Hier soir, j'ai terminé une très longue, lourde et éprouvante session d'assises qui a condamné six accusés, certains, dont un mineur, pour des viols graves. Je n'ai pas l'habitude de me pencher sur une expérience passée et qui, sur le plan criminel, ne reprendra effet, avec les vacances des futurs jurés, qu'au début du mois de septembre. Si aujourd'hui je déroge à cette abstention, c'est qu'un dialogue difficile, dans la dernière affaire, avec une jeune fille victime d'un viol et son environnement amical, une fois l'arrêt de condamnation rendu, m'a conduit à m'interroger sur les limites et les risques d'une courtoisie à laquelle, pourtant, je tiens.
Depuis longtemps, j'ai abandonné la pratique qui veut qu'à l'issue de chaque procès, les avocats de l'accusé et de la partie civile, l'avocat général se retrouvent ensemble dans le bureau du président pour le ou la saluer. J'ai trop entendu la question "vous êtes content ?" à la suite d'une condamnation, ou constaté une réaction d'apitoiement devant un acquittement, pour continuer à participer à ce jeu presque obscène où mondanité et tragédie déjà oubliée se mêlaient. Aussi, j'ai pris le pli de saluer dans la salle d'audience la partie civile, son avocat et l'avocat de la défense avant de me rendre vite et seul auprès des trois magistrats de la Cour pour prendre congé.
Je n'ai pu que me féliciter, pour ma salubrité personnelle, de cette démarche.
Hier, il y a eu un couac.
Il ne serait pas convenable de raconter par le menu les péripéties de cet entretien vigoureux, voire orageux qui a pris vraiment naissance après le refus de l'ami de la victime de me serrer la main. Je lui ai demandé pourquoi et les choses se sont enclenchées.
Au fil de mon expérience professionnelle j'ai été amené, après les verdicts, à beaucoup échanger avec les familles des victimes, dans la salle d'audience rarement, plus souvent dans les couloirs du Palais ou devant celui-ci. Je me souviens tout particuliérement d'un dialogue avec la mère de Christian Didier, l'assassin de Bousquet, qui venait d'être condamné. Une femme pleine de tenue, d'amour et de compréhension à laquelle donner des explications m'apparaissait comme un honneur. Ce n'était pas toujours aussi simple. A partir du moment où il me semblait de mon devoir de ne pas fuir les interrogations douloureuses et lancinantes qui m'étaient soumises surtout par les jeunes filles, les femmes victimes de viols, j'étais naturellement l'objet d'attaques personnelles ou professionnelles qui portaient sur le fait que je n'aurais rien compris aux enfants, à la détresse des familles ou à l'exécution des peines. Durant ces controverses fortement imprégnées d'émotion de la part de ceux qui s'en prenaient à moi, on opposait à mon savoir technique une argumentation du coeur et de l'indignation devant laquelle mes pauvres mots demeuraient impuissants. J'avais beau dire que le rôle de l'avocat général n'était pas le même que celui de la partie civile et tenter d'expliciter ce point de vue, rien, à l'évidence, n'avait un poids suffisant pour atténuer la perception d'une injustice même après de lourdes condamnations, mais qui n'étaient pas maximales.
Toutefois, ce serait abusivement généraliser que de mettre toutes les victimes dans une même attitude, même s'agissant du viol.
Les plus nombreuses arrivent défaites, accablées, courageuses à l'audience, suivent les débats avec une sensibilité exacerbée, écoutent les déclarations de l'accusé avec une attention vigilante et inquiète quand elles osent le regarder. Elles n'éprouvent qu'une envie mais qui est capitale : celle d'entendre leur agresseur décrété coupable par le jury populaire. La sanction elle-même leur importe peu. Ce qui compte, c'est que, reconnues judiciairement victimes, elles puissent enfin regarder l'accusé comme le coupable. Car le viol, on le sait, a cet effet infiniment pervers, avant l'arrêt qui vient tout dissiper, de faire douter l'innocente de son innocence.
D'autres éprouvent plus de ressentiment et de colère que de véritable chagrin même s'il est très délicat de distinguer ces états. En tout cas, elles attachent une énorme importance à la peine prononcée et ne sont que rarement comblées, le maximum demeurant une exception.
Enfin, les dernières, une minorité infime, à la fois admirable et presque surhumaine à force de tolérance, tout en revendiquant leur statut de parties civiles, non seulement ne se soucient pas de la répression mais sollicitent instamment compréhension et mansuétude en faveur de l'accusé.
Je viens d'examiner les situations à l'issue desquelles le mis en cause a été déclaré coupable, qu'il ait reconnu les faits ou que les charges aient pesé davantage que ses protestations d'innocence. Mais quand un acquittement survient, que naturellement l'accusé se réjouit et que l'avocat général constate le visage pétrifié et désespéré de celle qui pour lui, en dépit de la décision, demeure clairement une victime, c'est l'instant le plus insupportable. Bien plus que le fait de n'avoir pas été suivi dans ses réquisitions, l'accusateur déplore intimement le scandale qu'on n'ait pas su la comprendre, elle, appréhender lucidement sa douleur parfois pudique et sa personnalité. C'est une blessure au coeur plus qu'à l'esprit. C'est seulement dans cette occurrence qu'on se révolte contre l'institution du jury populaire, que, par ailleurs, on porte au pinacle, quand un grand président l'anime.
Le couac d'hier soir n'entrait pas dans cette catégorie. Un accusé, mineur lors du viol, avait été condamné et étaient contestés à la fois le fait qu'on ne l'ait pas exclu du bénéfice de la minorité - à Paris, en dix ans, je ne l'ai jamais vu faire ! - et la modération de la sanction. J'avais beau ne pas approuver ce double ressentiment, même s'il s'inscrivait dans une démarche connue, il fallait que je tente de l'apaiser. A l'évidence, je n'y suis pas parvenu.
D'une part, ceux qui ne savent pas mais qui souffrent, directement ou indirectement, refusent d'entendre ceux qui savent mais qui n'ont pas souffert. D'autre part, et c'est le point crucial, la conception que beaucoup se font de l'accusateur public du côté des parties civiles n'est pas en phase avec la mienne. La partie civile a un avocat, l'accusé est défendu. Il est donc manifeste que l'avocat général ne peut qu'avoir une mission qui transcende ces belles tâches singulières. Il se doit d'appréhender, dans leur plénitude, la douleur de la victime, le crime de l'accusé, la personnalité de celui-ci et sa destinée à venir, enfin l'intérêt social qui pourrait mieux être traduit par l'exigence pour le ministère public d'être la voix et l'avocat de tous les citoyens. Autrement dit, ce qu'une partie civile enfermée dans une autarcie indignée requiert de lui, la plupart du temps, est une inconditionnalité qu'il doit refuser lorsqu'elle se trouve en contradiction avec la vérité du crime, de ses causes et des personnalités. Aussi, reprocher à l'avocat général de "servir la soupe" à la défense au prétexte qu'il se saisit d'une globalité constitue une aberration que j'ai beaucoup entendue et qui prétend renvoyer la cour d'assises à ce qu'elle n'est pas: un jeu de rôles.
Terminer une session comme je l'ai fait hier laisse un goût d'amertume et d'incompréhension. C'est la rançon de la politesse judiciaire. C'est parce que, plus que son avocat, je veux saluer la victime pour lui dire qu'au-delà du judiciaire, il y a une vie, pour lui formuler des encouragements rendus plus faciles grâce à la condamnation, que j'ai du assumer cette minuscule épreuve. Ce qui me déçoit le plus, c'est qu'une pratique pénale qui se nourrit de la fierté de servir et d'apaiser les citoyens puisse entraîner la défiance ou l'irritation même d'un seul.
Un seul citoyen vous manque et la justice, un trait de temps, est dépeuplée.
Bonjour,
oui, politesse perverse !
Là où il y a un code, c'est que la politesse n'a pas été suffisante.
Sur la route, on ne devrait pas laisser passer qui que ce soit par politesse...
Respect du code, des codes et politesse parfois mondaine ne passent pas par la même porte.
(question svp : différence entre l'avocat général et le proc ? L'avocat général est l'aîné des substituts ?
Cordialement.
Rédigé par : paris | 30 juin 2007 à 20:30
J'ai obtenu 20 000 euros par la civi moins les frais d'avocat et la TVA à 19,6, un orphelin de la shoah obtenait à peu près 55 000 euros ce qui n'est pas la panacée pour reconstruire une vie brisée.
Jean-Pierre Pernaud et sa future ex-femme ont obtenu l'an dernier en attaquant Voici and co, 550 000 euros pour leurs "préjudices". Ils se sont exposés dans les médias à tour de bras, elle a fait une émission de télé réalité. J'estime qu'ils n'ont donc reçu que ce qu'ils ont semé et qu'ils n'eurent que l'inconfort du regard des autres.
La commerce judiciaire a donc plus d'écoute qu'une légitime justice.
Il y a des facteurs de justice qui ont un besoin de remise en cause.
J'ai parfois l'envie de têtes au bout d'une pique. Je me dis qu'après le combat pour la séparation entre l'église et l'Etat, il va falloir mener celui de la séparation entre médias et pouvoir parce que nous sommes trop pris pour des imbéciles, plus assez respectés, que ce n'est plus supportable.
La demoiselle jurée, par ailleurs, en est presque à dire que la victime n'aurait pas son mot à dire puisqu'elle n'a pas la raison, que son viol ne la concerne pas, que sous couvert de son émotivité excessive, elle n'y a pas sa place.
Vous proposez quoi ?
Qu'on fasse le procès sans elle ?
Qu'elle ne puisse pas s'exprimer ?
Vous ne trouvez pas qu'elle est malgré tout un peu concernée tout de même ?
Jean-Dominique,
Vous avez raison pour Saint-Omer, pour l'aculture, quoique le lien entre intelligence et chômage me semble léger, par contre, les juges et autres magistrats sont tout aussi médiocres, je le sais pour les avoir pratiqués et en avoir côtoyé d'autres en d'autres lieux. Il y a, à St-O, donc, une justice à l'image de ses justiciables.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 25 juin 2007 à 17:33
«… Au fond, les victimes sont les dernières personnes dont on peut espérer un avis sensé dans une juridiction, ce sont celles qui, juridiquement, devraient « se déclarer incompétentes » lorsqu’on leur demande un avis à propos de leur affaire.
Chacun sa place es qualité… »
Et vous étiez jurée ? A vous lire, on peut s’interroger si vous avez eu un « avis sensé » ?
J’ose espérer, Madame, que vous n’entrerez jamais dans le cercle des victimes.
Au nom de quelle justice, une victime devrait-elle être ignorée et bafouée ?? C’est scandaleux ce que vous écrivez.
Monsieur Bilger prêche pour sa paroisse. Chaque juridiction est différente et chaque juridiction juge différemment, quand elle juge. Lorsqu’une procédure arrive au niveau de monsieur Bilger, cela veut dire que celle-ci a passé les « barrages », si je puis m’exprimer ainsi, précédents.
Il ne faut pas croire que toutes les victimes se situent sur le même pied d’égalité, dans ce pays.
Le droit des victimes est plus que léger, il n’est toujours question que des droits de la défense.
Et toute défense se base sur de multiples critères.
Alors, qu’est-ce que que la justice, en réalité ?
Ce matin, j’ai tué un scolopendre parce que c’est venimeux.
Dans la vie, la victime n’a pas le droit de supprimer son agresseur !!
Je regardais, aussi, une couleuvre se faire dévorer par des fourmis. Ces dernières ne laissant que la peau.
C’est ça la justice française : deux individus, au moins, avec deux versions et tous les acteurs qui grouillent autour.
Voici un extrait d’un texte émanant de l’Ecole Nationale de la Magistrature :
«… Mais l'inflation pénale, au-delà de l'incertitude à distinguer le bien du mal, facteur d'anomie, produit un tel dysfonctionnement dans le système que dans 8 cas sur 10, il y a classement sans suite, dans 8 cas sur 10 la plainte est écartée, dans 8 cas sur 10 la souffrance est considérée comme n'ayant jamais existé ! Aubaine pour l'infracteur, lâcheté et irrespect pour la victime. En effet, nombre d'auteurs, en demeurant ainsi inconnus, désarment le système pénal et privent souvent les victimes de la réparation qui leur est pourtant due. Quand les poursuites ont lieu, les victimes ne sont pas toujours convoquées, notamment au cas de citation directe ou de comparution immédiate…"
La violence atteignant toutes les classes sociales, tous les agresseurs ne sont pas jugés conformément à la Loi.
Ne se trouvent jugés que certains individus, particulièrement depuis l’instauration de la loi sur les empreintes génétiques. Il ne faut pas nuire à l’agresseur !! Tout dépend de sa classe sociale.
Dans ce pays, être une victime est donc une tare. Mieux vaut se taire.
Il fut instauré récemment le 39-19 pour faire croire à une quelconque compassion. Les associations sont débordées, mais conseillent toujours la constitution de partie civile.
La justice, elle, ne suivant pas.
Il faut savoir que lorsqu’une victime veut déposer plainte, elle doit d’abord entendre : qu’elle n’est qu’une vengeresse, vindicative, agressive… etc…
Tout lui incombe.
Et si par malheur elle ose passer, conformément à la loi, par l’assistance judiciaire ; selon le statut de l’agresseur, la victime bénéficiera en plus du droit à l’humiliation, sans oublier les insultes.
Quand une association communique les coordonnées d’un avocat qui se révèlera être un agresseur. Il ne faut pas s’attendre à voir la loi sur les empreintes génétiques s’appliquer à ce monsieur. Sans doute de peur d’avoir toute une corporation sur le dos.
Comme ce fut le cas, pour une toute autre affaire, à Orléans…….
Des bizarreries de procédure s’appliqueront, jusqu’au déni de la victime qui se trouvera, en final, priée de ne pas se présenter…. !!
Déposer une plainte est une nouvelle agression.
Catégoriser les victimes, je trouve cela navrant et même insultant.
Chaque victime a son vécu personnel, a son histoire personnelle.
Chaque victime réagit en fonction de sa résistance physique et psychique, de son « usure morale », de son environnement.
Elle réagit également en fonction de son âge, en fonction de la violence qu’elle a subie, de la durée de la violence subie….
Enfin, une victime réagit aussi, en fonction de la compréhension d’une histoire que l’on veut bien lui reconnaître !
Alors les classifier est insultant.
Monsieur Bilger vous estimez avoir accompli votre travail, pourquoi une victime, non déniée, devrait-elle vous en être reconnaissante ? Pourquoi un proche d’une victime vous devrait-il quelque obligeance ?
Votre statut de magistrat ne vous accorde pas cette légitimation.
Toute votre indignation n’y changera rien.
Toute satisfaction d’une tâche accomplie, n’efface pas et n’effacera jamais, une douleur, qui elle, s’est installée depuis un temps plus ou moins long et qui, elle, chemine et cheminera toujours.
Quel que soit le travail accompli.
Un rien suffira toujours pour raviver ce que toute victime veut oublier, surtout oublier.
Alors la compassion ….. !!! même d’un magistrat …. !!! et surtout d'un magistrat... !!!
Rédigé par : Marie | 25 juin 2007 à 14:58
Ah bon ? Ils sont de ce niveau les jurés d'assises à Paris ? J'envie les justiciables d'avoir à présenter leur cause devant des personnes capables d'une telle analyse et de l'exprimer de cette façon !
Et j'en reviens à ce que j'avais exprimé ici il y a quelques temps : le jury populaire est une fiction romantique qui prétend évacuer les fossés sociologiques et intellectuels existant entre les juridictions. Si, à Paris, les justiciables ont le droit d'être jugés par des gens comme Cécile, il n'en est pas de même dans des juridictions où le tirage au sort pioche dans une population intellectuellement moins armée, économiquement beaucoup plus fragile (voir Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, département français au plus fort taux de chômage).
D'où vient cette conception messianique du jury populaire qui fait que, pour conduire une voiture, il faille passer un examen, mais que pour juger un individu et le condamner à des peines parfois immenses, personne ne s'assure de la capacité de juger ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 25 juin 2007 à 10:20
Cécile,
Il faut aussi je pense que le sentiment soit une partie à prendre en compte, il est l'expression de la souffrance endurée. Si ces gens se sont retrouvés devant une cour d'assises, c'est justement parce que nous avons un ressenti, que nous ne nous faisons pas violer comme nous allons faire nos courses. C'est un invité important, c'est là, je pense que la longueur de la procédure, bien que désagréable a un effet positif, elle permet à la victime d'aller soigner une partie de ses plaies, d'avoir le temps de prendre du recul afin d'analyser. Le but que certains pourraient trouver odieux est à terme, de pouvoir avoir un regard à l'instar de celui du procureur de la République sur sa propre affaire. Je crois ceci tout à fait possible pour certains individus, pas pour tous.
Il me semble que ne pas tenir compte de la victime sous prétexte que c'est la plus mal placée, qu'en vertu de sa qualité, elle n'a pas la raison est oublier la dose d'humanité qu'il faut garder. Il y a, il me semble, un danger dans un trop fort pragmatisme judiciaire. Aussi, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous sur ce point. Non parce que je fus victime et que je me hisserais en porte-parole, bien au contraire, je ne veux appartenir à rien et n'être dans aucune chapelle par éthique intellectuelle, mais bien parce qu'il me semble que cette lésion infligée est le coeur d'une affaire : il ne faut pas l'oublier.
Quelqu'un qui a été violé a eu une grande blessure narcissique et parfois a vu la mort à l'issue du viol pendant qu'il le subissait en se disant qu'il allait se faire tuer pour ne pas qu'il puisse parler, c'est un grand blessé. Je peux l'écrire sans apitoiement puisque ce n'est plus mon cas . Il se juge énormément, culpabilise à tort... Je ne pense pas qu'être jugé en plus sur son état dont il n'est en rien responsable puisse apporter un réconfort quelconque, au contraire, il faut penser à cela aussi.
Donc si cette jeune femme nous lit, je la rassure, elle n'est pas folle, juste blessée et elle retrouvera son potentiel, sa distance avec le temps et les soins. Ces données ne doivent pas bien sûr être les seules et j'ai bien dit que le triptyque judiciaire devait être pris dans son ensemble.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 25 juin 2007 à 01:07
Monsieur l’Avocat Général,
J’ai été émue à la lecture de votre article, concluant cette « très longue, lourde et éprouvante session d’assises ».
J’en sais la longueur et le poids, pour l’avoir vécue en partie avec vous, en qualité de jurée.
Je comprends, compatis à votre amertume, votre déception, d’être finalement agressé par la victime, qui n’a pas compris, n’a pas voulu comprendre, votre nécessaire « point de vue », ce relativisme au mitan du parti-pris du défenseur, et du parti-pris inverse de la partie civile. Vous n’êtes ni de l’un, ni de l’autre. La loi sait d’où vous êtes, l’important est que vous le sachiez aussi. Et vous le savez parfaitement, comme le démontre votre article. Tout est bien alors ?
Alors d’où, cette souffrance dont il témoigne ?
Je suis, au fond, d’accord avec tout ce que vous avez écrit. Et je suis amère pour vous. Mettons-nous ici dans le même camp donc, pour ressentir – c’est un comble vu le contexte -, ce sentiment d’injustice. Quand la victime vous fait reproche d’avoir, aussi, écouté l’accusé, de n’avoir pas été sourd et aveugle aux circonstances, résumons, d’avoir été juste ? Non, après réflexion, ne profanons pas les mots de vérité ou de justice. Disons simplement que vous avez essayé d’être honnête. De faire le job.
Mais, puisque nous sommes ici dans le même camp, que reprochons-nous exactement à cette victime injuste ? D’être une victime, justement ? Vous lui avez tenu le langage de la raison, et, objectivement, vous aviez « raison ». Mais sans jouer sur les mots, est-il vraiment raisonnable d’espérer qu’une victime soit accessible au langage de la raison ? Ne sommes-nous pas trop exigeants, voire cruels, d’exiger autant. Les victimes sont victimes. Certaines, « la minorité infime, admirable, et surhumaine », surmontent la déraison qu’engendre le crime chez elles. Mais, comme vous le soulignez vous-même, en une sorte d’aveu sympathique (piégé ?), c’est surhumain !
Pour les autres humains, forcément humains, être victime c’est sans doute nécessairement perdre sa raison, au moins à l’égard du crime, et plus encore à l’égard du coupable.
Dès lors, qu’espérions-nous en tenant à cette personne déraisonnée, le langage de la raison ? Pouvons-nous ressentir de l’amertume, de la tristesse, du doute, parce que cette déraison est injuste. Au fond, les victimes sont les dernières personnes dont on peut espérer un avis sensé dans une juridiction, ce sont celles qui, juridiquement, devraient « se déclarer incompétentes » lorsqu’on leur demande un avis à propos de leur affaire.
Chacun sa place es qualité. L’avocat de la partie civile est dans son rôle en n’ayant pas un mot de compréhension pour l’accusé. Il n’est pas sans cœur pour autant, puisqu’il sera dans le rôle inverse le lendemain en défendant un accusé. Et vous, moi, la victime, nous sommes aussi substituables au gré des hasards de la vie. Serons-nous raisonnables, surhumains, lorsque nous serons victimes ? Tant que je ne le saurai pas, et j’espère jamais, il semble que nous devrions laisser les victimes à leur déraison de victime. Expliquer, oui ! Même injustes, les victimes ont ce droit infini à l’explication. Vous avez bien fait d’aller les saluer. Etant injustement traité, vous avez bien fait d’expliquer. Mais les victimes ont acquis, par leur chair, un droit de ne pas comprendre vos explications.
Dans cette dispute de la raison et de la déraison, notre camp était celui de la raison, et pourtant il n’était pas raisonnable que nous fussions blessés. Il faut croire qu’on n’est jamais complètement raisonnable, et cette part de déraison qui est en vous, humaine, si humaine, vous donne le droit de vous sentir blessé, et d’appeler sur votre blog à ce (trop long) témoignage de compréhension et de solidarité.
Rédigé par : CécileLB | 24 juin 2007 à 17:51
(je dois être étanche à l'humanité, j'ai du mal à caresser le chien qui mord, la bave aux lèvres - pas de compréhension pour ceux qui rabaissent la femme au rang de tas de viande pour jouissance à bon marché, à quoi bon faire semblant, non, je ne comprends pas, ça me dépasse, m'échappe)
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 24 juin 2007 à 05:01
@ Jacques Parayre
Ma première considération sur le sujet était tirée par les cheveux et fumeuse..
La vôtre est concise et juste ..votre réponse est aussi pleine d'humanité.
Bernard
Rédigé par : Bernard | 22 juin 2007 à 08:14
Le jeune ayant commis cet acte odieux en réunion doit avoir une chance de changer et se reconstruire, je n'aurais pas cette vision avec un adulte accompli.
Je suis souvent du côté des victimes et de la justice en tant que représentant de l'ordre public, parce qu'il y a une dérive sociétale qui fait que l'agresseur se trouve souvent dédouané pour des excuses fictives, pseudo analytiques. Ceci est catastrophique pour le juge et l'agressé tout autant que pour la société. Dans un cas aussi fort, il faut également que celui qui a peut-être été un mouton, un suiveur, un faible de part son âge, sa structure puisse repartir.
Les peines planchers... Oui, bien sûr. La sanction pour montrer les interdits, qui dirige, oui.. évidemment.
N'oublions pas qu'il s'agit d'enfants et ne tombons pas dans une injustice pour sortir d'une autre.
La punition ne peut pas être à la hauteur, je pense des souffrances engendrées, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne doit pas être. Il faut savoir, ce ne doit pas être simple, effectivement faire au mieux de son raisonnement avec toutes les parties. Prendre un peu de temps pour l'explication si la ou les personnes veulent les entendre. La façon dont réagissent certains ne nous appartient pas si nous avons fait sérieusement notre devoir. C'est de toute façon, cruel, douloureux.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 22 juin 2007 à 01:18
Accuser ou juger n'est pas appliquer un tarif. C'est écouter; comprendre sans excuser; requérir ou prononcer une sanction sans blâmer.
Chaque procès a son histoire, sa part de vérité, d'indépendance, de grandeur et d'indignité.
Votre billet est superbe d'humanité et me touche au plus haut point tant il me fait me remémorer des moments vécus, douloureux souvent, humains toujours, trop humains même...
Merci Philippe de savoir nous transmettre vos quelques certitudes et surtout vos nombreuses inquiétudes qui légitiment largement les premières !
Rédigé par : Jacques Parayre | 21 juin 2007 à 23:13
Une foule de sentiments m'envahit à la lecture de votre billet, Philippe, et vous pouvez vous en douter.
Le combat de boxe que constitue un procès d'assises met en présence sur un même ring des concurrents qui poursuivent des buts différents. Une alliance objective n'entraîne pas une empathie automatique. Vous êtes magistrat, vous siégez au même niveau que la cour, la verdict est rendu au nom du peuple français, et c'est au nom de cette même entité que vous requérez : vous êtes de près ou de loin associé au verdict.
Vous ne pouvez pas vous débarrasser de votre robe pour venir saluer des parties : vous n'êtes pas et ne serez jamais perçu comme un homme simple. La mère de Christian Didier a sans doute trouvé dans votre salut une forme d'honorabilité, celle d'être reconnue en tant que personne par une autorité. Le salut de Philippe Bilger, elle s'en moquait, c'est celui de l'avocat général qui lui importait.
En assises, vous le savez, les défaites sont écrasantes et les victoires sont amères. On en sort abruti, sonné et quand on quitte le palais, gagnant ou perdant (j'ai connu les deux configurations), la fraîcheur du soir vous envoie le pire des messages : que la vie, décidément, peut être vraiment très moche.
Et puis les avocats de la partie civile ont du dire à la famille : "C'est Bilger qui requiert, ne vous en faites pas, il est avec nous, c'est une épée." Et vous n'avez pas rempli le contrat qu'on attendait de vous. Vous vous trouviez au pire endroit : entre le marteau et l'enclume.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 juin 2007 à 21:34
Monsieur l'Avocat Général,
Je m'interroge sur le pourquoi de ce qui me semble une auto-plaidoirie. Je m'en explique. Par votre longue et sincère expérience, vous avez du certainement sonder les méandres de l'âme humaine, tant du côté des victimes, dont vous percevez la souffrance avec tact et justesse, tant du côté des coupables, dont vous appréhendez avec autant de tact et de justesse l'humanité. Il me semble, depuis que je vous suis, médiatiquement bien sûr, que vous souffrez de cette position qui vous situe entre les deux acteurs principaux de l'acte judiciaire. Vous venez sur le devant de la scène médiatique, tantôt pour expliquer le rôle qui administrativement est le vôtre, tantôt pour montrer l'humanité qui est la vôtre et que vous voulez attacher à ce rôle que vous refusez de "jouer", car vous estimez que l'acte criminel qui a "uni" deux personnes dans la souffrance n'est pas un jeu. Et pourtant il se joue comme une pièce de théâtre, dont les rôles sont déjà attribués depuis longtemps. Pour ne rester que dans le cadre de votre intervention, le jeune était probablement asocial ou pour le moins en anomie et la jeune fille naïve, les avocats bien dans leur rôle, les juges et jurés dans le leur et vous dans le vôtre. Et je ne m'attarde ni sur celui de l'opinion publique, ni sur celui des médias.
Si je ne m'interroge pas trop sur la fonction que vous occupez, qui suis-je pour l'analyser, je préfère m'interroger sur l'homme que vous êtes, qui est bien plus attachant et intéressant que son rôle.
Aussi j'aimerais vous faire part, sans avoir la prétention de nourrir votre réflexion, de deux citations que je trouve judicieuses, la première est celle qu'aurait prononcé Eric de Mongolfier lors du non-lieu prononcé pour Jean-Philippe Smet "On s'interroge sur la parole des enfants, on devrait aussi s'interroger sur la parole des victimes". La deuxième prononcé par un ami magistrat dont je tairai le nom, qui m'a posé un jour cette question "savez-vous pourquoi le code pénal est rouge ?" et qui m'a répondu en forme de boutade "pour que les magistrats ne s'aperçoivent pas qu'on le leur a greffé à la place du cœur à l'ENM".
Moi je crois à vous lire et à en lire d'autres, peu nombreux hélas, qu'il y a des greffes qui ne prennent pas.
Et le rejet entraîne toujours une souffrance !
Cordialement
Rédigé par : samyzdat | 21 juin 2007 à 19:54
Philippe j'ai beaucoup apprécié ce billet. Je crois que par nature la perception d'un crime, que ce soit un meurtre ou un viol ne peut pas être la même quand on est la victime et l'avocat général. Pour l'une c'est le corps, le coeur qui dominent, pour l'autre c'est la raison. Quand le temps n'a pas encore suffisamment atténué la violence de l'acte, les deux ne peuvent pas se rejoindre. C'est comme si vous parliez, la victime et vous, deux langues différentes. Parfois la violence de ces actes ne s'atténue, j'imagine, jamais.
D'autres elle est peut-être si violente qu'elle rend tout ce qui arrive aprés dérisoire, même la condamnation du criminel, violeur ou assassin. Il me semble que si une personne que j'aime était assassinée, passé peut-être le désir immédiat de vengeance et un éventuel passage à l'acte, si la possibilité m'en était donnée, je me ficherais de la condamnation de l'assassin ; disons qu'elle ne serait plus mon affaire mais celle de la société. Ca n'a rien à voir avec le syndrome de Stockholm et ça m'agace de le voir évoquer ici, dans une affaire de viol ; car il sous-entend cette idée, hélas diffuse, que la victime d'un viol l'a un peu cherché ou qu'elle y a trouvé l'écho dans cet acte de je ne sais quelle propre faiblesse. Presque une justification. Je ne pense pas que les femmes violées se retrouvent dans l'héroïne de Portier de Nuit. C'est du fantasme.
Rédigé par : catherine A. | 21 juin 2007 à 19:20
Pensez-vous que les acteurs de votre récit liront votre texte ?
Rédigé par : david castel | 21 juin 2007 à 19:15
Etre victime d'un viol n'exclut pas de devoir faire un effort de réflexion, d'ouverture, de se battre avec dignité, d'être dans l'action. Je vais peut-être choquer ceux qui aurait une vision ostracique, mais la difficulté de mener une action judiciaire à terme avec les obstacles courants sont importants pour une victime de viol qui aurait la légitime envie de se laisser glisser dans l'abandonnisme. Ce qui paraît odieux, comme l'attente entre le dépôt de plainte, les moyens employés par la défense pour aider le client, les insinuations, la pudeur à briser sont autant de combats qu'il faut aller mener la tête haute et tranquille.
Une victime de viol, dans mon cas cela a duré des années, a besoin de redevenir guerrier comme tout un chacun dans un espace impérialiste, il est donc devant le meilleur exercice qui soit pour affûter l'épée et le bouclier de l'esprit.
Quelqu'un qui fut violé doit perdre l'illusion d'être le même qu'avant les actes odieux, ce qui ne veut pas dire ne plus être.
Je ne vois guère d'autres solutions acceptables pour les gens abusés autre que celle de devenir un stoïcien dans son intime et un spartiate en société.
Il ne faut pas attendre la considération, mais la distribuer. Ne pas attendre la compassion d'un violeur, elle ne viendra jamais, mais ne pas entrer dans son schéma qui ne nous appartient pas, si des gens pensent que le pardon est une acceptation, je les comprends. J'ai une vision autre qui fait que les actes des abuseurs ne m'appartiennent pas, ne sont pas dans mon chemin, ne me regardent pas. Ainsi j'ai fait les actes de façon telles que si cet homme et sa complice continuent de violer, de briser des vies pour satisfaire leur libido perverse, c'est à la justice informée qu'incombe la responsabilité de son suicide, de ses viols à venir, de sa thérapeutique, de sa rédemption. De mon côté, j'ai fait ma route et j'ai enfin cessé de me sentir responsable donc coupable et j'ai posé les actes pendant des décennies pour cela en déposant plainte, en affrontant la vie, en aceptant que j'avais un problème post- traumatique à soigner, que ma vie est de ma seule responsabilité.
Il est tout à fait normal que la société ait des soucis autres que les miens et donc qu'un de ses représentants plaide dans son sens et non dans le mien, c'est le fonctionnement judiciare classique et il est important aussi.
Mon cas est autre, "ils" ont bloqué mon droit à "un procès équitable dans des délais raisonnables" et je n'ai pas eu ce passage important devant les assises à mon grand désarroi.
Comme dit la famille Kennedy, ce n'est pas le moment de se laisser abattre, ceux qui me lisent sur ce blog depuis un certain temps savent que je suis un emmerdeur réfléchi, un entêté dans ses convictions longtemps mûries en amont, aussi je n'en ai pas fini avec "eux".
Un Sénèque en soi pour ne pas être affecté, mais aussi un Achille qui agit. La réflexion sans l'action, la prise de risque, n'est rien, ne sert à rien.
L'ami de la victime aurait pu trouver une autre solution pour mettre en avant l'amour pour sa compagne, vous n'avez fait que votre travail en conscience et nous savons tous ici qu'elle est grande.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 21 juin 2007 à 18:48
Voilà quelque chose de bien difficile à analyser, les échanges entre Philippe Bilger et l'ami de la victime relèvent de la psychanalyse pure.. Je n'ai pas les tenants et les aboutissants du débat je vais donc extrapoler, faire de la fiction (peut-être fumeuse) gratuite..
J'ai le sentiment que quelque aurait pu être la sentence, l'échange entre le magistrat-avocat général qui prend la forme d'un justicier, d'un Zorro et ce garçon n'aurait rien changé, même si les coupables avaient été condamnés à subir le même supplice que Damien le régicide.
Dans son inconscient l'ami de la victime assiste impuissant au viol de son amie de façon subliminale, il y assiste car l'horreur a du lui être rapportée par les différents récits de la victime dans les moindres détails et son inconscient l'a matérialisé subliminalement et toujours dans son inconscient subliminal la cour d'assises, président, jurés, avocat général, avocats, témoins, deviennent des témoins visuels du drame, témoins qui n'interviennent pas et agissent en voyeurs, complices des bourreaux.
Ce n'est qu'une extrapolation un peu inspirée par Jung, mais j'ai fort à craindre que ce garçon ait à subir de nombreuses scéances de psychanalyse pour retrouver une vue normale de la vie et de l'amour.
Tout ça est de la fiction mais est plausible.
Quant aux victimes compatissantes pour leurs bourreaux cela n'est pas sans rappeler le film "Portier de nuit" où une ancienne prisonnière des nazis retrouve un de ses tortionnaires SS sado-masochiste et revit avec lui ces moment passés ...
Rédigé par : Bernard | 21 juin 2007 à 16:57
Le viol est tout de même l'un des crimes qui semble marquer le plus définitivement ses victimes. Le violeur est aussi un criminel à fort potentiel de récidive, dans la mesure où son acte n'est pas du simple ressort des circonstances mais implique aussi une absence de contrôle de soi doublée d'une vision de l'autre sexe comme objet asservissable.
Il n'est donc guère surprenant qu'une démarche de clémence, réelle ou interprétée comme telle, puisse heurter.
Je crois que même les esprits les plus cléments et généreux en principe auront fortement tendance à réclamer la sévérité s'ils se trouvent concernés.
Vous évoquez ces victimes « admirables » qui « non seulement ne se soucient pas de la répression mais sollicitent instamment compréhension et mansuétude en faveur de l'accusé », je dois dire qu'une telle attitude me paraît aussi immodérée que celle qui consiste à refuser toute analyse et à ne crier que vengeance. Ce n'est pas de l'admiration que cette immodération provoque en moi, mais de la suspicion : une forme de syndrôme de Stockholm serait-il à l'oeuvre ? La victime se sentirait-elle coupable, en respect d'une certaine tradition ? La victime se méprise-t-elle au point de considérer que son viol ne mérite pas de punition ?
Quoi qu'il en soit, il est certain que votre rôle, celui d'avocat général, est d'agir pour le mieux de la société, ce qui conditionne souvent à l'entre-deux, à l'instar de Léon Blum qui refusait de soutenir officiellement au nom du Gouvernement les Républicains espagnols mais qui officieusement leur faisait parvenir des armes et des fonds, cet entre-deux qui ne satisfait jamais personne.
Est-ce qu'une institution ayant un rôle, au moins en partie, répressif, peut être appréciée de la population, en particulier de la population ayant été à un moment donné directement en relation avec cette institution ? Parfois, j'en doute. C'est un point à prendre en compte, si l'on veut faire évaluer l'action de la Justice par de simples citoyens (notamment en modifiant la composition du CSM).
Car les citoyens ne sont peut-être pas aussi neutres que l'on croit... Peut-être que le recours aux non praticiens apporte des participants encore moins neutres que les praticiens mais, de plus, incapables de discerner le nécessaire du superflu, le régulier de l'abusif.
(La CNDS donne un exemple patent d'une commission composée de gens de bonne volonté qui ne font que ressasser des évidences avec l'impression de faire des révélations - une machine non pas à promouvoir la déontologie mais à promouvoir la fainéantise, en formulant des jugements catégoriques sur des cas délicats à propos desquels la justice ne parvient pas à entrer en voie de condamnation)
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 21 juin 2007 à 16:04