Le premier juillet, 60 925 détenus pour 50 329 places disponibles, soit 122/100. Un taux d'occupation qui angoisse.
La loi contre la récidive, qui va être débattue les 5 et 6 juillet au Sénat, pourrait mener 10 000 personnes de plus en prison, selon le Monde d'hier et Pierre Tournier, ce chercheur qui, il est vrai, ne trouve que des réponses hostiles aux politiques de fermeté.
Autrement dit, on n'a plus le choix. Le dos au risque de catastrophe pénitentaire, l'esprit persuadé de la validité des peines planchers, il faut faire quelque chose. Sortir des chemins battus. Imaginer que la répression légitime puisse, doive aller de pair avec une discrimination intelligente refusant de mêler le bon grain avec l'ivraie, même l'ivraie irrécupérable avec l'amendable.
Le parti socialiste, comme il convient, ne surprend pas en dénonçant une politique qui s'écarterait des principes de réinsertion et de compréhension et en réclamant une augmentation des moyens pour la justice. Cette dernière demande, bien qu'habituelle, est sûre de recueillir l'assentiment de tous et d'abord des magistrats qui se persuadent qu'un budget en expansion constituera le remède incontestable pour les maux du service public dont ils ont la charge.
Quant au reproche de dureté, qu'en penser ?
Il me semble que théoriser sur ce qui est déjà presque accompli n'a pas une grande utilité. Les peines planchers pour les crimes et les délits punissables de trois de prison au moins, la fin de l'excuse de minorité pour les 16-18 ans récidivistes et une obligation de soins en prison constituent, pour les deux premières mesures en tout cas, un engagement de la campagne présidentielle et, à ce titre, les dénoncer aujourd'hui revient à opposer une contestation symbolique à ce qui est si proche de l'aval parlementaire. J'ajoute que l'une et l'autre de ces réformes peuvent facilement être justifiées. Il serait trop simple, même sommaire, de critiquer les peines planchers qui n'ont pour ambition que de répondre à des situations d'entêtement délictuel et criminel, de gravité renouvelée au nom d'un humanisme sulpicien qui précisément s'est révélé inadapté face à elles. Invoquer l'exigence de réinsertion pour battre en brèche ce dispositif nouveau ne serait pas loin d'une démarche qui chercherait à guérir l'incendie par l'accroissement du feu. C'est la réalité qui donne ses ordres et, en l'occurrence, on a plus besoin de Créon que d'Antigone. Demain, dans un monde idéal, jamais donc, celle-ci aurait pu être l'unique référence.
Je voudrais faire un sort à une apparence de bon sens mais qui me semble sujette à caution. Lorsque Pierre Tournier, par exemple, tirant prétexte du fait qu'"un mineur incarcéré pour la deuxième fois sera, dans plus de 90% des cas, impliqué dans une nouvelle affaire dans les cinq ans qui suivent sa libération", soutient que "ces chiffres invitent à mettre sérieusement en doute le caractère dissuasif de la prison", il ne me convainc pas, bien au contraire. Une possible réinsertion, une éventuelle rédemption, c'est la relation de la gestion de l'enfermement avec un tempérament particulier. Que, pendant quelque temps, un jeune homme écarté de la vie libre ne soit pas métamorphosé au point de devenir à sa sortie un exemple n'est pas un phénomène qui m'étonne. La prison a permis de préserver la société, durant quelques mois, voire quelques années, d'une action néfaste mais elle n'a pu faire que cela et qui est déjà beaucoup. Qui peut encore sérieusement soutenir que l'enfermement, en dehors d'une formation élémentaire et du traitement basique de troubles de la personnalité, est susceptible d'ajouter à sa mission de garde une capacité d'éducation et de restauration personnelle ? Aussi, le jeune homme libéré, qui récidive, ne consacre pas l'échec de la prison mais le sien propre. Les plus critiques à l'égard de la réalité pénitentiaire d'aujourd'hui sont aussi les plus idéalistes : ils attendent tout de cette privation de liberté comme si l'être humain n'était pas d'abord une responsabilité et une liberté. Il peut se détruire et se dégrader en même temps, parfois, que toutes les bonnes volontés se penchent sur lui. Croire en la culpabilité exclusive de la prison, c'est sans doute, en évitant une image noire de notre prochain emprisonné puis à nouveau malfaisant, nous rassurer sur nous-mêmes. Les murs sont à incriminer, pas lui, donc pas nous.
Les chemins classiques ne mènent plus nulle part ou à une crise plus considérable encore. Mener de front tout ce qu'exige une politique pénale cohérente et ferme et ce qu'elle requiert de fine mansuétude, d'indulgence appropriée et de diversification des sanctions, ce qu'impose le recours à la prison et la modification du cadre matériel de celle-ci pour y instiller dignité et décence est une entreprise paradoxale : à la fois de longue haleine mais à accomplir dans l'urgence. On ne peut pas se contenter de constater que les peines planchers vont accroître sensiblement la population pénitentiaire et n'en tirer aucune conséquence pour la gestion de celle-ci.
La création d'un contrôleur général indépendant représente, je l'ai déjà dit, une très heureuse initiative mais, si on me permet cette comparaison, c'est comme le gâteau qui serait sur la cerise. Avant d'instaurer en quelque sorte la possibilité d'une démocratie même pour l'enfermement, il vaudrait mieux s'attacher à discriminer, à élargir et à maintenir. Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on va construire ou aménager ce qui permettra aux détenus de vivre correctement l'incarcération qui leur a été infligée. Plus que le numerus clausus - on ne peut pas, dans le cadre de la détention provisoire, faire dépendre la nécessité de celle-ci des entrées et des sorties pénitentiaires -, on devrait concevoir une amnistie qui soit moins un signe traditionnel de laxisme ou de fermeté qu'une amorce de nouvelle politique pénitentiaire à partir d'une distinction qui semble devenir prédominante aujourd'hui : les agressions contre les personnes et les atteintes aux biens. Ne serait-il pas d'une bonne audace présidentielle, avec d'heureux effets judiciaires, d'exploiter l'amnistie pour "fabriquer" vite une respiration, une proportionnalité entre les places disponibles et le nombre effectif, pour poser les bases d'un mouvement qui, enfin, donnerait de l'espoir à ceux qui, lucides et réalistes, croient à l'utilité de l'enfermement mais qui, généreux sans être idéalistes, le souhaitent digne de notre démocratie.
Si on n'agit pas sous la dure contrainte d'aujourd'hui avec les chances de ce quinquennat prêt à avaler les obstacles comme s'ils n'étaient rien, on ne fera jamais rien. J'ai cru remarquer que le président de la République aimait les défis. En voilà un bien plus difficile à relever que la carte judiciaire.
Plus fondamental aussi. L'humain y est en cause.
Véronique : je vous réponds en retard, pardonnez-moi.
Ce qui m'a fait échapper à toute récidive, c'est l'aide que j'ai reçue :
- un emploi bien encadré, mon patron ;
- un logement en CHRS, les éducateurs ;
- un psy
- les alsaciens que j'ai cotoyés ;
- la rencontre avec la personne que j'aime ;
- le départ d'Alsace, pour tourner la page.
Et aussi, oui aussi, le sentiment de ma responsabilité dans la conduite de mon existence.
Rédigé par : olivier | 07 août 2007 à 14:05
Parayre,
Surdité ou autre perspective ? Vous ne m'avez pas dit de quel type d'ILE vous parlez exactement. Quoi qu'il en soit, je n'ai personnellement aucune appétence pour les ILE.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 10 juillet 2007 à 06:33
@Marcel Patoulatchi:
Je vous prête volontiers écoute car je vous respecte mais, volontairement sourd, vous demeurez...
Qui cherche trouve, cherchez et constatez que mes chiffres sont plus qu'exacts !
Cordialement.
Rédigé par : Parayre | 09 juillet 2007 à 20:59
La loi sur les peines et la suppression éventuelle de l'excuse de la minorité sera votée et revotée, celle-ci date de 1994. Et après ! Les conditions carcérales sont mauvaises, c'est connu et reconnu. Les alternatives à l'incarcération s'adressent aux petits délinquants occasionnels. Pour les détenus majeurs conscients, éviter la récidive : mis à part la peur du gendarme, repasser en jugement et posséder de ce fait un casier judiciaire grévant les embauches futures... je ne sais pas. Les crimes itératifs, essentiellement de matière sexuelle, ressortent de la psychiatrie lourde et de la mise en sécurité de la société. Quant aux mineurs, 20% des incriminés, le problème est devant nous. J'ai appris que les récidives sont peu fréquentes, tant mieux, la sanction a du les faire réfléchir, peut-être aussi grâce aux éducateurs, il en existe de convaincus de leur mission. Ceux qui récidivent s'estiment déconsidérés, à cet effet ils exhibent leurs condamnations comme des citations glorieuses. Magistrats, policiers, pénitentiaires s'interrogent devant les échecs, impuissants qu'ils sont. Il conviendrait avec de gros moyens budgétaires de créer un nouveau système spécialisé, avec surtout à sa tête un personnage reconnu, imaginatif, obstiné et à poigne pour planifier et conduire ce projet. Avant tout,il faut organiser la prévention dans la jeunesse. Sachant qu 'un jeune sur cinq ne maîtrise pas la lecture courante, voici une proie potentielle pour la délinquance. Aux parents d'abord, aux enseignants réellement éducateurs par défaut de ceux-ci, de les encadrer pour éviter le pire. En cas d'echec, le service précité lrs les prendrait en mains sûres. Je souhaite que le Président Sarkozy comprenne qu'il s'agit d'une cause nationale angoissante pour tous.
Rédigé par : francis | 09 juillet 2007 à 16:36
Parayre,
Je trouve peu plausible que l'écrou de clandestins soit réalisé dans le but de justifier une politique, dans la mesure où je ne crois pas que les citoyens soient réellement informés du contenu et du mode de fonctionnement de nos centres pénitentiaires.
Concernant les clandestins écroués, qui sont nombreux selon vos chiffres (1/4 des étrangers qui constitueraient 1/4 des écroués, soit 1/8 des écroués), à quel titre le sont-ils ? ILE, ILS, etc, ces raccourcis regroupent bien des choses, très différentes en gravité ou en nature. Il y a tout de même une large nuance entre une simple entrée ou séjour irrégulier et, par exemple, l'aide à l'entrée ou au séjour irrégulier, la soustraction aux mesures d'éloignement, etc (et je ne parle même pas la mendicité agressive organisée).
Ces incarcérés le sont-ils pour simple entrée irrégulière ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 09 juillet 2007 à 13:09
@Marcel Patoulatchi:
Je crois connaître la question ayant été notamment PR d'un parquet frontalier confronté à la problématique ...
Les étrangers incarcérés pour les seules infractions à la législation sur les étrangers ( ILE) représentent en moyenne le quart des étrangers détenus en France, lesquels sont très largement sur-représentés au sein de la population carcérale (25%).
L'emprisonnement joue parfois le rôle de "centre de rétention bis », où sont placés les "intéressés" en attendant que l’administration préfectorale trouve les moyens de mettre en oeuvre leur expulsion, sans les contraintes du régime de la rétention notamment en termes de durée.
Le principe de l’incarcération des étrangers pour "ILE" ne trouve guère de défenseurs et j'ai le douloureux sentiment d'y avoir pourtant contribué et vos collègues de la PAF, confrontés aux mêmes difficultés, pourraient/peuvent vous le confirmer.
Deux rapports parlementaires de 1999 et 2000 en témoignent.
Ainsi, la commission d’enquête du Sénat sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires a estimé que « cette population n’[a] rien à faire dans nos prisons », qu’on « distingue mal l’intérêt d’incarcérer des étrangers en situation irrégulière sauf à dissuader - bien peu - les candidats à l’immigration dans notre pays ».
De son côté une commission d’enquête de l’Assemblée Nationale a considéré qu’ « on a transformé des politiques administratives en politiques répressives » et qu’il y a "un dévoiement de la peine de prison" dans la mesure où "le temps de l’enfermement ne peut être perçu comme une réflexion sur la faute" et où, pour un détenu qui sera expulsé dans son pays d’origine à sa sortie, "la détention n’a aucune fonction de réinsertion".
Avec la prison pour "ILE", on est donc face à une sanction qui ne répond aucunement aux objectifs que la loi lui assigne.
Je pense donc que la fonction de cet enfermement d’étrangers relève surtout de la portée symbolique (étrangers en prison = étranger dangereux), et par voie de conséquence de l’image que l’Etat entend donner de l’étranger à l’opinion pour justifier sa politique de contrôle des flux migratoires, même si elle est inefficace au regard des objectifs qu’elle se fixe.
Je répugne à ce que l'autorité judiciaire contribue à cette politique même si, encore une fois, loyalement, j'y ai participé sans satisfaction...
Rédigé par : Parayre | 08 juillet 2007 à 20:25
Parayre,
Sans jouer sur les mots, vous évoquiez ces « étrangers dont le seul tort est d’être en situation irrégulière ». Vous conviendrez que ceux écroués parce qu'ils s'opposent physiquement à l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière ont au moins un tort de plus qu'une simple irrégularité de situation administrative. Ces individus sont-ils nombreux dans les MA ? Je n'en ai pas le sentiment ; avez-vous des chiffres ?
Concernant les établissements accueillant les HO et les HDT, j'ignorais qu'il y en avait de si nombreux - les rares que j'ai pu voir ne me semblent pas manquer d'activité. Mais au-delà de leur taux de remplissage se pose la question de leur faculté à soigner ce qu'on ne semble pas vraiment maîtriser. Là où je veux en venir, c'est au fait que, s'il est vrai que des cas psychiatres sont écroués, il faut toutefois prendre en considération que ces cas-là ont souvent très fréquemment séjourné en établissement psychiatrique auparavant, ces établissements les relâchant dans la nature lorsqu'ils sont vaguement stabilisés jusqu'au prochain fait commis pouvant revêtir une qualification pénale - et lorsque le fait est trop grave, c'est l'écrou en lieu et place de l'hospitalisation.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 juillet 2007 à 17:50
Je suis très honoré de l'aval de Parayre et de ludo, je les en remercie. Je ne suis pas partisan de la grâce présidentielle donc de l'amnistie automatique pour certains détenus intéressants ou pour les gros délinquants de la circulation routière. Je connais à ce sujet deux anomalies choquantes. Au premier chef, les remises temporelles de peine aux "bons détenus" qui se conduisent bien en prison. Le délinquant chevronné connaît le réglement et sait fort bien s'y conformer. Les remises suivent, on arrive ainsi plus vite à la mi-peine, date à laquelle on peut solliciter la liberté conditionnelle que le JAP accordera plus facilement, surtout si on dispose d'un avocat efficace et bien honoré. Le détetenu déséquilibré et mal conseillé ne remplira pas ces conditions, c'est évident. Autre anomalie méconnue : on peut aussi, étant détenu, réussir un examen, brevet élémentaire, autrefois le CEP, même si on est gradué de l'université ! En récompense, une remise de peine. Bien sûr cela ne peut concerner l'analphabète.
Rédigé par : francis | 08 juillet 2007 à 14:49
@Marcel Patoulatchi:
Non, vont en centre de rétention les étrangers qui ont simplement fait l'objet d'APRF ; ceux qui ont été poursuivis pénalement - notamment pour "refus d'embarquer" - sont écroués et vous ne l'ignorez pas.
Quant aux mineurs, précision inutile...
Pour ce qui est de l'hospitalisation d'office, aux termes de la loi de 90, les établissements sont au contraire nombreux sur l'ensemble du territoire national puisque certains même sont maintenus sans patients internés, du fait de l'évolution des traitements psychiatriques.
Rédigé par : Parayre | 08 juillet 2007 à 09:48
@ sbriglia
C'est vrai que NS ne semble pas avoir entendu PB.
Mais PB est-il le genre de magistrat susceptible d'être entendu par NS ?
Parfois, souvent, PB est quand même quelqu'un d'assez sophistiqué dans ses positions. Il faut pouvoir le suivre.
Pour preuve :
PB ne propose pas dans sa note que la grâce présidentielle soit un outil de gestion des prisons. Il a écrit que la grâce présidentielle pourrait être l'amorce d'une nouvelle politique pénitentiaire.
Relisez la note... vous verrez.
Rédigé par : Véronique | 08 juillet 2007 à 08:33
Parayre, Quelques précisions : Les étrangers clandestins ne vont pas en maison d'arrêt mais dans des centres de rétention administratifs. Les toxicomanes simples usagers qui emplissent les prisons sont ceux qui commettent des délits pour subvenir aux frais de leur loisir subversif. Quant aux mineurs, ils sont dans des quartiers séparés des majeurs (chambre individuelle, etc). Quant aux cas psychiatriques, rappelons que les centres pouvant interner sous contrainte (d'office ou demande d'un tiers) ces individus ne sont pas si nombreux et loin de proposer une solution garantie sur résultat.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 juillet 2007 à 00:42
Je suis d'accord avec vous, Francis, concernant les malades mentaux...
Malheureusement, il me semble que les délinquants sexuels sont des pervers, et que ça ne se guérisse pas, cette maladie là.
J'ai l'impression que c'est une patate chaude qu'on va gentiment donner à un autre service public pas beaucoup plus argenté.
Les temps sont plus durs, l'argent public plus rare, le peuple plus exigeant sur la façon dont on dépense?
Rédigé par : vache qui pète | 07 juillet 2007 à 21:20
"Ou faut-il admettre que la justification de la grâce présidentielle soit de vider les prisons qui sont surpeuplées ?" poursuit Nicolas Sarkozy. "Depuis quand le droit de grâce sert-il à gérer les prisons ?"
Il ne vous a pas lu... ou pas entendu...
Mais on ne peut lui reprocher d'être démagogue...
Rédigé par : sbriglia | 07 juillet 2007 à 19:34
@ Parayre
Si je me place d'un point de vue très général, je pense que le débat public autour des peines planchers et de l'excuse de minorité est positif.
En ce sens que dans la sempiternelle question répression-réinsertion, un équilibrage s'opère au profit de la sanction.
J'interprète le projet Dati non pas seulement comme la concrétisation d'une promesse de campagne électorale, mais comme un positionnement clair en direction de l'ensemble des professionnels de la justice sur l'aspect sanction de la prison.
Vu sous cet angle, cet équilibrage me semble nécessaire.
J'ai lu dans Le Monde un article consacré à une journée ordinaire au tribunal de Bobigny.
Bien sûr, les places qu'on ne trouve pas dans les centres éducatifs fermés et par défaut, direction Fleury-Mérogis.
Mais en même temps, je pensais à la note que Philippe a consacrée à la grève préventive des éducateurs du centre pour mineurs de Lavaur et à leur opposition à assumer la partie répressive de leur travail.
Sans vouloir lier grossièrement Bobigny à Lavaur.
Mais très sincèrement, je n’ai pas pu m’empêcher de penser, songeant aux grandes réticences de Lavaur, que quelque chose, décidément, ne va pas dans ce cloisonnement entre l'éducatif et le répressif.
Je pense également que cette grève à Lavaur illustre à sa manière les blocages et les oppositions idéologiques à l’œuvre pendant des années qui ont fait qu’à Bobigny, aujourd’hui, c’est direction... Fleury-Mérogis.
Rédigé par : Véronique | 07 juillet 2007 à 08:31
Le gouvernement précédent a effectivement fait une erreur considérable par rapport à la psychiatrie et les conséquences sont désastreuses.
Il y a des gens à soigner en prison et par déontologie et par protection civile.
Francis a parlé d'or, je suis d'accord avec Parayre.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 07 juillet 2007 à 02:10
@Francis:
Vous écrivez d'or, l'incarcération des malades mentaux ou des cas psychiatriques est une réalité que les vrais pragmatiques fréquentant les prisons ou les ayant connues connaissent bien !
Les maisons d’arrêt accueillent en outre trop d’étrangers dont le seul tort est d’être en situation irrégulière, trop de toxicomanes uniquement usagers, trop de malades mentaux, je me répète après vous, qui désorganisent les conditions de la détention, trop de mineurs et de jeunes majeurs ne séjournant que quelques mois en "provisoire", bref, toute une population partageant une promiscuité qui fait le lit de la récidive…
Une mutation radicale des individus écroués est aujourd'hui indéniablement constatable : la prison accueille désormais, j'insiste pardon, une population de détenus, prévenus ou condamnés, constituée pour sa plus grande part de délinquants sexuels, de malades relevant de la psychiatrie et d’auteurs d’infractions à la législation sur les stupéfiants ...
Les délinquants financiers, placés sous contrôle judiciaire, alors même qu'ils génèrent 50% du coût global de la délinquance - cf le billet et les commentaires sur la cherté de la délinquance -parviennent à retarder, eux, leurs jugements, et leur éventuel écrou !
Rédigé par : Parayre | 06 juillet 2007 à 23:58
Je ne vais pas épiloguer sur les peines plancher et le rejet de l'excuse de minorité, je ne suis pas compétent. Si elles sont adoptéés je suis certain que les prisons vont éclater et qu'il y aura des éclats difficilement contrôlables. J'ai fréquenté le milieu carcéral durant 30 ans. Or je crois connaître un moyen pour évacuer le trop-plein prévisible. J'ai constaté qu'un tiers de détenus n'y avaient pas leur place : les malades psychiatriques. Ce n'est pas un milieu pour eux et les matons malgré leur bonne volonté ne sont pas des infirmiers psychiatriques. Le système asilaire d'antan a vécu, grâce à l'apparition de nouvelles therapeutiques qui permettent, sinon la guérison, du moins de longues rémissions médicalement contrôlées, donc des sorties.Les bâtiments des hôpitaux psychiatriques disposent de bâtiments vacants. Pourquoi ne pas les affecter à ce genre de malades avec un personnel adéquat. J'ai connu le centre de Cadillac, une horreur, crainte même des récalcitrants. Ce serait humaniser la condition de ces malheureux que de les savoir dans de tels services adaptés à leur état. Cela me semble mieux, pour faire de la place aux délinquants professionnels, qu'une amnistie aléatoire.
Rédigé par : francis | 06 juillet 2007 à 22:28
@Marcel Patoulatchi:
Vous "prenez le luxe de me répondre" : votre majesté est trop bonne de condescendre à vous situer à mon modeste niveau !
Décidément, ne soyez plus arrogant, le cercle parfait de la lune ne dure qu'une nuit !
Rédigé par : jacques Parayre | 06 juillet 2007 à 21:00
Parayre,
Ne voyez pas dans mes remarques post-apéritif post-travail de l'agressivité, je prends néanmoins le luxe de répondre à vos propos dont le contenu m'interloque autant qu'il m'intéresse.
Concernant la surpopulation carcérale, remarquons d'abord qu'elle concerne les maisons d'arrêt. Elle ne concerne pas l'ensemble du monde carcéral et il est possible d'imaginer qu'un certain aménagement dans les autres centres pourrait ne pas être sans intérêt.
Vous craignez « que la prison serve d'aspirateur social pour écarter temporairement les scories des transformations économiques en cours et faire disparaître de l'espace public les rebuts de la société de marché ». Moi j'observe qu'elle sert aussi souvent à écarter les fleurons de la société de marché, les consommateurs pollueurs qui méprisent l'humain, dans son être et dans ses droits. Bien sur, nombre de toxicomanes et de fous sont incarcérés, à défaut d'avoir trouvé mieux pour eux, constatant qu'ils commettent de multiples infractions en attendant mieux - des rebuts de la société de marché, admettons. Mais combien de pénibles, qui s'amusent à brûler le bien de leur voisin, à le violenter dès qu'ils sont mal lunés, ne finissent par laisser tranquille leur entourage qu'au gré de leurs incarcérations à récidives ?
Jean-Dominique,
Lorsque j'avais 15 ans, moi aussi je me moquais des lois, je me contraignais « à respecter une règle morale qui m'interdi[sait] de nuire à autrui », pensant que la « loi ne me concerne que si elle m'interpelle sur une nuisance que j'aurais auparavant sous-estimé ». Depuis, j'ai pris le parti de considérer que si chacun en faisait autant, on parviendrait vite au chaos, chacun ayant souvent une interprétation qui lui est extrêmement personnelle de la nuisance causée à autrui, considérant que le code pénal est loin d'être imparfait dans sa rédaction.
Damien,
Les cinqs relaxés étaient-ils condamnés avant les évolutions législatives élargissant les possibilités de prélèvements d'empreinte génétique ?
Pour ma part, je ne m'opposerais pas à ce que l'on prenne mon empreinte génétique ; je n'ai rien à cacher.
Vu le nombre d'affaire, notamment de viols, éclaircies grâce à l'ADN, je ne vois pas de raisons valides de s'y opposer. On peut, certes, s'évader dans des élans masturbatoires en imaginant ce que pourrait faire du FNAEG un régime dictatorial et raciste. Mais ce régime pourrait faire bien des choses de nombreux autres fichiers et moyens techniques modernes : mis à part en revenir au gourdin et aux silex pour allumer le feu, je ne vois guère de moyens d'y faire face.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 06 juillet 2007 à 16:23
Dès la mesure visant à instaurer les peines plancher adoptée, il faudra bien finaliser la démarche en supprimant ensuite le plafond de ces condamnations. Nous gagnerons encore en efficacité !
Rédigé par : Stéphanie | 06 juillet 2007 à 13:45
@Véronique :
Pour moi également - concrètement et toutefois sans certitude, efficacement pendant de longues années - j'ai participé à la mise à l'écart provisoire des délinquants, "vertu" minimale de la prison mais, bien insuffisante pour le pragmatique que je suis aussi.
Le temps carcéral est aujourd'hui, sachez-le, vide de toute activité ou presque et générateur de déstructuration des personnalités qui, en fin de peine, se retrouvent souvent dans la rue dans une situation pire que celle qu'elles connaissaient à leur entrée en détention.
Alors, je ne dis pas, loin de là que l'emprisonnement est à bannir, je souhaite simplement que l'incarcération soit mise à profit pour préparer l'avenir du condamné.
Ce dernier, en majorité est et demeure, une fois élargi, un indigent, un sans toit ou/et sans papiers, un malade mental, un toxicomane sans formation ni métier.
Le profil type du détenu n'est pas celui d'un prédateur du milieu social ayant délibérément choisi la délinquance par rejet de toutes contraintes ...
La prison c'est essentiellement la misère de notre societé regroupée entre des murs ...
Ce n'est pas de l'angélisme c'est du concret que tous les professionnels vous confirmeront.Le concret c'est donc aussi de veiller à ce que le sortant ne soit pas rapidement un nouvel entrant et que tout soit mis en oeuvre, dans l'intérêt bien compris de tous, pour qu'il ne génère pas de nouvelles victimes...
Rédigé par : Parayre | 06 juillet 2007 à 10:57
@ Olivier
On va dire que vous n'êtes pas aujourd'hui dans le piège d'une récidive.
Philippe a écrit:
"Aussi, le jeune homme libéré, qui récidive, ne consacre pas l'échec de la prison mais le sien propre."
Dans un premier commentaire vous avez exprimé votre désaccord en disant qu'une récidive est également l'échec de l'institution en matière de réinsertion.
Si mon hypothèse de départ concernant votre situation est juste, qu'est-ce qui vous a permis, dans votre passage en prison, d'être aujourd'hui hors récidive?
ps: je pense que votre expérience carcérale est d'abord utile à ce blog.
@ Paraye
Je comprends votre hésitation et votre peu d'enthousiasme par rapport à ma proposition.
Mais entre Théodule et par exemple, le rapport Bonnemaison, il y a une légère différence. On FAIT ce que Théodule décide.
Je ne fige pas Théodule pour l’éternité. Nous sommes en 2007. Je pense que compte tenu des transformations de notre société, Théodule sera inopérant en 2067. Évalué, il devra s’adapter.
"Le pragmatisme, l'efficacité et le concret seraient, plus que de créer un nouvelle commission Théodule, de faire vivre les peines alternatives, de construire de nouveaux établissements, de favoriser les liens entre les milieux fermés et ouverts en prévoyant notamment que toute peine de prison, avant de s'ouvrir sur la liberté totale, comporte une étape obligatoire d'accompagnement en milieu ouvert ou en semi-liberté..."
Je suis d’accord avec vous.
Mais le pragmatisme, l’efficacité et le concret nous obligent également à dire que la prison est une sanction et une mise à l’écart pour d’abord empêcher de voler, de blesser, de violer et de tuer.
La difficulté pour les personnes comme moi est de ne pas perdre de vue cette nécessité et de rejeter l’idée de "la culpabilité exclusive de la prison". Tout en disant à Philippe qu'il doit accepter, lui, de considérer que la responsabilité et la liberté chez un être humain ne vont pas de soi.
Rédigé par : Véronique | 06 juillet 2007 à 07:50
@ Olivier
Peut-être l'hôte de ce blog
Rédigé par : mike | 06 juillet 2007 à 06:41
Sbriglia,
Seriez-vous sensible aux femmes en uniforme pour tourner votre réflexion sur une telle proposition ?
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 05 juillet 2007 à 23:32
Alors, tenir compte de la récidive pour élément aggravant dans le CV du délinquant serait de nature à mettre en péril la vie des juges ? Et c'est ce type d'allégations qui vise à faire trembler ceux qui rendent la loi ?
La Justice est rendue par des hommes, et je crois fermement, qu'à la différence de ces récidivistes qui pourrissent la vie des gens, ces personnes qui, elles, ont fait l’effort de travailler dur pour atteindre leurs fonctions, sont très qualifiées pour mener la difficile tâche que nous leur confions.
Ainsi, en cas de récidive, nul besoin d'emprisonner l'auteur. Non, non. Il suffit de l'écouter livrer son point de vue sur ses agissements. Cela suffirait. C'est vrai, on ne les écoute pas assez, ces chéris, se délecter des bêtises qu'ils accumulent. Les gens qui rentrent chez eux, après 35 heures de boulot, découvrant leur voiture visitée au parking de la gare, leur demeure cambriolée, leurs enfants agressés dans les transports ou à l’école, l’ont bien cherché.
C’est vrai, c’est inacceptable qu’ils cumulent tant de richesses, une voiture, une maison. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. Pas besoin d’indemnisation, ni de plainte, ni de jugement. Si les auteurs le leur ont infligés, c’est parce qu’on ne les a pas assez écoutés. Nan !
Ces délinquants que vous dites avoir écoutés, vous ne les avez pas seulement entendus, ils vous ont converti. Mais la délinquance, on ne fait pas toujours que l’observer, il arrive qu’un jour elle s’intéresse à vous. Et ce jour-là, lorsqu’en plus elle brise des proches ou frappe là où elle fait le plus mal, on se réveille, et on finit par ranger ses belles convictions indulgentes dans la poche et on se tourne vers … la Justice.
Rédigé par : Stéphanie | 05 juillet 2007 à 22:26
Merci, Sbriglia (encore!). Vous apportez de l'eau aux pompes de la Légion Jardinière ;-)
Avez-vous vu encore brûler la Provence?
Un "homme", un "mec", un "caïd" aujourd'hui, c'est quelqu'un qui contribue à sauver la terre, qui affronte la cupidité, qui tient tête aux grands chimiquiers et aux laboratoires pharmaceutiques, qui s'engage avec les indiens d'Amazonie ou qui débroussaille les Landes.
J'en ai aperçu un ce soir à la télé dans le film de Yann Arthus-Bertrand.
C'est une femme.
Pas un petit péteux qui deale, viole en réunion, terrorise les grands-mères dans sa cage d'escalier et met des coups de couteaux dans les banquettes des trains.
Peut-être serait-il temps que l'idée se propage.
Rédigé par : Fleuryval | 05 juillet 2007 à 22:20
MIKE
Qu'en savez-vous de cette misère ?
Allons, allons... le jour où votre fils... vous serez comme les autres, tous les autres, et vous comprendrez mieux certaines misères. Je pense à Khalil Gibran 'un coeur que la faim et la soif ont attendri'. Pensez-y.
Pour les deux catégories, je vous propose un jeu : vous inventeriez la troisième, celle de ceux qui font de leur mieux sans être ni dupe ni méchant. Chiche ? allez, c'est l'été...
Rédigé par : olivier | 05 juillet 2007 à 21:52
@ Paraye
"Au fond nul homme n'est juste volontairement. Dès qu'il a le pouvoir de mal faire sans crainte, le sage lui-même ne résiste pas à la tentation".
Platon ( La République)
Rédigé par : Bernard | 05 juillet 2007 à 21:35
@Véronique :
Comme toujours, je vous ai lue avec attention et vous remercie de votre réponse qui toutefois n'est pas parvenue à me convaincre.
En effet, je suis certain qu'une nouvelle commission ne ferait que retarder le traitement de l'urgence signalée par notre hôte alors que depuis la consultation approfondie, animée par Gilbert Bonnemaison et le rapport "GESTE", eux-mêmes suivis de missions d'enquête parlementaires très sérieuses, la situation est connue par l'Etat, les solutions unanimement partagées par les partenaires de tous bords appartenant ou non à la liste établie par Nathalie Guibert.
Le pragmatisme, l'efficacité et le concret seraient, plus que de créer un nouvelle commission Théodule, de faire vivre les peines alternatives, de construire de nouveaux établissements, de favoriser les liens entre les milieux fermés et ouverts en prévoyant notamment que toute peine de prison, avant de s'ouvrir sur la liberté totale, comporte une étape obligatoire d'accompagnement en milieu ouvert ou en semi-liberté...
Comme il m'a déjà été donné de l'écrire sur ce blog, souvenons-nous des principes de 1789 qui ont donné naissance à la prison républicaine en bannissant les châtiments corporels et la cruauté légale.
Remémorons-nous également les principes humanistes du siècle suivant qui ont parié sur la prison pour améliorer l'homme.
Rappelons-nous enfin la réforme Amor de 1945 née dans l'élan de la victoire sur la barbarie. Il y a eu, depuis, la réforme de 1975, immergée parmi d'autres transformations sociétales.
Avancons encore, alors que d'autres reculent, et n'oublions pas que l'existence de prisons respectueuses des droits de l'homme, de tous les droits de l'homme est une garantie pour la démocratie.
Rédigé par : Parayre | 05 juillet 2007 à 20:42
Les gens honnêtes seraient contents de voir la disparition des récidivistes parce qu'ils auraient compris, à la suite d'une simple admonestation de la justice, qu'ils doivent reprendre le bon chemin.
Les gens honnêtes seraient également heureux si l'on pouvait détruire les prisons faute de délinquants.
mais je crois qu'il y a deux sortes de gens honnêtes :
Ceux qui sont de doux rêveurs
Ceux qui ne sont pas dupes.
Que je sache, le système judiciaire permettant de savoir quel est le condamné qui va s'amender et celui qui va s'y refuser n'est pas encore inventé.
Alors seuls les faits compteront :-pas de récidive après une première peine relativement douce : compréhension généreuse
-récidive : pan.
Quant aux pleurs sur le manque actuel de places dans les prisons, je préfère m'intéresser à ceux qui vivent dans des taudis et restent dignes dans leur dénuement. Il est des misères qui méritent plus l'intérêt d'avocats de la classe de Badinter que sa hauteur face à R Dati.
Rédigé par : mike | 05 juillet 2007 à 19:03
Véronique :
Quoique 'pas de la bande' de ce blog et pas trop 'répondu' quand j'évoque mon expérience carcérale, vous pouvez me contacter si vous souhaitez avoir des avis, remarques et réflexions sur l'incarcération - condition : qu'il y ait aussi des surveillants lambda, non gradés.
Rédigé par : olivier | 05 juillet 2007 à 18:20
@Damien : attendons l'arrêt de la Cour de Cass., car il y aura nécessairement pourvoi du Parquet ou du Procureur Général... En cas de refus de prise d'empreintes digitales, le délit (refus d'obtempérer) n'était-il pas constitué ?
...mais je ne suis pas pénaliste...
Rédigé par : sbriglia | 05 juillet 2007 à 17:12
Un commentaire à venir ?
"Refus de prélèvement biologique": relaxe
Cinq hommes, condamnés chacun en première instance à 150 euros d'amende pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement destiné au fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), à la suite d'un vol, ont été relaxés par la cour d'appel de Grenoble. "Le prélèvement ne pouvait être imposé", a déclaré la cour, précisant "qu'en refusant, les prévenus n'avaient pas commis d'infraction".
Bien à vous !
Rédigé par : Damien | 05 juillet 2007 à 16:50
Depuis la fin de la conscription, les forces armées ont du mal à recruter... idem pour la gendarmerie...
Pourquoi ne pas proposer, en substitution d'une peine de prison ferme, un engagement à due concurrence dans l'une des trois armes, la gendarmerie voire la pénitentiaire ?...
Et pour les femmes également (souvenir ému des "marinettes")
On concilie l'intérêt général, Sarkozy et Royal...
L'est pas belle la vie ?...
J'aurais pu parler de Cayenne (l'Ile de Ré est trop bien fréquentée..) mais je suis sûr que quelqu'un va le faire à ma place ! (mais non,Ségo, ne vous sentez pas visé, pensez à vos exams !)
PS : ah ! ce ton doctement paternaliste de Badinter au Sénat face à Dati... le même que celui dont m'honora un jour un Bâtonnier dont, jeune stagiaire, j'étais l'adversaire..."Voyez-vous, mon jeune ami..."
Bon, c'est vrai que je reproduis avec Ségo : je pars me confesser !
Rédigé par : sbriglia | 05 juillet 2007 à 14:59
J'échange question contre constat.
La question :
"Je me pose parfois cette question envers l'honnête citoyen : "serait-il si honnête s'il n'y avait pas de lois ?""
Le constat :
"Malgré les lois de plus en plus dures, de plus en plus coercitives, de plus en plus inquisitoriales (dans quelque pays que ce soit), la malhonnêteté est un sport international, pratiqué par de plus en plus de gens honnêtes".
Alors qui veut échanger la question contre le constat ?
Ah oui, tiens, tiens, j'avais pas remarqué que je finissais mon commentaire en posant une question... :-))
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 05 juillet 2007 à 14:36
@ Paraye
Ma préférence pour le pragmatisme, l'efficace et le concret s'exprimerait ainsi :
1 - la capacité d'accueil de nos prisons ne nous permet pas aujourd'hui d’absorber des effectifs supplémentaires de détenus.
2 - Le projet de R. Dati aura pour conséquence d'augmenter les incarcérations.
Dans un premier temps :
Je proposerais, comme Philippe, une amnistie qui pourrait être l'occasion de dessiner clairement les objectifs de la politique pénale souhaitée par NS, principalement en matière d'incarcération.
Dans un second temps :
J'ai sous les yeux un livre écrit par un chef d'entreprise avec Nathalie Guibert * : " La prison, ça n'arrive pas qu'aux autres ".
Les remerciements qu'on trouve à la fin de l'ouvrage se chiffrent à 130. Tous ceux qu'on sollicite pour avis autorisé sur les questions d'insécurité et de délinquance sont dans cette liste. Et ce ne sont pas que des sociologues, des psy et des magistrats.
Ma proposition :
Constituer une équipe de travail en prenant appui sur les profils contrastés de cette liste. La condition pour intégrer ce groupe de travail serait l'engagement de parvenir à un accord pour un programme d'actions en direction des prisons. D’autre part, je jugerais nécessaire pour mon groupe de travail que les mots efficacité, évaluation, résultat ne soient pas des gros mots. Le maître d'oeuvre de cette commission s'engagerait à respecter ce qui sera proposé.
Je pense à une commission dans le même état d'esprit que celle qui a été mise en place après l'affaire d'Outreau.
La différence de ma commission avec celle d’Outreau et de celles qui ont été constituées sur les prisons, c’est qu’il y aurait un engagement ferme de mise en œuvre des actions préconisées par ce groupe.
Suis-je assez concrète ? Ou suis-je trop à l’ouest ?
* Oui, je sais. Pour Philippe, Nathalie Guibert, c’est direct de l’urticaire...
Rédigé par : Véronique | 05 juillet 2007 à 13:10
Bernard, en voilà une idée ! On ne serait honnête que par la peur de la prison ? Pour ma part, je me moque de respecter la loi, je me contrains à respecter une règle morale qui m'interdit de nuire à autrui. La loi ne me concerne que si elle m'interpelle sur une nuisance que j'aurais auparavant sousestimée : je la transpose dans mes règles morales et vais même parfois plus loin que la loi elle-même, conscient que ce que la loi veut corriger est un problème que j'avais négligé.
Parallèlement, une loi dont l'analyse m'indique qu'elle ne correspond pas à la morale, eh bien, je ne la respecte pas ! Ainsi, si une personne en détresse et sans papier débarque chez moi, je l'hébergerai, quel que soit le risque pénal.
En aucun cas la loi ne se substitue à la morale, jamais. Et je suis honnête par construction intellectuelle et non en fonction du Journal Officiel ! Quelle idée !
Drôle d'idée également de rendre la prison dissuasive en la pourrissant davantage ! Elevons-y des rats tant qu'on y est ! Sodomisons les détenus à leur arrivée à sec et sans capote : cela serait-il assez dissuasif ?
Aïe, aïe, aïe, l'"honnête" citoyen cache parfois une si belle âme de barbare...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 juillet 2007 à 12:36
Vous écrivez : "Aussi, le jeune homme libéré, qui récidive, ne consacre pas l'échec de la prison mais le sien propre."
Le sien propre exclusivement, donc. L'échec d'un individu souverain et sans contexte. Le libre du choix du mal. La responsabilité totale du récidiviste totalement sujet de sa récidive.
Dans ce cas là, à quoi bon aider à la réinsertion puisque tout est réduit à la liberté individuelle du sortant de prison et que jamais l'institution ne pourrait aussi être questionnée, voire même améliorée ? Il n'y aurait qu'un échec, et ce serait forcément celui du pov'type avec son sac devant la grande porte qu'il a tant rêvé de franchir.
Et puis même, à quoi ça sert que j'écrive ici sur les "paniques post-incarcération" (genre qui ne fait pas mousser son locuteur), si l'on réduit la récidive à une histoire de choix individuel souverain ?
A quoi ça sert que j'écrive, puisque de bons citoyens font toujours eux-mêmes le choix souverain du bien ? tandis que d'autres ne sont que ... de sales losers de la récidive.
Rédigé par : olivier | 05 juillet 2007 à 11:12
@ Parayre
Je ne pense pas que la société ait à se poser la question de combien de détenus faut-il au m² dans les prisons, la prison doit (à mon avis) rester un spectre de peur pour celui qui a l'intention de commettre un délit et même pour l'honnête citoyen. Je me pose parfois cette question envers l'honnête citoyen : "serait-il si honnête si il n'y avait pas de lois ?". Donc pour en revenir à nos moutons, le fait de savoir pour le délinquant qu'on est mal en prison car celle-ci est surpeuplée fait partie des arguments de dissuasion à méditer par celui-ci. Mon argumentation n'empêche pas de revoir à la hausse le budget de l'administration pénitentiaire...
Quant à "l'explosion", si la presse n'allumait pas la mèche il y aurait certainement moins de risques.
Ce n'est pas sans me rappeler toutes proportions gardées, l'enseignement. Où, dès qu'une classe dépasse une vingtaine d'élèves on justifie l'échec scolaire par la surpopulation de celle-ci.
Rédigé par : Bernard | 05 juillet 2007 à 07:28
Peine plancher ? Je crains que le plancher soit celui qui recevra le cadavre de magistrats abattus dans l'exercice de leur fonction, dans ou hors de leur bureau.
Pour les avoir bien connus ces "délinquants récidivistes" et "anomiques", leur offrir une peine plancher c'est comme offrir un doctorat à ceux qui cherchent un "sacre" à leur cursus de carrière de délinquant.
Dans les sociétés dites "primitives" il y a une initiation qui attend l'enfant aux portes du clan des adultes.
Les peines planchers seront un lion un peu plus gros à affronter pour être le plus beau, le plus fort, le plus "mâle reproducteur".
La délinquance des quartiers (j'y habite) est une tribu aux règles contraignantes qui ne souffre pas de faiblesse de la part de ses membres.
Les délinquants ne craindront jamais la société, elle leur offre par son essence même un territoire de chasse. Comme le jeune Massaï ne craint pas le lion… ou du moins ne l'avouera jamais au risque de passer pour un lâche aux yeux de sa tribu.
Quand la justice enverra ces multirécidivistes fouler le plancher des prisons, les kalachnikovs cracheront le feu sur les magistrats.
Je vous invite à côtoyer et parler comme je l'ai fait à ces multirécidivistes dans les prisons, leur inconsciente arrogance et leur total mépris de l'ordre établi ne s'abaissera pas devant des lois qui leur sont totalement étrangères.
Et là, je vous l'assure, la peur ne se trouvera pas là où vous le souhaitez.
Cordialement,
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 05 juillet 2007 à 01:05
Je crains, c'est un euphémisme, que la prison serve d'aspirateur social pour écarter temporairement les scories des transformations économiques en cours et faire disparaître de l’espace public les rebuts de la société de marché : petits délinquants d’occasion, chômeurs et indigents, sans-abri et sans-papiers, toxicomanes, handicapés et malades mentaux laissés pour compte par le relâchement du filet de protection sanitaire et sociale, jeunes condamnés à une (sur)vie faite de débrouille et de rapine par la normalisation du salariat précaire.
Je viens de lire en effet, après votre billet dont j'apprécie la mesure mais conteste le credo carcéral, une dépêche relatant la mise sous contrôle judiciaire du co-président d'un club mythique du football hexagonal, emportant obligation de fournir un cautionnement de 400 000 euros ...
L'importance de cette somme, à mes yeux au moins, me laisse à penser que les délits reprochés à l'intéressé sont d'une particulière gravité : leur auteur présumé n'est, pour autant, pas allé en détention et n'est pas venu abonder l'angoissant taux d'occupation de nos prisons...
Suis-je trop concret ?
Rédigé par : Parayre | 05 juillet 2007 à 00:15
ce sont les soldes !
avide de CB tel Ovide voilà t'y pas que Dame Cécilia de dépasser l'audace présidentielle !
Sissi !!!!!!!!!!!!!!
aux soldes , citoyennes
son jour de gloire
est arrivé !
déjà oublié(e)
ce soir !
douce France :
rendormez-vous
VITE !
Rédigé par : Cactus CiBiste | 04 juillet 2007 à 22:36
Il s'agirait de savoir si le policier allemand, en cas de suicide du gardé à vue par pendaison, ferait l'objet des mêmes poursuites que le policier français en pareil cas. Car si les draps ne comptent pas parmi le matériel des commissariats de police, c'est peut-être que cette carence s’inscrit dans une question de sécurité, qui semble évidente pour qui supporte la charge des personnes retenues pour des besoins judiciaires. Peut être s’agirait- il de ne pas amalgamer enquêtes de police et détention.
S'agissant des peines planchers pour les récidivistes, elles ont le mérite de clairement prévenir les futurs candidats à la sanction de ce qu’ils encourent; une certitude que le principe du maximum encouru n’autorise pas ; étant précisé que le principe d’appréciation du juge et d’adaptabilité de la peine au justiciable reste valide puisque le magistrat conservera le pouvoir de majorer la dite condamnation.
Il est grand temps que les gens qui ne commettent pas de délits soient soutenus par le système judiciaire et se sentent enfin entendus. Il ne tient qu'aux futurs récipiendaires de l’appareil pénal de faire comme nous : respecter à minima les autres.
Après tout, la loi n'est pas si mal faite, quand on la respecte.
Rédigé par : Marlyne | 04 juillet 2007 à 22:20
Au premier juillet, le nombre de détenus était même de 60 925 soit une hausse de 1,9% par rapport au mois de juin !
Je crois avoir souvent, sur ce blog, appelé l'attention sur ces chiffres qui posent questions : le pragmatisme, l'efficacité et le concret, revendiqués par certains, devraient s'exprimer sur l'état de surpopulation manifeste que connaissent nos établissements pénitentiaires .
J'attends cordialement... Véronique notamment.
Rédigé par : Parayre | 04 juillet 2007 à 20:54
Je vais peut être passer pour un "réactionnaire" , mais il faut arriver à inverser la vapeur, que ce soit les délinquants qui craignent la société et non l'inverse, que l'on cesse de faire des délinquants des victimes de la société, discours classique et rituel du parti socialiste alors que c'est la société qui est victime d'eux. La devise de Madame Dati et du Président Sarkozy vis-à-vis des dlinquants devrait être cette phrase de l'empereur Tibère : Oderint, dum metuant (Qu'il me haïssent pourvu qu'ils me craignent), donc, assez de démagogie complaisante envers la délinquance.
Rédigé par : Bernard | 04 juillet 2007 à 20:32
La peur est la pire des prisons, je l'ai connue en d'autres temps. Elle fait plus que vous enfermer chez vous, elle prend la place de la réflexion, de la vie, elle ne vous offre pas de vacances, de remise de peine, elle est présente même le week-end, la nuit, elle vous met en contact avec votre future mort, elle vous incarcère dans votre mental à un tel point que vous ne voyez plus rien ni personne autour de vous.
Bien des agresseurs, qu'ils soient délinquants ou criminels génèrent ce sentiment aliénant à leurs victimes. Lorsque ces derniers sont emprisonnés, c'est de l'oxygène que retrouvent d'autres. Ne nous trompons pas de combat, les liberticides sont les gens qui de leur influence néfaste empêchent les autres de vivre, pas le contraire. Que les délinquants et les criminels ne commettent pas leurs tristes forfaits qui font tant de mal aux autres et ils seront libres. C'est une la palissade (le général La Palisse n'a jamais commis de la palissade, ce sont ses soldats attristés de sa mort qui lui composèrent une chanson où il était mentionné de son vivant, il n'était pas mort ou quelque chose d'approchant), mais qu'il me semble bon de rappeler, car elle est si souvent oubliée.
La plus grande des injustices et des démissions serait de ne faire la loi qu'en fonction des malfaisants.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 04 juillet 2007 à 19:08
Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de visiter une antenne de police en Allemagne.
Un policier posa la question suivante :
Quelle différence y a t-il entre une cellule d'un commissariat de police allemand avec une cellule d'un commissariat français ?
En Allemagne, il y a un drap sur le matelas.
Maintenant, peut-être qu'au jour d'aujourd'hui, tout a changé ?
Rédigé par : Marie | 04 juillet 2007 à 18:43
Whaoh, Philippe, vous y allez fort sur l'amnistie et je vous approuve ! Vous êtes paradoxal et cohérent, vous êtes décidément un personnage singulier.
Si je comprends bien, si les récidivistes ne sont pas en prison, qui sont alors ceux qui y sont ? Majoritairement des détenus provisoires et qui, comme certain policier chauffard criminel, pourraient aisément être mis dehors sans trouble. Mais l'amnistie ou la grâce ne s'appliquent pas à ces cas là : c'est la politique pénale de la détention provisoire qui doit s'infléchir radicalement.
Le parquet général est-il disposé à demander le remise en liberté de milliers de détenus provisoires ? L'audace présidentielle certes. Et l'audace judiciaire ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 juillet 2007 à 18:15