Certes, par le fait du Prince qu'elle vante sans cesse, Rachida Dati a été nommée garde des Sceaux et sera sans doute renouvelée dans cette fonction la semaine prochaine.
Jeune, arabe, femme et milieu défavorisé : tout pour plaire, comme le souligne le Point dans une excellente enquête. De la magistrate, certains n'osent pas dire de mal, d'autres ne disent que du bien. Difficile, il est vrai, de se situer entre le compliment si proche de la flagornerie et la critique teintée d'aigreur. Comme l'écrit Sylvie Pierre-Brossolette dans sa double page dans le Figaro Magazine, elle est arrivée "auréolée de son image méritante" et, d'une certaine manière, tout est bouclé. Ce parcours volontaire et déterminé qui l'a vu passer d'Albin Chalandon à Jean-Luc Lagardère, de Jacques Attali à Simone Veil, avec de multiples amitiés nouées sans frontières politiques - il suffisait de voir les bises données sans discrimination sur les plateaux de télévision au soir du premier tour de la présidentielle -, avant de culminer en et par Nicolas Sarkozy, n'était pas à l'évidence à la portée de la première venue.
Nous avons une ministre de la Justice qui, aujourd'hui socialement sanctifiée, bénéficie d'une aura dont elle devrait faire bon usage. Parce qu'une fois franchie l'épreuve parlementaire- elle le sera aisément- pour l'adoption des peines planchers et l'excuse de minorité, énormément de problèmes à venir.
Je continue à penser et à soutenir que les peines planchers offriront l'immense avantage de favoriser une homogénéité judiciaire pour des récidivistes que la pratique ne sanctionnait pas comme il convenait. Lorsque des magistrats se réfugient derrière l'individualisation des peines pour échapper à la rigueur théorique de la loi, c'est qu'il est temps de réduire l'écart entre la sévérité abstraite et les conséquences d'un subjectisme forcené. Je n'ai pas été convaincu par la lettre courtoise et à l'opposition classique du président de cour d'assises Dominique Coujard à la garde des Sceaux, dans le Journal du Dimanche (JDD). Encore moins par l'article caricatural d'Agathe Logeart sur "les juges en liberté surveillée" et les propos d'Antoine Comte, avocat dont je connaissais l'idéologie mais mesurais mal jusqu'à quels excès elle pouvait le conduire : il évoque tout de même dans le Nouvel Observateur "une logique eugéniste" !
La réforme de la carte judiciaire a déjà été annoncée. On verra comment elle pourra être menée en dépit des contraintes politiques, des pesanteurs régionales et des pressions des Barreaux, ici ou là sans doute. Avant la fin de l'année 2008, 47 centres éducatifs fermés seront en fonctionnement et ce sera une heureuse et salutaire entreprise. Mais qu'adviendra-t-il des projets les plus nécessaires à une meilleure administration de la justice et de la magistrature ? Il est manifeste que le Conseil supérieur de la magistrature, sauf à demeurer un organe entravé par le corporatisme, devra voir sa composition modifiée dans le sens d'une moindre emprise judiciaire. Il est patent également que pour éviter un nouveau désastre du type d'Outreau, l'important n'est pas tant de transformer la procédure pénale que de diviser la magistrature en deux corps distincts qui ne risqueraient plus la connivence mais l'indépendance, d'instaurer un véritable contrôle professionnel et d'offrir une formation infiniment plus ouverte, pluraliste et performante à Bordeaux.
Déjà, quel chantier ! C'est compter sans l'augmentation sans cesse exigée des moyens humains et matériels, les solutions urgentes à apporter à la sécurisation des tribunaux et l'instauration ou la restauration d'un climat de confiance entre les magistrats et le pouvoir, entre les magistrats et les citoyens.
Entreprise qui sera d'autant plus malaisée à mener à bien qu'en dépit d'une majorité parlementaire pléthorique, elle se heurtera à de fortes résistances syndicales qui, pour être habituelles, n'en sont pas moins préoccupantes.
Je ne mentionne pas ce qu'on veut nous concocter avec la création d'un procureur général de la nation. Celui-ci, inspiré par Yves Bot, constituerait une fonction parfaitement inutile sauf ad hominem. Je constate d'ailleurs l'importance de la filière liée à Yves Bot puisque Maryvonne Caillibotte, qui s'était illustrée en accompagnant sur son ordre le juge Burgaud pour son audition par la cour d'assises de Saint-Omer, se retrouve au cabinet de François Fillon. Ces réseaux sont lassants. Rien ne change donc sous le ciel politico-judiciaire.
La magistrature n'a pas besoin d'une icône mais d'une politique dans tous les sens du terme. D'une politique et d'une femme politique.
Je serai presque rassuré lorsqu'on s'autorisera le droit de critiquer son action ou son inaction. On aura quitté la révérence mais pour quoi ?
Ce sera à Rachida Dati de nous le dire.
La nouvelle ministre n'est pas "socialement sanctifiée", elle est médiatiquement sanctifiée. Et notamment par des présentatrices de journaux télévisés mariées aux ministres du gouvernement (ou à d'ancien ministres du même parti que celui au pouvoir), et qui ont pour patrons des amis intimes du président de la République.
Si vous trouvez cette situation normale dans une démocratie, je serais heureux d'entendre vos arguments.
Rédigé par : Thierry Delaunnay | 02 juillet 2007 à 10:01
je suis plutôt d'accord mais faut pas q'elle soit silly , non ?
by the way , a pretty woman , men , non ?
ps : vos écrits , Dame Véronique , là , de plaisir(s) me font...........
Sissi !
Rédigé par : Cactus né né rebondit | 19 juin 2007 à 20:31
@ sbriglia
Figurez-vous que pour les pages roses j'avais envisagé le renvoi au Larousse.
Mais c'est en raison de vos froufrous que mes pensées ont navigué ailleurs.
Car l'ambiance rouge et noir que je peux imaginer propre à motiver PB, je la situe dans une autre gamme.
Moins popote, moins guimauve, moins classique, moins conservatrice, moins fête à neu-neu que celle des rentrées solennelles.
Pour tout dire.
Dans un dépouillé qui ne place vos froufrous soyeux que là où il le faut, quand il le faut.
Rédigé par : Véronique | 19 juin 2007 à 12:34
On lit - je lis ! - toujours trop vite PB...
Le suc n'est pas toujours dans l'étamine, parfois dans les racines : ne m'avait pas frappé à première lecture cette phrase : "Ces réseaux sont lassants. Rien ne change donc sous le ciel politico-judiciaire."
Les initiés auront compris...sans même avoir mis le tablier...
J'avais cru - candeur ? - que la nomination du "Premier", armé de son trident propre à faire rentrer dans le rang les diablotins et leur truelle, était un signe fort ?...
Bon, cher PB, vos talents de plume vous auront préservé de l'apprentissage du fil à plomb...
@Véro : le Petit Larousse existe en biblio ?...pages roses intra ! ne confondez pas avec minitel ou vague électorale...
Rédigé par : sbriglia | 19 juin 2007 à 09:02
@Parayre
Je vous cite : "Il n'y a pourtant pas de loi qui puisse régir l'harmonie entre les êtres. Elle ne peut être réalisée que par un effort constant de chacun."
Je pense au contraire que les lois sont là pour nous rappeler de ne pas lâcher cet effort constant et régir l'harmonie, lois que nous avons faites (ou plutôt nos représentants) et auxquelles nous souscrivont volontairement, car comme nous le rappelle Rousseau, seul un peuple de dieux pourrait se régir lui même ; son "Contrat social" est toujours d'actualité.
Rédigé par : Bernard | 19 juin 2007 à 08:57
Sbriglia,
Je connaissais cette phrase pertinente de Françoise Giroud, comme quoi tout le monde peut dire quelque chose de brillant un jour.
Elle ne m'est pas venue à l'esprit.
Il y eut un temps nécessaire pour tourner les politiques au ridicule, un autre maintenant pour faire des choix sérieux en riant.
Vous, Sbriglia, vous vous en fichez cela vous donnera du travail en plus, espèce d'avocat (dit avec tendresse et humour) : les lois sur les discriminations et autres acabits du même genre.
Moi, si mademoiselle Darty lit ce blog en entier, je vais avoir des procès pour trois générations de Lefebvre à suivre et devenir un jour le prisonnier le plus âgé de France.
Avec Darty, le contrat de confiance, nous dit-on, est-ce qu'on nous remboursera la différence si nous trouvons moins cher ailleurs ?
Telle est la question.
Parayre a mille fois raison, nous avalons lois et successions de lois à ne plus pouvoir les retenir, les identifier, fichons-nous un peu tous la paix et cela ira bien mieux.
Une fois, j'ai eu un procès pour avoir franchi le tourniquet SNCF de la gare du TER du Val d'Oise en sautant alors que j'avais mon abonnement en poche parce qu'une loi le prévoyait.
On punit même au-delà de l'expression, la pensée supposée parfois. Je connais des cas précis...
Le bon sens prévaut.
Vous avez la mienne d'approbation, Parayre, mais est-ce un cadeau et si oui est-il empoisonné ?
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 19 juin 2007 à 02:40
Il est regrettable que nos différents dirigeants, pour l'avoir régulièrement confié à des personnalités aux qualités certaines mais aux compétences discutables, n'aient pas pris en compte les difficultés spécifiques auxquelles se heurte un ministre de la Justice.
Aucun autre ministre n'a, avec si peu de moyens, à gérer un personnel aussi particulier, d'un corporatisme légendaire, fonctionnaire sans l'admettre et jaloux de son indépendance, tout en subissant des pressions de toute part et sans préjudice de la galopante inflation législative.
Un bon ou une bonne ministre de la Justice devrait donc être rompu aux arcanes du judiciaire et du politique, être juriste de bon niveau et jouir de l'autorité que confère l'expérience pour faire face à tout cela et impulser au surplus les réformes tant souhaitées.
Si ces réformes étaient prioritaires, c'est un tel profil qu'il eut fallu choisir.
Partant, la nomination de Madame Dati peut donner à penser qu'elles sont remises à un ministre ultérieur.
Rédigé par : Francis | 19 juin 2007 à 00:52
@sbriglia, vous qui connaissez la musique : rien n'est comparable aux qualités d'un ministre qui arrive si ce n'est les défauts d'un ministre qui part !
Mais j'ai en mémoire un proverbe allemand selon lequel "où la femme règne, le diable est ...Premier ministre " (ou président).
Plus sérieusement, je constate, faute de contradicteurs ou d'approbateurs, que décidément la loi, toujours la loi, bénéficie d'un crédit fort dans notre societé qui persiste à croire qu'elle peut tout résoudre...
Il n'y a pourtant pas de loi qui puisse régir l'harmonie entre les êtres. Elle ne peut être réalisée que par un effort constant de chacun.
Rédigé par : Parayre | 18 juin 2007 à 20:42
@ sbriglia
C'est difficile pour moi d'imaginer PB dans "les froufrous soyeux des noirs et des pourpres"
Et puis les pages roses.
Lesquelles ?
Rédigé par : Véronique | 18 juin 2007 à 18:04
"Le jour où une dame noire ou arabe d'origine sera promue à un tel poste pour ses compétences politiques et/ou juridiques, non par alibi alors les valeurs républicaines auront grandi."
a écrit Ludo...
Mais non, Ludo : le jour où une femme incompétente et malhonnête sera nommée à un poste ministériel, l'égalité homme/femme aura fait un grand pas, comme disait la regrettée Françoise Giroud.
Rédigé par : sbriglia | 18 juin 2007 à 17:49
"Certes, par le fait du Prince qu'elle vante sans cesse,"...
Dès l'introït, la messe est dite...
Crucifixion à la Bilger...
On ne peut ,sans cesse, avoir Badinter dans sa besace...Certes, pour la gent d'hermine, le cursus et la prestance sont l'aune de la considération que le pouvoir "concède" à l'autorité judiciaire...
A-t-on idée de se prénommer "Rachida" et de succéder à d'Aguesseau ?...On imagine les cris d'orfraie de la droite (ma chapelle) si Ségolène Royal, élue, avait commis ce crime de lèse épitoge !
Un conseil, Madame Dati, dans les rentrées solennelles, veillez à ne pas être occultée par les froufrous soyeux des noirs et des pourpres, montez vite sur "l'erreur de menuisier" du siège parquetier : on y domine le vulgum pecus sans avoir besoin de talonnettes !
PS : pour Véro, les pages roses pour la traduction, ou le missel des familles...
Rédigé par : sbriglia | 18 juin 2007 à 16:46
Sbriglia,
Rachida Dati put être une mauvaise communicante alors qu'elle était porte-parole de l'UMP, ce qui est contradictoire dans la définition de rôle, personne ne lui en a fait le reproche.
Elle peut être garde des Sceaux avec une formation plus que basique en droit, une absence de réalité politique puisqu'elle n'a même jamais été maire d'un village, personne ne lui fera la moindre remarque.
Pour la même situation certains seront qualifiés de parachutés, voire de pistonnés d'autres auront de la fraîcheur.
Je suis plus pour la reconnaissance des compétences dues à l'expérience probante, que la reconnaissance d'une couleur de peau, d'une féminité dans de tels postes.
Il aurait donc fallu nommer Noémie Lenoir le top model garde des Sceaux, sa couleur et sa féminité sont encore plus visibles, elle a encore moins de connaissances politiques et juridiques, elle aurait donc été plus fraîche encore.
Nous parlons de la gouvernance d'un grand pays, il faudrait redevenir sérieux.
Il y a dans les lois Perben 2 un certain nombre de mesures qui m'ont plu. Sa façon de préparer son élection à Lyon m'a horripilé cependant.
Je ne sais pas les skuds envoyés par E Guigou hier soir, je n'ai pas vu ce moment de télé (il y avait les deux French Connection sur Paris Première... immanquable), mais je suppute que ce ne fut pas les bons.
Alors oui, une icône pour quoi faire ?
Pour faire taire les jeunes des cités sur un supposé racisme gouvernemental, pour faire taire les socialistes sur une absence de parité homme-femme à droite. Pour ne plus que l'on puisse penser que...Sarkozy veut en finir avec la repentance et le politiquement correct nous affirme-t-il haut et fort, puis il navigue en plein dedans avec Rachida Dati. C'est donc la guerre communautaire qui gagne au lieu des valeurs républicaines. Je pense qu'en diplomatie, il y a un temps pour les négociations, les petits machiavélismes et un autre pour l'affirmation.
Au-delà de cela, il y a de sérieuses réformes en attente.
Le jour où une dame noire ou arabe d'origine sera promue à un tel poste pour ses compétences politiques et/ou juridiques, non par alibi alors les valeurs républicaines auront grandi.
Pour finir, il suffit qu'une vérité soit tue de façon collègiale pour que ma nature d'emmerdeur se mette en branle, se réveille. C'est certainement un défaut.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 18 juin 2007 à 14:34
Je ne vais faire que me répéter, mais avec toutes ces réformes .. où trouver l'argent ?
Je ne suis pas contre le principe de la peine plancher mais vu la mentalité des futurs justiciables concernés par celles-ci (lesquels je pense ne sont plus à 3 mois voire 1 an près) ne risque-t-on pas de voir la population carcérale augmenter de façon exponentielle avec tous les risques d'explosions que cela comporte si on ne construit pas des prisons ou si on ne libèrent pas des prisonniers... avec les critiques qui ne manqueraient pas de fuser... On construit des prisons et c'est l'éternelle antienne de la gauche qui voit des fascistes partout, on libère des prisonniers, c'est l'extrême-droite qui hurle "o laxisme ! Rétablissons l'ile du diable pour cette racaille".
Faute de statistiques je reste aussi dans l'expectative sur l'effet de la peine plancher avec en référence la peine capitale... Y a-t-il plus, moins ou sensiblement pareil de meurtres depuis l'abolition de celle-ci... On pourra me répondre que c'était une autre époque, pas les mêmes clients, les mêmes cours ou tribunaux, mais c'est la seule référence flagrante où l'on peut faire des statistiques sur la modification des peines encourues.
Quant à Madame Dati... Les ministres sont interchangeables dans leur(s) fonction(s), aujourd'hui à la justice et demain... Au quai d'Orsay, à l'Intérieur... à l'Environnement ? Sans oublier que Madame Dati aussi fonceuse qu'elle soit n'est pas le ou la seul(e) ministre à vouloir faire des réformes de fond et chacun à vouloir un gros chèque pour son ministère.
Rédigé par : Bernard | 18 juin 2007 à 13:47
Monsieur l'Avocat général,
Il manque deux qualités dans votre présentation : "Jeune, arabe, femme et milieu défavorisé" (ce qui représente quand même la moitié d'un fort pourcentage de la population française, l'autre moitié étant "homme).
Elle est aussi "magistrate" (ce qui n'a pas dû vous échapper tout de même) et "intelligente" (ce qui est évident pour une personne arrivée là où elle en est.
A moins que magistrate et intelligente ne soit un pléonasme :-)
Pourquoi je vous interpelle comme ça ?
Parce que je me pose une question suite à une petite vidéo diffusée sur le site du Premier Ministre (http://www.premier-ministre.gouv.fr/information/videos_22/?id_article=56525&debit=1) qui me semble être, à mon humble avis de simple citoyen, aller à l'encontre d'une phrase de son discours prononcé lors de la passation de pouvoir "Je serai le garde des Sceaux qui redonnera aux Français confiance en la Justice."
Dans cette vidéo elle dit "Restaurer la confiance des Français dans leur justice, injustement perçue par nos concitoyens comme trop compliquée..."
Injustement ? Cet adverbe me semble injustement utilisé, car la perception qu'ont les citoyens de la justice repose justement sur de trop complexes et absconses procédures, au langage qui ne l'est pas moins, qui ont trop injustement abouti à de trop nombreuses injustices ayant touché le justiciable citoyen.
Citoyen qui a depuis certaines affaires une très juste appréciation de sa justice.
Si la confiance en la justice passe bien justement par la lutte contre la délinquance, ne passe-t-elle pas aussi contre cette intolérable mainmise sur la liberté du citoyen impuissant face à une machine à broyer injustement la vie d'innocents qui ont eu la malheur d'être injustement accusés et tout aussi injustement instruits ?
Rédigé par : samyzdat | 18 juin 2007 à 13:10
Je suis heureuse de la nomination de Rachida Dati comme ministre de la Justice.
Son expérience de magistrat ?
Je sais. C'est saugrenu. Mais je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'un garde des Sceaux ne soit nommé que pour parler avec les professionnels du monde judiciaire.
Et,
un médecin chevronné fait-il un bon ministre de la Santé ?
un professeur qui n'a connu professionnellement que le métier d'enseignant fait-il un meilleur ministre de l'Éducation nationale ?
Rachida Dati aura à affronter ce qui constitue des oppositions nécessaires. Mais aussi les blocages paralysants on ne peut plus convenus à toute réforme d'envergure.
Ce qui transparaît chez cette jeune femme me donne à penser que son parcours sera une force pour porter un projet audacieux et novateur.
Vous semblez irrité par une sanctification de Rachida Dati. Mais vous savez aussi que la versatilité des médias les fait un jour adorer et, en un rien de temps, devenir féroces pour ceux qu’ils ont sanctifiés. Surtout pour ceux-là.
Médias ou pas, je pense que la mise en avant de Rachida Dati est un événement important dans la vie politique de notre pays.
... pas seulement pour les magistrats.
Rédigé par : Véronique | 18 juin 2007 à 12:33
Je ne sais pas si je fais erreur en émettant cette idée mais je ne suis pas sûre qu'une refonte totale du système judiciaire soit nécessaire.
Certes l'inflation législative est beaucoup trop importante, mais à mon humble avis l'essentiel du problème se trouve dans l'insuffisance de personnel et le manque d'encadrement.
Cela m'intéresserait fortement Monsieur Bilger si vous pouviez indiquer en quoi le système judiciaire français est inadéquat.
Bonne journée
Rédigé par : marie | 18 juin 2007 à 10:54
Deux juges d'instuction, Marsaud (limogé) et Bruguière (y a cassé sa pipe) ne trouvent, ou ne retrouvent, pas de siège... condamnés à rester debout, ce qui pour un magistrat du siège fait désordre... Madame Dati va-t-elle leur trouver un strapontin ?...ou finiront-ils couchés ?...
(cactus, vous voyez bien que je m'entraîne....)
Pour Ludo : je préfère la fraîcheur de Madame Dati et son évident courage à l'obsolescence de Monsieur Perben... et je trouve qu'elle a bien résisté aux scuds de Madame Guigou, hier soir !
Rédigé par : sbriglia | 18 juin 2007 à 09:29
Cher Philippe, le talent est décidément un art mêlé d'enthousiasme. S'il n'était qu'un art, il serait froid ; s'il n'était qu'enthousiasme, il serait déréglé : le goût, la réflexion, le recul lui servent de lien.
Je ne souhaite pas revenir sur les "peines planchers" ni sur "l'excuse de minorité"...
Si l'on cessait de présenter l'Etat de droit comme la panacée. "Faire aimer l'Etat de droit !"
Faire aimer des procédures et des formalités !
La machine à produire des règles juridiques tourne décidément à plein régime.
Mais pour quelle finalité ? Nous voilà empêtrés dans un formalisme sans fin. Les nations meurent quand elles substituent les moyens aux fins.
Il n'y a pas de raison sociale dans tout cela ; pas même de raison du tout. Pas de raison de se dépasser, de ...s'enthousiasmer.
Il n'y a pas de cap. Pour toute question délicate - pour un foulard, ou la récidive - on va chez le juriste. Comme jadis on allait aux eaux. Pour revenir avec des idées claires ; les grands déclins commencent avec les juristes - et pourtant j'en suis.
Les grands déclins commencent avec nous, juristes ; ils se terminent sans nous.
Le droit est trop froid et trop formel pour exercer sur la societé une influence bénefique. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l'homme.
Nous sommes en train de vivre l'agonie de la société rationaliste, dans laquelle la loi se prétend le guide exclusif des comportements du citoyen. Là où les religions donnaient des préceptes généraux, on a cru que le droit allait donner des modèles adaptés et suffisamment précis pour faire l'économie de ce qui est en jeu dans la civilisation contemporaine, c'est-à-dire de ce qui en l'homme, passe l'homme.
Cette démesure dans l'ambition du juridisme marque le déclin du Droit, quand on se met à croire que quelques lois, précises et affirmatives, vont suffire à clarifier et régir, prévenir et punir, bref conduire les hommes, non seulement en société, mais vers leur destin.
On pense se contenter de lois techniques, sans âme. Ainsi voudrait-on oublier cette cohérence, à travers le temps, qui fait la force d'une interprétation, d'un usage. La Loi seule ne pourra jamais ni organiser, ni même encore réorganiser la société. Bien au contraire, la Société de droit peut y parvenir parce qu'elle enracine le droit dans les valeurs...
Rédigé par : Parayre | 17 juin 2007 à 22:50
Je ne pense pas de bien de la nomination de Rachida Dati au poste de garde des Sceaux, ni de son parcours. J'ai osé le dire sur un forum et je ne compte plus le nombre d'insultes, de qualification de racisme et autres billevesées reçues en retour.
C'est tellement un tour de magie facile de mettre à ce poste central quelqu'un issu de l'immigration qui aurait beaucoup souffert, pourquoi plus que d'autres, pour pouvoir jeter de l'eau de vaisselle à la moindre contradiction au visage de l'odieux contestataire.
Vous n'êtes pas en accord avec ce parachutage : vous êtes raciste, réactionnaire et vous sentez le souffre.
Hé bien non, je le dis, à ce poste clef de notre Etat de Droit après le scandale d'Outreau, le non scandale scandaleux de mon affaire, les émeutes, l'augmentation de la délinquance, ce n'est pas une posture politicienne qu'il fallait mettre en place, mais un magistrat confirmé, désireux de vrais réformes ou un politique au cuir tanné.
J'ai entendu parler de la mise en place de lois contre la discrimination par Rachida Dati pour cet été... Encore, il va encore falloir supporter pour la population ces mises en différence, ses avantages ethniques, religieux, sexuels...
Ca continue de plus belle alors, nous allons encore et toujours être en état de tension les uns contre les autres.
Bon programme, bonne duperie, oui.
Les mesures en justice sont simples : les peines planchers, la responsabilisation pénale des politiciens et magistrats, une justice qui soit moins de classe, la mise en exergue de la citoyenneté plutôt que du droit de la minorité.
Tous les blocages sont uniquement le fait de mauvaises volontés, d'intérêts non nationaux, mais personnels.
Je ne tombe pas de haut, tout ceci est sans surprise. La facture sera plus lourde qu'on ne le pense un jour.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 17 juin 2007 à 20:40
Quel chantier! Espérons seulement qu'elle ne se fasse pas aspirer par les forcenés du dogme de la place Vendôme et d'ailleurs...
Aura-t-elle le courage et le soutien réel pour enfin réformer l'institution judiciaire ?
Wait and see...
Bonne soirée !
Marc
Rédigé par : Marc Fievet | 17 juin 2007 à 20:31
Comme vous je crois que la meilleure preuve de respect à l'égard de Rachida Dati sera de juger son action dans l'indifférence des origines sociales ou ethniques de la ministre. Si son histoire personnelle apporte une originalité bienfaisante à son action, ce sera tant mieux.
Vous êtes, dites-vous, lassé par les grenouillages de réseaux politico-judiciaire qui viennent altérer la crédibilité d'une politique au profit d'intérêt très individuels. Il convient de noter qu'il y a, à ma connaissance, trois avocats entre le président de la République et le gouvernement, mais trois avocats d'affaires dont on connaît la prédilection pour les petits arrangements hors prétoires, instrumentalisant le personnel judiciaire sans lui laisser en vérité le soin de juger quoi que ce soit. La nouvelle ministre a également cette coloration "business" dans son parcours de formation et dans sa courte carrière de magistrat. Je crains qu'il y ait dès lors peu de place pour une réforme tendant à redonner aux juges la confiance des citoyens. Je note avec étonnement les "fuites" opportunes qui visent à discréditer Laurent Le Mesle dans l'affaire Borrel tandis que l'émirat des Hauts-de-Seine demeure bien protégé sur tous les fronts, judiciaires et politiques. Fuites intervenant au moment où l'on évoque la convocation très précipitée de Jacques Chirac devant des juges. Hum...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 17 juin 2007 à 20:04