Quel plaisir d'entendre la ministre de la Culture, Christine Albanel, défendre la lettre de mission qui lui a été adressée par l'Elysée sur un point capital qui a fait polémique !
Elle affirme, selon le Monde, qu'elle ne veut pas se contenter de "signer des chèques" et qu'elle attend des "engagements" des scènes subventionnées, notamment sur l'audience des oeuvres. Elle aggrave son cas en précisant que "la question des publics n'est pas taboue" et souligne avec bon sens que qualité et succès public ne sont pas antinomiques.
De telles évidences, émanant d'une personne reconnue intelligente et compétente, n'auraient pas du susciter la moindre contestation puisque, sauf à faire du monde culturel une forteresse retranchée, il est légitime de demander à celui-ci d'avoir une politique, des audiences, des spectacles, des réussites à la hauteur de ce que l'Etat généreusement lui offre, en particulier sur le plan théâtral.
Mais on devine que la ministre de la Culture, en se mêlant de ce qui la regarde, a dérangé la bureaucratie et les apparatchiks de l'art assisté, a troublé un univers qui fonctionnait avec sérénité sur un registre infiniment commode : il n'y avait jamais d'échecs puisque, par définition, le succès était un concept vulgaire, une grille d'appréciation totalement inadaptée, une éventualité disqualifiée par avance.
Il faut dire que le précédent ministre de la Culture avait succombé au péché mignon d'une certaine droite qui se croit obligée de flatter la pensée de gauche, d'épouser l'hermétisme progressiste et de refuser l'élitisme populaire. Sa démagogie a fait doublement mal : elle a fait du projet culturel de la droite une coquille vide et elle a réjoui la gauche qui y a vu la continuation d'une entreprise qui lui permet, dans ce domaine, de vaincre sans combattre. Puisque, jusqu'à maintenant, elle était consacrée, en quelque sorte par principe, comme la gardienne des valeurs artistiques.
Ce que souhaite faire admettre Christine Albanel représente déjà un début de révolution. Oser faire croire que le succès public d'une pièce peut être au moins l'un des signes de sa qualité est intolérable pour tous ceux que la déconfiture stimule et que la subvention ne gêne pas. Mais il y a plus grave pour nos responsables, animateurs, créateurs, artistes et concepteurs ! C'est que d'un coup, on va les contraindre à sortir de la satisfaction d'eux-mêmes pour se pencher, le temps d'un divertissement et d'une comédie, sur cette masse obscure qui est venue au théâtre on ne sait trop pourquoi et qui absurdement espère sourire, s'émouvoir, pleurer, s'enthousiasmer, vivre autrement ! Le public, quoi, les gens, les visiteurs du soir, les empêcheurs d'ennuyer en rond.
Ils pensaient pourtant être tranquilles, les purs, dans leur autarcie où l'argent venait, où le public ne venait pas, et où l'Etat, pour faire bien, applaudissait.
Cela n'ira peut-être pas plus loin mais c'est déjà un coup de semonce. Si l'art n'est que la propriété de ceux qui le cultivent, c'est qu'il n'est pas véritable. S'il dépasse les frontières étroites de ceux qui s'en prétendent à la fois les créateurs et les spectateurs légitimes, il aura une chance d'irriguer et de plaire. La multitude lui fera du bien et Shakespeare sera heureux !
Madame la ministre, continuez à ne pas vous laisser faire. Vous avez déjà commencé à reprendre une part de ce qu'on avait abandonné.
Enfin !
@Catherine Jacob
Je suis effectivement un vieux machin, pour ne pas être trivial. J'ai vécu des événements qu'heureusement vous n'avez pas traversés et j'en suis heureux pour vous. Deux Guerres, à la première,je me suis retrouvé orphelin, à la seconde, peut-être décoré mais G.I.G, je l'ai accepté puisque volontaire. Ma profession, médecin hospitalier, mes fonctions électorales, m'ont procuré, comme mes déconvenues, de pouvoir apprécier, même à mon âge vénérable, je n'ai pas encore de démence sénile. Je vous souhaite de vivre des expériences, qui ne soient de colliger des références. Cordialement, le Vieux.
Rédigé par : francis | 20 septembre 2007 à 19:45
@ Francis
"Je ne voulais pas finir au crématoire. J'y ai déjà échappé naguère." - "Comprenne qui pourra et le voudra."
Bonjour Agecanonix !
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 septembre 2007 à 10:39
Vous vaticinez, chère Catherine Jacob. Ce n'est pas Marseille, je parle pointu, sans être de Lyon. Le divin Marquis vécut trois ans dans le Bas Poitou, où j'habite, Terre, maintenant Villieresque, électoralement, du moins. Je ne voulais pas finir au crématoire. J'y ai déjà échappé naguère. C'est peut-être peu courageux, mais chat échaudé craint, sinon l'eau froide, l'opprobe pour sa ville. Comprenne qui pourra et le voudra. Cordialement
Rédigé par : francis | 19 septembre 2007 à 23:35
@ Francis
«Anecdote, j'habite une ville où vécut le Marquis de Sade»
J'imagine qu'il sagit de Marseille vu l'accentuation réduite dont dispose votre clavier entre Paris et Washington. Il y a le portrait imaginaire du Marquis de Sade par Man Ray sur la couverture d'un ouvrage de Lacan si je ne m'abuse. Sans doute pour rendre hommage à ce précurseur de la psychologie sexuelle fantasmatique. Et à propos devinez où Amélie Nothomb passe ses vacances entre la pomme et le fromage avec son chéri japonais, mais dans l'île de Sado bien sûr ! Vue de Sado-jima en août 2007: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/ja/8/89/SadoGaShima.jpg île de 854.88km² sur la mer du Japon dans la proximité de Niigata et disposant de 262.7km de côtes ainsi que d'un sommet culminant à 1172m et c'est effectivement homonyme du mot 'sadisme' en japonais qui vient du français, sur ce dernier point linguistique elle ne se trompe pas. Victime de quelque géant sadique? cette île ressemble assez à une enclume déformée ainsi qu'à un pictogramme magique d'ailleurs: http://www.sadokankou.gr.jp/img/map/map_normal.gif A proximité on a le Rocher du roi des dragons http://www.sadokankou.gr.jp/img/cont/92_2.jpg Comment le sait-on? C'est simple. Quand l'empereur Juntoku (1197-1242) qui avait abdiqué voulut s'approcher du rocher pour le contempler, il a fait tomber sa dague dans la mer. De tristesse il composa des vers si touchants que le roi des dragons tout ému l'a ramassée et la lui a rendue. Et c'est de là qu'on sait qu'il a sa résidence au fond de l'eau. Contrairement à d'autres monarques les empereurs japonais abdiquaient assez facilement pour se retirer dans un monastère, ce qui leur évitait en règle générale d'avoir une fin plus brutale. L'histoire de ce rocher rappelle un conte de Grimm intitulé «L'ondine de l'étang» dans lequel l'ondine - même famille que les dragons - rend non pas sa dague mais son mari à la femme d'un chasseur très triste de l'avoir perdu suite à une imprudente promesse. On le trouvera au besoin ici si on ne le connaît pas: http://www.grimmstories.com/fr/grimm_contes/ondine_de_etan
Assez intéressant également du point de vue de la psychologie !!
Rédigé par : Catherine JACOB | 19 septembre 2007 à 20:56
Madame Albanel a logiquement raison, grande argentière de la culture, elle a des comptes à rendre, ne serait-ce qu'aux contribuables. Elle a aussi raison en estimant que la qualité assure le succès public et qu'il faut l'encourager. Mais c'est actuellement une vision dépassée. Car "Notre siècle a ses moeurs, partant sa vérité, celui qui l'ose dire est écouté" (Musset). Or pour sa jouissance singulière, la Gauche se veut depuis des décennies gardienne des valeurs artistiques ; la droite n'a pas su rester partie prenante, surtout depuis 1968, au motif qu'il est interdit d'interdire, mais pas de subventionner n'importe quoi. Il en fut ainsi au gré des passions débiles et des pressions locales. Un point important à souligner : le budget culturel national provient d'un tiers pour l"Etat, 3 milliards, des deux tiers, 6 milliards des collectivités locales. A chacun son rôle. L'Etat se doit d'assumer la protection des patrimoines nationaux : mobilier immobilier, culturel, aussi Opéra et Théâtre. Sinon, ce peut être le retour de ce qu'avait perçu Musset, un soir au Théâtre Français "J'étais seul ou presque, l'auteur n'avait pas grand succès, ce n'était que Molière". Sauvegarder ce qui doit l'être n'a pas de prix, mais c'est un devoir national. Pour les collectivités locales, le pouvoir local a le même devoir et des initiatives à envisager. L'Etat ne peut tout et ne connaît pas tout. Avantage de la décentralisation, la proximité sait. Un des problèmes est le spectacle. Localement, la vie culturelle est assumée par le monde associatif, composé d'électeurs aux scrutins communaux, départementaux et régionaux qui font pression, imposent leurs goûts, leur passions, pour obtenir la subvention adéquate. Bien sûr le responsable local sait qu'à chacun son goût, même si certains ne sont pas assortis au sien ; c'est la démocratie. Peut-être une recette, maintenir la subvention seulement à la manifestation qui attira le public. C'est le marché à proposer à tout promoteur, et encore. Anecdote, j'habite une ville où vécut le Marquis de Sade. Un érudit local me proposa d'organiser un séminaire d'études Sadiques, j'ai cru devoir éluder la proposition, or je crois que le public serait venu de très loin, ce qui aurait ravi l'hôtellerie locale !
Rédigé par : francis | 19 septembre 2007 à 18:11
Oh ! Que cela est bien dit. J'apprécie.
Rédigé par : mike | 19 septembre 2007 à 11:00
A quoi reconnaîtriez-vous une Révolution Culturelle ?
Quelle alerte ? Quelle délégitimation de trop ? Quel nouveau combat ?
Rédigé par : olivier | 19 septembre 2007 à 10:53
La plupart des commentaires semblent centrés sur le théâtre. Mais l'art subventionné par le peuple ne concerne pas que les scènes.
J'avais vu, il y a quelques années, un reportage sur le FRAC de Dijon. L'acheteuse était frénétique, entassait, entassait et finissait par se demander où stocker tout cela. Le journaliste lui demandait quand cela serait montré au public, l'acheteuse et le directeur de la Frac ont ri de bon cœur : "Le montrer ? Mais c'est impossible !" Il n'y avait pas la place pour ça, pas de salle correctement installée (humidité, lumière, circulation des visiteurs, etc...).
Et si on calmait un peu les achats pour équiper des salles pour que le public profite des acquis ? Quel intérêt d'acheter si le public n'a pas la moindre chance, même à long terme, d'avoir accès aux trésors ?
Rédigé par : Delphine Dumont | 18 septembre 2007 à 22:08
Jean-Dominique Reffait
«N'oublions pas, chers amis, que l'ami Philippe sort d'une session d'assises pas ragoûtante du tout et qu'il avait envie de nous chatouiller les pieds pour rire un coup...»
Peu ragoûtant ?! Sans aucun doute mais comment réagir.
Il y a le phénomène de prostitution, il y a le racolage punissable, il y a l'abscence de titre de séjour d'un côté, et il y a de l'autre le larron qui profite de l'occasion du fait d'une position d'autorité, avec semble-t-il la complicité de sa hiérarchie qui ferme les yeux, puisque, après tout, les mis en cause n'auraient rien fait rien d'autre que de contraindre les plaignantes, ou la plaignante, dans le cadre du métier que leurs victimes faisaient profession d'exercer, ce en comptant sur leur silence, vu une situation illégale de deux points de vue, à savoir du point de vue de l'activité en elle-même, ainsi que du point du vue de la présence de celle qui l'exerce sur le territoire national.
Sans me prononcer ni sur la prostitution, qui - ces dames n'exerçant pas dans leur grande majorité en tant que callgirls -, est souvent sans doute une situation de dernier recours et qui, à tout prendre, vaut mieux de ce dernier point de vue -celui du dernier recours- que le braquage, tout en soignant quelque part sans doute aussi une certaine part d'ombre du corps social, ni sur l'absence de titre de séjour, circonstances qui ne me paraissent devoir être considérées dans cette affaire - dont je n'ai pas autrement suivi le déroulement- qu'en tant quelles créent la possibilité de la manifestation d'un abus de pouvoir.
Ce dernier me paraît, à moi profane, une circonstance aggravante, dans ce dossier «d'atteinte sexuelle commise avec contrainte et menace »[d'arrestation pour absence de titre de séjour + + tout qu'ils ont éventuellement pu trouver d'autre ] la loi prévoyant même que « le viol et les autres agressions sexuelles sont constitués lorsqu'ils ont été imposés à la victime dans les circonstances prévues par [l'Article 222-22], quelque soit la nature des relations existant entre l'agresseur et sa victime, y compris s'ils sont unis par les liens du mariage.» Si les représentants de l'autorité connaissaient leur code pénal, ce qui est tout de même à souhaiter, ils ne pouvaient manquer de le savoir.
En l'occurrence, la nature des relations entre les agresseurs et leurs victimes, me paraît constituer, non pas une circonstance atténuante, mais une circonstance aggravante, car c'est celle des auteurs d'au moins deux infractions constituées avec ceux qui avaient la charge d'agir en tant que 'représentants de l'autorité'. Il eut été inconcevable que ces derniers espèrent dans la miséricorde du réquisitoire du parquet, alors qu'eux mêmes ne connaissaient que l'abus. L'abus d'autorité a consisté, en ce qui les concerne, à retirer un bénéfice personnel illicite de ladite situation et il consiste également à agir en étant encouragé à l'abus et à sa réitération à chaque fois que l'occasion s'en présente, par la tolérance implicite d'une hiérarchie, laquelle paraît se fonder à cet effet sur un tel mépris de la victime que ce mépris a conduit à la négation du statut même de victime de cette dernière, et donc à la négation du crime en tant que crime, et par voie de conséquence est revenu à une sorte d'encouragement et de l'abus et de la pratique criminelle. Je n'ai pas ouïe dire que ladite hiérarchie ait eu à s'expliquer à cet égard et je m'en étonne. Les CRS n'ont-ils pas d'IGS consciente de l'ensemble des circonstances ayant conduit à bafouer la Loi. Je constate accessoirement que ledit 'représentant de l'autorité' accorde davantage d'attention au degré de risque de sanction disciplinaire qu'aux prescriptions de la Loi en elle-même et c'est ahurissant. En tant que citoyenne lambda, je commence par m'interroger sur des critères de recrutement qui auraient du inclure l'évaluation d'une aptitude au respect de la loi en égide de tout acte accompli dans l'exercice de la fonction de 'représentant de l'autorité'. Car de nos jours, on ne saurait prétendre exercer une sorte de droit de havage, sans d'une part hériter illico de l'ostracisme qui va avec, et d'autre part parce que l'Etat salarie, mal peut-être mais bon il fait ce qu'il peut, ses fonctionnaires, qu'ils n'ont donc donc nulle nécessité de prélever une sorte de "dîme", et enfin parce que ce droit a été aboli en 1775, qu'il ne concernait que le bourreau et non les 'gens d'armes' auxquels depuis 1450 est allouée une solde, ex. celle du guet d'Orléans en 1566:
1 chevalier (ou écuyer) 1.200 livres par an
1 lieutenant 250 livres par an
8 archers à 100 livres 800 livres par an
22 archers à 50 livres 1.100 livres par an
1 greffier 150 livres par an,
et surtout et en premier lieu parce que le corps humain n'est pas une marchandise !
Il semblerait que les prévenus aient également invoqué au titre de circonstances atténuantes, le climat du 'tout sécuritaire' qui règnait à leur entrée en fonctions. Mais, on ne voit pas a priori en quoi le fait que les citoyens se soient plaints d'être victimes de désordres en tout genre, peut légitimement conduire à bafouer la loi et à abuser de la faiblesse d'autrui. Néanmoins, on se sent obligé au vu de tels dommages collatéraux, de s'adresser à l'autorité de tutelle en disant: «Attention à ce que vous faites quand vous déclarez la chasse ouverte purement et simplement, l'odeur du sang [ et du sperme en l'occurrence ici ], va rendre vos champions aussi enragés que ceux qu'ils sont censés combattre. Or, on ne souhaite pas les voir rémunérés pour participer au désordre et l'augmenter dans les faits, sous couleur d'y mettre un terme dans les mots.»
Je me pose la question pour moi-même si, [ devant être victime d'une infraction d'un délit ou d'un crime quelconque, je devais m'adresser aux représentants légaux de l'autorité pour solliciter leur protection, et qu'en lieu et place d'être protégée, je devais me voir l'objet d'une nouvelle infraction ou d'un nouveau délit ou crime intervenant du fait de la vulnérabilité dans laquelle la première agression m'aurait placée, et dont pour X raisons avouables ou inavouables,les 'gens d'armes' seraient portés à profiter, en sorte que pour finir, ma confiance dans l'inscription 'Hotel de Police' au frontispice des locaux de la République dévolus aux forces de l'ordre et de sécurité se verrait elle aussi abusée,] je ne pouvais plus compter que sur moi-même, avec tout ce que cela comporte d'initiatives potentielles totalement risquées, et qui finiraient par être elles aussi trangressives, car du moment que tout le monde s'y met pourquoi pas moi?!
MAIS C'EST GRAVE!!!
Pour conclure, on a des transgressions qui non seulement ne sont pas prises en compte comme elles le devraient, mais encore servent de prétexte à de nouvelles transgressions, lesquelles s'accomplissent sous couvert des premières , et du fait de ceux-la même qui auraient dû y mettre un terme, le tout sous prétexte encore, de l'instauration pour citoyen, d'un climat de confiance dans les instances chargées de sa sécurité, mais de qui se moque-t-on ?
L'ensemble des citroyens devant être pris en considération tout court est infiniment plus nombreux que celui des citoyens mécontents de la prostitution en elle-même ainsi que de sa proximité de leur lieu de vie. Personnellement, je peux difficilement m'imaginer dans la situation de ces pauvres filles et de ces pauvres femmes ou encore de ces pauvres jeunes gens voués à l'amour vénal, mais je ne souhaite pas leur jeter la pierre non plus, et j'accorde mon respect à qui se dévoue pour les défendre lorsque les circonstances l'exigent, et non à qui profite honteusement de leur vulnérabilité.
Je vous plains sincèrement Monsieur l'avocat général, d'avoir à mettre de l'ordre à la place de ceux qui en ont en premier lieu la charge, comme si vous n'aviez pas assez du reste. Car il a le viol certes, mais il y a aussi tout le reste. La première qualité de la police c'est de ne pas oublier qui elle est, donc de ne pas forfaire à l'honneur. C'est là une condition sine qua non, non seulement pour faire la morale aux délinquants avec quelque chance d'être prise au sérieux, mais pour se faire éventuellement pardonner les inévitables dysfonctionnements INVOLONTAIRES. Et, un bon ministre de l'Intérieur ce n'est pas celui qui promet tout et nimporte quoi dans l'émotion d'événements dramatiques, c'est, charité bien ordonnée commençant par soi-même, quelqu'un qui se préoccupe de faire respecter la loi dans sa propre maison avant toute autre chose et tout au long de son mandat, quelles que soient les circonstances extérieures. La police n'est pas un vulgaire instrument à la merci et à la solde des aléas de la politique, c'est une institution nécessaire au citoyen et sans doute se respecterait-elle elle-même davantage, si l'autorité de tutelle voulait bien sans faillir la considérer en priorité comme telle. Du moins on veut le croire.
Rédigé par : Catherine JACOB | 17 septembre 2007 à 16:36
@Ludo : de la relativité du talent. Vous en faites crédit à Houellebecq qui n'est pour moi qu'un pauvre frustré (là c'est ma version ultra policée ; en principe je suis un peu plus vulgaire) jouant à bon compte les provocateurs pour un public de bobos qui croient s'encanailler en lui faisant un triomphe. Et qui plus est dans un français digne d'un médiocre élève de troisième.
Rédigé par : catherine A. | 17 septembre 2007 à 15:44
Le succès cher Monsieur, n'est pas gage de qualité; le nombre ne vaut pas forcément sanction de vérité : les découvertes scientifiques ne se votent pas à main levée.
Il en est de même en art : populaire n'est pas synonyme d'exemplaire ; il faut parfois aller un peu plus loin que des lieux communs faussement frappés au coin du bon sens.
Vous semblez dans ce billet ignorer tout de ce qu'ont été 50 ans de politique culturelle et de tentatives de démocratisation culturelle, c'est à dire de conquête du "non-public".
Vous semblez ignorer la différence entre la politique de l'offre culturelle et la politique de satisfaction de la demande existante, cette dernière étant inutile.
En effet la demande de produits culturels est toujours satisfaite par les industries culturelles.
Le but de la politique culturelle, dont l'un des outils est la subvention, est de rendre possible l'existence d'une offre qui doit aller chercher son public.
Comme le fit en son temps le Palais de Tokyo : l'institution la plus récemment créée à Paris et qui a le meilleur taux de fréquentation après le Louvre, ceteris paribus.
Et pourtant au Palais de TOkyo c'est de cet art contemporain que les misologues et la réaction vieille-france adorent critiquer, faute de le comprendre, et soupçonnent bien souvent de collusions diverses avec je ne sais quelle intelligentsia ou bureaucratie.
Alors que dans l'art contemporain, l'argent qui circule c'est celui des capitaines d'industrie et des collectionneurs qui payent librement, et se désespèrent de cette nullité typiquement française en matière de culture artistique.
Vu d'Allemagne, d'Italie, de Belgique du Royaume Uni ou des Etats-Unis, l'incurie des français en art contemporain est incompréhensible, compte tenu de la richesse du milieu artistique.
Mais pourquoi les "élites" n'y connaissent rien et affichent un tel poujadisme intellectuet ? mystère ?
(et honte, pour quiconque a assisté à l'un de ces nombreux épisodes à l'étranger où un Français, pourtant d'un bon niveau social, voire haut-fonctionnaire, démontre non seulement son inculture, mais aussi la grossièreté de ses apriori sur l'art actuel).
La qualité de vos billets, et votre situation, les responsabilités qui sont les votres, et le niveau intellectuel auquel vous prétendez maintenir ces contributions méritent mieux que les approximations de votre billet.
Il est piquant qu'en matière culturelle, des lieux-communs tiennent lieu de pensée, et qu'on méprise ouvertement, tous les savoirs et connaissances accumulés sur la question, comme l'avis des spécialistes qui réfléchissent depusi des dizaines d'années à ces questions et ont élaboré des réponses nuancées et informées à ces délicats problèmes de l'administration de la culture en France et dans les démocraties développées.
De grâce documentez-vous un peu et ne cédez pas à la frénésie du commentaire gratuit et peu informé ! Gardez l'intransigeance et l'expertise que vous développez dans vos billets sur le droit pour les autres domaines, en particulier la culture, domaine qui est si nécessaire à notre équilibre, et qui donne en fait le sens à nos vie, car c'est de cela qu'il s'agit, in fine, l'otium.
Rédigé par : stéphaneAntoine | 17 septembre 2007 à 11:54
Non, Philippe, n'emboîtez pas le pas, même avec une certaine malice, à la ministre qui, sur ce point, a tout faux.
Mme Albanel a une culture de la culture : elle fut l'excellente conservatrice de Versailles. Vous entendez ? Conservatrice. Point de création, de la conservation, de l'animation, pour donner à admirer au plus grand nombre. Splendide mission mais hémiplégique si l'on s'interdit la création. Versailles, qui attire tant de millions de visiteurs, fut une création ultra-moderne intégralement subventionnée par un pays tout entier qui n'en avait pas même idée. Le paysan du Limousin n'en vit même jamais un dessin ! Louis XIV mit en place un système de mécénat très intelligent : pensionner les artistes pour qu'ils créent, charge aux artistes de faire fortune sur la présentation au public. Molière put créer ainsi ses pièces, elles existaient pour la postérité, et, le soir venu, il comptait la recette de son théâtre, retirait les pièces qui ne marchaient pas et programmait une bonne vieille farce pour refaire du cash.
La puissance d'argent, Etat ou mécène privé, a le devoir de permettre aux oeuvres d'exister, il n'a pas en charge leur succès ou leur postérité. Une oeuvre peut divertir, émouvoir, certes mais elle est aussi une production de la pensée, une contribution à la philosophie et il n'y a pas de marché pour cela. Qu'on me pardonne, mais j'aime de Funès aussi bien que Strinberg, je n'alloue pas aux deux un seul et même rôle et leurs audiences respectives n'entrent pas dans mon jugement.
Ce que vous condamnez, Philippe, est un fantasme : il n'existe pas en France de spectacle subventionné sans public. Ni l'Etat, ni les collectivités, ni les mécènes ne financent de salles vides. Et tout est proportionné à l'audience : une représentation se donnera dans une petite salle de 100 places avec le budget qui correspond à ces 100 places. Si ça marche, on continue, sinon, on arrête, tout le monde fait ainsi. Idem pour les grands spectacles populaires. N'opposons pas les uns aux autres, l'avenir donne souvent tort aux frilosités.
Mais vous faites de la provoc, et on tombe dans le panneau ! N'oublions pas, chers amis, que l'ami Philippe sort d'une session d'assises pas ragoûtante du tout et qu'il avait envie de nous chatouiller les pieds pour rire un coup...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 17 septembre 2007 à 10:09
S'il y a succès, il y a aussi rentabilité donc Madame Albanel pourra éviter de signer des chèques... Subventionner le succès, voilà une formule qu'apprécierait sans doute notre décomplexé de Président qui n'a peur pas des mots.
Rédigé par : Bulle | 16 septembre 2007 à 14:02
A propos du commentaire de narvic. La première partie est un lieu commun qui, depuis l'impressionnisme, oblige à suspendre tout jugement et permet de justifier toutes les impostures présentes en attendant que la postérité fasse le tri.... Les remarques finales, en revanche, ne manquent pas de pertinence...
Rédigé par : Guzet | 16 septembre 2007 à 12:41
@ narvic
Vous mélangez deux problématiques. Le spectacle auquel notre hôte consacre son billet, et l’aventure artistique individuelle du peintre, du photographe ou du sculpteur d’avant-garde.
Pour le théâtre subventionné, rien d’étonnant à ce que l’avocat général se fasse procureur de l’Art qui est Public, requièrant qu’on cesse de produire avec l’argent de tout le monde des spectacles qui n’intéressent guère que le petit cercle de ceux qui les montent.
Pour les jeunes plasticiens qui font choix de défricher l’avenir en faisant fi des goûts du public et du marché, ils sont libres d’en assumer les conséquences. Je ne doute pas un seul instant que, contemporain de l’artiste, vous auriez sauté sur l’occasion d’acquérir pour trois sous une toile de Van Gogh. Peut-être même de le recueillir chez vous comme ce bon docteur Paul Gachet.
Si, mécène et protecteur en fins chaussons de danse comme je me plais à vous imaginer, vous souhaitiez prendre sa suite, n’hésitez pas à me contacter.
Président de L’Art Existence durant quatorze ans et animateur de la galerie L’Art Naissance (rue Saint Martin-Paris) pendant deux ans, j’ai une foule de noms d’artistes aussi prometteurs que financièrement désespérés à vous communiquer.
Rédigé par : Fleuryval | 16 septembre 2007 à 11:52
« Signer des chèques » s'il y a de l'audience !
Et vous d'applaudir, comme au théâtre.
Vous me surprenez dans ce geste flatteur.
Le propos ne devrait-il pas être plus nuancé ?
Doit-on alors penser que si l'audimat de la bêtise audiovisuelle ambiante grimpe, le montant des chèques ira, là aussi, de pair sur la ou les chaînes publiques ?
Certes, on ne parlait que de théâtre, ce soir !
Rédigé par : j.wedry | 15 septembre 2007 à 23:36
«Elle affirme, selon le Monde qu'elle ne veut pas se contenter de "signer des chèques" et qu'elle attend des "engagements" des scènes subventionnées, notamment sur l'audience des oeuvres.»
C'est la quadrature du cercle. Pourquoi subventionner des lieux de spectacle qui tournent tout seuls et des artistes qui émigrent pour ne pas payer l'impôt auquel ils seraient autrement soumis. et pourquoi aussi pratiquer l'acharnement thérapeutique sur des salles désespérément vides. Donc autant couper les vivres et fermer le robinet pour tout le monde...
A moins, pourquoi pas, d'envisager une aide à la création d'emplois comme dans le monde de l'entreprise ? Par ex un coup de pouce au démarrage si le projet paraît pouvoir devenir autonome à relativement brève échéance, ainsi que bien évidemment subventionner la recherche de ce qui ne saurait pas encore avoir la faveur populaire aujourd'hui mais remplira les caisses et les esprits et aussi pansera les plaies de l'âme et les douleurs de demain, tout en oeuvrant pour une meilleure connaissance mutuelle des cultures du monde. Mais bon, comment s'engager sur les résultats du Loto ? Donc quel cahier des charges à respecter peut-il être concocté ? Et quelles pénalités à la clé en cas de non respect de leurs engagements par les entrepreneurs du spectacle qui auraient la mauvaise idée de prendre exemple sur la façon dont l'Etat s'y est pris lui-même jusqu'à présent pour réduire ses propres dettes : http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/dette-publique/dette-etat-comment-reduire.html D'autre part quels critères d'appréciation des résultats lorsqu'il sagit non pas d'attirer les foules et de susciter leur liesse dans l'immédiateté du pain et des jeux en prenant exemple sur la façon dont le premier des trois petits cochons se construit une maison de paille, rapidement faite, ce qui lui laisse du temps libre pour danser et chanter au gré de l'inspiration, mais de former de bons futurs professionnels du spectacle, dans la sécurité des installations, la pluralité et la diversité des compétences, parce que subventionner la médiocrité de la formation sous prétexte d'un grand nombre d'inscriptions de gens qui ne savent pas à quoi ils s'engagent exactement, ni ce qu'ils veulent, ne conduira à aucun autre résultat que le remplissage de la bourse des jeteurs de poudre aux yeux à l'ego surdimensionné et au clapet inextinguible qui constituent de véritables associations de malfaiteurs en gants blancs. Pour le surplus, on observera un bon exemple de concentration de foules dans les cérémonies à grand spectacle et acteur unique du 3ème Reich dont les organisateurs étaient des maîtres dans l'art de la propagande...
L'Etat pourrait donc commencer par remplir ses propres caisses en produisant des spectacles ou des films qui lui rapporteront - ils rapportent bien aux maisons de production américaines - puis, réinvestir ses gains dans des domaines tels les arts du cirque, la haute équitation, le spectacle de rue etc.. qui font plaisir à tout de monde bien que pratiqués par des crève-la-faim qui auraient besoin de bénéficier d'un service de prise en charge sur le plan de la comptabilité et de la gestion, ainsi que et surtout d'espace promotionnel dans les médias. On pourrait donc envisager de réserver une plage sur les chaînes publiques qui soit exclusivement consacrée à la présentation de ces petites compagnies qui sur l'ensemble du territoire national nous réchauffent d'un rayon de soleil au coin d'une rue entre le boulanger et le crémier, et auxquelles seraient accordé comme aux politiques le même temps d'antenne sans qu'il soit besoin de faire preuve d'entregent ou d'entrejambes, mais tout simplement par l'octroi d'un bon, pour comme lorsque les organismes de prévention du cancer du sein ou du côlon etc... octroyent un bon pour un dépistage parce que ça coûte moins cher d'aider quelqu'un à se faire connaître que d'assister des intermittents dont le téléphone ne sonne pas. Il y aura ensuite moyen de connaître l'impact sur le public en faisant voter les spectateurs par SMS comme pour l'élection de la reine de la mirabelle !
Un bon moyen non pas de récolter des fonds mais d'éviter d'en perdre pourrait être de payer un huissier pour faire un état des lieux lors de la remise des clés d'un logement de fonction ou d'un bureau dans un ministère, une ambassade ou un local mis à disposition d'un élu parce dix sept mille disparitions de mobilier et d'objets du patrimoine historique c'est proprement délirant et ça mérite d'être rendu officiellement public avant les municipales de façon à proposer de nouveaux protocoles d'installation aux nouveaux élus avant qu'ils ne s'installent. Donc c'est bien de ne pas vouloir se contenter de "signer des chèques" pour les assistés du spectacle, mais c'est encore mieux de ne pas vouloir favoriser la disparition du patrimoine en faisant aveuglement confiance à un fonctionnaire ou un élu sur sa bonne mine ou encore le fait qu'il est censé bénéficier d'émoluments suffisants ! !
Rédigé par : Catherine JACOB | 15 septembre 2007 à 20:01
Je pense qu'il faut laisser aux artistes la liberté de s'exprimer.
Il est normal qu'un artiste puisse exprimer son art sur scène.
Mais, là où je ne suis plus d'accord : que le contribuable paye, au nom de cette liberté, des pièces qui n'intéressent personne.
Peut-être que ce n'est pas le nombre de personne qui assistent à la pièce qui détermine sa qualité, mais dans tous les cas, il détermine la préférence des spectateurs.
Or, une pièce de théâtre, contrairement à un tableau est éphémère. Elle doit cadrer avec les tendances actuelles.
Une pièce excellente hors de son contexte est un bide. C'est la loi de l'offre et de la demande.
L'art a un coût. Donc il faut le rentabiliser. C'est la dure réalité de la vie.
Rédigé par : Raph | 15 septembre 2007 à 18:05
@narvic : gros sabots remplis de paille de bon sens valent mieux parfois que poulaines de petits marquis...
mais je vous le concède : pas sur les parquets cirés ni sur les pavés avignonnais...
...enfin, pour Van Gogh vous avez raison... mais qui fera lire un soir par...Trintignant et Dutronc, par exemple, les lettres de Vincent à Théo en prime time sur TF 1 ?...
Rédigé par : sbriglia | 15 septembre 2007 à 16:52
La culculture ou la culture cul a besoin d'un sérieux équarrissage, c'est indéniable !
On ne voit plus Danielle Evenou nue sur une scène, c'est déjà un repos pour l'âme, le coeur et les yeux !
Le bon goût populaire, son élitisme, je n'y crois pas pour constater que ce sont les théâtres même pas de boulevard comme celui de Jean Roucas ou Jean Amadou sur Blanche qui fait du chiffre. Le top cinquante était assez révélateur de la mauvais esthétique de la masse : Peter et Sloane, licence 4, Sabine Paturel en tête de ce classement de longues semaines.
Le théâtre ou le cinéma d'essai subventionnés et autres ne sont plus qu'un repère de cousins et cousines subventionnés qui nous pondent des artefacts naveteux, il suffit de voir les tableaux de Juliette Binoche. L'art n'est plus qu'un placement, un job d'appoint pour payer les impôts. Il faut y ajouter tous ceux qui se déclarent artistes pour le bristol jouant à fond sur la subjectivité de l'art contemporain, oubliant que ce sont de véritables métiers réclamant beaucoup de talent, de travail !
N'est pas Guitry, Houellebecq, Dali qui veut, malgré ce qu'on nous fait croire, les honteuses promotions qu'on nous impose.
J'ai parfois l'impression que de plus en plus, deux seules promotions artistiques sont autorisées : la racaille de banlieue cas sociale qui se sortirait d'une destinée misérable grâce à un improbable art naïf ou le fils de. D'ailleurs, Christine Albanel n'est-elle pas de la famille de Villepin et ne fut-elle pas conservatrice du château de Versailles en ayant une formation n'ayant rien avoir avec les musées (doctorat de lettres) ?
Or dans ce domaine, autant qu'en politique, il ne devrait y avoir qu'une méritocratie qui puisse avoir droit de cité !
Marre des tags, du rap, de la danse contemporaine, des happenings, des dingues hystériques qui nous imposent leur bruyante pathologie. En ce moment, j'écoute Alan Stivell chanter "Tri martolod" accompagné de sa harpe magique et j'en profite pour apprendre des rudiments de breton : tri martolod yaouank i vonet da vouajin. Je me régale aussi de tableaux flamands et impressionnistes pour changer des maîtres de la Renaissance !
En médicament aux impostures en légion, j'ai envie de voir "du vrai, du beau et du bien" pour reprendre le titre du livre du philosophe Victor Cousin.
Je me permets de citer une partie de la critique de Castoriadis sur le "Testament de Dieu" de Bernard-Henri Lévy qui résume ce à quoi un auteur amoureux des belles lettres, de l'histoire, de la philosophie doit se contraindre de nos jours pour défendre un patrimoine culturel, pour ne pas laisser facilités et mensonges polluer la culture. Ces gens investis auraient comme travail d'écrire des livres, mais ne peuvent se résoudre à laisser distiller de la contrefaçon.
"Si la critique continue à abdiquer sa fonction, les autres intellectuels et écrivains auront le devoir de la remplacer. Cette tâche devient maintenant une tâche éthique et politique. Que cette camelote doive passer de mode, c’est certain : elle est, comme tous les produits contemporains, à obsolescence incorporée. Mais le système dans et par lequel il y a ces camelotes doit être combattu dans chacune de ses manifestations. Nous avons à lutter pour la préservation d’un authentique espace public de pensée contre les pouvoirs de l’État, mais aussi contre le bluff, la démagogie et la prostitution de l’esprit."
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 15 septembre 2007 à 15:11
Pour tout professionnel du monde culturel, la question de la signification de la mission et des objectifs d'un service public se pose.
Je partage le point de vue exprimé par le ministre. Au sens où la découverte, l'initiation, la sensibilisation à des oeuvres artistiques financées par une collectivité doit s'efforcer d'être une mise à disposition pour le plus grand nombre d'un bien culturel collectif.
CA annonce la couleur et le parti pris de la politique qu'elle représente. Un discours qui tranche avec les poncifs en vigueur dans les différentes strates de l'artistique et du culturel subventionnés.
A mon très petit niveau.
Dans une bibliothèque de lecture publique qui n'est ni la BNF (Bibliothèque Nationale de France), ni une bibliothèque universitaire ou spécialisée. Juste un équipement d'une collectivité territoriale - une ville - qui a fait le choix d'assumer par un budget conséquent le financement d'un fonds et de son fonctionnement, la question de la fréquentation et des publics est centrale.
Cette question qui nous anime et qui nous motive tous les jours, aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous a permis d'instaurer une politique d'acquisitions dont l'ambition première est la qualité et la rareté.
Notre souci, en permanence, pourrait être résumé de cette manière :
ne pas mépriser mécaniquement ce que le public demande. Mais lui proposer systématiquement et passionnément, à côté, ce qu'il pourrait découvrir et aimer.
Nous avons, par ce choix, augmenté nos prêts et diversifié nos publics.
Comprenne qui pourra.
@ Philippe
Pas facile de construire une note qui se veut offensive sans être provocante.
Albanel, Dati, Bilger... ça décoiffe.
Mais, pour faire bouger les lignes, même seulement d’un centimètre, il faut accepter de prendre le risque de déconcerter et de déplaire.
Rédigé par : Véronique | 15 septembre 2007 à 14:05
Il y a des artistes qui cherchent et se cherchent, et des artistes qui vendent et se vendent.
Il y a des publics qui ne séparent pas toujours le plaisir d'un certain effort, et d'autres qui se satisfont de rires et d'émotions prémâchés.
Il ne s'agit pas d'un jugement de valeurs, mais souvent d'une simple question de timing : les mêmes qui s'extasient devant une Thema d'Arte se plaisent à vider un bière sur un match TF1.
Alors pouquoi vouloir mettre tout le théâtre dans un même panier, celui du succès public ?
Il y a je pense de la place (et de l'argent) pour tout, et je m'étonne qu'on renvoie encore artistes et gestionnaires dos à dos, suivant un stupide clivage politique de surcroît. Les solutions sont ailleurs, dans l'ouverture des scènes aux différents genres, dans l'abonnement global qui amènera Madame Michu à Pirandello et M. Gonzague au cirque Zavatta...
Rédigé par : Don Lo | 15 septembre 2007 à 13:30
Excellent !!
Marre des parasites.
Rédigé par : Polochon | 15 septembre 2007 à 11:19
Ainsi donc, fini le temps où l'on subventionnait à perte les "créateurs", voici venu celui où l'on attend de la Kultur un retour sur investissement.
Tant mieux, en effet ! Les zartistes-fonctionnaires devront rendre des comptes devant la masse, et leurs travaux seront enfin pris pour ce qu'ils sont : du divertissement pour le nombre.
Rédigé par : Julien | 15 septembre 2007 à 10:17
Enfin !
En effet...
Rédigé par : Fleuryval | 15 septembre 2007 à 08:05
Vaste débat que vous ouvrez-là : "Oser faire croire que le succès public d'une pièce peut être au moins l'un des signes de sa qualité..."
Qui est juge de la qualité, en effet ? En démocratie, peut-on concevoir qu'il existe un autre juge valable que le public ? Beau sujet de dissertation de philosophie pour des élèves de terminale...
Prenons juste un exemple (pas choisi au hasard, je vous le concède) : Van Gogh. Zut, ça coince. Et le débat devient fort compliqué tout d'un coup...
Ce peintre est aujourd'hui l'un des préférés du public (les expositions où l'on présente ses oeuvres rassemblent des foules de visiteurs exceptionnelles, les reproductions de ses oeuvres sur des affiches et des tasses à thé, et son usage par les publicitaires - qui est habituellemet un bon témoignage de popularité - est maximum).
Il est également l'un des préférés des "amateurs éclairés", ces collectionneurs richissimes, qui ont fait monter sa cote à des records jamais vus auparavant en salle des ventes.
Il est également porté au pinacle par les intellectuels spécialistes de l'art, et même "la bureaucratie et les apparatchiks de l'art assisté", comme vous dites.
Voilà bien un exemple d'unanimité, qui transcende les classes sociales, les niveaux d'éducation, de culture et de richesse.
Malheureusement cet unanimisme ne fut pas toujours de mise, est-il besoin de vous le rappeler ? Le peintre ne vendit qu'une seule toile de son vivant, à son boucher, pour payer une dette alimentaire. Et le boucher employa la toile en guise de porte à son poulailler...
Sa découverte fut l'oeuvre d'une élite éclairées. Manifestement. Ce mot d'élite est certes incongru en politique aujourd'hui, mais nous sommes ici dans le domaine de l'art, et malheureusement son usage s'avère indispensable.
Et que dire des mécènes qui soutinrent Leonard de Vinci et Michelange ?
Est-il si indécent d'envisager qu'aujourd'hui notre Etat démocratique relève le défi du mécénat d'un Jules II ou d'un prince de Médicis, en d'autres temps ?
Qui donc, dans cet Etat démocratique, doit être chargé d'effectuer la sélection des oeuvres dignes de bénéficier de ce mécénat d'Etat "au nom de la Nation" ? Ceux qui sauront débusquer les nouveaux Van Gogh, quand personne ne s'intéresse à eux ? Mais qui sont-ils ? Le "succès public", comme vous dites, peut-il être "au moins l'un des signes", comme vous le dites encore ?
Laissons nos bacheliers répondre dans leurs dissertations...
D'autant que le problème devient encore plus complexe quand on aborde le théâtre populaire tel que le voyait Jean Vilar : quand on sait s'y prendre, et visiblement Jean Vilar le savait, on peut remplir les salles avec un public populaire en jouant Molière, Racine ou Musset... Mais les théâtres privés ont bien du mal à obtenir de tels résultats... Seul le théâtre subventionné y parvient, notamment la Comédie française... sous le contrôle de "la bureaucratie et les apparatchiks de l'art assisté", comme vous dites...
Pour achever de rendre le problème un peu plus complexe encore que la simplification, abusive à mes yeux, à laquelle vous vous êtes livré, est-il besoin de vous rappeler que les deux meilleurs exemples "d'art assisté" que nous connaissons aujourd'hui se nomment le théâtre et l'opéra classiques !
Selon mes chiffres, la moindre représentation d'opéra est aujourd'hui subventionnée à 90% par l'Etat pour chaque fauteuil occupé. Il n'existe aucun art plus "assisté" que l'opéra, dont les spectateurs ne paient qu'un dixième du coût du spectacle auquel il assistent. Les 9/10e restant sont financés, par leurs impôts, par des gens qui n'iront jamais à l'opéra durant toute leur vie.
Après ces quelques exemples de la complexité de la question, je me bornerai à signaler, si je peux me permettre, que vous abordez là ce sujet... avec de gros sabots...
Rédigé par : narvic | 15 septembre 2007 à 01:05