Samedi, j'ai eu la chance de participer, seul magistrat, à une journée organisée par l'Institut de défense pénale de Marseille, sous l'égide de deux avocats remarquables, Alain Molla et Philippe Vouland. Le thème central se rapportait à la vérité et au mensonge. Cette problématique, développée avec talent et intelligence notamment par Me Eric Dupond-Moretti, m'a permis de comprendre que ma vision de l'antagonisme éthique et professionnel entre le barreau et la magistrature méritait largement d'être nuancée. Lors de mon intervention, je me suis senti partagé entre ma conviction d'avant et les incertitudes suscitées par mon écoute. Ce qui m'a semblé stimulant, c'était, d'une part, le ton civilisé et argumenté qui donnait au débat un caractère profond et sans concession, d'autre part, le courage avec lequel on avait accepté de discuter publiquement d'interrogations et de soupçons qui d'habitude ne relevaient que d'échanges privés.
Dans le Journal du Dimanche, je lis avec stupéfaction le texte "Horreur sécuritaire, danger totalitaire", de Me Fédida. Avec stupéfaction car je me suis demandé, à parcourir l'article, dans quel pays nous vivions et sous quelle férule. Il faut tout de même avoir un certain aplomb pour qualifier, sur le plan " sécuritaire", les trente dernières années "les Trente Honteuses". Quel contraste avec la complexité d'hier où des avocats, sans doute aussi pétris de sens moral et civique que le rédacteur de l'article, tenaient un autre langage et demeuraient dans une description critique de la réalité au lieu de tomber dans une caricature qui serait ridicule si d'aucuns ne prétendaient la cautionner !
Enfin, j'ai vu en différé l'émission d'Arlette Chabot où Nicolas Sarkozy (NS) s'est expliqué longuement sur les raisons de sa candidature présidentielle et sur son programme. Bien évidemment, en dépit des reproches qui me sont adressés par quelques-uns sur Agora Vox, je me suis toujours gardé de faire dévier ma perception de NS du judiciaire vers le politique. Mon approbation ou mes réserves judiciaires ne constituent pas un bulletin de vote. J'ai tout de même le droit, en tant que professionnel, d'émettre une opinion sur de futures orientations qui vont concerner à la fois les problèmes de la sécurité et ceux de la justice. Egalement, d'ailleurs, ceux de l'univers pénitentiaire. Ainsi, il n'y aurait que les syndicats qui auraient le droit de s'en prendre judiciairement à NS ou de l'approuver tandis que les voix solitaires et parfois dissidentes seraient tenues de se taire. J'ajoute que demain, lorsque Ségolène Royal s'expliquera dans la même émission, je ne manquerai pas si je l'estime nécessaire d'avaliser ou non les mesures qu'elle proposera dans le champ de compétence qui est le mien. Sur le fond, je suis d'ailleurs persuadé que ce que je vais suggérer est applicable sous toutes les latitudes présidentielles.
Ces précautions prises pour rassurer les inquiets ou les venimeux, force m'est d'admettre que je me suis trouvé en total accord avec NS, en dépit de quelques erreurs techniques, sur sa conception philosophique et sociale, sur ses projets et ses critiques en matière de sûreté et de justice et, enfin, sur son approche pénitentiaire. J'en suis d'autant moins marri que le dialogue entre le nouveau Président de l'Union syndicale des magistrats et le ministre d'Etat a été de très bonne qualité et que je n'ai pas perçu, de la part du premier, une opposition farouche aux propos de son contradicteur.
Ecoutant NS évoquer la nécessaire transformation législative de la justice des mineurs à partir de cette évidence que le mineur d'aujourd'hui, entre 16 et 18 ans, n'a plus rien de comparable avec celui d'il y a un demi-siècle, m'est revenue à l'esprit une idée que j'avais formulée sur ce blog mais dont alors j'avais souligné le caractère probablement utopique. La justice des mineurs, ainsi actualisée, impliquera une autre condition pénitentiaire, de la même manière que le lien entre une police efficace et contrôlée et une magistrature efficiente et devenue plus responsable imposera une solidarité structurelle au niveau de l'Etat. Il est impossible de continuer à traiter séparément des univers aussi naturellement reliés les uns aux autres et qui devraient constituer un bloc. Qui peut songer une seconde que sans une approche globale, à la fois qualitative et quantitative, de la sécurité, de la justice et de l'enfermement, une politique digne de ce nom pourrait être menée ? La pire des solutions consisterait, comme aujourd'hui, à laisser chaque département ministériel s'occuper de son pré carré sans que quelque chose soit tenté pour en finir avec cette absurde parcellisation sur le plan technique, sociologique et politique.
Tout est possible. Il faut rassembler ce qui est dispersé. Il faut créer une solidarité quand les tempéraments et les structures y répugnent.
Avec du vieux, il faudra faire du neuf.
Véronique,
Je n'insiste pas, nous ne sommes pas d'accord.
Vous ne voyez dans la loi que sa teneur répressive, si je ne m'abuse, sa dimension de violence faite aux hommes. Moi j'y vois sa dimension régulatrice, sa dimension de pacification des rapports entre les hommes.
De ce fait, je consens à cette violence qui vous fait frémir. Mais je vous en prie, ne parlez pas de totalitarisme, je trouve ce choix de mot grave. Le totalitarisme n'est pas l'adhésion au principe du code de loi, c'est le détournement de tous outils sociaux, dont le code de lois, au profit d'une idéologie, comme par exemple le nazisme, le bolchévisme ou l'islamisme.
Votre amalgame de toutes formes de dénonciations repose sur cette confusion. Vous mélangez les lois de notre démocratie avec des lois immondes de régimes totalitaires. Dans votre propos, faire appliquer de bonnes lois est comparable à faire appliquer des lois immondes. C'est inquiétant.
Vous avez dit plus haut qu'il avait été dommageable qu'on ignore pendant des années la mission sociale de protection des personnes, des biens et des institutions. Après avoir dit cela, pourquoi rechigner à collaborer dans le cadre de cette mission ? Lorsqu'on peut porter assistance ou provoquer des secours, pourquoi passer son chemin et se laver les mains des problèmes sociaux que l'on constate ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 22 décembre 2006 à 10:16
"Mais vous êtes dans mon cœur. Même si je ne le dis pas tout le temps."
roooo , que demande le peuple ? moi , là j'attends l'Epiphanie le coeur déjà joyeux :
sinon
"Et j‘avais compris, peut-être par erreur, dans votre commentaire, comme un reproche adressé à M. Bilger, de n’ouvrir ses notes qu’à un seul ministère."
roooooo non : j'ai trop d'admiration pour l'Homme et son blog -- et vissez Versace -- pour oser ne serait-ce qu'un mini reproche publique en cette occasion ou j'opine du chef une fois de plus !
ps : gardez quand même quelques forces car de dures fêtes arrivent : faudra tenir !
Amitiés cactées tendrement dégloch'idées .
Rédigé par : cactus à Véronique | 13 décembre 2006 à 17:47
" amitiés et bonnes fêtes ! " vous, hier à 22h32
A cause de ça, cactus, j’avais saisi qu’on ne vous lirait pas avant l’Epiphanie.
Et j‘avais compris, peut-être par erreur, dans votre commentaire, comme un reproche adressé à M. Bilger, de n’ouvrir ses notes qu’à un seul ministère. Je ne voulais pas trop me mêler de ça.
Car dans le blog, comme je l’ai avoué, je me sens du juste milieu. Eh bien, je passe mon temps à cadrer par là, sur ma droite et, par ici, sur ma gauche. Enfin, c'est vrai, on doit le plus souvent cadrer à droite.
Et, tout ça, pour recadrer dans le milieu juste. Des fois, ça m’épuise.
Mais vous êtes dans mon cœur. Même si je ne le dis pas tout le temps.
Rédigé par : Véronique pour cactus | 12 décembre 2006 à 20:13
Dab , Marcel et coetera !
et moi et moi et moi ?
d'ou mon émoi !
Rédigé par : cactus à Véronique | 12 décembre 2006 à 11:48
dab,
un magistrat qui respecte une procédure fait son métier. On ne peut pas lui reprocher de ne pas se référer à un texte. Et un texte restera toujours une théorie. Serait-il dans son rôle, si sa décision était motivée par ce qui lui semble, à lui, souhaitable par rapport à une situation qu’il pourrait, par ailleurs, déplorer. Sa mission n’est pas de faire ce qu’il veut mais de rappeler et d'appliquer une loi commune.
Ou alors, j’ai tout faux dans la compréhension de ce métier.
Vous me dites que l’affaire a été jugée avec clémence. Peut-être, je ne sais pas, par rapport aux éléments que vous me donnez. Et si cette affaire avait été jugée avec la sévérité que vous souhaitez, est-ce que ce jugement, à lui tout seul, aurait permis d’éviter d’autres agressions?
A la gare de Nogent-sur-Marne, à huit heures du matin, est-ce possible que des policiers soient présents pour dissuader ceux qui seraient tentés d’agresser des chauffeurs de bus ?
On sait que dans certaines villes de banlieue, il n’ y a pas de commissariat. A mon avis, ça commence par là. Là, où sont les besoins les plus nécessaires, les plus criants et les plus urgents.
Par ailleurs, par la projection de vote que vous faites des passagers et du chauffeur, je suis d’accord avec vous. Il y a eu pendant des années un droit à la sécurité aux personnes et aux biens qui a été ignoré, voire méprisé par les politiques avec les conséquences électorales que l'on sait, et aussi, avec les exaltations sécuritaires de bon nombre de nos concitoyens que l'on sait.
Marcel,
" Pour de nombreux Suisses, il est du rôle du citoyen de porter à la connaissance des autorités tout fait susceptible d'être anormal. Je n'y vois pas de scandale. "
Eh bien, moi, si ! J’y vois du scandale. Parce qu’enfin, il faut drôlement ne douter de rien pour faire la part entre le normal et l’anormal. J’ajoute que c’est aussi une des caractéristiques d’un État totalitaire ou idéal - c’est comme on veut -, que de définir une fois pour toutes, le déviant par rapport au normal, et de réprimer le premier en comptant sur la collaboration appuyée de ses ressortissants. En général, ils ciblent en premier les enfants puis les voisins, comme auxiliaires de police de choix.
Pour la citation, c'était donc Marcel... dans son exaltation sécuritaire.
Rédigé par : Véronique pour dab et Marcel | 12 décembre 2006 à 08:48
simple question née à l'instant et qui vient troubler ma tranquillité apparente :
lorsqu'un "post" s'annonce pour une personne bien définie , celle-ci est-elle la seule " ayant droit " ?
si oui , il ne reste plus grand-chose à se mettre sous la dent en ce fil qui devient alors plus Mona se taire que ministère ouvert !
amitiés et bonnes fêtes !
Rédigé par : cactus à cactus | 11 décembre 2006 à 22:32
dab, seriez-vous un peu grognon ou ronchon ?
" donc, merci, par avance, ne pas commenter "
En fait, c’était parce que j’avais trouvé votre phrase plutôt drôle et amusante. Quoique, un peu discutable, puisque d’une part, écrire, comme frigobus l’avait fait, qu’il ne s’engageait pas sur le fond de la note, parce qu’il n’avait pas réfléchi, me semblait une position plutôt saine. D’autre part, je tenais à dire que son intuition, somme toute assez juste, en tous les cas pas très fausse quant au côté orwellien du concept " la tranquillité publique ", eh bien, c’était à lui qu’on la devait en premier.
Voilà tout.
Donc, aucune tentation totalitaire de ma part à l’encontre de votre liberté d’expression qui est totale.
Pour votre seconde intervention à mon attention (les conducteurs de bus), je réfléchis...et... je vous dis.
Rédigé par : Véronique pour dab | 11 décembre 2006 à 14:34
Marcel, pour le " non-droit ", c’était ma façon d’exprimer ma plus que grande réserve quant à des initiatives isolées et personnelles qui relèvent, selon moi, de ce que j’appelle " le bon droit " de chacun, qui reste quelque chose de très discutable. Exemple: le comportement du chauffeur de bus suisse.
Par ailleurs, je l’ai déjà mentionné dans mes commentaires, je ne suis pas du tout une spécialiste du code pénal, du code civil, du code des impôts etc. N’ayant, à titre personnel, aucun contentieux d’aucune sorte avec le monde judiciaire, mon seul souci, en la matière, c’est de savoir manipuler à peu près correctement ces ouvrages, quand un lecteur de la bibliothèque a besoin d’une information qui s’y rapporte. Et croyez-moi, ce n’est déjà pas si mal, parce que leur manipulation est, comme chacun le sait, d’une " simplicité " et d’une " facilité " déconcertantes.
Et comme le blog, c’est plutôt du loisir et du plaisir pour moi, je n’ai pas vraiment envie de me plonger et de me perdre dans les petits livres rouges.
Enfin, sachez également que dans l’exemple de l’enfant battu ou violé, figurez-vous que ma première pensée n’est pas de savoir si signaler ou pas un fait de cette nature, est dans la loi ou hors la loi. Non, c’est très simplement et très spontanément l’idée de protection qui me vient à l’esprit.
D’autre part, je ne suis pas extrémiste au point d’exiger des professionnels que j’ai évoqués aucune erreur d’appréciation. Je suis consciente des difficultés présentes dans ce type d’affaires. Ce que je veux, c’est qu’à tous les niveaux, les garde-fous et les contrôles fonctionnent. Est-ce trop demander ? Ce n’est quand même pas l’Amérique ! J’ajoute que la confiance dans l’institution judiciaire va aussi dans ce sens-là.
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 11 décembre 2006 à 13:20
A Véronique
Votre commentaire du 10 déc à 10H10
« Pour votre chauffeur de bus, il me semble que son travail était d’abord de demander des comptes à la personne qu’il pensait être en situation irrégulière. Et le cas échéant, de verbaliser cette personne. En premier, le respect d’une procédure ».
Cela c’est la théorie. Et c’est beau ça tient la route. Ça a « de la gueule » comme on dit.
Mais, mais, mais…vous n’avez peut-être jamais discuté avec un conducteur d’autobus à Paris ou un contrôleur de la SNCF. Moi si,c’est peut-être ce qui nous différencie.
Dans la réalité, un chauffeur qui a le tort de seulement avoir vu monter à bord de son bus un passager sans titre de paiement s’expose à se faire casser la figure sur-le-champ. Et il le sait. Et pourquoi en est-on arrivé à cette situation ? Parce que le premier magistrat qui a fait preuve de laxisme en jugeant avec clémence une affaire de violence contre un conducteur irrespectueux de la procédure sur la base de votre raisonnement a déteint sur les autres à sa suite et la France s’est retrouvée dans la situation que l’on sait.
Montez dans un bus, par exemple à la station jouxtant la gare RER de Nogent-sur-Marne à huit heures du matin, et, surtout sans vous faire voir, comptez ceux qui montent à bord sans composter ni présenter une quelconque carte de transport. Six mois plus tard, un an plus tard, deux ans plus tard, regardez dans un journal le lendemain d’une élection, pour voir ce qu’ont voté et le conducteur du bus et les passagers honnêtes qui eux ont payé pour monter à bord du bus, mais qui sur le moment n’ont pas bronché ni dit mot. Une justice laxiste les avait conduit à ne rien dire, ils ont saisi cette occasion d'élection pour reprendre momentanément la parole dans le secret d'un isoloir !
Rédigé par : dab | 11 décembre 2006 à 10:11
Effectivement ne confondons pas délation et dénonciation quoique…
La délation est, au départ, une dénonciation par intérêt mais que dire de dénonciations comme celles contre les Français juifs pendant la collaboration ?
On nous dit qu’il ne s’agit pas d’une collaboration avec la police allemande mais avec des lois raciales.
Donc, premier constat, sans éthique, il aurait été du devoir de tout citoyen de dénoncer pour appliquer la loi, en l’espèce, anti-juive !
Secundo, il n’y avait pas besoin de collaborer comme exprimé ici, avec la police allemande fort peu nombreuse pour les missions de base d’autant que la police française et la milice faisaient très bien le « travail » !
Les 13 000 juifs victimes de la rafle du Vél d’Hiv dont 8000 femmes et enfants ne l’ont pas été sans la participation active de la police nationale de Paris.
Je citerai aussi cette plaque apposée sur le mur de l’Ecole Militaire à Paris :
« Le 12 décembre 1941, la police militaire allemande, assistée de la police française a arrêté 743 personnalités juives françaises, en majorité anciens combattants, … »
La plupart sont morts dans les camps…
Je ne peux que regretter que la fourragère de la légion d’honneur ait été attribuée à ce corps plutôt que de récompenser personnellement des policiers, vrais héros, qui ont refusé d’obéir aux ordres.
D’ailleurs, Israël a reconnu plusieurs « justes » parmi les policiers français.
A notre défenseur de la police que je salue dans sa démarche, je dois aussi reconnaître ici, au nom de mes pairs, le rôle coupable de médecins face à des confrères juifs.
Le dernier bulletin de l’ordre national des médecins cite ce livre : « La médecine française et les juifs (1930-1944) » de Henri Nahum.
Alors dénoncer de façon citoyenne sans délation, oui ! Mais sans oublier notre conscience personnelle.
Rédigé par : doc : dénonciation, citoyenneté et éthique | 10 décembre 2006 à 22:32
« Ceux qui dénoncent, agissent, je crois, de cette manière-là, à la façon des justiciers, dans l’ombre, le non-dit et le non-droit. »
Véronique, si on parle de non-droit, on doit nécessairement dire ce qu'est le droit en la matière.
Quel est l'acte illégal que commettraient ces dénonciateurs ?
Vous répugnez à dénoncer et c'est votre droit, la loi ne vous y contraint pas. Vous dites ne vouloir dénoncer que pour des cas d'assistance à personne en danger : à vrai dire, en la matière, l'absence de dénonciation serait de l'ordre du délit.
Vous dites votre peur qu'une dénonciation débouche sur une situation injuste. Malheureusement, nul ne peut vous garantir qu'une procédure sera parfaite, ne fera de mal à personne qui ne le mérite pas. Celui qui vous ferait cette promesse serait malhonnête. Ce qu'on peut espérer et exiger, c'est que chacun fasse au mieux de ses compétences, que chacun joue son rôle. Pour de nombreux Suisses, il est du rôle du citoyen de porter à la connaissance des autorités tout fait susceptible d'être anormal. Je n'y vois pas de scandale.
Bref, que vous ne vouliez pas faciliter le travail des autorités sauf en cas grave, ce qui de toute façon vous serait imposé par la loi (non dénonciation de crime, non dénonciation de mauvais traitement, non assistance à personne en péril, etc), c'est tout à fait votre droit. Mais je ne pense pas que cela soit moralement supérieur à l'attitude du dénonciateur. Bien entendu, le délateur qui dénonce un fait exact, animé par de mauvaises intentions (intérêt personnel), n'est sans doute pas moralement de grande envergure non plus, sur le coup, c'est plus un « indic » qu'un citoyen.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 10 décembre 2006 à 20:03
Dab, non seulement j’approuve les témoins mais, si je suis témoin d’un fait similaire, je communique à la police, sans la moindre hésitation, l’immatriculation du véhicule. Il s’agit là d’une agression avec un agresseur et une victime, et d’autres victimes à venir.
La délation donc.
Quand il y a volonté de nuire à autrui, avec tout un ensemble de motivations obscures et malsaines.
Quand il y a de la part d’un professionnel, exemple: un chauffeur de bus, une initiative isolée, toute personnelle et particulière qui n’entre pas dans le cadre de sa mission, et qui n’intervient pas dans ce que je pourrais appeler une assistance ou une protection à une personne en danger.
Pour votre chauffeur de bus, il me semble que son travail était d’abord de demander des comptes à la personne qu’il pensait être en situation irrégulière. Et le cas échéant, de verbaliser cette personne. En premier, le respect d’une procédure .
Son détour par le commissariat, sans un mot, sans une explication avec la personne qu'il juge en effraction, avec l’esprit tranquille de celui qui a la certitude de se croire dans SON BON DROIT constitue, à mes yeux, un abus de pouvoir.
Ceux qui dénoncent, agissent, je crois, de cette manière-là, à la façon des justiciers, dans l’ombre, le non-dit et le non-droit.
Quant à une éventuelle réserve , hésitation ou répugnance de ma part à dénoncer. Exemple: un enfant que je pourrais supposer être battu ou violé.
Tout ce que je demande, c’est d’être garantie que les professionnels du social, de la police ou de la justice auxquels je m’adresserais, se donnent la peine de lire entre les lignes ma déposition et, le cas échéant, sachent y repérer ou décrypter ce qui pourrait être de l’ordre de l’imagination et du soupçon non fondé.
Je ne voudrais pas que mon témoignage, parce qu’il mettrait en cause, par exemple, un huissier de justice ou un prêtre , parce qu'il conforterait d'abord des présupposés ou des préjugés idéologiques liés à l'air du temps, parce qu'il complairait aux attentes des médias ou de l'opinion, soit tenu pour argent comptant.
C’est tout ce que je veux. Car ma première motivation, dans un cas comme celui-là, ce serait d'abord celle de protéger un enfant. Je veux pouvoir compter sur le sérieux, le professionnalisme, le sens de la gravité et la déontologie de ces assistantes sociales, policiers, magistrats ou experts. Je ne veux pas avoir à envisager un risque de négligences et d’initiatives isolées, non discutées, non remises en question et non contrôlées.
Mais ces manquements-là ne peuvent pas arriver, n'est-ce pas ?
Rédigé par : Véronique pour dab | 10 décembre 2006 à 10:10
Véronique,
Je crois que notre dictionnaire a la bonne idée de distinguer délation de dénonciation. Je n'ai pas envie de confondre les deux - c'est sans doute de l'idéalisme.
Par ailleurs, la dénonciation calomnieuse est un délit, je crois que c'est très bien ainsi.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 09 décembre 2006 à 23:04
A Veronique,
1.Parce que j’ai l’impression que ce mot est un peu trop utilisé à tort et à travers, j’aimerais bien savoir ce que vous entendez par « délation » ?
2.Supposons qu’une personne à votre charge se soit fait renverser dans la rue et perde connaissance tandis que l’automobiliste responsable qui a forcément entendu le bruit du choc a passé sa route. Il n’y avait pas de policier mais seulement des témoins. Dans ce cas,approuverez-vous le comportement de ces derniers consistant à refuser de donner le signalement et du chauffeur et de la voiture (marque,modèle,couleur) parce qu’ils estiment faire acte de délation, ce qui pour eux serait moralement répréhensible comme relevant d’habitudes et usages caractéristiques d’un état totalitaire?
Rédigé par : dab | 09 décembre 2006 à 21:59
Juste un mot pour rappeler qu'il est irrationnel de tirer des conclusions a partir du seul nombre de policiers par rapport au nombre d'habitants d'un Etat. Il y a bien d'autres paramètres qui déterminent ces rapports : densité de population, superficie du territoire, natures du relief et de l'urbanisation, existence ou non de collectivités ultra-marines, rôle important ou non de l'armée dans la sécurité intérieure, etc.
Voilà pourquoi on obtient parfois un nombre de policiers plus important en France qu'ailleurs.
Rédigé par : basba | 09 décembre 2006 à 12:10
Ce que je crois, Marcel, c’est que transformer des citoyens en délateurs tous azimuts, et souhaiter une société structurée par la suspicion généralisée, s’appelle un Etat totalitaire. Cette cité idéale-là, non, merci, Marcel, je n’en veux pas !
D’autre part, et pour reprendre un exemple récent - je suis désolée d’évoquer à nouveau le grotesque et l’absurdité (au sens cité idéale et tranquille) d’Outreau -, votre propension, Marcel, à ériger la délation comme un outil de choix dans la lutte contre les délinquances, devrait vous conduire, tout naturellement, à n’avoir rien à redire sur le fait que des assistantes maternelles aient pu, d'une part, raconter tout et n’importe quoi et que, d'autre part, les professionnels du social et la justice, dont la mission était de contrôler leurs dires, aient validé sans la moindre hésitation, et dans la plus grande légèreté et négligence professionnelles, leurs propos.
Pour le reste, je veux bien que toutes les remises en question soient dans l’air du temps au sujet des devoirs de mémoire. Mais, je veux aussi garder une forme de spontanéité dans le refus ce qui peut m’apparaître, dans des propos, dangereux et angoissant. Appelez cela comme vous le voulez, mais, la délation, ce n’est pas définitivement pas mon trip.
Rédigé par : Véronique pour Marcel | 09 décembre 2006 à 10:22
Jean-Dominique,
Libre à vous d'argumenter sur la base de chiffres qui manifestement s'accommodent mal d'un simple calcul entre le nombre d'habitants en France (60 000 000) et le nombre de fonctionnaires de police donné par le ministère de l'Intérieur (130 000). A moins que l'on compte aussi la gendarmerie ; mais ça s'accommode mal avec votre théorie sur l'Intérieur, puisque la gendarmerie n'est que fonctionnellement liée à l'Intérieur.
Je constate que l'exemple new-yorkais ne vous inspire guère. Une ville qui a connu une criminalité phénoménale et qui est désormais considérée comme en pointe en matière de sécurité publique, l'exemple ne me semblait pas perturbant.
Quant à Düsseldorf et la situation allemande en général, je ne vois pas bien ce que vous croyez prouver. Il y a des milliers de soldats en Irak, pourtant il s'y déroule une guerre civile. Est-ce dû à l'incompétence et au surnombre de ces soldats en premier lieu, où avant tout à la nature de la situation ? Mais d'où sort donc cette idée absolument effarante que ce qui compte est autre chose que les besoins ressentis ? Que cherchez-vous à dire très clairement ? Pour reprendre l'analogie avec l'Education Nationale, doit-on déduire selon vos théories qu'il y a trop de profs dans les ZEP parce que le niveau scolaire dans les ZEP est consternant ?
Vous savez Jean-Dominique, je ne donne pas cher de votre sens de la courtoisie si un jour venait où vous auriez à connaître ce que la police française contrôle pour le moment tant bien que mal. Vous pourrez bien raconter aux racailles qui viennent brûler votre voiture, traiter votre fille de pute, j'en passe et des pires, vos théories sur les émeutes, sur les chiffres de l'OCDE etc. Quand ils seront en face de vous, il sera un peu tard pour réaliser qu'eux ils s'en tapent éperdument de vos considérations et ne vivent que pour leur intérêt immédiat. Vous pourrez bien leur expliquer qu'il ont brûlé la voiture de leur voisin smicard, qu'ils ont pissé tous les jours dans la cage d'escalier, qu'ils ont mis le feu aux boîtes aux lettres de leurs voisins régulièrement, vous pourrez bien leur expliquer qu'ils ont fait tout ça parce qu'il y a sans doute trop de policiers qui ne sont pas des chics types, mal formés et tout ce qu'on veut. Vos explications sur les traditions françaises (bouh le vilain pays de flics) ne risquent pas de les intéresser bien longtemps. Et sans les flics que vous méprisez, vous serez bien vite en slip.
Vous parliez de tradition française. Assurément, en France on est rebelle, on est vite rebelle face à l'autorité, naturellement critique à l'endroit de la police. Mais tous le monde connaît le numéro de téléphone qui va bien pour se plaindre du voisin trop bruyant. Chacun gardera en mémoire lors des manifestations du CPE ces gamins désabusés, jeunes lycéens, qui voulaient s'afficher solidaires avec les émeutiers de novembre, croyant partager avec eux une contestation sociale, qui se sont vite réfugiés terrorisés auprès des CRS (SS ?) et BAC, après s'être fait « bolosser » (car chez vos amis qui ne sont violents que du fait du nombre de policiers en France, on a des termes dédiés pour désigner l'agression banale d'un citoyen), dépouiller de leurs biens par ceux que dans Télérama ont associe à ceux qui chantaient la Marseillaise il y a 2 siècles (ha c'est cocasse, parce qu'eux, la Marseillaise, ils sont plutôt du genre à la siffler), ces individus qui frappent des hommes à terre en rigolant.
Avant d'écrire, vous « enquêtez », dites-vous. Je vous suggère d'enquêter un peu plus proche de ce dont vous parlez. Enfin non, je ne vous y invite tout de même pas, je ne voudrais pas avoir quoi que ce soit sur ma conscience. L'an dernier, un homme a été tué devant sa femme et sa fille de 15 ans parce qu'il avait eu l'idée saugrenue d'enquêter sur un lampadaire.
Il est sans doute préférable que vous n'enquêtiez pas trop trop proche des faits.
Me concernant, en octobre 2005, me promenant de la rue avec un proche à l'occasion d'une semaine de vacances, nous croisions un « jeune » roulant sans casque en grillant des feux rouges sur un axe de circulation dangereux. Cet individu était suivi d'un véhicule de police, gyrophare allumé, roulant à allure modérée, à distance raisonnable, se bornant plus où moins à assurer la sécurité de l'individu pour qui le code de la route était manifestement superflu. Vu comme ça, on pourrait se dire qu'il y a décidement trop de policiers en France, puisqu'ils se contentent de suivre délicatement un délinquant, et non pas de l'interpeller.
Mais ayant en mémoire diverses affaires récentes d'émeutes, notamment lors de l'affaire d'un individu d'une quarantaine d'année abattu par un gendarme alors qu'il forçait un barrage dressé parce qu'il circulait en grand excès de vitesse à bord d'un véhicule dépourvu de plaque d'immatriculation et ayant refusé d'obtempérer, j'expliquais au proche qui m'accompagnait que cette approche était cohérente avec la règle théorique (pas de course-poursuite au sens propre du terme) mais aussi et surtout cohérente avec les risques potentiels d'émeutes qu'engendrerait un accident mortel impliquant directement le véhicule de police. Ce jour-là, il ne s'est rien passé, il n'y a pas eu de victimes. Moins d'un mois plus tard, nous étions en novembre 2005.
Véronique,
Vous ne voulez pas entendre que le problème du génocide nazi reposait sur son esprit, son sens, et non pas spécifiquement sur ses outils ? Qu'est-ce qui vous gêne là-dedans ?
Et si depuis ce génocide toute dénonciation serait mauvaise, alors pourquoi toute police ne serait-elle pas mauvaise, et pourquoi toute armée ne serait-elle pas mauvaise, et pourquoi tout État ne serait-il pas mauvais ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 décembre 2006 à 23:58
Errata:
Dans mon commentaire précédent, il fallait lire « ce qui est vrai pour l'Education nationale est vrai ou faux concernant la Police nationale ».
Et c'est bien 60 000 000 / 130 000 qui fait 1 / 461.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 décembre 2006 à 10:09
Suite à votre commentaire du du 06-12 15:13:
Sur ma tendance à ne pas voir les panneaux " Silence, prudence Merci ", j’ai oublié de vous dire, dab, que, oui, au moment du CPE, j’ai été un tout petit peu héroïque. En effet, j’ai défendu le principe de cette réforme, pas totalement le contenu qui, par certains aspects, je le reconnais, n’était ni fait ni à faire.
Ce que j'ai argumenté, peut-être sommairement, c'est le fait que ceux qui incitaient les étudiants à manifester dans les rues et à mettre en échec cette mesure, défendaient d'abord leurs avantages acquis, et étaient aussi ceux dont les enfants font prioritairement les classes préparatoires aux grandes écoles. Je n'étais pas certaine que ceux-là étaient dans la rue.
Ces enfants, dès leur plus jeune âge, ont bénéficié d’un environnement intellectuel et d'une forme de sérénité apportée par la sécurité professionnelle de leurs parents ( enseignants, fonctionnaires, professions libérales ou cadres supérieurs dans les grandes entreprises). Ces aspects sont, à mon sens, déterminants dans la réussite d'un cursus universitaire et d’un projet professionnel.
J’ai été un tout petit peu héroïque car mes interlocteurs, pour la plupart, étaient des fonctionnaires, des enseignants et des professions libérales. Sachez aussi que depuis cela, ces personnes ne me détestent pas et ne détestent pas converser avec moi...enfin,... je crois.
Rédigé par : Véronique pour dab | 08 décembre 2006 à 09:50
@Marcel
Parce que je suis d’accord avec cela:
" (…)L’homme, c’est moi, mais ce n’est pas que moi. L’homme, c’est aussi les autres hommes et leur droit insupportable de dire des choses que je n’ai pas envie d’entendre, des choses qui m’énervent, qui m’effraient, qui me blessent, qui m’accablent, qui m’écorchent vif, qui me font mal. Dans une société ouverte, aucune conviction n’est souveraine, ce qui fait qu’elles sont toutes en colère. " Alain Finkielkraut - " L'affaire Redeker et la blessure de la liberté "- Le Figaro
Pour la suite de la citation, relire le post consacré à l’auteur de cette phrase.
Donc, parce que je suis d’accord avec cela, je vais attendre, Marcel, que l’émotion que je ressens s’amortisse un peu, quand je lis :
" Les Français eux ne semblent pas avoir compris que le drame des dénonciations de juifs dans les années 40, ce n'était pas le fait de collaborer avec la police, c'était le fait de collaborer avec des lois racistes. "
Je vous répondrai, mais quand les yeux me piqueront moins.
@ jean Philippe
Vous pouvez peut-être mesurer là l’importance d’une citation et des sciences humaines, et du pouvoir tout-puissant de la littérature.
.../...
@ Lefebvre
Dans la définition de votre autoportrait, je retiens, vous concernant, l’adjectif. Il me plaît vraiment beaucoup.
Rédigé par : Véronique pour Marcel, jean philippe et Lefebvre | 08 décembre 2006 à 06:50
Marcel, les chiffres sont ceux de l'OCDE, consultables sur leur site, confirmés par l'organisme Eurostat de la Commission Européenne. Je les ai déjà cités ici dans un autre commentaire, j'en avais donné le détail et les sources, épargnez-moi les redites.
Il se trouve qu'avant d'écrire, je me documente, j'enquête car je préfère fonder ma réflexion sur le tangible et non sur des impressions évanescentes.
Il s'agit de comparer ce qui est comparable, et ces organismes d'études ne confondent pas, ce me semble, un CRS avec un garde-champêtre. Il s'agit de comparer ce qui est comparable, à savoir un état voisin européen avec un autre état voisin européen, et non avec une cité américaine sélectionnée pro domo... Je me doute même, qu'en zoomant fort sur votre carte sélectionnée, vous trouveriez une zone où la proportion de policiers par habitant serait de 1 pour 1 : l'honnêteté intellectuelle vous contraindrait-elle à admettre qu'il s'agit d'un commissariat new-yorkais ? A voir votre capacité de contorsion des réalités, j'en doute...
Eh bien non, pas de couvre-feu à Düsseldorf ! Vous avez remarqué aussi ? Pas plus d'insécurité que dans une ville française, peut-être même moins. Et cela avec moins de policiers, saisissant non ? Est-ce le génome allemand qui serait responsable ou simplement une politique de sécurité moins tapageuse et plus profonde qu'en France ?
Encore plus de policiers sous-formés pour encore plus d'émeutes ? Encore plus de Burgaud pour encore plus d'Outreau ? Encore plus d'Américains en Irak pour encore plus de chaos ?
L'ordre n'est pas affaire de quantité, mais de qualité.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 décembre 2006 à 01:32
DAS BOOT IST VOLL (LA BARQUE EST PLEINE)
Oscar Nomination 1981
Berlinale Silberner Bär 1981
Très bon film suisse sur le comportement de la CH pendant la guerre par rapport aux réfugiés.
Sans commentaires...
Rédigé par : doc | 08 décembre 2006 à 00:06
@ véronique,
Je pensais à la définition que j'ai apprise fort jeune en Droit constitutionnel lorsque j'avais amorcé une capacité en Droit : "Le Droit est une science ayant pour objet de définir les différents rapports entre les êtres humains." Même si je trouve la trop forte subjectivité de cette proposition de définition sujette à des interprétations pouvant avoir toute nature y compris la pire.
La définition de Ph Bilger est certainement plus souhaitable car en y mettant une couleur humaniste, cette dernière ne peut y être niée, c'est tout à fait intéressant, plaisant. Le Droit pénal par exemple, serait beaucoup moins celui des affaires.
Un con...sensuel est un auto-portrait critique que je m'étais adressé un jour par la plume.
Rédigé par : LEFEBVRE | 07 décembre 2006 à 17:31
Jean-Dominique,
Je suis content de vous entendre dire ce que prouve le fait que l'Education nationale soit le premier employeur en France. Je vous invite maintenant à vous demander dans quelle mesure ce qui est vrai pour l'Education nationale est vrai ou faux concernant d'autres pays. Police cantonale, police municipale, on trouve des choses ailleurs qui n'existent pas en France ou qui n'y ont absolument pas les mêmes attributions. Assurément, on ne saurait croire que le rôle de la police nationale française est réduit à celui du FBI nord-américain, pas plus qu'on n'oserait comparer une police municipale française à la police de Los Angeles.
Par ailleurs, je me demande tout de même d'où vous tirez vos chiffres. Quelle est votre source exactement ?
60 000 000 / 120 000, ça ne fait finalement que 1 / 461.
Selon http://www.revuemilitairesuisse.ch/node/24 , la police de la ville de New York (NYPD) regroupe 37 500 policiers. Cette ville (on parle bien de la ville, pas de l'État) ayant une population de 8 000 000 d'habitants, on y trouve donc 1 policier pour 213 habitants.
Donc franchement, non, Jean-Dominique, je ne vois pas bien où vous voulez en venir avec vos déclarations statistiques qui me semblent vraiment vraiment approximatives.
Vous parlez d'un surplus comme s'il pouvait s'évaluer déconnecté de toute question de besoins. Je ne me souviens pas qu'on ait établi récemment l'état d'urgence à Düsseldorf...
Véronique,
C'est peut-être de l'idéalisme de croire qu'il est possible de vivre dans un société où les gens ont conscience de la nature du droit, de la source du droit. Assurément, je préfère ce chauffeur de bus suisse à nombre d'abrutis en France qui s'évertuent à jouer au rebelle contre des lois qu'ils ont eux-même fait voter. La démocratie fonctionne mieux en Suisse, c'est peut-être pour cela que les Suisses ne croient pas que le droit est une affaire réservée aux professionnels.
Les Français eux ne semblent pas avoir compris que le drame des dénonciations de juifs dans les années 40, ce n'était pas le fait de collaborer avec la police, c'était le fait de collaborer avec des lois racistes.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 07 décembre 2006 à 17:10
" Ministère du Droit et de la protection "
Voilà, à mon sens, une appellation qui me semble très intéressante.
La notion du Droit, des droits plus celle de la loi dont la fonction est aussi de protéger.
Je rapproche votre dénomination de cette définition proposée par PB: " La loi, universalité consensuelle et réparatrice " post - Un tic social 10-04-06
Votre proposition nous parle de cet idéal-là.
Rédigé par : Véronique pour Lefebvre | 07 décembre 2006 à 13:06
@Marcel
Je pense, Marcel, pour reprendre le qualificatif " révolutionnaire " utilisé par dab, que cette dénomination vous irait plutôt, à vous, pas mal. Non seulement, je pense que vous êtes un grand idéaliste, ce que je vous ai déjà dit, mais je pense également, et ne le prenez pas pour un compliment, que vous un êtes un utopiste et, un dans cette catégorie, de grande classe.
Votre défense et illustration de la dénonciation et de la délation me donnent des frissons. Enfin, je veux dire ce genre de frissons qui donnent quand même froid dans le dos.
Que le chauffeur de bus suisse puisse, dans la plus grande TRANQUILITE, déposer aux portes du commissariat une personne en situation irrégulière ne manque pas de me sidérer.
Je me souviens, enfant, d’un feuilleton qui passait à la télé et qui s’appelait " Le Prisonnier ". L’histoire d’un homme qui se réveille un matin transporté dans une espèce de monde abracadabrant où les personnes se révélaient des gens très gentils, calmes, souriants, très bien élevés, lisses au possible. En fait, ils n’étaient que des sortes de prisonniers gardés par une gigantesque boule (au sens gardien de prison) effrayante d’angoisse.
Voyez-vous, votre chauffeur suisse et les passagers du bus, ils me font penser à ces personnages de ce petit univers plein de pastels et de douceurs, une gentille version du meilleur des mondes.
@ dab
suite à votre commentaire 07-12 9 :56
" révolutionnaire ", je reprends le terme pour Marcel parce que , là, je pense que vous auriez vu juste.
Non, je ne reproche pas à mon voisin d’appeler la police. Mais je reproche à votre chauffeur de bus d’être allé au-delà des prérogatives qui sont les siennes et d'avoir outrepassé l'objet de sa mission. Il y a tout de même une différence entre prévenir la police de ce qu’on peut supposer être un cambriolage et, TRANQUILLEMENT, déposer un passager clandestin à la porte d’un commissariat. Non ?
Rédigé par : Véronique pour Marcel et dab | 07 décembre 2006 à 11:17
A Véronique,
« " révolutionnaire " me concernant, pas tant que ça. Mais vous mettez là en évidence mes paradoxes, auxquels je tiens ».
J’ai écrit ce mot façon pince-sans-rire. Et c’est comme cela qu’il fallait le prendre. Tout le paragraphe de votre commentaire auquel se rapportait ma réaction était,à mon avis, hélas, très juste. De là à exiger la moindre amélioration dans quelque domaine que vous citez, c’est faire descendre dans la rue deux millions de manifestants. N’oublions pas que nous sommes en France. Rappelez-vous la récente affaire des 35 heures des enseignants avec Ségolène.
« Vos petites anecdotes - et ça ne manque jamais - qui illustrent vos commentaires, ce n’est pas qu’elles sont inintéressantes. »
Pour les petites anecdotes j’ai toujours pensé et je continue à penser qu’un petit croquis (ou une photo en couleur) vaut mieux qu’un long discours .
Ici, il s’agissait de faire la comparaison, en très peu de lignes, sans avoir recours à des théories vaseuses de sociologues ou de psychiatres comme on en voit déposer pendant de très longues minutes aux Assises, deux comportements différents face à un même problème, par des personnes physiquement bâties identiquement mais agissant différemment, en raison de leur culture ou leur apprentissage de la vie.
Rédigé par : dab | 07 décembre 2006 à 09:56
A Véronique,
« Pour votre exemple suisse, ce qui me gêne beaucoup c’est votre notion assez particulière de la Séparation des pouvoirs qu'elle sous-entend ( eh oui! ). En effet, le conducteur du bus est-il un auxiliaire de police? Je pense, moi, qu’il y a d’un côté les conducteurs de bus et de l’autre les policiers. Il ne faut pas que les métiers et que les missions des uns et des autres se confondent. »
En mettant vos actes en accord avec ce que vous écrivez, vous reprocherez à votre voisin d’être un « auxiliaire de police » pour avoir appelé la police et ainsi évité un cambriolage qui était en train de se perpétrer dans votre appartement, en votre absence ?
Rédigé par : dab | 07 décembre 2006 à 09:23
A Parayre,
Je crois que nous sommes un tout petit peu sortis du sujet initial et que nous sommes en train de faire des heures supplémentaires au noir.
Je n’ai pas lu ce rapport des deux parlementaires que vous citez et par conséquent je ne connais pas la date à laquelle il a été rédigé d’autant plus qu’il n’a pas retenu mon attention, comme relevant de la banalité, lorsqu’il a été publié, mais à la lecture de ce qui est écrit dans votre commentaire, je crois que j’en aurais appris autant, sinon plus, d’une certaine presse française, toujours la même, qui ne fait d’ailleurs que plagier Jean Ziegler lequel, en écrivant ses livres, n’existe que par la pérennisation « d’une stratégie bien ordonnée de captation des capitaux venus du monde entier ».
Quelle stratégie de captation? Imaginez-vous un quelconque détenteur de capitaux, censé réfléchir un tout petit peu, aller mettre en sécurité ses disponibilités obtenues de manière douteuse en Argentine (parlez-en donc aux Italiens honnêtes qui avaient investi dans ce pays et demandez-leur qui sont les vrais prédateurs ) ,au Zimbabwe ,en Côte d’Ivoire, au Venezuela ou en Bolivie ?Il ne faut pas être naïf.
La Suisse est une démocratie exemplaire, donc à l‘abri de tout soubresaut politique, un pays neutre et néanmoins bien défendu étant le seul pays européen capable de mobiliser 700.000 hommes en 48 heures, un pays facile d’accès où le secret bancaire est bien gardé. Il n’en faut pas plus pour bénéficier d’une réputation de pays sûr en matière d’argent.
Le problème des fuites de capitaux vers les « paradis fiscaux » est d’abord celui des pays d’où les capitaux fuient, les « enfers fiscaux ». La question est de savoir si dans ces pays il est plus avantageux de s’adonner à des trafics illégaux, en principe risqués et par conséquent plus rentables pour ceux qui ont de solides appuis ou qui peuvent se payer les meilleurs avocats, que de gagner son argent à partir d’occupations honnêtes et de le voir dilapidé via les prélèvements fiscaux, en dépenses de gabegies par l ’État.
Ainsi, assez souvent, on nous apprend qu’une « grosse quantité de drogue » a été saisie par les douanes françaises. Y a-t-il en contrepartie de toutes ces saisies des suites judiciaires et les gros bonnets ne bénéficient-ils pas le plus souvent de ces « inutiles voies de recours » et des « erreurs de procédure » pour être relâchés avant de retrouver la clandestinité?
A ce qui est écrit dans votre commentaire et ainsi rédigé:
« Les autorités fédérales suisses n’ont pas encore été capables, à ce jour, de combattre efficacement ces mécanismes fiduciaires que l’on retrouve systématiquement utilisés, de manière détournée, à des fins de blanchiment. »
J’opposerai simplement une partie de l’éditorial de Pierre Taribo de l’Est Républicain du 1er février 1989 titré « Manque de certitudes » dont je reprends partiellement ces quelques lignes :
« Le rapport tant attendu est arrivé. Mais comme il pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses, on est tenté d’écrire qu’il s’agit d’un coup pour rien. Certes le fameux document relance l’affaire Péchiney au lieu de l’enterrer mais la version qu’il propose des événements nous laisse en manque de certitudes. C’est un peu comme un roman policier dont le lecteur ignorerait la fin parce que l’auteur n’a pu écrire le dernier chapitre, celui où justement le coupable est démasqué. »
Puis un peu plus loin
« Une chose est sûre, la COB, en dépit de son ardeur à la tâche, n’a pas et de loin, fait le tour de la question. Mais en réunissant un certain nombre de présomptions elle éclaire un peu le scandale et laisse au judiciaire le soin de lever complètement l’abat-jour. »
Plus loin encore
« De tout cela, il faut retenir la grande misère de la COB qui ne peut enquêter efficacement sur les délits d’initié et l’apparent souci du pouvoir de démêler l’imbroglio financier »
Je crois que la France, sur le chapitre en question, n’avait à cette époque rien à envier à la Suisse,et j’aimerais assez jeter un coup d’oeil aujourd’hui sur le tableau de chasse de Tracfin ou avoir confirmation de l’absolue efficacité de l’AMF, version améliorée de la défunte COB.
Et au passage
« Il lui faut maintenant faciliter la coopération judiciaire encore entravée par d’inutiles voies de recours et ne plus opposer l’exception fiscale.»
J’objecterai que les « inutiles voies de recours » ne sont pas spécifiques au cas de l’argent sale, qu’il y aurait une équivalente exigence au niveau de l’extradition et je demanderai qu’on reconsidère ce qu’à fait la France dans le cas de « l’écrivain » Battisti depuis qu’il s’est réfugié dans notre pays.
Alors je dirai, moi aussi, que je n’en tire, à titre personnel, aucune conclusion sur les Français, qui ont dans l’affaire évoquée plus haut (Péchiney-Triangle), sans doute pour « lever complètement (ou partiellement) l’abat-jour », beaucoup bénéficient des compétences et de la ténacité de gens comme le procureur fédéral Rudolph Giuliani, Bruce Baird un de ses adjoints, le procureur fédéral Charles Carberry ainsi que Gary Lynch, chef de la section de l’application des lois et règlements à la SEC.
Rédigé par : dab | 07 décembre 2006 à 09:00
Ministère du droit et de la protection civile pour rappeler que nous sommes dans un état de Droit et que tout individu peut compter sur son institution, c'est valorisant et la sémantique donne un symbole prioritaire de mission. Le terme civil pourrait même être supprimé, celui de protection serait alors mise en valeur. Ministère du Droit et de la protection, voici un intitulé sécurisant avec une valeur altruiste, apaisante. Ministère de la protection sans le droit apporte plus un sens infantilisant qui serait alors néfaste à une société où l'effort et l'autonomie ne sont pas assez mis en exergue.
Rédigé par : LEFEBVRE | 07 décembre 2006 à 04:23
Marcel, vous êtes trop systématiquement dans l'invective, l'anathème et l'incantation, c'est fatigant. Les décharges d'adrénaline successives ne constituent pas un raisonnement.
Que l'Education Nationale soit le premier employeur en France ne prouve qu'une chose : c'est que les enseignants sont rattachés à l'Etat alors qu'ailleurs, pour des raisons historiques, ils sont rattachés à des régions ou landers. En effectif cumulé, les nombres sont comparables. Voir les rapports de l'Unesco sur le sujet.
Les résultats de la police dans différents pays s'évaluent en fonction du niveau de sécurité atteint. Suis-je plus en danger à Dusseldorf qu'à Lyon ? Non, et pourtant il y a 50% de policiers de plus en France.
Mais avec un taux record de 1 policier pour 270 habitants, on dénombre à peine 1 policier pour 800 habitants dans certains quartiers pourtant dits sensibles : tâches administratives, absentéisme, inorganisation.
Si vous ne voyez pas qu'un ministère qui s'occupe des cultes aussi bien que de l'implantation d'un giratoire, de l'organisation des élections ou de sécurité publique est un ministère fourre-tout et tentaculaire, je n'ai pas de solution pour vous le démontrer.
"Chatouiller" est une litote, mon bon Marcel.
Enfin, il ne vous est pas venu à l'esprit que le vieux monsieur de 80 ans et son ordre du mérite pouvait être quelqu'un de suffisamment proche de moi pour que je puisse vous dire sans hésitation que des innocents en prison, cela existe, même si je concède volontiers qu'ils ne constituent pas la majorité du genre. Ce n'était pas mon propos d'ailleurs, de signaler ce fait, mais plutôt de montrer que deux racailles, aussi éloignées que possible socialement du vieux monsieur, se sont comportés fort civilement en lui portant ses paquets tandis que le gardien qui virait tout ce monde-là dehors avec morgue n'a pas eu l'ombre d'un geste d'humanité. Sur cet exemple précis et constaté, vous permettrez que mon respect aille aux uns plutôt qu'à l'autre, quand bien même seraient-ils du mauvais côté de l'ordre.
Tourner sept fois son mulot avant de maltraiter son clavier...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 décembre 2006 à 01:17
Dab, Parayre,
Si nous devons parler de la Suisse, n'oublions pas que c'est un modèle de démocratie en Europe, où l'on fait des votations pour tout et rien, où les citoyens de chaque canton ont toujours leur mot à dire sur la destinée de leur canton, où l'on vote plus souvent pour des idées que pour des personnes.
Le fait que la Suisse jouisse de l'omniprésence de ses banques au secret très bancaire est une autre question.
Jean-Dominique,
Le fait est que l'Education nationale est le premier employeur de France, que c'est incomparable par rapport à d'autres pays. Vous parlez de nombre d'élèves par classes, vous oubliez au passage que dans d'autres pays les études sont largement plus réduites. On peut facilement arguer que nous avons trop d'enseignants dans notre pays, et certains ne manquent pas de le faire, notamment les adorateurs de l'hyperbole du mammouth.
Bien entendu, je ne partage pas leur avis.
Mais je vois très mal comment vous évaluez les résultats des activités de la police. Ne me dites pas, je vous en prie, que vous fonctionnez en terme de simples résultats statistiques, c'est-à-dire exactement le point qui à permis à UNSA-Police et au SNOP de ne pas trop souffrir de la progression d'Alliance et de Synergie Officiers. Ne mes dites pas que vous croyez que le judiciaire et le sécuritaire sont affaire de chiffres brut.
Vous me dites que l'organigramme de l'Intérieur serait incohérent ? Je ne trouve pas. DCRG, DCCRS, DSCP, DST, DCPJ, DFPN et DAPN, ces services ne se chevauchent pas dans leurs attributions (je ne parle pas des annecdotiques SPHP et compagnie). Trop de services concurrents ? Allons, nous ne sommes plus à la grande époque BRB contre OCRB... Et franchement, je ne sais pas si nous devons avoir honte face aux homologues européens. A de nombreux égards, la police et la gendarmerie nationale sont considérées comme des références au niveau international (et je ne parle pas uniquement du GIGN, GIPN et RAID). Rien qu'au niveau du maintien de l'ordre, nos compagnies républicaines de sécurité et gendarmes mobiles arrivent à gérer des mouvements contestaires de masses sans mort d'homme, on ne saurait en dire autant de certains homologues européens, notamment carabinieri. Alors c'est sûr, on peut bien hurler « CRS SS » mais c'est du négationnisme.
Quant aux hools qui saluent les bobbies, je vous assure que la culture anglaise est très différente de la culture française. Quand on prend les Britanniques pour des furieux, c'est un peu comme lorsqu'on prend certains auteurs romains antiques très critiques sur leur temps pour présenter les Romains comme tous débraillés et orgiaques. On ne se rend pas compte que leur force d'attraction repose sur le fait qu'ils sont apparus dans des sociétés beaucoup plus rigoureuses que la nôtre. Un peu comme si dans 400 ans on prenait les films de Catherine Breillat comme l'exemple des relations homme-femme de notre ère. A quoi bon chanter « God save the queen", "the fascist regime, they made you a moron » aurait-il eu tant d'impact dans une société moins coincée ?
Par ailleurs « chatouillé vivement », ça veut dire quoi ? Excusez-moi, mais j'ai un faible degré de tolérance à l'égard des violences volontaires. On ne « chatouille » lorsqu'on éborgne presque un individu.
Quant à l'ordre du mérite, excusez-moi mais je ne crois pas ce genre de dignités compatibles avec une condamnation pénale. Je sais bien que la légion d'honneur est maintenant affaire de footballeurs, mais je ne m'y résous point.
Quoi qu'il en soit, que des fonctionnaires aient manqué de faire honneur à leur uniforme ne change rien au reste de notre discussion.
Véronique,
Pour les Suisses, la police est le bras de la Nation - enfin du Canton ou de la Confédération. Aider la police, c'est s'aider. Lorsqu'un individu délinque, il paraît naturel aux Suisses, en particulier les Suisses germanophones, de le dénoncer à la police. Ce n'est pas être auxiliaire de police, c'est vivre sa citoyenneté et ne pas considérer les fonctionnaires comme une chose extraordinaire conceptuellement.
Il y a évidemment d'un côté les policiers et de l'autre ceux qui le sont pas. Mais peut-on souhaiter que comme en France, des gens assistent sans rien dire à la destruction du bien commun, sous prétexte qu'ils n'ont pas fait le choix de porter l'uniforme ? Qu'est-ce que le citoyenneté, si on se contente de reléguer son incarnation aux fonctionnaires, profs ou policiers ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 06 décembre 2006 à 23:05
Mais enfin, dab, admettez quand même que " ministère de la Tranquillité publique " ça ne convient pas du tout ! C’est une appellation de communicant, c’est trop suave et lisse. J’admets que " ministère de la Sécurité publique ", ça ne va pas du tout. PB m’a convaincue que l’expression fait trop ministère de l’Intérieur, trop police, trop tout ça. En fait je pensais le mot sécurité au sens commun. Mais, vraiment, le fond de l'idée de PB, je pense qu'elle correspond à un besoin de l'ensemble de la population de notre pays.
Pour votre exemple suisse, ce qui me gêne beaucoup c’est votre notion assez particulière de la Séparation des pouvoirs qu'elle sous-entend ( eh oui! ). En effet, le conducteur du bus est-il un auxiliaire de police? Je pense, moi, qu’il y a d’un côté les conducteurs de bus et de l’autre les policiers. Il ne faut pas que les métiers et que les missions des uns et des autres se confondent.
Pour votre exemple bien de chez nous. A mon avis, le cadre dirigeant de ce chauffeur, disons-le tout net, est une nullité. Je pense que la valeur d’un cadre ou d’un dirigeant se mesure aussi à la façon dont travaillent ou ne travaillent pas ceux qu’il est censé diriger. Évidemment là, c‘est du pire que nul.
" révolutionnaire " me concernant, pas tant que ça. Mais vous mettez là en évidence mes paradoxes, auxquels je tiens.
Je suis profondément attachée à un idéal de Justice et au non négociable dans les principes qui vont avec. Mais je déteste les systèmes qui nous enferment dans des habitudes et des conformismes dans le travail, qui font qu’on ne cherche pas à progresser ou à améliorer concrètement et avec efficacité les choses et les environnements. Tout cela finit par plomber toute tentative de progression, et par désespérer ceux qui ont envie que les choses avancent et réussissent. Dans le travail, je crois à la vertu des actions simples.
PS : ne le prenez surtout pas mal. Vos petites anecdotes - et ça ne manque jamais - qui illustrent vos commentaires, ce n’est pas qu’elles sont inintéressantes. Mais, bon, en ce moment, je suis plutôt cafardeuse, car dans le regret de D. Simonnot dans Libé.
dab, pour faire Simonnot, ce n’est pas encore vraiment gagné… y a encore pas mal de boulot!
Rédigé par : Véronique pour dab | 06 décembre 2006 à 20:17
Marcel, soyons sérieux, s'il vous plaît. Le nombre d'enseignants en France, relativement à ceux de nos grands voisins, est fonction de critères démographiques. Le sureffectif des classes en France, qui tend à se réduire d'année en année, indique que le nombre d'enseignants par élèves dans le primaire et le secondaire est moins élevé en France qu'en Allemagne et équivalent à celui de l'Angleterre. En revanche, la proportion de policiers par habitant est de plus d'un tiers supérieur en France que le plus élevé de nos voisins, l'Angleterre. Et cela pour des résultats, soit équivalents, soit inférieurs. J'y vois matière à amélioration et non à auto-satisfecit.
Lorsque je parle de dégraisser le mammouth de la place Beauvau, je n'évoque d'ailleurs pas la question des effectifs, mais la concentration excessive de compétences hétéroclites au sein d'un même ministère. Jetez un oeil sur l'organigramme du ministère de l'Intérieur et trouvez-moi un organigramme comparable dans un autre pays industrialisé. Il y a trop de services, parfois concurrents.
Dans la perspective de Philippe, cette clarification est essentielle.
Les hooligans saluant poliment les bobbies ! Faut arrêter le Riesling !
Une anecdote datant de ce matin. Un vieux monsieur de 81 ans est sorti de la prison de Fresnes. On a entassé dans des cartons tous ses bouquins et ses fringues et on l'a balancé à la porte de la prison sans même avertir sa famille et sans l'accompagner à la sortie du centre pénitentiaire. Pas un gardien pour lui porter ses affaires (plus de 80 kilos) jusqu'à la sortie. Sortent en même temps que lui deux jeunes, disons Rachid et Mouloud, qui venaient de tirer 4 mois pour avoir chatouillé un peu vivement l'oeil d'un policier. "Vous voulez qu'on vous aide Monsieur ?" Les deux racailles ont trimballé sur 200 mètres les paquets du vieux monsieur. Apprenant qu'il avait perdu sa femme, l'un d'eux lui prend la main et lui dit "Je vous présente toutes mes condoléances, monsieur".
Le vieux monsieur est en complet veston de chez Saint Laurent, arborant son ordre du mérite, un notable, un bourgeois. La racaille l'a aidé, avec la politesse que je viens de citer, pas les fonctionnaires présents.
Marcel, la réalité est dix mille fois plus complexe que vous ne l'imaginez, si vous saviez...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 décembre 2006 à 18:41
@dab
Lu dans le rapport parlementaire de MM.Peillon et Montebourg :
"La lutte contre le blanchiment des capitaux en Suisse :
Un combat de façade "
Sous les coups répétés de scandales politico-financiers, la Suisse s’est juridiquement dotée d’un ensemble de mesures spécifiques, destinées à lutter contre le blanchiment des capitaux.
Toutefois l’application de la loi dans ce domaine se heurte à de vives réticences et de graves inerties de la part des acteurs de la place financière.
Négativement qualifiée de " centre offshore " par les experts internationaux, la Suisse, véritable prédateur de la finance mondiale, a mis en place une stratégie bien ordonnée de captation des capitaux venus du monde entier.
Revenus non déclarés, fortunes de dictateurs, commissions occultes, tous ces fonds viennent encore trouver refuge dans la Confédération helvétique où ils sont efficacement et discrètement gérés par des professionnels de la finance.
Des intermédiaires financiers gèrent ainsi les comptes en Suisse de milliers de sociétés domiciliées offshore, derrière lesquelles s’abritent les véritables bénéficiaires de ces sommes.
Les autorités fédérales suisses n’ont pas encore été capables, à ce jour, de combattre efficacement ces mécanismes fiduciaires que l’on retrouve systématiquement utilisés, de manière détournée, à des fins de blanchiment.
La Confédération helvétique ne pourra pas, d’autre part, continuer de rester indéfiniment en retrait par rapport à ses voisins de l’Union européenne, sur la question fiscale et celle de l’entraide judiciaire.
Il lui faut maintenant faciliter la coopération judiciaire encore entravée par d’inutiles voies de recours et ne plus opposer l’exception fiscale.
Je n'en tire , à titre personnel , aucune conclusion sur les Suisses .
Rédigé par : Parayre | 06 décembre 2006 à 18:20
A tous,
Depuis trois jours que cette discussion se déroule, où malgré Orwell et Pétain cités respectivement par Véronique et sbriglia, tout n‘y est pas encore passé, et comme je n’ai vu aucun commentaire en faire état, je signale qu’en Suisse, le pays de ceux qui ont un « CH » à côté de leur plaque d’immatriculation sur leur voiture (ce qui ne veut pas dire Chuisse,mais « Confédération Helvétique »), il existe non pas un ministère de l’Intérieur et non pas, d’autre part, un ministère de la Justice, mais un « département » (équivalent de l’appellation de « ministère ») qui rassemble les deux et qui s’appelle officiellement le « Département fédéral de justice et police » dont le responsable actuel (et depuis le 1er janvier 2004) est le Conseiller fédéral Christoph Blocher qui a, entre autres, étudié dans sa jeunesse à Montpellier et à Paris.
A toutes fins utiles:
http://www.dfjp.admin.ch/ejpd/fr/tools/uebersicht.html
A frigobus (premier commentaire)
« Pour le fond, je ne commente pas, j’ai pas réfléchi! »
Mon avis est que c’est mieux ainsi.
A doc
« Quand la chose est si bien dite, il n'y a rien à ajouter.
Donc espérons cette idée de grand ministère concrétisée par nos décisionnaires. »
Le problème est qu’en France il faut entre trente ans et un demi-siècle pour qu’une idée se concrétise... quand il s’agit de modifier quelque chose qui implique l’administration du pays.
A Lefebvre
D’accord, entre autres, pour la « République du mensonge médiatiquement correcte »
Pour une nouvelle dénomination des banlieues, allons-y pour « Zones Périurbaines en Voie de Facilitation »
A Véronique
«Maintenant, il me semble aussi qu’il serait plus souhaitable de commencer par faire le ménage dans chaque ministère concerné : priorités, lourdeurs, budgets mal utilisés et non contrôlés, inefficacité de ceux qui sont censés diriger ou encadrer, ouverture dans les recrutements, pragmatisme et mise en place d'objectifs précis et soumis à évaluation, etc.
»
Vous êtes une dangereuse révolutionnaire. Vous n’avez jamais vu de panneau « Silence prudence Merci » ?
En prime, un fait divers entendu à la Radio Suisse Romande, il y a quelques années.
A Thun, dans un autobus monte un passager sans billet et s’y installe (en France on aurait dit un « jeune »). Le conducteur s’en aperçoit, ne bronche pas et laisse. Puis continue son circuit. Mais très vite les autres passagers s’aperçoivent, en se regardant les uns les autres, inquiets, qu’il a dévié de sa propre initiative de son itinéraire habituel. Puis arrivée du bus devant le commissariat de police. La police cueille le passager en situation irrégulière, sans bruit, sans coup férir. Terminé. Le conducteur n’a jamais eu besoin de recommencer une telle action.
Comment cela se serait-il passé en France?
Entendue cette conversation entre deux conducteurs, place de la Nation, un lundi de Pentecôte à 23h40, ligne 26 Porte de Vincennes-Gare St-Lazare, quand il y avait encore le service militaire.
« Ça y est t’as fini ? Ah oui, dans ce sens là c’est quand même mieux à cette heure. Si c’est à Saint- Lazare à la même heure, il y plein de bidasses qui rentrent de province. Cela me fait cinquante tickets à vendre les uns après les autres. Alors je ne viens m’installer au volant qu’au dernier moment juste avant le départ, ils sont déjà tous installés bien tranquilles dans le bus, et puis je pars ! »
Deux pays,deux comportements...
Rédigé par : dab | 06 décembre 2006 à 15:13
Je suis d’accord avec jpchaume, ce qui est redoutable aujourd’hui chez les politiques et quelle que soit la couleur qu’ils défendent, c’est l’omniprésence des communicants et la faiblesse de leurs clients politiques à ne pas savoir leur résister. Rappelons-nous " la force tranquille " et le " Ministère du temps libre " des années 80 !!!
En face des communicants, il faut impérativement des personnes qui seront garantes de la valeur et du pouvoir des mots et des concepts.
Ce fort penchant chez les " marketeurs " à ne pas appeler un chat un chat m'apparaît dangereux. Dans une entreprise quand un patron est un patron, on peut s’y opposer, car, au minimum, on l’identifie . Quand les responsables se définissent avec des mots aseptisés, ils instaurent une sorte de flou et de perversion dans les rapports.
Je pense, comme l’écrit jpchaume, que " "Le primat de la justice" me semble impératif, et sa séparation de l'exécutif décisivement républicaine ! ".
je pense également que l’idée développée dans la note est très intéressante et novatrice. Mais " la tranquillité publique " , je suis pas d’accord. Car même si je ne maîtrise pas exactement les notions d’ordre public et de séparation des pouvoirs, je crois néanmoins que la dénomination " Ministère de la sécurité publique " (au sens de garantie et de droit à la sécurité) a au moins le mérite de dire son nom et de parler clairement au plus grand nombre.
Maintenant, il me semble aussi qu’il serait plus souhaitable de commencer par faire le ménage dans chaque ministère concerné : priorités, lourdeurs, budgets mal utilisés et non contrôlés, inefficacité de ceux qui sont censés diriger ou encadrer, ouverture dans les recrutements, pragmatisme et mise en place d'objectifs précis et soumis à évaluation, etc.
Rédigé par : Véronique | 06 décembre 2006 à 08:07
J'entends souvent les mots : misère, précarité, pauvreté notamment dans les médias, les centres sociaux, les travaux universitaires sociologiques en parlant des banlieues qu'il faut, paraît il, ne plus nommer ainsi.
J'aimerais donc profiter du ton de la conversation pour émettre une critique quant à ces qualifications, qui est en moi depuis quelque temps.
De quoi parle-t-on et avec quelle indécence ?
Je n'ai jamais croisé dans les cités françaises de sans-logis, ces derniers y seraient rapidement maltraités. Personne dans les zones urbaines n'a le scorbut, le ventre gonflé d'air par manque de nourriture solide, les stigmates d'une anorexie forcée, personne n'y est jamais mort de faim. C'est même le seul endroit où la puissance du tissu associatif est telle que les restos du coeur sont ouverts toute l'année.
Ce sont en Lacoste que les bandes mafieuses brûlent les voitures, ils ont tous de la sape de marque, ils n'ont pas l'air mal nourri, au contraire.
Misère, pauvreté, il y a mauvaise foi sur les termes. Dire que les émeutiers sont pauvres, c'est comme supposer une once de talent à Diam's ou à monsieur R. Tout et n'importe quoi est dit dans cette République du mensonge médiatiquement correcte. Avant de redonner une place naturelle à la justice, à la police, à l'enseignement, il faudrait redonner une honnêteté aux mots, un sens vrai au langage usuel. Il y aurait déjà un progrès considérable et une identification des causes réelles de la crise de notre société. Les discours en deviennent systématiquement un métier à tisser les mots pour les vider de leur sens premier. Toute intervention publique semble faite pour enfler le non-dit. Ce non-dit ne fera qu'exploser plus intensément le jour dit.
Ainsi un clochard devient un SDF, mais a-t-il moins froid l'hiver ? Une femme de ménage devient une technicienne de surface, mais est-elle mieux payée ? L'éboueur devient agent de propreté, mais ramasse-t-il autre chose que des poubelles ?
La liste serait longue et incomplète. Ce ne sont pas des pauvres qui ont brûlé des voitures, mais des voyous mégalomanes qui exigent d'être chefs, milliardaires et oisifs. Ce ne sont pas des jeunes, il y avait des trentenaires et c'est insultant pour notre jeunesse prise avec tant de maux dans une situation souvent peu enviable que de la ramener à ces actes délictueux. Nombre de jeunes sont au contraire étonnant de lucidité, de bonne volonté et de courage.
Rédigé par : LEFEBVRE | 06 décembre 2006 à 04:10
" La France nouveau tiers-monde " : je crains , Marcel Patoulatchi , que les plaies dont vous êtes témoin vous aveuglent et vous fassent perdre de vue que sur notre territoire on crève plus d'excès de cholestérol que d'insécurité .
Nos échanges passionnants et passionnés sur les problèmes de justice sont un " luxe ", il est vrai non taxé ,autant en profiter donc , que nombre de pays seraient heureux de connaître .
La violence , nos institutions y participent : comme l'eau empoisonnée désaltère avant de tuer , la répression étanche la soif de justice mais en même temps l'empêche d'aller chercher d'autres sources .Il est nécessaire d'empêcher les malfaisants de nuire , et lorsqu'ils ont réussi , il est aussi indispensable de repriser le tissu social déchiré .
Rédigé par : Parayre | 05 décembre 2006 à 21:49
Jean-Dominique,
La culture nationale française n'a guère de rapport avec la culture nationale britannique. Baladez-vous avec un T-shirt arborant le drapeau tricolore en France comme de nombreux Britanniques arborent l'union jack dans leur pays, vous constaterez des réactions bien particulières en France.
Par ailleurs, je ne crois pas que l'hooligan n'est pas représentatif de l'ensemble des Britanniques. D'autant plus que les hools au Royaume-Uni ne sont pas forcément des cas sociaux, a contrario du cas habituel français - en quelque sorte, un hooligan saluant un bobby n'est pas forcement impossible.
Finalement, faut-il rappeler qu'évidemment la France à poussé bien plus loin le Welfare State que les pays anglo-saxons ? Doit-on s'en plaindre, en faisant l'effort de ne surtout pas remarquer que nombre de Britanniques (cf le syndicat Amicus à propos des fermetures d'usines Peugeot et open/vauxhall) ne semblent pas forcement si hostiles à notre modèle plus centralisé. L'administration française ayant le plus de personnel est l'Education nationale : comparez-vous aussi ces chiffres avec ceux de l'étranger ? Proposez-vous aussi un dégraissage, sans se soucier de ce que notre modèle centralisé nous apporte ?
Quoi qu'il en soit, je suis de ceux qui ne parlent de tradition que pour les questions culinaires et folkloriques. Pour le reste, le fait qu'une chose soit traditionnelle ou pas ne me paraît sans intérêt, ce qui compte c'est le besoin et la réponse apportée.
Et en la matière, je ne crois pas que les administrations françaises aient à rougir. Sans doute sont-elles perfectibles, je crois néanmoins qu'elles sont loin d'apporter des réponses médiocres aux défis majeurs que la situation nationale apporte (qui ne sauraient être comparés aux défis posés dans des pays scandinaves à faible densité de population et à niveau moyen d'éducation de la population largement supérieur, sans parler du PIB par habitant).
Quant à la séparation des pouvoirs, elle signifie que la Justice se rend sereinement uniquement en fonction de la loi. C'est parfaitement le cas en France, en tout cas sur les fondements théoriques, et nul ne propose le contraire. Un ministère réunissant Intérieur et Justice ne remettrait pas cela en cause, il n'est pas question de rendre les magistrats du siège subordonnés au garde des Sceaux.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 05 décembre 2006 à 19:04
"Il s'agit de choisir entre :
Etat de droit ou Etat étroit ?"
okok
just Qwyzyx me don't tease me , célèbre morceau de jazz là !
sinon " marche tout droit même si on est à l'étroit ! "
alors pourquoi pas essayer l'agrandissement à défaut d'ouverture !
rooo " l'ouverture" là c'est Toussaint et plus classique ? tant pis !
à bon entendeur !
Rédigé par : cactus et Qwyzyx | 05 décembre 2006 à 18:43
@jpchaume
Il n'y a pas de séparation des pouvoirs dans le cadre d'une politique nationale actionnée par un gouvernement. La politique de tranquillité publique, si l'on retient cette expression, s'appuie sur des acteurs qui doivent agir de concert. Rien n'est plus surprenant dans notre pays que l'opposition quasi-systématique entre la place Beauvau et la place Vendôme, chacun tentant de soumettre l'autre.
Or si l'on peut concevoir, dans une dictature, un ordre policier sans justice, on ne peut imaginer une justice sans le bras séculier de la police. C'est la raison pour laquelle j'aurais tendance à mettre au haut de l'échelle l'institution la plus fragile, qui est la justice, sans préjuger des nécessaires et radicales réformes dont elle doit faire l'objet.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 décembre 2006 à 16:05
Marcel, l'outrance ne constitue pas, sauf à vouloir rigoler entre copains, ma façon de penser.
Nicolas Sarkozy rappelait lui-même lors de l'émission avec Arlette Chabot (Pauvre Arlette, qu'est-ce qu'elle fait démodée aujourd'hui !!!) que beaucoup trop de policiers "tapaient le carton" en attendant d'avoir quelque chose à faire.
C'est de tous temps que la France a été un état de tradition policière, bien avant les émeutes de 2005.
Oui, il est pertinent de comparer ce qui est comparable, et la France n'est pas atteinte d'une maladie congénitale qui épargnerait l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne. Où avez-vous vu que le holligan anglais, inventeur du genre, disait respectueusement bonjour au bobby ?
Il y a d'autres politiques possible que le nombre, en matière de police comme en matière de justice. Qualité de la formation, revalorisation des salaires, redéploiement sur le terrain.
Ni l'incantation, ni l'outrance ne constituent une politique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 décembre 2006 à 15:48
Le commentaire de J.D.Reffait marque très justement ce qui me dérange.
Fouché Big Brother, non, non et non,surtout dans son incarnation présente, versatile et imprégnée de marketing politique.
Le "primat de la justice" me semble impératif, et sa séparation de l'éxécutif décisivement républicaine !
Rédigé par : jpchaume | 05 décembre 2006 à 14:56
Jean-Dominique,
Après l'éducation nationale, les dealers de peau de mamouth changent de cible.
C'est sûr, vu novembre 2005, la France a des moyens policiers sur-dimensionnés. C'est sûr, c'est pertinent de comparer la France, pays où il n'existe plus que 9 départements sans banlieues à émeutes, à d'autres pays européens où tous les habitants disent respectueusement bonjour à n'importe quel policier qu'ils croisent.
Allons-y, tuons l'infâme république. On y aura droit, à la France nouveau tiers-monde, si on la veut.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 05 décembre 2006 à 14:21
La France est historiquement un état policier, hanté depuis les Capétiens par la menace de la division et de l'éclatement. Nos ministres de l'intérieur, les Fouché, Marcellin, Pasqua, Chevènement ou Sarkozy, pour ne citer que ceux qui ont marqué l'opinion aussi bien que les policiers, se sont inscrits dans cette tradition policière française : sureffectif policier (comparativement à nos voisins, pour des résultats comparables voire inférieurs), une certaine culture barbouzarde, une surveillance aussi étroite que possible des comportements. Le résultat en est un ministère de l'Intérieur qui fait tout et n'importe quoi, les cultes, l'aménagement du territoire, les collectivités locales, les élections, la police et la gendarmerie, tout cela, en fonction de la coloration du ministre, avec une orientation policière soutenue. C'est la vieille tradition régalienne de l'Etat.
Le ministère de la Tranquillité publique, dont j'approuve la dénomination car elle est simple, calme, non conflictuelle, que suggère Philippe saurait-il s'émanciper de cette culture policière ? Idéalement, ce ministère équilibrerait dans toutes ses composantes les actions de services spécialisés décloisonnés. Mais le risque existe cependant qu'un tel ministère devienne un super-ministère policier avec les pseudopodes misérables de la justice et de l'administration pénitentiaire.
Il conviendrait donc, avant toute chose, de dégraisser le mammouth de la place Beauvau pour en répartir les différentes compétences entre des ministères plus équilibrés.
Je suggérerais même que le siège de ce ministère soit situé place Vendôme, car si je peux noter, avec une once de perfidie, que vous reprenez la notion de tranquillité présente dans la rupture tranquille, je pense, pour ma part, que l'ordre juste implique un primat de la justice.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 décembre 2006 à 12:45
@ Parayre,
je me permets juste une petite touche d'humour avec une pointe d'ironie, non à votre égard, mais à celui de la vie.
Pourvu que ce procureur de la nation nommé ne soit pas Gérald Lesigne.
Rédigé par : LEFEBVRE | 05 décembre 2006 à 05:35
N.S a formulé l'idée de créer un procureur de la Nation chargé de veiller à la déclinaison au niveau local de la politique pénale préalablement arrêtée par le gouvernement .
Cette proposition ancienne que le ministre-candidat semble vouloir reprendre à son compte me semble intéressante et il me serait agréable , Philippe , de connaître votre avis .
Elle me paraît en effet intéressante car elle présuppose , un peu comme vous l'imaginez avec le ministère de la Tranquillité publique, une véritable implication - non ponctuelle et opportuniste - de l'exécutif dans la détermination des choix de poursuites et donc de la politique pénale .
Or , " exercer l'action publique pour l'application des peines " ( article 1 du CPP ) ce n'est rien d'autre que concilier la politique pénale définie au niveau national et les réalités locales .
Cette adaptation nécessaire ne peut notamment , sauf meilleur avis de votre part , selon la formule consacrée , se concrétiser que par le principe d'opportunité des poursuites qui implique des relations transparentes et lisibles pour nos concitoyens entre les procureurs et une autorité responsable - aujourd'hui le GDS , demain un procureur de la Nation au statut le rendant "insuspectable" de choix partisans .
Cette détermination souhaitée et souhaitable de la politique pénale permettrait un débat de fond préalable sur des questions aussi essentielles que l'adaptation des politiques judiciaires aux moyens alloués à l'institution et , réciproquement , pour retrouver un thème à vous cher , la nature des contrôles qui doivent être exercés sur les magistrats au regard des pouvoirs qui leur sont délégués ...
Rédigé par : Parayre | 04 décembre 2006 à 22:18
Oulala, lala, lala...
Et puis peut-être un ministère de l'Economie Féconde, de la Culture Bienséante,des Relations Extérieures Cordiales,de l'Agriculture Raisonnée,des Armées Bienveillantes,etc...
J'y ajouterai volontiers celui de la Mer Calmée.
Mais je persifle.
Pardon.
Rédigé par : jpchaume | 04 décembre 2006 à 18:27
On pourrait commencer, par exemple, par donner de vrais moyens pour assurer la sécurité, une bonne informatique aux tribunaux (pas moyen de suivre son dossier correctement ce jour, même sur une escroquerie de 30 MF), et vider les geôles des malades mentaux ( 25% ?)
Après on pourra peut-être mieux se synchroniser, ce qui sera le début du commencement d'un bon fonctionnement du pouvoir judiciaire ?
Rédigé par : Mm | 04 décembre 2006 à 17:24