Demain sera annoncée la composition du gouvernement, avec François Fillon pour Premier ministre. Les supputations ont beau se multiplier, il est vraisemblable que quelques surprises nous seront offertes. A commencer par la fonction éminente de garde des Sceaux, qui semble aujourd'hui promise à notre collègue Rachida Dati, qu'il ne m'a jamais été donné de rencontrer au fil du hasard judiciaire.
Hier, j'ai regardé à la télévision la belle cérémonie de passation des pouvoirs à l'Elysée. La classe et l'allure de l'ancien président, avec sa mélancolie dissimulée sous un abord souriant, ont suscité des applaudissements nourris et chaleureux. Son successeur a fait un remarquable discours dont la grande force interne - et c'était la caractéristique éclatante de sa technique orale lors de toutes ses interventions - venait du fait qu'il appelait le consensus tout en n'estompant pas la netteté des choix politiques à accomplir.
Au cours de l'après-midi, le président Sarkozy a innové en rendant hommage à des résistants, notamment à Guy Môquet, jeune homme de dix-sept ans fusillé au mois d'octobre 1941. Une approche superficielle aurait pu laisser croire qu'on se retournait à nouveau vers un passé sombre et que la République se couvrait de cendres. En réalité, pour être subtil, le changement par rapport à l'industrie de la repentance était clair. On admirait ce qui avait été accompli au lieu de le dénoncer. On s'armait d'espoir pour demain au lieu de s'imprégner de désespérance pour hier. Des vertus exceptionnelles, couronnées par une mort assumée et acceptée avec grandeur, étaient exaltées, tandis que sur le mode répétitif, on avait pris le pli de s'accuser de comportements indignes ou prétendus tels. La première attitude donne du carburant moral et intellectuel à un pays, la seconde lui prenait son énergie.
Sur France-Info, j'ai pu écouter les bribes d'un débat entre Laurent Joffrin et Nicolas Beytout sur cette démarche de Nicolas Sarkozy. Le premier l'estimait sincère mais aussi calculateur, le second mettait en exergue sa volonté de transgression dans tous les domaines.
Je ne suis pas persuadé que l'une et l'autre position soient bien fondées. Je me permets de le dire en tant que citoyen ayant cherché à se tenir informé du détail des péripéties politiques et présidentielles et en qualité d'avocat général aux assises qui, sur un autre registre, a aussi besoin d'une appréhension globale de la réalité.
Ce qui me semble en effet déterminant chez Nicolas Sarkozy, plus que la tactique, davantage que le goût de la provocation, c'est l'obsession de la plénitude. Il me semble que certains esprits sont ainsi constitués qu'ils éprouveraient une véritable souffrance devant la mutilation du réel. Analysée de la sorte, la référence à Guy Môquet représente le souci, devant l'épreuve à venir, de ne pas oublier un élément, un honneur, un exemple. De la même manière que les invocations à Jean Jaurès, la suppression de la double peine hier, le libéralisme volontariste constituent les moyens dont une personnalité dispose pour rassembler, dans sa pensée et pour son action, la totalité du monde. Certes, cette exigence de plénitude peut voir son contenu discuté voire nié mais il n'en demeure pas moins que ce serait faire fausse route que d'attribuer à du calcul et à de la manipulation ce qui relève plutôt de l'expression d'un tempérament qui n'a pas d'autre choix que mettre son emprise sur tout ce qui s'offre. La pratique classique, en politique comme ailleurs, consiste à adapter son esprit au rôle qui vous a été assigné : un président de droite avec une vision hémiplégique de la vie sociale et de l'esprit public, pour demeurer fidèle à ce qu'il croit être son camp. Un président de gauche agissant de même en s'appropriant l'autre moitié délaissée. Ils ne trahiraient pas leurs partisans peu éclairés mais l'intelligence et la vérité. Il y a des caractères qui ne peuvent pas se contenter de la partie mais qui ont besoin du tout.
Lorsque Nicolas Sarkozy développe son projet, donnant l'impression d'accorder des contraires superficiellement disparates, il répond seulement au besoin que ressent tout véritable esprit, d'être totalitaire dans le bon sens du terme. Il va chercher la réalité partout où elle se trouve et au lieu de la présenter dans un fouillis dont on ne pourrait tirer aucun enseignement, il l'ordonne par le discours et la structure par la vision.
C'est sans doute au nom de cette volonté de tout ramasser et ramener dans son orbite, qu'on constate ou déplore, selon les goûts de chacun, l'irruption de quelques personnes qui paraissent plus contingentes que d'autres. Je ne veux même pas parler de Pascal Sevran ou Enrico Macias mais, par exemple, d'Arno Klarsfeld ou Georges-Marc Benamou. Ce n'est pas qu'ils soient utiles, mais laisser à la porte ces narcissiques persuadés de servir constituerait sans doute pour Nicolas Sarkozy une déperdition. Il ne choisit pas, il cumule. Si l'humain, toutes tonalités confondues, au gré des opportunismes, des voltes ou des compétences, vient dans sa besace, tant mieux. Bienvenue à tous dans la maison du président.
J'ai fait allusion à la stratégie judiciaire et au rôle de l'avocat général aux assises. J'ai toujours pensé - et plus que jamais aujourd'hui - qu'il avait la mission de manifester un impérialisme bienfaisant, d'appréhender une totalité. En aucun cas, l'accusateur ne doit admettre d'être réduit à l'examen d'une portion congrue de la vie qui serait celle, artificielle et infirme, que son statut lui accorderait. Il est légitime à se vouloir et à se camper, sans arrogance mais avec confiance, comme un commissaire du gouvernement de la vérité puisque dans l'enceinte criminelle, il est la partie la plus libre qui soit. Je n'ai jamais accepté la tentation qu'on sent poindre souvent d'un jeu de rôles, d'un rituel programmé, d'un débat tronqué. S'il ne s'agissait que de tactique, si cette appropriation du réel ne résultait que de l'envie d'enlever l'argumentation et la parole sous la langue de l'avocat, elles seraient vite déjouées. Ce qui parfois rend redoutable cette machine impérieuse de l'accusation, c'est l'expression d'un élan et le poids d'une sincérité, l'affirmation d'une personne. On n'a pas le choix : il faut tout prendre pour tout restituer.
Le discours qui se croit habile est le pire qui soit. Trop vite découvert, trop facilement contredit. Nicolas Sarkozy convainc parce qu'il se met dans ce qu'il dit. Tant qu'il saura épouser toutes les facettes de la réalité, la politique aura une chance d'être prise au sérieux.
@ Ségo
Je pense que bien au contraire, rien n'est clos. Les opportunités de construire quelque chose de novateur sont innombrables aujourd'hui, surtout au PS, pour qui veut s'impliquer dans un mieux pour notre pays.
Je ne souhaite pas entamer avec vous une polémique stérile sur l'utilisation du tout sondage.
Mais quand même Ségo.
S'il fut un candidat perméable aux sondages et au "que demande le peuple", il me semble que SR a su ne pas systémiquement mépriser cela au départ de sa campagne. Ce fut son argument de poids pour obtenir son investiture.
Mais nous sommes d'accord.
En référence avec ce que je viens d'écrire, il va de soi que les sondages sont loin de tout faire. Après, il convient de construire un programme cohérent, compréhensible et qui sait bousculer les immobilismes intimes qui structurent chaque électeur, quel qu'il soit.
En clair, parier sur leur capacité à dépasser leur propre paysage idéologique et leur seule communauté d'intérêts.
La capacité de NS à prendre en compte un Tout dont nous parle Philippe participe, je le pense, de ce talent ou de cette exigence.
ps: pour la télé. Eh bien oui !
Figurez-vous que ma première motivation pour regarder Dati / Montebourg, c’était d’abord écouter A. Montebourg. Je suis fan, on va dire, de sa "télégénie" et de son éloquence.
Rédigé par : Véronique | 21 mai 2007 à 08:52
Il faut dire que le matraquage médiatique autour de l'ouverture qui n'en est pas une est tellement bien fait qu'on voit les dégâts sur l'opinion
On n'entend et on ne peut lire que ça et très peu de place pour le reste si ce n'est pour dire que ce reste, justement, n'est pas sérieux
Une petite anecdote sur ce matraquage médiatique : le matin de l'annonce du gouvernement, j'ai allumé ma radio pour connaître la composition de ce dernier
et je suis arrivé trop tard : on était arrivé à la réaction de F. Hollande et l'introduction était la suivante : "crise au PS après le ralliement de plusieurs de leurs anciens membres au gouvernement Fillon; gouvernement dit de l'ouverture"
Mais finalement, je me suis aperçu qu'à part Kouchner, y'avait personne d'autre
Alors je me suis dit, l'ouverture a du se faire au centre
et là personne si ce n'est Morin déjà adoubé par NS dès le 22 avril
Mais bon à lire les journaux et à regarder les différents JT : ça y est la politique a changé, l'ouverture et la fin du clivage gauche-droite est terminé, tout va dans le meilleur des mondes
En gros : vous avez intérêt à voter UMP aux législatives sinon vous risqueriez de mettre par terre tout ce superbe travail
Et ça marche, le marketing a pris
La vague bleue va déferler sur la France et on va se retrouver comme il y a 5 ans avec un Parlement absolument pas représentatif du peuple français
et après on s'étonne que ça aille mal...
... mais si 69% des sondés sont contents ... alors, que demande le peuple
Rédigé par : Ségo | 20 mai 2007 à 23:50
@ Ségo
"Enfin pour en revenir à l'ouverture du gouvernement Sarko : je me suis demandé, où était-elle ?"
Elle est là, sous vos yeux:
"Un total de 69% des Français se disent satisfaits de la composition du gouvernement de François Fillon annoncée vendredi, selon un sondage Opinionway publié dimanche 20 mai sur le site Internet du Journal du Dimanche (leJDD.fr)." Le nouvel obs.com
Je n'ai absolument pas la religion des sondages. On va dire que c'est juste une indication, un panneau fléché, si vous préférez.
"Quant à R. Dati : ça en dit long sur les intentions du président quant à la réforme de la justice : on met une débutante en politique à un poste plus qu'important"
Je l'ai dit hier à Philippe.
Quand R. Dati parle à la télé face à A. Montebourg, on ne voit qu'elle et on n'écoute qu'elle. La personnalité de cette jeune femme provoque de l'adhésion. Et je pense aussi que c'est parce qu'on perçoit chez elle une forme de fraîcheur, pas encore étouffée par les trucages ou les mots tout prêts à l'emploi des politiques, alliée à une caractère et à une précision dans ses arguments, qu'on imagine que sa supposée fragilité sera un atout très conséquent "à un poste plus qu'important".
Rédigé par : Véronique | 20 mai 2007 à 19:05
Je n'en reviens toujours pas que Devedjian n'ait pas eu un poste de ministre malgré ses compétences et tout ce qu'il a trimé et apporté au cours de la campagne. Lui, en plus, c'était un excellent porte-parole.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 20 mai 2007 à 18:11
Oh qu'il est beau ce gouvernement d'ouverture ! et quelle ouverture dites donc !
un ministre de gauche point barre et quand je dis de gauche : il faudra encore s'entendre sur la signification du mot
Parce qu'un homme qui a fait la campagne de SR pendant des mois critiquant le projet NS et qui sitôt les élections terminées rejoint l'adversaire : y'a de quoi se poser des questions sur la profondeur de ses engagements et de ses convictions !
Mais d'ailleurs Kouchner va devoir mettre de l'eau dans son vin parce qu'il ne pourra plus dire et faire ce qu'il faisait en tant que fondateur de MSF
Désromais ministre des Affaires étrangères, je l'attends avec impatience sur le dossier du Darfour : quand on sait qu'il est pour l'ingérence humanitaire : ça risque de faire des étincelles au niveau international
sans parler de sa position sur la guerre en Irak puisqu'il était le seul à être en faveur de l'intervention militaire à l'époque
d'ailleurs cette nomination fait un tabac dans les pays arabes
Enfin pour en revenir à l'ouverture du gouvernement Sarko : je me suis demandé, où était-elle ?
Kouchner mis au Quai d'Orsay c'est-à-dire à un ministère qui est de la compétence du président et qu'avec le nouveau conseil de sécurité institué par NS : le vrai ministre des Affaires étrangères sera le directeur ( dont j'ai oublié le nom ) de ce conseil et NS
Quant à H. Morin censé incarner l'ouverture au centre : il a quitté le navire Bayrou depuis le 22 avril dernier pour rejoindre NS
donc pour ce qui est de l'ouverture au centre : on peut faire mieux
la véritable ouverture aurait été de mettre des socialistes et des centristes à des postes clés et pas dans des placards
ce gouvernement n'est qu'un produit marketing destiné à gagner largement les législatives
Quant à R. Dati : ça en dit long sur les intentions du président quant à la réforme de la justice : on met une débutante en politique à un poste plus qu'important
c'est une sorte de friandise accordée par le maître à l'élève qui l'aura soutenu pendant toute cette campagne
mais bon wait and see...
Rédigé par : Ségo | 20 mai 2007 à 18:01
@ Jean-Dominique
" Lessiver l'héritage de Mai 68 avec Kouchner ou un "Grenelle" de l'environnement, c'est quand même poilant. "
Alors je ne vous comprends plus.
Vous nous dites au départ de la note de Philippe que le peuple réclame "panem et circenses". Il me semble que votre référence Borgia, votre mise en avant de la trahison et B. Kouchner fossoyeur de 68 se situent pas mal dans ce style ou dans cette école "circenses".
Je considère que le livre d’E. Besson est de trop, une faute de tenue et une forme d’injure faite à SR. Maintenant, au-delà de ce qui apparaît comme un règlement de comptes personnel, qu’ont "trahi" E. Besson ou B. Kouchner ?
Un PS fantomatique, divisé, au meilleur de lui-même dans les querelles politiciennes, qui en 5 ans n’a pas su mettre en place une proposition politique fiable et solide, susceptible de convaincre une majorité. Des responsables politiques qui n'ont pas su saisir l'opportunité SR. Les toutes premières positions de la candidate se situaient dans des clous que je pense justes.
Oui, de bons professionnels en économie, il en existe à droite. Il suffit pour s’en persuader de revoir le débat Sarkozy / Royal. Dans ce domaine l’un a plus convaincu que l’autre. Et très nettement.
Vous me parlez de morale politique.
Je vous dis ce qui pour moi pourrait illustrer une immoralité en politique. Quand dans le privé nombre de politiques et de médiatiques de gauche savent et disent que sur le fondamental proposé par NS : immigration, 35 h, restauration des valeurs républicaines, NS a raison. Mais que pour ne pas déplaire à ce qui constitue leurs clientélismes de base, pour ne pas avoir à se fracasser eux contre leurs rêves idéologiques perdus, ils n'ont pas cessé en public de transformer NS en un Mussolini et en un facho.
Pouvez-vous envisager que des Kouchner, des Besson, des Hirsh, etc. en aient eu plus qu’assez de ce jeu de cirque-là ?
Enfin, pour ce qui est des fidèles de NS. Défendre un projet politique ne doit pas être nécessairement lié à l’espérance de l'obtention d'une récompense.
Rédigé par : Véronique | 20 mai 2007 à 10:48
Pauvre 12ème arrondissement, même si c'est celui que j'aimais le moins lorsque j'habitais Paris.
Existe-t-il des places de parking suffisamment grandes pour les Ferrari des fils à papa de l'ultra-gauche à Reuilly-Diderot ?
Mais non, je date, les libéraux libertaires font maintenant du roller skate, c'est plus écologique, Karlsfeld en est d'ailleurs un fervent pratiquant.
Vont-ils réussir à faire de Paris, un jour, une ville sans voitures, sans pauvres, sans classes moyennes, sans ploucs et autres pollutions qui leur sont insupportables, qui sait ?
Se loger dans la capitale est devenu si cher, que c'est bien possible.
Si Karlsfeld est élu, je propose une liste avec Steevy et les musclés dans cet arrondissement aux prochaines élections, je suis assez bête pour essayer de le faire.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 20 mai 2007 à 03:56
Kouchner est depuis si longtemps en quête de poste qu'il n'allait évidemment pas manquer l'occasion. Cette outrecuidance de médecin me dérange, le genre : vous ne savez pas qui je suis moi qui sauve des vies, je vais vous faire la leçon bande de petites choses...
Malgré la répugnance que je ressens devant ce genre de personnalités vaniteuses et oportunistes, je pense qu'au regard de son expérience, il peut être un très bon ministre des Affaires étrangères. Le fond de cet homme, par habitude, je ferai avec. De toute façon, il a toujours été très présent dans les médias avec ou sans fonction, cela ne changera pas grand-chose, nous devrons toujours subir son supposé réalisme et notre supposée ignorance.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 20 mai 2007 à 03:42
Georges-Marc Benamou à l'Elysée sur http://phverant.blogspot.com/2007/05/georges-marc-benamou.html
Rédigé par : Jean | 19 mai 2007 à 20:28
Oui Véronique, j'entends tout cela même si ce que vous exprimez ressemble beaucoup à la démarche de Bayrou. Je l'ai même écrit : ça peut marcher.
Cependant, je peine à croire qu'il n'existe pas d'experts économiques excellents à droite et qu'il faille en débaucher un à gauche !
Il s'agit aussi d'une démarche potentiellement efficace : les traîtres démontrent par-dessus tout leur souplesse idéologique, ce qui peut correspondre à une efficacité sur le terrain. C'est ainsi que les fidèles sarkozystes ont été éliminés, suspectés d'être trop fidèles à leurs idées. Pourquoi pas ?
Je n'ai jamais défendu la morale en politique et nos grands ministres de l'histoire (Richelieu, Mazarin, Clemenceau) étaient aussi de grands corrompus, ce qui ne me choque pas du tout. Mais qu'on ne me parle plus de morale politique : ce qui est grave n'est pas qu'un politique pique dans la caisse mais qu'il pique plus qu'il ne rapporte.
Lessiver l'héritage de Mai 68 avec Kouchner ou un "Grenelle" de l'environnement, c'est quand même poilant.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 19 mai 2007 à 20:27
@ Jean-Dominique
Il y a un livre paru l’année dernière qui me laisse un mauvais souvenir. Celui de Franz-Olivier Giesbert "La tragédie du président". Ce livre a pas mal distrait le microcosme politique et médiatique. Pour ma part, j’ai été triste, en colère et affligée par le contenu de ce livre.
Alors les Borgia, les trahisons, les poisons, le roman noir politicien, je pense qu’ils font surtout parler ceux qui sont toujours scotchés à ces petits mondes qui se complaisent à s’invectiver. Pour le bénéfice d’un presque rien.
Et face à eux, trop souvent en profil perdu, une société et un pays qu’il faut remettre en état de marche et dans une logique de réussite.
Je considère que des B. Kouchner, des M. Hirsh et même des E. Besson ont leur rôle à jouer dans les actions qui seront entreprises. Je n’ai aucun goût pour le militantisme moqueur qui nous contraint à penser l’action politique uniquement comme que le résultat de calculs sordides ou cyniques. Je ne sous-estime pas non plus la nécessité d’une stratégie. Mais je pense que ce qu’a tenté NS va au-delà de cela.
Je suis d’accord avec Philippe. NS prend un Tout.
Il a peut-être aussi juste pensé qu’en face d’un microcosme qui a su faire preuve de son inefficacité et de son mépris pour les réalités, il y a également une collectivité et un intérêt général, et les exigences qui vont avec.
Rédigé par : Véronique | 19 mai 2007 à 08:55
J'ai le tournis ! Dès que je consulte un journal, "il court, il court le furet, tiens il est passé par ici, tiens il est passé par là !". On l'attendrait même au festival de Cannes, il est vrai que Cécilia a répété la montée des marches à l'Elysée, on s'est cru un moment sur le tapis rouge à Cannes, dans les deux cas, c'est vrai, une affaire de palais...
Quant à "l'ouverture", quel symbole...
Le Président a pourtant chanté l'honneur aux "enfants de France" avec force et lyrisme (juste un peu trop hélas pour ne pas tomber dans l'excès) alors pourquoi récompenser le traître Besson et offrir une des plus belles missions à celui qui a été le champion de toutes les allégeances en un mois (Royal, Bayrou et maintenant Sarkozy...). L'honneur, on n'y croira plus dans la bouche du Président, ni dans celle de certains de ses ministres...
Rédigé par : Bulle | 19 mai 2007 à 08:36
Louons le Parti Socialiste qui a su offrir à la droite un expert économique désormais chargé de la prospective économique et de l'évaluation des politiques publiques ! Je ne doute pas qu'Eric Besson ait été nommé parce qu'il était le plus compétent parmi des tas de candidats de droite authentiques mais tellement moins bons que lui et je tremble à l'idée que Besson n'ait pas trahi salement son camp : Sarkozy contraint de se choisir un médiocre de droite en lieu et place de l'excellence d'un expert socialiste et rêvant la nuit à cette improbable chimère : "Ah si seulement j'avais un expert socialiste !"
Il va falloir des chaussures anti-dérapantes au conseil des ministres pour éviter les peaux de bananes. Ambiance Borgia à l'ordre du jour : Juppé et MAM en embuscade, les fidèles Robien, Copé et Devedjian virés au profit des traitres Morin, Kouchner ou Besson. Le cyanure va couler à flot ! La mort subite rôde !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 18 mai 2007 à 21:51
Rachida Dati à la justice est une bonne chose. Au-delà du symbole de l'intégration réussie qui pourrait ressortir d'une telle nomination, il y a aussi la vision d'une femme de volonté qui a su croire en elle et aux valeurs de la République. Espérons que les jeunes des banlieues la prennent en exemple ... et même ceux qui ne viennent pas des "banlieues".
Rédigé par : Bernard | 18 mai 2007 à 18:01
"Loc bilgerienne : La bouillie épouse toutes les facettes de la réalité."
dit Stubborn un peu buté (?)
encore une épouse étrange , non ?
sinon R.D les initiales de Rachid Taha , un vrai musicien , lui aussi !
pas le rap tout , non , heureusement mais le Raï moderne !
Rédigé par : Cactus qui en perd son lutin | 18 mai 2007 à 17:52
@Jean-Dominique Reffait
Je ne pense pas que le peuple se foute de la Démocratie, je crois simplement qu'il en a perdu le sens et l'essence. Quant à " panem et circenses", hélas, mille fois hélas, je vous donne raison ; en espérant que nos vues ne soient pas prophétiques et que la France comme l'Europe ne finissent pas comme Rome.
Rédigé par : Bernard | 18 mai 2007 à 17:50
Bouillie [buji] n.f. ◆ Aliment plus ou moins épais fait de lait ou d'un autre liquide et de farine bouillis ensemble, destiné surtout aux bébés qui n'ont pas encore de dents.
Loc bilgerienne : La bouillie épouse toutes les facettes de la réalité.
Rédigé par : Stubborn | 18 mai 2007 à 16:02
L’élection présidentielle a démontré qu'entreprendre des réformes structurelles dans ce pays pouvait être compris et encouragé par une majorité de nos concitoyens. Je pense également que son résultat répond à une exigence de pragmatismes dans les mots et dans les actions.
NS a su convaincre et il sait se donner les moyens de réaliser ce qu’il a proposé.
Les personnalités controversées qui rejoignent le gouvernement et NS sont pour certains, au mieux des opportunistes, au pire des traîtres.
Je pense que la question de l’opportunisme et de la trahison ne se pose pas pour NS. Son "cumul" est à l’image de l’homme qui place en premier la vertu de l’action et l’impératif du résultat.
Je comprends que pour les amoureux de philosophie politique et les toujours noyés dans les arrangements ou les subtils dosages d’autrefois qui, à force d’être incontestés et sans cesse reconduits, étaient devenus inertes, désespérants et inopérants, le style "généreux", offensif ou la volonté de "plénitude" - qui prend en compte un tout - de NS dont vous nous parlez, soit déconcertante, énervante, voire repoussante.
Mais tout le reste fractionné à l’exagération qui caractérisait le "bel" autrefois a échoué.
Alors...
Rédigé par : Véronique | 18 mai 2007 à 13:45
C'est officiel Rachida Dati est notre nouveau (nouvelle ?) garde des Sceaux !
Je ne peux que lui souhaiter bonne chance car les réformes dont nous avons besoin ne vont pas être faciles à élaborer. Sa qualité de magistrate semble être un atout mais je pense que les syndicats (SM en particulier) ne vont pas lui faire de cadeau.
J'ai confiance en elle car son parcours montre que c'est une femme méritante, et surtout une femme qui sait tenir le cap.
Certes elle n'a pas exercé longtemps ce métier mais elle nous fera sans doute oublier son manque d'expérience.
Rédigé par : Jean Philippe | 18 mai 2007 à 10:28
Que Honneur soit rendu aux résistants plutôt que horreur rendue aux collabos est une excellente idée, les deux font partie de l'histoire certes et il n'y a nulle négation à faire, mais se tourner sur la France du courage enfin est un bon signal. Je n'ai vu ceci à aucun moment comme de la repentance, mais comme une nécessaire voie à suivre pour notre bien-être commun.
En essayant d'être juste, au regard de mes quelques faibles connaissances, je ressens ce besoin de dire aussi le positif, mes accords. L'hommage à Guy Môquet en fait partie, la psychologie collective ne peut que mieux s'en porter.
Pour le tout, je suis plus sceptique, car comment faire l'unanimité dans la dichotomie sans tomber dans une schizophrénie de la France.
Je crains qu'à trop rassembler, ce soit la confusion, la dispersion, le tout et son contraire qui règnent, plus qu'une directive, une ligne de conduite. Certes, il faut savoir être large, mais comme pour la tolérance, quelles sont les limites à définir ?
Fillon est le garde-fou qui me rassure dans ce gouvernement. Outre ses compétences qui ne sont plus à prouver, il entre dans la même ligne gaullienne sociale que la mienne et je compte sur sa clairvoyance pour que nous devenions des libéraux qui ne se font pas avaler par l'ultra-libéralisme. Premier ministre est le poste qui lui sied, cela m'apaise de le savoir là.
Je crois que N S va effectivement faire tout ce qu'il a dit, mais que ce sont les définitions qui vont bouger, là est le piège.
J'ai dit mon investissement moral pour une justice qui doit retrouver ses lettres de noblesses et sur ce que je pensais de Rachida Dati, aussi je m'en tiendrai là pour l'instant.
Il faudra que le tout ne soit pas le flou, car c'est un sentiment de duperie qui ne pourrait qu'en ressortir. Je ne peux que souhaiter le meilleur pour mon pays... Il va falloir du résultat, du vrai.
Être subversif systématique, pour le plaisir est un exercice que je comprends, dont je vois la nécessité, mais que je n'approuve pas. Je préfère une subversion qui soit constructive, qui soit présente lorsque le besoin s'en fait sentir, aussi je garde l'espoir d'être en accord avec ce qui se fera ou non. On vit toujours mieux dans l'harmonie. Le but de mes diatribes parfois violentes est toujours qu'elles disparaissent ou deviennent obsolètes, je m'évite également le piège de l'idéalisme.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 18 mai 2007 à 01:05
Devant la puissance des syndicats et leur brio, il faut le reconnaître, il faut une sacrée force de caractère, de la stratégie, de l'affirmation...
J'attendais un(e) ministre qui soit de grande envergure dans l'espoir d'un véritable travail de fond. Le ministère de la Justice me semble hélas la rubrique des chiens écrasés, je me demande encore pourquoi, il ne lui ait pas donné la une.
J'ai envie de cet apaisement, les tensions évidentes sur le territoire qui durent quand même depuis de nombreux mois commencent à être pesantes. J'espère que les stratégies qui me semblent mauvaises, ne le sont pas et que je suis entièrement dans l'erreur.
Faire vite et en douceur me semble contradictoire surtout sur une solution qui ne peut être que longue.
Puissions-nous trouver la bonne alchimie pour être serein sans être abandonnistes.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 18 mai 2007 à 00:28
Jean-Dominique Reffait l'a dit mieux que moi.
J'allais parler de vieux trucs éculés, comme le culte de la personnalité.
Malgré toute l'intelligence et la culture qui sont les vôtres, je trouve que vos discours sur NS fleurent pas bon la flagornerie.
Cela me surprend d'autant plus que sur d'autres sujets, vos analyses sont raisonnées.
Rédigé par : Jacky Liebgott | 17 mai 2007 à 23:36
Les discours prononcés au long de ces derniers jours n'ont en effet pas manqué de force : manifestement porteurs de messages, souhaitons qu'ils seront aussi instruments d'action.
PS : Rachida Dati, entrée dans la magistrature seulement en 1999, n'a que très peu exercé en juridiction : deux ans en qualité de juge à Peronne puis deux autres comme substitut à Evry avant de rejoindre la Chancellerie et immédiatement les cabinets de NS ...L'avenir nous dira si elle saura faire oublier son inexpérience manifeste et s'imposer dans un "monde" aussi florentin que conservateur.
Rédigé par : Parayre | 17 mai 2007 à 22:09
encore un billet bien ficelé !
juste une remarque :
"Tant qu'il saura.... épouser toutes les Sarah Facettes de la réalité , la politique aura une chance d'être prise au sérieux."
ha bon !
il n'est plus avec sa Belle Cécilia ? :-(
amitiés cactées en ce viaduc - pour certains !
Rédigé par : cactus aime le mot dit | 17 mai 2007 à 21:48
Avec beaucoup d'intelligence, vous faites le portrait de ce qu'on appelle en politique le césarisme. Vous en dressez ici les aspects admirables et enthousiasmants. Peut-être en énumérerez-vous dans une note prochaine le catalogue des désagréments voire des catastrophes qui en découlent. Le peuple s'en fout de la démocratie, il veut du pain et des jeux.
Mince, j'ai oublié de traduire en latin : panem et circenses !
Le sens de la trahison semble être, sous couvert d'ouverture, le mieux partagé aujourd'hui. Au nom d'une conquête éperdue du pouvoir, le principal protagoniste donne l'exemple : soyez moderne, trahissez sans vous cacher. L'important est, dans cette volonté de tout embrasser, de ne plus rien laisser derrière soi, d'éteindre toute contestation. Mais après tout, ça peut marcher et la défense de la démocratie doit-elle persister quand les oligarques de tous horizons se rassemblent pour lui clouer le bec ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 17 mai 2007 à 21:41