Gérard Depardieu, sur RTL, a qualifié de "très bonnes" les promesses de Nicolas Sarkozy et estimé "que les autres sont minables en face... On ne sait même pas de quel parti ils sont, ils sont plantés de partout, on s'en fout !"
Chacun, même lui, à le droit d'exprimer son point de vue si on peut qualifier ainsi ce type de propos. Ce qui me gêne, c'est le ton employé, qui est pitoyable. Certes, il ressemble à l'acteur lorsqu'il se pique, ici ou là, de donner des leçons ou d'envahir l'espace médiatique avec sa personnalité et sa force pas toujours maîtrisée.
Puisque Gérard Depardieu lit beaucoup depuis de nombreuses années, je lui propose de méditer une belle pensée de Jean Genet. Celui-ci, qui est assez sulfureux pour plaire à notre comédien, affirmait : "Je ne me moque jamais. J'ai trop à faire d'aimer ou de haïr." C'est tellement juste et puissant. Dans la haine, il y a encore, tout au fond, du respect. Dans la moquerie, il n'y a que de la dérision, l'arme aigre d'aujourd'hui ou/et le coup de grâce porté à la défaite. Même dans la boutade, on n'a pas le droit d'insulter la faiblesse. C'est la pire des attitudes. L'indignation ou la sympathie offrent encore de quoi réfléchir. Elles n'abaissent pas.
Gérard Depardieu a joué magnifiquement Cyrano de Bergerac. Imagine-t-il ce fabuleux bretteur romantique, cette âme courageuse et solitaire, s'abandonner à une telle facilité, à ce mépris, à cette vulgarité ? Il est vrai qu'Edmond Rostand aurait écrit le texte et que cela aurait tout changé.
Personnellement, je n'apprécie pas M Depardieu, il me laisse indifférente et je ne regarde pas ses films. Je lui préfère un bon bouquin !
Je ne m’éterniserai pas, à son propos, sur les «clubs méd. » de l'Etat.
Il y a quelque temps, des acteurs se plaignaient qu’au théâtre, il ne jouait plus qu'avec une oreillette, l’air absent, lui reprochant de privilégier ses affaires, depuis qu'il s'est installé comme propriétaire récoltant vinicole !
Son jeu aurait baissé, selon des critiques ? Je ne saurais le dire. Je suis mal placée.
Dépeint comme un boulimique de travail, il en oublie, cependant, le rôle le plus important de sa vie !!
"Je ne me moque jamais. J'ai trop à faire d'aimer ou de haïr."
Que la méditation de cette pensée lui serait salutaire, sans vouloir jouer à la moraliste !
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder et d’écouter parler ses deux enfants. Et tout particulièrement son fils Guillaume, qui lors d’une émission de Fogiel, déversa toute sa douleur, toute l’aigreur emmagasinée, en lui, à l’encontre d’un père absent, toujours fuyant. Cet enfant déchiré par ce manque d’affection paternelle, par ce manque de reconnaissance, ce défaut d’existence face à un père distant, qui à ses yeux, n’est qu’une indifférence.
Un enfant qui a crié sa douleur à ce père qui ne lui répondit pas, ne sachant l’aimer et encore moins lui parler. Ce même père qui lui-même, enfant, traîna un temps dans les rues.
Comme il lui serait bon de méditer : « j’ai trop à faire d’aimer ou de haïr »
Il ne suffit pas pour être un père de semer à tout vent.
Des graines qui germent, croissent et naissent,
Pour devenir, mais un si court temps seulement,
Un tout petit, un enfant, un géant !
On ne devient pas un bon père sur l’instant,
Parce qu’une vie est là, que votre existence change,
A travers le regard d’un enfant grandissant,
Votre Source, mais quel émerveillement !
Il ne suffit pas d’être un père important,
Aux yeux de ce fils, admiratif et aimant
Qui profite de chaque instant présent,
Avant que la vie, ne vous emporte à tout vent
Mais, hélas, là pour longtemps !
Rédigé par : Marie | 17 juin 2007 à 08:09
Le blog de Philippe Bilger m'évoque cette réflexion que j'ai entendue, il y a de nombreuses années, dans une émission d'Alain Decaux. A propos de Clemenceau, si ma mémoire est bonne. Notre historien national et télévisuel évoquait les écrits du père la victoire qui, sur le tard et à force de travail, avaient fini par devenir.. bons. " Eh oui, cela s'apprend !" concluait AD sur un ton que n'aurait pas renié son génial imitateur (l'humoriste Guy Montagnier, pour ceux qui se souviennent de ses imitations effectivement excellentes de l'historien du petit écran). Mais je m'égare. Tout cela pour dire que la prose de Philippe Bilger m'a longtemps exaspéré. Un rien de suffisance... Mais je dois avouer qu'il finit par devenir bon. Reconnaître des qualités à celui contre lequel on est, au départ, prévenu, cela flatte d'une certaine manière notre amour-propre : en quelque sorte, la vérification que nous ne sommes pas totalement prisonniers de nos préjugés. Continuez. je reviendrai.
PS. J'ai comme perçu une contradiction, il y a quelques semaines, entre votre éloge, au fond, à Finkielkraut, et l'observation (dont vous n'avez aucun mérite tellement cela crève les yeux) de la prison mentale dans laquelle ce philosophe qui "fait honneur à l'intelligence française" semble s'être définitivement enfermé.
Rédigé par : Jules esneval | 15 juin 2007 à 22:41
La facilité de Depardieu est bien anodine ... Il me semble que c'est lorsque ce sont ceux qui sollicitent le suffrage du peuple qui se vautrent dans ce triste registre qu'il convient de s'émouvoir ...
Je remarque, M. Bilger, que vous vous montrez très sourcilleux s'agissant des opinions qu'expriment les people. Nul ne contestera qu'elles puissent être de très bons révélateurs de l'air du temps, et qu'elles soient donc dignes d'intérêt. Mais je serais très heureux de voir de temps en temps les énormités et les mensonges proférés par les politiques passés au crible de votre esprit critique.
Rédigé par : Julien | 15 juin 2007 à 21:26
Absolument hors sujet et incongru, mais il me vient une pensée d'un affreux humour noir. C'est la première fois que je fais ce lien avec la ville où j'ai pourtant grandi.
Outreau n'est il pas le quasi anagrame de : au trou ?
Aïe, aïe, aïe l'influence des posts de Cactus ou le second âge bête (la quarantaine) qui point et en plus je trouve cela drôle...
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 15 juin 2007 à 21:09
L'esprit seul, c'est le Dieu des hommes... La chair seule, c'est la brute. La chair et l'esprit, c'est l'homme, un Depardieu qui a des instincts de... brute.
Décidément, le sage parle bien des idées, l'intelligent des faits et le vulgaire, tel l'acteur dont il s'agit - qui devrait s'y limiter - de ce qu'il boit ou des mots des autres...
La parole devrait pourtant être l'interprète de l'âme ; ce que l'une pense, l'autre devrait l'exprimer.
Mais un acteur, aussi talentueux soit-il, n'a apparemment que la capacité de donner ce qu'il ne possède pas !
Décidément, rien de plus pathétique que d'offrir la parole, comme aujourd'hui, à ces dérisoires personnages publics que les "politiques" comme les médias se complaisent à accueillir alors qu'ils n'ont rien de pertinent à exprimer .
Rédigé par : Parayre | 15 juin 2007 à 20:55
j'ai eu du nez de passer par là !
autre pensée à m'éditer :
"parfois faut voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié Ovide !"
je me comprends !
ps voire ump : Jean Genet cité ici : un beau blog , vraiment ! du coup
" je vais au bal , con " comme on dit au sud !
au bal populaire ?!
oui oui même si je n'y danse jamais !
pps voire umpp : dimanche ce sera peut-être les "érections orgasmiques cosmiques " pour l'ump : si on pouvait en rester aux élections en allant TOUTES ET TOUS voter , ce serait bien , non ?
sinon jusque là Sarko est un bon président : on ne peut lui enlever ça et je le dépense vraiment déjà :-)
cactus de mauvaise crise de foi !
Rédigé par : Cactus photographe à mateurs | 15 juin 2007 à 19:18
L'ouvrage semble disponible sur amazon (cf lien).
Personnellement, je n'aime pas amazon, je préfère alapage. Mais il n'est pas sur alapage... Y a t-il une explication à cette incongruité ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 15 juin 2007 à 18:55
S'abandonne-t-il à la facilité, au mépris, à la vulgarité ou est-ce son naturel qui revient au galop ? Un opportuniste qui fait bien plus que retourner sa veste ..
Rédigé par : Bernard-27400 | 15 juin 2007 à 16:41
"Très bonnes, les mesures à venir" ... toutes ? Pour qui ?
Il y a des politiques qui ne seraient que bonnes et d'autres qui ne seraient que mauvaises et dans le fonctionnement français, en plus ?
Il faut être peu observateur pour ce type de constat.
Pourquoi Genet n'a-t-il appelé son fameux poème "sur mon cou" plutôt que "le condamné à mort" ?
C'est la pensée qui me vient chaque fois qu'on parle de lui.
Je n'ai pas grand-chose à dire de Depardieu, ni pour, ni contre, je m'en fiche... De plus en plus d'acteurs m'indiffèrent, je leur préfère les histoires, qu'elles soient en pièces ou en films.
J'ai beaucoup aimé "La môme" de Dahan, Depardieu jouait dedans, il n'a rien enlevé, rien ajouté. J'ai l'impression que cet homme n'aime plus le spectacle, qu'il prend de l'argent en se servant de ses acquis, la flamme me paraît éteinte et ce n'est pas plus mal.
A tous ces gens de gauche qui nous ont expliqué le monde sans qu'on ne leur demande rien de façon souvent essentialiste et réductrice et qui se sentent tout à coup le coeur à droite, je leur réponds : "Le roi est mort, vive le roi."
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 15 juin 2007 à 12:48
Le 7 juin dernier, dans une réunion publique à Palaiseau, Jean-François Copé racontait qu'il avait rencontré dans la rue des militants de gauche qu'il a qualifiés ainsi : "Une petite cohorte de cloportes". Et de continuer : "J'ai aussi dans ma ville, à Meaux, quelques résidus de cette nature".
Morale de l'action, c'est à voir, mais avec le Fouquet's, le yacht, les aisselles en sueur du président, les rollers d'Arno, le premier G8 en état d'ébriété et maintenant les cloportes, Depardieu apparaît presque comme un sommet d'élégance.
Et comme il a été un indépassable Cyrano, il lui sera beaucoup pardonné.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 15 juin 2007 à 10:58
C'est avec soulagement que je lis sous votre plume une citation de Jean GENET.
Tant de propret, un peu partout affiché, et comme obligatoire, nous accablait.
Rédigé par : olivier | 15 juin 2007 à 10:34
IL n'y a pas de quoi s'indigner, Philippe. Se faire insulter par Depardieu, "cher" ami de Khalifa, de Castro et de quelques autres très fréquentables personnes c'est assez réjouissant.
ps : je reviens sur marche ou grève. Là je trouve pitoyable l'action des éducateurs. Sans doute ont-ils espéré se faire respecter - ou au moins avoir la paix - en méprisant par cette grève préventive les surveillants, en montrant qu'ils étaient du "bon côté". C'est juste lâche et surtout stupide.
2ème PS : une question qui n'a rien à voir : j'ai lu l'annonce de la sortie imminente d'un nouveau bouquin écrit par P.B. C'est pour quand ?
Rédigé par : catherine A. | 15 juin 2007 à 10:24
...Il s'est trompé de rôle, il a joué Christian... Il y est sans doute meilleur dans la vie... On est loin du "moi c'est moralement que j'ai mes élégances..."
Rédigé par : sbriglia | 15 juin 2007 à 10:01