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18 mai 2007

Commentaires

Blandine

Avez vous lu le dernier numéro de la revue Médias (n°13). On parle de ce cas. Bel article et très beau blog : http://www.leblogmedias.com/archive/2007/07/02/philippe-bilger-blog-justice.html

Véronique

@ Marcel

Et vous pensez que vous savoir de marbre à l'idée d'un mineur violeur enfermé à vie est suffisant pour me démontrer la justesse de la perpétuité réelle.

Que vous sachiez faire preuve dans le réel de compréhension, non seulement je n'en doute pas mais comme je vous l'avais dit il y a quelques mois, je pense que vous vous situez dans le très haut pour ce qui est de la sensibilité.

Et c'est parce que je vous crois dans le très haut dans ce domaine que le juridisme glacial et glaçant jusqu'à l'absurde m'apparaît comme un de vos garde-fous de prédilection.

C'est juste comme ça.

Car c'est aussi ce qu'on peut penser à lire certains de vos propos.

Marcel Patoulatchi

Catherine,

Je pense que les gardiens de prisons, de toute façon, doivent craindre leurs détenus. Je ne pense pas que cela change radicalement la donne.


Parayre,

Comme je l'ai déjà écrit, je ne connais pas la situation américaine, je n'ai pas donc pas d'explication clef en main concernant la sur-répresentation carcérale des noirs en Amérique du Nord. Je me contente de souligner une faille dans l'analyse que vous avez proposée plus haut.


Véronique,

Vous me demandez si « n'y a t-il pas dans vos mots quelque chose de ce juridisme passionnel, pointilleux et rigide à l'extrême décrit par Philippe dans sa note qui fait que ça peut être difficile de comprendre, même dans le minimum, vos raisonnements ? ».
Je pense être capable dans le réel de faire preuve de compréhension - je ne me sens pas indifférent à tout. Mais il faut bien constater que le sort des criminels, en effet, m'indiffère, en particulier celui des assassins et des violeurs.
L'autre jour j'ai croisé le regard d'un mineur et déjà violeur - et fier de l'être. Si on m'annonçait demain qu'on l'enfermera à vie, ou autre, cela me laisserait de marbre. M'échaude plus l'idée de le savoir bientôt à nouveau en liberté, toujours en capacité de nuire.

Parayre

@Marcel Patoulatchi :

Quelle est donc votre explication à la sur-représentation de la communauté noire dans les statistiques carcérales américaines ?


Véronique

@ Marcel

"Je serais curieux de savoir ce que le condamné pense de sa réclusion préalable à son exécution. S'en félicite-t-il dans la mesure où elle délaye son exécution, où elle rend acceptable un tel délai ?"

Vous pouvez quand même admettre que ce premier commentaire de votre part ait de quoi surprendre.

Spontanément je me suis dis tiens Marcel nous est revenu mais égal à lui-même dans sa tonalité froide.

Qu'après cela nous ne pouvions échapper à votre idée fixe de perpétuité réelle, je ne suis pas surprise.

N'y a t-il pas dans vos mots quelque chose de ce juridisme passionnel, pointilleux et rigide à l'extrême décrit par Philippe dans sa note qui fait que ça peut être difficile de comprendre, même dans le minimum, vos raisonnements ?

Marcel Patoulatchi

Concernant Amnesty International, un passage tel que le suivant à mon sens discrédite cette association pour parler de Justice :


« Les violations des droits humains commises par des agents de la force publique sont inacceptables car elles portent atteinte à la légitimité et à la crédibilité de toute l’institution. Sur 30 cas suivis par Amnesty International, en France, au cours de la période 1994-2004, les policiers auteurs présumés de mauvais traitements, quand ils ont été poursuivis, n’ont été condamnés qu’à des peines symboliques, relaxés ou acquittés »

http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/agir/actions_en_cours/france/actualites/elections_2007/questions_de_securite

« auteurs présumés », voilà un drôle de vocabulaire dans la bouche de défendeurs du droit, droit qui ne laisse pas de place à la présomption de culpabilité.
Actes « commis » et pourtant « relaxés ou acquités », c'est donc que ces actes n'ont pas été commis selon la Justice, les alléguer est du ressort de la diffamation.

Diantre, je n'aimerais pas vivre dans un pays où Amnesty International serait institué procureur.

catherine A.

@ M. Patoulatchi :
Je voulais dire que ceux qui garderaient des condamnés à perpétuité certains de rester en prison jusqu'à leur mort, auraient beaucoup à craindre d'eux. Je ne sais pas si en prison jusqu'à la fin de mes jours je deviendrais une sainte ou une démente rêvant de faire des brochettes de mes gardiens. Au-delà de ça, je crois que la perpétuité est une vengeance d'une société qui avoue ainsi n'être capable que de mettre hors d'état de nuire ses criminels. C'est le faux-nez de la peine de mort. La version politiquement correcte. Pour moi aussi insatisfaisantes l'une que l'autre. Ce n'est que mon avis et je vous accorde volontiers que le vôtre est sans doute plus éclairé. Catherine A.

Marcel Patoulatchi

Jean-Dominique,

Vu la qualité des rapports d'Amnesty International France, je ne crois plus sur pièce les conclusions du moindre rapport de cet organisme. Il faudra en venir aux exemples, aux sources, systématiquement (nul n'est obligé de croire sur parole autrui).

Or, l'exemple du jour, c'est Abu Jamal et des jurés noirs.

Et, très franchement, dans ce cadre, je ne vois vraiment pas où vous voulez en venir. L'exemple du jour ne vous suffit pas, l'exemple du jour où l'accusation de racisme des jurés ne peut tenir ne vous satisfait pas, il faudrait donc que vous appeliez à la rescousse un rapport parlant d'autres affaires pour argumenter sur l'affaire du jour ? C'est insensé.

Nous ne sommes pas dans le cas du « racisme ordinaire de jurés blancs », ni dans le cas où « il n'y a pas de victimes blanches », alors pourquoi déverser des généralités qui nous détournent d'un exemple concret pourtant clair ?

Marcel Patoulatchi

catherine A.,

La perpétuité « réelle » existe au moins dans le code pénal - même si vous décidez que « ça n'est pas digne d'une société ». Pour ma part, je ne trouve pas digne d'une société d'avoir permis à des Pierre Bodein de récidiver.
Ce « serait une très grave erreur [...] ; ces personnes ainsi condamnées n'auraient plus rien à perdre et je ne voudrais pas être de ceux qui les garderaient » dites-vous. Là encore, la très grave erreur pour moi se situe dans la libération de certaines personnes, et je ne voudrais pas être de ceux dont l'entourage les rencontrerait. Qu'une personne n'ait plus rien à perdre est secondaire par rapport à ce que d'autres, qui n'ont jamais commis de crime, ont a perdre.
C'est mon avis, qui ne vaut ni plus ni moins que le vôtre.

Vous signalez que « d'autre part il y a une loi Kouchner ». Il y a plus précisément une loi de mars 2002 qui prévoit que lorsque les condamnés sont atteints d'une pathologie engageant le pronostic vital ou si leur état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention, ils peuvent faire l'objet d'une suspension de la peine privative de liberté.
« Papon en a bénéficié », comme vous le soulignez. Il n'y a pas de problème à ce que des membres d'Action Directe en bénéficient, s'ils sont dans le cadre prévu par la loi. Ce n'est manifestement pas le cas de Nathalie Ménigon. Ce fut le cas de Joëlle Aubron, également membre d'Action Directe, qui a bénéficié avant sa mort d'une suspension de sa peine.

Quant au fait que « le comportement exemplaire en prison soit gage de vertu retrouvée et de réel repentir » ou plutôt « souvent le signe d'un esprit malin », je n'ai pas d'avis sur la question, j'imagine que cela dépend des individus.


Parayre,

Vous écrivez que je m'interroge sur « le choix des infractions à la législation sur les stupéfiants comme objets d'étude ». Je n'ignore pas « que ce type de délinquance révèle plus que d'autres le rôle pro-actif des services de police dans la recherche des auteurs de délits », certes - lorsque l'on parle des infractions qui ont trait à la détention et la consommation de stupéfiants.

Concernant la commercialisation, l'importation, la détention en grande quantité, je ne crois pas qu'il soit possible d'être efficace par un ciblage irrationnel.

Vous disiez que la population noire nord-américaine n'est pas plus consommatrice que le reste de la population nord-américaine. Mais elle est plus arrêtée. Soit. Mais quelle est l'implication de cette population dans le trafic de stupéfiants, là est l'essentiel à mon sens - notamment parce que ce sont bien ces infractions-là qui conduisent à des peines privatives de liberté.

(Quant aux handicaps sociaux, je goûte peu au concept qui laisse peu de marge de manoeuvres aux individus, les noyant dans une masse. J'observe qu'on peut naître à Harlem et arriver au sommet de la hierarchie militaire nord-américaine. Ca n'arrive pas à tous, certes, mais il y a manifestement d'autres possibilités qu'être trafiquant de crack)

Véronique

@ J. W

J'ai formulé maladroitement ce que je voulais vous dire à 18h13.

Vous-même l'avez exprimé il y a quelque temps, je pense avec vous que le commentaire des notes de Philippe est la justification première des posts que nous adressons à son blog.

Je vous apprécie particulièrement quand vous intervenez avec votre vision d'avocat et quand vous êtes dans l'engagement et la défense d'un point de vue.

Mais j'aime bien aussi ceux qui sont en quelque sorte les fous de notre Roi.

Enfin, tout cela est compliqué.

Je pense néanmoins que nous pouvons être d'accord pour le premier point.

@ sbriglia

Non, par pitié, ne soyez pas fâché par mon histoire de rêves autour de Philippe !
Je ne sais plus où me mettre.

@ Philippe

Pas facile d'être toujours dans le droit-fil de vos notes.

On va y arriver ! Faut nous faire confiance.

Mais si !

Parayre

@Marcel Patoulatchi : je m'attendais bien évidemment à ce que vous querelliez "mon analyse" - qui n'est pas la mienne du reste mais un résumé d'études auxquelles du temps de mon activité j'ai eu l'honneur de participer aux EU - alors même qu'elle n'est qu'un éclairage objectif sur la situation américaine...que je n'entends pas, comparaison n'étant pas raison, étendre à la situation hexagonale avec la délinquance des nord-africains .


Vous vous interrogez sur le choix des infractions à la législation sur les stupéfiants comme objets d'étude : vous ne pouvez pourtant ignorer que ce type de délinquance révèle plus que d'autres le rôle pro-actif des services de police dans la recherche des auteurs de délits...

Il est constant que cette dernière est essentiellement dirigée vers la communauté noire et que de surcroît cette dernière cumule, comment le contester sérieusement, les handicaps sociaux ...

Cessons ces dialogues de sourds sur des questions complexes qui ne sont pas réductibles à des affirmations mais appellent interrogations, réflexions, recul autant qu'humilité dans leur traitement .


La situation outre-atlantique mérite examen ...C'est un euphémisme !

catherine A.

@Marcel P.
Parce que la perpétuité réelle n'existe pas et c'est tant mieux. D'abord parce que je pense que ça n'est pas digne d'une société. Ensuite parce que ce serait une très grave erreur, me semble-t-il ; ces personnes ainsi condamnées n'auraient plus rien à perdre et je ne voudrais pas être de ceux qui les garderaient. D'autre part il y a une loi Kouchner ; Papon en a bénéficié, pourquoi d'autres, fussent les membres d'Action Directe, n'en bénéficieraient-ils pas ? Au-delà de ça, je ne crois pas, mais peut-être ai-je tort , que le comportement exemplaire en prison soit gage de vertu retrouvée et de réel repentir mais souvent le signe d'un esprit malin ; les beaux salauds se tiennent souvent très bien en prison.

Jean-Dominique Reffait

Pour éclairage je cite un rapport d'Amnesty International :
"En 2001, une étude approfondie a conclu que «des facteurs raciaux – en particulier la race de la victime de l'homicide – ont joué un rôle réel, important et statistiquement significatif dans les procès de personnes passibles de la peine capitale en Caroline du Nord au cours de la période 1993-1997. La probabilité d'être condamné à mort était 3,5 fois plus élevée pour les accusés (quelle que soit leur race) qui avaient tué des Blancs». Quarante p. cent des victimes d'homicide en Caroline du Nord sont blanches, mais 77 p. cent des personnes exécutées depuis la reprise des exécutions judiciaires dans cet État, en 1984, avaient été déclarées coupables d'avoir tué des Blancs. Des études portant sur des jurés intervenus dans le cadre de procès capitaux aux États-Unis montrent que des jurés blancs sont plus susceptibles de voter en faveur d'une condamnation à mort que des jurés noirs, si bien que lorsqu'un jury est composé en majorité de Blancs, la probabilité que la peine capitale soit prononcée est plus élevée. Des recherches ont également fait apparaître que les jurés blancs étaient moins sensibles aux circonstances atténuantes lorsque l'accusé était noir."

Ainsi donc, Marcel, il convient de bien séparer les crimes de sang des autres crimes et délits dans le traitement judiciaire américain. Quand il n'y a pas de victimes -notamment blanches - il n'est pas impossible que la justice américaine soit équilibrée entre blancs et noirs et que la proportion élevée de noirs provient du contexte social dans lequel cette population évolue majoritairement.

D'autre part le système américain qui repose sur l'égalité de moyens d'investigation entre le ministère public et la défense crée de fait une inégalité sociale : la défense d'un pauvre ne peut en aucun cas se payer les services de détectives et d'experts pour instruire à décharge.

C'est donc tout un ensemble de facteurs pervers - qui ont déjà été évoqués ici - qui, se cumulant au racisme ordinaire de jurés blancs (Etats du Sud principalement qui détiennent le record d'exécutions capitales), donne ce résultat préoccupant.

Marcel Patoulatchi

Catherine A.,

Pourquoi, au juste, voulez-vous donc qu'une personne condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité (un terme sans équivoque) soit libérée alors qu'elle revendique ses crimes passés ? Une peine doit peiner et reclasser le condamné. Manifestement, Nathalie Ménigon n'est pas reclassée, vu ses déclarations récentes faisant l'apologie du terrorisme révolutionnaire, contrairement à d'autres criminels de droit commun.

Véronique

Je ne suis pas sûre que l'invocation de la double peine pourrait être un argument efficace pour convaincre des états américains de renoncer à la peine de mort.

Je ne vois pas comment un tel argument pourrait, sur cette question, assouplir et imprégner des esprits à ce point pétrifiés de juridisme et de bureaucratie glaçantes.

Pour avoir une chance de convaincre, il faut soi-même avoir compris le fonctionnement du raisonnement ou la logique de l‘interlocuteur.

Ce que vous décrivez de la réalité du système américain dans ce domaine est pour moi de l'ordre de l'incompréhensible et de l’absolument déconcertant. Tenter d‘y opposer un discours rationnel me paraît être illusoire.

@ J. W

Pourquoi "bouffon" ?

Quand vous faites l'avocat, vos propos ne me font pas sourire et ne me détendent pas.

Et j'apprécie quand c’est l’avocat qui écrit.

Ludo Lefebvre

J'entends bien ce que vous avez écrit, cher Parayre et c'est bien une partie réelle de l'analyse. Il me semble qu'il manque un point, à ajouter : les crimes et délits, ce ne sont pas les policiers et les magistrats qui les inventent, ou rarement. Certes ils arrêteraient plus facilement les gens de couleurs que les blancs, j'admets ce fait mais il n'explique pas tout. Vous êtes bien d'accord que si vous ne commettez pas de crimes, de délits, sauf cas exceptionnel, vous n'irez pas en prison.
C'est moins facile pour un noir dans une société occidentale de vivre. Cependant aux USA, il y a de puissantes associations noires, la discrimination positive, des exemples comme madame Rice, Oprah Winfray... qui montrent que c'est possible, parfois. Les très pauvres bénéficient d'une allocation, tout le monde est scolarisé et peut faire de son destin, de celui de ses enfants, autre chose que ce pourquoi il semble prédestiné.
Il est parfois bon d'être ferme dans l'amour, d'engueuler les gens qu'on aime... Il me semble important aussi de dire aux afro-américains : cessez de faire des gosses à des gamines de treize ans que vous abandonnez ensuite, cessez de vous défoncer au crack et d'en vendre, cessez d'appartenir à des gangs et de vous tirer dessus, abandonnez les religions qui engendrent la haine et le racisme, éloignez-vous de la culture gangsta rap qui fait l'apologie du machisme, du crime, de l'argent facile, de la violence et aussi grâce à cela, votre vie ira déjà mieux.
Il est temps que nous sortions de notre mentalité de colon, les noirs ont notre intelligence, nos capacités, nous pouvons les engueuler, leur demander de se responsabiliser également tout en faisant un effort supplémentaire d'intégration.
Si l'espérance de vie d'un noir dans le Bronx est de trente-trois ans, ce n'est pas qu'à cause du système de santé, de la discrimination. C'est aussi parce qu'ils s'autodétruisent et bousillent les autres.
Les Américains ont deux atouts qui me semblent criants : les cours du soir qui permettent aux plus modestes d'avoir un emploi et d'améliorer leur formation, mais aussi cette justice qui est certainement plus impartiale qu'en France, en dehors du cas O G Simson. La preuve, Paris Hilton va aller quarante-cinq jours en prison cet été, nous savons très bien que nous ne verrions pas un cas de figure similaire en France... Samy Naceri, par exemple, a toujours commis des actes délictueux et fut souvent condamné avant et pendant avoir été connu, nombre de ses infractions furent minimisées lorsqu'il devint célèbre. JoeyStarr et Debbouze continuent de rouler sans permis. Cantat est une configuration différente, car il y a eu meurtre et de plus il était dans son cas le faible face à une famille puissante. Il y a même Delpech qui nous explique dans sa chanson "Quand j'étais chanteur" qu'il ne payait jamais ses PV en conduisant comme un fou.

catherine A.

Votre post me fait penser à Nathalie Ménigon. Loin de moi l'idée de minimiser ses actes mais cette jeune femme -non, plus toute jeune depuis ses 20 ans passées en prison à l'isolement - me semble elle aussi mériter un traitement humain. Combien de meurtriers voire d'assassins ont passé moins d'années en prison pour plus de morts à leur actif. Je sais bien sûr que les choses ne se pèsent pas comme ça mais il me semble que pour elle la justice a laissé, depuis longtemps, le pas à la vengeance.

Marcel Patoulatchi

Parayre,


Pour décrire « l’écart béant entre Blancs et Noirs » qui « trahit le caractère foncièrement discriminatoire des pratiques policières, judiciaires et pénales », vous prenez l'exemple des stupéfiants.

Soit.

Vous dites que « les Noirs représentent 13 % des consommateurs de drogue (à peu près leur poids démographique) mais un tiers des personnes arrêtées et les trois quarts des personnes emprisonnées pour infractions à la législation sur les stupéfiants ».

N'y a t-il rien qui vous choque dans cette analyse, dans ce raisonnement logique ?
N'est-il pas patent qu'il nous manque la représentation des noirs parmi les trafiquants de stupéfiants.
(et pour être tout à fait pointilleux, comment établissons-nous de telles statistiques, qui supposeraient que nous ayons connaissance de toutes les infractions commises ?)


Je ne connais pas la situation nord-américaine, je n'argumenterai pas et me contenterai d'avoir un regard critique sur ce qui est écrit plus haut.

Toutefois, je constate que certains tiennent un discours en tout point comparable à propos de la situation française, concernant les individus de type nord-africain. La première religion dans les prisons française est l'Islam, soit dit en passant.

Serait-ce là aussi la preuve de « l’écart béant entre Blancs et [nord africains] [qui] trahit le caractère foncièrement discriminatoire des pratiques policières, judiciaires et pénales » (question subsidiaire : pourquoi écrire « blancs » et « noirs » avec des majuscules ?) ?

Peut-être. On peut le prétendre. Ca ne mange pas de pain, ça ne coûte rien. C'est facile d'accuser autrui de racisme, du fait que son exercice professionnel l'amène à cotoyer 80 % de son temps une population d'un type ethnique défini.

Maintenant, reste une question à poser : les infractions ont-elles été rêvées par les policiers et magistrats ou commises par les condamnés ? Si elles ont été commises par les condamnés, comment peut-on s'autoriser à estimer que les condamnés ne sont pas du bon groupe ethnique ? Un tel discours ne constitue t-il pas du racisme, caractérisé et non supposé ?

Pour finir, je dirais que si le racisme est parfois à l'oeuvre de manière flagrante, et ce tout au long d'une procédure, c'est lorsqu'on place en garde à vue pendant 24 heures une personne âgée de type européen impliquée dans un accident mortel de la circulation, alors que l'on sait qu'elle n'a absolument aucun tort (et vous connaissez tout comme moi l'article traitant de la garde à vue qui parle bien de « nécessités de l'enquête »), tout ça parce les défunts sont de type nord-africain et que leur entourage à un sens de la justice tout particulier.

Parayre

Aux États Unis, les 22 millions d’adultes noirs "fournissent" en moyenne un contingent de 767 000 détenus, 999 000 condamnés placés en liberté surveillée et 325 000 autres en libération conditionnelle et connaissent un taux global de mise sous tutelle pénale de 9,4 %.


Chez les Blancs une estimation haute donne un taux de 1,9 % pour 163 millions d’adultes. Pour la seule incarcération, l’écart entre les deux communautés est de 1 à 7,5.

En probabilité cumulée sur la durée d’une vie, un homme noir a presque une « chance » sur trois de purger au moins un an de prison, et un hispanophone une chance sur six, contre une chance sur vingt-trois pour un Blanc.

Cette « disproportionnalité raciale », comme disent pudiquement les criminologues, est encore plus prononcée chez les jeunes, premières cibles de la politique de pénalisation de la pauvreté, puisque plus du tiers des Noirs de vingt à vingt-neuf ans sont soit incarcérés, soit sous l’autorité d’un juge d’application des peines, soit en attente de passer devant un tribunal. Dans les grandes villes, cette proportion dépasse largement la moitié, avec des pointes supérieures à 80 % au coeur du ghetto.

L’écart béant entre Blancs et Noirs trahit le caractère foncièrement discriminatoire des pratiques policières, judiciaires et pénales. A preuve : les Noirs représentent 13 % des consommateurs de drogue (à peu près leur poids démographique) mais un tiers des personnes arrêtées et les trois quarts des personnes emprisonnées pour infractions à la législation sur les stupéfiants. Or la politique de « guerre à la drogue » est, avec l’abandon de l’idéal de la réhabilitation et la multiplication des dispositifs ultra-répressifs (généralisation du régime des peines fixes et incompressibles, perpétuité automatique au troisième crime, sanctions accrues pour les infractions à l’ordre public), l’une des causes majeures de l’augmentation de la population carcérale américaine.

Marcel Patoulatchi

J.W.,

Etant entendu qu'il est improbable que la peine de mort réapparaisse en France, que proposez-vous pour les criminels façon Pierre Bodein qui, s'ils ne sont pas condamnés à la réclusion à perpétuité, ont toutes les raisons de récidiver (et rassurez-vous, dans des agissements qui font autant de tort à la vie qu'à la dignité humaine) ?

Les révoltés de Clairvaux, n'ont-ils pas beau jeu de demander une exécution ou une libération ? Sachant qu'on ne peut leur accorder la première sans revenir sur des traités internationaux, n'oublient-ils pas de nous parler de leur condamnation, des raisons qui font qu'ils sont là pour la perpétuité ? Leur condamnation, son motif, on peut bien s'en moquer s'il s'agit de les faire disparaître. Par contre, s'il s'agit de les voir déambuler à nouveau en liberté, il me semble qu'il importe de s'enquérir de ce qu'il en retourne, du risque auquel on expose la société pour qu'un jury populaire ait auparavant prononcé la peine de la réclusion à perpétuité, peine qui, sauf erreur de ma part, n'est prononcée qu'à titre exceptionnel. Alors, allons-y, que les révoltés de Clairvaux nous dressent leur CV ; et que chacun d'entre nous nous dise si, en son âme et conscience, il souhaite que ces individus-là déambulent à leur proximité, à proximité de leur femme et enfants.

J.W

@ du bouffon à Véronique.

Il faut (hélas) exécuter Munia Abu-Jamal, alias Wesley Cook.

Cela suffit. La dignité humaine l'impose !

Messieurs, (puisque nos commentatrices ne se sont pas encore exprimées sur le sujet du jour) la seule réponse à apporter à "cette mort en prison" est d'exécuter la décision au nom de la "dignité humaine".

Je renvoie sur ce point aux réflexions pertinentes et provocatrices dont parle avec talent Jacques Vergès dans son dernier ouvrage. (Que mes guerres étaient belles !- essai - Editions du Rocher-Mars 2007).

La dignité humaine qui ne doit jamais être bafouée comme elle l'est aujourd'hui, est cette valeur suprême qui s'impose avant même les droits de l'homme.

Sans doute J.Vergès va à l'extrême quand il écrit que « l'adolescente irakienne violée par les soldats américains le bouleverse plus que les trois mille morts dans l'attentat des twin towers, parce qu'il place la dignité humaine au dessus de la vie ».

Il ajoute "c'est ce qui me fait estimer la peine de mort moins inhumaine que 30 ans incompressibles dans une prison cloaque".

Et, précise-t-il, "l'on comprend dans ces conditions que des condamnés à de longues peines demandent à être exécutés...ce que les Tartufes de la République leur refusent au nom des droits de l'homme."

Il monte d'un degré encore dans la juste provocation en écrivant "... des syndicats de magistrats quand leurs dirigeants de droite ou de gauche sont dans l'opposition, signent des manifestes pour dire que les prisons sont une honte. Cette bonne action faite, les mêmes magistrats continuent à y envoyer du monde coupable ou non."

Abu-Jamal, au nom de cette, de LA DIGNITE HUMAINE, doit maintenant, encore une fois hélas, mourir, en disant à ses juges, à la famille de la victime, aux spectateurs-maso " c'est pour vous aussi, que je meurs...pour vous redonner un peu de cette dignité humaine que vous m'avez volée".

Cela me rappelle « Suerte », le roman poignant de Claude Lucas.

Le 16 janvier 2006, "10 longues peines de Clairvaux" avaient lancé un appel public "des Emmurés vivants"( in Le Monde jeudi 16 février 2006 - p. 19-Enquête. L'Invisible fin de peine)

Ils demandaient le rétablissement de la peine de mort.

"Nous préférons encore en finir une bonne fois pour toutes (plutôt) que de nous voir crever à petit feu. Après de telles durées de prison, tout rescapé ne peut que sortir de prison au mieux sénile, et totalement brisé..."

Claude LUCAS ajoute que le plus pénible en prison, c'est ce temps très particulier,
"Le temps vidé de son sens qui s'écoule de vous-même comme une hémorragie.
Il y en a qui se vident de leur sang.
Nous, les prisonniers de longue peine, nous nous vidons de notre temps.
En cela je comprends les révoltés de Clairvaux".

M. LUCAS aurait dû dire " le temps vidé de son sang".

On apprécierait que l'illustre ministre, aujourd'hui sénateur (qui a toujours fait mon admiration- qu'on ne s'y trompe pas !) remonte à la Tribune et parle de cette peine de mort lente, de cette "perpétuité" qui serait une "torture, une euthanasie".

Il en parle d'ailleurs...

Le bien engendrerait-il le mal ?

Et la meilleure ouverture dans ce domaine de la Justice eût été de nommer Véronique Vasseur comme garde des Sceaux.

Je souhaite cependant bon courage à Rachida Dati, sans doute sait-elle ce qu'est la DIGNITE HUMAINE, mais les ors de la République font souvent oublier beaucoup de choses essentielles ?

Que survive la dignité humaine !

Marcel Patoulatchi

Parayre,

Je ne suis pas en désaccord avec monsieur Bilger. Je me contente de ne pas savoir la cause d'un tel délai avec l'exécution du condamné ou de la mutation de sa peine en une simple peine privative de liberté. Si ce délai est le fait des partisans du condamné, on ne saurait en blâmer la justice nord-américaine.


Jean-Dominique,

Votre précision « presque tous noir », dans « combien sont-ils - presque tous noirs », me semble appeler à commentaire.

Soulignez-vous par là que les condamnés sont fréquemment noirs aux Etats-Unis ? Soulignez-vous que les noirs sont sur-représentés dans la criminalité de ce pays ? Où suggérez-vous que le jurés dans ce pays serait fréquemment inspirés par le racisme, balayant dans la foulée le fait que l'accusation de racisme dans l'affaire évoquée n'est pas tout à fait étayée solidement ?

Ludo Lefebvre

Quelle horreur que ce couloir de la mort...
Je ne saurais dire quel est le plus horrible : rester entre quatre murs jusque la fin de ses jours ou mourir sur une décision de la société ? Je ne suis pas certain que la première solution qui est la plus facile à accepter pour le juge qui prononce la peine, soit la plus humaine. Il faudrait philosopher là-dessus et prendre les expériences sur place pour avoir un avis approchant.
En lisant votre note, je me demandais si la peine de mort était un réel frein, si elle empêchait des passages à l'acte dans les pays qui la pratiquent ? En France, son abolition, a-t-elle débridée les crimes les plus monstrueux ou le rapport de cause à effet dans l'esprit criminel est-il si ténu qu'il en est insignifiant ?
Je ne trouve même pas un "Que sais-je" ou une enquête sociologique sur le sujet. Aussi est-il délicat de s'exprimer en totale ignorance.
Il est, de toute façon, amoral de laisser un homme avec un compte à rebours déréglé quel que soit son forfait. Il doit effectivement être exécuté de suite ou incarcéré, mais ne pas subir cet enfer indigne, je suis bien d'accord avec vous.

Jean-Dominique Reffait

Peroixe, ayez la courtoisie de respecter l'ordre du jour proposé par Philippe et ne substituez pas vos priorités aux siennes. Quand je suis invité chez quelqu'un, je n'apporte pas mon sandwich pour le bouffer tout seul sur le balcon. Un commentaire hors sujet a toutes les chances de ne pas être lu, ce que je me suis empressé de faire concernant le vôtre.

Jean-Dominique Reffait

Abu Jamal est une icône et combien sont-ils - presque tous noirs - à avoir été exécutés des années après leur condamnation ?

Mais la justice française n'est pas exempte de reproches en la matière lorsque d'acquittements en condamnations et en cassations (au pluriel tout ça, s'il vous plait), une procédure criminelle peut tourner au cirque judiciaire pendant 12 ans !

Tout porte à croire que, dans certains cas, la machine judiciaire s'emballe toute seule, les procédures s'enchaînent aux procédures, personne n'acceptant de jeter l'éponge dans un monde judiciaire qui fait parfois de causes précises des enjeux de carrière ou d'ego de magistrats. Qui peut mettre fin à ces situations ubuesques si ce n'est le politique ?

Parayre

@Marcel Patoulatchi : voulez-vous dire, après Saint-Augustin, qu'"on peut être cruel en pardonnant, de même qu'on est miséricordieux en punissant" ?

"La mort n'est pas un mal, son approche en est un" a écrit Quintus Ennius dans son "Médée"...


Comment, en toutes hypothèses, ne pas approuver Ph.B après avoir lu son billet ?

Marcel Patoulatchi

Je serais curieux de savoir ce que le condamné pense de sa réclusion préalable à son exécution. S'en félicite-t-il dans la mesure où elle délaye son exécution, où elle rend acceptable un tel délai ?

Peroixe

Quelque émouvant que soit le sujet traité aujourd'hui, je me sens un peu frustré. J'attendais un commentaire sur le nouveau gouvernement. Je suis donc obligé de recourir à ma boule de cristal dont j'ai pourtant constaté à plusieurs reprises la fiabilité toute relative.
Voici ce que j'y ai vu et lu :
Une image d'abord : un ruisselet. En remontant le film, j'ai compris qu'il provenait des larmes accumulées de tous les laissés-pour-compte.
On attendait un tremblement de terre gigantesque dans la redistribution des " périmètres " ministériels. C'est un séisme de magnitude un peu supérieure à la moyenne.
La parité. Promise, tenue, nécessaire pour plusieurs raisons : la première, c'est qu'on ne pouvait plus faire autrement, ce qui évite d'énumérer les autres.
L'ouverture. Mériterait des gloses hectométriques :
En soi, c'est une grosse pierre dans le jardin socialiste. Le P.S. a tellement répété qu'en 2002 Chirac avait manqué l'occasion de faire un gouvernement d'ouverture qu'il ne peut qu'être comblé.
Ouverture a comme corollaire trahison ou, pour être moins abrupt, infidélité. Dans les moments d'optimisme, on peut même envisager des conversions sincères. En tous cas, Nicolas avait une bonne réserve de lentilles.
Gros poisson dans les filets sarkozyens : Bernard Kouchner. Mettre le P.S. dans l'embarras pouvait déjà passer pour un argument déterminant. Vu le spectre politique parcouru ( de 1968 à nos jours ), les distances abattues ( globe trotter méritant de l'ingérence humanitaire ), la confrontation aux problèmes aigus de la planète, B.K. a évidemment acquis une expérience inégalable. Alors, coup double pour le Président ?
Moins spectaculaire parce qu'il touche des personnages plus discrets, le ralliement de Jean-Pierre Jouyet et Martin Hirsch pourrait se révéler la bonne surprise.
Eric Besson : comment contourner le terme de trahison à son sujet ?Aujourd'hui, Flaubert écrirait peut-être dans son Dictionnaire des idées reçues : " Transfuge : toujours se méfier ". ou pire, ce qu'il disait d'Epicure : " Le mépriser ". Le statut de transfuge est lourd à porter.
L'accès de l'UDF Hervé Morin au gouvernemnt s'apparente à la fin d'une fugue de garnement qui retourne au bercail dans la joie réciproque.
Avant de vous quitter pour quelque temps, je vous invite au sourire avec cette pensée de Ségo ( celle qui n'a pas encore découvert ce blog ): " Il faut rapidement désigner le candidat ou la candidate ( à la prochaine présidentielle ) et faire le programme avec elle ". Se non è vero...

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