Il y a quelque temps, j'ai découvert une revue mensuelle, "Philosophie magazine". Sa lecture m'a passionné. Le numéro du mois d'avril 2007 nous offre, en particulier, un dialogue exclusif entre Nicolas Sarkozy et Michel Onfray. C'est un débat qui "assure" et qui rassure en pleine campagne présidentielle.
Avant d'expliquer pourquoi, je voudrais aborder deux autres points d'importance inégale.
D'abord, dans le Monde, une étonnante contribution à la défense de Josiane Bigot par Didier Peyrat, magistrat, et Frédéric Zajac, avocat. Etonnante non en raison de l'apologie, que pour ma part j'ai déjà développée dans deux billets, mais à cause de ses modalités. Je suis surpris en effet qu'avec une touche d'aigreur, les rédacteurs reviennent sur la convention UMP consacrée à la justice, en continuant à me mettre en cause - j'y suis habitué, cela ne fera jamais que la quatrième fois ! - mais surtout en visant nommément deux collègues et "quelques autres" : nous aurions été présents "un peu ostensiblement". Que les médias dénoncent n'est pas surprenant, ils appellent cela informer. De la part d'un magistrat, j'avoue ressentir une certaine gêne. Qu'on se défende soi-même ou qu'on vienne au secours d'un collègue qu'on estime injustement attaqué, soit, mais qu'on s'appuie pour ce faire sur une mise en cause totalement inutile ne laisse pas de me troubler. L'important n'est même pas que Didier Peyrat ait lui-même risqué de subir une mesure disciplinaire et que collectivement et individuellement - j'ai écrit un post en sa faveur - on ait pris son parti. Il me semble qu'il aurait pu, au regard de ce passé récent, éviter de jeter la suspicion sur plusieurs magistrats dont deux, si je m'excepte, précisément ciblés. Ce n'est pas élégant.
Ce qui est élégant en revanche - bien plus que les glissements progressifs de l'opportunisme qui ont conduit beaucoup de ministres à feindre de choisir ce qu'en fait l'intérêt leur interdisait de refuser -, c'est l'attitude d'un François Goulard, qui au moment où François Bayrou décline doucement, lui affirme son soutien en se distinguant de la majorité de ses collègues. Il est évident que si j'étais Nicolas Sarkozy et si j'étais élu, j'aurais plus confiance, pour la suite, dans le courage dissident d'une telle personnalité plutôt que dans l'adhésion habile de toutes les autres à un homme, espèrent-elles, porteur de victoire. La première aura des vertus fondamentales sous toutes latitudes tandis que les secondes laissent craindre leur assujettissement aux seuls événements. Mais il est vrai que je ne suis pas un politique.
Le dialogue entre Michel Onfray et Nicolas Sarkozy a commencé dans l'odeur de la poudre et s'est presque terminé sur un coup de foudre. Deux personnes on ne peut plus dissemblables, dans leur manière de penser et dans leur mode d'expression. Je n'avais lu que des interviews de Michel Onfray où chaque fois, avec pudeur et fierté, il évoquait ses parents modestes et je comprenais si bien ces sentiments. Pour le reste, son traité de l'athéologie - que je n'avais pas lu mais dont la substance rapportée me déplaisait - m'avait détourné de lui, tant il est vrai qu'on adhère à une croyance moins par sa solidité intrinsèque qu'à cause souvent de la petitesse et de la médiocrité de ses adversaires. Je l'avais revu à la télévision chez Guillaume Durand où il m'avait fait forte impression, tentant de glisser quelques mots dans la surabondance sonore propagée par Bernard-Henry Lévy et à un degré moindre par Alain Finkielkraut. Tâche quasiment impossible mais qui lui avait permis de tirer son intelligence du jeu.
Avec Nicolas Sarkozy, débat, combat, empoignade, dispute mais cantonnés dans des limites acceptables parce qu'en réalité, l'un et l'autre des contradicteurs, en dépit de l'engagement apparent de Michel Onfray, ne s'affrontaient pas sur le même registre. Celui de Nicolas Sarkozy est politique, celui de Michel Onfray philosophique. Leurs conceptions existentielles se trouvent aux antipodes l'une de l'autre. L'homme politique est inspiré par un pessimisme actif, avec une touche d'espérance tandis que le philosophe propose un hédonisme, un culte du présent, une appétence terrestre, qui n'excluent pas l'énergie d'entreprendre. On sent tout de même que le premier, inspiré par l'ambition, n'a qu'une hâte, construire une réalité et édifier une société qui contredisent sa mélancolie sagace tandis que le second est animé par un souffle moral et une révolte humaniste qui renvoient aux concepts d'une gauche tellement universelle et passe-partout qu'elle en devient désirable par tous, sans doute aussi par Nicolas Sarkozy.
Le fond de leur dialogue n'appelle pas de remarque particulière, tant les antagonismes n'apparaissent pas comme le pile de la vérité ou la face de l'erreur, mais comme l'appréhension contrastée de la plénitude d'un problème. Si j'avais à sélectionner un point de vue, ce serait celui de Nicolas Sarkozy, au demeurant approuvé par Michel Onfray, affirmant "rien n'excuse, à mes yeux, l'antisémitisme ou le viol d'une fillette". Le passage d'où j'extrais cette formulation est consacré aux excuses sociologiques qu'on peut trouver aux comportements déviants et transgressifs. Pris intrinsèquement, l'antisémitisme est une opinion malveillante et le viol, un crime monstrueux. Les mettre sur le même plan me paraît relever de l'éthiquement correct mais erroné, sans compter qu'où que ce soit, l'antisémitisme comme pensée et parole dévoyées est à relier toujours avec des causes intimes et/ou sociales profondes.
Le point fondamental d'achoppement entre eux est facilement discernable. Central, il fait référence à la conception de la liberté de l'individu en face du déterminisme. Pour Michel Onfray, l'être humain n'est que façonné. Il n'invente pas son histoire ni n'élabore sa destinée. Le "je" est réduit voire nul devant "l'environnement, les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons". Pour Nicolas Sarkozy au contraire, c'est une sorte de frénésie et de romantisme de l'énergie et de l'action qui prévalent. L'homme en face de son destin, mais pour le vaincre ou l'édifier. La réalité, en ce sens, n'est jamais une limite mais un tremplin, elle ne crée pas de l'impuissance mais de l'envie. L'orgueil de Michel Onfray est d'accepter ce qu'il croit inéluctable, celui de Nicolas Sarkozy, de refuser ce qu'il estime intolérable. Le premier est un penseur qui voudrait agir, le second un acteur qui réfléchit. A nouveau, le heurt d'une forme paroxystique de la politique avec une sagesse philosophique mise au goût du jour.
Ce dialogue m'a porté au comble de la curiosité pour un autre motif. Il m'a permis de réfléchir sur mon métier - qui est aussi un art de la parole -, à partir du discours de Nicolas Sarkozy, à l'opposé de la manière de parler de Michel Onfray. Chez ce dernier, on retrouve dans la structure même de son langage comme un voile destiné à ne pas rendre les mots trop évidents et éclatants. Le langage adoucit, estompe, cherche à aller au plus près. Ce n'est pas un langage de pouvoir ou de force mais de recherche et de découverte. J'ai mieux compris, en lisant les interventions de Nicolas Sarkozy, pourquoi quelque chose se passe qui n'inspire JAMAIS l'ennui. La parole vient s'accrocher à une montagne invisible et nous grimpons avec elle. C'est une dialectique éprouvée où je ne suis pas loin de supputer que le langage est si déterminé, si intense, si naturellement charpenté, un langage si formidablement de pouvoir, que la pensée est enclose en lui au lieu de le précéder. Aussi, je persiste. Nicolas Sarkozy devrait accepter de compter sur lui-même, plutôt que s'évertuer à croire qu'Henri Guaino lui servira après avoir servi Jacques Chirac. Les discours d'Henri Guaino relèvent de la compilation culturelle, de l'inventaire désordonné, qui s'illusionne syncrétique. L'éloquence, c'est un souffle de vie, l'intensité d'une flamme, l'incarnation d'une conviction et d'une authenticité. Ce n'est pas le langage qui peut artificiellement fabriquer une nouvelle personnalité. C'est la personnalité qui peut se doter d'un nouveau langage. Et alors, peut-être, montrer une facette d'elle encore inconnue.
Ce débat "assure" et rassure. Un dialogue du même type a été proposé à Ségolène Royal. Elle a donné un accord de principe mais rien de plus encore. Nicolas Sarkozy, qui peut irriter ou décevoir, n'a pas été médiocre, bien au contraire, sur ce coup-là.
Il a placé la barre très haut. Pour le citoyen, quoi qu'il pense, c'est gratifiant.
Rédigé par: Herman | 30 décembre 2009 à 14:12
Votre post est interessant, je vais donc lire cet ancien billet qui m'avait echappe... et parcourir les commentaires. Merci.
Une excellente journee... pluvieuse !
Rédigé par : Valerie | 30 décembre 2009 à 16:12
Cher Philippe Bilger,
M'intéressant beaucoup à votre style d'écriture, mais aussi à vos idées, je parcours depuis quelques temps les archives de votre blog, découvert il y a peu grâce au lien sur le site de Marianne. Et ce n'est donc qu'aujourd'hui que je vous poste ce commentaire au sujet de ce dialogue entre Onfray et Sarkozy, et de la polémique qu'il a suscitée.
En effet, M. Onfray n'est pas le premier à nous parler du déterminisme des individus. Il ne fait d'ailleurs que reprendre sans le cacher Nietzsche, Freud, Schopenhauer, etc. Mais je suis persuadé qu'étant avocat général, tout cela vous est familier, et peut-être même que la question de l'existence ou non du libre-arbitre vous pèse dans votre tâche ? Je pense pour ma part, comme Michel Onfray, que le libre-arbitre est une fiction. Que nous sommes faits, plus que nous ne faisons. Que notre conscience de soi nous illusionne et nous donne à croire en notre libre volonté. De plus (j'essaie de faire vite car je pianote telle une tortue sur le clavier) l'idée dominante est forcément celle de son existence puisque portée par des gens qui ont réussi et qui veulent penser que ce n'est que par eux-mêmes. Mais il est aussi vrai de préférer le contraire quand il s'agit d'échec... Cependant, peut-on imaginer un instant choisir de plein gré le destin d'un pédophile qui demanderait une castration pour être "libéré" ? Je m'arrête, je suis trop lent à écrire. J'espère malgré tout vous avoir intéressé... Bonne journée.
Rédigé par : Herman | 30 décembre 2009 à 14:12
@ Bulle
Ce que j'ai voulu dire c'est je pense qu'à Outreau la parole des enfants a agi comme un dogme. Au point de ne pas juger utile de mettre en question des propos d'assistantes maternelles validés par ceux dont le rôle était de les contrôler.
On sait aussi que les experts étaient également emmurés dans ce qui peut apparaître comme une croyance indiscutable.
Quand NS dit qu'il incline " à penser qu'on naît pédophile " il est également, à mon sens, dans le dogme et la croyance.
Comme je vous l'ai dit, je pense qu'il y a des domaines qui restent opaques et qui doivent échapper à des positions sommaires.
Son propos, je suis d'accord, est léger, voire inconséquent. En fait-il pour autant un fasciste ou un partisan des tentations eugénistes ? Je ne le pense pas. C'était là le sens de mon intervention.
Le livre d'Amin Maalouf a le grand mérite d'ouvrir les portes et les fenêtres de l'histoire. Nous avons besoin de ces appels d'air pour - et je reprends Philippe et sa référence " très française " du commissaire Maigret - raccommoder des destinées humaines.
Rédigé par : Véronique | 10 avril 2007 à 20:24
Véronique
Sur la parole des enfants, je ne crois pas qu'on ait parlé de "gène" mais c'était une affirmation basée sur la ... parole de psys ou même de croyance populaire.
Il doit être assez facile sur les cas recensés de voir si la pédophilie se transmet de "géné"ration en "géné"ration dans une même famille. Et encore, ce ne sera pas une preuve scientifique, puisqu'hélas, certains modèles de comportement se transmettent sans passer par les gènes (les meilleurs comme les pires).
Par ailleurs, NS n'a pas évoqué que la pédophilie mais aussi le suicide. Ce sujet me touche trop émotionnellement pour être, sans doute, objective, alors préférez-vous le terme de "légèreté du propos" pour NS ?
Vous avez trouvé le mot juste pour le livre de Maalouf, un livre qui "apaise" les débats.
Rédigé par : Bulle | 10 avril 2007 à 11:02
@ Bulle
"J'en viens à ne point trouver excessifs ceux qui trouvaient Sarko "fascisant"..."
Où est-il inscrit dans le programme de Nicolas Sarkozy que ce dernier mettrait en oeuvre une politique de type eugéniste ?
Quand Ségolène Royal dit :
" Je crois qu'il faut que les scientifiques se prononcent sur ce genre de choses " (Pédophilie : Nicolas Sarkozy s'efforce d'apaiser la polémique Le monde.fr)
Doit-on pour autant penser que tout serait dit parce que des scientifiques auraient prouvé ou non " le gène " de ce type de pathologies ?
Cette question resterait posée :
"c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions pas gérer cette pathologie".
C'est ce qu'ajoute NS à son propos sur la pédophilie.
Après tout, des "experts" s’étaient prononcés à Outreau. Et il y a eu aussi le dogme qui consiste à affirmer que sur cette question, la parole des enfants ne saurait être mise en doute.
Le propos de NS est évidemment très fermement contestable.
Pour ma part, je pense que le plus difficile à accepter est le fait que la société reste impuissante et faillible à pouvoir lutter contre cette perversion.
ps: j'ai lu avec plaisir "Les identités meurtrières" d'Amin Maalouf dont vous m'aviez parlé. Je le recommande à tous les lecteurs de ce blog. Cette lecture ouvre en grand la question des identités et l'apaise.
Rédigé par : Véronique | 09 avril 2007 à 12:16
Le blog d'Onfray est à lire, acte 1 et acte 2 de la rencontre entre NS et MO... Monsieur Sarkozy balise déjà tous ses futurs bilans, puisque le mal et le bien sont programmés génétiquement, si la délinquance ne baisse pas, ce ne sera pas la faute du gouvernement mais d'un gène...
Il est temps de se réveiller ! J'en viens à ne point trouver excessifs ceux qui trouvaient Sarko "fascisant"...
Rédigé par : Bulle | 09 avril 2007 à 07:14
Monsieur Bilger,
Avons nous vraiment bien lu le même article dans « Philosophie Magazine » ? Dans cet entretien entre Michel Onfray et Nicolas Sarkozy, je retiens surtout ce passage où le candidat à l’élection présidentielle déclare que : "J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. »
On naît donc pédophile ? Le suicide pourrait avoir une explication génétique ? Je m’attendais à ce qu’un Avocat Général, amené très certainement à juger de graves déviances humaines telles que la pédophilie, rebondisse en priorité sur ce sujet. Quel est donc votre avis, Monsieur Bilger, sur ces points très sensibles, que tente de soulever Monsieur Sarkozy avec la grâce et la finesse qu’on lui connaît ?
Rédigé par : Christophe Jung | 05 avril 2007 à 21:50
@ zadvocate
"J'ai évoqué avec Frederic Zajac votre post. Il m'a expliqué que l'article n'avait d'autre but de souligner qu'il semble y avoir deux poids deux mesures sans toutefois critiquer le fait que certains magistrats en dehors de leurs activités juridictionnelles expriment leur soutien à Nicolas Sarkozy."
Évidemment oui, il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures.
Mais les signataires de cette tribune auraient pu, au minimum, souligner la position de PB défendue dans son blog à l'égard de Mme Bigot.
Très sincèrement, à lire leur tribune, j'ai eu le sentiment d'être en présence de deux cafteurs, niveau classe maternelle.
Et aussi, en arrière-plan, j’y ai lu le " moi je " d'une corporation à laquelle personne, c’est vrai, ne peut reprocher de débattre de l'opportunité de conserver le devoir de réserve tel quel.
Seulement, à aucun moment, dans cette tribune, les deux auteurs n'envisagent ce débat en fonction de la façon dont peut être perçu par le justiciable classique le fait que des magistrats peuvent ainsi être confondus avec leur engagement politique .
Il y a une différence entre co-présider un comité de soutien, se présenter à des élections législatives et participer à une convention UMP.
Que des magistrats, " ostensiblement "ou pas, apportent leur contribution au projet de politique judiciaire de tel ou tel candidat ne me gêne en rien.
Ce qui me met mal à l'aise c'est de ne pas inclure dans cette question du devoir de réserve des niveaux différents d'interprétation et de ne pas évoquer la façon dont peut être ressentie par la société une visibilité très " ostensible ".
J’ai lu cet article avant que PB ne le mentionne dans cette note. Je me suis demandé spontanément quelle place les deux auteurs accordaient à la perception du justiciable lambda.
Rédigé par : Véronique | 30 mars 2007 à 13:26
Certains n'ont pas la même vision que vous sur le "ralliement" de Goulard..
Extrait du blog d'autheuil:
"Les ralliements à François Bayrou continuent, cette fois, c'est François Goulard, ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, maire de Vannes, qui a rejoint l'auberge. En voilà encore un qui rallie Bayrou plus par haine de Sarkozy que par adhésion au projet de l'UDF.
François Goulard est un pur produit du système politico-administratif français. Enarque, il est allé s'implanter en province (en Bretagne) pour pouvoir mener sa carrière parisienne. Il est élu député DL du Morbihan en 1997, succédant à Raymond Marcellin, sur le fauteuil depuis 1946 et atteint par la limite d'âge (82 ans). Goulard se présente alors en dauphin du vieux baron et emporte sans coup férir ce siège relativement sûr pour la Droite. En 1998, il se fait élire conseiller général du canton de Vannes-centre (et avant que ce canton ne bascule à gauche, il coulera de l'eau sous les ponts). Dès 2001, il abandonne ce mandat pour prendre la mairie de Vannes, succédant à Pierre Pavec, un authentique UDF, que François Goulard avait battu au premier tour de la législative en 1997 (25% contre 20%). En 2002, François Goulard se présente sous l'étiquette UMP. Facilement réélu (au deuxième tour quand même), il rate le protefeuille ministériel. Il devra attendre 2004.
François Goulard est un membre de longue date de la famille libérale. D'abord aux Républicains Indépendants de Giscard, il passe au Parti Républicain, puis à Démocratie Libérale. A aucun moment, il n'a exprimé la moindre proximité idéologique avec les démocrates chrétiens, les centristes et "l'UDF canal historique" de Bayrou. Son ralliement aujourd'hui est uniquement tactique et viscéral. François Goulard est un chiraquien pur sucre, avec une détestation de Nicolas Sarkozy, à qui il a joué de sales tours, notamment en le critiquant vertement dans les médias (alors qu'ils faisaient partie du même gouvernement). Il se sait donc grillé, archi-grillé même. Il sait que si Sarkozy est élu président, il est pour 5 ans (au moins) député-maire de Vannes, sans aucun espoir d'une quelconque faveur.
Alors perdu pour perdu, autant aller se jeter dans les bras de François Bayrou. S'il est élu président, c'est le jackpot, avec sans doute un bon gros ministère. Si Bayrou n'est pas élu (ce qui est probable), Goulard peut espérer ne pas avoir d'adversaire UDF en face de lui, ce qui compensera la présence d'un candidat divers droite (voire même un investi UMP), envoyé par les sarkozistes. Il faut donc prendre ce ralliement pour ce qu'il est, une aventure personnelle d'un baron de province qui cherche à sauver sa carrière et sa position politique."
Le monde politique est cruel, cher PB, et les "Cyranos" y sont rares !
Rédigé par : sbriglia | 30 mars 2007 à 09:46
Monsieur Bilger,
Après lecture de l'article de Fréderic Zajac et Didier Peyrat, j'avoue ne pas trop saisir votre réaction.
Vous prenez cet article comme une attaque contre vous (et deux autres magistrats) à cause du "ostensiblement".
J'ai évoqué avec Frederic Zajac votre post. Il m'a expliqué que l'article n'avait d'autre but de souligner qu'il semble y avoir deux poids deux mesures sans toutefois critiquer le fait que certains magistrats en dehors de leurs activités juridictionnelles expriment leur soutien à Nicolas Sarkozy.
Ou bien les magistrats sont libres d'exprimer leur soutien à tel ou tel candidat et il n'y a pas de raison d'entamer des poursuites disciplinaires contre eux, ou ils ne sont pas libres de le faire mais dans ce cas, il faut engager systématiquement des poursuites disciplinaires.
C'était dit-il le sens de l'article.
On ne peut pas leur donner tort.
Rédigé par : zadvocate | 30 mars 2007 à 00:34
"Que les médias dénoncent n'est pas surprenant, ils appellent cela informer. De la part d'un magistrat, j'avoue ressentir une certaine gêne. "
...a écrit PB...en omettant avec élégance de mettre dans le même sac un avocat co-signataire...
...(ou bien cette omission est alors, par déduction, la pire des vacheries !)
C'est affligeant, en effet, surtout si l'on connaît votre position et votre défense récente de Madame la Conseillère...
...mais ne vous avancez-vous pas sous la pluie ,"vêtu de probité candide et de lin blanc" ?...
Certes, la mention de votre nom et de vos collègues ne peut que susciter le malaise : et si vous invitiez Monsieur Peyrat à lire votre blog entre deux audiences ?...Enfin, quoi ! Vous n'êtes tout de même pas allé à cette convention en hélicoptère !
Rédigé par : sbriglia | 27 mars 2007 à 16:06
"Un dialogue du même type a été proposé à Ségolène Royal. Elle a donné un accord de principe mais rien de plus encore."
..Il faut aller sur le blog de ...Michel Onfray... pour connaître enfin la réponse :
"Le fax, intitulé « Emission Télérama » ( !) a craché les noms tant attendus : Bach et Diam’s, Hugo et Fred Vargas, hip-hop et opéra, elle aime « tout le cinéma français » (donc La vache et le prisonnier, La soupe aux choux, Le gendarme de Saint-Tropez), ne télécharge pas de musique – sait-elle ? Moi non…-, et, détail fabuleux, ne détruirait aucun monument si on lui en donnait la possibilité – même pas la Tour Eiffel ? A quoi elle ajoute que la fonction du président de la république, c’est de se porter garant du patrimoine historique et culturel…"
(Ah! Fred Vargas ! Bon ,ben on comprend mieux les prurits battistiens de PB...)
J'avoue attendre avec délectation une telle rencontre...
Rédigé par : sbriglia | 27 mars 2007 à 15:27
Je lis ce magazine assez complet "philmag", parfois un peu mensonger, mais là n'est pas le propos...
J'ai un peu "échangé" avec M. Onfray et de par son érudition universitaire, c'est un homme intéressant sur le sujet de la philosophie. Nous partageons des goûts communs essentiellement pour l'étonnant Diogène, Nietzsche, Aristote, Spinoza contre Platon et surtout l'Islam. Lucides tous deux par ce que nous avons étudié et qui contredit ce que nous vendent les médias, Ramadan, l'UOIF,le CFCM, nous avons le même combat, avec des armes différentes.
Je trouve pour ma part Onfray trop universitaire, trop dans la référence, trop scolaire même et pas assez dans la découverte, la recherche. Son hédonisme est bon dans la théorie comme dans la pratique et je le respecte, mais il n'est pas dans une conception matérialiste (philosophiquement) telle que je la conçois. C'est par ailleurs un brave homme qu'il est agréable d'avoir eu en contact, ne serait-ce que pour la gentillesse de ses réponses et la peine qu'il prend de répondre au milieu d'un emploi du temps bien chargé. Gratitude et sympathie donc à Michel Onfray. Je connais son enfance, son évolution, son pardon et je le trouve dans la vraie voie, celle de la sérénité, de l'approche de l'ataraxie, de la pure tradition stoïcienne. Il est, par contre, dans ses échanges et ses représentations télévisuelles toujours sur la défensive, c'est curieux pour un philosophe d'être ainsi méfiant, que craint-il donc ?
Nicolas Sarkozy ne refuse apparemment jamais le dialogue, mais on ne peut pas dire que mon échange épistolaire fut aussi positif qu'avec M. Onfray, il faut dire que l'objet était tout autre...
J'admire la capacité de travail de cet homme, son endurance plus encore que son énergie. Comment ne plaque-t-il donc pas tout de temps en temps pour paresser naturellement auprès de ses enfants et de son épouse ?
Comment supporte-t-il tous ces voyages en métropole, à l'étranger ?
Quelle soif de pouvoir ou de réussite peut motiver à ce point un homme pour renoncer à une intimité, à la tendresse d'un foyer ?
Au risque de me faire des ennemis, je dois avouer que je ne trouve pas NS intelligent, ce serait plutôt le contraire, et très peu cultivé. Je suis, par contre, il est vrai admiratif et même un peu jaloux de cette tornade toujours en mouvement, qui ne semble jamais s'arrêter et je me sens incapable avec vingt ans de moins de le suivre. Je ne comprends pas d'ailleurs ce type de personnalité, pas plus que celle de Bill Gates. Si j'avais autant d'argent que près de six cent millions de personnes dans le monde, j'en profiterais, ce serait la belle vie tout le temps pour moi, ma famille, mes amis. Lui reste sur le grill avec la rage de conserver le monopole, de se battre sur de nouveaux secteurs, de chercher de nouvelles technologies...Je ne comprends pas.
NS enfin est contre l'antisémitisme, à de très rares exceptions près, qui ne l'est pas ? Par contre en isolant ce racisme-là, il le hiérarchise au détriment des autres et c'est une très mauvaise idée, car elle aura des conséquences néfastes... Nous sommes dans une République : une et indivisible et ce type de différencialisme nuit à tout le monde, nous ne sommes que des citoyens souverains d'une démocratie qui nous reconnaît égaux en Droit.
Rédigé par : LEFEBVRE | 27 mars 2007 à 03:58
L'antépénultième paragraphe de votre note enlevée m'a immédiatement fait penser à une phrase - pardon sbriglia - de Victor Hugo (in "Choses vues") : "La vraie et grande éloquence est celle dans laquelle, même aux moments calmes, on sent le grondement d'une ...foudre".
Le problème est que celui que frappe la foudre n'entend pas le tonnerre ...
Rédigé par : Parayre | 27 mars 2007 à 01:27