétuité. Dans les faits, presque aucun condamné ne reste enfermé à perpétuité, tout comme presque aucun condamné ne purge plus des deux tiers de sa peine à temps. Ce sont des choix. Je ne vois rien qui nous empêche d'en faire d'autres. Je vous invite à vous remémorer le cas Bodein comme exemple type de choix où la volonté de réinsertion à fait faillir le devoir de protéger la société.
(« Multi récidiviste, Pierre Bodein,
57 ans, traîne derrière lui un lourd passé pénal. Surnommé "Pierrot le Fou", l'homme alterne depuis 1969 séjours en hôpital psychatrique et en prison. Il est condamné à plusieurs reprises à des peines très importantes : 19 ans dans le Bas-Rhin, 15 ans à Vesoul, et à 28 ans en 1996.
En février 1996, la cour d'assises du Bas-Rhin le condamne à 28 ans de réclusion criminelle (réduits ensuite à 20 ans en Cassation) pour une série de 15 crimes et délits, dont des tentatives de meurtres, un viol aggravé, une séquestration, commis en 1992, lors d'une cavale sanglante de 48 heures, après s'être évadé de l'hôpital psychiatrique d'Erstein.
Il bénéficie, après huit années de prison, de la liberté conditionnelle depuis le mois de mars, en raison de ses années de détention provisoire, de confusions de peines et de remises de peine automatiques.
http://alsace.france3.fr/dossiers/3240911-fr.php)
Le pari de réinsérer cet homme fut un échec. Je trouve la liste des victimes si longue, que personnellement j'aurais pu souffrir son enfermement à vie. Je comprends parfaitement que les proches de certaines de ses victimes veuillent sa mort. Je ne sais pas si l'humanité consiste à permettre des viols et des meurtres qu'on aurait pu empêcher par l'enfermement.
J'espère que ni vous ni moi n'aurons à connaître dans notre entourage l'horreur d'un crime commis par un homme connu comme dangereux et pourtant libre par pari de réinsertion.
Heureusement, la prison n'a pas pour seul public des cas de ce genre. Mais pour moi, l'obligation est la protection de la société avant la réinsertion des condamnés. Je ne crois pas que lorsqu'un jury populaire décrète qu'un individu mérite la réclusion à perpétuité, on soit tenu ensuite de le libérer même si on n'a aucune garantie quant à son reclassement. La réinsertion doit être une possibilité offerte à tout prix aux condamnés, une chance à saisir pour eux, pas une loterie pour la société.
Je crois qu'on offre beaucoup plus aux hommes lorsqu'on leur permet de grandir que lorsqu'on s'aplatit.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 29 octobre 2006 à 19:42
Marcel, est-ce que la mort psychologique d’un individu peut être considérée comme relevant d’un pronostic vital ? Je n’ai pas de réponse à cela, mais je pense qu'il faut se poser la question.
Même si notre pays n’a pas à se " … prévaloir d'un brevet d'humanité supérieur à ces autres démocraties… ", notre pays se doit de ne pas extrader une personne qui serait condamnée à la peine de mort ou à une perpétuité réelle.
La France a un devoir de protection pour ce qui est de la vie ou de la mort.
La mission de réinsertion des prisons n’est pas " un plus " , mais bien leur seconde mission. Il n’ y a pas de perpétuités réelles en France - les juristes avertis corrigeront au besoin -. Ces personnes condamnées à la perpétuité ou à de longues peines sortent un jour de prison. De ce fait, la prison doit être à même de les y préparer au mieux. Je suis d’accord, rien ne peut se faire sans le concours actif et la volonté de la personne. Mais vous ne pouvez pas réduire ce rôle de la prison à seulement " un plus ". C’est une obligation, ne serait-ce qu’en regard de la sécurité future de la société.
Pour l'expérience. Je ne suis pas assez experte sur la défaite de 1940, pour tenter de vous contredire. d'autant plus que vous utilisez une des meilleures artilleries, si ce n’est la meilleure, le livre de Marc Bloch.
En fait , je vous parlais de casting dans des équipes de travail. Pour ces occupations très quotidiennes ou pour converser sur ce blog de sujets variés, je pense que mon casting d'expériences n'est pas trop nul, ni trop mauvais.
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 29 octobre 2006 à 18:19
Véronique,
Je suis d'accord avec vous, la réclusion à perpétuité réelle est horrible en soi. Pourtant, personnellement, j'estime que Pierre Bodein n'aurait jamais dû sortir, j'estime que Nathalie Ménigon ne doit pas sortir (je ne parle bien entendu pas des exceptions dues à un pronostic vital engagé). J'estime que la protection des innocents prévaut sur le confort des criminels aux risques de récidive notable.
Là où je veux en venir, c'est qu'on n'a pas trouvé la solution magique et idéale pour les individus qu'on ne parvient pas à reclasser (avez-vous entendu parler de ces individus, notamment des tueurs en série ou tueurs en masse, qui semblent ne pas vivre les effets chimiques et électriques, biologiques donc, de la souffrance d'autrui, de sa souffrance réelle et concrète, qui leur permet de torturer sans même être physiquement capable d'éprouver pitié et remords ?). En France, nous avions décidé que ce serait la réclusion à perpétuité qui serait la solution. Pour d'autres, c'est toujours la peine de mort. Mis à part l'idée naïve que tous les individus sont reclassables, idée qu'il est commode d'affectionner mais qui ne semble pas tenir compte d'un certain nombre de faits, il n'y a pas tant d'options que cela.
En conséquence, je ne vois pas comment nous pourrions imposer notre solution sur le sujet, étant donné qu'on peut, certes, la penser supérieure mais qu'on n'a aucun moyen de faire de cette pensée une certitude valable pour tous (j'ai déjà tenté de creuser cette question à http://riesling.free.fr/20060508.html ça peut éventuellement apporter de l'eau au moulin si nous voulions nous focaliser là dessus). C'est pour cela que j'estime que nous ne pouvons nous prévaloir d'un brevet d'humanité supérieur à ces autres démocraties qui n'ont pas fait notre choix de l'abolition de la peine de mort. Ca ne veut pas dire que la peine de mort est une bonne chose, ça veut dire qu'on ne doit pas entraver le fonctionnement de leur justice, pas plus qu'il ne serait souhaitable qu'ils n'entravent le fonctionnement de la nôtre.
Soyez assurée aussi que je ne désire pas que l'on supprime la mission de reclassement social des condamnés, j'estime tout simplement que c'est un objectif louable mais secondaire à la protection de la société. C'est un plus. Si on peut le faire, faisons-le ! Mais si on ne peut le faire sans mettre en péril la société, alors cet objectif doit être mis en veilleuse : il va de soi que tout ceci doit être du cas par cas (et que le péril de la société doit être manifeste, pas un prétexte pour en faire le moins possible). Je crois que, comme souvent finalement dans l'aventure humaine, on est allé trop loin en passant du châtiment pur et dur à l'idée qu'on peut tout réhabiliter à souhait et que cela ne tient qu'à nous (et pas en large part aussi à l'écroué).
Concernant l'expérience, comme pour la plupart des choses sur cette terre, son absence est toujours dommage mais l'excès de vertus qu'on lui prête guère profitable. Dans une équipe de travail, c'est terrible si le plus expérimenté corrompt l'inexpérimenté, c'est terrible si l'expérience devient une arme déployée contre l'imagination et la volonté. L'expérience doit être une pioche pour creuser, pas une massue pour dissuader. Evidemment, l'absence totale d'expérience de part et d'autre signifierait une absence de références, un devoir de tout réinventer qui serait souvent contreproductif (or, en matière judiciaire, le contreproductif, l'inefficace et l'erreur, peut briser des destinées humaines). Si on veut cogiter sur le thème de l'expérience, on relira l'Etrange défaite de Marc Bloch, où on apprend comment l'expérience permet parfois de faire à plusieurs reprises une guerre de retard (partir en 14 comme si on était en 70, partir en 40 comme si on était en 14 - état d'esprit), comment l'expérience donnait du crédit au grand amateur d'artillerie (l'artillerie, carte maitresse de la guerre des tranchées de la Grande Guerre), le général Pétain, et plaçait en minorité les esprits plus inventifs et lucides, le générall De Gaulle persuadé qu'il fallait se doter d'une force blindée pour pratiquer la guerre de mouvement (théorie qui plut à Léon Blum, décidement, on retombe toujours sur les mêmes ! qui dota l'armée française d'une force blindée comparable à celle du IIIème Reich, qui aurait pu peut-être être utile, si elle n'avait pas être éparpillée et utilisée comme s'il s'était agi de pièces d'artillerie statiques). L'expérience avait tort, ou plutôt le meilleur usage de l'expérience eut été de s'en servir pour observer ce qu'on ne sait pas, plutôt que pour se renforcer sur ce qu'on a observé autrefois.
Doc,
Peut-on respecter les institutions sans conviction quant aux finalités de leurs actes ? Etant entendu que « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice. », au nom de quoi pourrait-on exiger d'un citoyen qu'il ne formule aucun avis contre un élu lorsqu'il ne sent pas bien représenté ? Notre constitution à conservé le droit régalien de grâce, est-ce à dire que le président pourrait lui-même rendre justice au pied d'un chêne ? Doit-on respecter ses actes comme s'ils étaient « décisions de justice », décisions qui pourtant ne correspondent pas à une loi votée par le Parlement ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 29 octobre 2006 à 10:44
On nous parle ici et beaucoup ailleurs de respect des institutions, des personnes en charge par la République d’un devoir et/ ou d’un pouvoir.
Que l‘on discute sur le fond de Battisti, est une chose mais contester sa protection décidée par un Président de la République Française en est une autre.
On sent ici et c’est bien humain, en filigrane l’image du champion que l’on voudrait voir gagner en 2007 et si c’était lui qui prendrait une telle « largesse » vous en diriez quoi ?
La parole de Notre Président doit se respecter et telle une décision de Justice ne devrait pas être critiquée.
Voilà j’ai fait cette dérogation à ma ligne de conduite mais bon j’espère que P. Bilger aura encore l’aura humaniste qu’on lui accorde pour publier ces quelques lignes « décalées » dans l’ambiance de ce blog.
Rédigé par : doc | 28 octobre 2006 à 20:03
Marcel,
Une peine à perpétuité réelle est inhumaine. Il y a probablement des exceptions où il faut éviter à tout prix qu’une personne sorte de prison ou d’une prison- hôpital psychiatrique mais je pense que ces cas sont très rares.
Hormis ces cas, il ne me semble pas envisageable de prolonger une détention au-delà d’un temps raisonnable.
Même si on ne veut pas l’entendre, l'autre mission de la prison, après celle de la privation de liberté, est la récupération de la personne pour qu’elle soit à même de retrouver une place dans la société.
D’autre part, priver un homme ou une femme de toute possibilité de projet ou de futur, c’est effectivement la condamner à une mort. Je défends donc les remises en liberté conditionnelles pour les personnes qui ont été condamnées à la perpétuité. Je pense également que toute la difficulté pour les personnes qui doivent prendre cette décision est de trouver le bon moment où il faut le faire.
Deux mots, Marcel, sur votre réponse à GL:
L’expérience ne fait pas tout, je suis d’accord, mais ça peut être aussi un bon outil et un instrument assez fiable de navigation. L’idéal, je pense, toujours, c’est quand il y a un mélange, par exemple dans une équipe de travail, entre ceux qui ont de l’expérience, ceux qui en ont moins et ceux qui en ont d’autres, différentes et variées.
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 28 octobre 2006 à 18:58
Véronique,
Considérez-vous, sans aucun doute, la réclusion perpétuelle comme moins barbare ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 28 octobre 2006 à 14:26
Marcel, le principe que je défends, c'est celui que vous évoquez:
"... sauf si nous étions persuadés qu'un traitement inhumain serait réservé à l'extradé."
Une exécution est une barbarie. Un point c'est tout !
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 28 octobre 2006 à 05:31
Véronique,
Une question de principe impose de devoir dire quel est le principe qu'on défend.
Je ne vous demanderai pas de citer une règle de droit qui imposerait cela (au hasard, regardons du côté des accords européens qui n'ont jamais fait l'objet d'un débat en France ?), puisque notre avis en la matière n'est tenu par nulle règle de droit.
Je vous ai dit au nom de quel principe j'estime que nous ne devrions pas prendre ce paramètre en considération pour une extradition. Au nom du respect de l'impérium des démocraties, je pense que l'extradition ne saurait être refusée, sauf concernant les nationaux, sauf si nous étions persuadés qu'un traitement inhumain serait réservé à l'extradé.
En France, en 1981, nous avons décrété qu'il serait plus humain de placer en réclusion à vie des criminels plutôt que de leur donner la mort. On note que des condamnés à la réclusion à perpétuité affirment que ce sort leur paraît plus inhumain que la condamnation à mort (c'est en tout cas ce qu'ils disent, même si c'est dans un but démonstratif), cf « l'appel de Clairvaux ». Ceci permet d'estimer qu'il y a là un choix social mais qu'il est difficile, sinon de prétendre que nous sommes plus ou moins humains que les pays qui pratiquent la peine capitale, il me paraît impossible d'être sûr de soi en prétendant que nous avons la solution la plus humaine. Nous sommes libres de ne pas pratiquer la peine capitale, je pense que nous ne devrions pas nous opposer aux pays qui la pratiquent, qui pourraient d'ailleurs, s'ils raisonnaient comme nous, ne pas extrader des criminels que nous recherchons au prétexte que la réclusion à perpétuité leur paraît inhumaine.
Nous sommes là à des milliers d'encablures de l'extradition d'un pays qui pratiquerait la torture ou qui pratiquerait l'enfermement pour simples raisons politiques.
De fait, vous avez raison, c'est là une question de principe. Mais lesquels convoquez-vous ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 27 octobre 2006 à 18:44
Marcel, La France SE DOIT de ne pas extrader quelqu'un qui serait condamné à mort dans son pays d'origine.
Ne me demandez pas sur quelle loi ou sur quelle règle de droit je m'appuie pour écrire cela. Je n'en n'ai pas la moindre idée.
C'est UNE QUESTION DE PRINCIPE.
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 27 octobre 2006 à 15:27
Jean-Dominique,
Vous dites que Battisti releve du droit français. Est-il citoyen français ? A t-il commis ses crimes sur le territoire de la République ? Ses victimes sont-elles françaises ? Si ce n'est pas le cas, je ne vois pas à quel titre il releverait de notre Justice, ce serait assurément bafouer l'imperium de l'Italie.
Vous demandez si notre pratique qui consiste à ne pas extrader un individu qui risque la peine de mort est insultante ou pas. Ce n'est peut-être pas chic à dire, mais je pense que c'est en effet le cas. Je ne crois pas que notre Nation soit habilitée à dire aux autres démocraties quelles devraient être leurs lois pénales - ce serait remettre en cause la démocratie, la souveraineté populaire. Ceci étant dit, je trouve normal que par principe la France n'extrade jamais ses nationaux et les juge elle-même. Je crois qu'un citoyen français se trouvant en France a le droit d'être jugé selon notre procédure et nos lois. Mais je ne considère pas que la France ait légitimité à s'opposer à une autre démocratie, à un autre Etat de droit, concernant le jugement d'individus qui ne sont pas des nationaux. Or Battisti n'est pas un national. En la matière, je n'estime pas qu'il s'agisse de négocier, d'imposer, ce n'est pas comme ceci que je vois la collaboration internationale entre démocraties.
Concernant Paul Touvier, lui comme n'importe qui devait bénéficier de la retroactivité in mitius des lois pénales : toute loi pénale de fond plus clémente pour le condamné ou mis en cause est applicable immédiatement, car s'il a paru bon au législateur d'assouplir ou de supprimer la sanction ou l'incrimination, ce choix est censé être supérieur à la loi ancienne et doit profiter au condamné ou mis en cause (alors qu'on ne pourrait faire appliquer une loi pénale de fond qui aggrave le sort du condamné ou mis en cause, puisque cela battrait en brêche le principe de légalité des peines). Je crois que nous sommes là très loin de la problématique Battisti.
Concernant François Besse, si ma mémoire d'éléphant ne me fait point défaut, je crois que monsieur Bilger soulignait le reclassement de l'homme, le changement de l'homme. Je ne vois là pas de rapport avec Battisti et autre Ménigon qui ne renient rien de leurs actes répréhensibles passés et contestent le principe judiciaire les ayant condamnés.
Vous dites très justement que l'Italie à changé depuis les années de plomb. Pourquoi ne pas faire confiance à l'Italie d'aujourd'hui ? Si l'Italie d'aujourd'hui veut toujours enfermer Battisti, est-ce que l'on peut dire que la condamnation de Battisti est un simple résidu historique ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 27 octobre 2006 à 11:44
Nous sommes dans une société où ce sont les médias qui font la culture...
que pouvons nous en attendre qu'une vérité arrangée...
ce qui me désespère c'est que beaucoup de journalistes se permettent de faire commentaires sur des affaires dont ils ne connaissent même pas le contenu de l'intruction, qu'ils ne connaissent même pas les piliers de notre procédure pénale et de notre droit pénal!!!
existe-t-il encore des journalistes consciencieux???
Rédigé par : marie | 27 octobre 2006 à 09:27
sbriglia, je ne me lasse pas de votre appellation. C’est vrai, sbriglia, si agréable à l’oreille.
Il faudra un peu me pardonner, mais parce que j’étais un peu énervée, j’ai légèrement extrapolé votre sibyllin paragraphe : ...trop fine...(mouche) - ( Lire mes quelques lignes adressées à Parayre et à GL - Post Un Etat policé... ). C’était pour les besoins de ma cause car votre signature sur ce blog, elle est très précieuse, (au sens d’important)
Honte à moi si j’ai pu mettre en doute la rusticité - au sens Saint-Simonien (ça se dit comme ça ?) du terme - de qui vous savez.
Mais admettez que M. de Scudéry , le concernant, ça pouvait aller. Ce qui me plaisait dans la référence, c’était l’idée que Mlle de Scudéry était un esprit indépendant pour son époque et très attachée à sa liberté de paroles et d'écriture. Et aussi l'idée du salon de conversations.
" Rusticité " dans la réponse , je l’avais compris dans le sens terroir , racines, quelque chose d’assez brut. Admettez que compris ainsi, ça ne convient pas vraiment à qui vous savez.
Et qui vous savez , vous le trouvez comment, vous ?
Rédigé par : Véronique pour sbriglia | 26 octobre 2006 à 21:29
Lefebvre pour véronique,
Chère Véronique, vous m'avez fait rire en comparant monsieur Bilger à mlle de Scudéry vraiment. Je rends hommage à votre humour sans méchanceté, c'est très drôle. Je suis un adepte de Diogène le cynique, bien sûr notre hôte ne tombe pas sous cet excès. Ma comparaison va dans la démarche de sortir des vérités de façon apparement brutale, mais qui est au contraire subtile, pertinente toujours dans la logique. Il faut une bonne intelligence pour être polémiste, débattre, s'affirmer au bon moment. J'aime que l'on s'autorise encore une opinion, que l'on prenne le risque d'avoir un avis, que l'on sache se défendre. J'aime voir quelqu'un passer au-dessus de son éducation, de sa culture pour traiter un con de con surtout quand celui ci n'a pas l'habitude de la contradiction et qu'il le mérite. J'aime enfin un discernement qui reconnaît le juste où il est et non à l'endroit indiqué.
Rédigé par : LEFEBVRE | 26 octobre 2006 à 21:02
Ce n'est pas insulter la démocratie italienne que de constater qu'il existe une différence de principe sur le sujet de la contumace entre le droit italien et français.
Ce n'est pas insulter la démocratie italienne que de se souvenir qu'à l'époque de ce procès par contumace, la raison d'Etat l'emportait sur la justice.
Battisti relevant du droit français, il ne me paraît pas anormal qu'il relève des principes du droit français.
Insulte-t-on la démocratie américaine lorsque nous refusons de livrer un accusé qui risque la peine de mort ? Les Etats-Unis doivent avant tout s'engager à ne pas requérir la peine capitale pour que nour leur livrions une personne. Je pense que la France peut demander à l'Italie de s'engager sur un nouveau procès, cela n'est pas choquant.
Prenons un autre exemple si vous voulez bien : Paul Touvier a été condamné à mort par contumace en décembre 1946 par la cour de justice de Lyon. Lorsque la justice parvient enfin à lui mettre la main dessus, la peine de mort a été abolie en France ! Fallait-il pour autant exécuter la sentence ? Cela aurait été absurde.
Le procès de 1994, en sa présence, le condamne à la perpétuité.
Je renvoie Philippe à ce qu'il dit lui-même de François Besse dans le procès duquel il fut avocat général. N'a-t-il pas surpris tout le monde en requérant "soft", considérant qu'avec le temps, l'homme qui était dans le box n'était plus le même que celui qui avait été le lieutenant de Mesrine. Le temps change les hommes mais aussi les contextes et les comportements des institutions. L'Italie a changé depuis les années de plomb.
Je précise que le cas de Battisti m'indiffère au plus haut point, je n'ai jamais lu une ligne de lui, ni de Fred Vargas, je ne prise pas BHL. Je considère que sa fuite est un réflexe de survie humain, que je pourrais avoir. J'invite chacun à l'indulgence pour les attitudes qu'il pourrait avoir lui-même. Les matamores sont souvent les premiers à détaler.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 octobre 2006 à 18:08
...@Véronique :quitte à être comparé,(le faut-il?...)gardez- lui les attributs de sa virilité et pensez alors à Saint- Simon ,où la preuve que l'on peut être rustique (au sens de robuste) et précieux (au sens d'important) à la fois...
mais nommer ,Véronique ,c'est réduire...vous êtes trop fine pour cela...
Rédigé par : sbriglia | 26 octobre 2006 à 17:46
Pour LEFEBVRE
La question posée dans le livre, dont AF a assuré la direction , que je n’ai pas encore lu, mais cela ne saurait tarder , n’est pas le pourquoi , ni le comment , mais ce que PEUT la littérature.
Dans le catalogue des mes suggestions forcément simplistes, réductrices, et sans doute fantaisistes, j’ai pensé que comme épreuve de concours de sortie de l’ENM, on pouvait proposer comme sujet de dissertation:
" En regard des années de formation que vous venez d’effectuer , merci de bien vouloir considérer la question suivante, à savoir:
A quel magistrat - celui que vous êtes devenu -, confiera t-on des destins ? "
Sur C. Battisti, je n’ai pas le souvenir que son livre paru au printemps ait provoqué un raz de marée chez les libraires. " Le consensus médiatique ", ça ne marche pas à tous les coups et il peut être inopérant.
Et comme nous parlons littérature et par hypothèse, peut-on évoquer au sujet de C. Battisti " Lord Jim " de J. Conrad ? L’histoire d’une culpabilité, d’un déshonneur et d'une errance.
Ce n’est pas en faire un héros. C’est juste tenter de se rapprocher de C. Battisti confronté tous les jours de sa vie aux tragédies d'A. Torregiani.
Quant à M. Bilger et à son discernement, il y a vraiment très peu de chances qu’en cas d’un très hypothétique procès en Italie de C. Battisti, M. Bilger soit nommé avocat général. C’est-ce que je pourrais souhaiter pour C. Battisti et A. Torregiani.
Et pour en finir avec la littérature, - c’est promis -, je persiste à penser que le nom de " de Scudéry " sied bien à notre hôte. Par correction je lui ai posé la question au sujet de cette possible appellation. Il m’a fait part de son désaccord:
" Bien trop précieux pour ma rusticité. " m'a t-il répondu.
Naturellement, Madeleine de Scudéry que j’ai retrouvée grâce à vous, est très liée à la Préciosité.
Mais, franchement, M. Bilger, vous le trouvez rustique, vous ?
Rédigé par : Véronique pour LEFEBVRE | 26 octobre 2006 à 07:23
Bonjour Monsieur Bilger,
D'abord, mille pardons pour le hors-sujet que voici.
En effet, je me permets de solliciter votre avis, très autorisé, sur une question qui occupe l'actualité : celle des jurys populaires proposés par Mme Ségolène Royal.
En tant que simple citoyen, je tente de me forger un avis sur cette question, et j'avoue buter sur certains points. Ayant eu notamment l'occasion d'écouter une conférence donnée par vous et diffusée sur le site de Canal Académie, j'ai pris conscience de la maîtrise toute particulière que vous possédez de la question des jurys populaires. Certes, les jurys proposés par Mme Royal ne sont pas comparables à ceux des tribunaux pénaux. Ils sont toutefois issus du même peuple. Dès lors, pourriez-vous nous faire profiter de votre avis, de votre estimation, sur l'opportunité ou les capacités de tels jurys à remplir leurs fonctions ?
Pardonnez encore l'audace de cette petite parenthèse. Voyez-y simplement l'expression d'un lecteur de l'ombre, habituel, mais qui ose cette fois interroger le sachant que vous êtes.
Mille mercis à vous pour votre précieux blog.
Rédigé par : Tartuffion | 25 octobre 2006 à 22:48
Lefebvre pour Véronique,
Nous devons mettre en prison des gens, y compris ceux qui ont peur d'y finir leurs jours. C'est cruel, mais c'est le mieux. Qu'y a-t-il de plus juste à proposer ?
Rédigé par : LEFEBVRE | 25 octobre 2006 à 22:06
Lefebvre pour Véronique,
Je pense que comment est souvent plus pertinent que pourquoi.
Rédigé par : LEFEBVRE | 25 octobre 2006 à 21:56
Lefebvre pour Véronique,
Ce n'est pas parce qu'une caste avec laquelle je suis en désaccord critique BHL que je dois être en harmonie avec lui. Je parle de cette prise de pouvoir de la télévision où il est déterminé par avance dans un dossier ou un débat de société qui est coupable, qui ne l'est pas en fonction de critères non-objectifs. Nous ne pouvons pas demander aux juges une légitime objectivité d'un côté et laisser la justice être gouvernée par l'opinion médiatique de l'autre. Nous voyons la dérive que cela entraîne : Battisti innocent pour son talent littéraire ou non, son appartenance politique et quoi encore, son look ? S'il est innocent ou coupable, extradable ou pas. ce sont uniquement à la loi et à ceux qui la rendent de le déterminer. Des amis, des intellectuels, tout un chacun peut ensuite se faire une opinion. Le Droit doit être connu et respecté, non ? C'est une profession pointue qui demande autre chose que des présomptions de goût. Puisque la confiance se donne tôt ou tard : Sur l'affaire Battisti, je me fie quand même plus au point de vue de monsieur Bilger qui a passé sa vie au service de la justice qu'à celui de BHL qui se crée son affaire Dreyfus. Que gagnerait notre hôte a ne plus faire preuve de discernement ? Cela me fait penser à cette fameuse affaire d' Outreau où les médias avaient désigné des monstres en tout début d'enquête et qui tout à coup créent des anges se rendant compte de leurs erreurs. Le jeune juge Burgaud fut à son tour jugé par les médias avant même de passer devant la commission, sans que personne ne connaisse véritablement le fond, l'instruction et ses détails. Nous avons vu apparaître ensuite certains accusés à tort de façon récurrente dans les médias, obtenir des responsabilités dont ils n'ont ni la compétence ni la formation, voir leur réalité passée omise ou travestie... A quand une justice rendue par sms sur des impressions ? A quand une justice dont le verdict est rendu par Bataille et Fontaine ou Cauet ? Si nous décidons que c'est BHL, Vargas qui la rendent comme cela leur chante, alors nous devrons accepter le reste. Des juges qui doivent être bien dans leur fonction avec un contrôle moins corporatiste, bien sûr; une justice abandonniste qui laisse la loi aux caïds des quartiers, évidement que non; une justice rendue par la pensée unique, le politiquement correct, les personnalités, certainement jamais, ce n'est pas acceptable.
Rédigé par : LEFEBVRE | 25 octobre 2006 à 21:50
Rolland,
C'est insulter la démocratie italienne lorsque nous partons du principe que l'on ne peut se fier à sa Justice. Lorsque je dis « nous », je parle de la France, des Français, pas de Battisti.
Véronique,
Les principes qui font le Droit sont dans la loi. S'ils n'y sont pas,nul n'y est tenu.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 25 octobre 2006 à 14:39
J'ai oublié de vous dire:
Je me rappelle d'une discussion houleuse avec des amis au moment de la parution du livre de BHL sur Daniel Pearl.
le seul souci dans cette brillante assemblée: j'étais la seule avoir lu BHL et ce livre.
Rédigé par : Véronique pour LEFEBVRE | 25 octobre 2006 à 07:55
Et si BHL était sincère dans sa défense de C. Battisti. Comme l’est Jean-Dominique quand il met en avant la peur qu’a probablement ce dernier de finir sa vie en prison.
Et ce que BHL défend, ce n’est pas C. Battisti mais la fidélité à un " principe " très discutable et très contestable édicté par F. Mitterrand. Si on parle de C. Battisti, c’est aussi ce " principe " qu’il faut rappeler, mettre en cause et combattre.
Pour BHL, j’en ai assez qu’on le ridiculise pour ses prises de position. Je le lis très souvent dans " Le Point ". Il ne semble ni stalinien, ni moderniste forcené, ni représentatif de ces intellectuels qui s’obstinent à prendre la réalité, non pas pour ce qu’elle est ou pourrait être, mais comme ils désirent qu’elle soit. Et croyez-moi, BHL est beaucoup détesté par ceux-là.
Après, oui, on peut le trouver parisien, maniéré, chic, etc. Il y a quelques années, j’ai lu " L’idéologie française ". A mon niveau, et en fonction de mes connaissances d’alors, c’est un livre qui m’a permis de progresser dans l’analyse que je peux faire des idéologies françaises et des conformismes intellectuels. On peut s‘en moquer mais c‘est la vérité, la lecture de ce livre a été importante pour moi.
Pour la citation du livre où AF est directeur de publication. C’est, pour moi, une très belle et très juste définition de la littérature. Et puis, poser la question , non seulement, de ce qu’est la littérature mais de ce qu’elle PEUT. Il fallait y penser, les perspectives se transforment.
Rédigé par : Véronique pour LEFEBVRE | 25 octobre 2006 à 07:21
Marcel,
votre réponse me laisse perplexe. Ce serait, de la part de Battisti, insulter la démocratie italienne que de s'estimer dispensé de rééditer la démarche de Giorgio Pietrostefani et d'Adriano Sofri? Eux ont fait le choix de mettre à l'épreuve la confiance qu'ils pensaient pouvoir placer dans la justice de leur pays: ils peuvent en dire à présent à leurs visiteurs: si monumentum requiris, circumspice. On peut être convaincu de la culpabilité de Battisti, on peut ne pas être convaincu de son innocence, on peut trouver insupportables ses manières de bateleur, déplaisante sa façon de manipuler media et individus, agaçante sa propension à poser au héros de roman, est-il bien raisonnable de lui reprocher de ne pas avoir choisi, pour la figure romanesque qu'il entend incarner, celle de Don Quichotte?
Rédigé par : Rolland Barthélémy | 25 octobre 2006 à 02:38
"Ce devrait être une démarche évidente mais j'entends déjà des phrases : c'est trop tard, on ne peut pas faire ça, cela intéresse qui, l'intelligentsia va protester."
L'intelligentsia va protester ! Mais c'est bien sûr, et va déceler dans une telle démarche, tout naturellement, une attaque frontale contre le maire bien-aimé de Paris, dont le conseil municipal (sa majorité de gauche est-il besoin de préciser ) , en toute illégalité, avait décidé le lundi 1er mars 2004 de placer M. Battisti sous "la protection de la ville de Paris".
Rédigé par : dab | 24 octobre 2006 à 21:52
Rolland,
Considérant le point de vue de monsieur Bilger sur l'affaire Battisti, considérant le mien propre, on peut dire qu'il y a au moins deux personnes (dont une non négligeable en la personne de monsieur Bilger) qui contestent le traitement français du cas Battisti sans pour autant considérer qu'il faudrait annuler sa condamnation par la Justice italienne.
J'irais plus loin en disant qu'en tant que démocrate, je trouve très discutable de s'autoriser à insulter la démocratie italienne en bafouant sa justice.
Jean-Dominique,
Je crois que nous avons déjà eu cette discussion sur ce même blog (où alors ma mémoire d'éléphant me trompe énormement), évidemment, la fuite ne prouve ni l'innocence ni la culpabilité.
La fuite prouve par contre une tendance à la... fuite, ce qui rend incompréhensible qu'un ou des magistrats français aient maintenu cet homme en liberté alors qu'il s'agissait de statuer sur son extradition. Je me demande comment on pourrait décrire ce choix sans parler de grossière erreur d'appréciation - mais que nul ne s'inquiète, il est des professions où l'on peut grossièrement se tromper sans en payer les pots cassés.
Aussi, je ne blâme pas les Italiens de ne pas avoir des procédures d'automaticité des procès pour du beurre. Je suis personnellement circonspect quant au sens de contumace, depuis 2004 remplacé par la procédure du défaut criminel, lorsqu'il s'agit de ne faire un procès qui ne vaut si l'homme en fuite reste introuvable jusqu'à terme du délai d'extinction de l'action publique (ceci étant d'autant plus ridicule que la procédure du défaut criminel permet à l'homme en fuite d'être représenté par son avocat). Cultiverait-on en France le goût du redondant et de l'inutile, au même moment où l'on constate des manques de moyens ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 24 octobre 2006 à 18:50
Je n'ai pas la même approche : la fuite de Battisti ne démontre ni son innocence ni sa culpabilité, mais uniquement qu'il a peur de terminer sa vie en prison. Il n'y a rien de choquant à avoir peur et je connais beaucoup de donneurs de leçons qui se tailleraient fissa s'ils avaient l'estomac noué.
Je ne demande qu'une chose : que Battisti puisse bénéficier d'un procès en sa présence, procès qui serait automatique en France et qui n'est pas prévu en Italie. La France, qui refuse d'extrader vers les Etats-Unis en raison de la peine de mort, devrait refuser d'extrader lorsque les conditions d'un procès en présence de l'accusé ne sont pas assurées. Il ne me semble pas scandaleux d'exiger seulement cela.
Je n'ai pas lu les 150000 pages du dossier, je pense n'être pas le seul ici, je me garde donc de juger dans quelque sens que ce soit. C'est un principe sain auquel je m'astreins quelle que soit l'horreur qu'on me met sous le nez.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 24 octobre 2006 à 13:24
De la même façon que, suspendue aux voûtes de Lourdes, une seule jambe de bois illustrerait les vertus de la foi dans les miracles de façon plus spectaculaire que les milliers de béquilles avec lesquelles elle voisinerait, un seul procès fait à Battisti dans des conditions décentes nous en apprendrait plus sur son "cas" qu'aucune étude, si patiente soit-elle, qui ne serait basée que sur l'étude des 150000 pages du dossier d'instruction original. En effet, il n'est peut-être pas inutile de le rappeler ici, la seule revendication commune à toutes les personnes qui se sont élevées contre l'actuelle position française dans cette nouvelle "affaire Battisti", à quelques outrances médiatiques que certaines d'entre elles se soient livrées, est l'annulation de la décision qui le frappe, et la tenue d'un nouveau procès, qui en ce début de siècle pourrait se tenir dans des conditions plus sereines que le climat de pré-coup d'Etat de l'Italie des années de plomb ne pouvait en offrir. Oui, comme vous le faisiez remarquer, Monieur Bilger, dans un précédent billet, cette revendication implique une certaine méfiance vis-à-vis des institutions italiennes: méfiance que je persiste à ne pas juger dépourvue de fondement.
Rédigé par : Rolland Barthélémy | 24 octobre 2006 à 11:25
Lefebvre pour Véronique :
Je comprends exactement ce que vous exprimez. Ma réalité n'est pas votre réalité lorsque nous y mettons une interprétation. C'est tant mieux, cela fait notre diversité, je suis attiré souvent par des gens pensant différemment. Ce que je propose est de ne plus sauter le constat, le premier degré, l'observation avant de mettre l'interprétation pour être plus juste.
Finkielkraut a simplement dit ce qu'il avait vu pendant les émeutes, ce que beaucoup ont vu, ce que beaucoup de monde fait mine de ne pas voir et il s'est fait insulter (pas les casseurs), renier du P.A.F. Je parle du simple regard, pas de l'appréciation qui suit. Par politiquement correct, nous courons tous au désastre. Il a fait son travail de philosophe tout comme Onfray, Redeker, Bruckner. Il l' a fait tout comme nous le proposent Sénèque, Zénon,Marc-aurèle, Diogène, Aristote, Nietzsche. Le but est de voir le monde tel qu'il est, non tel que nous voudrions tous qu'il soit pour simplement résoudre les bons problèmes avec les bonnes solutions. J'ai la même démarche. C'est valable pour un individu et j'en suis convaincu pour une société. Il y a de grands dangers qui guettent notre démocratie à moyen terme, j'en suis persuadé comme le risque fort d'une poussée des extrêmes aux élections, une prise de pouvoir religieuse ou encore la banalisation de cette régression des mentalités qui se fait par la violence. Pour qu'une barre de fer tordue soit redressée, nous ne pouvons que la tordre avec autant de vigueur dans l'autre sens. Cela ne me plaît pas du tout, je préfèrerais que nous soyons dans la configuration de Renaud qui pense que les méchants ont de l'argent, sont de droite, ne sont pas intelligents . Je trouve ce jugement réducteur, infondé, idiot, immature et surtout faux. Je ne veux cependant supprimer cette opinion, mais en faire entendre d'autres également.
J'aime il est vrai le réel et la réalité, cette quête m'enthousiasme, me fait réfléchir, améliore ma pensée bien plus que le sudoku ou les mots fléchés. Je ne suis non plus un obsessionnel qui se prend la tête à deux mains toute la journée. J'ai heureusement de nombreux autres centres d'intérêt. Je trouve aussi que c'est une prorité en justice, même lorsque l'émanation de la vérité demande de nombreux efforts. Il est certain aussi que je ne veux pas tomber dans les appartenances pour ne pas commettre ces erreurs de parti-pris que commettent BHL et d'autres. Le communiste romantique et sanglant Battisti qui est innocent devant Berlusconi par principe, par exemple, ou Papon qui n'aurait pas dû être défendu par maître Vergès... Il y a des supports de réalité où les faits sont avérés, où la preuve est là.
L'escroquerie intellectuelle est facile pour le besoin de dogmes et de repères que nous avons tous. Avec quelques règles de rhétorique et du sophisme, il est facile de faire croire qu'un chien est un chat. Le besoin de faire confiance est si fort actuellement qu'il est enfantin de faire des abus, être honnête avec soi et les autres est plus dificile donc plus intéressant. Comme être passif intellectuellement et brouter la même herbe que tous les autres moutons est plus confortable que de prendre des risques.
Rédigé par : LEFEBVRE | 23 octobre 2006 à 18:46
Véronique,
Demander à ce que, dans un dialogue, chacun argumente au lieu de faire de simples renvois à des ouvrages n'interdit pas de saluer la publication d'un ouvrage. Il ne s'agit pas là d'être effrayé par les références bibliographiques, il s'agit au contraire de savoir dans quelle mesure il est profitable d'en faire usage ou de ne pas en faire usage. Ayez l'assurance que je ne tire pas tout d'un chapeau, je crois que l'adoration béate de références est tout aussi néfaste que la méfiance absolue de références, et ce point de vue n'est pas original, me semble t-il, parmi ceux qui ont fait des études jusqu'au troisième cycle universitaire en sciences humaines.
Je persiste, on ne débat pas à coups de références. Soit on maîtrise le contenu de ces références (on les évoque précisement en citant la référence précise pour les éléments factuels allégués - on s'assure d'ailleurs que l'élément factuel n'est pas lui-même une citation : j'ai eu le loisir d'observer la généalogie de certains éléments factuels erronés se retrouvant dans plusieurs publications, des publications se référant les unes aux autres dont le point de départ est une évaluation abusive dans un ouvrage précis ; le mic-mac aurait été identifié plus immédiatement si tous avaient directement cité leur source première, ce qui aurait du être le cas, d'autant plus que l'auteur de la source première s'est depuis fait connaître pour des prises de position absolument outrancières), soit ce n'est pas le cas et alors il est préférable de s'abstenir, de se borner à dire ce qu'on sait et pense.
Si vous me demandiez mon avis sur l'affaire Battisti, je ne vous dirais pas qu'il faut absolument lire cet ouvrage, je vous dirais que je ne connais pratiquement rien à l'affaire, sinon qu'elle fut jugée en Italie et que je fais confiance a priori à la Justice des démocraties, sinon que j'observe que la Justice française a laissé s'enfuir un individu déjà en fuite dans son pays d'origine ce qui me semble être tout à fait inacceptable. Le traitement de Battisti en France me semble aussi scandaleux que le fait que l'officier allemand ayant commandité le massacre d'Oradour-sur-Glane ait pu vivre sans être inquiété en Allemagne, alors qu'au même moment on condamnait des lampistes en France. Je pense qu'une coopération judiciaire internationale entre les démocraties passe tout d'abord par une confiance donnée a priori aux Justice des autres démocraties. Les criminels du terrorisme de gauche ont-ils trouvé en la France ce que les grabataires nazis ont trouvé en Amérique du Sud, un havre de non-extradition ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 23 octobre 2006 à 10:41
Notre siècle a les Voltaire qu'il mérite;Vargas croyant défendre Calas ou le chevalier de la Barre n'est rien d'autre qu'un(e) Lyssenko aux petits pieds ,et la lâcheté de Battisti -incapable d'affronter ses juges ou le regard du fils de Torregiani -ne saurait se vêtir des oripeaux de l'écrivain persécuté...curieuse fascination qui veuille qu'une plume entre les mains d'un assassin ,d'un pervers ou d'un terroriste ,et pour peu qu'il ait quelque talent ,provoque la même fascination béate chez nos précieuses ridicules que le serpent face à l'oiseau :hypnotisme ,engourdissement et perte de tout repère...heureusement que nous avons notre boussole morale!
Rédigé par : sbriglia | 23 octobre 2006 à 10:32
Pour LEFEBRE :
" Il n'y a pas d'accès au réel direct, pur, nu, dépouillé de toute mise en forme préalable. Il n'y a pas d'expérience sans référence : les mots sont logés dans les choses, une instance tierce se glisse entre nous et les autres, nous et le monde, nous et nous-mêmes. Et puisqu'on n'échappe pas à la médiation, puisque la littérature est décidément toute-puissante, la question est de savoir à quelle bibliothèque on confie son destin. "
Comme nous sommes, je crois, entre littéraires qui ne sont pas effrayés par les références bibliographiques.
Pour vous, et en réponse à votre culte de la réalité et de la vérité, ces quelques lignes de présentation d’un ouvrage qui vient de sortir: " Ce que peut la littérature ". Directeur de publication : Alain Finkielkraut.
Pour vous répondre sur BHL, ce sera pour plus tard.
Rédigé par : Véronique pour LEFEBVRE | 23 octobre 2006 à 06:44
merci pour cet article.
Il était temps d'entendre un peu de bon sens sur cette affaire
Rédigé par : Fred | 22 octobre 2006 à 21:48
Pour Philippe
Je pense que ce livre est très nécessaire. Et également que c'est très important pour l'idée et l’honneur que vous défendez de la Justice de mentionner sa parution ici.
Pour Marcel
Ça alors !
Le livre d'Alberto Torregiani serait-il une référence " doté(e) d'un crédit reconnu et neutre (tel un ouvrage scientifique). "
Mais il vous semble pourtant qualifié avec son auteur pour évoquer C. Battisti.
Rédigé par : Véronique pour Philippe et Marcel | 22 octobre 2006 à 20:38
BHL, le BHV de la pensée. (Je ne sais pas si c'est drôle pour quelqu'un d'autre que moi). C'est sur ce type de dérive que je polémique tout au long de mes posts. Ce n'est pas à une appartenance politique de déterminer la réalité mais à des faits. Les BHL ont décidé depuis trop longtemps qui étaient les bons et les mauvais sur des critères douteux, les exemples nous prendraient des pages. Il est effrayant de voir qu'une affaire puisse être défendue ou attaquée autrement qu'en l'ayant étudiée de l'intérieur. S'il suffisait de porter un col roulé rouge pour être dans le vrai...
Rédigé par : LEFEBVRE | 22 octobre 2006 à 20:34
Pour que ce soit tout à fait satisfaisant, pour être certain que « la justice » ait « vaincu le crime et le mensonge », encore faudrait-il avoir la certitude que si Battisti se cache en France (il publie en France... étrangement, on peut être recherché et avoir des activités sociales), il sera remis aux Italiens.
D'ailleurs, je me demande s'il n'y a pas de l'horrible en plus du tragique dans l'intérêt porté à la parole d'Alberto Torregiani. S'il n'avait pas été invalide à vie, si son statut de victime n'était pas marqué à vie et incontestablement, l'écouterait-on ?
Le Nouvel Obs semble être une forme de pendant du Figaro. Il y a beaucoup de prises de positions marquées, néanmoins on y trouve des débats. Merci à eux.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 22 octobre 2006 à 19:13