C'est comme un prélude qui contient l'opéra à venir et dont chaque thème sera développé par la suite.
Depuis quelques jours, sur tous les plans, l'actualité a brillé de mille feux grotesques, pathétiques, tragiques, judiciaires, politiques et même littéraires. Je ne vais qu'allusivement les effleurer avant sans doute, plus tard, de reprendre les principaux. Je profite aussi de ce billet pour indiquer que je ne pourrai répondre aux commentaires qu'à partir du 27 au soir.
Fanny Ardant, dont les provocations sont habituellement mieux inspirées, aurait du se taire plutôt que de qualifier le fondateur des Brigades rouges, Renato Curcio, de "héros", avec d'autres stupidités à la clé. Etre actrice ne donne pas le droit de dire n'importe quoi. C'est une grande sagesse que de savoir rester dans son champ de compétence.
On a interpellé et mis en examen la personne soupçonnée d'avoir tué de 52 coups de couteau cette vieille dame de 96 ans. On ne connaît que son prénom et la première lettre de son nom. Les lecteurs de journaux sont-ils des débiles auxquels il faut cacher la vérité sur les origines des malfaiteurs présumés ?
Yasmina Reza vient d'écrire un livre - un étrange récit, au fond un dialogue - sur la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, sur celui-ci et sur elle-même. Ce qui frappe, c'est la forte présence du personnage de l'auteur Yasmina Reza, en dépit de sa modestie affichée. Nicolas Sarkozy, pris, épinglé, loué et observé dans mille séquences parfois aussi rapides que l'éclair, le temps d'un songe, d'une pensée, d'un regret, d'un souffle, est nimbé d'une aura romanesque, d'un brouillard flou d'aventurier triste et d'exceptionnel artisan de son triomphe exclusif. C'est mieux qu'un livre réussi, c'est un regard nouveau sur une réalité vieille comme le monde et sur une personnalité sans égale : la passion du pouvoir et Nicolas Sarkozy. Et, derrière, on sent, dans ou entre les lignes, Yasmina qui répond à Nicolas ou qui se retient pour ne pas le faire.
Surtout, ce sont les suites de l'affaire Evrard. Il est clair qu'à propos de cette criminalité sexuelle, de cette pédophilie gravement renouvelée, les bonnes orientations ont été décidées. Exécution complète de la peine puis, après avis d'une commission, enfermement thérapeutique s'il y a lieu. Je ne me dissimule pas le paradoxe qu'il y a à mettre en oeuvre cette sévérité exemplaire à l'encontre de condamnés qui, sans abus de langage, sont à la fois victimes de leur constitution et inéluctablement engagés dans le pire. Il m'a toujours semblé, bien avant la campagne présidentielle, que notre système d'exécution des peines, notamment criminelles, était absurde puisqu'il posait comme un principe la nécessité de libérations avant l'heure, quelles que soient les catégories délictuelles ou criminelles considérées. J'espère que l'impulsion décisive donnée pour mieux défendre les enfants saura être étendue, après réflexion, à des situations et des comportements concernant la criminalité agressive et violente. Il me semble pertinent de m'inscrire en faux contre une affirmation de l'un de mes collègues, M. Janas, soutenant qu'une peine est faite pour être "aménagée". Non, une peine est faite pour être exécutée.
Enfin, la politique, projetée ou réalisée par Nicolas Sarkozy dans le domaine pénal, fait l'objet d'une critique de gauche, où l'humanisme est invoqué de manière mécanique contre les réformes que la sûreté publique impose et que la sauvegarde des personnes et des biens rend urgentes. C'est par exemple le "populisme pénal" qui lui est reproché par deux avocates dans Libération récemment. Pour ma part, modestement je voudrais offrir ma contribution à une appréciation favorable de ces mesures tout en mettant en évidence le besoin d'une méthode qui laisse à l'intelligence le temps de se déployer, aux professionnels et spécialistes le temps de se concerter et d'envisager une hiérarchie lucide des réformes, aux politiques le temps d'accomplir leur tâche dans la sérénité et non dans une précipitation que le fait de vouloir coller à la réalité risque, si on n'y prend garde, de rendre inévitable et permanente. Ainsi, je ne suis pas persuadé qu'en matière judiciaire, il faille faire sortir du chapeau présidentiel une floraison d'idées dictées par les drames ou les inconséquences du présent. Notamment en remettant à l'ordre du jour la tenue d'un "faux" procès pour les malfaiteurs déclarés irresponsables au nom d'un travail de deuil qui devient une tarte à la crème sans véritablement consoler les victimes. La justice s'accommode mal d'une politique à réactions.
Il faut accepter de penser lentement et longuement pour agir vite, et pour longtemps.
@ Catherine Jacob
Merci pour votre très intéressante remarque, je n'y avais pas pensé. On retrouve en effet, à travers cette localisation, la fusion destructrice entre la mère et l'enfant.
Rédigé par : Laurent Dingli | 07 septembre 2007 à 17:59
Je vous adresse le dernier paragraphe que j'ajoute à mon billet sur la violence et la pédophilie : la violence et la pathologie mentale sont des questions bien trop graves et trop complexes pour faire l'objet d'une lecture partisane. La répression du crime doit toujours s'accompagner d'une amélioration de la prévention. Or c'est là sans doute l'un des grands chantiers de l'avenir : savoir détecter, dès l'enfance, les comportements à risque, sans pour autant entamer les libertés individuelles fondamentales. Je recommande à toutes les personnes que cette question intéresse de lire les pages sciences du dernier numéro de Courrier International (daté du 30 août) : "Pédophiles : une déviance à traiter dès l'enfance". Un article du New Statesman nous apprend notamment que "nombre de pédophiles commettent leur premier abus au cours de leur jeunesse. Les traiter donne alors de bons résultats. Encore faut-il les identifier suffisamment tôt". D'après une étude menée par le Dr Eileen Vizard, pédopsychiatre et directrice de clinique (National Society for the Prevention of Cruelty to Children), l'âge moyen des premiers signes de délinquance sexuelle est de 14 ans. (...) L'ampleur et la réalité même de la pédophilie enfantine sont choquantes, mais les expériences et les conditions de vie qu'ont connues les pédophiles ne le sont pas moins (...) Le Dr Vizard a effectivement constaté qu'une thérapie intensive permettait à de jeunes pédophiles de revenir dans le droit chemin. Leurs expériences déstabilisantes et traumatisantes sont prises en compte et on les aide à comprendre ce qu'il y a de mal dans leur comportement (...) On leur enseigne des techniques fondées sur des thérapies cognitives et comportementales pour maîtriser leurs sentiments et leurs instincts, au lieu de laisser ces jeunes développer les comportements compulsifs qui font des pédophiles adultes des individus si dangereux".
Rédigé par : Laurent Dingli | 07 septembre 2007 à 17:54
Lecture ultrarapide de ce blog, retrouvé après des semaines d'absence, tant il est riche et tant il faudrait de temps. J'apprends donc que Fanny Ardant a perdu une occasion de se taire mais peut-être ne fait-elle qu'illustrer l'attrait romantique qu'exercent certains voyous qui n'ont que faire des lois, des interdits, de la morale. Rien de bien nouveau. Le petit voyou est un minable, le grand presque un héros ; quant au mec bien, normal quoi, un couillon.
J'apprends aussi qu'il a suffi d'un fait divers pour qu'il soit question de juger les malades mentaux. Comme au Moyen-Age. A quand le procès des chiens tueurs pour que les victimes "fassent leur deuil". Ras-le-bol comme vous Philippe de cette expression stupide "faire son deuil" utilisée à tort et à travers par ceux sans doute qui n'ont jamais perdu quelqu'un de très proche. Marre aussi de la victimisation. A quand cette mention sur les papiers administratifs "profession : victime". Cette compassion dégoulinante est indécente.
Bon je sens la rage qui me prend - très mauvais pour une rentrée - et je ne voudrais pas m'étaler sur ce blog ; alors juste une dernière remarque sur les remises de peine ; je les ai crues longtemps indispensables, je me demande aujourd'hui si elles ne bénéficient pas surtout aux plus malins, plus pervers, ceux qui savent jouer aux bons petits détenus bien polis.
Rédigé par : catherine A. | 03 septembre 2007 à 17:45
@ Ludo
"Ce n'est pas un reproche que je faisais à Nicolas Sarkozy en particulier, mais à un politico judiciaire de l'émoi que je ne saurais dater avec exactitude, que j'ai toujours connu, avec moins d'ampleur, il est vrai !"
Je vous propose la lecture très intéressante d'un article du magazine L'Histoire de ce mois.
"1907, la France a peur ! L'affaire Soleilland."
Jean-Marc Berlière, spécialiste de l'histoire du crime et de la police, nous rappelle les conséquences politiques de cette affaire, le rôle joué par une opinion publique bouleversée par le viol et le meurtre d'une petite fille ainsi que le pouvoir des médias de l'époque quand, écrit l'auteur, "une société se saisit du crime en politique."
Cette affaire a provoqué un débat public sur l'abolition de la peine de mort et le gel de ce combat que des hommes comme Clemenceau et Jaurès étaient prêts de remporter.
Rédigé par : Véronique | 01 septembre 2007 à 09:52
Laurent Dingli
«Or, ce qui est ici intéressant, c'est la déclaration faite par le matricide aux policiers qui l'interrogeaient sur son acharnement. Il a en effet répondu qu'après avoir transpercé le coeur de sa victime, il avait poignardé à diverses reprises sa hanche, pour être sûr que l'organe vital de sa mère ne s'y trouvait pas. »
Ce qu'il y a en revanche à hauteur de la hanche ce sont les ovaires. Autrement dit le lieu de la fécondité de la mère, donc également d'une forme de vitalité.
Celle qu'elle transmet. On peut dire ainsi que peut-être c'est lui-même qu'il a pu chercher ainsi à atteindre... dans l'oeuf.
Rédigé par : Catherine JACOB | 30 août 2007 à 19:19
Chère Véronique,
Vous avez probablement raison, du moins, je le souhaite autant que vous !
Le fait divers est le prétexte à des mesures longuement réfléchies en amont !
Ce n'est pas un reproche que je faisais à Nicolas Sarkozy en particulier, mais à un politico judiciaire de l'émoi que je ne saurais dater avec exactitude, que j'ai toujours connu, avec moins d'ampleur, il est vrai !
C'est une bonne mesure, qui va exactement dans le même sens que le mien.
Là n'est pas ma déception, c'est plus une politique d'humeur ancienne et sans cesse en contradiction avec un fait divers nouveau qui me navre comme si l'air du temps géré par le fait divers venait en axiome de justice. Ceci amène trop souvent à mon goût à une justice de grille de lecture alors que chaque cas judiciaire est unique, mérite un examen particulier.
Je sais que la recherche de la vérité est complexe, épuisante, que les dossiers sont nombreux, trop nombreux, que la pression doit être toujours lourde, que la profession de magistrat est difficile, très difficile, qu'ils ont un rôle mal perçu et pourtant... !
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 30 août 2007 à 16:40
@Cactus
De doux à niais, il n'y a souvent qu'un pas : roux sot, soutiennent ainsi certains !
Il est vrai qu'il a été poursuivi ce pauvre peintre...
Rédigé par : Parayre | 29 août 2007 à 20:54
Permettez-moi de rebondir, monsieur Parayre .... avec moult plaisir :
merci de nous réciter Laval, ville ou j'aurais tant aimé naître et ne me demandez pas pourquoi ! :-)
( au fait, là où Ubu est, finis les préludes ? )
Rédigé par : Cactus en tous sens | 29 août 2007 à 15:48
@Cactus et Véronique :
Faire appel à Alfred Jarry sur ce blog ne manque de sel : BRAVO !
Vous recevez mon "laval" , dans les deux sens bien sûr .
Rédigé par : Parayre | 29 août 2007 à 12:59
@Catherine Jacob
Merci pour votre réponse mais "L'élégance du hérisson" n'est que le titre d'un roman de Muriel Barbery dont j'ai beaucoup apprécié la facture et que je recommande chaudement !
Rédigé par : Parayre | 29 août 2007 à 12:46
Parayre
«@Catherine Jacob
Qu'avez-vous voulu me dire ?»
Rien de plus et rien de moins que ce que j’ai dit. L' expression «l'élégance du hérisson» a fait se lever l'image de la publicité pour les éponges que j'ai mentionnée et ça m'a fait rire toute seule mais, à votre incompréhension de ma remarque, je constate en vous un esprit sérieux totalement préservé des délires publicitaires. C'est rare, c'est bien.
Rédigé par : Catherine JACOB | 29 août 2007 à 09:41
"Les lecteurs de journaux sont-ils des débiles auxquels il faut cacher la vérité sur les origines des malfaiteurs présumés ?"
les origines ?...
...c'est du Raymond Barre version Copernic ?...
Rédigé par : sbriglia | 29 août 2007 à 09:33
Cher Parayre,
Cioran disait qu'il serait parfaitement équilibré s'il pouvait hurler un quart d'heure par jour, je ne suis plus trop porté sur ce pessimiste qui associe son état d'âme à l'intelligence, car je pense que les véritables désespérés n'ont que l'optimisme, le rêve, l'utopie, l'espoir effectivement comme atouts, ceci n'en fait pas des imbéciles pour autant et il n'y a que les gens qui ne soient pas en situation de survie pour s'offrir le luxe d'une arrogance noire ! Cette phrase est tout de même bien sentie.
Le croiriez-vous, il y a quelques années, je ne me mettais jamais en colère, approchant ce sentiment d'un manque de noblesse, ayant empathie pour les gens en colère à qui je donnais une excuse de souffrance que je ne voulais pas amplifier, je ne discutais ni les goûts, ni les couleurs... mais diable que mon orgueil spirituel me faisait souffrir !
Je râle, maugrée de temps en temps librement ne me sentant plus propriétaire de la souffrance d'autrui et quel bon remède à la dépression, quel plaisir d'avoir enfin un avis et peu importe qu'il plaise ou non !
J'ai voulu être Don Quichotte au soir de sa vie en oubliant la folie qui lui fut nécessaire pour finir sage !
Bien à vous également.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 28 août 2007 à 21:30
@Catherine Jacob
Qu'avez-vous voulu me dire ?
Rédigé par : Parayre | 28 août 2007 à 21:10
@ Cactus
J'ai adoré votre retour et votre colère.
Alors à mon tour.
le populisme et la vulgarité qu'on reproche partout, tout le temps, à Sarko, ça m'énerve.
"merdre de merdre de merdre de merdre !"
@ Philippe
Oui, je sais. Je vous fais honte.
Mais enfin quoi !
Le besoin et la nécessité de réformes dans la société, ce n'est quand même pas lui qui les a inventés !
@ La Vieille
"Même l'intérêt pour un livre est subordonné à un écho médiatique qui lui ouvrirait ou fermerait une réputation."
Mais pas du tout. Ce n'est pas ça que j'ai voulu dire à Parayre.
Ce qui assure secrètement et consolide durablement l'audience d'un livre c'est le bouche à oreille.
Rédigé par : Véronique | 28 août 2007 à 20:39
@Véronique,
La gratitude est de ne pas voir le cadeau, mais d'abord celui qui l'offre...Puis, attiré par tout ce qui est imprimé, on succombe, parfois comme en l'espèce, dans tous les sens du terme.
Il est vrai qu'à force de lire, j'ai des livres de poche sous les yeux !
Rédigé par : Parayre | 28 août 2007 à 20:20
On vit déjà dans un temps d'inflation législative où une loi en remplace une autre sans même que celle qui a été remplacée ne soit appliquée
Si maintenant, à chaque fait divers, aussi tragique soit-il, on fait une réforme, je me demande comment on va faire pour s'y retrouver
Et surtout quelle est la pertinence d'une telle "montée de fièvre réformatrice"
Avant, pour chaque problème de société on créait une commission ou un sous-ministère ; désormais on fait une réforme
Pourquoi ? Pour rassurer le peuple français et surtout permettre à NS de montrer à ce même peuple qu'il est proche de leurs préoccupations, qu'il s'occupe de leurs problèmes et ainsi d'occuper la scène médiatique
J'ai l'impression d'être un peu perdu : quelle est l'orientation générale de la politique du gouvernement ? Et que devient Mr Fillon là-dedans et tout son gouvernement en général ?
Mais à quoi servent nos ministres et notre Premier Ministre ?
Tout passe par NS => le moindre problème et NS intervient avec sa réforme magique
une réforme en chasse une autre =>à qui le tour ?
Rédigé par : Ségo | 28 août 2007 à 18:33
grâce à vous je viens de revoir "prelude to a kiss"
merci à vous j'avoue !
un coucou à D.V.!
sinon :
"Une colère justifiée est toujours saine, n'est-ce pas ?"
nous lance Parayre!
ok alors j'essaie :
"merdre de merdre de merdre de merdre !"
c'est vrai que je me sens mieux !
merci à lui donc !
Sissi !!!
me voilà face à mon destin maintenant , c'est mâle, hein !
Rédigé par : Cactus le retour | 28 août 2007 à 18:17
@ Véronique : "il faut que le temps fasse son oeuvre pour pouvoir apprécier les livres à leur juste ou à leur mauvaise réputation".
Ah bon ! Même l'intérêt pour un livre est subordonné à un écho médiatique qui lui ouvrirait ou fermerait une réputation... Cela me laisse songeuse, voire dubitative. Les qualités d'un livre, (fonds et formes) m'enthousiasmeraient beaucoup plus, le temps de changeant rien à l'appréciation.
Les extraits du "livre-papier people" de Reza montre qu'elle se met, elle, en scène aux côtés d'un personnage important, qu'elle ne sert ni sur le fond ni sur la forme. Elle "copine".
Ego surdimensionné dit Parayre.
Rédigé par : La Vieille | 28 août 2007 à 17:18
Présider, c'est prendre de la hauteur, impulser une réflexion et suggérer des orientations, au-delà des polémiques de l'instant. N. SARKOZY affiche la rupture avec DE GAULLE à tous points de vue. Présider autrement, est-ce lorgner en permanence sur les sondages d'opinion, souffler dans le sens du vent et transpirer à grosses gouttes en écoutant le récit, aussi douloureux soit-il, de deux familles irréductiblement clouées dans leurs douleurs ? Le Président confond émotion et réflexion de fond. Qu'un autre OUTREAU surgisse et l'on reparlera des droits de la défense. Et une nouvelle loi sera alors votée, jusqu'au fait divers suivant commis cette fois par un récidiviste, etc...etc...
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 28 août 2007 à 15:56
@ Parayre
"Une colère justifiée est toujours saine, n'est-ce pas ?"
Mais enfin !
A-t-on idée de se précipiter à ce point pour lire LE livre dont toute la presse a parlé... la semaine dernière ?
Croyez-moi. Le mieux est de savoir attendre.
Il faut que le temps fasse son oeuvre pour pouvoir apprécier les livres à leur juste ou à leur mauvaise réputation.
Vous ne croyez pas ?
ps: en plus, c'est vrai.
ça colle mal avec l'idée qu'on se fait de vous, à vous lire, de vous imaginer vous précipitant sur les listes de best.
Rédigé par : Véronique | 28 août 2007 à 14:34
Cher L.Lefebvre,
Une colère justifiée est toujours saine, n'est-ce pas ?
"Ne pouvant se corriger de sa folie, il tentait de lui donner l'apparence de la raison..."
Bien à vous.
Rédigé par : Parayre | 28 août 2007 à 13:01
Je voudrais ajouter encore quelques précisions sur le thème de la violence et de l’irresponsabilité. Tout d’abord, on peut bien entendu avoir une forme de compassion pour un criminel sans pour autant insulter ses victimes. L’acharnement n’a jamais constitué une solution ni une réparation. Tout réside dans le dosage que l’on manifeste entre la compassion et la complaisance, entre l’humanité dont doit encore bénéficier celui qui s’est mis au ban de la société, et la prise en compte de la souffrance des victimes. Cet équilibre est très difficile à trouver et ne requiert sans doute pas, comme beaucoup l’ont remarqué avant moi, la précipitation du législateur. La question n’est donc pas de refuser toute compassion ou tout droit de défense au criminel, mais d’essayer de comprendre pourquoi certains groupes ou individus ont fondé leur organisation psychique sur l’obsession du bourreau-victime. Je veux dire que, plus que l’assassin lui-même, c’est la réaction du public qui est ici intéressante. Il n’existe pas un seul modèle de meurtrier, faut-il rappeler cette évidence ? Et nos réactions sont aussi fonction des multiples critères qui auront présidé à l’exécution du crime : le degré d’intentionnalité, de barbarie, l’âge de la victime, etc. Personne ne mettra jamais sur le même plan le meurtre perpétré par Bertrand Cantat avec celui commis froidement par Youssouf Fofana, l’assassin d’Ilan Halimi, dont le calvaire inouï nous a tous choqués. J’ai moi-même essayé de comprendre le désarroi d’un homme comme Bertrand Cantat que je ne permettrai jamais de juger. Je sais trop quel enfer peut vivre un individu, homme ou femme, qui subit le poison de sa propre violence intérieure, pour oser le faire. D’une certaine manière, en effet, il en est lui-même la victime. J’ai appris, il y a quelque temps, que certains vers parasitaient le système nerveux des rats ou des moutons et les poussaient à se suicider, en se laissant dévorer. En pilotant leur cerveau, le parasite téléguide ainsi l’attitude de l’animal afin de servir uniquement ses propres intérêts. Le corps de l’animal-hôte devient un pur et simple instrument aux mains du parasite. Cette découverte scientifique m’a aussitôt fait songer à la violence psychotique (Paul-Claude Racamier avait, quant à lui, utilisé l’image tout aussi parlante du coucou qui parasite le nid des autres oiseaux afin d’y placer ses oeufs). Il existe de même une très bonne métaphore de la psychose dans le film américain « Alien », créature monstrueuse qui colonise le corps de ses victimes pour y pondre ses œufs et se reproduire à leurs dépens. Il en va donc ainsi de la violence psychotique qui est inoculée à l’individu au cours de son enfance par l’un de ses proches et dont, une fois adulte, le sujet ne peut plus se débarrasser, si ce n’est par la mort ou par le suicide (et parfois les deux), dans les cas les plus extrêmes. Je remarque enfin que certains psychotiques luttent âprement contre leur maladie, sans jamais cependant pouvoir espérer la vaincre complètement. Et ceux-là sont peut-être les vrais héros de cette histoire. J’avais vu un cas de ce type au cours d’un reportage d’Arte particulièrement émouvant sur un psychotique allemand qui parvenait au prix d‘efforts surhumains, et avec le soutien des médecins, à juguler sa maladie. Mais, une fois que nous avons fait ce constat, aussi important soit-il, il ne faut pas basculer vers la mythification et l’inversion des rôles. Même si sa violence a obéi à un processus complexe et que nous ne pouvons nous ériger, à titre individuel, comme les juges de son acte, Bertrand Cantat n’en demeure pas moins le meurtrier et Marie Trintignant, sa victime. Reste donc le problème de la responsabilité. Elle a véritablement commencé a être prise en compte par les médecins et psychiatres humanistes du 19ème siècle. Je le répète c’est une question très complexe qui nécessite un débat, et peut-être des réformes, mais qu’aucun pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche, ne pourra rapidement trancher.
Rédigé par : Laurent Dingli | 28 août 2007 à 13:00
@ Ludo Lefebvre
Je me suis exprimé dans un précédent billet sur cet enfant dont on ne peut remettre la parole en cause. Segolène Royal est à l'origine de cette notion alors qu'elle était ministre déléguée à l'Enseignement scolaire . Lors d'une émission de télévison "Mots croisés" sur France 2 le 21 janvier 2001, elle a proclamé à plusieurs reprises "l'enfant dit vrai" paroles appuyées par la suite par plusieurs pédopsychiatres ainsi que par une association de défense de l'enfance maltraitée qui réclame même "qu'une présomption de crédibilité pour l'enfant" soit inscrite dans notre droit...
Source:"Fausse route" Elisabeth Badinter -Editions Odile Jacob- 2003 page 71
Maintenant, est-il normal qu'un gamin de 5 ans se trouve dans la rue sans surveillance parentale... 5 ans c'est un vieux, dans les cités dès que les gamins savent marcher, ils sont confiés à la surveillance des aînés et cela depuis longtemps. Je me souviens qu'une fois ma femme avisant une gamine de 3 ou 4 ans alla s'enquérir auprès d'elle de ce qu'elle faisait seule à une heure tardive et se fit proprement insulter par cette gamine en des termes que la décence m'interdit de nommer ici.
Les toutous... Hormis que ces molosses devraient être interdits ou attribués après enquêtes au même titre qu'une arme genre revolver, il y a aussi une part de responsabilité des sociétés HLM puisqu'une grande partie de ces chiens se trouvent dans des logements sociaux. Je pars du principe que ces logements sont attribués pour un nombre de personnes définies ainsi que les divers APL et autres allocations ayant trait à ces logements. Ce genre d'animal occupant la place d'une personne, il n'y a qu'à le considérer comme tel et diminuer ou supprimer les avantages pécuniés auxquels donnent droit ces logements. Il ne faut pas non plus oublier qu'un chien est un carnivore avec un instinct "carnivore", l'actualité met en évidence un molosse impliqué dans le drame d'Epernay, mais il y a quelque temps un bébé avait été tué par des teckels. Au CHU de Rouen ils ont eu il y a une vingtaine d'années une gamine qui avait été défigurée par un "Papillon". Ne faudrait-il pas éduquer les gens avant de leur remettre un chien ? Peut-être même un permis comme on a un permis voiture...
Rédigé par : Bernard de... | 28 août 2007 à 12:08
Parayre
"Bref, vous l’aurez compris, je suis furieux. Et j'ajoute, quand on vient de lire comme moi, avec délectation, « L’élégance du hérisson », "ben y a pas photo!" "
Hah hah hah! Surtout celle du hérisson de la pub pour les éponges à tampon vert éco (celles-là: http://static.manutangroup.com/MAF/picts/ZO/MA_1247-33515_V1_PH.jpg )
Ludo Lefebvre
"Est-ce normal qu'un enfant de cinq ans se trouve dans la rue sans la surveillance parentale ?"
La seule façon de l'envisager serait que nous vivions dans une micro société où les mères se relayeraient à tour de rôle pour surveiller les gamins comme cela se passe par exemple chez les animaux pour certaines races de chien qui conservent l'instinct de la meute même à l'état de domestication...
"Est-ce normal qu'un bébé de dix-huit mois se trouve seul avec un molosse ? "
Personnellement je pense qu'il faudrait envisager un permis chien comme il existe des permis moto ou des permis voiture etc,,,. Le mien fait 61cm au garrot, il a une dentition plus impressionnante que celle d'un rottweiler, mais pas la même capacité de prise ou de force dans la mâchoire vu qu'il est plutôt spécialisé dans le gibier d'eau, de plus il a été habitué depuis tout petit à lâcher prise sur mon ordre. Les gens qui ne le connaissent pas en parlent comme d'un monstre et par un moment c'était une vraie légende qui m'a déjà valu d'être convoquée par la police avec l'animal. La police ayant cependant personnellement constaté que le chien était éduqué, pucé, en règle avec ses vaccinations, inscrit à un club d'éducation canine ainsi que maîtrisé par son maître etc., elle nous a relâchés après avoir rédigé un procès-verbal en ce sens bien évidemment. Sur le moment je n'étais pas ravie d'avoir été convoquée mais c'est vrai que comme il y a des contrôles de véhicules il n'y a pas de raisons qu'il n'y ait pas aussi des contrôles quant à la possession de chiens d'une certaine puissance. Ce qui implique que l'existence de tels chiens et leur possession par tel ou tel soit connue.
Comme quand il n’est pas en train d'aboyer à l'adresse des gens qui ont une tête ( et surtout une odeur) qui ne lui reviennent pas, il a une super bonne bouille, de magnifiques yeux d'agathe et une petite truffe rose, les enfants rencontrés lorsquil est promené en ville demandent souvent à pouvoir le caresser. Je refuse cependant systèmatiquement, ce pour plusieurs raisons.
D'une part parce que les enfants ne sont pas capables de faire la différence entre ce chien qui est socialisé correctement et un autre chien comme ceux dont on se plaint actuellement donc je leur explique que 'non le chien n'est pas méchant mais non on ne peut pas le caresser', et d'autre part parce qu'il faut que le chien reste dissuasif et qu'une trop grande familiarité ne s'installe pas avec les inconnus, de sorte que si je sors et que je lui dis "Upsilon tu gardes la mamie", ou "Upsilon tu gardes la maison", il fasse effectivement correctement son boulot.
Maintenant, certains 'experts' disent que j'ai gâché le potentiel du chien de faire un champion en ne me limitant pas au vocabulaire international, par exemple en perturbant l'apprentissage de "au pied" en disant également "viens", mais bon l'essentiel c'est que quand on le rappelle il obéisse, que quand on lui assigne une limite à ne pas franchir il reste en deça, et que un rival potentiel passe à proximité il reste assis et le laisse passer sans lui sauter dessus même s'il ne peut pas s'empêcher de gronder, ce qui a pu faire dire à d'autres qu'il était dangereux mais c'est faux.
S'agissant des chiens il faut penser chien et leur parler chien et non pas humain. A partir de là il convient d'avoir un certain comportement lequel implique qu'on intègre la notion de hièrarchie et surtout qu'on la respecte et qu'on se tienne dans une certaine logique. On ne peut pas faire n'importe quoi avec des animaux qui sont très hiérarchisés et ce ne serait pas plus mal qu'une telle notion soit également enseignée à l'école car alors, on n'éviterait pas que les accidents canins mais également aussi ceux qui surviennent du fait d'un non respect d'un STOP ou d'une priorité quelconque et qui ne relèvent pas seulement d'une histoire de code de la route mais d'une histoire de code de comportement tout court... Un bébé humain n'ayant pas encore integré de telles notions, si le chien n’a pas été habitué aux petits ou dressé à veiller sur des petits, il faut être fou ou inconsciemment animé d'instincts discutables à l'égard de l'enfant concerné, pour prendre le risque de le laisser seul avec un enfant qu'il pourra vouloir saisir comme il saisirait un chiot, mais qui n'aura pas la fermeté de la musculature du chiot ni l'instinct de la fermer quand on le rappelle à l'ordre.
Rédigé par : Catherine JACOB | 28 août 2007 à 12:02
@ Ségo et Ludo
Est-ce possible d'envisager que le populisme qu'on reproche à NS - et sa conséquence, le mépris affiché partout pour l'opinion - est aussi le résultat de l'incapacité de la classe politique paralysée pendant des années dans ses décisions par des groupes de pression corporatistes et idéologiques relayés complaisamment par les médias ?
"Il faut accepter de penser lentement et longuement pour agir vite, et pour longtemps." écrit Philippe.
Mais, dans la décision politique, que le temps de réflexion semble long et la détermination à agir engluée dans des hésitations et des immobilismes que la société, à une très large majorité, ne tolère plus !
Je m'avance peut-être.
Je serais prête à prendre le pari que les orientations proposées par NS pour la lutte contre la récidive des délinquants sexuels ont déjà été réfléchies longuement dans des rapports qui ont dormi lentement dans les placards du ministère de la Justice.
Non ?
Rédigé par : Véronique | 28 août 2007 à 08:07
Si Fanny Ardant est sortie de son domaine de compétence, Yasmina Reza est sorti du sien aussi... Quant à Madame Sarkozy, elle sort de son domaine, sans compétence. Mais avec quelle complaisance la presse lui tient son miroir...
Rédigé par : Madame Colombo | 28 août 2007 à 05:00
J'ai l'impression comme Ségo, mais sans politiser le débat toutefois que depuis de nombreuses années le fait divers règle les décisions politiques, une partie de l'opinion, une partie des décisions judiciaires.
L'affaire Dutroux nous remue les tripes : la parole de l'enfant est sacralisée, chaque personne accusée est quasiment coupable, puis survient l'affaire d'Outreau et des gens sont accusés à tort : le retentissement est spectaculaire, des avocats ne rateront pas l'aubaine et invoqueront ce raté pour défendre les clients, ceci suffira dans certains cas à faire trembler le parquet. Voici un enfant qui tombe entre les mains d'un pédophile multirécidiviste et une réforme point dans l'émoi, personnellement et avec des années de réflexion sur ce sujet, je m'en réjouis pour les progrès nécessaires dans un futur traitement qui pourrait être fait, pour les victimes évitées, pour l'apologie qu'a pu susciter les actes pédophiles à une époque pas éloignée, pour la particularité de ces crimes pathologiques... Il y a cependant un lien entre la justice et les modes de pensée qu'on ne peut éviter, mais toujours un manque de discernement qui continuera de léser tantôt la défense, tantôt la partie civile.
Sans remettre une seconde en cause les drames endurés par les parents et surtout les victimes.
Est-ce normal qu'un enfant de cinq ans se trouve dans la rue sans la surveillance parentale ?
Est-ce normal qu'un bébé de dix-huit mois se trouve seul avec un molosse ?
PS : J'ai bien aimé la colère de Parayre dont je fus surpris qu'elle soit de lui lorsque j'ai découvert le nom du posteur.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 28 août 2007 à 00:14
@ Laurent Dingli
Il faut être très prudent avec les rapports mère-enfant que vous citez et qui ne sont valables qu'avec les vues de Freud et les écoles qui en découlent... Le meurtre de l'enfant peut aussi symboliser la mort du géniteur. Si vous avez le temps, lisez la "Médée" d'Euripide.
Quant aux pédophiles, il n'est pas facile de se prononcer : "coupable ou non coupable" ? On pourrait dire d'eux en se référant à Jung qu'il s'agit d'une résurgence de l'inconscient primitif due à un déclencheur X ou Y. Mais faire du pédophile un psychopathe à part entière, n'est-ce pas aussi nous percevoir en lui... Nous avons tous entendu à propos de psychoses ou névroses que cela peut arriver à n'importe qui. D'où peut-être (je resterai au conditionnel) la satisfaction d'en faire un justiciable de droit commun pour garder notre "bonne conscience" et éviter de nous penser à travers une psychose pédophile. Mais mes vues sont gratuites et je pense qu'il doit y avoir autant de thèses sur la pédophilie voire plus qu'il y en a sur l'extinction des dinosaures (88).
Rédigé par : Bernard de ... | 27 août 2007 à 22:44
J'achève et souhaite achever, dans tous les sens du terme, le dernier Yasmina Reza !
Quel ego, chers habitués du blog de Philippe, mais "ça passe pas les portes tout ce petit monde parisien" !
Allez, avec le style de l'intéressée, je vous la fais courte, si vous ne l'avez lu : « Nicolas m’a demandé mon avis sur bla bla bla » ou « J’ai pensé en mon for intérieur : il ne devrait pas dire ceci, cela, bla bla bla ».
Pire encore « je vois l’enfant en lui, et quand je dis cela, tout le monde me regarde comme si… bla bla bla ».
Une honte. Un melon, un globe, bref je ne sais plus comment caractériser cet orgueil !
"Miséricordieux" dans un premier temps, je me suis dit : « oui, la tentation était là d’entrer dans le livre, d’en écrire un autre sur la relation entre l’élu et l’écrivain, nos points communs, nos divergences, ce qui fait qu’IL a choisi la politique et nous une autre voie, oui ça fait aussi un bon livre ».
Mais le hic, c’est quand on veut mélanger deux ouvrages : la biographie politique, et la relation intimiste entre le biographe et l’élu, et c’est pile le travers dans lequel est tombée Reza, tellement victime de son ego surdimensionné qu’elle n’a pas su s’effacer pour livrer un bouquin sur l’autre, uniquement l’autre.
Ah malheur ! Le résultat est indigeste, faux, lourd… et pardon, monstrueusement mal écrit, encore une fois du reste.
La nouvelle mode de la littérature française, c’est de ne plus faire de dialogues. On les noie dans le texte. Ça fait intello, pensez !
Ou alors on massacre la ponctuation. Minimaliste ! Très tendance. Pour la "déco", je suis d’accord. Pour la littérature, beaucoup moins.
Bref, vous l’aurez compris, je suis furieux. Et j'ajoute, quand on vient de lire comme moi, avec délectation, « L’élégance du hérisson », "ben y a pas photo!"
Toute ressemblance ne serait que... contagion, critique bien entendu !
Rédigé par : Parayre | 27 août 2007 à 22:17
Populisme, démagogie et omniprésence présidentielle règnent sur la France avec la présidence Sarkozy
Mr Evrard récidive et Sarko propose une réforme que la majorité des Français réclament : ou l'art de se mettre le peuple dans la poche
mais après est-ce que la proposition est suffisamment réfléchie ? on peut se le demander à la vitesse où elle est sortie
parce que maintenant : on va mettre les gens en prison pendant 20 ans où finalement on ne s'occupe pas d'eux
et puis après leur peine : on leur inflige une nouvelle peine d'enfermement pour enfin s'occuper de ces malades
ne vaudrait-il pas mieux aménager le temps carcéral ? pourquoi envoyer des pédophiles en prison alors que tout le monde sait que ce n'est pas là-bas que ces gens-là seront soignés
ne faudrait-il pas les condamner à un enfermement thérapeutique où ils seront dans un régime semi-carcéral semi-médical plutôt que de remplir les prisons avec ce genre d'individu et les laisser ressortir dans le même état que lorsqu'ils sont entrés voire même dans un état aggravé par la frustration sexuelle vécue et non soignée dans un établissement pénitentiaire
mais " vox populi Nicolas Sarkozy dei "
à quand la prochaine réforme populiste du président Sarkozy
à chaque fait divers, NS a sa réforme => NS ou l'homme qui réforme plus vite que son ombre
à chaque réforme, NS est présent toutes les heures sur toutes les chaînes de télé et toutes les stations de radio de la métropole
au secours : overdose de Sarko à venir
à vrai dire le Monarque qui prétend nous gouverner n'est qu'un gigantesque ventilateur médiatique, meilleur encore que Kouchner ou Lang, ce qui n'est pas rien
Rédigé par : Ségo | 27 août 2007 à 17:45
Permettez-moi d'ajouter quelques précisions : j'aborde ici la question dans son aspect global et il ne s'agit en aucune manière d'amalgamer les pédophiles à des assassins psychotiques. J'ajoute que je préfère ne pas me prononcer sur le débat actuel concernant le jugement des pédophiles, n'estimant pas avoir les compétences suffisantes pour le faire. On pourrait encore réfléchir sur la question des mères infanticides, dont la pathologie est reconnue en psychiatrie. La dernière mère infanticide évoquée par les medias a expliqué que la congélation de ses enfants lui permettait de conserver ses petits comme s'ils étaient en vie, elle définit ainsi une sorte d'état intermédiaire entre la vie et la mort, de no man's land qui, selon moi, incarne parfaitement la réalité (et parfois la détresse) psychique de certaines personnalités.
Rédigé par : Laurent Dingli | 27 août 2007 à 12:57
Je découvre avec beaucoup d'intérêt les billets et les commentaires de ce blog qui nourrissent un débat de haute volée sur différents sujets d'actualité. Je voudrais à ce propos évoquer une question que vous avez souvent abordée : celle de l'incompréhension que nous pouvons avoir vis-à-vis de la violence humaine, violence que j'essaierai de relier à la question complexe de la pédophilie dans son aspect psychologique comme à d'autres faits divers que vous avez cités. J'ai souvent réfléchi, au cours de mes recherches, sur la question de l'inversion entre le bourreau et la victime, inversion manifeste chez certains individus. Nous l'avons remarquée récemment à propos de la commisération suscitée par Mesrine, héros des bourgeois bohèmes, de Cesare Battisti, pour lequel le philosophe BHL et l'écrivaine Fred Vargas étaient partis en croisade, du chanteur Bertrand Cantat dont le sort émouvait certains bien plus que celui de Marie Trintigant, sa victime, ou encore de l'assassin Renato Curcio, "héros" de Fanny Ardant. Ces affaires sont très différentes et il ne s'agit pas ici de les comparer entre elles, mais elles possèdent un point commun : l'héroïsation du "bourreau-victime" ou du moins, dans certains cas, la victimisation de l'assassin. Si on rencontre cette obsession de manière récurrente dans l'idéologie de gauche, elle est pourtant loin de constituer son apanage, puisqu'elle a toujours existé, et qu'elle est présente à toutes les époques et dans toutes les cultures (celles que je connais, faut-il le préciser). Dans ce cadre, la gauche n'a fait qu'hériter du culte de la victime sainte qu'elle a laïcisé et transformé. Retenons ici seulement les cas extrêmes. Cette obsession correspond selon moi à une image très archaïque de la mère. Dans certaines organisations psychiques, l'objet maternel dont le moi de l'enfant, puis de l'adulte, ne s'est pas réellement dissocié, est idéalisé. Tout l'aspect négatif et "persécuteur", de cette mère "primitive" - et dont l'enfant a parfois fait réellement l'expérience - a été projeté sur le monde extérieur et jamais intériorisé (le patronat pour l'extrême-gauche, l'étranger pour l'extrême-droite, le grand Satan pour les religieux fondamentalistes, etc.) (1). Chez ces personnalités, les nuances et l'ambiguïté sont inconcevables. La confusion entre le bourreau et la victime ne fait que refléter celle qui unit la mère et l'enfant, l'un et l'autre pouvant tour à tour prendre le rôle de bourreau et celui de victime (je renvoie notamment à la très bonne vulgarisation que constitue le film Psychose, et surtout aux oeuvres des psychanalystes Melanie Klein, Winnicott ou Paul-Claude Racamier). Le culte de l'enfant mort est une constante de l'histoire humaine, depuis la célèbre phrase de cette mère spartiate qui préférait voir son enfant revenir mort plutôt que défait au combat (L'idéal est toujours plus important que la vie) jusqu'à cette palestinienne qui se glorifiait d'avoir vu son fils se sacrifier comme martyr. Cette question nous ramène donc à celle de la pédophilie, puisque la relation entre la mère et l'enfant demeure le fondement du psychisme humain et de ses dérives. Pour les structures dont je parle, la logique ne peut avoir qu'un seul terme, retrouver l'unité à jamais perdue à travers la mort conjointe de la mère et de l'enfant.
Je me permets de publier ce commentaire sur mon blog, commentaire auquel j'apporterai peut-être quelques retouches.
(1). Il arrive aussi bien entendu que certains psychotiques s'en prennent directement à leur mère, qu'ils estiment être leur persécutrice. Ceci pour alimenter le débat sur les causes de l'ultra-violence humaine (l'adolescent torturé de la Chine ancienne, la vieille dame lardée d'une soixantaine de coups de couteau). Dans le fait divers auquel je pense, le paranoïaque avait tué sa mère de plusieurs dizaines de coups de poignard dans le lit où celle-ci dormait, tout en épargnant son père qui était à ses côtés, impuissant (peut-être dans tous les sens du terme) et horrifié par la scène à laquelle il assistait. Or, ce qui est ici intéressant, c'est la déclaration faite par le matricide aux policiers qui l'interrogeaient sur son acharnement. Il a en effet répondu qu'après avoir transpercé le coeur de sa victime, il avait poignardé à diverses reprises sa hanche, pour être sûr que l'organe vital de sa mère ne s'y trouvait pas. On voit bien, à travers ce cas, à quel point le psychotique a du mal a se débarrasser de son bourreau familial, en l'occurrence sa mère.
Rédigé par : Laurent Dingli | 27 août 2007 à 11:27
Le souhait de NS d'un procès en cas d'irresponsabilité pénale est un jusqu'où on peut aller trop loin qui me déplaît dans son fond et dans sa forme.
Il ne pourrait s'agir là que d'une forme de simulacre de procès.
Je déteste cette idée de dénaturer la fonction d'un procès et de demander à des magistrats et plus généralement à des professionnels - par une sorte de séance de thérapie de groupe - d'endosser un habit qui n'est pas le leur.
La confusion des genres, le brouillage des fonctions et des compétences. La justice, dans cette hypothèse, ne dit plus ce qu'elle est.
Cela aggraverait les défaillances des repères forts dont notre société a grandement besoin.
Rédigé par : Véronique | 26 août 2007 à 21:06
Dimitri,
Vous demandez « comment justifier qu'une fois la peine purgée [...] l'individu puisse encore rester enfermé [...] qui plus est sur la décision de médecins ».
La rétention administrative des aliénés existe déjà. Elle s'applique d'ailleurs au cas des individus considérés comme irresponsables pénalement. Je ne vois pas où serait le scandale à la prendre en considération pour des individus qu'un avis médical / psychiatrique ne permet pas de considérer comme capable de retourner à la vie civile sans risque important de récidive et nécessitant un traitement médical / psychiatrique.
Jean-Philippe,
Combien êtes-vous prêt à investir pour assurer le suivi des pédocriminels (cf http://riesling.free.fr/20070821.html ) ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 26 août 2007 à 20:47
Bonjour
J'espère que vous avez passé de bonnes vacances.
Puisque vous effleurez l'actualité, je ne peux m'empêcher de revenir sur ce drame qui a touché le monde judiciaire ! Je parle de cet huissier qui a été frappé par un débiteur alors qu'il était en train de poser un sabot de denver sur le véhicule de ce dernier. Outre la violence des faits nous avons été choqués par la décision du JLD qui a remis en liberté l'auteur ! La parquet a fait appel de cette décision.
Pour revenir à l'application des peines il y a effectivement un sérieux problème ! Je suis absolument contre les aménagements automatiques qui font perdre tout sens à la sanction prononcée. Je suis par contre favorable aux aménagements au cas par cas.
Pour revenir aux pédophiles la question est plus complexe. En l'état actuel du droit je pense qu'il est souhaitable de libérer les pédophiles avant la fin de la peine. On sait que le risque de récidive est très élevé or si un pédophile doit sortir un jour de prison je préfère que ce soit une libération progressive. La surveillance judiciaire est un outil permettant justement une libération progressive. Des pistes de réflexion sont peut-être à explorer pour améliorer la surveillance judiciaire. Je crois aussi qu'il faut cesser de traiter les pédophiles et autres délinquants sexuels comme des délinquants ordinaires. On pourrait peut-être envisager diverses mesures de sûretés qui sont mises en place bien après la peine.
Rédigé par : Jean Philippe | 26 août 2007 à 19:22
" Il me semble pertinent de m'inscrire en faux contre une affirmation de l'un de mes collègues, M. Janas, soutenant qu'une peine est faite pour être "aménagée". Non, une peine est faite pour être exécutée."
Personnellement j'aurais cependant tendance à dire : une peine est faite pour être subie. Quitte à préciser : que ce soit dans le cadre d'une exécution assouplie ou stricte.
Le préalable à l'exécution d'une peine me paraissant être sa détermination à l'issue de la reconnaissance et de l'affirmation d'une culpabilité.
Autrement dit, que ce soit dans un sens ou dans l'autre, toute éventuelle disproportion entre la peine et le crime doit être évaluée ou pesée avant la condamnation.
Ce qui implique la primauté du jugement sur son application dans l'attribution des responsabilités en cas de dysfonctionnement.
Il ne peut donc pas plus y avoir de condamnation automatique à une peine que d'application rectificative automatique de ladite peine. C' est un peu la question de l'unique trait de pinceau qui en calligraphie ne supporte pas le remords, autrement dit pas non plus les mamailleurs qui trempent leur pinceau dans l'encre de l'opinion publique en se disant qu'il sera toujours possible d'effectuer des retouches ultérieures ce qui leur économise une véritable réflexion préalable.
Ceci étant, il reste le problème du sens de la peine, de l'occupation du temps de la peine, ainsi que de l'espérance qui apparaît condition de l'adhésion effective du condamné aux vertus d'une bonne conduite et à ses effets. Ce qui incite à penser que la juste condamnation ainsi que la juste application tout comme la conduite exemplaire ne sauraient avoir d'autres statuts que celui de l'idéal, un peu à l'image du sens de ce mot de Nietszche lorsqu'il dit : "écris avec ton sang et tu sauras que le sang est esprit", une injonction qui n'invalide pas cependant les vertus de l'encre...
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 août 2007 à 12:13
"On a interpellé et mis en examen la personne soupçonnée d'avoir tué cette vieille dame de 96 ans de 56 coups de couteau. On ne connaît que son prénom et la première lettre de son nom."
La presse allemande ne donne jamais l'identité des personnes soupçonnées de méfaits ou impliquées dans des faits divers, sauf si ce sont des faits de notoriété publique avec des personnes connues ...
Il n'y a pas de données susceptibles de permettre l'identification, c'est le fait brut, l'information est donnée sans pointer du doigt.
En revanche, la presse française notamment régionale donne tous les éléments précis et parfois dans des villages, l'opprobre rejaillit sur la famille. On voit parfois des homonymes obligés de faire publier des encarts expliquant qu'ils n'ont rien à voir avec telle affaire.
Pourquoi cette différence ?
Rédigé par : hag | 26 août 2007 à 09:50
Voila un prélude qui annonce une symphonie éclatante.
J'apprécie toutes les observations sauf car je ne l'ai pas lu (et je ne le lirai pas comme tous les livres consacrés aux hommes politiques du présent) le livre de madame Reza.
Quant à la fin : quelle sagesse qui fait penser à ce proverbe allemand :"Eile mit Weile", soit "Hâte-toi lentement".
Rédigé par : mike | 26 août 2007 à 09:36
Les pédocriminels récidivistes devront porter un bracelet électronique selon le projet du Président Sarkozy, lorsqu'à leur sortie de prison, ils accepteront de se faire soigner dans le futur hôpital fermé. Or, voici un fait divers qui remet en question la fiabilité dudit bracelet, qui avait déjà été bien malmenée dans les films américains :
Un homme de 28 ans condamné en 06/2006 pour une affaire relative aux stupéfiants entre autres, s'était vu libéré en 02/2007 après le placement d'un bracelet électronique.
Le 12/08 dernier, un incendie éclata à son domicile. Pompiers et policiers ne le trouvèrent pas, l'alarme ne s'étant pas déclenchée. Et pour cause !
Ils découvrirent grâce à cet incident que le bracelet avait été neutralisé : forcé. Cet homme qui aurait dû encore le porter deux mois, fut reprit, encourt maintenant une peine de 3 ans. Il doit être jugé à Péronne en septembre.
Il reste à la justice le soin de déterminer de quelle façon ledit bracelet a été neutralisé.
Quelle confiance peut-on accorder à ce dernier ? Seront-ils, par ailleurs, fabriqués en Chine ? Royaume par excellence des produits défectueux voire dangereux et non fiables.
Les Canadiens préconisent la puce électronique, ne serait-ce pas plus sécurisant pour la société, au moins pour les cas très dangereux ?
Si l'on veut faire preuve d'un peu d'humanité dans leurs cas, quel casse-tête pour assurer la sécurité publique avec un minimum de risques puisque le risque zéro n'existe pas.
Il reste pour tout un chacun naturellement l'extrême vigilance. Particulièrement pour ceux qui ont en charge de très jeunes mineurs.
Rédigé par : Marie | 26 août 2007 à 08:30
Les mères terribles sont décidément dans l’air du temps !
J’ai acheté et lu en deux soirées le dernier roman d’Amélie Nothomb : « Ni d’Eve ni d’Adam » 245 pages (17€90). Je peux donc en citer (d’où la longueur du post qui se justifie également par un certain nombre de liens culturels sur des images) ainsi que commenter quelques extraits, même si je n’y ai guère trop réfléchi.
Qui dit Ève dit Adam et qui dit Adam et Ève dit « Pomme » bien sûr. Laquelle ‘pomme’ intervient page 14 à titre comparatif pour nous permettre d’apprécier le montant du salaire perçu par l’auteur à l’occasion d’une leçon particulière de français.
De retour au Japon après seize ans d’absence en 1989, Amélie N. qui y a vécu les cinq premières années de sa vie, souhaite réactiver sa connaissance du japonais, or « Le moyen le plus efficace d’apprendre le japonais » nous dit-elle, lui « parut d’enseigner le français. » Elle passe donc une petite annonce et récolte un amateur de leçons particulières, Rinri, dont le niveau lui paraît consternant au point que lorsqu’il s’exprime en français elle pense « avoir affaire à un très mauvais débutant de chinois. »
Ces leçons lui seront payées 6000Yens soit 39€90 d’après ce convertisseur euros-yens à l’usage des manga-maniaques : http://haiou.online.fr/files/convertisseur.php
Pour apprécier, il faut savoir que le tarif actuel des leçons particulières de français avec un seul élève est rémunéré sur Tôkyô environ 2500Yens (soit :16€37) pour une heure, 4000Yens (soit :26e19) pour une heure et demie et 8000Yens (soit : 52€38) pour deux heures dans le cadre de forfaits bimensuels payables d’avance, au mois - payable d’avance également - c’est 3000Yens (soit : 19e64) l’heure. (cf.http://www.ecolefrancaisedetokyo.com/course/index.htm )
C’est vrai que les amateurs japonais de notre belle mais difficile langue française paient souvent très cher pour peu de résultats. Ce qu’Amélie Nothomb stigmatise très brutalement.
A partir de là pourquoi se gêner pour commenter nous-mêmes son propre japonais qui révèle autant de fautes que de mots énoncés. Mais avant cela, évoquons rapidement l’objet de la première leçon : la prononciation du mot ‘œuf’ à l’occasion de laquelle on voit le malheureux Rinri, s’évertuer à prononcer : « Ourrrrhhhh. » puis « orrrrhhhh. » pendant toute la leçon entre deux tentatives de galimatias japonais d'Amélie. Si j’essaie de prononcer moi-même « œuf » comme un japonais ou une japonaise, cela donnera quelque chose proche de « Au feu » ou « Au fou », mais en aucun cas un borborygme de style « Ourrrrhhhh. » ni même « orrrrhhhh. » par conséquent avant de m’interroger sur l’accent japonais, je m’interroge pour ma part en premier lieu sur l’accent belge !!
Cette première leçon donne lieu à un paiement à l’aide d’une « jolie enveloppe en papier riz » : « Toute honte bue, j’ouvris l’enveloppe et comptais six mille yens. Ce qui est fabuleux quand on est payé dans une monnaie faible, c’est que les montants sont toujours extraordinaires.[..] Je comparais mentalement la richesse du Japon avec celle de la Belgique et conclu qu’une telle transaction était une goutte d’eau dans l’océan d’une telle disproportion. Avec mes six mille yens, au supermarché, je pouvais acheter six pommes jaunes. Adam devait bien cela à Ève. »
On est là dans l’exagération typiquement Nothomb puisque de belles pommes comme celle-ci : http://kannet.ne.jp/ringotei/Ds-rindantai11.jpg font grosso modo 2800yens (18€33) les cinq kilos soient entre 12 et 13 pommes autrement dit 1€40 la pomme et non pas : 1000Yens (6e55) pièce !
Pour en revenir à son japonais, que ce soit son « Nani ô shaimasuka ? » de la page 96, son « Wakaimono » de la page 118 son « Shiiroi hashi ! » de la page 152 etc.. etc.. rien n’est juste, à partir de là, ce devait être effectivement difficile de lui trouver un autre emploi que celui qu’elle a évoqué dans « Stupeurs et Tremblements », quant aux erreurs culturelles, en dehors du nom d’un plat le O-konomi-Yaki qui nomme le fait de faire cuire (yaki) à notre goût (konomi) sans proportions fixes et en une sorte de galette, de la viande et des légumes émincés, ainsi que le nom d’un film de 1985 de ITAMI Jûzô intitulé : « Tampopo » : « Les pissenlits », qui sont exacts, elles sont savoureuses : ex ci-dessous : le kotatsu, ou encore la glace pilée au sirop [http://emmaenasie.top-depart.com/Templates/1/1/1/744/images/photo/68/6211/TP_222222.J
PG ainsi que http://upload.wikimedia.org/wikipedia/ja/6/62/Koorimango.jpg dont le sirop sert de marc de café pour lire l’avenir ] mais dont il manque la moitié du nom japonais (écrit ‘kori’ page 50 au lieu de ‘Kaki-Koori’), le vêtement de coton auquel les français donnent le genre masculin ‘le Yukata’, mais les belges, allez savoir pourquoi, le genre féminin avec ‘la Yukata’, les voyelles longues qui ne sont pas notées !!
Elle avoue également ne pas pratiquer les idéogrammes à part quelques-uns, or le plus petit niveau des tests de japonais reconnus par les entreprises au Japon demande la maîtrise d’une centaine d’idéogrammes au minimum, mais personne ne vous embauchera comme traducteur en-dessous d’un nombre respectable d’idéogrammes qui dépasse très largement cette petite centaine.
Pour en apprendre davantage sur le titre, il faudra en revanche attendre très exactement la page 209 où il nous est dit à l’occasion de la demande en mariage d’Amélie par Rinri, son élève japonais devenu son amoureux : « Ève au jardin ne parvint pas cueillir le fruit désiré. Le nouvel Adam avait appris la galanterie qui alla lui en quérir une pleine cargaison et la regarda manger avec attendrissement. La nouvelle Ève, égoïste de son péché, ne lui en proposa pas une bouchée. »
Ève nomme Amélie, Adam nomme Rinri, le fruit désiré en revanche, ce n’est pas le fruit rouge du pommier, mais le fruit orangé du plaqueminier qu’Amélie/Ève avait tenté de cueillir elle-même dans un premier temps quand devant les kakis couronnés de neige :
« la tête lui tournait tant d’admiration et de désir, car les kakis à point font (s)es délices. » confiait-elle en poursuivant : « Hélas, j’eu beau sauter, je n’en attrapais aucun. » avant de conclure : « Féerie pour les yeux, il ne faut pas toujours vouloir tout manger. »
Puis qu’Adam/Rinri lui avait apporté enveloppés dans un carré de soie verte après être « retourné dans le verger » et avoir « grimpé aux arbres. »
Ce n’est donc pas Adam qui mange la pomme sur la suggestion d’Ève manipulée par le Tentateur, c’est le malheureux Rinri qui se laisse tourner en bourrique par une Amélie qui mange sans lui en laisser une pelure, les kakis mûrs qu’il est allé lui cueillir !
A cette adresse on peut voir une cagette de Kakis pour 6000Yens la cagette, (soit le prix d’une leçon) : http://www.kakiyama.net/photo/gw11_1.jpg on peut voir des plaqueminiers en fleurs ainsi que chargés de Kakis mûrs à cette adresse : http://aoki2.si.gunma-u.ac.jp/BotanicalGarden/HTMLs/kaki.html mis en ligne par un enseignant de l’Université de Gunma (http://www.si.gunma-u.ac.jp/index-e.html )
La couverture extérieure du livre est aussi verte qu’une pomme verte ou que les raisins que renonce à cueillir le renard de notre Jean de la Fontaine national, ou encore que le Furoshiki (carré d’étoffe) vert qui enveloppe les fruits qu’Adam offre à Ève ; toutefois le premier Kaki que l’on découvre à l’intérieur est en fait une imitation par Albin Michel du style des couvertures Gallimard, et les codes japonais utilisés à l’occasion de la photographie d’Amélie Nothomb qu’on y voit, sont manifestement une interprétation Albin Michel de la figure diabolique du Renard, que nous pouvons peut-être identifier à la Yamamba dont il sera question plus loin, lorsque elle se transforme en belle jeune femme pour attirer sa victime dans son piège !
L’ordinateur objet des ardeurs de la chef sadique de cette pauvre Amélie dans « Stupeurs et Tremblements », se retrouvera pour sa part dans « Ni d’Eve Ni d’Adam » sous la figure du plus traditionnel Kotatsu qui nomme un certain type d'aménagement du ‘Irori’, le foyer japonais.
Voici le passage du roman concerné par le Kotatsu :
« Le refuge. Sauvée m’écriais-je. À tâtons autour de la maisonnette, je trouvai une porte et m’y engouffrai. À l’intérieur, il n’y avait rien ni personne. Le sol, les murs et le plafond étaient de bois. Par terre une vieille couverture cachait un Kotatsu : mes yeux s’écarquillèrent à la vue d’un tel luxe et je poussais un cri de joie et de stupéfaction en découvrant que ce poêle était brûlant. Byzance. Le Kotatsu représente davantage un mode de vie qu’un chauffage : dans les maisons traditionnelles, un trou carré occupe un vaste coin du séjour et, au centre de ce creux siège le poêle en métal. On s’assied par terre, les jambes pendantes dans la piscine remplie de chaleur, et on protège ce bassin d’air torride d’une immense couverture. » […] « Je mangeais des provisions bien installée sous le kotatsu, en écoutant le mugissement de la tempête à l’extérieur : Je jubilais de ma situation. » De fait il faut sans doute comprendre ‘sous la couverture posée sur la table qui recouvre le kotatsu’ puisque on l’imagine tout de même mal sous la cendre ! Quoique ! Voici l’image classiquement suggérée : http://pds.exblog.jp/pds/1/200705/20/87/e0060987_2304074.gif qui est celle d’une installation électrique amovible qui sert de refuge à un chat.
Je crois qu’il faut donner la définition exacte du Kotatsu si on veut savourer à sa juste mesure le Japon d’Amélie.
Il s'agit d'un « Mode de chauffage typiquement japonais qui peut être :
à demeure et résulte alors d’une petite fosse creusée dans le sol recouvert de tatamis ou dans le plancher :
1. http://www.hokora.com/sakuin/irori/top.jpg ‘modèle ancien de fabrication moderne’
a. http://blogimg.goo.ne.jp/user_image/26/4b/1181fbda8e3ed8f1459d90a
e5e48780f.jpg ‘modèle récent de petite taille creusé dans un plancher’
b. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/19/Japanese_Traditional_Hearth_L4817.jpg/800px-Japanese_Traditional_Hearth_L4817.jpg ‘modèle ancien. On voit bien comment s’asseoir tout autour mais on comprend également qu’on n’y installe pas de poêle. Pour qu’on puisse s’y asseoir jambes pendantes à l’intérieur du cadre de bois, il faut une installation de beaucoup plus grande taille que celle de l’image indiquée.’
2. ou encore amovible : http://www.nissen.co.jp/sho_item/regular/sho_images/1710_39203
b_01.jpg
On dépose en son centre du charbon de bois :
3. http://image.blog.livedoor.jp/field5392/imgs/3/8/3824f49e.jpg
et on recouvre le tout d’une sorte de grand escabeau de bois qui forme table, qui encadre le foyer, et qu’on appelle Yagura :
4. http://g-ec2.images-amazon.com/images/I/41MEyyvRL4L._SS500_.jpg.
a. (Autre style de Yagura sur lequel repose un tambour : http://t3.images.live.com/images/thumbnail.aspx?q=1251990586438&id=d87b42fd266a52be3abd10dd1fda9ee0 ) –
Yagura archaïque qui devait faire office de tour de guet pour voir arriver les baleines: http://t3.images.live.com/images/thumbnail.aspx?q=1232387908666&id=f04d5977fa74c8b3afea782b2e61beb5
On recouvre ensuite ce ‘Yagura’ d’une couverture que l’on appelle ‘Futon’.
a. En voici quatre qui valent entre 50000Yens (327€) et 31000Yens (202€) pièce, posées sur leur ‘yagura’ et sur lesquelles sont encore posés des plateaux de table : http://yamakiyo.shoukoukai.net/futon/jpg/oogata1.jpg
Voici enfin un poêle tel qu’on en trouve dans la région du Hokkaïdô, qu’on appelle Sékitan-Stove de l’anglais ‘Stove’ : ‘le poêle’ et du japonais ‘sékitan’ : ‘charbon’ : http://npo.house110.com/blog/archives/6926.jpg On a là très exactement ce que décrit Amélie Nothomb sous le nom de Kotatsu mais sans la couverture (Futon), car si on mettait une couverture sur de tels poêles qui dégagent beaucoup plus de chaleur que les braises dans la cendre sous un yagura, elle brûlerait aussitôt. (Ici il y en a de plus modernes qui fonctionnent au bois, au charbon et au coke et qu’on appelle des (Bodhi)dharma-Stove : http://www.e-stove.jp/daruma/index.html ) Page 75 Amélie Nothomb nous dit : « J’étais impatiente qu’arrive le maître ou la maîtresse des lieux : il ou elle devait passer ici chaque jour, sans doute, pour fournir au poêle son combustible. » Le terme ‘combustible’ est un mot très inapproprié au charbon de bois qui ne sert pas à alimenter un ustensile de chauffage mais est lui-même le moyen de chauffage. Enfin pour imaginer qu’un japonais va laisser son poêle brûler sans surveillance recouvert d’une couverture et installé dans une hutte de bois en pleine forêt, il faut vraiment être Amélie Nothomb !
En attendant qu’arrive l’hypothétique et irresponsable possesseur du poêle qui n’est rien moins qu’une Yamamba (contraction de ‘Yama’ : ‘montagne’ et ‘Uba’ ‘la vieille’), voici comment se comporte notre héroïne :
«La morsure de la tempête m’avait pénétrée si profondément que je ne pouvais évacuer ses dents glaciales de mon corps. Je finis par commettre une folie, mais je n’avais pas le choix : entre la brûlure au deuxième ou troisième degré et la mort, je choisis la brûlure. Je m’enroulai autour du poêle, à même le métal ardent, avec un pyjama et des pans de couverture pour unique protection. »
On en revient à Yamamba : « Dire que j’avais redouté le chaudron de Yamamba ! Ma gouvernante du temps jadis avais sous-estimé la cruauté de la sorcière de la montagne. Elle ne transformait pas les promeneurs en soupe mais en surgelés- peut-être à usage d’une soupe future. »
C’est là où personnellement je me suis dit qu’il n’y avait peut-être pas que le Canard enchaîné à lire le blog de notre hôte mais aussi les Yamamba de l’ère des congélateurs…
Si on s’en tient à la tradition japonaise ainsi qu’à la légende de « Yamamba et Kintarô » qui est celle que vraisemblablement sa bonne japonaise a du raconter à Amélie enfant, elle dit que la Vieille des Montagnes est une horrible ogresse qui possède également une face maternelle et douce. Elle est donc à double face comme les démons japonais d’une façon générale ainsi que comme nombre de nos pédophiles qui sont souvent décrits comme des gens jusque là sans histoires, de bons pères de famille ou encore de bons petits retraités autrement dit, des gens dont on n’a pas l’idée au départ de se méfier et qui en quelque sorte s’avancent masqués ; La légende dit également que la Yamamba a enfanté beaucoup d’enfants surdoués ainsi que beaucoup d’autres enfants encore. Elle était toute échevelée et (comme dans cette œuvre d’Hokusai : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/Hokusai_Yama-uba.jpg ) était uniquement vêtue d’un grand pagne. Elle se déplaçait également avec une grande hache de guerre sur l’épaule. La voici encore plus hideuse : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3c/SekienYamauba.j
pg .Elle a ce point commun avec la Lorelei des rives du Rhin, qui était de s’occuper de ses cheveux en chantant. La Lorelei les peigne, Yamamba les lave. Elle a également de commun avec nos ondines qu’il est dangereux de fréquenter ses rives et d’utiliser de l’eau le jour où elle est réputée faire la lessive, d’où les japonais supposent qu’elle doit avoir quelque rapport avec les rites anciens pour faire venir la pluie. Elle a également en commun avec la vieille de la maison de pain d’épices de Hänsel et Gretel qu’une fois qu’elle est morte on récupère des trésors. En ce qui la concerne, il s’agit non seulement d’or mais également de remèdes etc.… Enfin sa chevelure se transformant parfois en serpents, elle a donc également un point commun avec Méduse, celle des trois Gorgones qui n’était pas immortelle. Autrement dit, le point commun de toutes ces figures, c’est le Dragon, l’esprit des eaux et des brumes ainsi que comme l’actualité nous l’a tristement montré ces temps-ci, l’esprit des glaces et le démon des congélateurs !
On dit que c’était la mère du Kintarô du Mt Ashigara dans la région de Kanagawa, une chaîne de montagnes qui relie l’est et l’ouest du Japon. (Ici la voici par Utamaro, elle nourrit Kintarô avec une coupe de saké : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e1/Yamanba_and_ki
ntaro_sakazuki.jpg )
Quand Kintarô est venu au monde, on a utilisé dit-on pour baigner le nouveau-né, l’eau d’une cascade qui se trouvait à proximité et qui s’appelait ‘la cascade du soleil couchant’. Comme notre Blanche Neige, Kintarô devint l’ami des animaux de la forêt et avait fait du Mt Ashigara son terrain de jeu au point qu’au bout de quelque temps, les gens commencèrent à parler de lui comme d’un enfant d’une force et d’une habileté étonnante (en japonais : un ‘Kaïdô’, mot homonyme d’une sorte de ‘pommier’).
Les victimes de Yamamba sont les voyageurs qui se perdent dans les bois, toute comme Amélie dans la forêt du ‘Mt des oiseaux qui circulent entre les nuages’, le Kumotori-Yama [http://www.alternative-tourism.com/Japan/Mountaineering/Day_walks/Okutama/Kumotori.html]. Pour les attirer, elle se transforme selon les cas soit en magnifique jeune femme, comme la sœur de Rinri, Rika, dont le prénom évoque ‘les parfums du pays natal’, soit en vieille femme se proposant de venir en aide au voyageur, ou comme dans le cas d’Amélie, en vieux poêle brûlant dont la chaleur s’éloigne, telle celles des vampires avec les première lueurs de l’aube : « Tandis que je guettais les prémices de l’aube, il me sembla entendre des pas dans le refuge : je n’eus pas le courage de sortir mon nez du Kotatsu, je ne pus jamais vérifier si ces bruits provenaient de mon imagination survoltée par le froid ou d’une présence réelle. Ma peur fut si forte que je tremblais encore plus violemment. Il était très improbable que ce fût une bête : ces pas produisaient un son humain. [..] Ce bruit s’effaça qui n’avait peut-être jamais existé. Soudain, retenant mon souffle, j’entendis à l’extérieur cet approfondissement du silence, cette haleine sacrée de l’univers qui signale l’aurore. [..] Partir était une question de vie ou de mort : il fallait chasser ce froid qui ne cessait de me dévorer plus profondément. Jamais je ne pourrai dire le choc éprouvé à ouvrir la porte : c’était desceller son tombeau pour déboucher sur le mystère.[…] La nuit m’avait emprisonnée chez Yamamba, la lumière du jour m’émancipait en me rendant la géographie. Je jubilais : non Yamamba je n’ai pas l’âme d’une soupe, je suis vivante et je le prouve, je détale et tu ne sauras jamais combien je suis mauvaise à manger. » Elle se sauve puis comme sur la photo : (Vue du Mt Fuji depuis le Mt Ashigara : http://www.wbs.ne.jp/bt/kankooyama/kanko/kanasigara/toge_phot1.j
pg ) Ses « jambes grimpent qui n’ont plus l’énergie d’avoir faim. Chaque pas coûte très cher. [..] Le Mt Fuji est là devant moi. Je tombe à genoux. Personne ne sait combien il est grand. J’ai trouvé l’endroit d’où on le voit entier. Je hurle, je pleure, que tu es immense toi qui m’annonces la vie ! Que tu es beau. Le salut me foudroie les tripes. Je me déculotte et me vide. Mt Fuji, je te laisse là un témoignage impérissable qui te prouve que tu n’as pas affaire à une indifférente. Je ris de bonheur.»
Ce remarquable épisode de la page 184, vient en écho de celui qui inaugurait la nuit d’horreur page 175/6 quand imaginant la conversation qu’elle pourrait avoir avec le maître ou la maîtresse des lieux elle nous annonçait : « Brusque consternation : pipi. J’aurais dû y penser plus tôt. Les commodités c’était la montagne.[..] Il n’y avait pas trente six solutions : j’enlevai le pyjama (pour ne pas perdre son ultime habit sec) respirai un grand coup et courus dehors comme on saute dans le vide. Les pieds nus dans la neige, accroupie dans le plus simple appareil, je m’exécutai en un mélange d’horreur et d’extase. [..] Ivre de douleur, je rentrai dans le refuge et plongeais sous le kotatsu, rassurée que le gardien ne m’ait pas surprise dans cette posture. Quand le poêle eut séché ma peau, je ré enfilai le pyjama. »
Suite de cette formidable et épique histoire de ‘pipi-caca’, une conversation avec une étudiante canadienne qui lui demande si elle va épouser Rinri :
« - Je n’en sais rien.
- Méfie toi. Ces unions produisent des enfants atroces.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Les Eurasiens sont magnifiques.
- Mais odieux. J’ai une amie qui s’est mariée avec un japonais. Ils ont deux enfants, six et quatre ans. Ils appellent leur mère pipi et leur père caca.
J’éclatai de rire.
- Ils ont peut-être leurs raisons, dis-je.
- Comment peux-tu rire de ça ? Et si ça t’arrivait ?
- Je ne pense pas avoir d’enfants.
- Ah. Pourquoi ? Ce n’est pas normal.
Je m’en allai en fredonnant dans ma tête la chanson de Brassens : « Non, les braves gens n’aiment pas que / L’on suive une autre route qu’eux. »
De fait, au bout du compte elle n’épousera pas davantage Rinri dont le prénom n’est pas spécialement un prénom japonais, mais peut s’écrire comme ‘Ethique’ ou encore comme ‘Plein d’énergie’ à l’image de ce cher Kintarô épargné par l'ogresse, et que l’auteur interprète comme I.N.R.I plus une lettre, et elle ne le tuera pas non plus comme on le sait depuis la page 76 à l’issue d’un monologue intérieur sur les différences entre le mot japonais ‘ai’ qu’elle traduit par ‘s’être épris de’: et le mot japonais ‘koi’ qu’elle traduit par ‘avoir du goût pour’ expliquant qu’il s’agit d’un mot évoquant la légèreté, la fluidité, la fraîcheur et l’absence d’un sérieux ennuyeux. Appréciations et traductions qui n’engagent qu’elle vu que ‘Koi’ désigne en premier lieu le fait de ne pouvoir se détacher de ceux avec lesquels on ne peut vivre (pour x raisons) ou qui ne sont plus, tandis que ‘ai’ désigne la tendresse que l’on éprouve pour les membres de sa famille ou l’inclination de l’homme pour la femme et vice et versa dans le contexte où il leur est loisible de se chérir mutuellement. Néanmoins il s’agit du roman d’Amélie Nothomb donc il convient également de prendre en compte le sens que ces mots que l’auteur fait siens, prennent dans son roman. :
«Dans l’amour, je vois une ruse de mon instinct pour ne pas assassiner autrui : quand j’éprouve le besoin de tuer une personne bien définie, il arrive qu’un mécanisme mystérieux, réflexe immunitaire ? fantasme d’innocence ? Peur d’aller en prison ? me fasse cristalliser autour de cette personne. Et c’est ainsi qu’à ma connaissance, je n’ai pas encore de meurtre à mon actif.
Tuer Rinri ? Quelle idée atroce ! Tuer un être si gentil et qui en suscitait en moi que le meilleur ! D’ailleurs je ne l’ai pas tué, ce qui prouve bien que ce n’était pas nécessaire. Il n’est pas banal que j’écrive une histoire où personne n’a envie de massacrer personne. Ce doit être cela une histoire de ‘koi’. »
Yamamba a épargné Kintarô, mais Rinri aura tout de même mangé un petit bout d’Amélie qui avait plongé les deux mains dans les restes d’une simili fondue suisse :
« Le jet d’eau du robinet et le produit à vaisselle n’entamèrent en rien mes moufles jaunâtres.
- Je vais essayer de peler mes mains avec un couteau de cuisine.
Sous les yeux terrorisés de Rinri, je mis ce projet à exécution. Ce qui devait arriver arriva : j’entaillai ma paume, et du sang jaillit de la membrane plastifiée. Je portai la blessure à ma bouche pour ne pas transformer les lieux en scène de crime.
- Vous permettez, dit le garçon.
Il s’agenouilla et saisit l’une de mes mains qu’il commença à racler avec ses dents. C’était sans doute la meilleure méthode, mais le spectacle de ce chevalier en génuflexion devant la dame dont il tenait délicatement les phalanges pour en ronger le polystyrène (= le fromage suisse) m’explosa de rire. Jamais galanterie ne me sidéra tant.
Rinri ne se laissa pas démonter et racla jusqu’au bout. L’opération dura un temps infini pendant lequel je me pénétrai de la bizarrerie de la situation. Ensuite, en artisan perfectionniste, il nettoya mes doigts dans l’évier avec du détergent et une éponge abrasive.
Quand le travail fut achevé, il contempla son sauvetage avec minutie et soupira de soulagement. Cet épisode avait agit sur lui comme une catharsis. Il me prit dans ses bras et ne me lâcha plus. »
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 août 2007 à 23:58
"La justice ne permet pas une politique à réactions", écrivez-vous avec une justesse que j'approuve, comme toujours ou presque ...
N.S, c'est une évidence, un truisme, une banalité, ne prend pas sa fonction pour une sinécure et l'on peut, tout au moins après cent jours d'exercice, l'en louer.
Pour autant, faire vibrer la corde émotionnelle, privilégier l'image et son effet aux dépens de l'idée et de son impact, n'est-ce pas aller trop loin ?
Présider la République, n'est-ce pas aussi prendre de la hauteur, avec sérénité et recul ?
Si la compassion envers les victimes dont il vient de faire preuve n'est pas discutable ni contestable, les réponses qu'il apporte - coup de téléphone à la garde des Sceaux - manquent indubitablement de fond, de vision prospective, de sérieux, en somme, au regard de l'ancienneté des problématiques ...
Rédigé par : Parayre | 25 août 2007 à 23:28
Fanny Ardant... !!!
L'anonymat du tueur de la vieille dame... !!!
Ce que je pense des assassins terroristes d'extrême-gauche qui sont pébliscités comme si une appartenance politique était acceptable et une autre inacceptable pour des crimes. Si les acteurs, ces pauvres perroquets étaient, sauf exceptions, des êtres intelligents et intéressants, cela se saurait. Quel adulte normalement construit irait se traverstir en mousquetaire ou en cow-boy pour jouer la réalité comme lorsque nous étions enfants ?
Pour cet anonymat, si il a pour but de faire baisser le racisme, c'est raté, les différences de traitements médiatiques envers les minorités ne feront qu'attiser un sentiment d'injustice qui alliés à ceux de la justice ou de la politique fera le terreau prospère de la xénophobie. En traitant tous ses enfants dans une saine égalité dans un sens comme dans un autre, la France aurait pu éviter le clash qui est dans l'air !
Pour l'affaire Evrard, j'ai eu la bonne surprise de constater que les mesures qui me semblent nécessaires au regard d'un long constat sont exactements celles que compte prendre le président de la République, j'avais évoqué, souvenez-vous, une half way house après la sortie de prison, le bracelet électronique, la camisole chimique (ce terme me paraît moins barbare que castration chimique), la prise en charge thérapeutique ...
Si j'étais président de la République comme chantait je ne sais plus qui, je me nommerais illico conseiller spécial, tant mes analyses, les solutions que je propose tombent juste. Ce n'est pas, en plus, la première fois !
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 25 août 2007 à 22:57
"On a interpellé et mis en examen la personne soupçonnée d'avoir tué cette vieille dame de 96 ans de 56 coups de couteau. On ne connaît que son prénom et la première lettre de son nom. Les lecteurs de journaux sont-ils des débiles auxquels il faut cacher la vérité sur les origines des malfaiteurs présumés?"
Pas vous, cher Philippe ! Je n'ai rien lu sur ce fait divers sinon ce que vous en avez écrit mais peu me chaut, comme à beaucoup je pense qui ne sont pas pour autant "débiles", de connaître l'identité du "présumé coupable" du crime dont s'agit qui est surtout un "présumé innocent", aujourd'hui "mis en examen", demain peut-être innocenté au stade de l'instruction ou du procès.
Au contraire, je me félicite que la presse soit restée, pour une fois, taisante et que l'article 11 de "notre" CPP ait été - c'est rare - appliqué à la lettre : dévoiler, comme trop souvent, le nom patronymique, et pire souhaiter qu'il le soit, serait accepter que la famille, les proches de l'intéressé, soient salis, montrés du doigt, assimilés au "soupçonné" et subissent, avant décision judiciaire définitive, loin d'être prononcée, une opprobre juridiquement et moralement intolérable.
Quel intérêt?
N'avez-vous pas vous-même, douloureusement et très respectablement, connu cette mise à l'index hâtive et injuste d'un parent à la probité pourtant indiscutable ?
Alors, pardon d'être aussi exigeant à votre endroit - les reproches ne sont faits qu'à ceux que l'on estime et respecte - mais, tellement attentif à vos propos, je pense que les mots, et la manière dont nous nous en servons, fournissent des lumières sur les principes de nos idées...
J'apprécie hautement les vôtres et n'en doute pas un instant mais, encore une fois pardon, le secret de l'enquête comme de l'instruction, la présomption d'innocence, leur respect, ne rendent pas "débiles" mais "responsables" ceux que l'on informe !
Rédigé par : Parayre | 25 août 2007 à 22:50
Il est urgent d'installer un comité de sages, auquel Philippe BILGER contribuerait, pour que la réflexion -sereine et plurilatérale - précède enfin l'action et supprime les insidieux effets d'annonce qui ont une fâcheuse tendance à se multiplier cette semaine (deux réformes suggérées en une semaine ! Quelle forme intellectuelle!). Les enjeux que l'affaire EVRARD met tristement sous les feux de l'actualité se rattachent à une discussion bien plus profonde sur l'état des lieux de notre justice pénale, sa place, ses moyens, son avenir. Certes, Mme DATI se voit depuis hier enjointe par son mentor de "réfléchir" à la possibilité de juger et à terme de punir les fous. Mais je crains hélas que l'on ne revienne rapidement à une justice moyenâgeuse où l'on jugeait les animaux et les fous. Quelle évolution ! Les lois sont faites pour durer au-delà de simples effets d'annonce du JT de 20 heures. M. SARKOZY l'a-t-il oublié ou bien s'en accomode-t-il de façon dangereusement démagogique ? Souffrez M. BILGER que certains de vos collègues, parmi lesquels M. PORTELLI, ne soient pas que d'irréductibles miséricordieux. En dénonçant la démagogie politique ambiante appliquée à la matière judiciaire, ils rejoignent davantage les préoccupations qui vous animent.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 25 août 2007 à 22:22
"Non, une peine est faite pour être exécutée."
Qui dit exécutée dit, il me semble, que c'est à la fois le minimum, mais aussi un maximum. Aussi, comment justifiez-vous qu'une fois la peine purgée (le mot est significatif, du moins l'était-il jusqu'à aujourd'hui) l'individu puisse encore rester enfermé ?
Qui plus est sur la décision de médecins, dont le pouvoir juridictionnel a dû être publié dans un Journal Officiel durant mes vacances, car il m'a échappé.
Quid du rôle réparateur de l'institution ? La prison n'est-elle qu'un mode de mise à l'écart?
Vous semblez supposer que l'aggravation des peines répare mieux le dommage des victimes et qu'elle protège mieux la société.
Que je sache, le préjudice des victimes est réparé au civil par les dommages-intérêts, la peine n'ayant qu'un rôle symbolique pour elle, punitif et protecteur pour le condamné et la société.
Si la peine doit désormais exprimer la souffrance de la victime, n'est-ce pas simplement prêter la puissance de l'État à la justice privée ?
Ensuite, l'alourdissement des peines n'a pas nécessairement un effet sur le calcul coût/bénéfices effectué par le criminel avant le passage à l'acte (si du moins on suppose déjà qu'il effectue ce calcul ne serait-ce qu'une seconde). Il me semble qu'il faut aussi savoir distinguer parmi les crimes, la pédophilie, la délinquance ou le terrorisme n'appellent pas, selon moi, les mêmes réponses pénales.
Cordialement, et au plaisir de continuer à vous lire.
Rédigé par : Dimitri D. | 25 août 2007 à 22:01
L'idée d'un procès en quelque sorte factice dans ses effets, dans les affaires où le ou les auteurs sont pénalement irresponsables (au titre d'une non-imputabilité - ce serait insensé au cas de l'existence de faits justificatifs), ne me paraît pas tout à fait absurde.
Si elle ne pourrait déboucher sur une peine, elle pourrait toutefois permettre d'établir les faits, la vérité judiciaire. De plus, elle permettrait d'appuyer et de légitimer le suivi psychiatrique de longue durée de ceux n'étant pas accessibles à une sanction pénale.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 25 août 2007 à 21:41
On a finalement beaucoup de mal, avec Sarkozy, à déterminer parmi toutes les propositions qu'il lance, celles qui sont sérieuses de celles qui relèvent de la gestuelle médiatique et d'une course à la popularité.
Espérons que cette proposition scandaleuse de faire juger les irresponsables appartient à la seconde catégorie et qu'elle ne débouchera sur aucun projet législatif.
N'étant pas un spécialiste de droit pénal, il me semble cependant que le fondement et l'enjeu du procès pénal résident en la responsabilité de l'accusé, et une responsabilité fondée sur une faute. Or la faute ne suppose-t-elle pas l'aptitude à la culpabilité, élément subjectif prenant en compte le discernement de l'accusé ? Peut-on penser la faute indépendamment de la volonté de l'accusé, et peut-on penser le procès pénal en dehors de la notion de faute ?
Il ne faut pas oublier que toutes ces notions de faute, de responsabilité et de culpabilité renvoient à une même problématique, celle de la liberté.
Rédigé par : Julien | 25 août 2007 à 20:58