On ne répond plus aux lettres qu'on reçoit, on n'accuse plus réception des livres qui vous sont adressés, on ne remercie plus le lendemain d'un dîner, on laisse les événements et les actes sans avenir, on ne cherche plus jamais à leur donner un prolongement, on arrête trop vite la chaîne du vivant.
Est-ce une dégradation de plus de notre société que cette inaptitude largement répandue à tirer les leçons de ce qu'un autre a bien voulu faire pour vous ? Faut-il y voir comme du mépris, une indifférence manifestée par l'abstention, la supériorité qu'on s'octroie en refusant le signe de vie ou d'amitié que l'autre a raison d'attendre ? Est-ce l'expression quotidienne et banale de la disparition de la politesse comme lien social et de l'enfermement dans nos autarcies fières d'être sollicitées et courtisées mais répugnant à se livrer, à s'abandonner à la réciprocité ? Pourtant, il m'avait toujours semblé que le savoir-vivre, l'urbanité offraient ce merveilleux avantage de permettre un monde facile à vivre, aisément civilisé dans la mesure où la forme, les formes n'imposaient pas d'aimer son prochain profondément mais seulement de l'inscrire dans un rituel confortablement conventionnel ? Est-ce la passion de l'authenticité qui a fait disparaître chez beaucoup, ces minuscules et touchantes délicatesses de la vie en société ?
Pour ma part, aussi bien sur le plan professionnel que dans le domaine privé, je me suis toujours senti infiniment sensible - peut-être trop ?- à ces marques qui révélaient à la fois la gentillesse et l'efficacité de mon interlocuteur ou de mon correspondant. Je perçois la politesse plus comme la manifestation d'une parfaite organisation du coeur et de l'esprit que comme un sentiment altruiste et généreux. Aussi, j'ai éprouvé de l'inquiétude devant n'importe quelle personnalité lorsque je la devinais assurée d'elle-même mais incapable de s'attacher à ces infimes démonstrations de l'attention à autrui. On m'a beaucoup reproché la cohérence presque absolue que j'établissais, pour critiquer ou célébrer les destinées les plus diverses, entre la maîtrise du formel, du superficiel des usages et le talent pour appréhender l'essentiel et l'important. Mon expérience, côté cour et côté jardin, m'a démontré en effet qu'il n'y avait pas de négligences dérisoires qui n'eussent, en profondeur, des conséquences plus graves et plus dévastatrices. Celui qui ne sait pas répondre à un courrier, offrir l'élégance d'un signe à qui l'a alerté ne sera probablement pas assez attentif aux exigences lourdes et contraignantes d'une action d'envergure. Qu'on ne vienne pas soutenir, excuse mécaniquement ressassée, que l'excès de travail interdirait ces gestes qui prennent une seconde. Précisément, ceux qui ont véritablement du travail ont toujours la disponibilité pour le reste. Rien ne leur échappe. Les quelques modèles que j'ai eu la chance de connaître et de fréquenter brillaient et s'illustraient par leur constance dans l'accomplissement de tout. On est médiocre, voire nul de bas en haut. Le désordre est contagieux, touche la tête et les jambes. L'allure se répand partout ou nulle part. L'être humain constitue un bloc.
Comment pourrai-je ne pas songer à ces courriers réguliers qui me sont adressés soit par des détenus soit par des particuliers qui jettent leur texte comme une bouteille à la mer, un appel à l'avocat général ? Comment pourrai-je oublier ces voeux de bonne année qui viennent de telle ou telle prison et auxquels je me dois de répondre avec une formule finale difficile à trouver ! Comment faire pour que les souhaits formulés n'apparaissent pas choquants ou moqueurs devant le temps restant à purger ? Quel étonnement de deviner une gratitude sincère hors de proportion avec le caractère anodin de ma démarche, comme s'il y avait déjà de ma part l'expression d'une considération et d'un respect qui rassurent et réconfortent. Et je ne dispose pas d'un secrétariat pour me faciliter ce travail de relation ! Je suis persuadé que l'une des plaies dramatiques dans l'affaire d'Outreau a été que personne, jamais, n'a répondu aux mille courriers qui ont circulé, pleins de détresses, de désespoirs et d'interrogations. L'aurait-on fait, à un moment ou à un autre il y aurait eu un signal, un déclic, un questionnement, un réveil.
Ces réflexions me sont venues à la suite des nouvelles préoccupantes sur les résultats de France 2, sur les bouleversements internes opérés et, plus généralement, sur l'image donnée par la chaîne. J'avais eu le plaisir d'envoyer deux livres dédicacés à Patrick de Carolis et je n'ai jamais eu l'heur d'un quelconque accusé de réception. Cela m'avait semblé d'autant plus surprenant que les secrétariats étoffés qui assistent ces responsables sont de nature à leur éviter les affres et les embarras du commun des professionnels. Plus qu'un infime agacement, cette abstention systématique avait créé chez moi un doute sur les capacités managériales de Patrick de Carolis, en vertu de l'adage que qui n'est pas capable du petit ne le sera pas du grand. Qu'on m'entende bien : il ne s'agit en aucun cas de comparer la minuscule démarche qu'il aurait dû accomplir avec probablement l'immense intérêt, pour un futur patron de chaîne, d'un dialogue avec l'épouse du Président de la République ! Quel dommage tout de même que ces négligences et cette impolitesse qui m'ont paru annoncer, en réduction, les carences importantes d'aujourd'hui !
Au fond, derrière ces silences ou ces paresses, derrière ce défaut d'organisation, derrière cette érosion de la politesse, ce grignotage des beaux rites de la vie quotidienne et de la sociablité, il y a peut-être tout simplement l'oubli d'autrui, son enfouissement dans cette partie de soi où on n'a pas envie d'aller le chercher. Il nous dérange, alors on le cache, on l'occulte.
Ne pas lui répondre, ne pas lui faire l'aumône d'un signe, d'un regard, d'un mot, c'est symboliquement un peu le tuer. Notre société qui juxtapose tant de solitudes est pleine de petits cadavres.
Bonsoir,
Tout à fait d'accord avec vous. Vos mots résonnent en moi avec force, car je vis cette situation en ce moment. Appeler au secours quelqu'un que vous aimez et qui ne vous entend pas, c'est difficile à vivre. Tout ça sans une explication, c'est même cruel.
Rédigé par : Mariem | 17 juin 2007 à 00:08
@Lefebvre et dab
Chez un tailleur de pierre où je l'avais rencontré, un grand homme faisait prendre ses mesures pour la postérité... Je sais qu'il a oublié sa couronne ! Lefebvre (alias Croquignol) la difficulté c'est qu'il n'y a qu'une couronne ! Si vous le voulez, vous la prendrez l'après-midi, Dab (alias Filochard) la prendra pour la nuit... il me la rendra au petit matin, avant l'heure du laitier.
Allez... on va redevenir sérieux... sinon je ne réponds plus... de rien ! Ribouldingue.
Rédigé par : J.W | 30 janvier 2007 à 15:51
A Lefebvre,
« Je serai à nouveau parisien le mois prochain, si vous connaissez une boutique qui vende des couronnes... »
Mon conseil gratuit:
Il y en a plusieurs à proximité des entrées du cimetière du Père Lachaise dans le vingtième arrondissement.
Je le sais, j’ai habité juste à côté durant trois décennies.
Rédigé par : dab | 30 janvier 2007 à 09:07
Ca y est les gars, nous avons notre chauffeur pour monter sur un coup et une précieuse logistique pour notre révolution royaliste en la personne de Véronique.
Nous allons avoir les fonds, nous avons le projet, nous avons le soutien. Il ne manque que le choix des costumes et un slogan qui claque.
Pour être en accord avec le fil du sujet, nous mettrons la courtoisie élémentaire en exergue dans notre Constitution.
Roi me semble être un emploi qui ne soit pas prise de tête, comme disait le bon Louis XVI.
Rédigé par : LEFEBVRE | 30 janvier 2007 à 01:23
@ doc, Lefebvre, Jerôme
Juste dans le spontané.
Pour que notre bonheur soit complet.
Pour ce qui est du braquage ou de la révolution, je me permets de vous mettre en garde contre la tentation de la catégorie "Pieds nickelés".
Ce qui tient pas mal la route, ça reste quand même des profils à la Clyde Barrow.
Rédigé par : Véronique | 29 janvier 2007 à 16:07
@Jérôme,
C'est parti alors.
Je propose deux rois philosophes travaillant chacun à mi-temps à l'opposé des idées de Platon et non rattachés aux religions.
Ces derniers ne seraient pas sur un siège éjectable et auraient une action dans la durée. Ils feraient passer l'honnêteté, le courage, la qualité, la protection des plus faibles , la grandeur de la France, les belles lettres, la liberté individuelle, le droit au logement, la valeur des chevaliers en premier.
Ils seraient très bien payés pour ne pas glisser dans la tentation et d'une fermeté dissuasive.
Je vous laisse le matin et je conserve l'après-midi.
Je serai à nouveau parisien le mois prochain, si vous connaissez une boutique qui vende des couronnes...
Rédigé par : LEFEBVRE | 29 janvier 2007 à 14:34
@Lefebvre
Pour la révolution je vous suis, pour les braquages non !
Mais dans un cas comme dans l'autre, soyez en grande forme.
Aujourd'hui pour les braquages c'est 10 à 20 ans... pour la révolution ... on sera probablement pendu haut et court car les révolutions ne se terminent jamais avec ceux qui les avaient commencées. Mais, malgré ce risque je persiste et signe. Debout les.... !
Rédigé par : J. Wedrychowski | 29 janvier 2007 à 10:03
@ doc,
Je suis bien d'accord avec vous, simplement les lois et les passe-droits ce sont eux qui les font et qui en abusent.
Votre avis, le mien, celui d'autre millions d'autres anonymes, vous devinez ce qu'ils en pensent...
Trouvez-moi le remède miracle face à ces attitudes, je l'attends avec impatience.
Des élections pour quoi ? pour qui ? Nous voyons, depuis que nous sommes en âge d'observer, qu'elles ne changeront rien.
Celui-ci partira, la belle affaire, il aura une charge équivalente quelque part à la place, qui vous dit que le prochain ne sera pas pire ?
Avec tout cela, j'apprends à m'accommoder, que faire de mieux ?
Vous me proposez quoi ?
Une révolution, que nous fassions des braquages tous les deux, faites attention, un soir de fatigue, je pourrais accepter.
Rédigé par : LEFEBVRE | 29 janvier 2007 à 00:58
Lefebvre,
Celui qui se croit tout permis car le peuple lui a donné mandat de façon temporaire me trouvera sur son chemin pour qu'à son orgueil et aux passe-droits qu’il se permet, je réponde comme ceux de la guerre d'Espagne : No passaran !
Alors qu’il ne croie pas que seules les âmes en perdition, les immigrés en situation irrégulière se lèveront face à lui et à sa 607 mal garée (607 : faut faire, dans le terroir…).
Il abuse du mandat que le peuple lui a donné, ce même peuple va le lui retirer et là, gauche ou droite, ce n’est pas le problème : l’honnêteté n’a pas de camp, elle est unique, alors, que Monsieur Sarkozy ne s’étonne donc pas qu’après un compagnon de la Libération approuvé par tous comme le Sénateur Maire actuel, le bon peuple renvoie, aux prochaines municipales, un affairiste tel ce « juriste » à ses dossiers…
La politesse vis-à-vis du citoyen est à ce prix…
On ne peut pas demander à un jeune désorienté de respecter des valeurs républicaines quand un tel olibrius profite de sa cocarde tricolore pour « s’asseoir » sur le respect de nos lois…
Rédigé par : doc | 28 janvier 2007 à 20:00
@ doc
Mais j'ignorais que le baron Girod de l'Ain (1781-1847) avait été avocat général. Vous pensez bien que si j'avais su cela, je me serais confondue en remerciements.
En fait, j’ignorais presque tout de ce magistrat politique, assez agité, me semble t-il. Mais je n’ai pas trouvé pourquoi il a donné son nom à ces roses un tout petit peu ébouriffées.
Pour la loi salique, je ne serai pas fâchée. Je n’ai pas lu le livre de P. de Carolis. Vous savez, je ne vais pas spontanément vers le roman historique.
En ce moment:
"Dévorations" de Richard Millet. Ce livre nous parle du Limousin et de la passion d’une serveuse pour un ancien écrivain devenu instituteur. Question écriture et univers, ce n’est pas exactement du Carolis. C'est... plus rugueux.
"Paul et Camille" de Dominique Bona. Parce que Camille Claudel est dans mon panthéon personnel. Un très beau roman "La Robe bleue" de Michèle Desbordes nous avait dit que Camille enfermée à Montdevergues attendait très douloureusement les visites de Paul. Elle n'attendait que cela. Il n’est venu qu’une fois.
Alors, pour vous remercier de vos baron Girod de l’Ain, quand j’irai retrouver Camille au Musée Rodin, j'écrirai un mot à votre attention sur la cahier des visiteurs. Ou si je vais sur les terres limousines, je vous écrirai sur le registre d’un conservatoire des mondes et des imaginaires ruraux. Si à votre tour vous passez par là, vous vous rendrez compte que je suis bien élevée...mais si !
Rédigé par : Véronique | 28 janvier 2007 à 08:02
@doc,
Je ne puis que m'accorder à votre théorie sur l'exemplarité comme devoir des élites, quoique une exemplarité de la population suivie d'une mise à l'index des responsables indignes serait certainement plus efficace et que je ne vois guère d'autres moyens à notre disposition.
Je pensais à une révolution, j'avais même commencé à créer une société secrète et conspiratrice, mais comme Véronique est visiblement contre, j'ai laissé tomber.
Ne me pensez pas l'ami des politiques véreux. Lorsque j'ai appris, toujours dans l'est, qu'un politicien avait été condamné pour excès de vitesse, refus d'obtempérer et délit de fuite, j'en ai été ravi. J'ai tellement vu de mes propres yeux des exemples autres et c'est tellement nuisible à la sérénité de mon pays que je n'ai pu qu'applaudir des deux mains et me réjouir de la colère imaginée de ce fat qui mettait en avant sa fonction pour ne pas être puni.
Toutefois, se garer en stationnement interdit pour s'acheter un costume est beaucoup moins grave que brûler la voiture d'un pauvre gars, que d'agresser des CRS ou d'immoler une femme dans un bus, il faut savoir garder réalisme et juste proportion.
Maintenant, ce n'est pas parce que des cuistres de la politique, du droit, de l'administration, de la médecine (je ne parle pas de vous, c'est un autre constat ailleurs et passé) ou des médias n'ont pas eu une mère leur apprenant le respect élémentaire pour un autre individu que je dois me rabaisser à leur niveau. Ils ne me méritent pas, aurait certainement répondu avec humour et une fausse hauteur un général président.
Tous les politiciens ne sont pas des truands, je parlais de ceux honnêtes.
Quant aux autres, je me demande personnellement d'être poli avec ceux-là aussi. Dans mon propre intérêt : ils peuvent me nuire, moi non ou par une violence qui me serait normalement sanctionnée et surtout pour une philosophie qui me fait respecter la loi et l'étiquette, même lorsque la première me paraît mauvaise et que les représentants de la seconde me paraissent peu dignes de foi, vous comprendrez tout l'avantage apporté par l'acceptation au niveau personnel et un intérêt me dépassant : celui de la France.
Par contre, j'affiche avec la forme mon plus parfait mépris ou mon jugement basé sur des faits ou de l'observation.
Si vous aimez les contrepèteries en voici une de mon cru, mais attention, je ne fais que parler d'un oiseau et je laisse libre chacun de son interprétation : Le cygne est un gros canard.
bien à vous, doc.
Rédigé par : LEFEBVRE | 28 janvier 2007 à 04:29
On ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure...
On trouve que les actes sont normaux. Les égards, l'attention ou le temps passé par des fonctionnaires (d'une administration) semblent dus.
De même, dire "bonjour" a un chauffeur de bus, à un gichetier à un policier avant d'obtenir un renseignement ou un titre de transport, est-ce vraiment si difficile ?
Récemment, j'ai du obtenir des renseignements du livre foncier (droit local oblige). J'ai donc "embêté" les greffières du TI pendant 35-40 minutes. En les quittant, je les ai saluées et ai tendu ma main. Elles ont été surprises de mon geste, comme s'il y avait un mur invisible mais infranchissable entre l'administré et l'administration.
Rédigé par : Raph | 28 janvier 2007 à 00:33
A WEDRYCHOWSKI Jérôme
Pointe d’humour !
Avec toute ma sympathie : vu votre leste saillie récente sur ce même blog (défaut que j’ai parfois mais que je tempère pour ne pas perdre quelques amis ici et ailleurs pour un bon mot…) nous vous souhaitons longue vie…
Laisser croire que selon une loi salique la politesse ne se transmettrait que par les hommes (« Ensuite, vous savez que le Comte de Provence n’avait que quatre filles. S’il avait eu fils, Raimon Béranger V lui aurait donné en guise de souvenir, des leçons de politesse ») vous allez nous fâcher pour de bon Véronique, peu sensible à mes roses baron Girod de l’Ain pourtant Avocat Général !
Rédigé par : doc | 27 janvier 2007 à 23:38
Lefebvre
« …l'homme politique qui reçoit son lot quotidien d'incivilité, ils méritent une politesse sincère comme chacun. »
Voir jeudi, un député de l’est de la France, avocat de formation, tout se permettre en se garant sur des stationnements interdits pour acheter un costume (il fait pareil pour les restaurants à croire que tous ont un « drive ») alors qu’en tant que premier adjoint d’une ville, il finance des employés pour verbaliser le contribuable contrevenant, peut laisser pantois sur l’exemple à donner.
La vie et les urnes vont bien le renvoyer tôt ou tard à sa médiocrité.
Alors avec lui et d’autres du même acabit, le mot politesse n’a plus de sens et oublié l’échelon supérieur de la courtoisie que vous citez !
La France est longue à se réveiller mais quand elle le fera on comprendra que les insurrections des banlieues n’étaient pas dues qu’à l’incivisme de quelques jeunes immigrés « comme d’hab ».
Cet élu est pire qu’eux voilà un message peu audible mais vous vous en souviendrez.
Effectivement son Maire émule d’Edgar Faure, c’est et malheureusement cela aura été une autre « pointure » !
J’en reviens toujours à ma théorie de l’exemple des élites, désolé…
Rédigé par : doc | 27 janvier 2007 à 22:34
@ doc,
sourire, monsieur Bilger ne m'a pas envoyé une invitation à laquelle je n'ai pas répondu. Sa réponse était sur un bristol et je l'ai gardée précieusement, c'est tout.
De même que lorsque vous ne trouvez pas les réponses à vos questions de droit parmi les membres de votre défense, quoi de plus légitime que d'aller demander des suggestions et des réponses à ceux qui peuvent vous en fournir ?
Je ne suis pas légiste.
Mon souci de vérité va également au-delà de mon histoire personnelle et heureusement que je ne m'en tiens pas à "prêcher pour ma paroisse".
C'est surtout pour le reste que je viens avec plaisir sur ce site, les sujets de société sont plus intéressants et le seront toujours plus que mes propres victoires et tracas.
Pour revenir dans le fil du sujet, je pense que la courtoisie au-delà de l'aspect chaleureux, permet à la personne réceptrice de sentir qu'elle mérite considération, qu'elle aussi est importante. Que ce soit la caissière de supermarché, le gendarme qui fait un contrôle, l'homme politique qui reçoit son lot quotidien d'incivilité, ils méritent une politesse sincère comme chacun.
Autant je peux être dur dans mes critiques, notamment sur les non-dits ou sur ce que je crois nécessaire d'exprimer, autant j'agis avec respect dans ma vie quotidienne.
Ce ne sont pas les femmes grosses, les gens laids, ceux qualifiés de ploucs, les nobles, les quelques personnes ayant réussi par leur intelligence servant de défouloir aux frustrés, ou les handicapés qui auront droit à mes railleries, mais le fat, le corrompu, le manipulateur, la pauvre chose qui respire la bêtise et se sent sortie de la cuisse de Jupiter.
Rédigé par : LEFEBVRE | 27 janvier 2007 à 19:53
Lefebvre,
« …il y eut ce petit morceau de bristol qui est resté depuis dans mon porte-feuille. »
Ne rien demander, ne rien espérer, mener son combat sans croire en des « interventions » providentielles, c‘est aussi une forme de politesse et de respect vis-à-vis de soi-même et de son propre combat…
Et je sais de quoi je parle…
Le fait que l’on m’envoie par amitié le carton « glacé » d’invitation destiné à un ministre « absent excusé » n’a jamais été pour moi une obligation à me déplacer…
J’ai ce péché d’orgueil de ne pas plier faute de trahir mes valeurs mais aussi mes erreurs.
Sur ce, apprécier un Homme comme notre hôte, prouve une qualité de votre personne…
Rédigé par : doc | 26 janvier 2007 à 22:16
Certains ne répondent plus non plus à ceux qui ne répondent pas, ou répondent sans rien dire d'autres que des formules toutes prêtes, emmagasinées dans des mémoires d'ordinateur.
Ce ne sont pourtant pas, ces temps-ci, les sollicitations qui manquent.
Dans le sens inverse, ça devient amusant.
Véronique, votre: "c'est aussi se surprendre à penser l'autre et à s'imaginer soi, comme des possibles personnages d'un roman. On se situe ainsi dans quelque chose qui dépasse les ordinaires de la vie ordinaire.
La politesse et la courtoisie peuvent parfois créer de l'invention, de l'affection et de la poésie" vous vaut: "Bienvenue au club !"
Rédigé par : Fleuryval | 26 janvier 2007 à 21:16
Je crois que votre billet décrit relativement bien les paradoxes et la problématique existentielle de l'humain dans son nouvel environnement. Capable du meilleur comme du pire, il n'est finalement qu'une mosaïque particulièrement fragile dans sa structure biologique... Certains plus que d'autres seront aptes a s'imprégner de quelques valeurs naturellement acquises, indépendamment de l'éducation reçue. Ce qui expliquerait la différence entre le rustique basique, même instruit, et la délicatesse de l'homme simple au raisonnement bien construit, qui fait le charme discret du savoir-vivre en société.
Rédigé par : Citoyen ignare | 26 janvier 2007 à 19:14
Il y a des gens qui ne répondent jamais par écrit parce qu'ils ont honte de leur orthographe. Et d'autres qui à cause de vieux réflexes d'économie n'appellent pas dès qu'il s'agit de téléphoner dans le département voisin. J'en connais pas mal.
J'ai envoyé des voeux électroniques à tous mes carnets d'adresse mais en modifiant le contenu selon la "clientèle". Résultat, j'ai touché des dizaines de personnes alors que les années passées, les cartes que j'envoyais se comptaient sur les doigts d'une seule main. Tout le monde n'a pas répondu mais j'ai quand même eu beaucoup de réponses alors que je n'avais rien du tout par le passé.
J'en profite pour ajouter un grain de poivre à votre note sur les héros : nous en avions un et nous ne le savions pas, l'abbé Pierre. Il ne doit y avoir de héros que morts.
Rédigé par : Grain de poivre | 26 janvier 2007 à 18:12
Et aussi, il suffit de se rappeler cette phrase que je crois que vous avez écrite dans une de vos notes (je cite de mémoire):
"suffisance rime souvent (très, très souvent) avec insuffisance"
Cela aide pas mal pour avoir de la lucidité dans nos rapports à autrui.
Rédigé par : Véronique | 26 janvier 2007 à 12:49
Et que dire de ces sociétés de "communication" (sic) telles que les fournisseurs d'accès à Internet, de câble ou de téléphones portables qui ne répondent pas à votre courrier, même recommandé et vous entraînent vers des centres téléphoniques étrangers où l'incompétence le dispute à l'incompréhension de la langue ?
Rendre service était naguère une exigence noble que l'on nous apprenait en famille et nous enseignait à l'école. Aujourd'hui tout service se paye, cher.
Mais pourquoi se plaindre de ce qu'on vous salue d'un BONJOUR en oubliant la civilité Monsieur, Madame, Mademoiselle?
Soyons heureux que l'on nous dise BONJOUR. Certains déjà ne disent rien.
Et que penser de la ponctualité qui fut la politesse des rois ?
Lorsque les professeurs sont en retard, comment les élèves pourraient-ils être à l'heure?
Il existe, Dieu merci, des poches de résistance à l'impolitesse et je me réjouis de ne pas me sentir trop seul dans ce monde de "brutes".
Merci à vous de nous réconforter de manière si élégante dans son style et son esprit.
Rédigé par : mike | 26 janvier 2007 à 11:16
Vous avez mille fois raison. Me permettra-t-on quelques digressions anecdotiques, proches de votre sujet, et formidables leçons de vie ?
Un client ne savait plus à quel saint se vouer pour clamer son innocence.
« Je vais écrire au Pape », me dit-il. Perplexe, mais voulant le laisser à ses espoirs même les plus fous, je ne l’en avais pas dissuadé. Il écrivit.
Deux semaines après, il m’accueillit au parloir en brandissant triomphalement une enveloppe frappée aux armes vaticanes.
La nonciature lui avait répondu à peu près ceci « Sa Sainteté a pris connaissance de votre lettre. Il ne peut intervenir dans le cadre d’une affaire judiciaire. Il vous demande de garder confiance, et priera pour vous et votre famille ».
L’incidence de cette bulle papale ne fut évidemment d’aucune conséquence sur son affaire. Mais la réponse, elle, avait eu son effet. Cet homme avait repris courage dans ce moment difficile. Le Pape avait promis de prier pour lui, ce pauvre taulard oublié dans un cul de basse fosse au pays de la fille aînée de l’Eglise.
Certes, par personne interposée, mais peu importait, le Pape avait répondu.
Défenseur d’un jour de P. de C, je plaiderais qu’il aurait deux circonstances atténuantes pour son crime de lèse-politesse, même si cela n’a plus cours… aux assises, M. l’Avocat général!
Tout d’abord, M. de Carolis a certes un secrétariat, mais n’a pas d’ambassade. Il lui faudrait un nonce cathodique. L’heure est aux restrictions budgétaires.
Ensuite, vous savez que le Comte de Provence n’avait que quatre filles. S’il avait eu fils, Raimon Béranger V lui aurait donné en guise de souvenir, des leçons de politesse. Patrick de Carolis aurait, alors, ajouté un chapitre à son bouquin pour nous le conter d’une plume alerte, et profiter lui-même, à son heure, de cet enseignement.
Mais je ne vais pas lui jeter la pierre, car il y a bien longtemps, j’ai reçu une leçon magistrale.
Une cliente m’avait envoyé en fin d’année quelque breuvage festif. J’avais goujatement (barbarisme) oublié de lui répondre au bout de six semaines. M’appelant pour me parler de son affaire, elle m’interrogea, en fin d’entretien, pour savoir si j’avais reçu son aimable gratification. Silence, gêne, bredouillage, excuses, rien n’y fit. J’ai alors, dans la foulée, reçu un deuxième cadeau en forme de leçon de vie gravée dans le marbre de ma mémoire, là où les choses sont gardées longuement. « Mais qui êtes- vous donc jeune homme ? », me dit-elle, « même le Président répond à mes vœux ». Cette correction méritée je ne l’ai jamais oubliée. LEFEBVRE vous voyez, depuis longtemps je passe mon temps à être «mouché». En fin de vie j’aurai peut-être le nez propre. Je saurai vivre au moment de mourir !
Aussi bien, je ne jetterai pas la première pierre à M. de Carolis. Il n’a pas la chance d’avoir des clients... il n’a que des sondages, le pauvre.
Mais je ne comprends pas que l’école de la vie ne l’ait point encore mouché.
Peut-être votre note de ce jour lui servira-t-elle de leçon ? A moins qu’il ne fasse un stage à l’ENA où l’on apprend paraît-il la politesse, nous a précisé M. Hollande « retoquant » M. Fillon qui lui reprochait de ne pas y avoir assimilé le calcul («A vous de juger » hier sur la 2, donc chez M. de Carolis).
J’en doute un peu, mais après tout, on peut tout essayer pour devenir un gentil grand garçon.
On peut avoir des ailes et voler très haut, mais on peut aussi manquer de racines.
Rédigé par : WEDRYCHOWSKI Jérôme | 26 janvier 2007 à 08:08
Depuis quelques jours, je souhaitais remercier une personne.
L’attention de cette personne m'avait beaucoup touchée et enchantée. Naturellement, je désirais essayer d’inventer, à mon tour, une magie.
Alors, l'idée m'est venue d’adresser un livre... poste restante. Pour fabriquer un peu de romanesque, de l'inattendu... qui serait attendu.
Je crois que cette chose si simple qui est de remercier, c'est aussi se surprendre à penser l'autre et à s'imaginer soi, comme des possibles personnages d'un roman. On se situe ainsi dans quelque chose qui dépasse les ordinaires de la vie ordinaire.
La politesse et la courtoisie peuvent parfois créer de l'invention, de l'affection et de la poésie.
En être dépourvu, ne pas savoir cela ou ne pas l’avoir appris peut devenir presque un handicap dans le rapport à l'autre.
La délicatesse est dans le détail. C'est une façon de créer de la douceur. Ce ne n'est pas nécessairement que le respect figé des formes et des politesses, mais la capacité à échanger des petites magies ou de grands secours avec autrui.
Et je suis très d'accord avec vous:
"...qui n'est pas capable du petit ne le sera pas du grand".
Et ce "petit", même le minuscule, dont vous nous parlez, c'est ce qui fait qu'au bout du compte, il y a ceux et celles qu'on choisit, et il y a ceux et celles qu'on oublie.
ps: finalement une adresse plus classique a été trouvée.
Mais mon idée, elle n’était pas trop mauvaise, non ?
Rédigé par : Véronique | 26 janvier 2007 à 07:20
Il y a 25 ans, lors d'un premier emploi dans les relations publiques pour quelques bonnes causes, je me souviens de coups de fil passés au Paris médiatique et des claques que j'ai prises. Certaines grandes signatures ou grandes voix décuplent d'arrogance au téléphone, voire de mépris. Si le sujet évoqué n'est pas leur priorité, il suffit de remercier, de regretter et le tour est joué. Je me souviens aussi des rares qui l'ont fait !
Votre billet nous rappelle qu'on a peut-être tous un peu oublié un mail ou un faire-part, qu'on a peut-être oublié une vieille tante pour les voeux ou évité un collègue car, de notre voisin au patron de France 2, il ne peut y avoir de hiérarchie dans l'attention portée à l'Autre.
Rédigé par : Bulle | 26 janvier 2007 à 05:50
Comme Sbriglia, je ne peux m'empêcher d'apprécier la noblesse de votre première partie, et de déceler une sorte de malice pas complètement désintéressée dans la deuxième.
Et, décidément, la télé vous fascine.
Enfin, la honte me saisit en vous lisant, car je ne réponds pas bien souvent à mon courrier...
Rédigé par : edgar | 25 janvier 2007 à 22:51
J'adhère moi aussi à votre position; je ne sais si c'est une question de génération ou d'éducation. Le respect d'autrui tout simplement ?
En tant que magistrat, j'estime que lorsqu'un justiciable prend la peine d'écrire, on lui doit une réponse, même de pure forme, signée par quelqu'un dont le nom et la fonction sont indiqués. Certes, parfois le fait de répondre engendre des courriers 'intempestifs' (enfin un nom à qui écrire) mais je préviens alors au troisième courrier, qui s'avère comment dire totalement 'inutile', qu'alors je ne répondrai plus.
Quant aux voeux par internet, envoyés par un simple clic de façon impersonnelle à l'ensemble de son carnet d'adresses électroniques, j'ai décidé, pour ma part, de ne pas y répondre ...
Rédigé par : hag | 25 janvier 2007 à 22:09
Lorsque nous nous arrêtons pour laisser traverser quelqu'un qui attend sur le bord du trottoir et qu'un sourire est échangé, nous ne perdons pas notre temps, nous le gagnons.
Dès que l'argent, un Dieu, un réussite passent avant l'être humain nous voyons le résultat, que ce soit dans le constat international ou dans celui de notre vie sociale.
Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de ne plus gagner sa vie, d'avoir un athéisme forcé, de ne pas avoir envie de reconnaissance, mais de savoir laisser ces valeurs qui ne devraient être que subjectives à leur véritable place : le second plan.
Je me souviens d'un passé proche, où je n'avais plus rien dans le moindre domaine, et d'un courrier désespéré que j'ai envoyé à un célèbre avocat général à la cour d'appel d'une capitale européenne lui demandant de l'aide, moi qui déteste tellement ce genre d'actions dénuées de noblesse, qui demandent une humilité que je n'ai pas.
Ce dernier m'a répondu que de par sa position, il n'avait même pas la possibilité de pouvoir émettre un avis sur une affaire autre.
Il m'a répondu cependant et avec une telle gentillesse, un tel sentiment où j'ai interprété un sincère regret que je continue d'être touché par ce souvenir et je le serai longtemps encore. J'avais côtoyé pendant dix ans l'arrogance, l'absence d'empathie, la malversation, une justice de classe. Je fus traité comme un idiot, un moins que rien comme si cela existait, des moins que rien.
Au milieu de mes nombreux courriers sans réponse aux politiques, aux journalistes, à certains des magistrats et avocats concernés, il y eut ce petit morceau de bristol qui est resté depuis dans mon porte-feuille.
Maintenant, j'ai gagné ce procès au civil, pas au pénal, il est terminé et je passe à autre chose.
J'ai acquis un ordinateur et je vais sur le blog de cet avocat général avec toujours beaucoup de plaisir, il y a cette reconnaissance toujours là, mais aussi cet amour de la justice, la qualité de l'écriture et de la réflexion qui tombent exactement dans les mêmes préoccupations que les miennes.
Dans mon observation entre un homme altruiste, intelligent et droit qui réussit sa vie et les outres gonflées, mais vides de leur sécheresse de coeur, de leurs incompétences et de leur mépris des belles valeurs qui ne reçoivent que ce qu'ils donnent, c'est-à-dire rien, il y a une belle récompense : l'un est dans la lumière, les autres dans l'obscurité et c'est ainsi que j'ai trouvé justice.
Rédigé par : LEFEBVRE | 25 janvier 2007 à 21:40
PB a écrit:
"Qu'on m'entende bien: il ne s'agit en aucun cas de comparer la minuscule démarche qu'il aurait dû accomplir avec probablement l'immense intérêt, pour un futur patron de chaîne, d'un dialogue avec l'épouse du Président de la République ! "
...le lecteur laissera à l'auteur la responsabilité de ses affirmations et sera prié de ne point déceler sous les mots une ironie - voire une envieuse jalousie - dont la cruauté et l'irrespect, pour ce qui concerne la première ou le caractère déplacé, pour ce qui concerne la seconde, seraient justement contraires à l'esprit du présent sujet et à l'humanisme désintéressé qui anime l'auteur...
Rédigé par : sbriglia | 25 janvier 2007 à 15:49
Ce qui semble paradoxal est que l’on reçoit de plus en plus de lettres d’invitations à des apéritifs, d’annonces d’événements heureux, de départs en retraite, de changement d’affectation ou de mutation, ce qui signifie pour le destinataire : cracher au bassinet, alors que notre société regorge déjà de toutes sortes de ministères de la solidarité ou de la redistribution, d’institutions, d’organismes sociaux et de milliers et de milliers d’associations de bienfaisance en tous genres.
Les gens sont trop imprégnés de cette culture de droits acquis ou de l’assistance qui les pousse à dire, lorsqu’ils sont les bénéficiaires d’un geste désintéressé et spontané:« lui, il peut bien !». Autrement dit, il fait son devoir.
Pour les anecdotes :
Je me souviens d’un chef de service qui disait à ses subalternes qu’il était normal qu’il les réprimandât s‘ils travaillaient mal mais par contre, que ce n’était pas normal qu’il les félicitât s’il travaillaient bien. Avec cet exemple: « Vous achetez un beefsteak à votre boucher, s’il n’est pas bon vous allez lui faire remarquer mais s’il est bon, vous n’allez pas lui dire qu’il était bon, parce que c’est normal qu’il vous vende de la bonne viande !».Il ne peut plus le dire maintenant.
Je me souviens encore de cette brave dame un peu paumée dans le métro à Paris, qui voyant ma bonne bouille, m’avait demandé si elle était dans la bonne direction pour aller à une destination qu’elle m’avait indiquée. Je lui montrai le plan de la ligne affiché au-dessus de nos têtes et lui donnai toutes les explications, calmement et bien gentiment et avec le plus grand dévouement.
Très bien, Monsieur, je suis très contente, oh merci de vos bons renseignements.
Merci ? Oui ! Ça fera 10 Francs, Madame !
Ah,non ! A ça non, je ne vous donnerai rien ! Ya déjà les quêteurs, les mendiants, les chanteurs,on n’en finit plus !Elle m’insultait presque, ne voyant pas que j’avais dit cela pour plaisanter !
Les passagers autour en riaient. Mais cela donne tout de même une idée de l’état d’esprit des gens.
Dernier cas : j’habite à la campagne au bord d’une départementale. Un jour j’entends un violent bruit de freinage suivi du vacarme d’ un choc violent. Je me retourne en direction du bruit : une voiture presque enroulée autour d’un poteau électrique en béton en contrebas de la route à cent cinquante mètres de là. Je lâche tout ce que j’avais dans les mains et me rends immédiatement sur place. En sortait de la voiture rendue hors d’usage une dame d’une trentaine d’années avec deux enfants en très bas âge, dont un qu’elle conduisait chez le médecin pour une angine. Elle roulait trop vite, bien sûr et avait perdu le contrôle de son véhicule, comme on dit. Par bonheur, par miracle, pas de blessé et c’était le début de l’été. Pas encore de téléphone portable. Tandis que des voisins viennent également la secourir, je reviens en courant chez moi chercher mon téléphone sans fil, pour qu’elle puisse appeler son mari, elle l’a fait aussitôt et il est arrivé.,
Tout juste merci !
Depuis je la vois souvent passer, elle ne me connaît pas.
Entre passer pour une bonne poire et se rendre coupable de non-assistance à personne en danger, la marge est étroite.
Rédigé par : dab | 25 janvier 2007 à 15:45
Je vous donne d'autant plus raison que vous avez eu récemment l'amabilité de répondre à une de mes sollicitations.
L'ère du tout informatique et des communications virtuelles via internet ne sont-elles pas à l'origine de cette dégradation des relations humaines ? Qui prend encore le temps d'écrire un bristol, le timbrer puis le poster quand internet offre une prestation similaire (certes non égale...) sans effort et à moindre coût ? Une question de génération je pense.
Rédigé par : Franck | 25 janvier 2007 à 13:00
Mon hypothèse est que, dans ce domaine comme dans la plupart des autres, les choses changent moins qu'on ne le dit et que la proportion des gens délicats et polis doit être relativement constante. A ce sujet un juriste (Frédéric Rouvillois) a écrit récemment un bon livre intitulé "Histoire de la politesse".
Je saisis l'occasion de saluer en lui souhaitant une bonne année l'auteur de ce weblog qu'entre deux dossiers je consulte souvent avec grand intérêt (sauf quand il traite de la presse et surtout de la télévision auxquelles je me réjouis de ne presque rien connaître).
Rédigé par : Michel Romnicianu | 25 janvier 2007 à 12:58
L'indifférence...
L'individualisme...
Je ne saurais que trop vous donnez raison; toutefois je vous rassure, il existe encore (et je pense que la tendance va s'inverser) des ilôts de compassion, des gens qui s'intéressent aux autres, et de plus en plus une certaine "entraide"...
Non ce n'est pas de la naïveté comme certains pourraient le penser, mais je pense qu'à travers les difficultés de notre société, nous ne pouvons pas nous passer des autres...
Marie
ps: une question technique: en matière de constatations: faut-il deux assistants obligatoirement ???
;-))
Rédigé par : marie | 25 janvier 2007 à 11:20
Parfaitement en phase avec vous. Et je repense à quelques voeux électroniques restés ce jour sans la moindre réponse. Et pire encore, à un faire-part envoyé cet été dans des conditions de deuil, resté lui aussi sans réponse de la part de plusieurs personnes. Je ne laisse de m'étonner devant une telle absence de savoir-vivre.
Ceux et celles qui recoivent un message, un courrier, sans se donner la peine d'y répondre, ont-ils conscience, l'espace d'un instant, du mal qu'ils peuvent faire à ne pas répondre à ceux et celles qui se sont avancés vers eux à travers quelques mots, a fortiori écrits dans la douleur ?
J'en viens désormais à penser que le sentiment de culpabilité que d'aucuns devraient ressentir en ne renvoyant que leur silence, n'est plus, dans certains coeurs, qu'une petite flamme morale si fragile, si faible, que le premier coup de vent l'éteint ; sous prétexte "d'emploi du temps surchargé" (forcément surchargé), de "je voulais te répondre et puis tu sais ce que c'est" etc ; toutes ces réponses prémâchées, lamentables, oui lamentables, qui témoignent de la médiocrité qui nous environne.
Médiocrité, car celui ou celle qui n'aura pas répondu à son correspondant, s'émerveillera de recevoir un courrier ou un appel de la première personne appartenant à son Olympe personnel. D'un côté le mépris, de l'autre la courtisanerie.
Rédigé par : Laurent | 25 janvier 2007 à 11:11