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29 mai 2007

Commentaires

Thibault

Les Juifs d'Europe pensent ne pas être aimés. Est-ce parce qu'ils affichent leur volonté d'être Juifs avant d'être européens ?

La notion d'identité juive est tellement forte qu'elle est automatiquement confrontée à la notion d'identités nationales. Les deux ne sont sans doute pas conciliables.

Le jour où le judaïsme ne sera plus une identité si marquée, les civilisations chrétiennes, musulmanes et judaïques pourront peut-être faire un bout de chemin ensemble.

Bernard

@ Véronique : Homo homine lupus

Bernard

@ Bernard - autocritique Les premiers martyrs chrétiens provoquAIENT les autorités romaines :-) Mes fautes m'obsèdent ..!

isa

Sans faire d'amalgame entre "les juifs de France" et Israël, que pensez-vous, s'il vous plaît, de cet article du Monde daté du 2 juin, "Les services secrets israéliens auraient manipulé le raid d'Entebbe".
Où l'on apprend qu'un membre de "l'association euro-arabe" (qu'est-ce que cette association ?) aurait informé un diplomate britannique en poste à Paris : ce détournement serait l'oeuvre du Front Populaire de Libération de la Palestine, aidé du Shin Bet (les services secrets israéliens).
Pourquoi ? Pour empêcher, dixit le membre de l'association euroarabe, le rapprochement entre l'OLP d'un côté et les Américains et les Français de l'autre.
L'article se conclut en disant que la faiblesse de cette note est de n'apporter aucun élément de preuve... Mais qu'elle éclaire d'un jour nouveau le raid d'Entebbe...
Je trouve que publier une note dont l'origine est aussi douteuse s'apparente à de la diffamation pure. Cet article est déjà quasiment en tête des articles envoyés. Je trouve ça lamentable. Vous, en tant que magistrat, vous avez peut-être accès à d'autres informations, vous avez un point de vue objectif. Ne vous méprenez pas, je suis toute prête à admettre cette thèse, si elle est vraie, si elle est prouvée.
Je ne suis pas juive non plus. Mais j'ai de la famille juive française. Ca sensibilise à un certain nombre de question, c'est sûr.
Ca ne fait pas de moi une néosioniste délirante. Si?

Bernard

@ Ludo Lefebvre - Les premiers martyrs chrétiens provoquaient les autorités romaines pour aller aux lions, pensant gagner à travers le supplice l'éternité. Ce n'est pas du fatalisme mais du fanatisme (Pierre Grimal... il faudra que je retrouve le texte).

Le Boudhisme... Religion ou philosophie ?

Achille et tous les héros de Troie appartiennent à la légende homérique.

La religion catholique ou hébraïque monothéiste ? Le passage 3-22 de la Genèse dit le contraire (il n'y a pas de pluriel de majesté en hébreu), Dieu dit :" Voilà que l'homme est devenu comme l'un de nous..."

Quant au particularisme juif ! Fait rare, mais ma première femme était juive et comme l'héritage religieux se transmet par la mère mes deux fils aînés sont donc juifs, dont un qui a pas mal fréquenté les Rabbins et ne renie en rien ses origines. En 35 ans, j'ai eu tout le temps pour m'interroger sur les juifs mais je ne prétends pas détenir la vérité dans ce que j'écris, mes écrits et pensées n'étant pas axiomatiques donc discutables et faillibles.

Véronique

@ Bernard

"Nous devons avoir le courage d'admettre que l'antisémitisme est bel et bien une réalité endémique qui ne s'éradique pas. Malheureusement les mutations de la pensée antisémite évoluent plus vite que notre capacité à éduquer !" David Meyer - Vivre avec l'antisémitisme?

Pas plus la fatalité que le fatalisme.

Je crois au contraire qu'il faut avoir une grande détermination pour accepter l'idée d'être sans illusions sur la réciprocité de l'amour qu'on éprouve pour autrui.

Albert Cohen avait écrit à peu près ceci dans "O vous, frères humains" (je cite de mémoire) :

"Je ne demande pas l'illusoire amour du prochain mais que les hommes cessent de s'entre-haïr"

Je pense que c'est à hauteur de cela qu'il faut lire la tribune du rabbin Meyer.

francis

"Le fatalisme du rabbin Meyer".

A la suite de l'Empereur Joseph 2, la loi de 1791 confère aux Juifs de France une citoyenneté pleine et entière. Ils peuvent vivre selon leur gré, justifiables devant la loi commune et non plus devant la loi communautaire de la synagogue assise sur les textes. Ainsi Spinoza fut-il expulsé de la communauté d'Amsterdam. Nul ne pouvait maudire la volonté divine, CF le livre de Job. Ainsi le fatalisme était de tradition, au mieux le scepticisme. Aujourd'hui,la majorité des Juifs ne sont pas observants, ils restent cependant au judaïsme pour des raisons philosophiques, culturelles ou par respect hypocrite des traditions familiales. Il n'y a pas de Constitution en Israël, seulement des principes. Il avait paru impossible aux fondateurs de l'Etat de faire admettre aux croyants et aux incroyants un texte commun. Le fatalisme antique n'existe plus guère. L'histoire actuelle montre que l'Etat d'Israël ne l'est pas, pas plus que le judaïsme mondial fier est néanmois attaché à son passé peu ou prou. Il faut admettre qu'un rabbin éminent qui ne peut envisager de nier la volonté divine, reste fataliste face à ce qu'il a vécu et voit actuellement... Il est de notre devoir à tous de lutter pour un monde humaniste, soucieux de l'autre, comme de soi-même, en excluant le fatalisme, surtout si on se réclame juif. Même s'il est raisonnable de penser que l'âge d'or est un mythe, cela ne peut être une raison pour baisser les bras.

Ludo Lefebvre

Bernard,
nous pouvons dire la même chose des autres principaux monothéismes en ce monde :
Les premiers martyrs chrétiens à Lyon avec Ste Blandine, le fameux mektoub (c'est écrit) des musulmans.
L'acceptation, s'en remettre à une force divine, faire confiance au choix divin pour mieux apréhender les péripéties de la vie.
Les bouddhistes en changeant eux, car ils ne peuvent changer le monde sont dans la même conception.
Et aussi dans le polythéisme, Achille savait par les prédictions de sa mère que sa vie s'achèverait précocément à Troie en l'échange d'une gloire éternelle.
Je ne vois pas de particularisme juif en ce que vous démontrez.

Bernard

@ Véronique - Pour moi, ce qui résume le plus la fatalité juive face à la religion est dans la Bible : "Le livre de Jonas" : Dieu veut envoyer Jonas à Ninive, terre hostile à Jonas, celui-ci fait prendre une autre route à son bateau pour eviter d'aller à Ninive et berner Dieu, mais il tombe à l'eau, un gros poisson l'avale et le recrache devant Ninive"

L'éxégèse de ce livre se résume à "Tu n'échappes pas au destin que Dieu t'a tracé"

Le rapport des juifs à la religion a effectivement toujours été très fort, bien que maintenant ils semblent quand même faire la part des choses.

Véronique

@ Bernard

L'histoire est une science humaine. Nous sommes d'accord. Mais un historien travaille avec et sur des archives et des documents.

Le travail d'un historien n'est pas de faire dire ce qu'il veut à un document.

Ce qu'a écrit Léon Poliakof est essentiel. Aujourd'hui encore des documents et des témoignages relatifs à cette période sont exhumés.

Après cela, il y a les méditations et les lucidités déchirées d'un rabbin Meyer.

Je vous remercie de ce que vous nous dites au sujet du choix du mot "fatalisme". Il y a eu au tout départ de la tradition juive un lien avec Dieu basé sur une alliance.

Je pense que nous sommes simplement très loin d'en comprendre tout le sens et toutes les implications.

Bernard

@ Ludo Lefebvre .. Vous avez raison si vous fractionnez le temps, mais je vous ferais la même réponse qu'à Véronique, l'histoire des juifs ne commence pas avec l'Affaire Dreyfus ou la shoah, il y a cette fatalité à s'en remettre au "Tout puissant" . Quand on lit la Bible qui nous plonge au coeur d'Israël, on ne rencontre que des gens fatalistes qui s'en remettent à Dieu, que ce soit le sacrifice d'un enfant ou être crucifié, on ne discute pas la volonté divine... Mais peut-être que fataliste n'est pas le mot qu'il convient d'utiliser...

Bernard

@ Véronique L'intérêt de Poliakov c'est qu'il a vécu cette période comme adulte, c'est du présent pour lui... Je ne nie pas les compétences des historiens dont vous citez les noms, tous d'éminentes personnalités universitaires, mais ils étaient jeunes à cette période et bien que leurs écrits fassent autorité, l'honnêteté commande de rester au conditionnel, l'histoire, aussi horrible qu'elle puisse être n'est pas une science exacte. Méditons avec Socrate: "Je sais que je ne sais rien".

Véronique

@ Bernard

Robert Paxton, Raul Hilberg, Henry Rousso, Jean-Pierre Azema, François Bédarida, Pierre Laborie, André Kapsi, Annette Wieviorka...

"...mais ces historiens ou plutôt néo-historiens subissent une certaine pression que je qualifierais de politique, surtout depuis un peu plus d'une vingtaine d'année"


Ah bon!

Ludo Lefebvre

Bernard,
Votre notion du fatalisme est etayée et intéressante, mais je vois pas les choses ainsi.

Les juifs largement minoritaires (entre 600 000 et 800 000 en France actuellement) ont toujours fait ce qu'ils ont pu, les pauvres.
Ils ont subi la loi du plus nombreux et du plus fort et je n'y vois aucun fatalisme ou résignation, aucune prétention à aller au billot en philosophe. Ce furent des victimes simplement de ce que l'homme peut engendrer de pire en société, de ce qu'il peut légitimer d'horrible en institutionnalisant la barbarie.

Bernard

@ Véronique: Je ne discuterais pas des travaux des historiens qui sont certainement plus compétents que moi pour faire la synthèse de la shoah, mais ces historiens ou plutot néo-historiens subissent une certaine pression que je qualifierais de politique, surtout depuis un peu plus d'une vingtaine d'année, c'est pour ça que je préfère avoir comme référence le livre de Léon Poliakov "Le bréviaire de la haine" qui est un livre qui a été écrit en 1951 et qui ne semble pas avoir subi de pression, c'est un livre écrit à chaud qui nous emmène sur d'autres dimensions ou le mot humain est banni, à chacun de tirer sa propre conclusion.. Mais la fatalité est partout, d'autres y verront peut-être de l'indifférence... A travers mes propos il ne s'agit pas de minimiser le rôle du régime de Vichy ou les responsables politiques d'autres pays, où seul le mot complicité s'applique... Le livre a aussi servi de référence à Hannah Arendt... Léon Poliakov a également écrit un livre (2 Volumes) sur l'antisémitisme.

isa

Une nouvelle liste de "sionistes" et "néosionistes" sur le site des ogres proDieudonné.

francis

L'horreur de la shoah amena une commisération gênée pendant 20 ans. La découverte du drame éclaira l'opinion sur le génie mal connu des savants, écrivains et artistes juifs. Ceux-ci avaient continué, sans l'affirmer explicitement, le devoir qu'a le Judaïsme de l'étude, de la réflexion et du travail. Plutôt que d'une judéomanie, parlons de juste reconnaissance. L'avènement de l'Etat d'Israël, ses combats victorieux, suscitèrent l'admiration. David vainqueur de Goliath ! Mais trop c'est trop ! Surtout pour le gouvernement français englué dans le pétrole, l'atome sa politique arabe. Le triomphe des Six jours, Israël sûr de lui et dominateur l'importunait, ce fut le reflux de la judéomanie, officiel puis dans l'opinion. La situation a changé en 1962. Les sepharades du Maghreb arrivent en métropole comme les autres. Ils sont outrés par la conduite des Evénements mais ils ont réanimé le vieux judaïsme des juifs fatalistes d'avant guerre. Ils ont redonné la fierté d'être juif et de l'affirmer. Mais je le déplore dans un certain communautarisme qui peut déplaire, le Betar me déplaît. Or le judaisme français a toujours désiré s'intégrer dans l'identité française. Ainsi, Rachi le vigneron et bibliste utilisait le parler champenois en 1200. Marcel Proust, tout en persiflant ses demi-coreligionnaires, vivait dans le monde parisien. Aujourd'hui, je réfute le fatalisme du rabbin Meyer, il est suranné. Les Juifs de France dans leur majorité luttent pour magnifier leur héritage culturel, comme ils s'efforcent dans leurs activités de bonifier leur pays, la France. Ils n'ont plus l'âme mélancolique.

Ludo Lefebvre

Jean-Dominique,

Je vous avais mal lu ou plus exactement, je n'avais pas compris vos propos dans ce sens, excusez-moi.

Bernard

@ Jean-Dominique Reffait : Elle a des préjugés à l'égard des juifs, commes des arabes, des tziganes, des homosexuels, des albinos, des roux, des pieds plats, des blondes, des gros, des maigres, du piercing.

Oui mais "Un préjugé est plus difficile à détruire qu'un atome"... C'est un juif qui a dit ça... Albert Einstein.

Véronique

@ Bernard

Merci Bernard pour votre chronologie !

Mais ce que vous me rappelez, je le savais un peu.

Si vous avez revu Monsieur Klein (le film de J. Losey) qui a été rediffusé il y a quelques semaines, il y a cette image saisissante, quand Delon est aspiré et englouti dans un tunnel.

Parler de fatalisme de la communauté juive au sujet de ce qui s'est passé dans notre pays pendant la guerre m'apparaît être une approche que bon nombre de travaux d’historiens sur cette période ont battue en brèche.

Pour ce qui est d'un fatalisme au sens religieux ou philosophique, je ne suis pas en mesure de pouvoir le discuter car cela fait appel à des notions que je ne maîtrise pas.

Me référant à ce que je sais de la seconde guerre mondiale, ce que vous appelez "fatalisme" a d'abord été pour les communautés juives européennes l'impossibilité d'envisager qu'elles seraient abandonnées par tous dans un piège meurtrier.

Je pense que "le fatalisme" que vous lisez à travers les mots du rabbin Meyer appartient à ce traumatisme majuscule.

Jean-Dominique Reffait

@ Ludo Je n'ai pas dit qu'on avait évacué les juifs vers le nouvel Etat mais qu'on s'était débarrassé du "problème" juif en accréditant l'idée que la patrie des juifs européens était ailleurs que dans leurs pays d'origine : on en faisait ipso facto des étrangers chez eux. La détresse des juifs d'Europe après la shoah a permis à certains Etats très antisémites (Pologne, URSS, Allemagne post-nazie) de soutenir la création d'Israël et de fournir les premiers peuplements du nouvel Etat. Les juifs américains, dans le cadre d'une culture américaine d'un Etat nouveau et idéal, ont financé ce nouveau monde qu'ils assimilaient au mythe du "Mayfllower" (voir l'épisode tragique de l'Exodus).

Le sionisme est un mouvement nationaliste dont la légitimité est indiscutable à l'époque où il a été formulé. C'est l'époque de tous les nationalismes en Europe, du pan-germanisme, du pan-slavisme, des nationalismes au sein de l'Empire Ottoman. Aujourd'hui le sionisme a pris le coup de vieux de tous les nationalismes.

Le mythe du droit au retour est une invention politique : la quasi-totalité des juifs d'Europe et d'Amérique n'ont aucun ascendant en Palestine historique et les études génétiques d'archéologues israéliens ont montré que les descendants des hébreux sont aujourd'hui les musulmans et chrétiens de Palestine (j'utilise ce terme en référence géographique et non politique) convertis d'abord au christianisme de l'Empire romain puis à l'islam des nouveaux maîtres arabes ainsi qu'un tout petit nombre de familles juives qui n'ont jamais quitté ce territoire.

La place des juifs d'Europe est chez eux : en Europe.

Enfin, la France vient de montrer de façon claire qu'elle n'était pas antisémite en élisant à sa tête un homme qui a revendiqué ses origines juives. Parmi les personnalités politiques les plus populaires, on retrouve des juifs comme Kouchner ou Strauss-Kahn qui auraient pu prétendre avec sérieux aux suffrages des Français. Non, la France n'est pas antisémite. Elle a des préjugés à l'égard des juifs, commes des arabes, des tziganes, des homosexuels, des albinos, des roux, des pieds plats, des blondes, des gros, des maigres, du piercing...

Bernard

@ Véronique
L'histoire des juifs ne commence pas avec l'affaire Dreyfus, elle doit commencer à peu près vers 1450 avant notre ère avec les Apirou, un des plus connu semble être Moïse ..Peut-être une sorte de responsable syndical ... Il semble avoir défendu des Apirou spécialistes en maçonnerie qui offraient leurs services à Pharaon et que ce dernier voulait exploiter. La suite ..? Il faut faire confiance à la Bible... Lui aussi bien avant Théodore Herzl cherche la Terre Promise mais faute d'être fataliste et de s'en remettre à la puissance divine, il meurt avant d'avoir atteint celle-ci...15 siècles plus tard, un autre Juif appelé Jésus est crucifié, il sait qu'il va être trahi et mis à mort, mais reste très fataliste, c'est Dieu qui le veut .. Bien plus tard, Philippe le Bel s'offre quelques bûchers avec des juifs, là aussi pas de réaction ; le Moyen Age français invente la "roue d'or" pour les juifs, considérés comme autres, les juifs étaient tenus d'avoir une roue d'or (jaune) cousue sur leurs vêtements, ce qui permettait de les repérer au cas où... Là aussi ils restent fatalistes (les nazis n'inventèrent rien avec l'étoile jaune). En Espagne les bûchers d'Isabelle la catholique et des tribunaux de l'Inquisition sont restés tristement célèbres, mais là aussi les juifs semblent fatalistes et c'est par centaines qu'ils iront au bûcher .. La Renaissance apporte une accalmie... Puis il y a l'affaire Dreyfus, là encore ce ne sont pas les voix des juifs qui proteste mais Emile Zola... Un peu plus tard c'est le ghetto de Varsovie, re-fatalisme, sauf au dernier moment où le ghetto eut un soubressaut et tenta un soulèvement... Les chambres à gaz des camps de l'horreur : les corps des victimes étaient enlevés par d'autres juifs qui eux-mêmes devaient savoir que leurs jours étaient comptés, mais rien, uniquement une fatalité qui les faisaient aller à la mort sans rien dire... Une telle fatalité relève même de l'éxégèse... Et si c'était Dieu qui avait rendu les juifs fatalistes parce que Moïse a douté de lui ?

Bulle

A chaque profanation de cimetière juif, médias, politiques et associations affirmaient qu'il y avait une montée de l'antisémitisme en France. Je ne le percevais pas autour de moi, ni dans la sphère privée, ni dans la sphère publique mais on m'affirmait que tel était le cas et j'en étais venu à le croire. Et puis un jour, il y a deux ans peut-être, des chiffres du ministère de l'Intérieur ont été publiés dans une brève dans un grand quotidien, on profane en France des tombes juives mais aussi un grand nombre de tombes musulmanes et de tombes catholiques. Vu l'effet médiatico-politique pour un cimetière juif, je crains que les "malades" qui ont envie de se signaler aillent choisir celui qui assure la médiatisation la plus forte...

mike

Ni trop ni trop peu.
Moins les non-juifs et les juifs étaleront leurs griefs et plus la République sera belle.
J'ai fait mes études secondaires dans des classes où il y avait 90% de juifs et, jamais, je n'ai senti de différences autres que nos pratiques religieuses; j'ai conservé de nombreux amis juifs; nous ne parlons ni de judeomanie ni d'antisémitisme, encore moins de la politique de survie de l'Etat hébreu.
Ainsi les éventuelles frictions sont évitées et nous restons de bons amis.
Puissent les Français qui se disent "le peuple le plus intelligent de la terre" arrêter d'organiser de fausse guerres.
Quant à BHL, il écrit trop.

Ludo Lefebvre

Petite mise au point sur les définitions qui peut nous éviter des malentendus, des disputes inutiles.

Un antisioniste est quelqu'un qui est contre l'Etat d'Israël, pas un antisémite qui est quelqu'un qui n'aime pas la race sémite (arabe et juive... les fils de Sem) ou un antijudaïste qui est effectivement quelqu'un qui n'aime pas les juifs.
La nuance à faire me semble très importante, car ne pas être d'accord pour une situation géopolitique et être raciste sont deux notions bien distinctes.

Je ne prêche pas pour ma paroisse, car je ne suis pas antisioniste, pas plus qu'antisémite.
Cependant il y a des juifs et des non juifs qui sont pour des raisons politiques ou religieuses contre l'Etat d'Israël, on peut donc être antisioniste sans être raciste.
Si nous échappons à la confusion, ce sera déjà un moyen d'être plus justes.

Ma vision se rapporte au goût et au partage d'idées et je me refuse aux généralités:

J'aime Zemmour, E Lévy, Cohen, Finkielkraut, je serais donc prosémite.
Je n'aime pas BHL, Cohn-Bendit, Benamou, je serais donc antisémite.

Chabat, Sémoun et Youn me font rire, je suis judéophile. Arthur et Sysley pas du tout, je suis donc judéophobe.

Je trouve suspects les antisémites qui n'aiment pas quelqu'un parce qu'il est juif, mais tout autant les judéomanes qui trouvent les juifs plus intelligents, plus cultivés, qui aiment de façon automatique quelqu'un en fonction de son judaïsme, il y a quelque chose qui sonne faux dans ce raisonnement, un besoin de prouver... étrange.

Nous avons la chance de pouvoir penser en une complexité qui peut échapper au binaire, d'approcher le vrai grace au discernement, aux informations, à la réflexion, ne nous en privons pas.

Ludo Lefebvre

J'ai beaucoup réfléchi cette nuit à cet article du rabbin Meyer qui me tracasse.

C'est avant tout l'incompréhension qui prime. Que pouvons-nous dire, faire de plus pour prouver que notre Etat n'est pas antisémite ?

J'ai parfois eu le même sentiment que David Meyer vis-à-vis de collègues de travail, de membres de ma famille : les juifs ne nous aiment pas, nous sommes coupables et mauvais par définition et j'ai ressenti également cette mélancolie.

Sommes-nous, moi y compris, en train de nous crisper à notre tour face au soupçon permanent d'antisémitisme, des sempiternelles récriminations ?
Oui, je le crois et ce n'est pas bon du tout en effet.
Je me suis fait un examen de conscience, je ne me sens toujours pas d'une race supérieure et tant mieux, par contre cristallisé par des accusations que je trouve infondées, je suis en colère contre les communautarismes en France.
Suite aux justes reconnaissances dans les domaines où la France a failli, il s'est mis à avoir les revendications des autres communautés ethniques, religieuses, sexuelles ayant toutes finalement une légitimité (les homos dans les camps, la colonisation, l'esclavage, mais au-delà de la réalité).
L'injustice de l'Histoire est infinie, nous pouvons en avoir encore pour longtemps à entendre : "Et moi, et moi, et moi..."
Dans ce curieux fonctionnement qui a pourtant une base sensée, il y a une majorité de gens qui n'appartiennent par définition à aucune minorité, qui n'ont pas été discriminés, esclaves, persécutés... Qu' y peuvent-ils ?

Ne plus mettre en exergue nos différences et les garder pour notre sphère privée, se réunir autour d'un idéal républicain est évidemment la solution pour vivre ensemble. Elle ne semble pas cependant faire l'unanimité, être très populaire.

J'ai réfléchi donc au modèle anglo-saxon et il ne fait pas envie, au constat. Il n'a pas empêché les attentats, les émeutes ethniques, au contraire. Le Bronx juif, irlandais, italien, africain, hispanique n'a fait qu'aviver les tensions et ils passèrent le plus gros de leur temps dans la criminalité et à se tirer dessus pour l'argent, les territoires, le racisme.

Le parangon français se fissure, nous le voyons également, le havre de paix se désintègre peu à peu, mais sûrement.

En faire plus, en faire moins, mieux faire, cesser de faire, se détacher en communauté, se regrouper en citoyens, faire repentance, y mettre fin, reconnaître que nous sommes pareils, que nous ne le sommes pas, laisser la guerre des associations se perpétuer pour leur légitimité initiale, dire stop, enlever les lois raciales, en instaurer de nouvelles, se permettre enfin une critique ou se taire deux fois plus... Je ne vois pas la bonne méthode et j'en suis désolé.

Mon espoir réside dans le fait que l'antisémitisme soit si mal perçu et qu'au regard du passé, il ne puisse se muer en haine raciale suivie d'actions.

Mon désespoir est que d'une normale reconnaissance de la shoah et de la collaboration, les juifs ne deviennent les citoyens les mieux traités de la République et que les jalousies suscitées ne se changent en noir sentiment d'injustice.

La seule école que j'ai vue sous protection judiciaire est juive, c'est dans une rue frontalière entre Lyon 6 et Villeurbanne, ce n'est pas sans raison, elle a connu un attentat et de nombreuses agressions. C'est un scandale qui ne devrait pas être permis et pourtant...

La montée du nouvel antisémitisme ne vient pas de quelques mouvements ultra-nationaux, qui n'ont heureusement plus les moyens de la moindre action, mais d'ailleurs. Il existe bel et bien et espérons qu'il ne sera pas masqué aussi longtemps que les voitures brûlées à Strasbourg, car à l'instar de cet événement, le silence ne pourrait que permettre de le laisser croître.

Même si je suis persuadé que l'antiracisme était à la base une idée altruiste, elle ne fit que faire d'un problème bénin et marginal un vivier fertile à la haine de l'autre qui prend une ampleur inquiétante.

Véronique

Pour qui a eu la chance d'être initié par des amis, des amours ou de grands livres écrits par des écrivains imprégnés par leur appartenance et leur tradition juives, le texte du rabbin Meyer nous rappelle cette douceur désespérée qui est très sensible dans bon nombre d'oeuvres associées à la culture juive.

Je pense que l'antisémitisme, qu'il se nomme antijudaïsme ou antisionisme appartient au mystère du mal, avec tous les vertiges et les précipices que je place dans le mot de mal.

Lisant le rabbin Meyer, j'ai pensé à S. Zweig devenu fou de déception, de révolte et de chagrin.

@ Bernard

"Quant à l'intervention du rabbin David Meyer, on retrouve le juif qui finit par tomber dans l'éternel fatalisme."

Je pense que les choses sont infiniment plus compliquées qu'un "éternel fatalisme".

L'État d'Israël.

J'ai appris dans les livres d'histoire que Théodore Herzl avait eu le sentiment de l'urgence d'un État protecteur quand il a assisté à la dégradation du capitaine Dreyfus.

Drôle de fatalisme.

Vous ne trouvez pas ?

Bernard

Y a-t-il un antisémitisme européen ? J'aurais tendance à faire une réponse de Normand... Il est indéniable qu'il y a eu un antisémitisme d'Etat, que ce soit les premiers chrétiens qui voyaient chez les juifs un peuple déïcide jusqu'aux camps d'exterminations nazis, un antisémitisme qui a touché tous les pays d'Europe pendant plus de 1000 ans. Mais qu'en est il à l'heure actuelle? Y a-t-il un antisémitisme idéologique, structuré, pensé ? Là j'en doute malgré les faits rapportés par la presse, faits qui semblent plus être l'oeuvre de personnages ayant assimilé une mauvaise littérature ou qui sont à la limite du crétinisme que de personnes en pleine possession de leurs facultés intellectuelles, ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas dangereux, bien au contraire, l'idéologue étalera son antisémitisme sur la place publique et pourra être neutralisé par la justice le cas échéant, il n'en va pas de même du "crétin" qui agira de façon incontrôlée, sans idéologie ..aujourd'hui il casse du juif, demain de l'arabe et après-demain il matraque une grand-mère qui vient de retirer de l'argent à un distributeur, ce sont des voyous, de la racaille, des desperados de la société qui peuvent même se retrouver chez les "musclés" du service d'ordre de la CGT.
J'avais lu là-dessus un livre "Le cuir et le baston", enquête d'un journaliste sur des milieu néonazis composés surtout d'individus ayant été encartés au P.C ou venant de la gauche prolétarienne (on était au lendemain de 68) et puisant leur antisémitisme dans les canettes de "Kro".
Je préfèrerais donc voir un antisémitisme crétin mais malheureusement dangereux (dans notre société du XXI eme siècle) car incontrôlé ..ce qui ne veut pas dire que les autres formes d'antisémitisme ne soient pas dangereuses...Bien sûr on me répondra: "Mais le FN ?", oui en effet les thèses révisionnistes et autres folklores de ce parti vont dans le sens antisémite mais peut-être à mes torts, je préfère y voir une pathologie relevant plus de la psychose obsessionnelle qu'une idéologie, bien que là aussi un psychopathe puisse être aussi dangereux qu'un idéologue.... En écrivant ces lignes je me surprends à m'interroger : les chefs nazis étaient-ils des idéologues ou des psychopathes ..?

Quant à l'intervention du rabbin David Meyer, on retrouve le juif qui finit par tomber dans l'éternel fatalisme. Dans "Le bréviaire de la haine" de Léon Poliakov, livre qui nous projette dans la peau d'un juif pendant les années noires du nazisme, j'ai ressenti à travers ce livre cette fatalité face à la mort programmée. Le fatalisme serait-il le talon d'Achille des juifs ?

Marcel Patoulatchi

Robin,

Vous écrivez que « Si l'on veut sincèrement lutter contre l'antisémitisme, il convient de toute évidence de lutter contre toutes ses causes, or la judéomanie en est une, quand on en fait trop pour les juifs, »

Peut-être peut-on considérer que parfois nous en faisons trop pour « les juifs ».

Mais cela ne justifie en rien l'antisémitisme d'autrui. Ca peut l'expliquer en partie, en aucun cas le justifier. L'attention portée à quelqu'un n'est pas motif valable de haine de la part d'un autre.

Ensuite, si on en fait trop, c'est peut-être parce qu'on n'en fait pas assez ailleurs. Car ce « on », en France, c'est aussi des collèges où l'on ne peut faire de cours, sans incident, sur l'histoire du génocide nazi (et les multiples commémorations très officielles n'y changent rien).

Daniel

Malheureusement, Monsieur l'avocat général, certains des commentaires publiés sous votre article courageux sont bien la manifestation de cet antisémitisme - pardon antisionisme, c'est plus politiquement correct - latent en France et bien ancré depuis des décennies et des décennies.
Je crois que ces gens-là n'ont pas compris ni votre message, ni celui de Monsieur Meyer.
Puissent-ils continuer à se vautrer dans leur fange.

Ludo Lefebvre

Je n'avais pas lu la partie cachée du texte, j'ai envie de dire au rabbin Meyer... Qu'allez-vous cherchez là ?
La France vous aime, vous avez votre place.

Je ne proposerais pas la même chose que vous à votre place, je rappelerais mes sentiments profonds comme vous venez si bien de le faire, je demanderais le droit de vivre en paix sur ce territoire sans que soit transposé ici le conflit israélo-palestinien et je demanderais au gens de ne pas manquer de discernement entre des individus et l'ensemble de leur communauté, de les ramener à leur état de personne dans la critique, pas de faire une généralité raciale, même lorsque ceux-ci voudraient nous faire tomber dans ce piège.
Les dérives que je cite plus haut sont le fait d'individus marginaux au sein de la communauté juive que je connais bien, le problème est que malheureusement ce sont ces derniers que l'on voit beaucoup dans les médias, pas l'esprit juif bien différent.

Que dire ?
Je déteste l'"idéologie française " de BHL, qu'on nous colle de l'antisémitisme à toutes les sauces comme je déteste qu'on persécute les juifs.

Ludo Lefebvre

Jean Robin,
Est-ce vous, le jeune homme qui a fait un livre sur le fonctionnement d'Ardisson, où vous dénonciez entre autres malversations, les plagiats de ce dernier en écriture ?

Si c'est le cas, j'ai apprécié votre travail de vérité et votre audace.

Ludo Lefebvre

Je ne suis pas d'accord avec vous sur ce point ,cher Jean-Dominique, personne n'a évacué les juifs vers Israël. L'alya (retour à la terre promise) s'est faite dans la joie pour certains de nos compatriotes juifs, d'autres ont fui un nouvel antisémitisme dû au conflit israélo-palestinien, certains ont tenu à faire partie de ceux qui veulent défendre le royaume de Sion dans le conflit, d'autres encore se sentent mieux entre eux.
Notre Etat n'est en rien, d'après ce que j'en sais, responsable de cette migration.

En aparté, je tiens à ce que soit faite la nuance entre les juifs, ce qui généralise et est raciste, et des juifs, ce qui rend parfois une saine critique, qui serait interdite parce que mal comprise.
Les juifs ne sont pas, en effet, résumés à BHL et Cohn-Bendit, ils ne sont et ne peuvent être porte-paroles de l'ensemble d'une communauté. Je connais beaucoup de juifs qui n'aiment pas du tout ces deux individus et il est facile de dire pourquoi : ils les décrédibilisent, les mettent dans la différence, créent du ressentiment à leur égard alors qu'eux ne demandent qu'à vivre en paix, sans conflits ou mise en exergue dans un pays qu'ils aiment au même titre que moi, ils ont des positions diamétralement différentes en politique...
Ne pas être en accord avec quelqu'un qui est juif ou met sa judaïté en avant pour se rendre intouchable dans un débat n'est pas de l'antisémitisme.
Il y a également la judéomanie citée par Jean Robin plus haut, qui n'est en rien le fait de juifs, mais d'individus qui veulent se donner de l'estime à bon compte en jouant à l'humaniste qui a tout compris et se paient de l'effort de prendre systématiquement le parti de quelqu'un parce qu'il est juif. Ils vous diront volontiers que les juifs sont plus intelligents (c'est faux, ils sont juste normaux, humains) que les autres, ils vous sortiront la liste de prix Nobel dont le nom finit en er, ils vous énuméreront les détails sordides de l'affreuse Shoah et gare à vous si vous ne rentrez pas dans cette généralisation ethnique, dans ce sophisme, vous serez alors munichois, collabo, pétainiste, gardien de camps, maurassien, fasciste, nazi...

Pourquoi je ne parle pas de la religion juive comme de l'Islam ?

Parce que les juifs en créant le Talmud ont rendu inapplicable les outrances de la bible juive ou Ancien testament comme la maison de l'impureté où les femmes indisposées doivent se rendre, la lapidation... Egalement parce que ce n'est pas une religion qui recrute, conquiert, met en danger l'Etat politique, la culture d'autrui, qui prône la mort des autres.

Lorsque l'on croit que le communautarisme nuit à notre bien-être commun, on est contre tous les communautarismes sinon c'est vain et cela ne fait que renforcer, exacerber un sentiment d'injustice, aussi le communautarisme juif n'échappe pas à ma critique comme tous les communautarismes actifs. En raison du passé de la Shoah, c'est nettement plus délicat.
Je me souviens de Nabe ayant fait une critique généralisée, pour les noirs, la France... c'est très bien passé, mais lorsqu'il a critiqué les juifs à Apostrophes, Georges-Marc Benamou a traversé tout Paris, s'est introduit dans le studio et lui a cassé la gueule.
Idem pour Dieudonné qui a fait des sketches très durs contre l'Islam, le catholicisme qui faisaient rire tout le monde ou presque, mais lorsqu'un soir chez Fogiel, il a fait un sketch sur les juifs, la télé a été finie pour lui, il s'est fait plusieurs fois taper dessus.
Lorsque Soral a fait une critique sur l'absence systématique de remise en question de certains juifs, en plus d'être viré des médias, diabolisé, il a été agressé par des hommes armés et cagoulés dans une librairie parisienne, la vieille libraire a été frappée, ses lecteurs également, il s'est pris des coups de matraque... Il s'est fait agresser plusieurs fois depuis, on lui a même jeté de l'acide au visage et tout ceci impunément.
Enfin, il y a un mouvement extrémiste juif en France qui est interdit en Israël et aux USA qui s'appelle le Bétar. Ces derniers vont à la sortie d'Assas agresser des étudiants qui n'ont rien demandé à personne, "fachos" par définition parce qu'ils étudient le Droit dans cette université, ceci toujours impunément.
Ce groupuscule a une rationalisation toute trouvée avec la Shoah, outre un camp d'entraînement, ils finissent leur réunion et préparent leurs agressions avec une prière sur le peuple élu de Dieu avec de fortes notions de races supérieures que nous n'accepterions jamais sur notre territoire de la part de mouvements néo-nazes et autres absurdités raciales.

C'est tout aussi aberrant à mes yeux que des bandes ethniques qui tabassent des petits blancs dans les manifs ou plus souvent en banlieue, que les exigences religieuses des musulmans dans les écoles, que les néo-nazes qui profanent les tombes.

Enfi, à une période où nous sommes taxés sans arrêt d'antisémitisme, je rappelle qu'il n'y a pas eu un seul crime antisémite en France hormis celui perpétré sur le jeune Ilan par un ivoirien Youssouf Fofana qui pensait que tous les riches étaient riches et que sa communauté paierait pour lui, je rappelle que nous sommes le pays qui a sauvé le plus de juifs pendant la seconde guerre mondiale, je vous aide à vous souvenir que si il y a eu Pétain qui ne fut pas élu par le peuple français, mais par une assemblée sous le joug et la gouvernance allemande, nous sommes un des seuls pays à ne pas être tombé dans le totalitarisme au milieu du vingtième siècle, Mussolini, Franco, Hitler, Staline, Tito... furent ailleurs.

Nous ne sommes certes pas parfaits, il y eut un véritable antisémitisme européen dans l'histoire et nous n'y avons pas échappé, de façon sporadique, dans les mentalités royalistes, bourgeoises et ouvrières avec des préjugés variés, mais aussi sous un couvert religieux en d'autres temps. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de nihilisme sur ces faits et que les excuses ne furent pas de nombreuses fois présentées.

Jean-Dominique Reffait

J'ai toujours aimé les juifs d'Europe, ne serait-ce que par leur apport considérable à l'intelligence et à la culture de nos pays.
Il aurait fallu beaucoup de courage - qui a manqué dramatiquement - pour refuser la création d'Israël à la fin de la guerre, car cette création a dopé l'antisémitisme, et pas seulement musulman. A partir de ce moment, les juifs avaient un pays naturel d'élection, ils n'avaient qu'à y "retourner" ; les juifs avaient une double patrie, comment avoir confiance...
Ah, c'était bien commode de se débarrasser du "problème" juif en les évacuant dans un Etat non viable et incertain.
J'ai toujours pensé que e courage aurait été de garder nos juifs, de les protéger, d'affirmer haut et fort qu'ils étaient constitutifs de nos nations et de nos cultures, que sans eux, notre identité nationale perdait l'une de ses composantes historiques. Oui, il fallait du courage pour rappeler que les juifs de France constituent la plus ancienne communauté nationale encore vivace, implantée sur ce sol depuis l'empire romain. Et que renier les juifs de France, c'était renier un héritage national millénaire.
Au lieu de cela nous avons piégé les juifs avec leurs propres désirs et le sionisme s'est substitué au cosmopolitisme dans les fantasmes de certains.

Oui, il faut accepter de vivre avec un antisémitisme latent, comme il faut vivre avec tant d'autres préjugés stupides dont personne n'est totalement exempt. Tant que l'antisémitisme se cantonne à un préjugé, il est à la fois inévitable et acceptable, au même titre que les autres préjugés de même nature. Ne pas accepter qu'il dépasse cette limite.
Les juifs français qui sont de bien braves gens méritent qu'on les aime et qu'on le leur dise.
Juste et belle note, Philippe.

Parayre

Les Juifs, du moins en Europe, ne sont plus une communauté particulièrement opprimée et les premières cibles du racisme sont essentiellement et génériquement les « étrangers » : les immigrés, les demandeurs d'asile, etc.

Existe-t-il un rapport entre les manifestations d'antisémitisme - notamment les profanations de cimetières - et la violence xénophobe ?


La destruction de tombes israélites manifeste assurément une haine raciale très particulière qui vise essentiellement des symboles.

Sur notre territoire, ces actes révèlent une volonté de suppression de la mémoire qui ne fait que poursuivre "l'oeuvre" déjà entamée par les négateurs du génocide juif, mais il serait dangereux de ne pas s'apercevoir qu'ils s'inscrivent dans une vague raciste et xénophobe bien plus vaste.


Outre-Rhin où les cimetières juifs témoignent de la grandeur d'un monde anéanti et désormais « pétrifié », les profanations expriment le rejet de toute conception non ethnographique de la nation, le rejet d'une nation autre que celle fondée sur le Volk.


La mémoire du passé juif de l'Allemagne peut être interprétée et mise en valeur aujourd'hui comme la métaphore d'une nation de citoyens et non plus de Stammgenossen, définis par leur appartenance à une communauté nationale fondée, pardon chère Véronique , sur le jus sanguinis.

Devant de tels délits, on doit s'indigner, mais on n'a pas le droit de s'étonner. Le racisme et l'antisémitisme s'alimentent réciproquement.

Or, l'indignation comme l'étonnement face à ces épisodes d'antisémitisme de la part de ceux qui, depuis des années ou plus récemment, ont parlé de « priorité" ou "d'identité" nationales , de « seuil de tolérance » vis-à-vis de l'« invasion » des étrangers, relèvent de la plus pure hypocrisie.


D'où ma réserve sur la notion "d'identité nationale" et sur le ministère éponyme récemment créé qui recèlent, à mes yeux, des ferments pour le moins dangereux ...

Pour autant, la "tribune" du rabbin Meyer et votre "note" m'ont touché et me font croire en demain .

Marcel Patoulatchi

Qu'entendre par l'expression « faire entendre leur voix, pour rappeler leur présence » ?

A-t-on besoin de rappels de la présence des uns et des autres ? A quand une saine indifférence à l'origine et la culture d'autrui ?

Jean Robin

A une nuance près, cher Philippe Bilger, c'est que l'Europe ne déteste pas les juifs, pas plus que la France ne déteste les juifs d'ailleurs.
Au contraire, elle les aime trop, mais il est bien connu que celui qui trop embrasse mal étreint.
Ce phénomène, que j'appelle judéomanie, est la source d'un antisémitisme de ressentiment, comme l'a d'ailleurs pareillement analysé Julien Landfried dans son dernier ouvrage intitulé "Contre le communautarisme".
La loi Gayssot (qui est en train d'être élargie à toute l'Europe), le dîner annuel du CRIF, le record mondial du nombre de commémorations de la Shoah (5 en France, 1 seule en Israël), l'indemnisation des orphelins de déportés juifs et pas ou peu des orphelins de déportés non-juifs, la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans la Shoah, l'antisémitisme comme façon d'obtenir le fameux 1/4 d'heure de gloire dont parlait Warhol (on l'a encore vu récemment avec Phinéas), les poursuites en justice pour antisémitisme des gens qui n'ont jamais dit "mort aux juifs", etc.
Si l'on veut sincèrement lutter contre l'antisémitisme, il convient de toute évidence de lutter contre toutes ses causes, or la judéomanie en est une, quand on en fait trop pour les juifs, en leur nom mais sans leur avoir demandé leur avis, cela se retourne in fine contre eux, tout en créant du communautarisme.

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