Le débat tant attendu a eu lieu et, pour rester superficiel, Ségolène Royal a étonné par sa pugnacité énervée et harcelante et Nicolas Sarkozy par sa maîtrise de soi tellement cultivée qu'on aurait presque souhaité une explosion. Mais elle n'est pas venue de son côté.
Je garde pour moi ce que je pense de la fiabilité et de la pertinence de leur projet économique, social et politique.
J'aimerais interroger Nicolas Sarkozy sur un seul point mais qui me semble important. Je n'ai pas l'intention de me livrer à une psychanalyse de bazar et je ne suis pas persuadé par la prétendue psychanalyse proposée par Gérard Miller, dont le savoir technique est fortement altéré par ses préjugés militants.
Je n'ai pas l'intention non plus de questionner Nicolas Sarkozy sur la médiocrité artistique et /ou civique des people qui l'entourent et le soutiennent. On prend ce qu'on trouve. Ni sur l'utilisation éhontée d'un homme qui ne brille pas par l'honneur et que même ses nouveaux amis devraient toucher du bout de l'esprit. Il s'agit d'Eric Besson, bien sûr.
Non, je souhaiterais que Nicolas Sarkozy nous fournisse la clé de son comportement lors du débat de jeudi soir, et je ne suis pas le seul à le solliciter sur ce plan : quelle est la raison pour laquelle il n'a jamais affronté le regard de Ségolène Royal, se tournant vers les journalistes, surtout Patrick Poivre d'Arvor, ou baissant la tête, notamment lors de la crise sans doute préparée avec soin par son adversaire féminine.
Pourquoi cette fuite du regard de l'autre ? La peur de perdre son sang-froid s'il se confrontait à elle, visage contre visage ? L'envie de manifester qu'elle n'était pas suffisamment importante pour pouvoir bénéficier d'une attention directe ? Une timidité surprenante devant la manifestation d'une femme forte et autoritaire ? L'adoption délibérée d'un rôle totalement à contre-emploi, d'effacement physique devant l'éclatante hégémonie de l'autre, sur ce plan ?
J'ai besoin d'une réponse. Car on n'a jamais pu douter du courage intellectuel de Nicolas Sarkozy. Je l'ai vu regarder dans les yeux des adversaires autrement plus déterminés et hostiles.
Alors ?
Pour Ludo,
J'ai noté les paroles du morceau de Julos Beaucarne qui te rappelle à... quelque chose de sensible.
J'aimerais garder ma vie telle qu'elle est, telle qu'elle est ainsi,
sans le moindre toit rien qui me sépare
de la large voûte
j'aimerais garder l'amitié du vent et du soleil
l'amitié du feu en la fin des jours qui jaillit en flamme
il est clair et fort et vient réchauffer
nos corps et nos âmes
monte en nous flamme de l'esprit
monte en toute la terre
les petits enfants dorment dans leur nid
la nuit les entraîne
ils ont laissé loin
derrière les soucis
et toutes les peines
car ils ont trouvé la maison
la maison de leurs rêves
là où tous les possibles sont
sans fin sans fin ni trêve
Rédigé par : Henri | 01 août 2007 à 23:27
Songeant à votre interrogation au sujet du regard de Nicolas Sarkozy, je me suis rappelé la mise en garde d’un de vos commentateurs au sujet des "signaux émotionnels" .
Évidemment, il s’agissait d’un tout autre débat puisque la réflexion d’Alain (votre commentateur d’alors) était en relation avec votre notre consacrée en septembre dernier aux caméras chez les juges.
Alain nous disait:
"Cette utilisation de la caméra pour "recueillir" la parole du prévenu ou de la victime vient flatter un penchant très naturel : celui de juger la sincérité d'une déclaration en se fondant sur des "signaux" émotionnels envoyés par l'interlocuteur, plutôt que sur la cohérence interne du discours ou sur la réalité des faits matériellement vérifiée (…)
(…) nombre de personnes souhaiteraient que les experts psychologues fassent une analyse uniquement "émotionnelle" de ces enregistrements sans se pencher sur le dossier !"
Je sais que ce que dit ce commentateur ne vous aide pas dans votre questionnement. D'autant plus que vous avez trouvé une réponse.
Mais bon...
Trop s'interroger sur "les signaux émotionnels", je ne suis pas sûre qu'à votre tour, vous ne soyez pas tenté par ce que vous appelez "le psychologique évanescent".
Rédigé par : Véronique | 07 mai 2007 à 12:34
ça y est :
l'oiseau est dans la cage !!
Un nouveau Barthez ou un nouveau Coupet ?
Rédigé par : Cactus | 06 mai 2007 à 19:04
@ Ludo
"Je suis d'accord avec vous, Véronique. Avec un peu moins, S R eut gagné beaucoup plus."
Ce n'est pas exactement cela que j'ai voulu dire à Catherine.
Au cours du débat, SR est parvenue à incarner l'idée qu'on se fait d'un responsable politique avec l'autorité et le caractère que je pense nécessaires pour l'exercice d'une fonction majeure.
J'ai voulu dire à Catherine que les positions initiales de SR étaient pour moi des positions de vérité et de courage politiques parce qu'elles se situaient dans une rupture et parce qu'elles comportaient le risque de déplaire. Assumées et confirmées par la suite, elles pouvaient lui garantir une très forte adhésion.
Les séductions dont je parlais plus haut étaient celles de son programme, à mon sens, d'une part, trop en contradiction les unes avec les autres et d'autre part, trop éloignées de ses choix de départ.
Vu ainsi, le plaire à tout prix en politique me semble être un choix en décalage avec les attentes et les besoins de notre société.
@ Philippe
Cette histoire de regard fuyant m'est assez indifférente.
Vous auriez été déçu à l'idée que NS ne regardant pas en face SR, cela pouvait apparaître comme une faiblesse dans sa détermination intellectuelle et politique.
Je pense que le courage chez autrui et en soi se mesure de mille autres manières.
Dans ce débat, il y avait bien sûr les attitudes, les tensions, les vigilances de chacun des candidats.
Il y avait tellement plus.
Rédigé par : Véronique | 06 mai 2007 à 08:43
Catherine,
J'ai été bercé par l'album : "Julos Beaucarne chante pour les enfants".
A mon tour, j'endors de ce répertoire poétique mon fils.
"J'aimerais garder la vie telle qu'elle est, telle qu'est ainsi. J'aimerais garder l'amitié du vent et du soleil. L'amitié qui vit, l'amitié qui meurt enfouit corps et âmes. Viens à nous flamme de l'esprit, viens en toute lumière..."
ou encore :
"Oyez, Oyez Ursulle,
Dis-moi pourquoi mon coeur brûle.
Je crois bien qu'il faudrait une pompe à vapeur pour éteindre le feu qui dévore mon coeur."
mais aussi :
"Grand-papa Nicolas
voulait tuer son chat.
Pour en venir à bout,
il le roua de coups.
Après bien des efforts,
il le laissa pour mort.
Nez, pattes, oreilles, poils et griffes, mais
le chat revint
le lendemain matin,
le chat revint, le fait est certain.
Nul ne saura,
ni comment, ni pourquoi,
mais dès le lendemain matin le chat était là..."
Je passe sur toutes les autres, autant de qualité.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 06 mai 2007 à 03:43
"Il faut reboiser l'âme humaine"
merci à vous pour cette citation : un homme bel et bon !
Sissi !!
'"à force de péter trop haut, le cul prend la place du cerveau".
et de rajouter
"à force de répéter trop hooo là là , le cul de se méprendre quant à la place du cerveau lent".
Rédigé par : philippe Cactus à Catherine | 05 mai 2007 à 23:23
@Ludo L : Beaucarne en ce blog ; je me pince pour y croire ; le voici en partance pour le Québec; bien rétabli aprés une sévère opération cardiaque ; et oui son coeur bat si fort qu'il fallait bien qu'un jour cela lui arrive. Puisque vous parlez des fats je vous offre cette pensée de Julos "à force de péter trop haut, le cul prend la place du cerveau". Pour l'anecdote, je l'avais accrochée, écrite par lui sur une grande étiquette sur la lampe de mon bureau devant lequel défilait pas mal de monde ; elle y était restée plus longtemps que je ne le l'espérais jusqu'à ce qu'un matin une main l'enlève, la jugeant un peu provocante. Mais le coupable se dénonça et fut donc à moitié pardonné.
Il faut reboiser l'âme humaine a écrit Julos, la nuit qui suivit l'assassinat de son épouse Loulou, une journée de Chandeleur, pendant qu'il se promenait avec ses deux bouts de chou, Christophe et Boris. C'est plus que jamais d'actualité. :)
Rédigé par : catherine A. | 05 mai 2007 à 17:56
Sarko lui avait une puce ; j'ai la vidée hooooooo là là !
alors égalité , non ?
Rédigé par : Cactus 37.2 le soir | 05 mai 2007 à 17:35
Je suis d'accord avec vous, Véronique. Avec un peu moins, S R eut gagné beaucoup plus.
Catherine,
Je pense qu'en politique dire qu'on ne veut pas de Doc Gynéco (qui a fait un DUT de compta), par exemple, serait très mal perçu. Au-delà de la représentation, il devient difficile de trouver un Brassens, un Ferré, un Brel, une Magny, un Beaucarne dans le show. Seraient-ils représentatifs du plus grand nombre, voyant qui vend le plus de disques ?
Je pense que notre paysage musical manque gravement de punks, de ténors, de rockers, de chansonniers. J'aimerais du texte, de la créativité, de nouveaux mouvements au lieu de reprises de chanteurs morts, de samples, de rimes faciles. Si je faisais de la politique, je mettrais volontiers en avant le soutien de la navrante Diam's pourtant plutôt que le violon électrique de Didier Lockwood ou le désespoir éthylique de Arno.
Le populisme est, à tort, un gros mot dans le langage politicien, mais qui peut se permettre de s'en priver ?
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 05 mai 2007 à 16:05
@ Catherine
Je pense que ce qui a changé dans la politique avec cette campagne électorale, c'est justement l'idée que vouloir séduire à tout prix est une stratégie assez vaine.
Le positionnement de séductions multiples de SR, au-delà de l'imagerie que nous avons évoquée, au-delà du fait qu'elle soit une femme, me semble l'avoir pas mal fragilisée.
Rédigé par : Véronique | 05 mai 2007 à 13:02
NS aurait "des yeux magnifiques", je préférerais pour ma part un regard. Voire cette âme que certains regards semblent dévoiler. Mais ne rêvons pas. Je n'ai rien à dire Marie-Christine, si vous êtes tombée sous le charme. Je note toutefois que le pouvoir rend beau... Quand il était Premier Ministre, les lectrices de Elle placèrent en tête des hommes avec qui elles partiraient volontiers en vacances, Laurent Fabius. Un résultat qui m'avait fait tomber de ma chaise... Gageons qu'en ouvrier de chez Renault, le même n'aurait pas fait une voix. Bon d'accord ce n'aurait pas non plus été tout à fait le même...
Personnellement, le pouvoir politique est un vrai repoussoir... L'arrogance de ces hommes toujours en train de séduire est souvent ridicule, au mieux pathétique... Certes un homme politique qui ne cherche pas à séduire peut changer de job mais quand même.
ps : Philippe, une de vos remarques m'a surprise : vous écrivez à propos des célébrités sarkozystes "on prend ce qu'on trouve ". Non Philippe, on peut aussi laisser. On doit même choisir. C'est un des privilèges de l'amitié et de l'amour. Catherine A.
Rédigé par : catherine A. | 05 mai 2007 à 11:52
@ Jean-Dominique Reffait
Vous êtes très mal renseigné sur les capacités de séduction de Sarkozy à ses débuts : il a des yeux magnifiques, il est absolument charmant en privé et je peux vous assurer qu'il ne risquait pas de souffrir du complexe du garçon dédaigné par les filles lorsque j'ai fait sa connaissance il y a 32 ans. D'ailleurs, sa première épouse est une très jolie femme, intelligente, sympathique, d'excellente famille qui aurait trouvé à se marier sans problème avec un "meilleur parti" si elle n'était pas tombée amoureuse de lui et réciproquement.
Rédigé par : Marie-Christine BLIN | 05 mai 2007 à 02:09
Ma réponse est que Nicolas Sarkozy s'est trouvé piégé, non par un sophisme, mais une posture de Ségolène Royal sur sa féminité.
Si monsieur Sarkozy avait eu un adversaire, au lieu d'une adversaire, nul doute qu'il aurait été plus incisif, que son regard aurait pu réfléter son adversité.
Mettons-nous à sa place, il est face à une concurrente en plein pendant le débat de la parité en politique, en pleine dénonciation certainement réelle du machisme, de la muflerie en politique.
S'il avait débattu contre SR comme il l'eut fait avec Jospin, Nicolas Sarkozy déja traité de dictateur dès qu'il essaie de faire régner un peu d'ordre se serait fait démonter en un round par les champions de la diabolisation.
Si il avait été encore plus déférent, il n'aurait pu argumenter sur son programme, apporter la contradiction à celui de madame Royal (pourquoi n'est-ce pas mademoiselle ?).
Intellectuellement, il est beaucoup plus simple d'être face à Le Pen ou Ramadan dans la charge lourde, l'invective que devant une prétendante qui s'est trouvée un fameux gilet pare-balle : je suis une femme et dénigrée de ce fait, allez lutter contre cet argument massue dans le contexte actuel.
Nous avons senti N S aller au-delà d'une naturelle correction, être inhibé devant la représentante du PS.
En hors sujet, je n'aimerais pas collaborer avec Marie-Ségolène Royal, j'ai remarqué de nombreux signes dans son comportement qui m'amènent à croire les différents livres de polémique de quelques-uns de ses anciens collaborateurs.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 04 mai 2007 à 22:39
Et si c'était une question d'oreillette?
Peut être NS avait-il du mal à accrocher le regard de SR si celle-ci tournait la tête afin qu'on ne voie pas le fil qui pendait derriere son oreille ?
Je confirme les propos de PPDA sur LCI
http://www.dailymotion.com/video/x1vx2q_segosarko-royal-porte-une-oreillett
Rédigé par : claude | 04 mai 2007 à 22:33
Vous évoquez « la manifestation d'une femme forte et autoritaire ».
J'y vois les gesticulations intempestives d'un pot de fleur.
Son programme fut conconcté via internet, glanant tout et n'importe quoi à droite à gauche (proposition de faire travailler les enseignants 35 heures, drapeau dans chaque maison, soutien à l'entrave à l'application des règles administratives en matière d'immigration, élévation du smic pro-inflation, « bravitude », célérité de la justice chinoise, etc). Je ne comprends pas comment il est possible de se fier à quelqu'un qui a tant de fois manifesté sa vacuité intellectuelle, incapable de savoir où commencer et où s'arrêter, inconsciente de ses savoirs et ignorances.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 04 mai 2007 à 19:06
La pugnacité d'une personne qui ose évoquer le viol de deux jeunes femmes pour prétendre qu'il n'y a pas assez de policiers du fait de son opposant ?
J'ai la nausée.
Les énarques - en tout cas les célèbres d'entre eux - semblent avoir des facilités dans la médiocrité. A trop apprendre à se poser en gestionnaire de la vie d'autrui, de la société, peut-être ont-ils oublié de penser la vie d'autrui, la société.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 04 mai 2007 à 19:01
c'est fait IL a gagné !
mon sond'âge ne s'est encore jamais trompé !
cette fois , allons-nous toutes et tous vers des hémo-droïdes ?
on verra bien mais c'est fait
Sarko 53,4
Ségo le reste !
Sissi !
( de plus mon petit doigt me l'a prédit aussi mais , lui , se trompe parfois - IL mes donne
Sarko 51,7
Ségo le reste)
Rédigé par : Cactus 37.2 le soir | 04 mai 2007 à 18:54
Monsieur Bilger,
"J'ai besoin d'une réponse. Car on n'a jamais pu douter du courage intellectuel de Nicolas Sarkozy. Je l'ai vu regarder dans les yeux des adversaires autrement plus déterminés et hostiles.
Alors ?"
Alors... si vous me permettez une galéjade à la marseillaise, Nicolas n'ose pas avouer qu'il est tombé amoureux de Segolène ! Il est intimidé et n'ose pas la regarder dans les yeux ! Elle représente ce qu'il a toujours cherché désespérément ! Amour, gloire, beauté, avec en plus le pouvoir qui le fait courir ! Mais voilà...il y a François...(rires)
Rédigé par : Citoyen ignare | 04 mai 2007 à 16:59
Cher Philippe,
« Il va gagner, c’est sûr. » Avec quelle vitesse vous emboîtez le pas à tous les sondages, articles et dépêches qui déferlent depuis ce matin ! La sentence est proclamée avant même que les jurés se soient retirés pour délibérer. Me permettez-vous encore d’aller voter ? Ou « pointer » devrai-je dire ! Pointer pour que ma voix soit comptabilisée, enregistrée, et étudiée ensuite par les instituts sondagiers, pour que ces tristes officines puissent ensuite nous parler des écarts de chiffres, de la précision de leurs calculs, ou de la légère marge d’erreur de leurs inexorables prédictions. Jamais mon vote ne m’aura semblé avoir aussi peu de valeur politique que lors de ce deuxième tour. A quoi bon voter au milieu d’une telle indécence médiatique ?
J’éprouve beaucoup d'amertume devant le poids colossal de l’outil médiatique durant cette campagne. Quant à vous, vous vous interrogez à présent sur la fuite du regard de Sarkozy lors du débat. Peut-être trouverez-vous quelques pistes de réflexion intéressantes dans le texte signé par Daniel Schneidermann, « Les mystères des regards de Nicolas », publié dans la rubrique « Rebonds » du journal
Libération de ce vendredi.
Amitiés.
Rédigé par : Christophe Jung | 04 mai 2007 à 16:41
"sur la médiocrité artistique et /ou civique des people qui l'entourent et le soutiennent"
Je pense qu'il pourrait être intéressant et comique de faire passer un test urinaire de recherche de produits stupéfiants à Doc Gynéco...
Rédigé par : Raph | 04 mai 2007 à 14:53
"quelle est la raison pour laquelle il n'a jamais affronté le regard de Ségolène Royal?..."
Une réponse est-elle vraiment nécessaire?
L'avocat général a-t-il nécessité de regarder l'accusé, le Président, l'avocat de l'accusé ou les jurés ?..."les yeux dans les yeux "de François Mitterrand à Jacques Chirac étaient-ils gage de loyauté et/ou de courtoisie ?...N'avez-vous pas ressenti combien la vision de l'interlocuteur pouvait être parfois, au cours d'un débat, d'une plaidoirie, d'un réquisitoire, une véritable souffrance quand, ajoutée à l'audition, à défaut de l'écoute, le discours vous insupporte ?...
Il m'est arrivé, à mon très modeste et dérisoire niveau, de ne pouvoir, physiquement, regarder mon adversaire tant son discours m'exaspérait...
Combien de magistrats regardent les avocats dont ils sont tenus de subir les piètres éloquences et les inepties juridiques ?...
De Gaulle était myope, le problème se résolvait ainsi de lui-même...
Et puis on regarde celui ou celle que l'on cherche à convaincre : en l'espèce on m'a toujours appris, en conduite,à ne jamais regarder le mur ou le platane, certain à défaut de s'y planter...
PS : j'ai écrit "platane et mur", pas "chêne et barrière de sécurité"... inconscient freudien ?...
Rédigé par : sbriglia | 04 mai 2007 à 14:13
Je pense aussi que Sarkozy était absolument effaré par le culot de son contradicteur. La stratégie de Sarkozy était claire. Les mensonges et les accusations de Royal étaient donc un piège pour Sarkozy : il en a été marqué. Mais il a tenu son cap.
D'accord aussi sur le piège de la caméra : Sarkozy regardait parfois Royal, on le voyait "en coin". Royal regardait toujours devant, face à elle : ce n'était pas Sarkozy.
De plus, Sarkozy cherchait souvent l'approbation des journalistes face à tant de mauvaise foi : il n'y a pas de public pour un tel débat. PPDA a même demandé vaguement à Royal de "répondre aux questions".
Car comment accuser Sarkozy de mentir sur le handicap en alignant dans le même temps tant de contre-vérités, tant de mensonges ? Comment lui reprocher de ne pas connaître ses sujets, comment lui demander d'être plus précis, alors même qu'elle survole tous les sujets.
Une chose est sûre : les professionnels de la manipulation devaient être aux anges. Sur ce point, au moins, le débat était éloquent.
Une autre chose l'est : plus les heures et les jours passent, plus il est clair que Sarkozy a remporté ce débat.
Rédigé par : Dam | 04 mai 2007 à 13:54
Bonne question, le fait m'a également troublé. L'explication de PPDA rapportée par Catherine n'est pas satisfaisante : il y a eu suffisamment de plan large pour que l'on voie les deux candidats dans le même plan et pour que la question posée se justifie.
Avez-vous remarqué son empressement à conclure, pressé d'en finir avec la corvée d'un débat dont il savait qu'il ne pourrait de toute façon pas retirer un point de plus ; au mieux pouvait-il espérer un match nul sans incidence, ce qui fut le cas.
Dans toute la campagne, NS a révélé une relation très particulière aux femmes, comme si son ambition seconde, ou tierce, était de les séduire non plus politiquement mais humainement. S'attachant par exemple aux femmes maltraitées, il semble en communion de malheur avec celles-ci comme s'il leur disait "Personne ne vous aime, mais moi si, alors aimez-moi". On peut imaginer qu'il traine encore - car cela ne s'efface pas - les complexes d'un jeune homme qui n'est pas séduisant au premier abord et pour qui la conquête féminine fut toujours une difficulté.
Je note aussi quelque chose : la parenté de caractère entre Ségolène Royal et Cécilia Sarkozy, du moins pour ce qui nous en apparaît dans les regards, dans les attitudes de ces deux femmes. Une même indépendance, non-conformité aux exigences de l'image féminine traditionnelle, un même regard à la fois dur et ironique, une même capacité à la séduction et au mépris. Notez comme ce sentiment d'être l'objet de mépris revient beaucoup chez NS. Il n'est pas interdit de penser que NS considère SR comme une sorte de citadelle inatteignable, mystérieuse et imprévisible, entraînant chez lui une timidité presque craintive et une déception - encore une se dit-il peut-être - d'avoir été blessé par elle sans avoir pu lui plaire. Sa conclusion sur SR était élogieuse et tout au long du débat, il a voulu mettre en avant le fait que d'avoir été choisis tous deux par les Français prouvait leurs mérites réciproques, comme s'il disait à SR : "admirez-moi comme je vous admire".
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 mai 2007 à 13:50
J'ai également entendu évoquer l'explication de PPDA...
Face à Le Pen ou Ramadan, Sarkozy n'a pas eu de crainte d'affronter l'adversaire. Le reproche me semble donc excessif.
Je pense que, si l'on cumule l'explication de PPDA avec ce qui était probablement l'obsession de Sarko - ne pas s'énerver, ne pas risquer de paraître agressif - on trouve de bons indices.
Rédigé par : koz | 04 mai 2007 à 13:36
Pour ceux de ma génération,qui vont donc élire un(e)Président(e) plus jeune qu'ils ne sont, le choc culturel, avouable ou non, existe assurément...
Certes, il n'est pas nécessaire d'avoir le style épistolaire de notre hôte pour postuler à la magistrature suprême, quoique...
Certes, la prestance n'est pas tout, quoique...
Certes, il n'est pas nécessaire d'être orateur de la Conférence, quoique...
Certes, on n'est pas responsable des ralliés de la dernière heure, quoique...
Certes, il n'est pas nécessaire de connaître Chardonne ou Tocqueville dans le texte, quoique...
(...mais ne vois-je donc pas que les agents de police sont de plus en plus jeunes, que les marches des escaliers sont de plus en plus hautes, et qu'il me faut courir, courir, pour rattraper le bus de l'histoire ?...)
Rédigé par : sbriglia | 04 mai 2007 à 12:00
Peut-être prenait-il à témoin les journalistes, qui d'ailleurs semblaient atterrés par le comportement de SR, de l'aplomb et l'agressivité de sa concurrente.
Vous critiquez les people autour de NS ?
Ceux de SR sont-ils supérieurs, ils sont tous à l'affût de publicité.
Enfin, je ne partage pas votre avis sur le "traître".
Pourquoi a-t-il trahi.
C'est la question que je me pose.
Pour 40 deniers ? Ou pour plus ?
Ou pour partir à temps ?
Les jours qui viennent monteront sans doute d'autres trahisons quel que soit le gagnant.
Rédigé par : mike | 04 mai 2007 à 10:49
Une explication donnée par PPDA lui-même : contrairement à ce que laissait penser la caméra SR ne regardait pas NS en face mais à côté ; faute donc de pouvoir croiser le regard de sa concurrente, NS aurait donc pris le parti de s'adresser à ceux qui le regardaient, les journalistes.
Peut-être n'y a-t-il donc pas besoin de divan ; à part peut-être pour Bayrou : pour comprendre son apparente fascination pour SR. Catherine A.
Rédigé par : catherine A. | 04 mai 2007 à 10:46