Je rentre du festival Simenon consacré cette année au commissaire Maigret et à la police. Remarquablement organisé par mon collègue Didier Gallot aux Sables d'Olonne, il a été à la hauteur d'une réputation qui était parvenue à ma connaissance depuis longtemps mais dont j'ai pu éprouver la pertinence intellectuelle et chaleureuse pour mon plus grand bonheur.
Je vais prendre le risque et encourir les foudres de ceux qui m'adressent le reproche amical d'être parfois trop léger dans le choix de mes billets. Mais la tragédie et le sérieux attendront. La réforme de la carte judiciaire ne se fera pas demain et l'avocat Karim Achoui, victime d'une tentative d'assassinat, demeurera d'actualité pendant quelque temps encore.
Je prends le risque. Je vais vous parler d'Eddy Mitchell, pas seulement parce que lui, comme Johnny, a accompagné ma vie. Je l'entends comme si c'était hier chanter Daniela avec son groupe Les Chaussettes noires. Je n'ai pas l'intention de "faire" dans la nostalgie mais, pour une fois, de m'abandonner au plaisir délicieux de ne pas médire, de saluer avec sympathie et estime une personnalité, un artiste. C'est si rare que c'est infiniment bon.
Eddy Mitchell est interviewé dans Paris Match sur deux pages et c'est un régal de bon sens et de simplicité. Ce qui me frappe surtout, c'est la manière affectueuse et tranquille, sans mièvrerie aucune, dont il évoque son épouse et ses enfants, les événements heureux ou préoccupants de sa vie familiale. On a l'impression d'être plongé dans une histoire, dans un récit qui pourraient être les nôtres et avec lesquels Eddy nous permet de nouer un lien de tendre familiarité et de vraie compréhension.
La liberté de ton du chanteur le conduit, alors qu'il lit la presse chaque jour, à ne pas se croire obligé de nous communiquer son opinion politique et sa vision sur les problèmes du monde d'aujourd'hui. Cette abstention, qui n'est pas fondée sur l'ignorance, est d'autant plus appréciable de la part d'un citoyen sans doute éclairé mais qui est dépourvu de cette vanité qui pourrit la substance des entretiens de beaucoup de ses collègues, acteurs, artistes ou animateurs.
Pouvoir aimer ces propos sans aucune gêne ni sentiment de ridicule, dans un hebdomadaire qui ne répugne pas toujours au clinquant, tout simplement parce qu'ils émanent d'une personnalité équilibrée, consciente de son talent mais dénuée d'arrogance, réconcilie avec le phénomène de peopolisation qui, trop souvent, donne des motifs d'irritation en célébrant ce qui brille vulgairement, en valorisant le médiocre.
Au fond, Eddy Mitchell, c'est quelqu'un ! Juste quelqu'un de bien.
Puisqu'on en est à parler des à-côtés de la vie judiciaire, pour ma part, même si je n'ai rien contre les Chaussettes Noires (qui n'ont toutefois guère innové mais ont plutôt repris des morceaux déjà tubes aux USA), je dois dire préférer le commissaire Maigret, bien que jouant dans un registre différent.
Je ne dois pas être le seul, vu qu'il est toujours diffusé à la télévision, avec l'excellent Bruno Cremer, dont je ne parviens plus à séparer le visage du personnage.
Certes, ses méthodes seraient sans doute infructueuses à la Courneuve. Néanmoins, on ne sent les vertus de cet art de prendre son temps que lorsqu'on se rend bien compte que certaines choses se sont passées trop vite pour se dérouler comme on l'aurait souhaité.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 26 juin 2007 à 20:39
Permettez-moi un petit commentaire d'un commentaire de Dominique G.:
"Pas si bien que ça, celui qui n'a accompli son devoir civique qu'en 2007 ...
«Pour la première fois, je vais voter... Je vois Le Pen revenir. Il est arrivé à cause de connards dans mon genre qui ne sont jamais allés voter.»
je dirai "faute avouée est à moitié pardonnée"
mais l'autre moitié ça va chercher dans les combien Monsieur l'Avocat général ? :-))
Rédigé par : samyzdat | 26 juin 2007 à 20:35
EM est l'exemple parfait du danger que l'on court à juger sur la mine, l'habit (et les souliers) et l'accent.
En un mot : sympa
Rédigé par : mike | 26 juin 2007 à 20:23
Monsieur Bilger,
J'aurais aimé qu'Eddy Mitchell vienne à Thionville pour la fête de la musique. Après avoir eu les veines agressées par les sons aiguës de chants du monde, juste sous ma fenêtre, les inconscients, j'ai décidé de ne pas sortir mon automatique pour faire un carton, une libération à mes oreilles sensibles. J'ai pris ma voiture pour aller boire un coca en ville et là, mais là, horreur, il y avait une troupe de dégénérés en pyjamas qui tapaient sur des tonneaux vides. Paniqué, je me suis réfugié dans un lieu sûr, un pub sympa. J'ai d'abord cru qu'on égorgeait un chat, c'était une étudiante qui chantait Dalida en karaoké. L'éclair de l'orage a rejoint celui de mon génie, je me suis mis à rouler sous le brouhaha de la pluie et du tonnerre en écoutant Wagner, une sorte de fête de la musique en solo qui fut très agréable.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 26 juin 2007 à 19:47
L'une des raisons fondamentales à laquelle personne (à ma connaissance) ne songe assez quand on écrit une chanson, c'est de penser que quelques mots sur quelques notes réjouiront peut-être un jour un avocat général :-) Même si, corollairement, il faut bien envisager que l'idée d'en distraire d'autres pourrait en dissuader...
@ Catherine Parisot
Tout n'est pas perdu: Django Reinhardt ne savait rien du solfège non plus et parlait peu dans les médias.
Rédigé par : Fleuryval | 26 juin 2007 à 19:07
Je me demandais bien pouquoi je le trouvais d'un charme fou cet Eddy Mitchell... Maintenant je sais ! Merci !
Rédigé par : Bulle | 26 juin 2007 à 18:17
profitant de ce "fil" plus léger , je me surprends à lire :
"Donc, oui, Philippe, laissez-vous aller" comme nous conte ici hoooooo Parisot Catherine ce 26 juin 2007 à 03:58
ou plus bahhhhhhhhh :
"Soyez léger Philippe... c'est cela la vie!"
Rédigé par: marie | le 26 juin 2007 à 10:27
moi qui vous " vous - vois " par votre nom de nom et votre avatar - ceci dit tout en " m'éventaillant " sans m'esquiver car il fait chaud ce jour au Sud à Lyon :-)- , ça me fait tout drôle tous ces " Philippe " ici et là ; ( deux Dames en plus ! :-)
après mûrtes génu-réflexions je vais continuer à employer " Monsieur Bilger " lorsque je me bonne adresse mail à vous , vous voyez !
Rédigé par : Cactus se souvenant du temps ou on l' appelait Jacques I. | 26 juin 2007 à 18:03
"Je n'ai pas l'intention de "faire" dans la nostalgie mais, pour une fois, de m'abandonner au plaisir délicieux de ne pas médire...C'est si rare que c'est infiniment bon."
Ah!Ah!Ah!
Rédigé par : sbriglia | 26 juin 2007 à 17:19
Etre léger...
Profiter des bons moments que la vie nous offre...
Rire...
Chanter...
Sourire...
Manger...
Boire...
Faire l'amour...
Prendre quelqu'un dans ses bras...
Ecouter de la musique...
Soyez léger Philippe... c'est cela la vie!
Rédigé par : marie | 26 juin 2007 à 10:27
Bonjour !
J'ai aimé lire et commenter les... commentaires portant sur des sujets plus... comment dire ? "graves"? Le racisme, la politique, etc. Donc, je viens avec plaisir donner non pas mon avis mais mon impression sur les commentaires que je viens de lire. Je n'ai pas les compétences pour relancer un débat ou quoi que ce soit dans le genre. Après avoir écouté une partie de la rediffusion de France Europe Express, mon minuscule cerveau s'est soulagé en lisant non pas Paris Match mais cette note. Oui, oui, ça fait ringard d'apprécier le bon vieux rock plutôt que les chansons à textes. Oui, oui, Philippe, vous vous êtes épanché avec délices sur vos goûts musicaux, un peu comme avec un ami, attablés, buvant deux ou 3 bières. Ah, enfin de la musique virile ! Au panier, les ballades à la guitare sèche pour midinettes ! Allez, je vous taquine. Aimer le bon vieux rock c'est pas ringard. Aucune musique ne l'est vraiment puisque composer est un travail réel, passionné et passionnant, je pense ! Le solfège et moi, nous sommes un peu brouillés, donc je dois reconnaître que j'admire tout artiste qui se produit : des heures d'enregistrement, une voix qui doit souffrir tout de même ( les mutants ne sont pas parmi nous), la transpiration, les projecteurs, les interminables séances de relooking et les interviews à n'en plus finir. Au bout, il y a la gloire ou non. Pour autant, comparant ce qui est comparable (et donc, pas toute autre laborieuse et pénible profession) , je pense que de chanter, de répéter, de paraître à son avantage 7 jours sur 7, cela n'est pas donné à tout le monde mais aux réels passionnés.
Donc, oui, Philippe, laissez-vous aller à célébrer un artiste : la musique adoucit les moeurs et, après tout, y'a peu de temps, on la fêtait, n'est-ce pas ?
Rédigé par : Parisot Catherine | 26 juin 2007 à 03:58
Osez, osez, le droit mérite bien qu'on se rende aussi parfois "de travers". Et à être trop sérieux, on finit par se prendre... au sérieux.
Trop jeune pour que les chansons d'E. Mitchell me "parlent", assez vieille pour apprécier votre blog, je reviendrai.
Rédigé par : Madame Poppins | 25 juin 2007 à 16:53
Vous trichez , là !
si si , relisez monsieur Bilger :
"Mais la tragédie et le sérieux attendront."
Rédigé par : Cactus rebondit non sans plaisir sur Dominique G | 25 juin 2007 à 16:25
@ Cactus
Je suis de mauvaise humeur aujourd'hui.
Non, non, ce n'est pas contre vous.
Ravie de vous lire: je suis de meilleure humeur.
Rédigé par : Véronique | 25 juin 2007 à 15:56
Eddy dans Coup de Torchon... Oui, on a tous une bonne raison d'aimer Eddy (et de lire Paris Match).
Rédigé par : olivier | 25 juin 2007 à 15:29
Juste ce coin coin qui me rap'Elles : toujours dans un de mes coins : Daniela là oui mais aussi ALICE sans oublier BETTY ( moins connue ) :
ce qu'il y " moulinait " bien et pas qu'à la pêche , Mitchell :-)
beau billet , un peu plus léger juste avant les vacances , ça fait du bien et pas que là ou ça fait " mâle" - même si pour l'instant point de Dames Véronique ou pas en lu ici hoooo !
(( sinon une pensée pour Dick- satan né prénom :-) - Rivers et ses Chats Sauvages( pensée autre pour Camille au fait ) et sa chanson " Twist à Saint-Tropez " : il avait eu la grande idée pour annoncer le solo à son soliste de crier " stop les gars " en plein enregistrement :-)
de l'Art con musical bien avant l'heure !
sissi
ça ne s'invente pas - à réécouter - ))
Rédigé par : Cactus Aime Ces Mots Dits | 25 juin 2007 à 15:06
Pas si bien que ça, celui qui n'a accompli son devoir civique qu'en 2007 ...
«Pour la première fois, je vais voter... Je vois Le Pen revenir. Il est arrivé à cause de connards dans mon genre qui ne sont jamais allés voter.»
[ Claude Moine dit Eddy Mitchell,Paris Match, 16 novembre 2006 ]
Rédigé par : Dominique G | 25 juin 2007 à 11:28
Ce qui est intéressant avec ces personnalités discrètes, c'est qu'elles suscitent la curiosité.
Finalement, je n'ai aucune envie de questionner celui ou celle qui étale ses opinions politiques à longueur de papier glacé, pourtant ils ne se gênent pas pour répondre !
Rédigé par : Smoath | 25 juin 2007 à 11:08
C'est l'éternel débat entre l'être et le paraître. Eddy a choisi "être", voilà qui le rend encore plus sympathique.
Rédigé par : Bernard | 25 juin 2007 à 08:56
Ah oui, Eddy Mitchell, le bon citoyen de la Patrie des Droits de l'Homme "(Liberté, Egalité, Fraternité", si mes souvenirs sont bons) qui qualifie sans honte ni remord la Corse… d'île de crétins.
Ah oui, c'est beau la "Fraternité" (sic), dans la bouche d'Eddy Mitchel.
C'est ça "quelqu'un de bien", selon vous ? :-(
Rédigé par : Sambucucciu | 25 juin 2007 à 01:38
Pas désagréable d'entendre Eddy Mitchel, ça passe même si je suis plus Punk, opéra et chanson française. Je l'ai apprécié aussi en tant qu'acteur notamment dans "Le bonheur est dans le pré".
Je dois avouer que j'ai un petit problème avec les yé-yés qui ont tant pillé la musique anglo-saxonne, le style, la danse en faisant leur des morceaux qu'ils ne firent que traduire dans un talent souvent bien moindre que les originaux. Rien de dramatique, bien sûr, mais je me demande parfois si tous ces chanteurs du moment, vous savez ces stars en quatre semaines que l'on nous sort à la quinzaine ne viennent pas un peu de là. De cette cession à la facilité, au vol de la propriété intellectuelle. Cela nous donne Lâm qui n'a aucun scrupule à chanter Brassens ou Tina Arena qui a repris la merveilleuse chanson de Piaf et des Compagnons de la chanson, en ne comprenant pas un traître mot de ce qu'elle meugle. Si ,finalement, c'est grave quelque part si on réfléchit un peu plus en profondeur.
J'espère qu'Eddy Mitchel n'a pas cédé au caprice du moment qui exige que nous ne puissions être pro-américain. Qu'il n'a pas renoncé à son amour des santiags, des mustangs, du rock de Menphis parce qu'il faudrait être antibush tout en étant bien plus amoral que lui ou antiaméricain primaire par écologie segmentarisée.
Un âne de Canal + dit que Bush est un attardé mental et tous les autres braient à l'unisson. Si la masse médiatique avait raison je serais ravi de ce manque de réflexion, de cette voix collective, mais je ne sais comment elle fait, il faut toujours qu'elle s'arrange pour émettre des énormités.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 25 juin 2007 à 00:35
TOUTE RESSEMBLANCE SERAIT...
J'ai loué un smoking
Très sobre, très standing
Une voiture discrète
Votez pour moi vous aurez la fête
J'ai un beau discours
Politique, amour
Un programme un but
Votez pour moi vous ne s'rez pas déçus
J'promets à tous à toutes de tout changer
Impôt, fatigue, travail tout ça faut l'oublier
Y a aura des radios, y aura du loto, la baballe du frique
Du pain et des jeux, la télé qu'on veut plus l'électronique
Aussi votez pour moi
Aussi votez pour moi
Je dois devenir l'unique candidat
Aussi votez pour moi
Oh oui votez pour moi
Une affaire comme moi ça ne s'refuse pas
Personne sur le parking
Pas de foule en délire
Pourtant j'suis partout
Sur les murs je souris pour vous
Y a qu'un chien débile
Je m'sens tout fragile
Il aboit pour moi
Ok j'm'en vais
Je n'vous aurai pas
Pourtant j'avais préparé un grand discours
L'antiracisme flirtait avec le mot amour
J'suis peut-être un escroc, pas plus mégalo qu'les hommes politiques
J'reviendrai bientôt en bus, en métro, l'air un peu moins chic
Et vous voterez pour moi
Oui vous voterez pour moi
J'serai à nouveau l'unique candidat
Oui vous voterez pour moi
Là vous voterez pour moi
Une affaire comme moi ça ne s'refuse pas
J'avais un smoking
Très sobre, très standing
Une voiture discrète
Votez pour moi vous aurez la fête
Rédigé par : Jacques Parayre | 24 juin 2007 à 23:37