Le président Sarkozy a décidé de supprimer les grâces collectives du 14 juillet, traditionnelles depuis les années 1990. Il estime que ce privilège régalien est archaïque et qu'on n'a pas à en user pour favoriser un "désengorgement" pénitentiaire qui relève de la responsabilité des juges.
Comme on pouvait s'y attendre, cette abstention a été applaudie par la droite et la gauche et les syndicats de magistrats l'ont saluée. En même temps, on craint une forte effervescence dans les prisons qui pourrait être suscitée par ce refus des grâces collectives, l'état des lieux souvent indigne, la tension de l'été. Le Figaro et le Parisien de ce jour nous fournissent de bonnes enquêtes à ce sujet.
Avant de tenter d'expliquer pourquoi cette démarche présidentielle me pose un problème, je souhaiterais me rassurer en évoquant une nouvelle que j'espère fausse, rapportée par le Point et qui concerne Arno Klarsfeld. Notre ministre de la Justice aurait, paraît-il, l'intention de le nommer à ce poste important et bienvenu de contrôleur indépendant des prisons. Si cette allégation est exacte, il y aura de quoi s'étonner de ce désir de République irréprochable qui se dégrade si rapidement en un monde petit, si petit. Après son échec aux législatives, on pouvait supputer raisonnablement que, pendant quelque temps, on n'entendrait plus parler d'Arno Klarsfeld et qu'on le laisserait méditer sur les défauts conjugués de la vanité et de l'amateurisme. Si les prisons devenaient un lot de consolation pour lui, ce serait une honte et pour les détenus qui ont le droit d'attendre mieux et pour la démocratie qui n'est pas si démunie de talents et d'autorités qu'elle doive consacrer l'insuccès électoral et l'accomplissement guère enthousiasmant des missions multiples qui lui ont été confiées en un trait de temps, on ne sait trop pourquoi. Je m'interroge. Pour être dans les bonnes grâces du Pouvoir, faut-il être battu à une élection, faire du roller, du vélo ou du jogging, dire que Nicolas Sarkozy n'est pas Le Pen ? Je n'ose croire que l'avenir, sur ce plan, est inéluctablement programmé.
Revenons aux grâces collectives qui ne sont pas si éloignées de ce que je viens d'aborder.
Certes, c'était un engagement présidentiel. Mais force est de constater que certaines promesses ont su s'adapter à la résistance de la réalité et aux oppositions des syndicats. Elles ont perdu leur caractère sacré sans que quiconque crie à leur trahison.
Le refus des grâces collectives, certes approuvé unanimement, suscitera doutes et critiques, avec le courage tardif des opportunistes, si jamais l'univers pénitentiaire en venait, dans les prochains mois, à exploser. Les syndicats pénitentiaires - le Pouvoir ayant démontré, ailleurs, qu'il attachait du prix à l'opinion des syndicats - souhaitaient le maintien de cette tradition républicaine, pas seulement pour leur confort mais en raison de leur expérience qui valait autant que les discours idéologiques prodigués sur la réforme des universités et le service minimum. Je ne suis pas persuadé, enfin, puisque le président lui-même y a fait allusion, que les magistrats ne se seraient pas passé, comme première marque de la reconnaissance de leur indépendance, de cet abandon des grâces collectives dont ils refusaient l'esprit mais que leur réalisme acceptait.
Le choix ne devait-il se faire vraiment qu'entre la grâce collective dans sa définition habituelle et sa disparition ? Une pratique intelligente des grâces collectives aurait pu être mise en oeuvre qui se serait servi de celles-ci pour annoncer, par des discriminations claires et cohérentes, la politique pénale à venir, notamment la distinction opératoire entre les atteintes aux biens et les agressions contre les personnes ? Il ne se serait pas agi seulement d'exclure de leur bénéfice certaines transgressions au regard de l'humeur du temps mais de favoriser un aménagement des peines que les juges auraient rendu d'autant plus clairvoyant et libéral qu'il aurait été préparé par un pouvoir politique soucieux du long terme.
Quel message cette abstention va-t-elle, aussi, adresser à la communauté des détenus, toutes infractions confondues ? Les peines planchers, mesure phare de ce début de quinquennat sur le plan judiciaire, constituent un signal de sévérité pour les récidivistes majeurs ou mineurs. Elles vont rassurer l'opinion publique qui, pour attendre des réformes plus décisives, ne fera pas fi de cette mesure de fermeté. Les grâces collectives auraient eu le mérite de conjuguer immédiatement, avec cette rigueur nécessaire, une générosité lucide qui, pour être coutumière, n'était pas forcément absurde. En effet, quoi de plus essentiel que de faire percevoir et à ceux qui vont la subir et aux citoyens qu'une politique pénale digne de ce nom se caractérise par un humanisme vigoureux, un coeur armé, une palette d'actions qui savent aller de la compréhension à l'inflexibilité ? Faute d'un tel message, on risque de se retrouver au coeur de ces programmes hémiplégiques qui, choisissant une part du réel ou une manifestation de sensibilité, oublient la globalité et se contentent au fond de peu. Pour ma part, je trouve dommage qu'on se soit privé du symbole fort des grâces collectives pour présenter une démocratie à la fois sans complaisance et sans haine.
Enfin, je ne prétends pas assimiler le bouclier pénitentiaire au bouclier fiscal. Loin de moi l'idée de comparer ce qu'on prévoit pour les riches innocents avec ce qu'on refuse aux pauvres détenus mais tout de même, une société ne s'honorerait-elle pas en gardant le sens des mesures, en ciblant bien les compassions et en acceptant, lors d'un rite républicain, de ne pas donner à la part enfermée de la population l'impression qu'elle compte pour rien quand l'autre privilégiée compte pour beaucoup ? Il y a des choix politiques qui peuvent, dans une société démocratique, apparaître comme des fautes de goût.
Je me sens d'autant plus convaincu dans la rédaction de ce billet que mon métier, mon expérience et ma réflexion ne me conduisent pas naturellement vers l'indulgence singulière ou collective. Mais je n'aime pas ajouter de la rigueur à la rigueur. Je n'aime pas approuver une rectitude qui ne fait du bien qu'à celui qui en use.
J'éprouve de la nostalgie pour l'Etat de grâces.
Le discours de notre président relativement à la grâce présidentielle me plaît.
En quoi un homme, fut-il président, pourrait-il dans un pays si attaché à la séparation des pouvoirs, inverser une décision de justice ?
Libérer 2000 ou 3000 prisonniers voilà qui est bel et bon. Faire en sorte qu'on garde les punis en punition dans des conditions correctes voila qui à mon avis serait mieux.
Un voleur de pommes n'est pas un assassin et le traitement devrait être différent.
Messieurs de la justice, inventez les nouvelles formes de punitions de notre époque, vous êtes "l'homme de l'art" en la matière. Inventez de nouvelles formes de punitions qui permettront aux individus ayant fauté et ayant expié de recouvrer ensuite le sein de la société. Nouvelles formes de punitions qui permettront aux victimes de se sentir apaisées.
Rédigé par : Surcouf | 21 juillet 2007 à 21:32
Catherine Jacob,
J'ai été quitté pour un plus riche, ce qui n'était pas un exploit à une époque où tout le monde l'était plus que moi, je ne pense pas que ce soit beaucoup plus enviable que d'être quittée pour une plus jeune ! Nous avons nous aussi des sentiments, ils ne sont pas en état de grâce dans la doxa, mais ils sont présents également !
Bernard,
Je vois que vous connaissez le bonhomme et les anecdotes qui le concernent ! J'adore aussi cette façon de philosopher !
Merci pour le 14 Juillet, c'est bien, surtout lorsque les légionnaires défilent avec le tablier et la hache, mais le 25 août me plaît de plus en plus !
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 14 juillet 2007 à 20:58
@ Catherine JACOB
"...tous les enfants d’une même fratrie ne vont pas connaître le même destin..."
Là, je suis tout à fait d'accord. S'il y a des enfants qui peuvent être élevés correctement. Je dois reconnaîre que certains parents abusent. Il y en a qui ne s'occupent pas ou peu de leurs enfants, d'autres les jettent à la rue... quoi qu'ils aient pu faire. C'est trop facile.
Cette façon d'agir est on ne peut plus dangereuse où que l'on habite.
Rattraper la situation, une fois que le mal est fait. C'est tout un art.
Ne faudrait-il pas mettre les parents devant leurs devoirs ?
Maintenant, il est vrai que l'on voit des enfants attaquer leurs parents ! C'est un autre problème.
"Par conséquent, il y a tout un certain nombre de paramètres à devoir être pris en compte, au-delà de l’éducation."
Si votre pensée s'applique à la justice, nous entrons dans le cadre de la discrimination.
Cela revient à reconnaître qu'il y a deux justices. Ce qui n'est que la réalité.
"en ce qui concerne les hommes vous avez parfaitement raison de souligner la grande différence qui existent entre eux et nous, et que pour ma part, je verrais bien en premier lieu dans le fait qu’ils disposent de nos jours tout comme du temps des chasseurs cueilleurs, d’une vision des choses en tunnel qui fait qu’ils zooment sur la proie..."
Votre réflexion, si vous me le permettez, est la remarque type qui est faite depuis des décennies, voire plus et qui leur convient très bien. Pourquoi changeraient-ils, à force de l'entendre ?
De toute façon, ce sont eux qui votent les lois qui nous concernent. Pourquoi ne s'épargneraient-ils pas ?
Déclarer que la femme a une vision plus modeste, je crois que c'est inexact. La femme est moins égoïste et pense davantage au bien-être de sa famille avant d'avoir des ambitions pour elle-même (en dehors du professionnel, j'entends, pour celles qui travaillent).
A partir du moment où elle se dévoue, car l'instinct est là, l'homme, lui, fait ce qu'il veut.
Même des "accrocs" !!
Alors qu'ils aillent "zoomer" chez la voisine, honnêtement, grand bien leur fasse, pendant ce temps-là, d'autres ont la paix !!
Quant à la conduite automobile ?? Est-ce important ?? Entre les radars et les limitations de vitesse !!
Toutefois, je dois reconnaître que la vitesse sur autoroute est fort agréable et qu'à une certaine époque, dans un pays qui l'autorisait, je m'y suis adonnée avec un immense plaisir.
Rédigé par : Marie | 14 juillet 2007 à 15:49
@ Ludo Lefebvre
Je partage votre avis sur les "bobos" et je vous conseille de lire le dernier "Fluide glacial" les concernant, je partage également votre avis sur Diogène le Cynique, le seul qui mérite à mon sens le titre de philosophe... S'il revenait je crois qu'il n'en finirait pas de chercher un homme et finirait ses jours dans un asile. Présentement je m'ôte de son soleil et vous souhaite un bon 14 juillet.
Rédigé par : Bernard | 13 juillet 2007 à 17:19
Bernard,
Je pense sincèrement que l'Homme peut exprimer une folie qui ne soit pas trop préjudiciable à autrui, une forme de folie cadrée en somme.
Il en a même besoin pour avoir une sagesse qui ne soit pas une souffrance.
Pourquoi le défoulement, la déraison devraient sortir du cadre de la loi et/ou du respect des autres.
Nietzsche dans l'"Aurore" critique Kant qui critique la raison pure et il est évident que l'émotionnel pervertit la réflexion, (écoutez délirer les bobos avec leur fond de drôle de compassion, ces gens sont fous !)
Toutefois les organes autres que le cerveau ont besoin de s'exprimer; le stress, les idées noires, les émotions ont besoin d'expression. A moins de se droguer, mais le résultat n'a pas de pérénnité, je ne crois pas que l'ataraxie puisse être au rendez-vous en permanence, que la partie du cerveau reptilien puisse sommeiller perpétuellement !
Les sages font semblant ou ont perdu "leur vie", à moins qu'ils n'aient des dérivatifs cachés !
Il reste les philosophes comme Diogène qui font de leurs coups de poing des leçons de philosophie, ce sont mes préférés, même si je n'ose être comme eux !
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 13 juillet 2007 à 11:14
@ Marie, à propos de :
« Il y a des personnes qui vivent en liberté comme en prison, parce qu’on leur pourrit la vie. » C’est vrai et oh combien et peut-être plus encore que vous ne pouvez l’imaginer ! Toutefois il y a ce « comme » qui fait toute la différence, ce « comme » qui leur permet d’ouvrir la fenêtre à leur guise pour laisser entrer le soleil ainsi que d’oublier un temps les imbéciles dans la contemplation d’un grand cèdre bleu où se disputent des pies tout en lisant d’un oeil votre commentaire blessé !
« Ce n’est pas pour autant qu’elles cherchent à agresser, à se venger, à tuer, à piller, à brûler des voitures, à tout détruire, etc.… »
C’est vrai, mais ce n’est pour autant qu’elles n’imaginent pas quel soulagement ce pourrait être parfois de pouvoir « régler le problème » par elles-mêmes. Heureusement elles ont à leur disposition l’éducation, tout un arsenal de techniques de respiration et de travail mental sur soi-même pour ne céder ni au découragement, ni à la tentation. Autrement dit d’une certaine façon elles ont de la chance dans leur malchance!
Ceci dit, ce problème que vous soulevez vient de m’inciter à la relecture d’un texte du Nietzsche du ‘Gai Savoir’ qui dit entre autres choses que : « les mauvais instincts sont tout aussi adéquats, aussi utiles à l’espèce et aussi indispensables que les bons : - si ce n’est que leur fonction est différente. » Il les définit comme « le soc de la charrue du mal » régulièrement appelé à retourner « la terre épuisée » par le travail des « hommes de bien ».
Voilà, mais, s’agissant du particulier et non pas de l’universel, je doute qu’on puisse utilement apprendre à surmonter ses mauvais instincts et à les transformer en terreau à bonnes idées dès lors qu’on se partage, si j’ai bien lu, 9m² à quatre ce qui fait 2m² 25 par personne. Je motive cette opinion par le fait que la cellule, donc l’espace minimal de méditation, allouée à un maître zen est de 7m²33 sans promiscuité !
Si vous le permettez je voudrais également apporter mon grain de sel à ceci :
« Certaines victimes élèvent leurs enfants dans la dignité, le respect, malgré leurs souffrances et leurs douleurs. Elles n’ont pas, toutes, leurs enfants qui font les 400 coups. »
Certes, vous avez raison, mais il ne faut pas méconnaître le fait que tous les enfants d’une même fratrie ne vont pas connaître le même destin. A droite comme à gauche, en bleu comme en rose et l’actualité des tribunaux de, par exemple, Nancy, est bien là pour nous rappeler. Par conséquent, il y a tout un certain nombre de paramètres à devoir être pris en compte, au-delà de l’éducation.
Enfin, en ce qui concerne les hommes vous avez parfaitement raison de souligner la grande différence qui existent entre eux et nous, et que pour ma part, je verrai bien en premier lieu dans le fait qu’ils disposent de nos jours tout comme du temps des chasseurs cueilleurs, d’une vision des choses en tunnel qui fait qu’ils zooment sur la proie (idée, projet, concurrent, plus belle nana etc..) rejetant le reste dans un flou grisâtre, d’où par exemple une conduite automobile davantage à risque, paraît-il, tandis que nous voyons moins loin (ou moins haut, il y a cependant toujours des exceptions…) mais avec un beaucoup plus large spectre. Autrement dit, eux et nous, nous complétons utilement, surtout quand ils zooment ailleurs qu’en direction de la voisine, je dois dire !
Bon 14 juillet à tout le monde !
Rédigé par : Catherine JACOB | 13 juillet 2007 à 11:07
@ Catherine JACOB
J'appécie beaucoup vos leçons de philosophie et votre subtilité d'esprit, votre culture, ce qui m'amène à m'interroger sur ce que l'on pourrait appeler de la "justice comparée". Vous la philosophe, monsieur Bilger le magistrat et moi explorant le fond de la planète et côtoyant une époque où la loi du plus fort était certainement la meilleure : l'ère secondaire (Mésozoïque en terme de géologie).
Donc peut-être à tort en me rattachant par certains côtés à la pensée de Jung, je pense que l'homme est imprévisible, ce qui me fait parfois dire "Je pense,donc je suis ..peut être".
Pour essayer de traduire la pensée et les recherches de Jung, en des termes plus modernes, notre code génétique serait un peu comme le disque dur de nos ordinateurs... On peut l'effacer, le formater, il en reste toujours des traces (un de nos anciens dirigeants doit en savoir quelque chose) et ces gènes transmettent des traces de génération en génération, comme si on copiait un disque dur. Bien sûr avec mon argumentation associée à la théorie de l'évolution de Darwin il faut peut-être (je resterai au conditionnel) aller chercher certains de nos instincts au trias... avec l'apparition des premiers mammifères il y a 200 millions d'années environ, la (ou les) souche(s) évolutive(s) humaine(s) devai(en)t se trouver là. Jung pensait que certains facteurs pouvaient faire ressurgir en nous cet instinct primitif, préhistorique (Essai d'exploration de l'inconscient).
Donc la grande question que je me pose est : "Peut on rendre l'homme sage et responsable ?" Vous, "l'amie de la sagesse" me répondrait oui, la philosophie s'évertue à le faire. Je pense que Monsieur Bilger me répondrait ou me répondra que les lois sont là pour rappeler à l'homme les bornes à ne pas franchir et qu'éventuellement la justice est là pour le remettre dans le droit chemin. Quant à moi je me demande si on peut rendre l'homme sage ou le codifier avec 200 millions d'années d'instinct et de code génétique derrière lui. J'avoue que ma pensée me crée des paradoxes étant d'un côté 100% d'accord avec le Président Sarkozy et sa réforme pénitenciaire et de l'autre de me dire: A quoi bon la prison puisque les habitués sont peut-être codifiés pour faire les délits qui les ont amenés là.
PS: Quand je donne comme date 200 millions d'années, il s'agit de la souche évolutive primitive humaine qui doit se trouver là et non la plus vieille ancêtre identifiée "Lucy", 3 millions d'années.
Rédigé par : Bernard | 13 juillet 2007 à 08:23
@ Marie
Je lis toujours les commentaires de sbriglia avec un grand plaisir.
Leur ironie tendre, acérée et talentueuse me ravit. C’est une disposition rare. Savoir maîtriser les mots, le ton, le jusqu’où on peut aller trop loin dans la réaction amusée à ce qu’écrivent d’autres, et en se gardant de toute invective gratuite et brutale, relèvent d’un vrai talent.
Je pense que Philippe a su attirer par la qualité et la hauteur de vues de ses notes et de ses commentateurs, plutôt remarquables si on considère l’ordinaire du virtuel.
Je n'ai pas lu dans les commentaires de sbriglia les propos que vous lui prêtez au sujet des prisons.
Comme nous parlons citations, permettez-moi de vous en proposer une, extraite de ce blog et suggérée par Jean-Dominique à mon intention dans une autre note.
"Kant nous apprend que la morale est absolue et formelle et qu'elle n'est pas conditionnée par des conjonctures."
Je donne raison à Kant.
Pour affirmer un point de vue nous sommes toujours tentés de faire appel à des comparaisons qui, pensons-nous, relativiseront ou banaliseront la position de notre contradicteur.
Quand, sur la question de la surpopulation pénale, je veux convaincre de son caractère, dans l’état actuel des choses, dégradant et inhumain, on me renvoie systématiquement l’état de très grande précarité de certains que notre société tolère depuis des décennies.
D’une façon absolue et formelle.
L’un, jamais, ne saurait justifier l’autre.
Et je réponds que cette même tolérance pour la pauvreté et l'extrême pauvreté procède d'une même logique.
Celle qui a consisté, pour ceux qui ont eu le pouvoir d'agir, à choisir implicitement le laisser faire en privilégiant, dans le domaine de la précarité, une surprotection des uns avec pour conséquence une surexposition d’autres.
Nous savons que pour ce qui est des précarités, rien ne se fera sans une transformation de notre "modèle" social français.
Nous savons que pour les prisons, rien ne se fera sans une transformation dans notre façon de considérer la sanction et la répression.
Dans les deux cas, nous avons surtout besoin d’hommes et de femmes capables de nous rendre audibles, compréhensibles et acceptables ces transformations nécessaires.
Je pense que Philippe, dans le domaine pénal, est de ceux-là.
Rédigé par : Véronique | 13 juillet 2007 à 08:11
@ sbriglia
Vous m'avez déjà agressée, il y a quelque temps et je n'ai pas pris la peine d'y répondre.
J'avais, d'ailleurs, décidé de ne pas relever pour la simple raison que vous n'avez pas le monopole de quoi que ce soit.
Ce que j'aime, ce que je lis, ce que j'écoute, ce que je fais de mon temps et de ma vie, cela ne vous regarde en rien.
Toutefois, si mes propos vous dérangent, vous n'êtes pas obligé de les lire.
J'en suis navrée pour vous.
Monsieur Bilger a la possibilité de censurer s'il le désire et de publier ce qu'il veut.
Vous pouvez, également, reprocher à monsieur Bilger de s'appuyer sur la presse pour écrire ses billets !!
L'oserez-vous ?
Il y a des commentaires que je n'aime pas, je ne vais pas pour autant asphyxier son ou ses auteurs. Chacun est libre, normalement, nous sommes encore en démocratie ?
Je réponds donc à votre précédente provocation :
Les personnes qui sont en prison, le sont sur décision de justice.
Elles ont fait ce qu'il fallait pour y être !
Qu'elles fassent leur temps, je trouve cela tout à fait normal. Ce n'est pas moi qui vais les plaindre. Je pense à leurs victimes.
Considérer que la souffrance ne se trouve qu'en prison, c'est un peu simpliste. Et c'est très masculin.
Considérer qu'il n'y a que la prison qui démolit ou détruit un individu, c'est encore très simpliste et très masculin.
Il y a des personnes qui vivent en liberté comme en prison, parce qu'on leur pourrit la vie !
Ce n'est pas pour autant qu'elles cherchent à agresser, à se venger, à tuer, à piller, à brûler des voitures, à tout détruire, etc...
Certaines victimes élèvent leurs enfants dans la dignité, dans le respect, malgré leurs souffrances et leurs douleurs. Elles n'ont pas, toutes, leurs enfants qui font les 400 coups.
C'est trop facile à avancer.
Et elles n'ont pas toutes l'assistance de la justice. Il y a encore des magistrats qui trouvent que lorsque la victime n'est pas morte, elle n'a pas besoin d'assistance !! Une fois morte, il est vrai, c'est plus facile pour déposer plainte !
Tout dépend qui est l'agresseur !!
Dans ce pays, le statut social protège des poursuites pénales !!
Que les prisons soient dans un état lamentable, je n'y suis pour rien.
Par ailleurs, je rappelle que ces détenus ne sont pas au Club Méd.
Il se trouve qu'il y a des personnes en France qui louent des taudis et qui vivent, avec leur famille, dans ces taudis,
qui sont, bien souvent, en plus mauvais état que certaines prisons.
De plus, leurs enfants y attrapent des maladies.
Personne n'y trouve à redire !!
Monsieur Sarkozy veut séduire un maximum, chacun le sait. Il ne veut pas déplaire à son électorat. Il ne veut donc pas d'amnistie. Il ne veut pas d'ECHECS.
Actuellement, il y a un litige pour savoir si Mme Sarkozy a le droit d'utiliser la carte bancaire de l'Elysée ???
Vous pouvez aller sur la presse étrangère, il y a même un sondage sur ce thème !!
Monsieur Sbriglia n'aime pas les citations, donc j'ai utilisé le dictionnaire des synonymes à défaut du dictionnaire de "mes pensées" !!
Mais peut-être va-t-il les contester ?
De surcroît, je vais lui raconter une histoire :
"Des avocats s'étaient réunis pour un colloque et partaient, à l'occasion de celui-ci, en croisière sur un bateau de plaisance. Soudain, le mauvais temps sévit. Une tempête se leva. Des vagues immenses soulevèrent le bateau. Celui-ci se trouva en péril et sombra.
Que reste t-il ?
Un immense soulagement !!"
A ceux qui sont intéressés par un débat extérieur sur la délinquance juvénile, vous trouverez dans la presse Suisse d'aujourd'hui "Notre temps" plusieurs articles sur ce thème. Eux aussi débattent :
"Introduire des peines privatives de liberté au-dessous de la limite de 15 ans; rappeler aux parents leurs responsabilités éducatives: des propositions socialistes zurichoises secouent la gauche."
Par ailleurs, un réseau mondial de fausses cartes bancaires a été démantelé dans le Var : Draguignan.
Parmi les victimes, il y aurait Monsieur tout le monde, mais aussi des magistrats, des policiers, des greffiers.
Peut-être que des lecteurs sont concernés par cette information ?
Rédigé par : Marie | 12 juillet 2007 à 22:00
@ Bernard,
« Laissons Sparte à Sparte. » Certes.
Tous les sociologues savent en effet que comprendre sa propre société est une entreprise difficile du fait que, disent-ils, nous sommes dedans et que nous fait donc nécessairement défaut la distance. De même tous les ethnologues savent avec Lévi-Strauss et « La pensée sauvage », que comprendre l’autre est une entreprise difficile du fait que, disent-ils, nous sommes dehors et que nous ne pouvons accéder à cet autre ‘dedans’ que par l’intermédiaire d’un informateur, lequel est nécessairement subjectif, d’une subjectivité qui n’est pas la nôtre.
Cette dialectique du dedans/dehors se retrouve dans l’opposition entre l’actualité et sa relation à chaud, avec l’analyse historique.
Se fondant sur les comptes rendus des informateurs de son temps, le Hegel des ‘Leçons sur la philosophie de l’histoire’ critique également le fait que « le mythique et le préhistorique soient traités par les historiens chinois comme l’histoire elle-même », mais il postule néanmoins que «L’histoire universelle est la représentation de l’esprit dans son effort pour acquérir le savoir de ce qu’il est ; comme le germe porte en soi la nature entière de l’arbre, le goût, la forme des fruits, de même les premières traces de l’esprit contiennent déjà virtuellement toute l’histoire », précisant que « La nature de l’esprit se reconnaît à ce qui en est le parfait contraire. De même que la substance de la matière est la pesanteur, nous devons dire que la substance, l’essence de l’esprit est la liberté ».
Par conséquent, « Sparte est à Sparte » en effet mais, si l’on suit le philosophe beaucoup lu mais peu cité nommément par nombre d’auteurs contemporains y compris dans la littérature qui s’occupe de « la nature psychique », en particulier en ce qui concerne le rapport complémentaire des opposés, on peut dire tout aussi bien que Sparte est à nous comme un point est sur la ligne de ce qu’Hegel définit comme « le progrès de notre conscience » en écrivant ceci : « chez les Grecs s’est d’abord levée la conscience de la liberté. [..] mais […] leur liberté même fut seulement une fleur due aux hasard, renfermée en d’étroites bornes. ».
Si on cherche à savoir ce que sont ces bornes, on trouve les lignes suivantes qui, dialectique oblige, les définissent par ce qu’elles ne sont pas et qui pour avoir déjà deux siècles me paraissent souvent manquer cruellement à avoir été méditées de façon fructueuse: « On prend la limitation de l’instinct, de l’appétit, de la passion qui n’appartient qu’à l’individu particulier comme tel, du caprice et du bon plaisir pour une borne à la liberté . Mais bien mieux cette limitation est la condition même d’où sortira la délivrance ; et l’Etat comme la société sont des conditions dans lesquelles bien plutôt la liberté se réalise. »
Pour autant, chaque fois que cherchant à faire comprendre gentiment à l’automobiliste qui stationne son véhicule de façon dommageable à la visibilité qu’il faudrait qu’il le déplace de quelques mètres pour me permettre de sortir le mien de son emplacement en toute sécurité et qu’il me réplique, dans le meilleur des cas : « La rue est à tout le monde, j’fais c’que veux et si ça n’te plaît pas espèce de folle va te faire voir », je suis bien consciente qu’il est totalement inutile de lui réciter du Hegel et, bien que le bon sens et la prudence issue d’une méditation suffisante me recommanderaient non seulement de laisser tomber les citations mais également de choisir d’aller à pied, j’ai plutôt tendance, je l’avoue, n’étant pas parfaite, à lui répliquer quelque chose dont voici la version light: « Je vais malgré tout tenter une sortie et si la roue arrière de mon 4X4 percute malencontreusement votre portière, vous, vous risquez de ne plus pouvoir sortir de votre véhicule tandis que ma roue n’aura pas une égratignure. »
A partir de là, je reconnais que vos critiques à l’égard de mon précédent commentaire ‘tiennent la route’, pour autant, il y a ce que commande la réflexion qui cherche à comprendre notre société en tentant d’y lire en filigrane l’identité et la différence d’avec tout un certain nombre d’autres dans la synchronie comme dans la diachronie et il y a la nécessité de faire face à la réalité au quotidien.
Autrement dit encore, il y a certes la cohérence discursive du discours électoral sur les grandes lignes duquel le personnage a été élu, mais il doit y avoir également comme le fait observer de façon rationnelle et réaliste Monsieur Philippe Bilger, « une pratique intelligente ». Donc, « laissons Sparte à Sparte », le discours au discours, la pratique au réel et le réel au sens.
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 juillet 2007 à 13:39
Le refus d'employer la grâce présidentielle est une erreur, à mon avis. Rupture ou pas rupture, ce droit régalien est la marque de l'autorité suprême du Président de la République, même si la peine de mort a été abolie. Nicolas Sarkozy ne veut plus en entendre parler, alors sa suppression devra être consignée dans la réforme des institutions, cela dit... encore une réforme. Notre pays est en constant chantier et la maison n'est jamais achevée.
L'un préfère le carrelage alors on détruit le parquet posé par le prédécesseur...
Tout cela coûte cher et n'est guère efficace. L'utilisation du mot rupture est-elle judicieuse ? En terme mécanique, il précède souvent l'effondrement !
J'en viens maintenant à la véritable destitution du préfet du 93 JF Cordet (ancien préfet de 54 fort apprécié) déplorée par l'ensemble des élus. Il en est de même pour le préfet de Région Lorraine Pierre Lemas, ancien préfet de Corse (?). Qu'a-t-il fait pour démériter ? Nous voudrions bien le savoir. Je suis encore pour Sarkozy, mais...
Une satisfaction quand même, l'acquittement des 16 membres des clans Remetter et Fuhrmann, manifestement innocents et victimes d'accusation d'enfants conditionnés par la rumeur, qui faisaient de ces vanniers des "mangeurs de chiens et des tueurs d'enfants". Pierre Bodein est un tueur solitaire. La cour d'assises lui a rajouté le viol d'Edwige Vallée. Il a donc été condamné à la peine maximale pour 3 viols suivis de 3 meurtres, et 2 tentatives d'enlèvements, le tout en une quinzaine de jours, après une libération conditionnelle légale. Il répétait souvent cette phrase étrange : "Si j'avais avoué, je les aurais mis en cause (Les clans)". Il n'a jamais rien reconnu, donc... Justice a été rendue. C'est parfait.
Rédigé par : marie-france bezzina | 12 juillet 2007 à 09:16
@Marie : vous travaillez avec le dictionnaire des citations ?...
C'est utile pour rehausser son écran...
Rédigé par : sbriglia | 12 juillet 2007 à 08:42
@ Catherine JACOB
Je crois qu'il faut être prudent à l'extrême avec les interprétations psychanalytiques ou les comparaisons ethnologiques, sociologiques ou historiques que l'on peut faire dans le domaine criminel.
Il convient de vivre avec "sa" société qui n'est déjà pas facile à comprendre. Sparte éliminait les enfants faibles ce qui semble inhumain et criminel pour nous, mais Sparte aurait-elle jugé humaine notre société qui protège les faibles ? Laissons donc Sparte à Sparte...
Quant à la psychanalyse, Jung accuse la réflexion cartésienne d'avoir tué l'instinct primitif bien plus sensible que la réflexion humaine, faut-il pour autant acquitter les tueurs d'enfants au nom de l'erreur cartésienne... Bien sûr que non, pas plus d'ailleurs excuser l'oedipien freudien avec le symbole du congélateur. La justice appartient au rationnel et un rationnel bien présent, l'entrée de l'irrationnel dans la décision judiciaire ramènerait les tribunaux à ceux de l'Inquisition.
Rédigé par : Bernard | 12 juillet 2007 à 08:18
@ Marie
Je ne pense pas que Philippe suggère dans sa note de libérer ou de faire plaisir à ceux qui ont agressé ou tué.
Toutes tendances confondues les politiques SAVENT que la situation dans les prisons, principalement dans les maisons d'arrêt, est désastreuse. Tous ont été d'accord pour dire qu'il faut y remédier. Tous ont été d'accord pour ne rien entreprendre de décisif dans le domaine.
Je persiste à penser que NS, et lui plus que tout autre, a une latitude et une haute crédibilité pour agir. Lui, plus que tout autre, parce qu'il a su faire exploser des tabous, notamment sur l'insécurité, bénéficie d'une marge de manoeuvre importante et inédite pour la question des prisons.
J'ai toujours défendu dans ce blog l'idée que la majorité de nos concitoyens sont prêts pour accepter des réformes majeures qui transcenderaient leurs intérêts immédiats, privés ou corporatistes au profit d'un intérêt général et d'une vision plus grande de notre société.
Améliorer la situation actuelle des prisons relève pour moi de ce défi : la capacité à démontrer que l'action politique et publique SAIT ne plus être dans l'impuissance et le laisser faire.
4 personnes suffocant de promiscuité dans 9 m2.
Il faut être inconscient pour penser que dans ces conditions, la société se préserve de quoi que ce soit.
Rédigé par : Véronique | 12 juillet 2007 à 07:54
Nous avons beaucoup entendu que monsieur Sarkozy, élu avec une majorité incontestable, bénéficiait d’un état de grâce. Celui-ci s’effilocherait-il petit à petit…. ???? Lasserait-il déjà ses fans ?
D’état de grâce aux grâces collectives, il n’y a que quelques portes. Toutefois, il ne devrait pas y avoir d’amnistie présidentielle, cette année, dit-on ?
La position de monsieur Sarkozy fut pourtant très claire, lorsque, alors Ministre de l’Intérieur, il y a encore quelques mois, il reprocha à un certain magistrat d’avoir relâché un détenu, qui, bénéficiant d’une remise de peine, en profita pour assassiner une jeune femme qui pratiquait son jogging en forêt et qui n’eût que le malheur de le croiser sur son sentier forestier !
Il ne peut y avoir deux discours.
Le Président Sarkozy ne peut reprocher à un certain tribunal de ne pas être suffisamment sévère envers les jeunes délinquants ; à un certain magistrat son « inconscience » lorsqu’il fait bénéficier d’une libération anticipée, un futur (nouveau) criminel… (décision, qui fut collégiale, il me semble) et se montrer, subitement, indulgent envers ceux qui se trouvent dans les prisons, sur décisions de justice !! Aussi sordides soient-elles ! Et qui attendent l’amnistie présidentielle.
Pierre Mac Orlan :
« Le pétrole me paraît très nettement être l'odeur la plus parfaite du désespoir humain, si le désespoir humain a une odeur. »
Les victimes de ces détenus peuvent, il me semble, de leur côté, espérer que certaines peines soient effectuées dans leur intégralité. Elles, au moins, seraient satisfaites de cette décision présidentielle.
Risque d’effervescence dans les prisons, rapporte la presse ?
Les prisons feraient-elles la Loi, maintenant ?
« Ceux qui sont pour la liberté et contre l’agitation sont des gens qui veulent avoir la pluie, mais pas le tonnerre. » Mark Twain
Cette année, certains seront, peut-être, comme sœur Anne et ne verront rien venir !
Tout comme, d’autres victimes, qui, elles aussi, attendent, le respect de leurs droits, de la part d’une justice qui se fait aveugle !!!
En ce début de quinquennat, le désengorgement des prisons n’est pas, dans l’immédiat, une priorité. Du moins, pas celui attendu. La réforme de la justice est, cependant, sur ses rails.
La politique sécuritaire du Président Sarkozy est donc engagée.
Monsieur Sarkozy donne l’impression de ne pas faire confiance à son entourage voulant tout gérer, voulant être partout, courant sans cesse…
Comme chacun sait, Monsieur Sarkozy désire plaire, toujours plaire, avant tout à son électorat, bien sûr, en respectant ses promesses électorales. Les cibles furent clairement définies. Il n’y a donc aucune surprise.
Pourtant, sa politique, depuis son élection, surprend ses fans ?
Dans l’immédiat, son ambition est double : tout d’abord, elle consiste à s’approprier, et ce, le plus largement possible, les suffrages de ceux qui n’ont pas voté pour lui. Ouverture !!! Ouverture !!! Il faut penser aux municipales. Voire plus loin, les prochaines présidentielles ??? Déjà !
Son désir de plaire se déplace même jusqu’à Bruxelles !! La séduction et le charme y sont de rigueur !
Son autre priorité évidente est la scission du parti socialiste. Ce calcul et cette préméditation, il ne faut pas se leurrer, reposent en réalité, sur une seule vision : obtenir la majorité parlementaire qui lui est nécessaire pour faire voter son traité européen, sa mouture, après que la France eût rejetée le TCE par référendum. Et qu’il n’est, toujours, pas certain de faire voter. Ce serait sa victoire !
Ce besoin de séduction, par ailleurs, n’est donc pas applicable au monde carcéral, c’est pourquoi, dans le rôle de contrôleur indépendant des prisons, circulerait le nom d’Arno Klarsfeld.
Est-ce que le Président Sarkozy aurait, soudainement, pensé à une des citations de Georges Clemenceau :
« Ce qui m'intéresse, c'est la vie des hommes qui ont échoué car c'est le signe qu'ils ont essayé de se surpasser. »
Ou, encore à celle de Churchill : « Nous pourrions lui donner le ministère de la Guerre et nous serions sûrs de l'éviter : pendant la guerre, il était ministre du Charbon et nous n'avons jamais eu de charbon »
D’après le Top 10 des personnalités politiques les plus haïes de France, sondage effectué par l’Institut Novatris pour l’émission des "Grandes Gueules" de RMC, publié dans le Figaro, monsieur Arno Klarsfeld remporterait la 5ème place, après la famille Le Pen, monsieur Carignon et monsieur de Villiers.
Viendrait en 7ème position, monsieur Devedjian, «l’offenseur » de l’UMP et en 8ème place, monsieur Besson, surnommé le « traître ».
Alors !!
« Il n'est pas étonnant qu'on ait tant d'antipathie pour les gens qui s'estiment trop : c'est qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre s'estimer beaucoup soi-même et mépriser beaucoup les autres. » Montesquieu.
Faut-il penser que pour les prisons, la séduction se trouve être inversement proportionnelle et qu'il vaut mieux, pour ce poste, être le plus haï, que le plus apprécié ??
D’après le Figaro, madame Dati, ministre de la Justice, verrait s’en aller trois collaborateurs ?
Sans doute devrait-elle afficher à la porte de son bureau, comme le fit monsieur Clemenceau lorsqu’il fut ministre de l’Intérieur, en son temps :
« Messieurs les employés sont priés de ne pas partir avant d'être arrivés » !!
Rédigé par : Marie | 11 juillet 2007 à 22:59
@francis:
Vous avez du noter que la généralisation du BCG vient d'être supprimée et qu'en conséquence, les écrouelles le sont aussi...
Quelle cohérence à la tête de l'Etat qui oublie toutefois que la grâce comme le pardon sont accordés aux personnes et non aux actes...qu'elles ont commis.
Rédigé par : Parayre | 11 juillet 2007 à 22:36
Dans votre premier billet d’humeur, il est question de la peine de mort, cette peine que, si je suis bien informée, on peut encore encourir dans certains pays pour s’être rendu coupable de « contrebande de clous de girofle » !!!
Ayant fait part de mon étonnement (du genre : « Ils sont fous ces ‘Romains’ ! ») à quelqu’un de mon entourage, le personnage, par ailleurs doué d’un grand sens pratique, m’a fait remarquer : « Mais tout doit sûrement dépendre de l’importance du commerce des clous de girofle pour l’économie du pays concerné.».
Le débat ainsi initié, il s’est poursuivi par la lecture à haute voix d’un article de presse relatant les faits dont un bébé de quelques mois avait été la malheureuse victime, faits perpétrés par ascendant et lecture qui s’est terminée par cette question : « Si elle était toujours d’actualité que penserais-tu d’une peine de mort appliquée pour de tels faits ? ».
Ma première réaction et réponse a été que la description de tels faits ne devrait être donnée ainsi en pâture à la foule par et dans un média.
Dans le premier cas évoqué, et puisque seule la contrebande de clous de girofle est en cause, ce ne sont pas les faits de contrebande en eux-mêmes qui paraissent sanctionnés mais, à première vue, la mise en péril d’une économie manifestement fragile ; autrement dit, quelque valeur que nous puissions accorder intrinsèquement nous-mêmes à un clou de girofle, ce qui est en jeu dans un contexte donné, c’est visiblement la survie de la communauté. La réponse à ce qui est manifestement pensé comme une menace à cet égard est donc : la mort !
Or, ce clou de girofle dont la principale utilité que nous en ayons est de parfumer le court-bouillon, a en réalité une toute autre utilité et un tout autre sens dans d’autres cultures où sa symbolique est celle de la dignité et de la majesté et son emploi celui d’une plante médicinale ainsi que d’une base de diverses préparations médicamenteuses. A partir de là, on commence à entrevoir que, quand bien même on entreprendrait de boycotter les importations de clous de girofle pour exercer une pression économique visant à obtenir une modification de la législation dudit pays au motif que la sanction des faits incriminés paraît non seulement contraire à notre conception de l’éthique, mais totalement excessive et disproportionnée en soi, aurait peu de chance d’être véritablement efficace, car là où nous brandirions simplement une autre recette de court-bouillon, il est en réalité vraisemblablement question de sens, autrement dit de quelque chose qui met en jeu davantage que la survie économique.
Pour en revenir au second cas évoqué, de quoi donc est-il question dans notre réaction spontanée à la lecture de l’article décrivant, peut-être un peu trop complaisamment, le martyre d’un petit être que l’instinct nous eût poussées à protéger quand bien même il ne s’agissait pas de notre propre chair et de notre propre sang, tout comme les mamans chimpanzé accrochent à leur fourrure en plus du leur, le petit dont la propre mère vient d’être capturée ou tuée ?
Or, qui dit instinct dit tout le contraire de la réflexion et de la distance, et aussi de cette distance dépourvue de toute réflexion qui a fait dire à Monsieur Laurent Ruquier au début des vacances scolaires 2007, dans la foulée de la présentation d’un nouveau type de panneaux réfléchissants à installer autour des barbecues, et tout au plaisir d’avoir trouvé un bon mot : « Attention, après les bébés congelés, on va avoir droit aux lardons frits. » (Je cite de mémoire). Et le pire dans l’histoire, c’est que même si on est profondément scandalisé, on ne peut pas s’empêcher de sourire.
Qui sommes-nous pour être ainsi le lieu de sentiments aussi totalement opposés et contradictoires ?
Probablement des gens auxquels il ne faudrait pas permettre de rendre la justice sur le siège et même la justice tout court, car nous ne serions capables que de la rendre en notre nom propre et le ‘sinistre’ dont nous nous plaignons serait probablement peu de chose en comparaison de ce qu’il adviendrait alors !
Pour autant, ne pas être fait pour la magistrature, autrement dit ne pas être fait pour agir utilement dans un cadre rationnel au nom de quelque chose qui dépasse le particulier et qui est le domaine public, lequel me paraît exiger la capacité à transcender en quelque sorte, celui des passions, ne signifie pas qu’on ne soit pas fait pour le débat qui veut questionner la justice.
Pour en revenir aux « lardons frits » de monsieur Ruquier qui ne sont, fort heureusement que des mots, ainsi qu’aux bébés congelés des enseignants de FLE en Corée, qui, hélas, sont au-delà des mots, on peut faire observer qu’aux temps de la Grèce antique, si l’on en croit l’académicien René Girard, les enfants font partie de l’éventail des victimes dans un panorama général du sacrifice humain en compagnie des prisonniers de guerre, des esclaves, des adolescents non mariés, des individus souffrant d’un handicap physique ou mental, du ‘pharmakos’ autrement dit de la victime émissaire que la cité entretenait à ses frais pour le sacrifier en période de calamité tout comme la sorcière du conte de Grimm intitulé « Hänsel et Gretel » engraisse le petit garçon dans un enclos spécial tel celui que l’on retrouve encore dans d’autres cultures, y compris celle de nos ancêtres les gaulois, avec cette même fonction. On avait donc là tout un panel de catégories marginales se définissant par l’âge, la condition (servile, étranger, ennemi, victime désignée - statut impensable dans une société comme la nôtre qui pose le châtiment du vrai coupable comme condition sine qua non à la possibilité de restauration de l’ordre et ne se satisfait pas d’une ‘victime de rechange’ - ), autrement dit encore par « l’absence de reconnaissance » soit par le père (il y a des pages de Platon dans le Théétète extrêmement explicites à ce sujet) soit par la cité.
Je laisse à René Girard son parallèle entre le système judiciaire le sacrifice qui sont dit mettre au service d’une même fonction (réparation et prévention de la violence) des moyens et des techniques fort différentes, pour m’intéresser au sort des victimes sus désignées en faisant observer que le point commun est, au seuil ambigu de l’alimentaire et du sexuel, le chaudron auquel sont liées toutes sortes de pratiques pour échapper à la condition humaine (condition à laquelle appartient bien évidemment la maternité, celle que refuse notamment la belle-mère de Blanche-Neige en faisant frire aux cuisines les viscères - foie ou cœur selon les versions - qu’elle croit être ceux de la fillette, dans le but de rester éternellement jeune, belle et sans rivale, autrement dit comme le dirait Monique Halm-Tisserand dans ‘Cannibalisme et Immortalité’, « de manière à accéder par un cheminement régressif, au divin ». On connaît la suite et la fin de l’histoire.)
Or ce Chaudron et son enclos que nous retrouvons, me semble-t-il avec le congélateur de ces gens censés représenter la culture française à l’étranger et qui, à strictement parler, est un lieu non pas de cuisson mais de conservation en attente de consommation, nous le retrouvons également, dans les mots mais les mots sont-ils si innocents que cela, avec le barbecue de Laurent Ruquier, et… cette cocotte-minute en attente de dépressurisation à laquelle je lis ici que sont assimilés les lieux d’enfermement.
C’est donc maintenant que véritablement je commence à m’interroger !!
Ceci étant précisé, je suis d’accord avec vous sur le point de la grâce présidentielle collective, non pas parce que je suis obligée de m’acquitter en son absence d’une amende pour stationnement sur dépose-minute (même si j’étais derrière le panneau et pas devant), ainsi que d’une amende pour absence de ticket de parcmètre (même si je suis revenue sur mes pas dès que je m’en suis aperçue mais j’ai été grillée au poteau par un fonctionnaire municipal vigilant..), mais parce qu’elle participe du sens et cela transcende totalement le fait de l’avoir méritée ou non ou une quelconque question de générosité ou encore de gestion de l’espace.
Pardonnez-moi ce commentaire un peu long mais c’est une question qu’il m’a été difficile de condenser davantage.
Rédigé par : Catherine JACOB | 11 juillet 2007 à 21:07
Je crois que ce qui aurait pu être du "Grand Sarkozy" aurait été de faire une super grâce, je ne dis pas libérer tous les prisonniers, mais faire quelque chose de fort en faisant comprendre qu'ensuite ce sera fini, plus de grâce... Mais c'est utopiste... A défaut de 14 juillet il y a le 25 décembre.
Rédigé par : Bernard | 11 juillet 2007 à 20:53
Peut-être par compassion, le Président Sarkozy aurait pu exercer son droit de grâce au bénéfice des plus humbles délinquants. Il ne faut pas désespérer Billancourt... Sartre Sarko, même combat ! Il m'amuse de me rappeller qu'au 14 Juillet, les gardiens de prison pariaient sur le retour en prison des individus libérés. Comme au turf, il y avait des valeurs sûres, qui ne décevaient pas les parieurs. En fait, il en est comme pour les écrouelles que le Roi touchait pour les guérir le jour de son sacre, il y avait très peu de résultats. Encore que quelques écrouelles se referment spontanément, mais sans vraiment guérir. Détail à apporter : aux malades, le roi offrait quelques sous, le détenu sort souvent sans ressources et il faut bien manger. La suite va de soi.
Rédigé par : francis | 11 juillet 2007 à 13:56
Le président conjugue opportunisme et apparence à merveille. Qui peut sérieusement croire que l'indépendance de la justice soit un argument solide face à l'exigence populaire de sévérité pénale.L'opinion a ceci de malléable qu'elle ignore la réalité carcérale. Qu'une explosion se produise cet été et les mêmes gourmands de répression crieront au scandale et vitupèreront ceux qui, au pouvoir, portent tout de même une part de responsabilité dans ce délabrement chronique de l'Institution. Que veut le peuple ? Quel rôle assigner à la sanction, à la prison ? Où va la machine judiciaire ? Au-delà de cette quête de grâce, il est temps que le peuple engage les Etats généraux de sa justice, toute approche fractionnée n'aboutissant qu'à une énième réformette...
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 11 juillet 2007 à 12:09
Catherine,
Cette phrase me plaît effectivement beaucoup. Me voici plongé en état de grâce.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 11 juillet 2007 à 09:03
Annonce 5648231A.
Electeur échange panel représentatif (très peu servi) contre gouvernement. Urgent !
Ecrire au journal qui transmettra.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 11 juillet 2007 à 09:00
Pendant la campagne électorale NS a défendu le réalisme, le pragmatisme et la nécessité de bousculer les immobilismes.
La situation des prisons dans notre pays est la conséquence d’un immobilisme politique et de conformismes idéologiques. Tous gouvernements confondus, il y a eu le choix implicite de l'évitement et du laisser faire.
Ce qui caractérise à mes yeux un dirigeant est la capacité de prise de décision au regard d’une réalité qu’on sait anormale, explosive et dangereuse.
"Sur 190 établissements, cent sont en sureffectifs, parfois jusqu’à 250%." (Le Figaro)
Saisir l’opportunité ou le moment particulier de la grâce présidentielle comme fer de lance d'une politique et d’une stratégie pénales démontrerait que le réalisme n’est pas un mot vain. Et que dans ce domaine, également, les attentismes ne peuvent plus avoir cours.
Ne rien faire pour ne pas dérouter ou déplaire à l’opinion publique reviendrait à se replacer dans une logique de l’immobilisme. NS, par son positionnement sur les questions de sécurité, a aux yeux de l’opinion une vraie légitimité pour pouvoir proposer et entreprendre une action audacieuse et innovante. Je pense qu’il serait écouté et compris.
Et que ce sont ce langage de vérité, cette prise en compte d'un réel et cette volonté dans la décision que l'opinion retiendrait en premier. Car c'est ce dont elle a manqué et qu'on lui a refusé dans l’action politique pendant des décennies.
Pour finir, ce ne sont pas des profils à la Arno Klarsfeld qui pourront accompagner ou porter l’ambition d’une politique pénale réaliste, ferme, efficace et digne des exigences d'un État de droit(s).
Il y faut de l’excellence dans le savoir entreprendre, dans le savoir-faire et dans le savoir faire comprendre.
Rédigé par : Véronique | 11 juillet 2007 à 07:42
Je trouve très fâcheux de considérer que le risque de trouble dans le milieu carcéral devrait dicter la politique carcérale.
J'en ai longuement parlé là
http://riesling.free.fr/20070705.html
notamment en concluant qu'on nous propose de libérer des gens non pas parce qu'ils sont réinsérés mais parce qu'ils sont incontrôlables, comme si la société devait une fois encore les subir, je n'ajouterai rien de plus.
Plus que jamais, je suis persuadé que les problèmes du registre pénal de notre société sont permanents non pas par manque de moyen, ni par manque de volonté, mais par manque de témérité : personne ne semble prêt à payer le prix d'un affrontement intensif avec la délinquance. On voudrait pouvoir arrêter des délinquants sans faire de vagues et enfermer des gens sans faire de bruit. Mais où se croit-on ? Face à des actes graves, des crimes ou des délits, qui imposent une répression tout aussi pénible (le terme est de circonstance, je pense), peut-on s'obséder des risques que provoquent l'action au prix de se cantonner à l'inaction ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 11 juillet 2007 à 06:59
Ah! Vous revoilà, Cher Hôte, comme je vous appréciais.
Je ne trouvais plus, depuis des mois, ce recul sur les gens et les choses.
La tête dans le guidon, attention le peloton peut crouler tout ensemble. J'avais des craintes.
Mais vous relevez la tête. Je m'en réjouis. Je sens que je vais revenir !
Votre encensoir a été remisé dans la sacristie.
La messe est finie.
L'action de grâce n'est pas au programme.
Et flatteurs d'applaudir !
"Une euménide en mon âme est éclose"
Quoi ! le mal serait là.
Je regardais un enfant, une femme, une mère qui attendaient quelques miettes du banquet présidentiel, et je suis révolté.
Lazare, de tous poils, vous n'aurez rien !
De grâce, Président, un peu d'humanité.
Rédigé par : jw | 11 juillet 2007 à 03:34
La grâce présidentielle était devenue une vraie peau de chagrin... à force d'exclusion, il ne restait plus guère que les innocents à en profiter...
non je plaisante bien sûr...
mais que la grâce présidentielle ne soit plus un argument pour aggraver une peine dans le secret d'un délibéré sous prétexte que le condamné mérite ses quinze ans car de toute manière il n'en fera que la moitié avec le jeu des grâces et des remises de peines...
Je trouve que M. le Président de la République a bien joué en enlevant à quelques présidents d'assises leur argumentation auprès des jurés.
Tiens je trouve une réforme de la justice facile et pas chère à mettre en oeuvre : laisser les jurés populaires délibérer seuls, sans magistrats pour les influencer. Là au moins on aurait un vrai jury populaire, libre de toute influence et de tous calculs machiavéliques.
Rédigé par : Pierre-Antoine | 10 juillet 2007 à 23:03
Peut-être est-ce ma jeunesse ou mon manque de recul, mais je pense que l'absence de grâce (ou d'amnistie) est une bonne chose : à partir du moment où la justice a condamné quelqu'un à une peine de prison, c'est que la faute commise était tellement importante qu'il fallait enfermer son auteur immédiatement (ex : un crime) ou alors que toutes les autres mesures ont été inefficaces (alternative aux poursuites, rappel à la loi, sursis, SME, jours amendes).
Je crois encore (et peut-être suis-je un rêveur) que la prison a une vertu pédagogique : le rôle pédagogique de la sanction.
Quel est alors le message que la société transmet ?
Je comprends la liberté conditionnelle à mi-peine et je l'approuve : le détenu a fait un effort, donc il a le droit à une chance. Mais la grâce est collective et non nominale. Elle vise un panel relativement vague, défini sur le critère du motif de l'incarcération et non sur son déroulement.
Rédigé par : Raph | 10 juillet 2007 à 23:01
Vous m'avez parfois, au long de la campagne électorale, irrité car je ne retrouvais pas dans vos notes, l'esprit indépendant, l'acuité d'esprit comme la lucidité qu'à mes yeux vous recelez avec excellence et exprimiez d'habitude.
Ces irritations ponctuelles n'étaient pour autant pas de nature à modifier le respect profond que j'éprouvais et éprouve pour votre personne.
Le billet de ce jour vient me conforter et me "consoler" tant il révèle vos convictions mais aussi vos interrogations, ces dernières légitimant les premières...
Les convictions les plus profondes, pour paraphraser Proust, sont celles où la pensée est la plus indépendante des mots et de leur aménagement.
Le vrai esprit libre et indépendant, je crois pouvoir affirmer que vous adhérez à cette définition, est celui qui ne se soucie pas des conséquences quand il a la certitude d'être fidèle à ses valeurs.
Je n'ai pas, d'où mes irritations, partagé, ces derniers mois, vos enthousiasmes pour N.S et ceux de nombre de commentateurs de votre "blog".
Les premières semaines de "présidence" m'ont conforté dans mes réserves : le "paquet fiscal", le SMIC non augmenté, les contacts avec B.Tapie ou d'autres, l'incapacité à mesurer le problème réel des prisons doublés de la complaisance pour peu et de la rigueur pour beaucoup, du renoncement aux promesses électorales de baisse du déficit budgétaire...
Le maintien de l'engagement de ne pas octroyer de grâces collectives m'apparaît, après vous, choquant et surtout peu responsable... Pour autant, ce respect des promesses, sur ce point, est plus aisé tant notre société se soucie peu des détenus, sauf en période médiatiquement orchestrée, que celui relatif aux universités ou à la nécessité de faire revenir nos "riches" expatriés...
Quant à l'icône ou petit soldat, elle supplée provisoirement son incompétence manifeste et son absence de légitimité par un autoritarisme ayant entraîné le départ de conseillers pourtant madrés et loyaux.
Lawrence J.Peter vous aviez raison !
Rédigé par : Parayre | 10 juillet 2007 à 22:47
Je ne connais pas grand-chose au fonctionnement de la justice mais il me semble que le JAP a de grands pouvoirs pour libérer de manière préventive les détenus qui ont fait preuve de la volonté de s'amender.
Je pense donc plus juste et plus efficace de laisser à ces magistrats le soin de désengorger les prisons au cas par cas, contrairement à une grâce présidentielle qui est par principe, systématique.
Au fait, s'il manque des places en prison, qu'attend-on pour en construire ou pour trouver des peines de substitution ?
Rédigé par : Polochon | 10 juillet 2007 à 22:31
Je n'ai pas d'argumentations superficielles ou de fond à donner sur l'utilisation du droit de grâce présidentiel, mais à mon sens ce droit va au-delà du droit régalien ou d'un droit coutumier. Depuis la plus haute antiquité il semble être l'apanage du plus haut dirigeant, et ce, quels que soient le pays, la société, la culture, l'ethnie, il fait de par sa symbolique à celui qui détient ce pouvoir, l'égal d'un Dieu. Mais nous sommes passés de la symbolique à un dû, la grace n'est plus présidentielle mais administrative. Alors que le Président Sarkozy renonce à ce pouvoir, pourquoi pas, mais alors qu'il le transmette à des commissions départementales ou régionales qui seraient peut-être même plus à même de juger quel(le)s détenu(e)s sont sur la voie de l'amendement et méritent d'être libérés.
@mike - Bien sûr qu'il faut penser aux victimes mais pour imager, on ne peut pas mettre sur un même plan celui qui est détenu pour, par exemple, fraude fiscale, et celui qui est détenu pour avoir abattu lâchement un gendarme lors d'un braquage. Même si ce dernier a accompli une très grande partie de sa condamnation, il doit aller jusqu'au bout de sa peine, les grâces doivent se faire avec discernement.
@ catherine A - Vous écrivez :"... des prisons trop pleines et au bord de l'explosion, je me demande bêtement si le mieux ne serait pas de moins les remplir..."
La réflexion relève presque de la métaphysique shakespearienne : "Faut il moins les remplir ou en construire plus? Telle est la question ?"
Rédigé par : Bernard | 10 juillet 2007 à 21:41
Vous éprouvez de la nostalgie pour l'Etat de grâces, et bien, moi pas ! Que les juges appliquent les textes en vigueur en manière d'application des peines et les prisons ne connaîtront pas cet état d'encombrement tel que celui que nous connaissons aujourd'hui. Est-il écrit dans le Dalloz qu'il serait interdit d'octroyer des aménagements des peines à moins de trois ans de la date de sortie ? Non, et pourtant, c'est la régle générale que de JAP en JAP, on applique dans tous les CD et autres prisons françaises.
Pour avoir été un des rares individus en France à sortir en conditionnelle (26 mai 2005) le jour de la conditionnabilité possible, avec pourtant une durée de "condition" battant tous les records de longueur puisque se terminant en 2013, je pense que, même si ma situation exceptionnelle par sa complexité et l'imbroglio juridico-administratif qui s'y rattache, a permis cet élargissement dans les temps "autorisés" par les textes, je ne devrais pas être le seul à avoir pu bénéficier de l'application des textes, de toute l'application des textes et seulement de l'application des textes. Serait-ce trop demander à nos magistrats JAP que de respecter le CPP ? Pourquoi pensez-vous, Philippe, qu'il fallut me ramener sur Fresnes pour qu'enfin, les textes soient appliquées ? Parce que le JAP, en poste à l'époque à Val de Reuil était incapable d'étudier avec discernement un dossier, préférant appliquer à tous ses dossiers une jurisprudence de fait établissant des procédures durcies par rapport à celles votées par le législateur. La question se pose alors : est-il sain et raisonnable de confier l'application des peines à des magistrats ? Non et certains pays l'ont compris tel le Canada qui a totalement séparé le prononcement de la sanction de son exécution. Faudra-t-il en arriver à cette option en France pour qu'enfin une réelle politique de l'application des peines soit mise en oeuvre ? Oui, je le pense.
Respectueusement
Marc Fievet
Rédigé par : Marc Fievet | 10 juillet 2007 à 20:07
Vous jouez à nous faire peur, en voulant nous faire croire que l'Arno en question manquerait à ce point de pudeur ?
Beate doit s'en mordre les doigts, comme toute ancienne prisonnière.
@ludo : très bien dit tout ça;-)
Rédigé par : leblase | 10 juillet 2007 à 19:54
Je ne sais plus où j'ai lu la remarque d'un juge d'application des peines indiquant que le taux de récidive était plus important chez les "grâciés" que chez ceux qui accomplissaient toute leur peine.
Vrai, faux, relatif ?
Si les peines sont déterminées avec intelligence par la justice et ses représentants, est-il besoin de "corriger" par des grâces "en gros" qui ne sont pas données "sur mesure".
Et si on pensait aux victimes des détenus le 14 juillet ?
Rédigé par : mike | 10 juillet 2007 à 19:35
Un petit cadeau à Ludo, une phrase qui devrait lui plaire : "nous étions au bord du gouffre ; nous avons fait un pas en avant" ! Sur le fond, plus sérieusement, je ne suis pas une fana de la grâce présidentielle qui a trop de relents royaux. Une grâce décidée par un Président c'est une intrusion de l'éxecutif dans le judiciaire qui me gêne et si la justification de cette grâce est de vider (un peu) des prisons trop pleines et au bord de l'explosion, je me demande bêtement si le mieux ne serait pas de moins les remplir...
Rédigé par : catherine A. | 10 juillet 2007 à 19:29
Ce gouvernement et son président commencent sérieusement à m'agacer : Politique academy avec son lot de ministres représentatif comme une sélection de loft story... et c'est tout à fait cela, hélas !
Bien évidemment qu'un président de la République comme un père doit être ferme dans l'amour !
Je ne sens malheureusement pas beaucoup de sentiments pour les faibles. Ces derniers, en plus de le devenir plus encore vont connaître le déshonneur d'être humiliés. Il y aura, en effet, la France de ceux qui réussissent et les autres qui auront l'échec parce qu'ils sont inaptes ou paresseux !
Ce qui n'est pas mentionné dans le message, c'est que ceux qui n'appartiennent pas au club n'ont aucune chance de réussite.
Je prône aussi depuis le début qu'il y ait une justice répressive, qui prenne compte des victimes, qui redevienne dissuasive et ne soit pas laxiste. Cependant, on ne peut enlever un peu d'espoir, une raison qui aide à tenir l'enfer de l'enfermement ; c'est cruel et révoltant, cette absence d'amnistie. Quel est le bon message ?
Je pourrais multiplier les exemples qui font que je n'aime pas du tout ce qui se passe dans ce nouveau gouvernement, je me contenterai de souligner que la France s'éloigne dangereusement d'elle-même.
Nicolas Sarkozy se passera de mon aval pour nombre de choses, ça tombe bien, il s'en fiche complètement !
On ne gouverne pas pour soi et ses amis vulgaro-milliardairo-ploucs, mais pour les autres, tous les autres !
Quand Nicolas Sarkozy recrute tout ce qu'il y a de plus bas au niveau de l'échelle morale, je ne peux croire que ce soit dans de bonnes intentions. Klarsfeld qui vérifie les prisons, quand je pense qu'il y a quelques posts, je supputais pour rire Arthur à la Culture, nous en sommes au même niveau.
La politique prise en otage par Endemol, voici où nous en sommes. Plus rien ne peut être grave, nous ne tomberons pas plus bas !
"Allez les amis, nous les avons bien eus, partageons-nous le gâteau !"
Je n'ai jamais vu un tel paroxisme de favoritisme.
Si on n'aime pas la France, la moindre humanité est de la quitter, pas de la fiche en l'air !
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 10 juillet 2007 à 17:03
Décidément, c'est fou comme les magistrats détachés à la Chancellerie se marient au mois d'aôut ! On devrait leur impartir un tour de rôle, l'hémorragie commençant à faire désordre... ah, que coule l'Arno, ses eaux éphèbiennes, ses rives purpurines et son rabat vol au vent...
Rédigé par : sbriglia | 10 juillet 2007 à 16:14
Il semble que coexistent chez notre Président une variante du syndrome de Stockholm et le complexe de l'anticonformisme, le mélange des deux aboutissant à d'étranges attitudes...
Cette frénésie d'ouverture qui récompense l'adversaire - au risque de désespérer son propre camp, variante post traumatisme de campagne électorale du syndrome évoqué...
Et cette volonté de se démarquer de ses prédécesseurs qui lui fait ainsi confondre en un même rituel les nécessités de l'amnistie présidentielle et l'inutile speech poivred'arvorienchazalesque du 14 juillet...
Attention à ne pas passer à la vitesse d'un roller de Titus à Caligula... au risque de prétendre qu'Arno connaît bien les prisons puisqu'il a visité Papon, tout autant qu'il connaît le 12ème arrondissement, traversé lors d'un marathon...
Rédigé par : sbriglia | 10 juillet 2007 à 15:36