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27 juillet 2007

Commentaires

Marcel Patoulatchi

(Catherine Jacob,

L'évocation des dirty dozens m'a quelque peu inspiré, le résultat est là http://riesling.free.fr/20070801.html )


Parayre,

Mais il est évidemment bien entendu que je ne querelle que certains membres du monde judiciaire :) On parle surtout des trains qui n'arrivent pas à l'heure, pour une raison bien évidente ; ça ne signifie pas que l'on est persuadé que tous les trains n'arrivent pas à l'heure, vous le savez bien.

Notez que si j'envisage l'hypothèse d'une légèreté de la juridiction répressive (car certaines condamnations ne cessent de me surprendre tant la sévérité et la clémence dont elles attestent sont parfois étrangement distribuées), le propos de mon dernier commentaire était plutôt à la décharge de cette juridiction qu'on accuse d'avoir méjugé sans savoir en quel état était le dossier entre ses mains.

Ludo Lefebvre

En ne mettant plus en avant des valeurs comme l'honnêteté, le courage, la politesse, la conscience des autres et autres repères désuets auxquels je deviens de plus en plus attaché, longuement construits à travers les siècles dans notre France ayant une genèse barbare, notre société ne peut être que criminogène.
Ce ne doit pas être l'alibi pour aller tuer ou braquer, mais c'est évidemment une des causes et tant que celle-ci ne sera pas traitée en profondeur, il ne pourra y avoir qu'une progression de la criminalité, de la violence, de la délinquance.
Tout le monde a besoin de s'identifier, de ressembler, or tant que les modèles et la masse seront des contre parangons, l'honnête homme sera considéré comme le rosier de madame Husson (Maupassant), l'idiot (Dosto), Candide (Voltaire), le cousin Pons, le père Goriot (Balzac), le petit chose (Daudet)... Bref, il sera imbécile à spolier ou victime.

Je vois les fortunes se bâtir sur des ignominies, des trafiquants de drogues heureux, des politiciens sans scrupules, des avocats qui sont amoraux (je sais ce n'est pas leur rôle, mais jusqu'à quelle limite acceptable), des chanteurs qui se font un coup financier sur d'autres talentueux et créatifs, mais morts, des commerciaux qui en restant dans la légalité sont des escrocs... Alors, lorsque l'on n'est pas naïf, il faut une sacrée force de caractère pour rester un citoyen respectable, pour ne pas se laisser aller à la facilité de glisser.
Tout le monde peut appuyer sur une gâchette, faire de ses poings un commerce, agir comme Georges-Marc Benamou, dealer de l'héroïne, prendre un contrat à une petite vieille fragilisée, abuser de la confiance d'autrui !
C'est si facile, si simple, si peu risqué.
La démarche inverse, par contre, demande un effort pour ne pas se laisser aller à ses pulsions, pour résister à la frustration, elle demande aussi l'humilité d'être le dindon de la farce, le pauvre con !

Parayre

@Marcel Patoulatchi:

Je vous cite : " on peut présumer que la juridiction correctionnelle a une fois de plus montré sa grande légèreté "...

Et vous vous défendez pourtant d 'attaquer systématiquement la justice ...

Vous semblez pourtant, à vous lire attentivement, être un représentant de l'Etat : vos critiques obsessionnelles d'une de ses composantes m'inquiètent d'autant plus mais vous allez sûrement encore vous en défendre et me soutenir que vous ne faites que quereller CERTAINS membres de la Justice.


Catherine JACOB

En complément du post du 31 juillet 2007 à 14:15 et à titre purement anecdotique voici quelques modèles récents de Hana-fuda d’ une série intitulée.
«Fleurs et monstres » et avec lesquelles on passe agréablement les fêtes du nouvel an:

http://www.pingmag.jp/images/article/karuta02.jpg
http://www.pingmag.jp/images/article/karuta03.jpg
http://www.pingmag.jp/images/article/karuta04.jpg

dont un bel oeil de cyclope sans le cyclope mais dans la sauce à laquelle les compagnons d’Ulysse furent mangés:
http://www.pingmag.jp/images/article/karuta05.jpg

un proverbe qui dit «Mieux vaut un don pour la cuisine qu’une belle figure» :
http://www.pingmag.jp/images/article/karuta30.jpg
Ex. de jeune épousée bonne cuisinière:
http://www.pingmag.jp/images/article/karuta31.jpg

Quant au Yubikiri on peut faire observer qu’en France aussi les enfants échangent les promesses sous l’égide des pires supplices. Ex: «Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer».

Catherine JACOB

Ayant résisté à l’attrait des rediffusions de films de Michel Serrault, j’ai opté pour France 2 et les Chorégies d'Orange. Bien m’en a pris puisque cela a été l’occasion d’entendre NS (plus élégant qu’on ne l’a jamais vu et qui, contrairement à son fils aîné, n’a pas tombé la veste), déclarer haut et fort sa ferme détermination de remettre la France en selle dans le palmarès mondial de la culture (je résume avec mes mots) ainsi que de soutenir des actions comme celle de France 2 ayant fait le choix, contre les prévisions de l’audimat, de diffuser en direct un opéra romantique de Guiseppe Verdi, composé une dizaine d’années après que l’aient frappé trois deuils des plus douloureux, ceux de son épouse et de leurs deux enfants, j’ai nommé « Le Trouvère » (Il Trovatore), celui qui ‘trouve’ les mots pour dire l’indicible… selon le mot d’un commentateur. NS a également affirmé la nécessité de soutenir financièrement des institutions comme les Chorégies. On peut regretter que cela soit la seule affirmation que, la réduisant qui plus est aux seules Chorégies, en ait retenu un Christophe Hondelatte qui songeait sans doute au prix des places dont France 2 faisait ainsi faire l’économie au téléspectateur (100e) avec en bonus, « La Bohème » de Puccini pour laquelle, malheureusement, j’ai calé, vu que je n’avais plus d’oreilles pour écouter à nouveau Roberto Alagna (Il Trovatore), après en avoir été gratifiée à toutes les sauces, avant, pendant, entre les actes et après le premier Opéra !! Il faudrait expliquer à France 2 les vertus du silence. Même les phrases de Proust comportent des virgules ! Un morceau exécuté sans respect des silences devient vite inaudible et avoir été bombardés de prestations du célèbre ténor comme on l’a été hier au soir lui a sans doute été plus nuisible qu’utile. L’association des Chorégies écrit sur son site que «Enrico Caruso considérait que pour monter avec succès Le Trouvère il « suffisait » de réunir les quatre plus grands chanteurs du monde. » Après avoir financé dans ce but, le travail de 400 personnes, en réduire l’encensement à un seul me paraît faire injure à tous et en particulier à Mzia Nioradze, qui a donné à Azucena, la Gitane, une dimension tragique tout à fait exceptionnelle qui mérite d’être soulignée, de même la prestation du chanteur coréen Seng-Hyoun Ko, comte de la Lune rayonnant de Yang. Je n’ai en revanche pas été spécialement convaincue par Susan Neves dans Leonora, qui aimée du Comte, lui préfère en fait Manrico le trouvère. Que dire du fait que le Chef a été complètement oublié dans sa fosse (magnifique brasier sur la scène d’Orange dont les éclairages se sont inspirés de façon très intéressante des techniques mises au point au Crazy Horse par Alain Bernardin). Or pas de chef, pas de musique et pas de musique pas de Verdi et c’est tout de même le compositeur qu’il convient de faire apprécier au public qu’on cherche à attirer vers l’opéra et non pas seulement un interprète qui apparaît ainsi davantage au service de lui-même que de la musique. Personnellement donc, j’aurais préféré entendre davantage parler de la façon dont il cherchait à habiter ses rôles que de la maison qu’il loue pendant le mois des Chorégies, son appartement de Londres ou celui de New York ainsi que l’arrière de sa voiture avec chauffeur, ou encore que du fait que sa voix possède la puissance d’un avion au décollage. Il est vrai qu’il a timidement essayé d’expliquer ce que c’est que le corps résonance ainsi que le rôle de la colonne vertébrale dans la diffusion du son, mais ça n’a apparemment pas suscité l’intérêt d’un reporter qui a préféré s’attarder sur le sensationnel comme le nombre de muscles sollicités (400/ sur ?).
D’autres personnalités du monde politique étaient-elles allées écouter la star mondiale des ténors ? C’est devant un parterre minimaliste en séance nocturne que le garde des Sceaux a fait passer son texte ayant trait à la création de la fonction de « contrôleur général des peines de privations de liberté ». Mais on nous a expliqué ce matin, que contrairement à ce qu’on pourrait penser, les votants ne sont que la partie émergée de l’iceberg et nos députés ne font aucunement de l’absentéisme mais creusent en commission et fignolent les futurs textes (que donc il n’est plus nécessaire qu’ils approuvent ensuite personnellement, si je comprends bien) dans les souterrains de l’hémicycle… Personnellement, je n’ai jamais pensé qu’une réunion électorale avait le même impact que le fait de mettre son bulletin dans l’urne, mais je suis un peu bête. Donc… !

Marcel Patoulatchi

Fabrice,

Vous dites nécessaire de se rappeler « que c'est un homme que nous jugeons » tout en déclarant que cet homme-là « a failli [...] à notre morale, pas à la sienne ».

Si sa morale tolère le crime, c'est tout autant sa morale que l'homme que nous jugeons. Et si sa morale est telle, elle est criminogène et mérite peu d'égards.


Gaston,

Que sait-on exactement de cette affaire de femme « molestée par son mari » ? On peut présumer, certes, que la justice correctionnelle à une fois de plus montré sa grande légèreté. Néanmoins, n'ignorons pas l'hypothèse d'accusation de violences n'ayant pour autre but que de nuire ou simplifier le processus de divorce, lièvre éventuel qui aurait pu être levé par un magistrat bien luné.

Une fois de plus, que dire sinon qu'il serait temps que notre justice publie ses jugements, détaillant ses motivations. Nous saurions alors à quoi nous en tenir. Il est facile de réprimer le fait de porter le discrédit sur une décision de justice ; il serait temps toutefois d'employer les moyens modernes de communication afin d'éviter qu'un discrédit indu ne soit trop facilement jeté.


Catherine JACOB

J’ai consulté l’interview de Frédéric Ploquin sur : http://www.parismatch.com/parismatch/dans-l-oeil-de-match/reportages/interview-de-frederic-ploquin-a-propos-de-l-evasion-de-pascal-payet

Il y est question de ‘travail bien fait’ en matière d’organisation d’évasion et de planification de braquage ainsi que d’amitié ‘à l’ancienne’ qui n’existerait plus chez les 'jeunes voyous des cités'. La ténacité, la vraie solidarité ainsi que l’idée de ne pas abandonner quelqu’un derrière soi quel que soit le risque, sont des valeurs en effet infiniment respectables. La question, comme souvent, est donc celle du contexte et de la finalité.
Il existe aussi une forme de rédemption du criminel comme par exemple dans «Les douze salopards – The Dirty Dozen » un film de Robert Aldrich dans lequel des tueurs condamnés acceptent de suivre un entraînement qui en fera des personnages encore plus redoutables qu’ils ne l’étaient déjà, mais des soldats… autrement dit ils apprennent à transcender l’action en vue d’une finalité supérieure qu’on peut définir comme le bien commun qui s’oppose à l’enrichissement personnel… Dans « les sept mercenaires » de John Sturges des villageois rançonnés par une troupe de bandidos après avoir envisagé de se défendre eux-mêmes finissent pas engager des mercenaires sur la suggestion du personnage interprété par Yul Brynner qui leur explique que les armes c’est comme les charrues, il faut savoir s’en servir ! Ce film est un remake (comme souvent) d’une œuvre magnifique d’Akira Kurosawa (1954) : ‘Shichinin no Samurai’ (Les sept Samouraï), Lion d’argent à Venise, c'est un film dont le réalisateur a obtenu la médaille japonaise de la culture.
On peut encore souligner la figure du ‘Rônin’, le samouraï sans maître, celle du voyou solitaire à la Alain Delon du « Samouraï » précisément, ou encore l’élégance toute britannique du Sean Connery de la série des 007 et l’aura à la fois fascinante et répulsive de tout ce qui a « permis de tuer ».
Or donc, pour la loi, tout est dans ce mot : ‘permis’ !
Néanmoins à voir le comportement de certains politiques, l’antique ‘code de l’honneur’ semblerait également ne plus survivre que chez les braqueurs à l’ancienne comme ces Yakuza japonais dont le nom viendrait de Ya/8 + Ku/9 +Sa/3 autrement dit le 8.9.3 qui représentait la plus mauvaise main qu’on pouvait tirer d’un coup à un jeu de cartes traditionnel japonais de 48 cartes qui s’appelle Hana-Fuda et sur les cartes duquel sont représentées 4 par 4 les fleurs des douze mois de l’année.
Le jeu aurait été apporté au Japon par les Portugais au 16ème siècle (donc si je comprends bien les Japonais n’avaient pas de mauvais garçons avant ?!) et ce « 893 » représentait donc l’un des mots de la langue verte pour désigner ces voyous qu’on appelait encore des Kô-gu-shi, [les maîtres(Shi) des Ustensiles (Gu) de la Voie des parfums(Kô)], autrement dit ceux qui en faisait le commerce, probablement ambulant, ainsi que les Tosei-nin, des aventuriers, dernier mot qui n’est pas sans connotation positive pour nous (Voir TF1 Koh Lanta).
Leurs superbes tatouages aussi fascinent l’Occident, comme par ex : ceux-ci sur un acteur d’un film coréen www.wowkorea.jp/upload/news/8740/inson2.jpg et www.wowkorea.jp/upload/news/8740/inson1jpg , de même les fortes valeurs de fidélité telles qu’on les retrouve dans la coutume du Koyubi-setsudan, le fait de se sectionner le petit doigt lorsqu’on a failli à la mission confiée par le caïd de la bande, mais qui s’origine en réalité dans la coutume qu’avait les filles de joies autrefois de se couper le petit doigt lorsqu’elles juraient un amour constant à un client, coutume qu’on retrouve sous le nom de Yubikiri lorsque les enfants se font une promesse et qu’ils se tiennent par le petit doigt en disant : « Yubikiri Genman Usotsuitara hari senbon nomimasu » (« Par le petit doigt coupé et par la volée de 10 000 coups de poings, si je mens j’avalerai mille aiguilles ! ») –

Catherine JACOB

@Fabrice DOUAIS
"Tout cela me fait penser à la théorie chinoise des contraires. Le yin et le yang posent le principe que l’absolu n’existe pas."

Hum en fait ,"l'absolu est le relatif et le relatif est l'absolu". Le Yīn est la crypte, l'obscur dans lequel nous ne discernons rien, tandis que le Yáng est la lumière qui nous aveugle... Le Yīn est les eaux souterraines et le Yáng le soleil qui brille sur la terre où il ne pleut pas...

Jean-Dominique Reffait

Aucune personne ne saurait être le Mal ou le Bien, il nous faut être extérieur à l'un comme à l'autre pour les considérer avec notre raison et, éventuellement, choisir entre l'un et l'autre lorsque l'occasion s'en présente. Tout criminel sait le mal qu'il fait car, n'étant pas le Mal incarné, il en connaît la frontière qu'il traverse ponctuellement. Tout saint agit de même. Bien et Mal seraient alors des transgressions ponctuelles et circonstantielles de l'ordre naturel qui lui ne connaît ni l'un ni l'autre. Nous nous trouvons ainsi errant ordinairement dans une vaste clairière, sans forme et sans jugement, plongeant parfois dans les eaux sombres d'un lac, ressortant, puis, séchés, nous entrons cueillir les fruits dans le verger du Bien.

A trop vouloir se considérer comme des individus uniques, nous oublions que nous sommes tous les mêmes.

Le crime comme la sainteté ne sont pas des ruptures, mais de légères nuances entre les hommes.

Véronique

"J'irais jusqu'à soutenir que pour certaines destinées la morale résiste à tout, à la cruauté des crimes, à l'horreur des actes. Un peu de lumière s'obstine à briller qui vient éclairer l'affreux et rendre moins irrespirable l'étouffante et utile réprobation."

...j'avoue ma perplexité ... et malgré plusieurs lectures, ne perçois pas le fond de votre pensée...

écrit sbriglia.

Le fond de ma pensée à la lecture de cette note.

Le travail d'un avocat général est d'évaluer et de proposer une peine. Je pense que Philippe décrit la démarche qui serait la sienne s'il devait requérir contre un Pascal Payet. Le ce à quoi il s'accrocherait et auquel il s’arrimerait pour tempérer la condamnation qu'il demanderait.

Individualisation de la peine.

Les valeurs de loyauté, de fidélité et d'amitié qui structurent le parcours de P. Payet sont celles qui, paradoxalement, en ont fait un homme délinquant singulier attaché à un code d'honneur et, dans un mouvement inverse et noir, l'ont aussi conduit à commettre un meurtre.

Un convoyeur tué.

Je me demande si P. Payet lui-même n'a pas été lui aussi fasciné et enfermé dans cette sorte de mythologie qui distingue le voyou "seigneur" du délinquant courant au parcours très tristement banal.

Pour moi, la véritable évasion ou délivrance d'un Pascal Payet serait celle qui consisterait pour lui à repérer et à rejeter ce qui, dans sa propre mythologie, a fini par provoquer un acte criminel.

Alors que sa morale personnelle aurait pu, aurait du, le préserver de commettre un irrémédiable.


Pierre-Antoine

A mon humble avis, il y a une confusion dans les genres, pas dans votre billet cher Monsieur, mais dans l'opinion publique, prompte à s'inquiéter des dérives sécuritaires et des actes de (in)justice, se trouvant ainsi en décalage entre ce qui est du "droit" et ce qui est de "l'équité".

Qu'un juge fasse l'objet d'un "rejet de requête" alors qu'il a (pour l'opinion publique) sur la conscience l'incarcération de nombreux "innocents" qui eux avaient aussi fait de nombreuses "requêtes" auprès de lui, sera considéré par cette même opinion publique comme un "jugement équitable" de son affaire.

Qu'un individu, au demeurant "dangereux ennemi public" s'évade d'une prison d'on on sait qu'elle est "inhumaine" et "inadéquate" pour remettre dans le "droit chemin" les délinquants de tout poil et autres criminels, sera perçu par la même opinion publique comme un acte de "sauvegarde de son intégrité humaine".

Cet état de fait ne tient absolument pas compte de l'atroce réalité des actes commis, encore moins de l'équité, non c'est viscéral, l'être humain est ainsi fait.

On a toujours une aversion pour celui qui a abusé de son pouvoir et un faible pour celui qui s'évade.

A croire que juger n'est pas un acte inné inscrit dans les gènes de l'humain. Mais un acquis qui s'inscrit dans la faiblesse de l'histoire des hommes que toute la rigueur procédurale ne saurait compenser.

Oui, je sais, mon commentaire est au ras des pâquerettes… mais c'est comme ça que fonctionnent les 80% (principe de Pareto) des citoyens de ce beau pays de Liberté.

Cordialement
Pierre-Antoine

gastonD

Et pendant ce temps-là :
"Molestée par son mari, une femme a été condamnée jeudi à Dunkerque à trois mois de prison avec sursis pour avoir soustrait ses enfants à leur père. Une décision de justice d'autant plus incompréhensible que les femmes battues sont désormais cause nationale..."
http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=13026
http://www.lefigaro.fr/france/20070727.WWW000000214_condamnee_pour_avoir_cache_ses_enfants_a_son_mari_violent_.html

francis;

Conduire les affaires de sa vie relève d'une politique de gestion de ses actes. Peu d'entres nous, seuls face à leur conscience, peuvent s'affirmer qu'elle s'est construite selon la morale. Heureusement pour les prétoires et les magistrats, cela n'est pas apparu au grand jour ! Au fond du trou, par éxemple la prison, le criminel est seul à méditer sur sa condition et les raisons qui l'y amenèrent. Peut-être pense-t-il à ce que sa famille, ses enseignants laïcs ou religieux lui ont appris. En fait, il s'efforce de se justifier, il lui arrive de craindre l'au-delà. Il est bien plus difficile, si on ne croit à rien de le faire, il n'y a pas de garde-fou. On ne se ment pas à soi-même. C' est peut-être l'état d'esprit de Payet. Je me rappelle d'un affreux criminel, il y a 50 ans, seul son surnom me revient, monsieur Bill. Pour certains, le guillotiné qu'il fut mourut en odeur de sainteté, je crois surtout qu'il craignait le pire ensuite. Aujourd'hui, vive Badinter, je ne connaîtrai jamais plus le tourment d'un procureur, qui avait obtenu une peine capitale méritée alors. Il fut guéri, après que la Cour de Cassation cassa le verdict. Cependant, au bénéfice du doute je crois plus au remords de ce Bill qu'au reniement de Patrick Henry, sauvé par Robert Badinter. Comprenne qui le pourra et le voudra, cela a déjà été écrit.

Fabrice DOUAIS

Ah, la Justice humaine.
C’est l’eternel problème.
Peut-on être juste et humain, ou bien l’application de la « sentence » efface-t-elle à jamais l’humanité innée du condamné, remettant en quelque sorte les compteurs moraux de ce dernier à zéro ?
Et voilà que dans le même temps, il faut penser aux victimes, à leurs interrogations et réactions légitimes quant tel s’enfuit ou telle est semi-libérée malgré la décision – fut-elle ancienne - d’un jury populaire.
Difficile débat tant les hommes, fondamentalement, sont égaux, qu’ils jugent ou soient jugés ; qu’ils s’enfuissent ou demeurent.

« C'est tragique, un destin qui aurait pu être autre »
Quelle serait notre réaction devant l’irréparable ?

Il paraît difficile, inimaginable même, pour celui qui, en quelques courts instants, voire une seule seconde, fait basculer sa vie et devient le criminel que la société va juger puis condamner lourdement, tandis que l’instant d’avant, il était un homme comme vous et moi ; il paraît difficile pour ce banal quidam de mesurer lui-même son aptitude à la sanction, tandis qu’il n’a jamais rien fait.
Bien sûr, PAYET est un professionnel du crime. Je ne connais pas les tenants du dossier.
Son braquage devait être préparé rendant son meurtre évitable. Mais il était résigné. A braquer jusqu’à tuer.
Ces paramètres fabriqueront la sanction, se rajoutant à l’innéité humaine du condamné, si aucune altération ou abolition du discernement ne s’ajoutent à l’instruction.

Je crois, sans jusque chercher dans les méandres psychanalytiques de l’accusé, que l’accusateur – et en amont, les enquêteurs - se doivent de comprendre le geste coupable.
Le volet procédural et la personnalisation de la peine n’expliquent pas tout.
Il y a – qu’on le veuille ou non - une relation humaine qui s’installe. Aux paroles, verbes hauts, regards, écrits, invectives, vont suivre des explications, des réponses, un dialogue partagé. Parfois des aveux.

Tout cela me fait penser à la théorie chinoise des contraires. Le yin et le yang posent le principe que l’absolu n’existe pas.
Même dans le crime le plus abject, une lueur d’humanité existe. Ne pas la trouver n’est pas un crime. Ne pas la chercher est dommage. Elle n’explique évidemment pas tout et n’est caution de rien. Elle est là, simplement pour nous rappeler, à nous, n’ayant pas basculé, que c’est un homme que nous jugeons. Qu’il a failli à l’instant « t » à notre morale, pas à la sienne, comme disait le poète : « N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la Morale, c’est que c’est toujours la Morale des autres ».

La tâche est immense. A chaque procès. Ne rien oublier. Ni personne.


Marie

@ Ludo Lefebvre

"Je suis "quelqu'un de bien" et je peux regarder ceux-là du plus haut, eux ne le sont pas !"


La morale... puis le moral.


Je vous conseille, si monsieur Bilger le permet, d'écouter une chanson de la Comédie musicale : Notre Dame de Paris, interprétée par

- Noa : "Vivre."

http://www.youtube.com/watch?v=jAu37pUZP4I

ou

- Hélène Ségara : "Vivre"

http://www.youtube.com/watch?v=u_QoESuLBLQ

Connue.

Aux paroles tellement belles et vraies...

Parayre

Pardon d'abuser du prétexte de votre note pour exprimer mon incompréhension à la suite du cautionnement de 200 000 euros auquel notre ancien Premier ministre a été astreint par les magistrats-instructeurs.

Il convient de rappeler qu'aux termes de l'article 137 du code de procédure pénale, le contrôle judiciaire peut être ordonné en raison des nécessités de l'instruction ou à titre de mesure de sûreté ...

Je mesure mal, en l'espèce, lesdites nécessités autant que l'exigence d'une mesure de sûreté.

Plus grand est l'offensé, plus grande est l'offense disait l'autre, mais où est le droit ?


Décidément - même s'il me coûte de l'écrire - la justice humaine cause peut-être plus de maux qu'elle n'en compense, probablement plus qu'elle n'en prévient, certainement plus qu'elle n'en répare.

Catherine JACOB

J’ai relu plusieurs fois votre billet de ce jour. La figure du criminel qui y est évoquée est celle d’un récidiviste de l’évasion par hélicoptère, la première fois lors de sa détention préventive en compagnie d’un amateur de congélateurs…, la seconde il y a une dizaine de jours.
Contrairement à vous je ne dispose d’aucune information que celles dont les médias se font l’écho pour apprécier la référence « aux petits cailloux de morale ».
J’ai vu sur le net que les proches de ce ‘DPS’ avaient lancé un blog « pour des conditions humaines de détention » faisant suite à une grève de la faim intervenue alors que ce détenu était emprisonné à Metz, après neuf transferts en trente mois ce qui, si je calcule bien, fait un transfert tous les trimestres environ.
De même que l’administration en général aime déplacer un certain type de fonctionnaires pour leur éviter de nouer trop de contacts susceptibles de finir par influer sur les prises de décisions, et pour un moment répugnait également à nommer les gens dans leur région d’origine, ce qui pour certaines régions sinistrées, comme par exemple la Lorraine dont Metz est la capitale régionale, est fort dommageable dans la mesure où cette dernière fait un effort tout à fait considérable pour la formation d’élites sans guère pouvoir espérer de retour sur investissement à cet égard, de même, j’imagine, les transferts fréquents d’un certain type de détenus ont pour but de contrer la mise en place de caïdats.
Je sais qu’en ce qui concerne les fonctionnaires ça influe considérablement sur le moral de leurs familles de toujours devoir partir… sans avoir le temps d’arriver ! Le déménagement faisant partie des traumatismes de l’enfance par exemple. Voir Amélie Nothomb et le résultat de son séjour au Japon étant enfant dans « Stupeur et tremblement »…
Et, il n’y a pas que ‘partir’, il y a aussi ‘rester’ et c’est souvent regrettable pour ceux qui sont installés que de voir partir des gens avec lesquels se sont nouées des amitiés naissantes.
J’imagine qu’en ce qui concerne les détenus ça doit être dix fois pire, y compris en ce qui concerne les thérapies. Je crois savoir que les « longues peines » bénéficient de thérapies assurées par des praticiens sous la forme de vacations (apparemment sous-payées, vu que ces gens cessent ce type de travail dès que leur cabinet commence à tourner… !!). Or, il faut un certain temps pour que s’installe une relation thérapeutique et j’imagine que ça doit rendre quelqu’un encore plus enragé que de voir de façon répétitive, interrompre ce type de relation à peine mise en place. Vu les deux évasions mentionnées ci-dessus, je serais personnellement tentée de voir un bien meilleur investissement pour les 43 millions d’euros affectés en cinq ans à la sécurisation des établissements pénitentiaires, dans le recrutement et la fidélisation de bons praticiens (ce qui implique qu’on les paie correctement, bien évidemment).
Vous parlez de ‘morale’. Chez le Hegel de la philosophie du droit, le point de vue moral est conçu de façon sévère comme celui de la détermination spontanée de la subjectivité en tant que libre conviction du bien, point de vue qu’il oppose au principe de coercition tel qu’il l’observe par exemple en Chine, non pas dans la Chine de la morale traditionnelle, celle des confucéens qui voyaient dans la pratique de la vertu la condition de la paix sociale (pratique cependant qui ne se pouvait que si l’on était bien nourri, ont complété ses disciples) mais dans « celle de ces légistes qui (selon D. Touret) « prêchaient un système ‘judicieux’, parce qu'efficace, de gouvernement fondé sur l'intérêt et la crainte, les récompenses et les châtiments. » .
Ceci étant, il y a une notion morale, fondamentale à mon sens, qui est le contrat et son respect. A priori, une relation thérapeutique suivie, pourrait paraître propre à ouvrir la possibilité de restaurer le sens du contrat comme lien social (pas au sens de ‘mettre un contrat sur quelqu’un’), autrement dit d’instaurer la perception de l’autre autrement qu’ à l’image de ce mur qui s’élève entre le détenu et ‘la liberté’, à savoir comme ‘obstacle’ à la satisfaction des besoins et des désirs, autrement dit encore ‘obstacle’ à nier et/ou négateur, à ‘effacer’ ou qui efface. D’une certaine manière en effet, l’enfermement efface pour un temps du texte social, l’'erreur’ qui ne tarde pas à réapparaître sous le ‘corrector’/mur (= récidive), et n’a pas pour effet de restaurer un sujet au sens hégélien de « détermination spontanée […] en tant que libre conviction du bien » alors qu’il pourrait en fournir l’occasion. Du moins, il me semble.
Je me demande donc ce que sont « ces petits cailloux de morale » dont la formulation m’interpelle parce qu’elle évoque un type de texte où se passent effectivement des choses terribles, ce sont les contes.
Celui de « Hänsel et Gretel » dans lequel le petit Hans ramasse ces « weißen Kieselsteine »qui brillent sous la lune pour ensuite les semer sur le chemin de la forêt dans laquelle vont le perdre en compagnie de sa sœur Gretel leur bûcheron de père à l’instigation de sa sorcière de femme, cailloux blanc qui dans un premier temps leur permettront de retrouver le chemin de leur maison, mais qui deviendront tragiquement ces miettes de pain que mangeront les oiseaux. Il leur faudra alors en passer par la maison de pain d’épices, vaincre l’ogresse, récupérer son trésor (perles symboles de fécondité) et rencontrer le canard blanc qui leur fera franchir la limite de la forêt magique pour leur faire retrouver l’humanité de l’amour d’un père pouvant enfin s’exprimer après la disparition de sa femme qui ‘voyageait’ sous les apparences de l’ogresse de la forêt.
Celui du petit Poucet et de ses six frères qui recourent aux mêmes expédients mais affrontent en revanche un ogre auquel ils échappent en substituant ses filles, puis rentrent chez eux grâce aux bottes de sept lieues en ramenant tous les richesses de l’ogre extorquées par la ruse à sa femme (moins mauvaise que lui). Les bottes fées (élément magique qui reste présent) permettront à Poucet de devenir coursier du roi et de travailler honnêtement ayant mis toute sa famille à l’abri du besoin :
Morale de l’histoire chez Perrault :
« On ne s’afflige point d’avoir beaucoup d’enfants,
Quand ils sont beaux, bien faits et bien grands,
Et d’un extérieur qui brille ;
Mais si l’un d’eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille :
Quelquefois cependant, c’est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »


« Au-delà du criminel et de ses juges, avec quelle précipitation rassurée l'opinion publique est prête à croire ce que les mythologies racontent sur les tueurs et les assassins ! Un bout d'humanité, un zeste de révolte sociale, une séquence de panache, et là voilà qui s'imagine que derrière le pire se cache le meilleur et que le justicier pointe obstinément dans la personnalité même la plus infâme. »
C’est l’image de Robin des bois…

Ludo Lefebvre

Dans un conscient collectif plombé d'ennui et d'insécurité qu'est notre vie moderne : travailler, trier gratuitement ses déchets, payer ses impôts et ses parcmètres, être élevé dans la haine de soi, ne plus pouvoir compter sur le couple, ne plus pouvoir compter sur Dieu, ne plus pouvoir compter sur un emploi durable, être étouffé par la publicité, la triste sentinelle de la consommation... la liste semble non exhaustive ! La voyoucratie peut sembler un échappatoire tentant, être Robin des bois pour soi-même,-se faire un gros paquet d'argent pour échapper à la monotonie et aux contraintes, vivre de façon aventureuse avec des flingues, du risque, de la marge...
Il est sûr qu'il n'y a plus d'explorateurs, de guerriers, de conquérants, de missionnaires au vingt et unième siècle, des technocrates, des marchands voici la sinistre destinée.
Aller en prison, tuer, rien cependant ne justifie les conséquences encourues. Se prendre un ou deux millions d'euros, parfois moins, mais se balader avec un cadavre dans le placard, ceci donne à l'argent une odeur encore un peu plus fétide. La perpétuité ou même un jour de prison pour une liberté factice d'homme caché, c'est une illusion qui ne vaut pas plus la peine que la drogue ou l'alcool !
Que reste-t-il ?
Être constructif en ne pensant pas dans les clous.
Chercher la réalité que tant de gens fuient.
Être boulimique sans restriction de culture, de réflexion.
Ne pas perdre son précieux temps en allant vers des gens qui ne vous ressemblent pas.
Aimer en excès.
Apprendre à ne plus se trahir pour le regard des autres.
Penser souvent aux autres et un peu à soi.
S'inscrire dans un projet long, passionnant, difficile, au résultat improbable.
Savoir apprécier les jolies choses...
On peut sortir de l'ordinaire sans entrer dans une secte, aller faire des braquages, devenir une star de la télé (comble du mauvais goût).
La psychanalyse enfin en voulant expliquer la genèse du mal des délinquants leur a trouvé un alibi dans la souffrance passée. Le chemin qui consiste à être un honnête homme dans la tradition du XIX è siècle est beaucoup plus intéressant que celui de tomber dans une vengeance de la société.
Personnellement, je suis très rancunier, je n'oublie rien et avec subtilité, j'ai fait de l'honnêteté rigoureuse un mépris, une bravade, une insulte aux gens qui m'ont injustement jugé. Je suis "quelqu'un de bien" et je peux regarder ceux-là du plus haut, eux ne le sont pas !

sbriglia

"Je suis surpris que la requête déposée par les avocats de Fabrice Burgaud ait été rejetée par le Conseil supérieur de la magistrature. A la lire, elle me semblait tout à fait pertinente."

C'est le talon d'Achille de toute instance disciplinaire que le respect de la procédure, que ce soit devant les Conseils de l'Ordre ou devant le CSM... en l'espèce et si le Conseil d'Etat annule toute la procédure, le juge Burgaud échapperait à toute sanction disciplinaire semble-t-il... ah ! les braves gens d'Outreau qui n'ont pas eu cette chance d'avoir de redoutables procéduriers pour les défendre !

Pour le reste :

"J'irais jusqu'à soutenir que pour certaines destinées la morale résiste à tout, à la cruauté des crimes, à l'horreur des actes. Un peu de lumière s'obstine à briller qui vient éclairer l'affreux et rendre moins irrespirable l'étouffante et utile réprobation."

...j'avoue ma perplexité ... et malgré plusieurs lectures, ne perçois pas le fond de votre pensée...

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