On manque de héros, c'est clair. Ce besoin parfois puéril d'aller les rencontrer dans la fiction n'est très banalement que la compensation d'une vie réelle qui ne nous offre rien d'autre, souvent, que la platitude d'instants qui sont tout sauf magiques. On se dit avec tristesse qu'on n'est que soi et qu'on n'est entouré que de personnes ni meilleures ni pires que nous - une grisaille humaine qui rassure parce qu'elle n'exige rien. On se fond avec volupté dans la masse parce que la masse nous cache et nous laisse tranquille. Dans la multitude, nous sommes protégés de nous-mêmes.
Constat sans doute un peu trop pessimiste mais qui survient quand le hasard d'une lecture ou d'une actualité fait naître la nostalgie de l'héroïsme ou suscite le refus de la nullité. Quand, soudain, dans notre champ, les héros viennent peupler les songes et que les zéros viennent nourrir notre amertume.
Doc Gynéco ne cesse de clamer son attachement tout neuf à Nicolas Sarkozy (le dernier JDD) mais le Parisien d'aujourd'hui nous apprend qu'il a passé la nuit au poste à la suite d'un comportement agressif et fortement alcoolisé. Tout cela ne serait que navrant - un zéro de plus - si à la longue certains soutiens n'apparaissaient pas plutôt comme des handicaps que pour une chance. Sans doute, pour tout responsable politique, le plus difficile est-il de savoir résister à l'encens de l'estime, voire de l'admiration qu'on lui porte. Le fait d'être aimé ne garantit pas la compétence ni la qualité humaine ni la capacité d'entraînement de celui ou de celle qui vous adore. Cela donne Doc Gynéco, Johnny pour la Suisse, Pascal Sevran pour des mots de trop et Arno Klarsfeld qui a trop de missions. Il y a quelque chose de répulsif, pour le citoyen ordinaire, à devoir supporter des adhésions et des accolades qui ne le rendent pas fier de son propre choix. Il faut savoir se méfier des zéros.
Mais les héros, où sont-ils ailleurs qu'au cinéma ? Nulle part. Ou, alors, très loin dans le passé dans les tragédies indicibles de l'Histoire. J'y ai pensé à la suite du Grand Entretien paru dans le Monde des 7 et 8 janvier. Saul Friedländer y répondait à des questions sur " La Shoah ou la solitude des justes". Il expliquait " qu'il n'y a pas de groupe dans toute l'Europe, pas un seul, qui ait, en tant que tel, manifesté sa solidarité avec les juifs. Alors, c'est vrai, il y a les Justes. Mais il s'agit d'individus héroïques, pas de groupes sociaux."
J'ai toujours éprouvé une fascination pour les héros et cherché à démêler ce qui distinguait le commun des mortels du mortel exceptionnel. Je sais bien qu'aujourd'hui, et depuis un certain temps, l'héroïsme est mal porté, considéré comme une passion suspecte, flirtant avec le fascisme. Notre époque a définitivement choisi Racine et son humanité contre Corneille et ses exigences surhumaines. Pourtant, n'est-il pas clair qu'une forme de désintérêt de la politique provient aussi du fait qu'elle ne sait plus s'incarner dans des tempéraments et des personnalités non pas comme nous mais à l'horizon du meilleur de nous-mêmes ? Aujourd'hui encore, la politique reprendrait des couleurs, de l'audace et de la jeunesse si elle était portée par des Justes, des êtres capables de rendre enthousiasmants la pratique de la vertu et l'exercice de la démocratie. Le héros, à la fois exemple, modèle et frère.
Ils sont condamnés à être seuls. Le temps que les groupes délibèrent, la tragédie est accomplie, la catastrophe consommée. Contre la massification des lâchetés et des abstentions, le héros pousse son cri, a son sursaut d'existence et sa volonté d'action. Il vient bousculer le désordre choquant du monde pour y mettre l'ordre qu'il a créé et qui résulte d'une morale enfin inscrite dans la pâte du réel.
Il serait commode de se dire que les héros appartiennent à une époque révolue, où de grands malheurs exigeaient de grandes et belles âmes. Ce serait commode mais ce serait triste. La paix, la gestion, une société à améliorer peuvent aussi secréter de formidables destins. On est en manque, partout, d'humains sur lesquels accrocher nos rêves.
Les zéros, ici ou là, surabondent. Je suis sûr que les héros ne sont pas morts, seulement fatigués.
You write very well.
Rédigé par : Apria | 29 octobre 2008 à 00:46
Véronique,
Je veux simplement dire que l’on peut défendre quelqu’un (celui qui reçoit le caillou) sans pour cela adhérer à toutes ses opinions ou actions…
Quant au fait d’être juif, cela ne doit pas être systématiquement un laissez-passer à toute dérive (cf. un commentaire sur ce blog concernant la judéomanie).
Un citoyen est un citoyen quelle que soit son ethnie, sa religion etc.
Il n’y a pas de héros dans ce pays parce qu’ils ont sauvé des juifs , il n’y a que des héros qui ont sauvé la vie d’autrui contre l’oppression nazie.
Le héros est celui qui sait dire NON quand les pleutres disent oui.
Rédigé par : doc à Véronique pour le post du 12 courant | 20 janvier 2007 à 21:27
Véronique et Doc, permettez-moi cordialement de vous citer Marcus Pacuvius, un peintre latin, pour qui " un chien, quand il reçoit un caillou, cherche plus à mordre le caillou que celui qui le lance."
Abscons ? Je ne crois pas !
Rédigé par : Parayre | 20 janvier 2007 à 21:08
@ doc
"Je suis du côté de celui qui reçoit le caillou mais cela ne signifie pas que je sois toujours aux côtés de celui qui l’a reçu, nuance !"
...ah bon!...
...ben...alors...ce serait bien de m'expliquer la nuance...
...et vu comme ça… vous êtes un drôle de héros...je dirais...atypique
Pour la première partie de votre réponse, ça fait plus de 10 jours maintenant, que je me tue à expliquer à PB, que même les puissants, y compris s'ils sont normaliens, ont droit à une défense.
doc, ne ruinez pas le point, - une broutille, à dire vrai - que j'ai marqué. Mais celui-là, j'y tiens, car je pense que je l'ai tout de même gagné.
Et très sérieusement, je pense qu’être juif appartient à la sphère privée et intime. Je ne comprends pas cette mention dans le contexte de notre discussion.
Rédigé par : Véronique | 20 janvier 2007 à 19:50
Véronique,
Je viens de relire votre post qui avait dû m’échapper.
Je défends BHL quand on l’attaque sur des travers que partagent nombre de personnes ayant quelques pouvoirs et donc étant les premières à lui « jeter le caillou ».
Cependant je le répète et j’aime les conclusions du premier procès Juppé : nos formations imposent à nos erreurs des sanctions plus graves qu’au quidam.
Donc BHL normalien, juif (c’est devenu un honorariat !) ne doit pas dire et faire n’importe quoi…
Je suis du côté de celui qui reçoit le caillou mais cela ne signifie pas que je sois toujours aux côtés de celui qui l’a reçu, nuance !
Rédigé par : doc à Véronique pour le post du 12 courant | 20 janvier 2007 à 16:53
Il est vrai que des épisodes troubles du siècle, on a surtout retenu le culte du chef comme circonstance aggravante, pensant au Duce, Führer, petit père des peuples, etc. On aurait pu penser au culte des de Gaulle, Leclerc, Patton, etc.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 20 janvier 2007 à 12:17
@ doc
Je rectifie bien sûr mon propos.
J'avais bien compris l'assistance et le soutien que vous m'apportiez dans ma très modeste tentative défense de BHL. Je vous en remercie. Car, à l'évidence, nous n'étions pas trop de deux pour ESSAYER de mettre en échec un réquisitoire comme celui de Philippe. Mais lui, c'est son métier et que de l'expérience.
Nous, que des maladroits amateurs, et que des autodidactes dans l'apprentissage de la défense.
Simplement ce que j'ai voulu dire, et ce dont il faut se garder, même si les meilleurs avocats peuvent dire le contraire:
Le meilleur système de défense, c'est l'attaque.
Pas toujours.
Je pense que nous sommes d'accord là-dessus.
Et des défenses, y en aura d’autres à assurer sur ce blog. Croyez-moi, ça... c‘est du presque garanti.
@ Parayre
"La forme d'une ville /Change plus vite , hélas !/Que le coeur d'un mortel."
Je suis à nouveau d’accord. Je respecte vos deuils, vos rêves et vos nuages.
Mais si vous saviez à quel point, là aussi, parfois, comme je peux en avoir assez des jeunes femmes, des jeunes hommes, des moins jeunes, qui empruntent à la bibliothèque, et pour certains d’entre eux depuis des années, le magazine Rebondir ou les guides de CV, lettres de motivation ou bilans de compétences. Ils écrivent et écrivent à nouveau. Le plus souvent, on ne se donne même la peine d’accuser réception de leur demande.
Je souhaiterais seulement que leur choix puisse se porter également, avec légèreté dans leur tête, sur les littératures et les contes de fées.
Alors, pour finir, mes héros et mes héroïnes ce sont peut-être aussi ceux et celles qui, chaque jour, trouvent encore l’énergie d’écrire à nouveau.
Rédigé par : Véronique | 12 janvier 2007 à 07:48
@Lefebvre: copier sur un seul, c'est du plagiat. Copier les anciens, c'est de la recherche.
Bien à vous.
Rédigé par : Parayre | 11 janvier 2007 à 22:27
Parayre,
J'ai employé cette citation du Droit civil romain dans un autre sujet. Dois-je vous attaquer pour plagiat ?
Rédigé par : LEFEBVRE | 11 janvier 2007 à 22:12
@Véronique , j'avais lu les 7 interrogations par vous reprises ...
Elles me confortent dans mes ...rêves et me font persister à penser que le capitalisme n'est pas une civilisation et que feu le socialisme ne l'était pas davantage .
On confond un type de fonctionnement économique et le terreau culturel dans lequel il s'est épanoui à partir du Moyen Âge .
Le capitalisme financier tel qu'il évolue menace la survie de notre planète .
On ne peut , à mon sens , soumettre durablement l'économie mondiale aux fringales de rendement à court terme .Il faut changer du tout au tout les règles du jeu boursier , et planifier les investissements lourds .
Un ordre économique mondial est nécessaire .Soit il s'imposera , contre les égoïsmes nationaux et la voracité des multinationales , soit une lutte des classes embrasera les cinq continents .
C'est , vous me l'accorderez , la violence de la lutte des classes qui en dernière analyse explique les deux guerres mondiales , les camps nazis et les goulags .
En conséquence , on doit envisager sérieusement une sortie du capitalisme .Mais par le haut , et sur des bases radicalement autres que les idéologies socialistes du siècle dernier .
Reste à poser ces bases .
Je ne crois pas qu'elles se trouvent dans la rénovation de la gestion publique ,dans la réforme des systèmes de redistribution , d'allocation des prestations sociales , de détermination de l'impôt sur le revenu ni sur la refonte des régimes de retraite ou du marché du travail ...
Je ne crois pas plus au progrès de la raison .Encore moins au progrès moral .La rédemption chrétienne vaut pour la personne , pas pour le genre humain .Le Mal déplace ses pions mais son échiquier demeure , il faut en prendre son parti si on veut le combattre .
Le décalage entre l'évolution des technologies et la stagnation des psychismes, entraîne des pathologies monstrueuses.
Freud l'avait pressenti , Le Prozac ne civilisera personne et le culte de la vitesse n'est qu'un paganisme puéril.
Baudelaire:"La forme d'une ville /Change plus vite , hélas !/Que le coeur d'un mortel."
Les formes qui nous cernent changent de plus en plus vite , nos coeurs n'en peuvent plus de consommer tant de deuils .
Philippe nous donnera l'occasion d'échanger à nouveau sur ces questions .Merci à lui!
Rédigé par : Parayre | 11 janvier 2007 à 22:08
C'est assez amusant de voir à quel point l'homme cherche des héros. On érige nous-mêmes certaines personnes au rang de héros et on se rend compte que ces personnes ne méritent pas ce rang.
Peut-être que c'est ailleurs qu'il faut chercher les héros. Il faut accepter de se dire les héros sont des gens ordinaires qui n'ont pas forcément cette grande "bravitude" pour employer de nouveaux mots.
Rédigé par : jean philippe | 11 janvier 2007 à 21:27
J.D.
Bien reçu...
Donc désolé d'avoir provoqué votre ire.
"A savoir que je ne sais pas de quoi je parle" : ce n'est pas l'objet de ce blog.
Rédigé par : doc | 11 janvier 2007 à 21:07
@ Parayre
Ce n'est pas par désintérêt pour votre philosophie politique mondiale, soyez-en sûr, que je vous dis cela. Mais je pense qu'en premier, puisqu'il s'agit dans cette note des héros, que la question reste quand même la façon dont des hommes et des femmes peuvent agir concrètement sur leur environnement et sur celui des autres.
La note de Pierre Bilger que j’ai citée n’est en rien un plaidoyer pour un capitalisme triomphant où l’homme ne serait défini, pour reprendre votre expression, que " comme une machine à produire , à consommer , à souffrir et à jouir . "
Le canadien Timothy B. Smith a passé au crible le système social français qui, selon lui, , pour aller vite, protège d’abord ceux qui en ont le moins besoin au détriment de ceux qui en ont le plus besoin. A partir de cette analyse, Pierre Bilger pose 7 questions. Les voici:
1 - Quand cesserons-nous de nous abriter derrière des alibis commodes et trompeurs, Europe ou mondialisation, pour éviter de nous interroger sur le délabrement d’une gestion publique qui est de notre seule responsabilité et dont les fondements essentiels n’ont pas été renouvelés depuis 1940 ?
2 - Quand accepterons-nous de reconnaître que notre système de redistribution est régressif et injuste par la combinaison de prestations sans sélectivité ni hiérarchisation et de prélèvements obligatoires pesant, directement ou indirectement, tous instruments confondus, proportionnellement davantage sur les moins favorisés que sur les plus riches ?
3 - Quand nous engagerons-nous à réexaminer l’ensemble de nos prestations sociales pour faire en sorte qu’elles bénéficient en priorité à ceux qui en ont le plus besoin ?
4 - Quand nous attaquerons-nous à une réforme du système fiscal qui donne, dans notre pays, à l'impôt sur le revenu toute la place que lui réservent tous les États développés et modernes, y compris les plus libéraux, de manière à réduire sérieusement et démocratiquement les inégalités excessives de revenu et de patrimoine?
5 - Quand nous déciderons-nous à concentrer sur les seules entreprises, unique source de la création de richesse, toute la marge de manœuvre qui pourra être disponible quand la dette publique aura été ramenée à un niveau supportable, pour poursuivre avec détermination l'allègement de leurs charges fiscales et sociales en vue de renforcer leur capacité de recherche et d'investissement au lieu de chercher à retenir, sans chance réelle de succès, par le moyen d’allègements abusifs de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt de solidarité sur la fortune quelques « déserteurs fiscaux » de quitter le pays?
6 - N’est-il pas temps aussi de nous interroger sur la préférence pour la retraite qui caractérise notre société d’aujourd’hui tant en termes de revenus que de durée de la vie active au détriment de la jeunesse de notre pays et des exclus du marché du travail ?
7 - Quand, enfin, comprendrons-nous que les créations d’emplois ne pourront être à la hauteur des besoins que quand nous aurons le courage de réformer le marché du travail de manière à ce que la facilité de les détruire encourage la volonté de les créer tout en assurant à chacun tout au long de sa vie professionnelle la formation et les ressources nécessaires en situation de transition entre deux emplois ou de chômage persistant?
Je crois que la capacité des futurs dirigeants français à répondre favorablement à ces questions permettra à notre pays, en luttant contre les désespérances et les injustices qui le rongent, de redevenir un grand pays
Je pense également que c’est de cette manière que notre société sera la mieux à même d’affronter les défis internationaux et d’y trouver sa place.
Enfin, il me semble que ce sont d’abord de ces priorités dans l’action dont nous avons le plus besoin.
Je défendrai avec vous toutes les philosophies, toutes les morales, tous les idéaux de l’âme, du cœur et de la raison. Mais sans des hommes et des femmes qui accepteront d'assumer le risque de déplaire et d'avoir les mains dans le cambouis, votre idéal politique ne sera pour vous et pour moi que des mots, ou si vous préférez, qu'il ne demeurera que des rêves qui, selon la jolie phrase aérienne de sbriglia, s’accrocheront aux nuages.
ps: ce n’est pas parce que Pierre est le frère de Philippe que je cite sa note. Ce qu’il a écrit résume fort bien pour les non spécialistes de l’économie et du social les enjeux auxquels un homme ou une femme politique digne ce nom doit faire face. De plus, Pierre Bilger n’est pas le seul à poser ce diagnostic. Enfin, je crois que bon nombre de nos concitoyens sentent et pensent confusément cela, mais ils ne parviennent pas à le formuler clairement.
@ Pierre Bilger
je ne sais pas si on peut impunément faire du copier-coller. Mais je l'ai fait quand même. Faudra peut-être voir avec... Philippe.
Rédigé par : Véronique | 11 janvier 2007 à 19:48
Véronique,
Je vous dirai en premier que je n’ai pas une sympathie particulière pour BHL et quelques autres du même acabit.
Comme chaque fois que je ressens une certaine unanimité légitime à critiquer des comportements, et dans le cas de BHL, notre hôte a très bien démontré cette chape de plomb jetée par la galaxie du « philosophe » sur toutes les vérités à ne pas laisser dire ou surtout écrire, je me sens un certain devoir moral à contrebalancer cette unanimité même si certains cas « désespérés » ne permettent que de recourir aux arguties faute d’arguments tangibles à avancer.
Donc malgré mon peu d’affect pour le personnage sans non plus de ressentiment particulier (il m’est indifférent pour tout dire), il me semblait de l’honnêteté la plus élémentaire de dire qu’il n’est pas le seul à avoir des réseaux.
Alors là où vous inversez la chose c’est quand vous dites : « Mais il faut simplement se garder des fantasmes des complots ou des réseaux d'influence en tous genres… » ;
Car j’ai bien écrit précédemment : « Après on nous ressortira la théorie du complot de l’époque maurassienne… » ou pour être clair je souhaitais qu’on ne nous ressorte pas le thème éculé du complot judéo-maçonnique, institutionnalisé par Vichy.
Effectivement, j’ai fait allusion à d’autres réseaux connus : cette pluralité entraîne bien évidemment des rivalités, l’homme est ainsi fait.
Alors appartenir à l’un ou aux autres, implique quand même une volonté de primauté : tout Homme de bonne volonté a quand même espoir que ses valeurs soient reconnues.
Ceci n’a rien d’un complot mais relève de notre humanité basique.
Vous avez fait un très bon choix de héros pour votre Panthéon personnel !
J’aime beaucoup ce « petit garçon » de 60 ans qui se bat pour son grand-père. Il a un parcours héroïque mais on ne doit pas faire par respect pour notre Justice et ses serviteurs, l’amalgame entre la quête et son résultat ce qui n’empêche pas d’être en accord avec un troisième élément : l’objectif de la quête à savoir un nouveau procès Seznec.
Le cœur mais sans oublier la raison.
Lefebvre,
Grand Pays en effet sous Louis XIV !
(Très bon dossier du Point sur le sujet)
Pour ma part, j’en reste modestement à regretter celle du Général.
Quand le 11 septembre, on ne pense qu’aux USA et plus du tout à la perte de Guynemer, la culture du héros s’est bien appauvrie…
Rédigé par : doc | 11 janvier 2007 à 18:27
Parlons en effet de héros : lorsqu'il m'est devenu indispensable de prendre des engagements dans la cité, ce sont effectivement des modèles, héros et héroïnes, qui m'ont orienté. Mozart, Olympe de Gouges, Toussaint Louverture, Condorcet, Schoelcher, Lincoln, Arago, Louise Michel, Luther King, Jean Moulin ou Mandela : c'est ainsi que je suis devenu maçon, pour tenter de respirer quelques atomes de l'air que ces héros respiraient. Parce que, passant sur les zones d'ombres des uns ou des autres, je ne me suis attaché qu'à relever ce qu'il y avait d'admirable et de signifiant dans ces personnages, sans renifler leur linge sale. D'autres choisissent d'autres voies, souvent par admiration pour des personnalités hors du commun : le bouddhisme doit beaucoup au dalaï-lama, les engagements humanitaires doivent beaucoup à Mère Teresa ou Soeur Emmanuelle, la passion du désert est inspirée par Charles de Foucauld. Je n'évoque jamais, par exemple, Olympe de Gouges, son destin, sa vision, son exemple, sans une émotion presqu'amoureuse.
Mais voilà, notre société est aujourd'hui ricaneuse. Tel engagement, vécu dans l'intensité et l'émotion, sera dégradé en réseau d'intérêt et d'affaires. A celui qui admire et s'enthousiasme, on oppose le cynisme : il ne suffit plus que le roi soit nu, il faut qu'il ait la vérole.
Je crois profondément que la vie de l'esprit, que celle-ci soit adossée à une foi ou non, est toute entière faite d'enthousiasme et d'indulgence. Celle-ci est donc propice à la construction mythique des héros. A l'inverse, lorsque la vie de l'esprit a disparu - et c'est le mal profond de notre siècle - il ne demeure plus qu'un cynisme utilitaire, jalousant les succès des uns, récusant les admirations des autres, réduisant tout à un pot de chambre malodorant.
Des héros, il y en a sous nos yeux, en action : allez voir à Fresnes les dames de l'accueil des familles, adorables mamies membres d'une association catholique qui reçoivent toute la misère du monde, sans broncher. Mais ce sont aussi des infirmières que j'ai rencontrées dans des services de cancérologie, qui vont bien au-delà de leur mission de fonctionnaire avec un regard d'ange. Nous avons tous un maître ou un professeur dont nous avons le sentiment qu'il a déterminé notre personnalité. Oui, des héros, il n'en manque pas. Ce qui manque, c'est la capacité à les reconnaître : trop de gens ont le cerveau altéré par les nuages sordides de leurs petites pensées utilitaires et consuméristes pour s'élever vers les étoiles.
Doc, vous avez toute latitude pour critiquer ce que vous voulez, y compris sans savoir de quoi vous parlez : c'est la prérogative du citoyen en démocratie de pouvoir s'exprimer à tort et à travers.
En revanche, vous n'êtes pas du tout autorisé à vous livrer à une attaque personnelle contre moi ou qui que ce soit d'autre. Continuez à vous fourrer le doigt dans l'oeil tant qu'il vous plaît, dans votre oeil, pas dans le mien.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 janvier 2007 à 18:20
Véronique , vous écrivez d'or ...Chaque être a ses raisons de ne pas vouloir vivre dans la société que lui concoctent les spéculateurs , les animateurs et les laborantins .
Chaque être a ses raisons d'avoir peur du "meilleur des mondes " .
Raisons qui viennent de l'âme (religion ) , du coeur (patriotisme ) , de l'esprit(culture ) .
Raisons impérieuses , je vous approuve , pour qui meurt de faim , ou se noie dans le déracinement .
Chaque être sur ce globe a des raisons profondes d'opposer au nihilisme ce qui fonde sa dignité .
Ces raisons coalisées peuvent aider à instaurer ce que l'optimisme malrucien appelait la première civilisation de l'universel .
L'optimisme teilhardien envisageait pour sa part une spiritualisation de l'humanité .
C'est la même vision : sortir de l'histoire en dépassant le stade de la prédation .
Voilà un projet politique .On peut imaginer une confrérie mondiale des insoumis de la globalisation mercantile .D'ailleurs on l'aperçoit déjà , mais sous les bannières usées de l'altermondialisme , qui sont rouges sous le vert écolo .
Désormais nulle utopie n'aura cette couleur , on connaît trop ses nuisances .On peut - je me répète - imaginer un altermondialisme sans rapport avec celui d'Attac , fondé sur les exigences spirituelles et les adhérences culturelles stables , à défaut desquelles l'humanité sera robotisée .
Puisque une certaine gauche ignore ou combat ces exigences , devra-t-on les qualifier de droite ? Conservatrices ?
Peu importent les mots : l'alternative ne saurait faire l'économie d'une récusation originale du capitalisme , légitimée par une définition à la hausse de la nature humaine .
Depuis un demi-siècle on conçoit l'homme comme une machine à produire , à consommer , à souffrir et à jouir .
Aucun projet politique n'est compatible avec une telle auto-dépréciation.
Une pédagogie - je radote pardon - des consciences doit ennoblir le futur citoyen , en le convainquant que la fonction économique ne résume pas son destin .
Sans ce préalable , il ne sera que la girouette inconsistante de ses moindres désirs .
Par auto-dérision , bien entendu , j'ajouterai : " Salus populi suprema lex esto" ou si vous préférez " Que le salut du peuple soit la suprême loi ."
Rédigé par : Parayre | 11 janvier 2007 à 14:46
A Patacet,
"Le jour où un parti politique ira chercher un professionnel ou un bonus pater familias, qui sert sans contrepartie financière l’intérêt général, les choses commenceront à évoluer."
Hautement souhaitable,mais pas demain la veille. Cela déboucherait sur la disparition des partis.
En attendant il faudra faire encore longtemps avec et s'y résigner.
Rédigé par : dab | 11 janvier 2007 à 11:36
A Béatrice de Fonclare,
"Aujourd'hui, ce serait peut-être plus de chefs que de héros que nous manquons."
Oui mais de bons, vrais et exemplaires chefs, capables de dire à leurs subalternes : suivez-moi, faites comme moi.
Rédigé par : dab | 11 janvier 2007 à 11:30
@ Parayre
" La politique , en fait , n'est pas l'école d'application d'un rêve de cité idéale , mais l'art tout empirique d'organiser la cohabitation d'une population en faisant en sorte que les gens ne s'entre-tuent pas et que les faibles soient protégés des rapaces . "
Je suis d’accord avec vous.
Mais je pense aussi, que pour que les plus vulnérables soient protégés, il faut que chacun accepte de placer en second, après l’intérêt général, ses propres privilèges et haute- sécurités. Ce n’est qu’ainsi que les vulnérables pourront, s'ils le souhaitent, s’abandonner à leur tour, aux délices des poétiques et des imaginaires.
@ doc
Je serai à vos côtés, avec celui ou celle qui reçoit le caillou. Mais il faut simplement se garder des fantasmes des complots ou des réseaux d'influence en tous genres, qui ne sont, toujours, qu’une façon de se soustraire à affronter en réel les difficultés.
Dans ce blog, ben oui, Jean-Dominique, c’est presque mon héros. Avec celui qui est fou du Général et qui, quand il fait l’avocat, tente tout pour éviter la prison à des sans-abri .
Je sais, je ne suis pas sûre de mériter ces deux héros-là.
Rédigé par : Véronique | 11 janvier 2007 à 07:52
@ Pataclet
Votre Miss France, quand elle a participé à des gouvernements a eu tout le loisir d'influencer, de déconstruire pour reconstruire, pour au moins tenter de faire mentir les catégoriels et les corporatismes qui, à force d'être surprotégés, en font souffrir d'autres.
Alors, des Mister France ou des Miss France, dont l'ambition dans l'action politique se mesure à ce qu'en dira la télé ou Paris-Match, de leurs inconséquences, pardon d'être brutale et probablement trop injuste, mais, là aussi, j'en ai plus qu'assez.
Après, je suis d'accord avec vous. Il n' y a plus que les héros et que les héroïnes du quotidien et de l'invisible, toutes options confondues, pour faire de leur mieux et surmonter leur fatigue, pour au moins essayer de rattraper un peu les coups décisifs qui n'ont pas été joués.
Rédigé par : Véronique | 11 janvier 2007 à 07:07
Je n'aime en général pas le lynchage, doc, cependant BHL est une fausse ambulance donc on peut tirer autant sur lui que sur le pianiste.
Il est de ces fausses victimes mais de ces vrais coupables.
Le judaïsme n'a rien à voir là-dedans et si cet homme ose s'en servir allègrement pour faire taire les autres, ce n'est qu'un outrage de plus fait aux victimes de la Shoa.
Je suis un enfant de soixante-huit, peut-être de plus anciens ont-ils connu autre chose que le dénigrement perpétuel de la France et des Français ? Mais personnellement, je n'ai entendu que des propos de ce type toute ma vie sur le pays de Louis XIV et je ne supporte plus.
Cette France que j'aime tant est le royaume, l'élite des arts et des lettres, de la médecine, de la science, des mathématiques, de l'architecture, de la gastronomie, de la mode...
De Clovis à Pompidou, De Villon à Houellebecq, de Lully à Brassens, de Jacques Lefevre d'Étaples à Onfray, De Molière à Éric Emmanuel Schmitt, de Rolland à Delattre de Tassigny, j'aime cette France du plus profond de mon esprit, de mon coeur, de mes poings.
Je viens de finir un essai, j'ai trois livres sur le feu à terminer pour avant hier, mais celui d'après sera une ode, un chant d'amour, une proposition de reconciliation avec cette terre qui est bien plus qu'un asile et que la patrie des droits de l'Homme.
J'ai la prétention de contribuer à démuseler les Français malades de culpabilité mal placée, recouverts du vomi et des glaviaux qu'ils n'ont pourtant pas mérités en ouvrant leurs bras, qu'ils se remettent à s'aimer, à être fiers d'eux... C'est d'estime, d'amour, de courage, d'entraide que ces millions de braves gens ont besoin, plus que d'impostures, de fausses icônes, d'escrocs télévisuels, de zéros comme le dit si bien monsieur Bilger.
Zidane se dit algérien devant Boutéflika : Qu'il fiche le camp là-bas puisqu'il est sans gratitude pour ses entraîneurs et ses
clubs de formation, Noah est citoyen du monde : qu'il dégage. Monsieur R "chante" que la France est une pute qu'il faut baiser jusqu'à l'os : qu'il vire. Renaud et Robin s'approprie la misère humaine : qu'ils aillent vivre dans une caravane puisqu'ils osent se nommer saltimbanques et qu'il fassent don de leur fortune pour loger tous les sans-abris de Paris et province.
Primum vivere, deinde philosophari
D'abord vivre, philosopher ensuite.
Res, non verba
Des réalités, non des mots.
Rédigé par : LEFEBVRE | 11 janvier 2007 à 05:14
Le combat par sa hauteur, sa grandeur d’âme peut faire de chacun un héros sans de facto donner un quitus d’innocence à la cause qu’il défend.
(CF. mon « verdict du cœur » dans l’affaire Seznec)
On a reproché à BHL « ses réseaux » tout en reniant sur ce blog les siens et en jetant l’anathème sur celui, moi en l’occurrence, qui demandait d’assumer…
Alors que le TCF. : J.D. en soit marri, me désole un peu car si on ne peut parler des juifs sans être taxer d’antisémitisme ou (de la maçonnerie qui a beaucoup œuvré pour l’humanité) de comploteur anti-maçon, désolé mais faut revoir les « planches » à orientation humaniste…
Je serai toujours par essence du côté de celui qui reçoit le « caillou » : BHL ou autre…
J.D. à 48h en 3 jours pour mon prochain au nom du service public ma qualification médicale repose sur le meilleur diplôme : celui de la compétence !
Rédigé par : doc | 10 janvier 2007 à 23:22
Faut-il être visible sur la scène médiatique pour être un héros ?
Est héros celui qui se distingue par ses exploits ou un courage extraordinaire. Les héros de l’ombre, par exemple ceux qui s’investissent bénévolement en servant l’intérêt général dans les associations, parfois au détriment de leur vie de famille, ne sont pas toujours des experts en communication politique. Faute de temps, de compétences, ou simplement de carnet d’adresses, ces héros n’ont pas toujours accès aux médias traditionnels.
Ces héros sortiront de l’ombre le jour où le politique prendra la peine de les chercher. Ce sont quelques signes, très facilement palpables par le vulgum pecus, qui montrent que notre démocratie ne sait pas reconnaître ses héros.
Le jour où un parti politique ira chercher un professionnel ou un bonus pater familias, qui sert sans contrepartie financière l’intérêt général, les choses commenceront à évoluer. Il suffit d’observer, écouter, s’intéresser à l’autre. Ces héros ne sont pas loin, mais ceux-là ne sont pas faits chevaliers de la légion d’honneur et ne choisissent pas de s’installer en Suisse pour se soustraire, même partiellement, à leurs obligations fiscales.
En attendant, mieux vaut faire élire une Miss France. Elle, au moins, saura briller…
Rédigé par : Patacet | 10 janvier 2007 à 21:33
Mais si il y a encore des héros. Mais ce sont des héros quotidiens qui modestement, obscurément font face. Certes, les grands héros, façon Hercule, ne se bousculent pas au portillon. Mais doit-on souhaiter la survenue des situations extrêmes qu'ils surmontent, hydre de l'Herne, le lion de Némée, etc. ? Aujourd'hui, ce serait peut-être plus de chefs que de héros que nous manquons.
Rédigé par : Béatrice de Fonclare | 10 janvier 2007 à 21:02
@ J WEDRYCHOWSKY
C'est vrai, des fois, les Anciens, ça peut être pas mal, question abandon. Pas que des zéros. Et quand ça confusionne dans les tous les sens, je veux bien vous croire... sourires garantis. Bon, pas très malin ce que je dis. Ben oui, votre génération va être encore dans le cafard. Maintenant, c'est tout vos souvenirs radieux de 68 qui vont vous monter à la tête.
@sbriglia
Non, vous nous ne ferez pas le coup de Barbezieux et de Jarnac. Y en aura plus des présidents lettrés. C'est comme ça, sbriglia, faudra vous faire une raison et accepter ce qui vient. Et là, engloutie La Charente et la terre qui va avec. Cette terre de cognac qui, comme chacun le sait et s'en souvient...ne mentait pas.
Rédigé par : Véronique | 10 janvier 2007 à 20:10
II ne peut y avoir de nouvelle architecture sans un grand coup de pelleteuse et avant le beau, il va falloir savoir assumer et traverser le dégueulasse.
La passe magique pour savoir transcender la difficulté est de le faire dans un but altruiste et esthétique, cela permet de se salir les mains tout en ayant conscience du côté éphémère du désagréable.
Le sculpteur ne se cagne-t-il pas les mains, ne respire-t-il pas la poussière de marbre avant de transformer son vulgaire caillou en délicieuse nymphe ?
@ Sbriglia :
Sartre le défenseur des pogroms staliniens, d'un autre fascisme : un parangon.
Il y a meilleur modèle, non ?
J'espère que c'est de l'ironie, non de la méconnaissance ou de la paramnésie...
Rédigé par : LEFEBVRE | 10 janvier 2007 à 17:35
@Véronique , je vais même plus loin que vous en oubliant le clivage droite-gauche .En effet , de Drieu à Aragon , de Brasillach à Sartre , deux générations d'écrivains se sont dévoyées en exigeant du champ politique qu'il satisfasse leur quête poétique .Le passage de la révolte à la révolution se traduit immanquablement par la soumission aux pires des tyrans , ceux dont le cerveau est plâtré d'idéologie .
La politique , en fait , n'est pas l'école d'application d'un rêve de cité idéale , mais l'art tout empirique d'organiser la cohabitation d'une population en faisant en sorte que les gens ne s'entre-tuent pas et que les faibles soient protégés des rapaces .
Art contingent : le politique ne saurait infléchir le cours d'une civilisation , il agit à court terme sur une pâte humaine dont la substance n'est pas de son ressort .
Il peut sauver un peuple de l'anarchie ou de la servitude .Il ne peut pas tirer du tombeau une âme collective .Je n'ai , pour être sincère , jamais cru que la France puisse redevenir le foyer d'un civilisation par la seule magie d'un politique avisé .
De Gaulle a sauvé l'honneur , et les meubles , de ce vieux pays brinquebalant , il n'a pas empêché l'univers de devenir , selon son terme, " mécanique ".Ni les Français de tâtonner dans le huis clos de leurs contradictions : l'appel du sud et de septentrion , la passion de l'universel et la volupté des mesquineries hexagonales , l'amour romain et cartésien de l'ordre , le culte du moi , le goût de la palabre , l'esprit de division .
Rédigé par : Parayre | 10 janvier 2007 à 17:04
@ Véronique
"On y apprend, par exemple, que Bernard Frank (petit hommage à ce dernier et à son écriture) disait que les Grognards (Chardonne, Morand) avaient très juste sur le style et la langue, mais tout faux et même plus que tout et très faux sur la politique."
Il est vrai que les Sartre et autres "philosophes des lumières de l'après guerre" sont des parangons de lucidité politique...
une belle phrase de Chardonne ,qui tempère quand même sa prétendue "malvoyance" :"avant deux siècles les Chinois couvriront le monde;ce sera la grande nuit...déjà on peut en respirer la fraîcheur..." (1935)
...c'était ,semble-t-il,l'auteur favori d'un Président lettré...
Rédigé par : sbriglia | 10 janvier 2007 à 13:51
@véronique
Je vous le garantis, je ne souffre pas, je ne m'abandonne pas... au contraire je me délecte avec les Anciens (votre panel est très large!). On prend son plaisir où l'on peut que l'on soit zéro ou héros. Et surtout, que vive l'Eros, toutes générations confondues, et sur ce point j'en suis sûr, nous serons d'accord. Souriez Véronique !
J. WEDRYCHOWSKI
Rédigé par : WEDRYCHOWSKI | 10 janvier 2007 à 13:28
@ Parayre, Philippe et les autres
C’est désarmant, à la fin, ceux de votre génération.
Que des hommes qui souffrent et qui s’abandonnent à Chardonne, Morand, les grecs, les latins, les de Gaulle. Je ne sais plus trop quoi faire, moi, pour vous consoler.
Allez, un petit conseil de lecture :
Le soufre et le moisi, la droite littéraire après 1945 – François Dufay
On y apprend, par exemple, que Bernard Frank (petit hommage à ce dernier et à son écriture) disait que les Grognards (Chardonne, Morand) avaient très juste sur le style et la langue, mais tout faux et même plus que tout et très faux sur la politique. Dans le livre il y a aussi les Hussards, que de bons souvenirs !
Mais quoi, question littérature, ça n’a tout de même pas donné que des impérissables.
C’est vrai, c'est peu, mais c’est tout ce que je trouve pour vous consoler...un petit peu.
Rédigé par : Véronique | 10 janvier 2007 à 11:30
@Véronique , je vous approuve .Ma génération fut souvent - et bêtement - militante , puis tristement cynique .
Puissent les suivantes, je ne veux rien exprimer d'autre , éviter ce genre de parcours en cultivant leur force d'âme .Ce mot -âme - issu de la Grèce , enluminé par les théologiens , redoré par les romantiques , est aussi " ringard" que le mot " réac ".
C'est pourtant le levier qui manque.La preuve , on le galvaude tant et plus ( l'âme d'un club , d'une entreprise , etc.).Si les êtres à venir ne perdent pas leur âme , la télévision et la publicité échoueront à manipuler les psychismes .
D'où l'impérieuse nécessité d'une pédagogie qui enracinerait dès la prime jeunesse les sens cardinaux prônés par toutes les religions , et toutes les sagesses : de l'honneur , de l'élévation , de la gratuité , du recueillement , de l'oubli de soi , de l'harmonie .
Le contraire en somme du "Jouir sans entraves "de Mai 1968 .
Le contraire également de l'hystérie compétitive et du culte de la performance .
La civilisation de l'universel , si elle advient , reléguera l'économique à sa juste place , celle de l'intendance .Si on renonce à cette pédagogie - éminemment politique - l'humanité se disséminera en tribus de fauves sans feu ni lieu , sans rien d'autre qu'une avidité prédatrice et cruelle .
Rédigé par : Parayre | 10 janvier 2007 à 10:25
@ Parayre
J'adore les littératures, les esthétiques, les romanesques et les imaginaires.
Je pense seulement qu'un pays, comme une personne humaine, quand il est à un moment de son existence, trop fragilisé et trop vulnérable dans ses fondements, n'a guère d'autre choix que de faire dans l'ordre, chaque jour, ce qu'il à faire et à surmonter.
Je sais bien que mes héros et mes héroïnes, je le crains, ne peuvent être que... des anti-héros ou que des anti-héroïnes.
Mais l'économie, même si, naturellement, elle ne fait pas tout, est une discipline dont les règles de base sont importantes à prendre en compte et à maîtriser. On les a trop longtemps ignorées.
Alors oui, je pense qu’il faut savoir en affronter les complexités, les rudesses et les non transcendantes réalités.
Je sais aussi que ces héros ou ces héroïnes ne seraient que du mauvais rêve, des sortes de petits cauchemars à répétition pour les communicants, les médiatiques et les faiseurs d'images. Mais de ceux-là, j’en ai plus qu’assez.
Rédigé par : Véronique | 10 janvier 2007 à 07:57
@Véronique : les chefs d'Etat occidentaux , sous-produits d'un marketing indigent , ne sont trop souvent que les VIP de leurs firmes et les pédo-psys de leur peuple .
Conquête de marchés et distribution de neuroleptiques ." La communauté internationale " colle des rustines sur des plaies .Sa légitimité est faible .Il faudra bien pourtant qu'un minimum de " gouvernance " mondiale s'organise , tout en sachant que l'empire du Bien serait par essence totalitaire .On a déjà donné .
Si l'on veut se bercer d'un rien d'optimisme , autant le miser sur une jeunesse qui semble mieux déniaisée que la " mienne" .Moins sujette à ce que Lénine appelait le " crétinisme villageois " .Elle sait obscurément qu'elle est dos au mur , yeux bandés face à la mitraille des trafiquants d'opinion .
Peut-être sauvera-t-elle ce qui importe de la démocratie - la liberté , la citoyenneté - en négligeant ses usages frelatés pour se commettre dans un corps à corps avec le nihilisme .Et le vaincre en levant les yeux vers le ciel au lieu de les pencher sur des bilans comptables .
L'obsession de l'économie est une ruse du Diable pour soustraire l'homme à la tragédie de sa liberté .
Puisque leurs aînés ont failli , il revient à nos jeunes pousses d'inventer un art de traverser cette mutation historique sans qu'elle tourne au cauchemar .
Si elles s'avisent que le sens de leur escale ici-bas n'est pas de consommer des mirages mais de prendre la réalité à la gorge , alors je suis prêt comme ...à vingt ans ( moi aussi) pour l'aventure politique .
Contre les spéculateurs et les idéologues .Contre le matérialisme et ses succédanés .La France au cours des âges a produit des héros, des saints , des sages , des rhéteurs , des bretteurs .
Elle n'a pas dit son dernier mot et comme tout est à repenser , elle a sa chance pour peu que ses élites futures méritent l'estime de son peuple .
Le monde a besoin d'une France qui fasse mentir Huntington et Fukuyama en inventant la préhistoire radieuse du cycle de l'universel .
Rédigé par : Parayre | 09 janvier 2007 à 20:37
Ils ne sont pas morts ou fatigués, juste isolés.
Le drame freudien est venu museler le héros :
Aujourd'hui Jésus, Jeanne d'Arc seraient enfermés dans un hôpital psychiatrique pour schizophrénie.
De Gaulle, Du Guesclin, Bouillon seraient des "fascistes néo-nazis".
Malraux, Saint-Exupéry...des mythomanes.
Ne reste que des pisse-froids, des nivelés insignifiants qui font"un travail sur soi", l'égalité est écrasée par l'uniformité.
Rédigé par : LEFEBVRE | 09 janvier 2007 à 20:22
Héros ou Zéros ? Les héros des gens sont ceux à qui ils peuvent s'identifier, alors, savants, philosophes, politiques (ils ne peuvent être tous mauvais - tous les mêmes - comme disent les sots) ils ne pourraient l'être, mais taper dans une babale...peut-être...pousser la chansonette..peut-être ! et c'est tout de même plus facile de rêver être les seconds que les premiers ? Moins dur, moins long, et ON GAGNE PLUS. Les héros étaient des gens brillants, il y en a moins en pourcentage dans notre monde grouillant ! Et médias comme politiques ont besoin de cette foule innombrable, alors on la cajole, plus de temps pour parler des autres, les héros. Jeanne.
Rédigé par : Jeanne Loiseau | 09 janvier 2007 à 19:48
" Je suis sûr que les héros ne sont pas morts, seulement fatigués. "
Mais il y a de quoi aussi... être fatigués.
Voilà un pays dans l'incapacité à réellement se réformer, qui gère au jour le jour, par médiatiques interposés, les secousses et les séismes auxquels il doit faire face.
Les intérêts catégoriels et corporatistes l'emportent sur tout le reste.
Dans une note consacrée au livre " La France injuste ", M. Pierre Bilger pose 7 questions fondamentales quant aux urgences économiques et sociales de notre pays.
http://www.blogbilger.com/la_france_injus.html.
Pourquoi aucun parti politique, aucune femme ou aucun homme politique n'a le projet d'en finir avec les lourdeurs qui plombent et dévitalisent notre société, qui préservent au-delà du raisonnable certains, et qui en exposent d'autres à que de l'aléatoire.
Mon héros ou mon héroïne, ce serait celui ou celle capable de ce courage et de cette détermination.
Mais celui-ci ou celle-là ne fera ni rêver, ni frémir. Ce serait pourtant un bel idéal et un grand défi :
Une France plus juste.
Rédigé par : Véronique | 09 janvier 2007 à 19:02
Les héros sont individuels, fils des circonstances et reconnus a posteriori : leur caractère héroïque est dans leur capacité à reconnaître l’inacceptable et à assumer le risque du refus.
Ce n’est pas simple de voir l’inacceptable, Etty Hillensum montre que la remarque de Saul Friedlander s’étend aux juifs de Hollande eux-mêmes qui n’ont pas vu ou n’ont pas su que faire. Car réagir est évidemment difficile, ce que nous apprend l’Histoire est qu’une réaction collective est souvent impossible et contre-productive (et 60 ans après Auschwitz a-t-on édifié une vraie réflexion sur l’action en temps totalitaire, nos maîtres à penser de l’après guerre, Sartre tout le premier, sont romantiques et donc vides sur ce sujet, comme s’ils étaient incapables de penser le défi posé par Auschwitz, alors que l’on aurait imaginé que seul ce sujet justifiait encore de penser).
Lorsque la réaction reste individuelle et que le pouvoir ne mobilise pas toute sa force et laisse sa violence agir dans une routine arbitraire et donc évitable, là est le territoire du héros, car quand la répression collective bat son plein, le héros n’a pas capacité à s’exprimer et reste cantonné dans l’intime et peut-être dans la sage fuite.
On peut penser aussi qu'il n’y a pas de héros universel, chacun pouvant l’être sur un sujet qui le concerne particulièrement, et que l’acceptation du risque vaut reconnaissance d’une transcendance (là aussi chacun la sienne).
Jean-Marie
Rédigé par : jean-Marie | 09 janvier 2007 à 15:31
A point, dans Chardonne, ce matin :"je ne demande pas à l'homme d'être un héros ; il y a si peu d'hommes simplement convenables".
Rédigé par : sbriglia | 09 janvier 2007 à 15:22
Vous évoquez les Justes en tant que héros, mais je ne peux m'empêcher de penser que justement pendant la sombre période concernée, personne n'a su leur action. Et même par la suite il a fallu énormément d'efforts pour jeter un peu de lumière sur leur rôle.
Je voudrais cependant en tirer une conclusion positive. Ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas que les Justes n'agissent pas. L'action des héros est plus discrète qu'on peut le penser, ceux qui agissent aujourd'hui nous ne prendrons conscience de leur rôle que plus tard.
Rédigé par : jmdesp | 09 janvier 2007 à 13:29
Merci pour ce billet.
Le premier signe qui nous montre qu'on manque de héros, c'est bien les luttes intestines des différents partis politiques pour designer leur candidat à la presidentielle.
Le héros est fédérateur. Même s'il ne fait pas l'unanimité, il sait rassembler derriere lui et les valeurs qu'il porte.
Rédigé par : nicolas | 09 janvier 2007 à 11:09
Nous sommes effectivement "en manque" ... Je fais le songe, au risque qui m'indiffère de passer pour "réac", d'une France gaullienne, chrétienne, républicaine qui enrôlerait dans une chevalerie les croisés de saint-Bernard, les soldats de l'an II et les maquisards du Vercors .
Ce même songe m'a toujours attiré vers la politique et si je passais les bornes du raisonnable, j'envisagerais éveillé cette nouvelle chevalerie, pour inspirer une jeunesse qui à l'évidence, se morfond dans l'attente de Godot.
Ses adoubés apprendraient à être inactuels dans des thébaïdes où ils s'imprégneraient des vertus de la lenteur.
Le contraire de l'ENA et des écoles de commerce.
Rien en effet de plus expédient, pour retrouver le sens de l'action, que de fuir le harcèlement médiatique et les stimuli de l'éphémère .
Ils tremperaient leurs âmes aux sources de leur culture, pas aux embouchures ...
Mais je rêve car bientôt la France sera un canton touristique de Mac World et l'Europe, l'un de ses départements ...Sauf, retour à l'onirisme, si elles assument leur raison d'être : un foyer de dissidence et un laboratoire de la fraternité !
Rédigé par : Parayre | 09 janvier 2007 à 09:56
"On est en manque, partout, d'humains sur lesquels accrocher nos rêves."
rien ne vous empêche, monsieur l'avocat général, d'envisager d'autres cimaises... les rêves peuvent, c'est leur privilège, s'accrocher aux nuages...
on va dire que je radote : imagine-t-on Fernand Raynaud animer les meetings du Général ?
on a les Malraux qu'on peut...
Rédigé par : sbriglia | 09 janvier 2007 à 09:26
Lue tôt le matin, votre note incite à faire partie des uns plutôt que des autres. Votre blog devrait se trouver en pharmacie ! Merci.
Rédigé par : Fleuryval | 09 janvier 2007 à 07:00
Doc Gynéco a annoncé sur une radio, (avant d'avoir bu ?), qu'il sort un livre où il explique que "les grands esprits se rencontrent", c'est-à-dire le sien et celui de Nicolas Sarkozy...
Les auteurs des Guignols n'ont plus rien à faire, ni à accentuer le trait, les people et les politiques dépassent leur marionnette.... Et occupent le scène médiatique en expédiant les héros dans l'ombre.
Rédigé par : Bulle | 09 janvier 2007 à 05:14
bonsoir
venu par hasard sur votre blog j'ai lu vos commentaires et je trouve cela trés intéressant.
interessé par vos propos je reviendrai faire des commentaires
Rédigé par : gomes | 09 janvier 2007 à 00:21