« A Nice du nouveau ! | Accueil | Une photo ciblée pour un bilan orienté »

07 décembre 2006

Commentaires

sbriglia

Une des analyses les plus lucides qu'il m'ait été donné de lire sur la Justice... Tout est dit.
On peut rêver d'un monde où les figures emblématiques de leurs Corps auraient cette même humilité devant les faits, ce même sens critique et si peu "corporatiste"... d'habitude les hommes politiques l'ont ...avant les élections et pour leurs adversaires,malheureusement !
C'était une effervescence bienvenue...que ces tirs groupés sur votre blog!

Mm

"C’est d’un enthousiasme critique dont nous avons besoin" .... et d'un contrôle étroit du médiateur de la république.
Concernant le médiateur, la commission a adopté un amendement étendant ses pouvoirs pour, selon son auteur M.Houillon, "permettre au médiateur un début d'instruction des plaintes".
D'après l'amendement, le médiateur pourra solliciter "tous les éléments d'information utiles des présidents de Cour d'appel et des procureurs généraux" ou "des présidents des tribunaux supérieurs d'appel".
Par ailleurs, "lorsque le ministre de la Justice décide de ne pas engager de poursuites disciplinaires, il en informe le médiateur par une décision motivée".
(dépêche AFP du 06/12/2006 18:13 )

LEFEBVRE

Non, la crise n'est effectivement pas fatale.
De n'être jamais remis en cause ou contredit, on acquiert une trop forte susceptibilité. La position d'estrade a certes un rôle psychologique important, que nous comprenons bien et peu nombreux sont les justiciables osant formuler des critiques profondes à leurs magistrats hormis quelques décérébrés impolis, sans sens des valeurs, mais ils entrent plus dans le rapport de force et l'insulte que dans la polémique constructive.
Si les magistrats n'étaient pas autant noyés de dossiers, je me permettrais de leur suggérer d'organiser des groupes de parole sans complaisance ni concession entre eux ou avec d'autres. Cela aurait le double avantage de les familliariser avec la mise en cause et d'en tirer le meilleur. Ils sont tellement accablés de dossiers dans cette crise sociétale qu'il serait indécent de demander trop.
Ma diatribe suivante s'adresse, non plus à la justice, épargnons-la de temps en temps, mais à notre façon commune de penser. Cette mise en exergue de la souffrance et de la fragilité qui ne devient plus l'expression légitime et temporaire d'une peine, d'un choc, mais un constant mode de communication larmoyant. C'est à qui pleurera le plus fort pour se faire entendre.
Entre les journées de sensibilisation à telle ou telle cause, les semaines mondiales de, les minorité sexuelles, ethniques, religieuses, leur compétition dans la douleur entre elles, le langage psy qui rengaine (j'aime les néologismes) les mots stress, dépression, deuil, peur de l'inconnu... Comment voulez-vous que la France ait le moral ?
Nous nous exprimons et fixons notre mental comme si nous étions dans un mouroir ou dans une tranchée en 14. C'est le danger de l'introspection sauvage si répandue, elle ne renforce pas comme dans une certaine métaphysique, elle fragilise. Si je me mets à penser à moi comme à une frêle fleur des champs tyrannisée par les éléments, il est sûr que je ne vais pas avoir le moral tous les jours. Je n'ai encore jamais connu d'êtres humains épargnés par des complexes, des pertes familiales, des drames.
Nous baignons dans un bain constant de culpabilisation, mais aussi culpabilisateur. Si nous sortons de ce therme (bain) compatissant qui nous tue, nous sommes vite un Hitler.
J'avoue hier, j'ai marché sur du gazon et peut-être les jeunes pousses ont eu mal de mon pas lourd et pire encore, je vous l'annonce en ce week-end de circonstance : JE ME FICHE DU TÉLÉTHON.

jean philippe

Nous sommes dans une société de communication et le choix des mots importe.

Parler de démission est évidemment exagéré (même si je ne connais le tribunal de Bobigny je pense que les magistrats font leur travail) mais il a ouvert un débat. De nos jours j'ai le sentiment que pour ouvrir un débat il faut avoir des formules "choc". Souvenez-vous de de M.Claude Allègre qui voulait "dégraisser le mammouth", ou de M.Sarkozy qui voulait passer le karcher dans les cités. Ces formules ont eu le mérite de signaler les problèmes de l'Education nationale ou le problème des cités.

Ainsi quand un homme politique prononce une phrase "choc" je pense qu'il ne faut pas s'arrêter aux mots mais réfléchir aux questions soulevées par ces mots. En l'espèce les propos de M.Sarkozy soulèvent la question de savoir si la justice utilise de manière optimale l'ordonnance de 1945.

L'attitude des syndicats de la magistrature m'a surpris car les magistrats savent manipuler les mots et savent utiliser les expressions qui frappent la personne qui est face à eux. Il m'est arrivé de voir des magistrats utiliser des phrases "choc" dans le but d'inciter le délinquant à réfléchir sur ses actes. Ici ce ne sont pas les mots qui importent mais le résultat.

Parayre

Permettez-moi de m'attarder sur un des points de votre note/article , celui relatif aux médias .

La Justice et la presse sont " fonctionnellement "liées puisque toute action judiciaire est menée en considération de l'esprit général , mais aussi dans un but exemplaire .

Il s'agit de punir le coupable et d'impressionner la population .Longtemps , on n'a pu faire grief à "l'information " d'avoir manqué à ses devoirs puisqu'elle n'existait pas .Inventée par Th. Renaudot ,la gazette ne représentait qu'un tout petit secteur de cette information .C'est pourquoi la Justice faisait sa publicité elle-même .Le moyen employé consistait à consommer les supplices sur les grandes places des villes , après avoir fait défiler les condamnés le long des rues .Ces grands spectacles ont été représentés pendant des siècles .

Les choses changèrent quand la presse commença à exister vraiment .

Elle s'emboîtait parfaitement sur l'organisation judiciaire , puisque la Justice était "publique" .

Les débats ont lieu en audience publique , les décisions sont rendues en audience publique, et si le mot " audience " semble donner la préférence à l'oreille sur l'oeil , ceux qui avaient des yeux pouvaient voir , tout au moins ce qu'on leur montrait .

Certes la représentation est truquée , en ce sens que le décor est si imposant qu'il retient davantage l'attention que les acteurs .En outre , ceux-ci jouaient, et jouent toujours , leurs rôles dans des conditions inégales .


Selon la même intention qui donne au décor plus d'importance qu'aux acteurs , parmi ceux-ci , tout était mis en oeuvre pour que certains retiennent davantage l'attention que d'autres .

La hiérarchie est présente dans la mise en scène comme elle est présente dans l'institution .Les plus " beaux " , les plus chamarrés , les plus décorés , les plus déguisés , sont les juges .Ceux qui occupent les positions les plus élevées , sont les juges .


C'est eux qui attirent le regard .Les justiciables demeurent dans la grisaille quotidienne .


Il ne peut venir à l'idée de personne que c'est eux qui sont les plus importants , et que toute cette machinerie ne devrait fonctionner qu'à leur service .

Les journalistes sont là aussi .Leur évolution a été rapide , parce qu'elle était naturelle .


Au début leur rôle était simple .Ils devaient être les diffuseurs du spectacle , les multiplicateurs de la publicité judiciaire .

Ils avaient un rôle de miroir , en quelque sorte , et de projecteurs .Ils le jouèrent .

Mais comme ils ne sont pas des machines , ils firent davantage que réfléchir comme des miroirs , ils réfléchirent comme des hommes .


Ils s'intéressèrent à l'effet produit sur leur public .Ils eurent du talent , ils eurent aussi des opinions , et , le premier venant à l'appui des secondes , la presse prit dans la société l'importance que nous lui connaissons aujourd'hui .


Elle devient , elle-même , objet de convoitise , instrument de manipulation et un des centres nerveux de la société .

Les journalistes ne s'intéressèrent pas seulement au public , ils s'intéressèrent même , d'abord , à ce qu'ils voyaient .


Puis , ils eurent envie d'en savoir davantage .Ils se renseignèrent , firent eux-mêmes des enquêtes , et , dans la recherche de la vérité , devinrent quelquefois alliés ou concurrents de la police .


Cette évolution ne manquait pas d'avoir des inconvénients et des avantages , mais sociologiquement , elle enrichit considérablement l'action judiciaire .


Le juge ne pouvait ni se boucher les oreilles , ni se mettre de prudentes oeillères , alors que des considérations de tous ordres étaient développées dans les journaux , alors que des faits nouveaux , ou un éclairage nouveau de faits anciens , étaient portés à la connaissance de tous .L'opinion ne s'en tenait pas seulement aux attroupements sur la place de Grève , elle était mobilisée partout .

L'administration judiciaire était assaillie et aussi confortée par mille courants , de la sorcellerie à la balistique , de la sociologie à la psychanalyse .

Le milieu dans lequel une décision judiciaire est rendue aujourd'hui est beaucoup plus hétérogène qu'hier .

C'est ainsi que l'évolution commence à déborder le barrage des tabous .


Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Les commentaires sont modérés et ils n'apparaîtront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)

Ma Photo

MA CHAINE YOUTUBE

PRESSE, RADIO, TELEVISION & INTERNET

INSTITUT DE LA PAROLE

  • Formation à l'Institut de la parole
    Renseignements et inscriptions : [email protected]
  • L'Institut de la Parole propose des formations dans tous les domaines de l'expression et pour tous, au profane comme au professionnel de la parole publique. L'apprentissage et le perfectionnement s'attachent à l'appréhension psychologique de la personnalité et aux aptitudes techniques à développer. L’Institut de la Parole dispense des formations sur mesure et aussi, dans l’urgence, des formations liées à des interventions ponctuelles, notamment médiatiques. Magistrat honoraire, Philippe Bilger propose également des consultations judiciaires : conseils en stratégie et psychologie judiciaires.

MENTIONS LEGALES

  • Directeur de la publication : Philippe Bilger
    SixApart SA 104, avenue du Président Kennedy 75116 PARIS