L'obligation de réserve du magistrat a au moins un effet bénéfique : elle lui laisse une entière liberté d'analyse et d'appréciation. Je veux parler de cette obligation de réserve qui m'interdit expressément d'afficher sur ce blog mon choix lors de l'élection présidentielle.
Mais quel bonheur intellectuel ! On est totalement éloigné de l'acrimonie ou de la haine qui empêchent d'écouter l'autre, on n'a aucun mouvement de détestation devant l'expression d'opinions qui ne sont pas les vôtres, on a forcément cette capacité d'être attentif aux ridicules et aux grandeurs des camps multiples, on n'est pas pourri par une inconditionnalité de mauvais aloi. Au contraire, les ombres et les lumières d'une campagne présidentielle, on les assume, on les souhaite même, tant on est persuadé que la bêtise est précisément cette inaptitude, dans le soutien ou l'adhésion, à savoir discriminer et observer.
C'est, oui, un grand bonheur intellectuel. J'ai le droit de penser et de dire que j'ai trouvé François Hollande excellent hier, avec un ton et une capacité de dialogue absolument pas sectaires. J'ai le droit de dire que je l'ai trouvé faible quand il affirme avoir décidé ce qui lui a été imposé : la candidature de sa compagne. J'ai le droit de dire que toutes les propositions de Ségolène Royal sont loin d'être absurdes et qu'elle a eu du courage, dans son socialisme réinvesti, de garder quelques pépites de dissidence : la carte scolaire et l'encadrement militaire, notamment. J'ai le droit de dire que François Bayrou fait une excellente campagne presque à la hauteur de l'opinion qu'il a de lui-même et qu'André Santini, si on quitte la tactique, donne en le lâchant l'image d'une pénible contorsion sur le plan humain. J'ai le droit de dire que je trouve Claude Guéant remarquable, que je ne suis pas, en revanche, emballé par tous ceux qui entourent Nicolas Sarkozy ou qui ont été privilégiés par lui. J'ai trouvé ses discours de Douai, de Nîmes et de Lyon remarquables. Au risque de choquer, le discours de Paris tant célébré me semble plutôt relever d'un inventaire, d'une compilation, de clientélismes catégoriels que d'une allocution à la hauteur lucide et rigoureuse des précédentes. Henri Guaino l'a, paraît-il, rédigé. Venant du cercle de Jacques Chirac, il est sans doute une personnalité atypique que ses échecs à l'ENA et électif rendent singulier par compensation mais il devrait tout au plus être un conseiller spécial. Pour lui, les idées sont peut-être les succédanés des chagrins, comme l'a écrit Proust. J'ai le droit de dire que José Bové est ridicule et qu'il aurait dû résister à la tentation de la vanité. L'élection présidentielle, contrairement à ce qu'il croit, ne l'attendait pas. J'ai le droit de dire qu'Olivier Besancenot est très doué pour les débats mais que le fond de ce qu'il développe me fait froid dans l'esprit. J'ai le droit de dire que le soutien apporté par André Gluksmann à Nicolas Sarkozy ne lui apportera que sa seule voix. Ce ne serait pas la même chose si Alain Finkielkraut, qui s'est battu seul et avec courage pour soutenir le juste et le vrai en des temps troublés, formulait explicitement son soutien. J'ai le droit de dire que je n'aime pas que Nicolas Sarkozy soit si proche de Charles Pasqua. J'ai le droit de dire que j'apprécie que le seul domaine où Nicolas Sarkozy n'ait jamais changé soit celui de la justice et de la sécurité. J'ai le droit de dire que Le Pen a clairement aujourd'hui moins de talent que sa fille Marine, qui a beaucoup appris. J'ai le droit de dire que Roselyne Bachelot m'énerve avec ses sourires démagogiques perpétuels et que c'est cher payer que d'avoir Christine Boutin comme conseiller politique, alors qu'elle aurait fait un score pitoyable aux présidentielles. J'ai le droit de dire que le ressentiment à l'égard du Président de la République ne donne pas obligatoirement de la compétence. J'ai le droit de dire qu'on en a assez de ces candidatures de témoignage qui cherchent à se gonfler pour laisser croire qu'elles ont une chance et un projet. J'ai le droit de dire qu'on n'est pas forcé d'aimer le candidat en bloc pour le choisir. J'ai le droit de dire que je me passerais bien de la candidate communiste. J'ai le droit de dire que cette campagne présidentielle est tout sauf médiocre, qu'elle remet de la politique dans la tête des gens. J'ai le droit de dire que le Président de la République est un homme sympathique et très chaleureux et que c'est beaucoup. J'ai le droit de dire que Jean-Pierre Raffarin est un peu lassant avec son ton de prêcheur publicitaire. J'ai le droit de dire mais cela n'en finirait plus. C'est déjà trop.
C'est une infinie curiosité que j'éprouve. Elle est sans doute dangereuse dans un monde intellectuel et politique qui aime tellement les frontières qu'on n'a même pas le droit AVANT d'aller partout et de vagabonder dans toutes les pièces.
J'ai le droit de dire. Et, le 22 avril, je saurai.
Poster un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.
Vos informations
(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)
Dans le genre j'ai le droit de dire : allez lire le blog de rpplbis sur le site du Monde (le journal).
C'est remarquable de souffrance, d'analyse mis ensemble. Vous qui dites que vous voulez discuter des problèmes de la justice avec vos concitoyens, il y a là de la matière, comme on dit. Le blog s'appelle "autopsie d'une famille".
Rédigé par : Elena | 19 février 2007 à 13:41
A Mike et Cactus,
"nous vivons pourtant une société de non droit à satiété, non ?"
C'est pas ce que nous appelons les tas de droits sans contrepartie ???
Rédigé par : dab | 14 février 2007 à 20:28
A Marc Fievet,
« J'ai le droit de poser cette question : pourquoi n'enseignez-vous pas à l'ENA ? Mais vous avez le droit de ne pas me répondre ! »
Vous ne voudriez pas par hasard dire « ENM » au lieu de « ENA » ?
Si tel devait être le cas, voir réponse dans « Pour l’honneur de la justice », notamment page 29 (les quatre dernières lignes) et pages suivantes jusqu’à page 37, notamment p 30 (les deux dernières lignes) et p 31 (les six premières lignes)
J’ai simplement pris sur moi, pour d’évidentes raisons, le droit de vous répondre à la place de notre hôte…
Si je ne me suis trompé.
Rédigé par : dab | 14 février 2007 à 20:22
nous vivons pourtant une société de non droit à satiété , non ?
Rédigé par : Cactus aime le mot dit | 14 février 2007 à 18:17
Si chacun se met à dire ce qu'il estime avoir le " droit" de dire, la vie dans une société policée deviendra bien délicate.
Peut-on rêver d'une société où le devoir de tolérance mesurée, de respect et de solidarité primerait?
Utopie???
Rédigé par : mike | 14 février 2007 à 10:59
" (Mesdames) Bachelot et Boutin, dans un registre différent, me semblent représenter ce que la féminité hypertrophiée de l'une et frustrée de l'autre peut donner de pire en politique. "
Eh bien, voilà votre réponse à ma question au sujet de C. Boutin.
Je ne veux pas être, et très clairement, dans votre blog, celle qui défend la cause des femmes. Tant un parti pris féministe reste totalement éloigné de ma conception des choses.
Je sais également que le sujet de votre note est le devoir de réserve.
Mais, tout de même !
Voyez-vous, un des pires pour moi en politique est la mystification incessante à laquelle s’adonnent certains responsables politiques :
l’hypertrophie et l‘étalage indécent de leur entourage privé. Les photos, les postures travaillées , enjolivées et les codes couleur omniprésents. Le positionnement symbolique à outrance. Des fois que l’opinion ne serait pas en capacité de comprendre qu’on a là à faire avec le PUR, LE NATUREL, L‘INTELLIGENCE, LES IDEES. Bref, ici, que de l’assumé et que de l'équilibré qui n’ont aucunement besoin d’artifices ou de faux.
Ah!...le blanc du foulard de SR à Pékin !...Ah!...la référence Kennedy du petit Sarkozy qui joue à cache-cache avec son papa !
Je préfère les maladroits, les incertains, les hypertrophiés et les frustrés intimes, les trop et les pas assez, à ceux qui sont dans le calibrage obsessionnel, à l’extrême, de leur image.
Avec l'assistance voilée des marketeurs planqués.
Alors oui, 1000 fois, Bachelot, Voynet, Boutin, Buffet.
Et pendant ce temps-là, Arielle Dombasle vilipendée parce qu’elle ne serait que du faux !
Ah!...Philippe, dans son registre brut et tellement "agréable", quand il nous angoisse...quant à sa lucidité légendaire...!
Rédigé par : Véronique | 14 février 2007 à 07:18
Bonsoir,
J'ai le droit de dire que si la Justice française disposait en son sein de plus de magistrats comme vous, la justice se porterait assurément beaucoup mieux.
J'ai le droit de poser cette question : pourquoi n'enseignez-vous pas à l'ENA ? Mais vous avez le droit de ne pas me répondre !
Rédigé par : Marc Fievet | 14 février 2007 à 00:06
Manifestement, nous avons tous - ou presque - perdu notre innocence et "participé " à trop d'élections : nous savons que durant ces dernières se racontent des histoires telles que l'enfant qui sommeille en nous y est poussé, avec plus ou moins de succès, à penser qu'un seul candidat est le héros crédible de l'invraisemblable à nous narré !
Rédigé par : Parayre | 13 février 2007 à 22:57
Je me demande si le devoir de réserve a encore un sens. Le Syndicat SM n'a jamais caché son positionnement à gauche donc a priori les magistrats membres, même s'ils disent pas ouvertement pour qui ils votent, on se doute qu'il ne sont pas de droite en majorité.
La campagne est intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord on a des campagnes de haut niveau. François Bayrou peut créer la surprise, bonne campagne, des idées intéressantes et une volonté de rassembler, il a tous les ingrédients pour envisager un second tour. Elle est intéressante aussi par rapport aux sujets abordés. L'écologie a enfin la place qu'elle doit avoir.
Il y a cependant une ombre au tableau, les projets ne sont pas assez précis. Celui de Ségolène Royal prévoit d'augmenter le budget de la justice mais on ne sait pas comment cette hausse sera utilisée. Allons-nous enfin recruter plus de magistrats et de greffiers ou allons-nous simplement recruter des emplois jeunes (ou plus exactement des emplois tremplins) ?
Rédigé par : jean philippe | 13 février 2007 à 21:52
Aparté : A ces mots, le corbeau...Mais, à l'inverse, celui-ci ne jure pas.
Rédigé par : Peroixe | 13 février 2007 à 20:48
Devoir de réserve...
Officier de réserve...
Réserve d'Indiens...
Officier de réserve dans une réserve d'Indiens tenus en laisse par le devoir de réserve...
Tiens,oui! PB officie dans une réserve d'Indiens,des couchés ,des courbés, des debouts ,des assis,des agités du rabat,des épitogés du bulbe,des lustreurs d' hermine..."memento reservus est et in reserva reverteris"
Et l'on se prend à rêver d'un discours de rentrée de la Cour d'Appel au cours duquel ledit PB nous rejouerait Bernard Blier dans les Tontons Flingueurs,dispersant ,ventilant à tout va...Faudrait pas qu'un Lino soit caché derrière les tentures et nous fasse le coup du bourre -pif!
(Cactus ,vous m'avez sérieusement contaminé...)
Rédigé par : sbriglia | 13 février 2007 à 14:54
Eh bien ! Au nom de l'obligation de réserve qui ne vous imposerait le silence que sur votre choix du 22 avril, quel vagabondage hors frontières ( je vous plagie )! Dans votre tableau d'honneur et de réprimande, chacun, selon ses affinités politiques, ses sympathies spontanées ou fondées, trouvera de quoi applaudir ou regimber : illustration exemplaire de cet espace de liberté que vous célébriez il y a peu. Aujourd'hui, à tort peut-être, je sens une pointe de provocation, aussi bien dans la forme avec ses " j'ai le droit de dire " répétitifs que dans le sujet lui-même, chaud, chaud, mais qui a le mérite d'ouvrir la réflexion en tous sens. Dommage qu'un blog soit un espace confidentiel ou semi-confidentiel : quel tombereau de commentaires la présente contribution ne susciterait-elle pas !
Voici donc, sur l'obligation de réserve, trois remarques dont la pertinence est laissée à l'appréciation du lecteur :
1) Dans votre énoncé, je n'ai rien trouvé de choquant. Seulement, sous-jacente à certains de vos jugements, une once de férocité. D'autres pourront ne pas partager cette opinion et se demander qui a écrit des lignes aussi finement ciselées: le citoyen Philippe Bilger ou le haut magistrat à l'autorité et au rayonnement reconnus, à la remarquable finesse de style - indispensable pour éviter le couperet, moral s'entend.
2) Dans la fonction publique, l'obligation de réserve est sujette à une évidente élasticité. Combien de fonctionnaires, loyaux durant leur temps d'activité, traîtres dès leur départ à la retraite, ne se sont-ils pas empressés d'étaler sur la place publique des secrets qu'ils détenaient ès-qualités ? Les exemples foisonnent dans le domaine du renseignement.
3 ) La transparence est un thème à la mode. Doit-elle aller, comme ce fut le cas il y a quelques années, jusqu'à la publication, par un très proche collaborateur du Président de la République, de trois tomes de Verbatim relatant les secrets d'Etat ? A ce niveau, on masquera peut-être cette transgression de l'obligation de réserve sous le nom de contribution à l'Histoire immédiate...
Rédigé par : Peroixe | 13 février 2007 à 12:02
Très joli florilège !
Que je partage 99% de vos options n'a pas d'intérêt, mais en revanche, la question d'une étudiante en droit plus haut mérite attention.
En effet, le sujet "l'obligation de réserve d'un magistrat aujourd'hui" mériterait à n'en point douter un post approfondi.
A mon sens vous êtes bien au-delà de ce que ce que l'on entend classiquement par obligation de réserve. Mais cela ne me choque pas, au contraire !
Allez ! Faites-nous plaisir ! Planchez sur la question…
Rédigé par : Eric Nicolier | 13 février 2007 à 10:59
A JW,
"Comment pouvons-nous, une nouvelle fois, croire que tout va changer ? "
C'est très simple. Il suffit d'avoir déjà cru une fois et d'être amnésique.
Age minimum requis : 23 ans.
Rédigé par : dab | 13 février 2007 à 09:38
Ce que je souhaite de cette campagne électorale, c'est qu'elle parvienne à mettre en échec le désastreux que F.O. Giesbert se complaisait à décrire au printemps dernier:
le dialogue en vase clos et l'effet de miroir désolant entre le médiatique et le politique qui s’enivrent de minuscules mots et de petites phrases. Cette fiction est tout, sauf cette confrontation incessante, ingrate et souvent décevante à des réalités qui, selon moi, serait la vocation et la vraie grandeur d'un combat politique.
Je pense que cette bulle où des semblables ne parlent qu'à des semblables est en train de ne plus faire illusion. Les poudres aux yeux s’évaporent.
J'aime votre approche du devoir de réserve en forme de revendication du droit aux complexités, aux nuances et aux hésitations. Je crois également que beaucoup vagabondent comme vous le faites, d'un programme à un autre, d'une personnalité à une autre. Je souhaiterais qu'enfin le militantisme, l'idéologique soient morts. Et que le tout médiatique soit remis à sa juste place.
ps: Je n'ai pas compris votre coup de griffe à l'encontre de Christine Boutin. Au-delà de son engagement pour la question pénitentiaire, je partage peu de ce qu'elle défend. Mais la femme politique est intéressante.
Et puis quoi !
Après Arielle Dombasles, ça risque encore d'être chaud dans votre blog.
J'ai pas que ça à faire !… Mais non !
Rédigé par : Véronique | 13 février 2007 à 08:28
Les idées avant les personnes ... si ceux qui ont la prétention de nous représenter pouvaient enfin comprendre ça.
Car elle est là votre liberté : regarder le fond droit dans les yeux, quel que soit le messager. Vagabond vous êtes, de par votre curiosité. Et c'est cette liberté-là qui vous permettra de faire le choix dont vous ne pourrez parler ici même. Quand bien même, quel intérêt ?
Le raisonnement, la démarche, la gourmandise sont autant de pépites à collectionner jalousement.
Dans un monde pourtant ni tout noir, ni tout blanc, le bien se voudrait le contraire absolu du mal, balayant toute complexité, toute nuance. Et cependant, elles existent. Avoir le droit de dire est heureux, mais encore faut-il accepter de voir tout cela.
Alors oui "aller partout et vagabonder dans toutes les pièces", ça c'est un chouette programme. J'adhère :-)
Car moi aussi le 22 avril j'espère bien que je saurai.
Rédigé par : Annie | 13 février 2007 à 05:56
Volveré * !
Ai-je le droit de dire, au risque de me faire flinguer par tous mes tontons-papys (et les autres), que tout ça c'est trop long ?
Certains (!) commentaires ressemblent trop à leurres-discours et leurres-propositions ! On s'y perd.
J'apprécie vivement : une phrase, une idée. Un sujet, un verbe, et quelques compléments.
Comment pouvons-nous, une nouvelle fois, croire que tout va changer ?
Qui peut raisonnablement le croire, un seul instant ?
Nous serons encore les dindons de leurs farces et attrapes. Ne soyons pas dupes !
La basse-cour y va, pourtant, de son caquet.
Nos grippeminauds ont tous la solution miracle. Approchez...approchez !
On nous prend vraiment pour des "élec...trocons".
Le pire c'est d'accepter ce jeu de l'oie.
Il n'y aura pas de miracle. Il n'y aura pas de solution.
J'ai pris le droit, sans aucune réserve, de le dire... plus exactement de l'écrire.
J'entre précocement en Carême... je reviendrai en Mai.
On en reparlera ! Mai, c'est le mois de Marie... Gamin on me faisait chanter, " c'est le mois le plus beau".
Vous verrez bien qu'on ne chantera pas " un chant nouveau " !
C'est aussi le temps des cerises, mai[s] nous n'aurons que les noyaux.
Sinon, je reviens, comme chez Pedro Almodovar !
Pour l'heure, je vous sens déjà le doigt sur la queue de détente ! Tirez à vue. Je vous dispense de sommation... je me tire lâchement !
* A lire en écoutant Pénélope Cruz chantant "Volver".
Rédigé par : J.W | 13 février 2007 à 02:35
Etudiant en Droit, votre thématique me donne l'occasion de vous poser cette question :
Quel contenu donnez-vous à l'obligation de réserve?
Il est vrai que vos commentaires sur la nomination du procureur de Nanterre Philippe Courroye m'avaient quelque peu étonné :
"Evoquer "la solitude" du juge Courroye, c'est méconnaître que dans la magistrature, on ne parvient jamais à être chargé d'un grand poste "politique" si on n'a pas un aval qui dépasse très largement le strict plan judiciaire".
Cela ne signifie t-il pas remettre en cause l'indépendance de ce juge et partant émettre un avis allant au-delà du devoir de réserve ?
Respectueusement.
Rédigé par : cissé | 13 février 2007 à 01:13
Finalement, il n’est pas si restreint que ça le devoir de réserve ! Contrairement à ce que professent des esprits chagrins je ne la trouve pas médiocre cette campagne. Elle serait même plutôt musclée. Et ça ne fait que commencer. Il va y avoir de l’adrénaline.
Rédigé par : Grain de poivre | 12 février 2007 à 22:47
Puisque vous pouvez le dire, vous avez donc raison de le faire.
Il y a c'est vrai quelques bonnes mesures dans le programme du PS, d'autres aussi à l'UMP.
N'ayant pas une âme de militant, je tâche de trouver le mieux pour le pays, car c'est par cela que je compte faire un choix dans les urnes.
J'attends avec impatience la mi- mars pour entendre tout le monde, je pense, en effet, qu'une chance de la France est d'avoir plus de deux voix à entendre, que c'est un plus par rapport aux USA et les politiciens comme les médias ont le devoir vis-à-vis de nous qu'il en soit ainsi.
La gauche n'appartient plus guère à la gauche, les marxistes et les ouvriers partent au FN, la droite propose des mesures sociales, Bayrou va à gauche et à droite ce qui n'est pas inintéressant, Lang est rattrapé par son incompétence qui est devenue enfin visible, Villiers donnerait ses voix à Sarkozy alors qu'il est en plein désaccord, les écolos se perdent en jalousies et luttes utérines, l'extrême-gauche est sous la campagne de la bobo irréaliste hautaine Autain, Buffet roule maintenant pour le oui à l'Europe des banques, les publicitaires se montrent médiocres dans leur manipulation de masse.
Tout est diablement passionnant dans cette élection pas comme les autres où je sens un enjeu plus fort que jamais, un destin de la France qui se joue sur un coup de dés. L'après élection risque d'être plus mouvementée encore, d'après moi, je ne suis malheureusement pas une science prédicatrice exacte, juste un observateur au milieu de tant d'autres.
Je peux juste attester que les voitures continuent de brûler où je vis et que l'on a rayé celle que je viens d'acheter, une façon de dire qu'elle est belle, j'accepte le compliment.
Je crois que le nationalisme, une économie axée sur la qualité et le retour à de belles valeur sont une solution, mais mon avis peut encore bouger. Je fais un effort de réflexion sans précédent en politique, me détachant des préjugés ordinaires pour aller observer de l'extrême-gauche à l'extrême-droite avec un oeil nouveau sur Marx, le patriotisme, le libéralisme, l'alter mondialisme, les religions... Je cherche la substance, l'essentiel, ce qui me conviendrait le mieux, ce qui vous conviendrait le mieux également toutes classes confondues.
La nouvelle à retenir me semble-t-il est le merveilleux discours de Finkielkraut affirmant que les intellectuels n'avaient pas un statut naturel plus à gauche qu'à droite et il était important d'entendre enfin une telle évidence surtout dans la bouche de quelqu'un de reconnu. Je n'entends plus Élisabeth Lévy et elle me manque. Soral a été très mal compris dans ce qu'il voulait dire avec raison, son lynchage médiatique et sa "ratonnade" qui restera impunie me font honte de ce pays. J'aurais le regret éternel de ne connaître Murray qu'à travers ses écrits, de ne pas l'avoir rencontré. J'aime ses penseurs, ce ne sont pas des modèles, je pensais comme eux avant de les lire, de les entendre. Je diverge d'ailleurs sur quelques analyses et je suis plus littéraire que sociologue ou philosophe.
Quelle campagne, je suis impatient d'être parisien à nouveau, d'être au milieu de tout cela, de vivre ces élections où elles seront les plus intenses dans le ressenti.
Les banlieues vont-elles prendre l'exemple de la Commune et débarquer des quatre points cardinaux vers la capitale comme un seul homme ?
La loi sur la laïcité va-t-elle reprendre sa juste place ?
Allons-nous venir à bout des communautarismes ?
Cette réforme de la justice va-t-elle enfin se faire ?
Le point de rupture va-t-il être repoussé de quelques années ?
La loi Gayssot et la loi Badinter vont-elles enfin être abrogées pour redonner une sérénité au pays ?
L'ordre dans les quartiers va-t-il enfin finir par reprendre sa place ?
Un remède à la délocalisation va-t-il être trouvé ?
Les Français de vieille origine, les juifs et les arabes vont-ils enfin redevenir des citoyens entre eux parmi tant d'autres comme lorsque j'étais gone à Lyon et que nous jouions avec insouciance tous ensemble ?
Ne serons-nous plus coupables et culpabilisés d'être trop riches ou trop pauvres ?
Je me mets à rêver et c'est bon de sentir cette trouée de ciel bleu entre la noirceur des nuages.
Le soleil se lèvera à nouveau, ce n'est pas un souhait, mais une certitude.
Rédigé par : LEFEBVRE | 12 février 2007 à 16:21
Un " oui ", un " non " , une ligne droite , un but , formule de votre honneur , je pense ...et que je partage .
L'indépendance , qui vaut bien que l'on supporte la solitude ,est aussi une responsabilité ...
Vous l'avez discrètement évoqué dans une note précédente , les esprits libres sont ceux qui ne se soucient pas des conséquences quand ils ont la certitude d'avoir été fidèles à leurs valeurs .
La tolérance dont vous faîtes souvent preuve est charité de votre intelligence mais la tolérance cependant est aussi fille du doute , exercice , conquête sur soi .
La campagne présidentielle actuelle , comme la tolérance en somme , comporte une souffrance à supporter l'expression d'idées , à mes modestes yeux , néfastes mais toutefois une volonté à assumer cette souffrance .
Le 22 avril , nous choisirons , donc nous exclurons mais le lien forcé n'est-il pas la conséquence de la tolérance ?
Alors , me direz-vous sûrement , la liberté n'est-ce pas choisir entre deux esclavages , l'égoïsme et la conscience ?
Choisir la seconde , c'est être libre !
Cependant , nous ne choisissons pas les choses qui nous touchent .La seule liberté que nous concède la vie est de choisir nos remords .
Et puis , les élections ne sont-elles pas la seule occasion à nous offerte , citoyens libres , de choisir nos maîtres ?
La vraie liberté , en 2007 comme avant , est la faculté de choisir ses propres contraintes .
Le 22 avril prochain, je n'ai pas envie de choisir entre le ciel et l'enfer tant j'ai des amis dans les deux !
Je choisirai donc entre le désastreux et le désagréable .
Rédigé par : Parayre | 12 février 2007 à 14:25
"On est totalement éloigné de l'acrimonie et de la haine qui empêchent d'écouter l'autre, on n'a aucun mouvement de détestation devant l'expression d'opinions qui ne sont pas les vôtres"
La, vous prêtez au devoir de réserve des qualités qui, à mon humble avis, sont plutot les vôtres.
Je suis globalement daccord avec vos observations.
On peut ajouter que pour la première fois depuis longtemps, Mr Le Pen n'est plus le meilleur orateur de la campagne, la palme revenant a Nicolas Sarkozy.
Rédigé par : nicolas | 12 février 2007 à 13:17