Il est extraordinaire de voir à quel point la classe politique se bat pour s'approprier, aujourd'hui, l'essence du gaullisme. Comment ne pas être surpris par ces antagonismes destinés à laisser croire qu'il y auraient plusieurs chapelles dans cette cathédrale et qu'on aurait besoin d'éxégètes ?
Il y a longtemps que les citoyens ont compris et sont allés à l'essentiel. Le gaullisme, c'est l'obligation de résistance et l'exigence de légitimité. Je crois que cette double définition permet d'y voir clair.
Surtout, on se rend compte que le gaullisme véritable appartient à tous et qu'il peut et doit nourrir toutes les professions d'ordre, d'autorité et de sûreté publique. Tous les métiers d'Etat.
Dont le mien.
J'ai croisé ce samedi un documentaire sur Mauriac des plus intéressant. Cet homme est une heureuse énigme pour moi. Comment font de telles personnalités pour partir à la guerre des années, revenir à l'écriture, repartir à l'aventure, s'investir en politique, en affaires sans perdre de leur énergie, de leur talent ?
Il y a de ces individus qui sont brillants partout, tout le temps. Comment font ils ? Je les jalouse.
Rédigé par : LEFEBVRE | 20 novembre 2006 à 18:29
Dans une page d'histoire ordinaire, jamais l'aide de camp Charles de Gaulle n'aurait pu devenir président, peut-être même pas général. Les grands événements font les grands hommes. Nous pourrions dire des propos similaires de Jaurès. Ces particularités historiques font sortir parfois ce qu'il y a de meilleur de certains d'entre nous. Saviez-vous que le président Charles De Gaulle payait ses propres factures, qu'il était intègre dans sa vie intime comme publique, c'est un état d'esprit qui en dit long sur le rôle essentiel de ces grands hommes. C'est bien l'honnêteté, les grandes valeurs qui en font un modèle à droite comme à gauche. Se revendiquer de Jaurès ou De Gaulle implique d'être à la hauteur, de savoir mettre la France en priorité, l'humanisme également. Certes l'ambition est là, mais elle n'a plus rien d'une tare, il faut, en effet, une bonne dose d'ego, de suffisance mais elle ne fait qu'ajouter prestance, charisme au représentant de la France donc à elle-même. Le symbolisme se doit d'être imposant et un roi, un président sont aussi des représentants, il ne peut guère y avoir de place dans la fonction suprême pour un "pisse-froid", un complexé effacé.
Rédigé par : LEFEBVRE | 17 novembre 2006 à 18:53
Un passant, j’ai moi aussi un faible pour P. Mendès-France. Malgré les moqueries de sbriglia au sujet du verre de lait, j’assume cette autre autorité.
Mais je crois que vous faites un peu fausse route en reprochant à Philippe sa tentation gaulliste.
Car, suite à sa phrase:
" Il y a longtemps que les citoyens ont compris et sont allés à l'essentiel. Le gaullisme, c'est l'obligation de résistance et l'exigence de légitimité. Je crois que cette double définition permet d'y voir clair. "
je rejoins l'interrogation de Jean-Dominique :
Quel essentiel ? Résister à quoi ? Légitimité, laquelle ?
Même si Marc Fievet nous a instruit hier soir à 23h46 qu’il n’ y a "Rien à ajouter, ni à retrancher ! Tout est dit."
Franchement, moi je n’y vois pas clair du tout. D’autant plus que sbriglia y va de sa troisième exigence, celle de l’éthique (10-11 15:58)
Vos craintes quant à la trop grande lisibilité gaulliste de notre hôte, je crois qu’elles ne sont pas très fondées. Dans sa cour d’assises, soyez tranquille, très peu y comprendront quelque chose, sauf, peut-être, les happy few.
Rédigé par : Véronique pour Un passant, sbriglia et M. Fievet | 11 novembre 2006 à 12:13
Meme avec ses erreurs, de Gaulle reste de loin le plus grand homme d'Etat de l'après-guerre à nos jours.
Personne n'est parfait.
Comme dirait un autre grand homme tres célèbre :
"Que celui qui n'a jamais commis d'erreurs lui jette la première pierre".
Rédigé par : Citoyen ignare | 11 novembre 2006 à 12:12
En note préliminaire, invitons ceux que le mot blitzkrieg trouble à se pencher sur les publications de l'entre-deux-guerres du colonel de Gaulle.
Évidemment, il serait d'une grande niaiserie d'imaginer que la blitzkrieg et la guerre de positions seraient en tant que telles d'actualité en 2006 en France. Ce qu'il faut voir, ce sont les oppositions qui existaient pendant l'entre-deux-guerres au sujet de la guerre de mouvement et de la guerre de position. On s'amuse par exemple de constater que Philippe Pétain était un hardi défenseur du principe de guerre de position, fort de son expérience de la guerre précédente (guerre de tranchée, donc guerre de position par excellence), persuadé que c'était pertinent d'éparpiller les chars de l'armée françaises (dont la construction fut ordonnée par Léon Blum, celui-là même que Philippe Pétain voudra faire accuser de la défaite, sans succès, au procès de Riom) au bord de routes, comme s'il s'agissait de pièces d'artillerie. Bien entendu, face aux messerschmitts et aux panzers venus concentrés, l'armée française fit risible figure, alors que numériquement, hormis en matière aérienne (ce n'est pas rien, il est vrai), elle n'avait pas de quoi rougir, notamment au regard de sa cavalerie mécanisée (ses chars donc). L'esprit conduisant à la défaite fut constant, de la conduite de la guerre au choix de la capitulation. Un esprit qui ne fait gagner aucune bataille, un esprit qui aurait dû imposer la capitulation déjà en 14, selon les mêmes critères : mais à l'époque, il y avait l'union sacrée, l'union sacrée des braves et pas celle des couards.
Je ferme la parenthèse. « Demain la guerre civile ? » demandait il y a plus de dix ans le commissaire-divisionnaire en retraite Charles Pellegrini. Lorsque des petits délinquants disposent de fusils d'assaut (mp5, voire ak-47) et s'en prennent quotidiennement à l'ensemble des citoyens, de manière globalement indiscriminée, la question devient brûlante (sans mauvais jeu de mot).
Un passant,
Il n'existe pas de République française sans de Gaulle. On peut certes adhérer ou pas à son action politique précise d'après-guerre. Mais nier l'apport de de Gaulle, c'est oublier que sans lui on aurait été au mieux un pays sous tutelle, au pire un pays vaincu.
Certaines tendances politiques ont très largement profité de la politique après-guerre menée par le général (enfin quand il n'était pas dans le désert...).
Mais la Croix de Lorraine fait partie du patrimoine français. Elle n'appartient pas à un parti ou à une doctrine.
Mon propre grand-père faisait partie de ces jeunes qui ont fui le STO et qui se sont retrouvés au sein des FFL, un peu comme Romain Gary, un peu par hasard mais aussi par héritage d'une certaine vision de la France. Cet homme fut profondement déçu en 1962, au point de ne pas trouver que des torts à l'OAS. Pourtant, je ne crois pas me tromper en disant que la Croix de Lorraine jusqu'à sa mort aura signifié quelque chose pour lui ; et de Gaulle restait un grand homme, en dépit de certains de ses erreurs graves, comme le fait d'avoir accepté de laisser des harkis désarmés au mains du FLN (erreurs au regard desquelles des divergences de point de vue politique m'apparaissent comme très secondaires).
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 11 novembre 2006 à 10:35
Désolé de briser vos illusions mais le gaullisme est mort avec De Gaulle.
C'est un truc du passé, et le passé n'est pas l'avenir
Rédigé par : Kaoru | 11 novembre 2006 à 09:04
@un passant: le mendésisme ? quesaco ? ah oui ! la distribution du verre de lait à nos chères têtes blondes !
Franchement, que PB fasse référence au gaullisme le (lendemain du) jour anniversaire du décès du Général ne me heurte guère ! Je n'y ai pas discerné ce qui pourrait offusquer le citoyen libre que vous êtes, j'imagine...
Mais, passant qui passe, prends le temps de lire avant que de juger...
PS : le sarkozysme ? le rocardisme ? des courants philosophiques ?
Rédigé par : sbriglia | 11 novembre 2006 à 06:56
Un titre «Le grand Charles et le petit Nicolas» pour une fable politique dont on aura la morale au printemps...
Rédigé par : bulle | 11 novembre 2006 à 06:48
Bonsoir,
Rien à ajouter, ni à retrancher! Tout est dit.
Marc Fievet
Rédigé par : Marc Fievet | 10 novembre 2006 à 23:46
Les gens qui me parleraient de blitzkrieg - comme d'artillerie du reste - ne me manquent guère .
La guerre-éclair comme la lente , la veille du 11 novembre de surcroît , ne me semble pas une image voire une parabole ou une image pertinentes .Décidément , le point de rupture - le scherwpunkt pour rester dans la tonalité - est atteint : la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre ( Pascal ) .
Rédigé par : Parayre | 10 novembre 2006 à 21:56
Je suis un peu inquiet de voir un haut magistrat affirmer son adhésion à un courant politique.
Le gaullisme est tout de même répudié par des courants non marginaux de la classe politique : extrême-droite réactionnaire, dont je me sens bien éloigné - mais qui n'en a pas moins le droit d'exister au sein de la République, ou mendésisme pour lequel j'avouerais bien mon inclination.
J'espère -je n'en doute pas- que votre enthousiasme pour le Général de Gaulle ne vous rend pas partisan dans votre pratique professionnelle ; mais m'étonne que sous le prétexte qu'un homme politique soit décédé on puisse se permettre ainsi de lui faire publiquement allégeance alors qu'on détient un poste à forte visibilité dans la haute magistrature. Vous ne vous permettriez certainement pas de faire état de votre sarkozysme ou de votre rocardisme. Permettez-moi, depuis mon antigaullisme viscéral, de regretter votre prise de position publique.
Rédigé par : Un passant | 10 novembre 2006 à 21:50
"sexe brisé,sexe outragé ,sexe martyrisé,mais sexe libéré"
...désolé ,mais hier était l'anniversaire de la mort du grand Charles...
c'est pour Jean Dominique,cette...saillie...
Rédigé par : sbriglia | 10 novembre 2006 à 19:23
merci à Parayre et Fleuryval de leur coopération :je vois que nous sommes entre happy few!
Rédigé par : sbriglia | 10 novembre 2006 à 19:18
Je ne sais trop pourquoi les politiciens se reclament toujours du Gaullisme.
Le Gaullisme est mort avec le général. Comment peut-on croire que ces charlatans soient les descendants légitimes d'un tel esprit? Le général est le seul homme politique pour qui j'ai eu du respect car c'était un grand homme d'Etat. Les charlatans qui s'en réclament, ont tellement de casseroles que De Gaulle qui payait ses factures EDF de l'Elysée, doit se retourner dans sa tombe.
Je me trouvais en Afrique avec un ami Colonel, qui avait servi avec Bigeard et Le Chevalier. Un des officiers dit à de Gaulle: "Mon général, il faut supprimer tous les cons"! Le général se retourne et dit: "Vaste programme...
Quant a l'indépendance de la justice...Je demande a voir...A qui voulez-vous le faire croire?
Rédigé par : Citoyen ignare | 10 novembre 2006 à 18:51
sbriglia doit , je crois ,penser "aux bons mots , petites phrases et grands discours de Ch. de Gaulle ", livre publié chez Michel Lafon ou mieux encore ,édité en " poche " chez "j'ai lu" , " Traits d'esprit " ...signé par le général .
Rédigé par : Parayre | 10 novembre 2006 à 18:41
@ sbriglia
Ne vous dérangez pas, l'opuscule est sur ma table de chevet. Charles De Gaulle - Traits d'esprit. (choisis par Marcel Jullian) - J'ai lu.
J'ai lu, c'est l'éditeur, bien sûr...
Pas ce que tout le monde prétend.
Rédigé par : Fleuryval | 10 novembre 2006 à 17:44
En matière judiciaire , il est intéressant de lire / relire le discours dit d'Epinal prononcé par le général de Gaulle le 29 septembre 1946 , peu après l'adoption par la seconde Assemblée Constituante du projet de constitution de la IV° .
On y relève notamment qu'il lui paraissait nécessaire " que chacun des trois pouvoirs publics : exécutif , législatif , judiciaire , soit un pouvoir mais un seul pouvoir , que sa tâche se trouve limitée et séparée de celle des autres et qu'il en soit seul , mais pleinement responsable .Cela afin d'empêcher qu'il règne dans les pouvoirs de l'Etat cette confusion qui les dégrade et les paralyse ; cela aussi afin de faire en sorte que l'équilibre établi entre eux ne permette à aucun d'en écraser aucun autre , ce qui conduirait à l'anarchie d'abord et , ensuite , à la tyrannie , soit d'un homme, d'un groupe d'hommes , soit d'un parti , soit d'un groupe de partis . "
Il lui apparaissait nécessaire aussi que " la Justice soit la Justice , c'est-à-dire indépendante de toutes influences extérieures , en particulier des influences politiques ."
Il ajoutait " si donc , comme il est raisonnable , la Justice s'administre en un conseil de la Magistrature , encore serait -il indispensable que ce conseil demeurât fermé aux interventions des partis ."
Rédigé par : Parayre | 10 novembre 2006 à 15:29
Je me permettrai ,très modestement ,de rajouter une troisième exigence ,celle-là même dont irradiait le Général,mais aussi -de façon prégnante-les deux Gardes des Sceaux les plus emblématiques qui l'ont servi : Edmond Michelet et Jean Foyer,à savoir l'exigence d'éthique...
C'est ,à l'évidence ce me semble ,ce qui caractérise le Gaullisme (son fils ,l'amiral ,le relevait avec justesse).
"bien entendu ,on peut sauter sur sa chaise comme un cabri et dire "le gaullisme,le gaullisme,le gaullisme",mais ça ne sert à rien et ça ne signifie rien" si ces trois exigences ne coexistent pas...
pour ceux de ma génération qui ont eu vingt ans à la mort du général,il importera ,au-delà des positions des uns et des autres,au-delà même des clivages ,de peser au trébuchet de ces trois vertus les mérites de ceux qui réclament nos suffrages...le fléau risque d'être -pour beaucoup d'entre eux-désespérément immobile...
PS pour ne pas terminer sur une note un peu amère ,je recommande la lecture d'un petit livre en collection poche, sur les petites phrases et les bons mots du Général : on y découvrira avec plaisir l'étendue ravageuse de son humour...certaines saillies sont dignes d'Audiard! Je n'ai pas les références de l'opuscule qui est dans ma bibliothèque, je le bloguerai à l'occasion...
Rédigé par : sbriglia | 10 novembre 2006 à 15:28
Y aurait-il une vie après le gaullisme ? On en doute. Y a-t-il eu une vie avant le gaullisme ? Pas davantage. Cette amnésie est lassante.
De Gaulle a dit non. Il ne fut pas le seul et n'en est pas mort comme Jean Moulin. Grand homme, certes, grand chef, oui, mais qui ne s'est jamais pensé comme le créateur d'une philosophie politique qu'on aurait d'ailleurs beaucoup de mal à discerner dans les méandres de l'action politique du personnage. Moment historique, l'exemple de De Gaulle appartient au passé. Et demain, quand il faudra résister (à quoi, à qui, on ne le sait), s'en trouvera-t-il un parmi les héritiers putatifs pour se lever? J'en doute.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 10 novembre 2006 à 15:25
Le gaullisme, en somme ,pourrait inciter (et donner le courage de recourir) a la légitime defense (cf affaire récente).
Rédigé par : mike | 10 novembre 2006 à 15:07
Toutefois, il convient parfois de se demander ce que dirait de Gaulle de ceux qui s'en réclament aujourd'hui.
Je ne suis pas convaincu que celui qui se méfiait même de l'OTAN pour garantir l'autonomie de la France (qu'on lui doit, d'ailleurs, en large partie) se réjouirait, par exemple, d'une Union Européenne qui interdit à la France de dire ce qu'est du chocolat en France (et surtout de dire ce qui n'en est pas), qui attaque les fromages à moisissures au nom d'on ne sait quelle conception hygiéniste immodérée. Je ne suis pas sûr non plus qu'il serait vraiment satisfait d'une France qui explique à ses citoyens que la mondialisation est une fatalité incontrôlable, qu'on ne peut pas au nom de la loi du marché y mettre bon ordre et y défendre les intérêts de la France. Je ne crois pas qu'il trouverait normal de laisser à l'extrême-droite les concepts de préférence nationale (qu'est-ce qu'une cité si elle ne place pas ses intérêts en premier ? Athènes devait-elle faire passer Sparte avant elle ? Athènes devait-elle faire passer Délos avant elle ? Peut-on nourrir autrui en se laissant dépérir ? Peut-on être un bon samaritain sans avoir ni huile, ni vin, ni monture ? Ne dit-on pas que pour aimer, il faut d'abord savoir s'aimer ?) et d'identité nationale (lui qui disait ne pas vouloir habiter à « Colombey-les-deux-mosquées »).
De Gaulle est-il à la France ce que Solon et sa Constitution étaient aux Athéniens ? Un doux souvenir dont absolument tout le monde se réclame, peu importe le discours tenu ?
Vous avez en tout cas raison de rappeler que la République se nourrit de tels hommes, que c'est signifiant pour tous les corps qui la protègent. Le passé ne se rejoue jamais, bien entendu. Il est dur de ne pas songer, lorsqu'on entend les solutions parfois proposées par les candidats à la prochaine présidentielles, qu'on ne manque pas de généraux Pétains mais un peu plus de colonels de Gaulle. On manque de gens qui nous parlent de blitzkrieg au lieu de nous parler d'artillerie.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 10 novembre 2006 à 14:36
Oui... cependant le gaullisme en tant que mode d'action ou de comportement n'est pas le gaullisme politique, qui a bien évolué... Les gaullistes d'aujourd'hui ne s'inscrivent pas dans la même réalité et donc dans la même expression du gaullisme des années 60.
La soumission de la classe politique devant les médias et la démocratie d'opinion est peu compatible avec le gaullisme d'origine...
Rédigé par : Genserico | 10 novembre 2006 à 14:06