Le Figaro évoque l'"Affaire Delarue : polémique sur des juges très prévenants".
On sait que l'animateur, pour le vol très agité qu'il a fait endurer à certains passagers, a été condamné à trois jours de stage citoyen par le tribunal de Bobigny, après mise en oeuvre du "plaider-coupable" à la française, qui est une excellente procédure.
Beaucoup d'avocats, dans cette juridiction, s'étonnent de la "jurisprudence Delarue" qu'ils estiment d'une étonnante mansuétude. Le personnel d'Air France se déchaîne sur le Net, paraît-il, pour dénoncer ce jugement laxiste.
Je n'ai pas à commenter une décision de justice et, pour parler franchement, celle-ci ne m'intéresse pas. Elle relève de la liberté des parties et leur accord a été homologué par le tribunal, un point c'est tout.
Attachons-nous plutôt aux formes de la justice, à la manière dont un prévenu est traité, à l'incidence de son statut et de son éventuelle célébrité sur le regard judiciaire. Si l'article du Figaro contient des informations exactes sur ce plan, Jean-Luc Delarue aurait bénéficié d'un certain nombre de dérogations choquantes, la plus discutable étant le retrait d'un document de son dossier. Je n'ai pas envie de reprendre la liste de ces légères distorsions par rapport à l'habitude judiciaire mais il est clair que Jean-Luc Delarue n'a pas connu le sort - encore une fois dans les formes, j'insiste là-dessus - des personnes citées comme lui ce jour-là à Bobigny.
Une telle inégalité me gêne. Je ne suis animé par aucun sentiment d'hostilité à l'égard de cette personnalité médiatique. Je me souviens avoir vu Jean-Luc Delarue, peu de temps avant son équipée aérienne, au Parc des Princes où à chaque but du PSG, il avait une attitude franchement hystérique. Je me suis demandé alors s'il cherchait à se faire remarquer - c'était réussi ! - où s'il avait perdu, déjà, le contrôle de lui-même. Ce malaise devant les privautés qu'on octroie à des prévenus "particuliers" ne date pas d'aujourd'hui. Je me souviens avoir été effaré de constater que durant plusieurs jours, on avait conduit François Léotard et Renaud Donnedieu de Vabres vers le tribunal correctionnel par des chemins détournés, qui passaient notamment par la cour d'assises de Paris. Ce privilège octroyé m'était apparu superfétatoire. Et surtout maladroit.
Ce sont ces formes parfois dérisoires de la justice qui donnent ou non l'impression au citoyen qu'elle est une institution commune à tous et égale pour tous, ou au contraire une machine qui même dans les petites choses n'a que le désir de complaire aux puissants. Cette démarche de révérence est d'autant plus absurde que, sur le fond, il est patent que la justice de classe n'est plus à l'ordre du jour et que les magistrats, dans leur esprit collectif, ne favorisent plus l'élite, les détenteurs d'un quelconque pouvoir. La liberté absolue du juge face à celui dont il va infléchir le sort par une condamnation ou par une relaxe est protégée précisément, en amont et dans le cours de l'audience, par le traitement totalement égalitaire qui a été mis en oeuvre et constaté publiquement. Le contraire revient à faire douter de tout et je ne suis pas loin de penser que la " jurisprudence Delarue" n'a été contestée qu'à cause de la violation de l'égalité des formes. L'apparence a rejailli sur la réalité. La suspicion sur le dérisoire a pollué la validité du fond.
Cette réflexion ne concerne pas seulement le cas de Jean-Luc Delarue. Dans le Figaro Magazine, les deux pages toujours passionnantes de Sylvie Pierre-Brossolette sont consacrées notamment au possible avenir judiciaire du Président Jacques Chirac, une fois son mandat terminé. La formule usuelle, selon laquelle la justice doit suivre son cours, se rapporte au fond de ce qui pourrait être décidé par les magistrats en charge de ce dossier et ne nous regarde pas pour l'instant. Mais les formes, en l'occurrence, devraient être plus que jamais respectées. Avec intelligence et lucidité. Un ancien Président de la République est redevenu citoyen ordinaire mais l'intuition laisse percevoir qu'il ne le sera pas tout à fait sans que cela implique de sa part une quelconque supériorité sur les autres ou, de la justice, une révérence de principe qui viendrait altérer l'équité de l'action. Rien ne serait pire que la grossièreté de la convocation du juge Halphen par un simple courrier à l'Elysée. Rien ne serait plus ridicule qu'une courtisanerie de mauvais aloi.
J'espère que la justice est devenue suffisamment adulte pour savoir échapper, si l'avenir la confronte à cette situation, à l'inélégance comme à la soumission. N'oublions pas qu'elle pourrait se définir comme une forme suprême de politesse et de savoir-vivre.
vous dîtes : "Cette démarche de révérence est d'autant plus absurde que, sur le fond, il est patent que la justice de classe n'est plus à l'ordre du jour et que les magistrats, dans leur esprit collectif, ne favorisent plus l'élite, les détenteurs d'un quelconque pouvoir." C'est une démonstration par l'absurde ? L'affaire Delarue prouve bien que selon que vous serez puissant ou misérable...
Rédigé par : regis | 20 avril 2007 à 12:06
Monsieur Bilger,
Je ne cherche pas a vous convaincre, mais je vous donne mes sources, qui sont dignes de confiance et font autorité, de par le sérieux de leur auteur.
Nier les réalités n'est en aucun cas rendre service à la démocratie et à la république, je ne doute pas un seul instant que vous êtes en accord avec cela.
Il serait trop facile d'être toujours d'accord avec vous ! Surtout quand vous n'avez pas raison ! Et ce n'est pas vous rendre service de vous donner raison quand vous avez tort !
Je ne suis pas un Béniouioui !
Vous avez le droit de penser que je dis n'importe quoi ! Vous avez même le droit de censurer mes posts, puique c'est votre blog, et vous en avez les clef !
Mais la réalité est là !
P.20 :
En vingt ans, la France a radicalement changé. Elle est passée d'une organisation hyperétatique à une économie ouverte sur l'extérieur, traversant une phase extrêmement brutale d'accumulation du capital. Avec des excès et des dérives. Au dire de nos élites, elle aurait simplement pris un peu de retard dans certains domaines. Alors qu'en fait, la crise que traverse le pays depuis de nombreuses années est très profonde. Il ne s'agit pas seulement de la question lancinante, et jamais réglée, de la réforme de l'Etat. Ni même de la corruption, qui fait dire aux policiers et aux juges français, le plus souvent « off» bien sûr, que la France est une république bananière. Il s'agit de mettre fin à une hypocrisie insupportable: au nom des grands principes républicains, les élites protègent un Etat quasi féodal.
« La France sait faire certaines choses. L'euro, une Constitution, fait remarquer jean-Pierre Jouyet, en conclusion de son propos sur l'inspection. Dans d'autres domaines, elle est moins performante. » C'est extrêmement juste. La France sait concevoir des systèmes, des organisations, inventer des modèles. Ensuite, elle ne sait pas toujours gérer la réalité. La France est un pays profondément structuraliste. Qui privilégie la globalité sur l'individu. Qui pense l'ensemble et néglige l'humain. Qui préfère la théorie à la pratique.
Or elle est confrontée à la nécessité de s'adapter au monde anglo-saxon, dominant; et qui, lui, est fonctionnaliste. Dans le monde anglo-saxon, en effet, on conçoit la société comme un ensemble d'éléments complexes dont l'équilibre dépend de ses diverses composantes, dont la dynamique est la résultante de mécanismes interdépendants. La France pense intérêt général, les Anglo-Saxons pensent confrontation des intérêts. La France édicte des codes très stricts, mais les transgresse. Les Anglo-Saxons sont jurisprudentiels. La France décrète. Le monde anglo-saxon s'adapte sans cesse sous la pression de contre-pouvoirs multiples. Le diagnostic de Jean-Claude Trichet est explicite: « La France est un pays qui s'est édifié sur un modèle très particulier. Assez original. Aucun autre pays ne repose sur la même construction historique. Cela lui donne des atouts. Elle doit en tirer parti. En même temps, la construction européenne, l'internationalisation des économies, la mondialisation exigent qu'elle assimile complètement les règles de l'économie de marché. Et elle doit faire un effort sur elle-même. » Il parlait - « off» - de la nécessité de devenir un pays « normal ».
Car, en effet, la France n'est pas un pays normal. Education, sélection des élites, organisation politique, statut de la fonction publique, organes de contrôles indépendants, dans tous ces domaines, le modèle français est effectivement confronté à des mutations inexorables. L'inspection générale des Finances, le phare de la haute administration, incarne cet ordre ancien. Qu'elle redevienne un corps de contrôle efficace ou qu'elle continue de fonctionner comme une caste et elle sera le symbole du renouveau ou de la décadence.
Ibidem
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Rédigé par : Citoyen ignare | 06 avril 2007 à 16:29
A Dab ; je ne voudrais pas faire un commentaire sexiste mais votre analyse me laisse plus que perplexe ; si vous voulez que je vous accorde qu'il peut y avoir des abus dans le recours à la loi contre le harcèlement sexuel comme dans bien des domaines, je le fais volontiers. Mais de grâce ne cédez pas à la facilité de l'exemple ou du contre-exemple ; avec eux on peut justifier tout et son contraire. Je comprends mal votre opposition voire votre obstination ; croyez-vous qu'il y ait beaucoup de femmes qui inventent des agressions sexuelles pour s'amuser, pour passer le temps, pour se venger de je ne sais quoi. Bien sûr qu'il y en a ; les femmes ont aussi le droit à la bêtise, au mensonge. Mais ne caricaturez pas. Cela me rappelle ce temps pas si lointain où certain(e)s pensaient qu'une femme violée et /ou battue l'avait cherché.
Dans les démocraties les lois existent pour éviter que les faibles ne subissent la loi de certains forts. Et si les usages abusifs de ces lois existent c'est un mal mais un moindre mal. Catherine A
Rédigé par : catherine A. | 03 avril 2007 à 17:26
A Lefebvre,
« Je suis exagératif, un peu, je l'avoue, mais regardez le flou des lois sur le harcèlement sexuel et tous les abus qu'elles engendrent et regardez les multi-récidivistes violents encore libres, par exemple. »
Je ne pense pas que vous exagérez un peu. Hélas.
Entendue cette phrase dite à voix basse près de la porte de sortie d’une salle d’audience de tribunal correctionnel, après la relaxe prononcée en faveur d’un prévenu poursuivi pour une affaire « sexuelle » : « On l’aura autrement ! »
Rapportés dans la presse après la relaxe d’une dame poursuivie pour dénonciation calomnieuse dans une affaire « sexuelle », ces propos du procureur repris ici approximativement sont toutefois lourds de signification : « une condamnation pourrait conduire les victimes futures à renoncer à porter plainte à l’avenir. »
Rédigé par : dab | 03 avril 2007 à 15:16
A zadvocate,
Votre commentaire du 2 avril 18:11
« quel amalgame entre les faits de grève des personnels et la réaction des victimes dans cette affaire ! Aucun rapport entre les deux. »
Si. Le réflexe des gens qui prétendent que pour avoir assez il faut demander bien davantage et que lorsqu’on a eu ce qu’on voulait il faut faire mine de ne pas avoir eu assez, pour ne pas laisser l’impression que le fait de ne rien dire signifie qu’on a eu bien assez, sinon trop.
« Posons les choses autrement, si vous vous faisiez agresser (car c'est bien ce qui s'est passé avec JLD) seriez-vous satisfait d'un tel traitement du volet pénal de l'affaire ? »
Je ne peux pas répondre là et je rejoins la question posée par Jean-Dominique Reffait
reprise ci-dessous
« Nous n'avons que la partie visible de l'iceberg, à savoir la condamnation légère, mais allez savoir si le tribunal, jugeant que Delarue avait été suffisamment assommé financièrement par Air France, n'a pas estimé qu'il ne convenait pas d'en rajouter pénalement. »
A mon tour, puisque je n'ai pas eu connaissance de cette affaire dans les détails, je pose cette question : comme c’est de plus en plus le cas lors d’ incidents de ce genre, l’agression a-t-elle été filmée par d’autres passagers ?
Rédigé par : dab | 03 avril 2007 à 15:12
"[...] Cette démarche de révérence est d'autant plus absurde que, sur le fond, il est patent que la justice de classe n'est plus à l'ordre du jour et que les magistrats, dans leur esprit collectif, ne favorisent plus l'élite, les détenteurs d'un quelconque pouvoir. La liberté absolue du juge face à celui dont il va infléchir le sort par une condamnation ou par une relaxe est protégée précisément, en amont et dans le cours de l'audience, par le traitement totalement égalitaire qui a été mis en oeuvre et constaté publiquement."
Monsieur Bilger, qui espérez-vous convaincre avec cela ?? La réalité, en-dehors des sphères "bien comme il faut" et que nos concitoyens peuvent constater tous les jours, est en réalité toute autre, et VOUS le savez bien... La justice de notre pays est aujourd'hui aussi corrompue qu'en 1898...Zola...J'accuse !! Ca vous dit quelque chose ??? C'est encore d'actualité ! Ce n'est pas un honneur pour cette "vieille maison délabrée" symbole de l'oppression du peuple francais, au nom duquel elle se targue de rendre la "justice"! Vous voulez des exemples ??
Je ne peux pas croire que VOUS, ayez pu écrire cela en toute objectivité ? Ou alors dans un moment d'égarement corporatiste ?
Rédigé par : Citoyen ignare | 03 avril 2007 à 12:01
Joignons l'humour à cette histoire : il y a quelques années, ma tante prenait l'avion pour un cours trajet et mordait son voisin de voyage !!!
Je ne me souviens pas qu'il ait porté plainte...
Je précise que ma tante a une peur panique à bord d'un avion...
Cette histoire m'a toujours beaucoup fait rire...
Rédigé par : marie | 03 avril 2007 à 08:57
@ Lefebvre. Ouah quelle envolée! Les radars et les amendes pour les excès de vitesse qui tuent aujourd'hui un chien, un piéton, un enfant qui traverse ; le vôtre peut-être demain ( je ne l'espère pas ); trouverez-vous alors ces mesures liberticides ? ET quand votre mère, épouse, fille sera victime d'un véritable harcèlement, trouverez-vous la loi intrusive ?
Ah, une petite dernière chose : si vous ne voulez pas être poursuivi pour refus répété de faire la vaisselle, achetez une machine ; c'est simple d'usage et trés efficace. Catherine A. :)
Rédigé par : catherine A. | 03 avril 2007 à 08:38
Cher Zadvocate,
Voci que vous me Véroniquez et que vous Lefebvrisez Dab, ce n'est rien, nous avions compris tous les trois.
Et bien, si, zadvocate, par des contrôles routiers permanents, pour des sanctions excessives pour deux kilomètres /heure de dépassé au radar, par des querelles comme celle qui fut cherchée à Jean-Dominique, en les arrêtant eux et pas les autres... Il faut avoir vécu au Touquet, dans des zones neutres ou dans les zones de non-droit et avoir eu plusieurs statuts sociaux pour se rendre compte de la différence de traitement réelle.
On harcèle plutôt le citoyen par des mesures liberticides de plus en plus intrusives et on laisse les véritables crimes et délits de côté.
Nous en arrivons bientôt au paradoxe où on va condamner un homme pour ne pas faire la vaisselle tout en excusant l'arracheur de sac à main parce qu'il a soit-disant eu une enfance difficile.
Je suis exagératif, un peu, je l'avoue, mais regardez le flou des lois sur le harcèlement sexuel et tous les abus qu'elles engendrent et regardez les multi-récidivistes violents encore libres, par exemple. Vous verrez sous ce filtre parmi tant d'autres possibles si nous ne vivons pas une dichotomie judiciaire plus qu'ubuesque.
Rédigé par : LEFEBVRE | 02 avril 2007 à 21:01
oups dab et lefebvre désolé de vous avoir imputé des propos qui n'étaient pas les vôtres, j'ai sauté un commentaire à chaque fois :)
Dab, pour répondre à votre dernier commentaire (je vérifie que c'est bien le vôtre), quel amalgame entre les faits de grève des personnels et la réaction des victimes dans cette affaire ! Aucun rapport entre les deux.
Posons les choses autrement, si vous vous faisiez agresser (car c'est bien ce qui s'est passé avec JLD) seriez-vous satisfait d'un tel traitement du volet pénal de l'affaire ?
Pour ma part, je réponds par la négative.
Rédigé par : zadvocate | 02 avril 2007 à 18:11
@ zadvocate. Curieuse votre phrase : "Quant à ceux que vous qualifiez de gens du milieu (les citoyens lambda) "des gens respectueux des lois", précisément s'ils respectent la loi on ne saisit pas en quoi ils devraient un jour connaître de la Justice". Cela voudrait dire donc que ceux qui un jour doivent connaître de la justice, pour reprendre votre expression, sont coupables. Forcément coupables. Qu'ils sont là parce qu'ils ont violé la loi...Vous n'avez donc jamais vu d'innocent dans un tribunal. Quelle chance vous avez. Bien à vous. Catherine A.
Rédigé par : catherine A. | 02 avril 2007 à 17:58
A zadvocate,
"Dab, quand vous écrivez "Il y a l'impunité pour ceux des quartiers et pour ceux tout en haut de l'échelle"."
Non ! Je n'ai pas écrit cela.
Quant à ce que vous reprochez à LEFEBVRE ("vous pouvez juger cette affaire sans intérêt"), je lui laisse le soin de vous répondre.
Je me rappelle de ce que j'ai écrit et, pour ce qui me concerne à tout le moins, mes initiales DAB figuraient sous mon commentaire et non pas au dessus.
Enfin pour ce qui suit:
"Intéressant de voir aussi la réaction des victimes qui bien qu'indemnisées avant l'audience sont mécontentes de la sanction."
Personnellement, je n'ai pas eu connaissance des réactions des gens d'Air France autrement que par notre hôte. Mais je ne suis guère surpris dans la mesure où j'ai assez entendu dire que les personnels d'Air France ne sont pas toujours les derniers à se plaindre même quand les personnels d'autres compagnies sont moins bien lotis qu'eux.
Rédigé par : dab | 02 avril 2007 à 13:46
@ zadvocate
Comme je suis sensible à l'injustice, je ne voudrais pas que ce que j'ai écrit:
" Je pense que J.L. Delarue convoqué au tribunal de Bobigny ne présente pas d'intérêt."
soit attribué à par erreur à Lefebvre.
J'explique.
L'affaire de J. L. Delarue continue à ne pas m'intéresser.
Dans mon commentaire je m'interroge sur le pourquoi des précautions prises à son égard.
Si c'est pour complaire à la personnalité médiatique, c'est nul.
Si c'est pour le protéger d'une surexposition, cela peut se concevoir.
Par ailleurs je suis bien consciente qu'une telle disparité dans le traitement reste choquante et est susceptible d'alimenter de l'amertume chez ceux qui étaient ce jour-là au tribunal dans une situation similaire à la sienne.
ps: N' y avait-il pas un autre endroit que le bureau du procureur pour le faire patienter en privé ?
Peut-on se rendre avec 3 heures de retard aux convocations de la justice ?
(article du Figaro)
Rédigé par : Véronique | 02 avril 2007 à 13:37
Vous indiquez ne pas vouloir commenter la nature même de la décision et je vous rejoins sur un point, après tout, c'est au magistrat chargé du dossier d'apprécier souverainement la peine la plus adaptée à la situation.
On peut par exemple rappeler que si la peine a été proposée par le parquet, elle a ensuite été homologuée par un magistrat du siège.
Cela étant dit, soyons franc. Si il n'avait pas été Jean Luc Delarue, la peine aurait-elle été identique ? S'il s'était agi d'un citoyen lambda ?
Pas sûr déjà qu'on aurait eu recours à la procédure de CRPC.
Intéressant de voir aussi la réaction des victimes qui bien qu'indemnisées avant l'audience sont mécontentes de la sanction.
Pour le reste, sur la forme, si ce que nous présente le Fig est réel, c'est sûr que ça peut choquer.
Pour répondre au commentaire de LEFEVRE (désolé pas de prénom), vous pouvez juger cette affaire sans intérêt. Le souci c'est que ceux qui ce jour-là étaient tout comme JLD convoqués en audience de CRPC en garderont peut-être un goût amer et ce sentiment malheureusement répandu que la justice à deux vitesses existe.
Dab, quand vous écrivez "Il y a l'impunité pour ceux des quartiers et pour ceux tout en haut de l'échelle".
Je vous invite très sérieusement à vous rendre à une audience correctionnelle à Bobigny, à Créteil ou même à Paris (une audience de comparution immédiate par exemple), vous constaterez tout de suite qu'il n'y a pas d'impunité pour ceux "des quartiers" (notion étrange car j'habite le 7ème arrondissement de Paris et je l'évoque comme un quartier).
Quant à ceux que vous qualifiez de gens du milieu (les citoyens lambda) "des gens respectueux des lois", précisément s'ils respectent la loi on ne saisit pas en quoi ils devraient un jour connaître de la Justice.
Sauf à penser qu'ils ont une fois dans leur vie violé la loi ...
Rédigé par : zadvocate | 02 avril 2007 à 11:17
Délicat cette histoire de forme. Car il n'y aurait évidemment aucune raison qu'une personne connue soit traitée avec plus de dureté qu'une autre. Mais le fait même de la traiter comme les autres peut, en vérité, correspondre à un traitement défavorable eu égard son exposition médiatique.
Un incident comme celui qui s'est déroulé avec Delarue est fréquent et les compagnies aériennes y sont préparées. Le fait qu'il s'agisse d'une célébrité a sans doute incliné les protagonistes à s'entendre, et, pour les plaignants, à recevoir plus d'argent qu'il n'en aurait espéré dans un jugement. N'y a-t-il pas ici une exploitation de la célébrité d'une personne pour en tirer davantage ? Nous n'avons que la partie visible de l'iceberg, à savoir la condamnation légère, mais allez savoir si le tribunal, jugeant que Delarue avait été suffisamment assommé financièrement par Air France, n'a pas estimé qu'il ne convenait pas d'en rajouter pénalement.
Tout cela évoque de multiples inégalités à géométrie variable : comment est-il possible de retirer une plainte en échange d'argent ? Pourquoi une célébrité, en étant traitée comme d'autres justiciables, mais avec le retentissement médiatique, serait finalement victime de son exposition publique ? Pourquoi, dans le cadre du plaider-coupable, les termes de tous les accords ne sont pas connus, réduisant la publicité de la justice à une partie isolée et par-là même, contestable ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 avril 2007 à 19:16
Je ne connais pas l'Administration de la justice (ça vaut sans doute mieux). Je ne connais l'affaire Delarue que par ce que j'en ai lu dans les titres des journaux. Mon opinion s'apparente donc à celle de l'habitué du Café du Commerce ou, si l'on veut être indulgent, à celle d'un citoyen moyen à qui on accorderait une once de bon sens.
D'abord, dans ce domaine, l'inévitable Lafontainade qui met à l'abri de toutes les déviances d'écriture :
" Selon que vous serez puissant ou misérable ... ".
Le juge se meut dans des limites, d'une part des règles codifiées, d'autre part sa conscience, qui lui laissent cependant une certaine liberté d'appréciation (impertinence mise à part, trolley plutôt que tramway qui est fixé sur ses rails). Magistrat ou non, qui peut dire que son jugement n'a jamais été influencé par son interlocuteur ou, mieux encore, par le solliciteur qu'il a devant lui ?
Peut-être la personnalité de J-L. Delarue a t-elle poussé à l'indulgence. D'autres exemples, et plus choquants, pourraient être avancés. En sens inverse, la personnalité du justiciable peut engendrer une réaction d'hostilité tout aussi déplacée. Ecrire à "M. Chirac Jacques, 55 rue du Fg St-Honoré" est signe, comme vous le dites, de grossièreté, mais aussi d'irrespect à l'égard des institutions. La formule, de surcroît, laisse poindre une évidente partialité. Exemple plus significatif, celui de ce juge qui s'est acharné, il y a quelques années, contre un notaire au motif qu'il était notaire.
Je n'aime guère le qualificatif "rouge" quand on l'applique à un juge ou à un syndicat de magistrats; il a trop longtemps été synonyme d'injustice absolue. Cependant, quelle que soit la nuance de la couleur, les déclarations fortement orientées à gauche sinon au-delà et hautement revendiquées comme telles font passer un frisson froid dans le dos.
Alors, passons l'affaire Delarue par profits et profits pour lui...
Rédigé par : Peroixe | 01 avril 2007 à 15:17
Monsieur l'Avocat général,
Je suis surpris que vous, magistrat expérimenté et compétent, vous étonniez de la manière dont fonctionne la justice dans notre beau pays...Je ne citerai que cet exemple auquel j'ai assisté dans un Tribunal d'Instance. Un automobiliste avait commis cette infraction impardonnable: s'engager sur un carrefour géré par des feux tricolores et ne pouvoir en sortir avant que le feu ne repasse au rouge, bloqué par un autre véhicule lui-même engagé. Lui seul a été verbalisé. Voulant faire valoir sa bonne foi, il a contesté les faits devant le tribunal en soulignant qu'il avait été dans l'impossibilité de dégager le carrefour étant bloqué par le véhicule qui le précédait et qu'il ne comprenait pas pourquoi il avait été le seul à être verbalisé. La sincérité de son récit et de ses difficultés était évidente pour toute l'assistance et même pour le juge et le procureur. Mais, commentaire de ce dernier: "Désolé Monsieur, je ne peux aller contre le rapport de police qui a été établi" L'amende, importante pour lui, est confirmée. Précision: le contrevenant était sans emploi, d'une allure trés modeste et...d'origine africaine et le véhicule bloqueur qu'il décrivait était une grosse berline rutilante conduite par un cadre BCBG. Alors quid de la parole d'un citoyen qui n'a pas les moyens de s'offrir les services d'un avocat pour défendre sa bonne foi face à un fonctionnaire assermenté!
"On fait toujours semblant de confondre les juges avec la justice, comme les prêtres avec Dieu. C'est ainsi qu'on habitue les hommes à se défier de la justice et de Dieu" Alphonse Karr
Rédigé par : Alain | 01 avril 2007 à 12:00
Je pense que J.L. Delarue convoqué au tribunal de Bobigny ne présente pas d'intérêt.
De la même façon, ses frasques dans un avion ne nous apprennent rien. Je ne sous-estime pas l'incident. C'est une affaire entre le personnel d' Air France, les passagers de ce vol et J.L. Delarue.
S'il y a eu complaisance dans la forme de la part du tribunal de Bobigny, ce ridicule ou ce grotesque appartient au domaine du petit, à l'image des complaisances de toutes sortes pour le tout médiatique.
La courtoisie, la politesse, cette élaboration sophistiquée d'un code des rapports humains est un moyen à la disposition de tous pour mettre à distance dans le plus quotidien les tensions ou les tentations de violence.
En ce sens, je vous rejoins. La justice et l'institution judicaire pourraient en être un symbole fort et de référence.
Mais c'est, selon moi, un sujet trop précieux, trop fondamental et trop intéressant pour être réfléchi à l'aune d'une affaire concernant un J.L. Delarue.
Que l'on ait souhaité protéger J. L. Delarue d’une mise au pilori, soit !
Je désire seulement qu’on ait le même souci pour tous ceux qui, à un titre ou à un autre, par " l’exemplarité " supposée de leur affaire, sont outrageusement exposés à la violence médiatique.
Rédigé par : Véronique | 01 avril 2007 à 10:11
C'est une évidence et un constat facile que nous pouvons tous faire. La justice n'est pas la même pour tous. Il y a l'impunité pour ceux des quartiers et pour ceux tout en haut de l'échelle. Entre ces deux catégories, il y a les citoyens lambdas, ni voyous, ni nantis qui font face à de plus en plus de lois, de plus en plus de restrictions et qui sont là pour remplir le tiroir caisse en permanence : les gogos, ce que Lénine nommait les idiots utiles, des gens respectueux des loi, des valeurs de la République, de la paix sociale dont nous faisons parti.
Ma vue balzacienne de la société est hélas souvent réaliste, depuis les "Illusions perdues", rien n'a changé, tout ne fit que s'amplifier.
Le cas Delarue est une goutte d'eau dans une goutte d'eau polluée. Juge, je ne me serais pas acharné sur lui parce qu'il est une vedette de la télévision, déjà je n'envie pas sa position de présentateur sous-cultivé et "survitaminé", en plus, je trouve que la jalousie est une perte de temps et d'énergie. Je lui aurais donné une obligation de soin afin de régler ses problèmes de consommation, pour son bien et celui des autres.
Un cas visible du show, mais combien de petits arrangements entre amis, d'infractions non sanctionnées ?
Combien de ces comiques pas drôles et de ces acteurs roulent sans permis, n'ont pas leurs poches fouillées alors qu'on les sait de façon notoire pleines de coke ?
Combien de ceux-ci osent, malgré tout, venir donner des leçons aux télespectateurs, de démocratie, de tolérance, de citoyenneté et même de goût ?
Delarue a la grande culpabilité d'être celui qui a été trop visible, qui s'est fait "prendre".
Rédigé par : LEFEBVRE | 31 mars 2007 à 22:22
« Attachons-nous plutôt aux formes de la justice, à la manière dont un prévenu est traité, à l'incidence de son statut et de son éventuelle célébrité sur le regard judiciaire. »
Attachons-nous plutôt aux formes de la justice imparable des gens, à la manière dont un grossier personnage est traité, à l'incidence de son statut et de son effective célébrité sur le regard des gens comme tout le monde.
C’était il y a une quinzaine d’années. Un dimanche après-midi, 17 heures environ dans un TGV et dans une voiture non-fumeurs de première classe où toutes les places étaient occupées.
Un personnage très connu à la télévision, apparemment seul, une vedette de la chanson aurions-nous dit, avant l’incident que je vais décrire, vient s’installer à sa place, réservée obligatoirement puisque TGV, et , lisant un livre ou un journal, je n’aurais jamais su que c’était lui ou qu’il était monté à bord du train si des « Vous avez vu qui est là! » n’avaient pas fusé autour de moi, venant d’autres passagers s’adressant la parole.
A peine le train avait-il démarré que Monsieur, prenant ses aises, allume un gros cigare.
Inévitablement, une dame, sa voisine de par le système de réservation de la SNCF, la soixantaine, lui fait remarquer poliment et calmement qu’il est en voiture non-fumeurs. Aussitôt le ton monte.« Ce n’est pas parce que vous vous appelez…que vous pouvez tout vous permettre. » Le Monsieur, offusqué, répond bruyamment : « Et moi je t’em… ».Sur ce, à trois ou quatre hommes et spontanément, nous nous levons de nos places, sans dire mot, mais le fixant du regard. Surprise. Presque au même moment, la démarche rapide, un contrôleur est arrivé accompagné d’ un homme en civil. Explications, très brèves…Le Monsieur célèbre s'en est allé, tout penaud, seul, finir de fumer son cigare, debout et dans le bruit entre deux voitures. Il ne brillait pas. Il n’est pas revenu à sa place de tout le voyage. Il ne s’est jamais vanté de cette remise en place et cela n’a pas été rapporté dans la presse.
Rédigé par : dab | 31 mars 2007 à 16:41
Au fond, les slogans restent les mêmes, à ceci près que le sens des mots change :
On a dit : Giscard à la barre,
et maintenant on dit :
Chirac à la barre !
Rédigé par : nouvouzil | 31 mars 2007 à 13:44