Sur le site Rue89, Bruno Masure dénonce à juste titre le ridicule, inspiré par Bernard Laporte, d'avoir fait lire la lettre de Guy Môquet aux joueurs de l'équipe de France de rugby avant leur match contre l'Argentine. Sans doute pour complaire à Nicolas Sarkozy qui l'a déjà nommé Secrétaire d'Etat aux sports. Espérons au moins que cette récompense anticipée couronnera le triomphe, mal engagé, du Quinze de France. Plus sérieusement, cette relation qu'on peut établir entre l'entraîneur et le président de la République, avec cette intrusion choquante de la Résistance dans un vestiaire dont l'énergie était seulement tendue vers une pacifique victoire, m'a questionné. Le mélange de l'Histoire et du sport et l'invocation au moins implicite au président montrent à quel point celui-ci, dans tous les domaines, même celui du divertissement, a fait bouger les lignes et brouillé les repères. D'une certaine manière il est partout, sur le terrain comme dans les têtes.
Cette anecdote vient illustrer le débat sur le rôle des médias à l'égard de Nicolas Sarkozy. Jean-Claude Guillebaud, dans Télé Obs, a apporté sa pierre intelligente à cette discussion. Il soutient la thèse majoritaire qui ferait des journalistes des frileux et des pleins de révérence à l'égard de cette personnalité et de sa politique. Ce serait donc la continuation du procès habituellement fait à ceux qui ont la charge de nous informer et qui manqueraient d'audace intellectuelle, de courage personnel et d'indépendance concrète.
J'ose faire valoir un point de vue sensiblement différent. A partir de ma propre expérience.
En effet, croyant, pour le magistrat et le blogueur que je suis, à la nécessité d'une obligation de réserve respectueuse notamment des hautes fonctions qui président à notre vie politique, donc d'une déférente abstention à l'égard de Nicolas Sarkozy, de ce qu'il est et de ce qu'il fait, puisque le contraire reviendrait à battre en brèche le pacte démocratique, je me suis pourtant surpris plus d'une fois avec une forte tentation de me jeter dans la mêlée, en dépassant l'analyse judiciaire pour m'immiscer dans le champ présidentiel. Certes, cela relève peut-être d'un tempérament qui, tout en admettant la légitimité des limites, les supporte mal et éprouve toujours le besoin d'aller voir au-delà, de s'approprier des problématiques dont l'interdiction fait souffrir l'esprit, comme si une personnalité pouvait être infiniment divisée et sacrifier une part importante d'elle-même.
Profondément, je perçois une autre cause, fondamentale, à cette pulsion qui me maintient difficilement à distance du président de la République d'aujourd'hui. Je n'aurais pas eu la moindre difficulté à adopter la démarche qui convenait, en ce qui concerne ses prédécesseurs. Ceux-ci appartenaient, même Valéry Giscard d'Estaing qui, par certains côtés, me paraît le plus proche de Nicolas Sarkozy, à une catégorie de dirigeants tout imprégnés par la majesté de la fonction, avec l'ambition principale de marquer qu'une frontière invisible, même en République, sépare le citoyen du gouvernant, le peuple, même célébré, de son inspirateur. Or nous constatons, chez notre président de la République, une attitude absolument inverse, réfléchie, préparée et porteuse d'une autre démocratie en quelque sorte. A la majesté de la fonction, il substitue sa proximité. A la grandeur de l'office, son utilité. Loin de fuir le quotidien, il s'y investit totalement de sorte que le citoyen, à son tour, est conduit à changer de registre et à oser une familiarité avec l'autorité suprême. Sur l'apparat, aujourd'hui l'action. Plutôt, l'immobilité du premier a été remplacée par l'intensité de la seconde. Les rites par le rythme. Devant un tel bouleversement qui desserre le corset des manières et des mots, comment le républicain même le plus classique ne serait-il pas tenté d'user d'un autre langage à l'égard de Nicolas Sarkozy, qui a tout voulu et accompli pour que cela soit ? C'est cette mue, ce risque dont je devine l'existence en moi et il ne me semble pas inconvenant d'évoquer la difficulté d'une obligation de réserve quand le président lui-même nous invite, par toutes ses attitudes et ses choix, à l'oublier et à privilégier la spontanéité de l'expression. Puisque le quotidien, et c'est heureux, est devenu aussi son champ d'élection, n'est-il pas normal que le quotidien, dont nous sommes les uns et les autres porteurs, le sollicite ? Puisque son obsession démocratique est de venir chez nous, pourquoi n'irions-nous pas chez lui ? Par son entremise, nous assistons, dans la pratique présidentielle, à une indéniable rupture.
C'est le point central qui me permet de discuter l'argumentation de Jean-Claude Guillebaud et de tous ceux qui partagent son opinion. Je ne crois pas que les médias aient décidé de passer sous silence ou de minimiser ce qui pourrait être mis au passif de sa politique à peine engagée. D'ailleurs, l'impression étrange prévaut, qu'on parle beaucoup du président sans rien en dire de substantiel. Cette surabondante atonie provient plus probablement de la difficulté qu'éprouvent les journalistes à se situer par rapport à une entreprise présidentielle difficilement identifiable et tellement liée à la personnalité de son auteur qu'il est impossible de dénoncer la première sans porter atteinte à la seconde. Paradoxalement, c'est par scrupule que les médias péchent. Ils étaient accoutumés à des dirigeants traditionnels chez lesquels il était sinon facile du moins praticable de laisser dans l'ombre l'être pour ne s'occuper que de l'essentiel. Quelle révolution, avec Nicolas Sarkozy, qui met non seulement sa personnalité au premier plan mais en fait le coeur même de sa politique. Sa politique, c'est lui-même. De sorte que, pour le journalisme politique classique, il y a soit une obligation d'être superficiel soit un risque de dérive vers la dénonciation ou l'éloge intime. C'est cette alternative, dont la première branche est préférée, qui explique aussi l'intense "pipolisation" du président de la République. Faute de pouvoir traiter de sa personne en politique, on la fait glisser sur un registre indiscret, spectaculaire et clinquant, dans des magazines qui constituent le succédané d'un difficile voire impossible journalisme sérieux et critique à son sujet.
Je ne sais si, sur le plan de la République irréprochable annoncée lors de la campagne, la rupture verra le jour. Ce qui est évident, en revanche, c'est que déjà une présidence de rupture s'esquisse, s'élabore, se met en scène et qu'elle bouleverse les rapports des citoyens avec l'Etat, la relation de chacun des Français avec Nicolas Sarkozy.
Qu'on l'aime ou non, qu'on le veuille ou non, il contraint à un mouvement dont lui-même donne l'exemple.
A mon humble avis, la proximité ne va pas durer très longtemps et notre président va bientôt découvrir les vertus du protocole. D'ailleurs, la façon dont il rembarre ses "collaborateurs" montre bien qu'il n'aime pas se laisser marcher sur les pieds.
Rédigé par : Grain de poivre | 13 septembre 2007 à 22:26
En exclusivité : la lettre que le XV de France lira dans les vestiaires avant France-Namibie dimanche :
http://agitlog.zeblog.com/248534-en-exclusivite-la-lettre-que-le-xv-de-france-lira-dans-les-vestiaires-avant-france-namibie-dimanche/
Rédigé par : AGIT LOG | 13 septembre 2007 à 14:24
"espérant bien transformé l'essai"
" espérant l'essai transformé... un jour "
(là je marque un point, non ?)
Rédigé par : Cactus se corrige | 13 septembre 2007 à 11:08
à Parayre :
c'est un fait !
là je rebondis donc, espérant bien transformé l'essai grâce à vous !
Sissi
Rédigé par : Cactus repasse la balle à Parayre | 13 septembre 2007 à 08:17
@Cactus
Le rugby n'est-il pas un moyen de familiariser les élèves au vocabulaire anglais : pink and go, up and under, stamping, ruck, maul, flanker, full house, dropped-goal, et j'en oublie ?
Le vocabulaire de l'amour étonne par sa pauvreté mais par contre, celui du sport, me semble, pour paraphraser Homère, un riche pâturage .
Rédigé par : Parayre | 11 septembre 2007 à 23:58
Eh bien moi j'ai lu la lettre de Guy Môquet à mes élèves le jour de la rentrée et depuis ils veulent tous jouer au rugby !
J'ai quand même peur que cette rupture soit un peu brutale : préférer le rugby aux verbes irréguliers anglais, là, j'en perds mon latiné !
Sissi !!
Rédigé par : Cactus Môqueté ? | 11 septembre 2007 à 18:37
Rupture avec... Chirac.
Je viens juste de lire un article de La Tribune sur les économies que pourrait faire la Défense nationale, simplement en rationalisant et en évitant le gâchis. Je suis abasourdi de lire que nous avons encore 52 bases aériennes.
Alors, on peut critiquer le nouveau président (parfois à juste titre) mais quand on voit que Chirac n'a rien fait pendant 12 ans, on doit être assez satisfait qu'une dynamique se crée.
Je pense que Chirac devrait passer en Cour martiale pour inaction, inefficacité en temps de guerre économique. Alors les petits procès que des petits juges veulent lui faire sur des petits fours que Bernadette n'aurait pas payés, excusez l'expression mais c'est du pipi de chat.
Et comme c'est un récidiviste de l'inaction, je propose que l'on double la peine !!!
Rédigé par : Polochon | 11 septembre 2007 à 18:25
La presse a bon dos... et il est de bon ton chez certains de ses membres de s'autoflageller, de battre sa coulpe ou plutôt celle des petits camarades. Les donneurs de leçon ont souvent la mémoire courte.
Loin de moi l'envie de dire que nos journalistes sont les meilleurs du monde mais que donne NS à commenter si ce n'est un tourbillon d'ego ; du jogging, des vacances, des amis, des bourrelets, une angine et j'en passe. La forme en attendant peut-être le fond. Giscard déjà nous avait offert le petit-déjeuner avec les éboueurs, les dîners chez les Français - une présidence fringante alors qualifiée de rupture - mais qui finit en eau de boudin. Il ne reste qu'à espérer que l'hiver venant, un temps de cochon laisse enfin le temps à la réflexion, à l'action au lieu de l'agitation.
Certains argueront que la réflexion n'est pas forcément mère de la bonne action ; cf la lecture imposée par Laporte qui au demeurant se glorifie de n'avoir jamais lu un livre avait de quoi scier les jambes et démoraliser. Si une autre lecture doit s'imposer avant le prochain match, je partage assez le choix de Sbriglia.
Rédigé par : catherine A. | 11 septembre 2007 à 10:08
@ Thierry SAGARDOYTHO
L'humiliation publique est inspirée de la méthode de régime alimentaire "Weight Watchers", dont les membres se réunissent en petits comités. Celui ou celle qui n'a pas perdu quelques kilos est montré du doigt et humilié devant les autres (on me dit que la méthode s'est radoucie)...
Claude Allègre aurait dû s'en inspirer pour dégraisser le mammouth...
Rédigé par : Bernard de ... | 11 septembre 2007 à 07:47
Selon une certaine presse (MARIANNE), certains ministres du gouvernement seraient humiliés publiquement par le Président, en présence de leurs collègues à l'occasion du conseil des Ministres. Si cela est exact, est-ce la "nouvelle gouvernance"? S'agit-il d'une méthode de management importée de certaines grandes entreprises ? Dans l'affirmative, vous risquez fort, M. BILGER, de devoir traiter judiciairement des dossiers de Ministres harcelés moralement s'entend.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 10 septembre 2007 à 20:45
«l'ambition principale de marquer qu'une frontière invisible, même en République, sépare le citoyen du gouvernant»
C'est une remarque très juste. Il suffit pour s'en convaincre de regarder dans les documents télévisuels qui ont précédé puis suivi les élections des personnages que vous évoquez, ne serait-ce que le léger changement de la démarche.
Tout d'un coup ils sont comme portés par quelque puissance mystérieuse indéfinissable.
NS lui, était simplement tout heureux de voir en quelque sorte son mérite consacré par les urnes.
C'est autre chose en effet.
Comme NS aujourdhui les dirigeants luxembourgeois vont depuis longtemps très facilement au contact des gens, critiquant la façon de faire française, mais c'est malgré tout très différent.
«je me suis pourtant surpris plus d'une fois avec une forte tentation de me jeter dans la mêlée, en dépassant l'analyse judiciaire pour m'immiscer dans le champ présidentiel. »
Si cela devait être le cas il faudrait sans doute nous faire un superbe HAKA préliminaire. L'image graphique du sonogramme en est vraiment tout a fait intéressante.
«Tenei Te Tangata Puhuruhuru
C'est l'homme chevelu
Nana i tiki mai whakawhiti te ra
Qui a fait briller le soleil à nouveau pour moi »
ça fait penser que le mot pour 'perruque' utilisé en japonais contemporain nommait autrefois les vrilles des plantes qu'on mêlaient à la chevelure à titre de fétiche. Il faudrait essayer de faire à l'équipe de France des petites nattes cachées entremêlées de vigne vierge.
Rédigé par : Catherine JACOB | 10 septembre 2007 à 20:24
NS est partout : à la télévision, à la radio, sur internet et ses blogs.
À la fois président, Premier ministre, ministre de la Défense, de l'Economie, de l'Intérieur, de l'Education nationale, des Affaires étrangères, de la Santé et des Sports : NS fait tout, dirige tout, se montre partout.
Un match de foot PSG-OM et NS est au Parc des Princes ; Un match de rugby se joue au Stade de France et NS est au stade de France ; Un enfant est enlevé et NS reçoit aussitôt le père de la victime ; un évadé s'échappe de prison et NS le rattrape ; un lapin se fait écraser sur l'A6 et NS est à l'enterrement...
Stop, s'il vous plaît : peut-on avoir une journée sans voir ou sans entendre parler de NS ?
Partout où les caméras de télé ou les micros des radios sont et NS y est : lui ou ses clones tellement il est partout tout le temps.
Attention à l'overdose de Sarko : il est tellement partout que les membres du gouvernement ne savent même pas comment faire pour exister et n'osent même pas dire la moindre parole par peur de se faire taper sur les doigts par Sir Sarkozy.
Mais je voudrais lancer un avis de recherche au nom de Fillon François.
Rédigé par : Sego | 10 septembre 2007 à 20:17
Ce matin, Rachida Dati recevait les présidents de tribunaux et les procureurs généraux au sujet des peines planchers, quoi de plus normal que le parquet soit concerté sur le plancher ? (Je sais, le siège, mais ceci détruisait ma vanne donc j'ai fait une réforme) Certainement que notre hôte a dû faire parti du "wagon", alors peut-être que ces derniers eurent aussi une rupture (d'anévrisme ou du système nerveux central) !
Lorsque vous parliez d'aller au contact !
Entre les contestataires et les favorables, il dut y avoir, je l'espère pour eux et pour nous, du débat, de la discussion. Ce genre d'occasion devrait être plus fréquente, car je pense que des polémiques entre magistrats de temps en temps à la place d'une complaisance corporatiste, heureusement pas suivie de tous, ne peut être qu'une avancée dans cette science.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 10 septembre 2007 à 15:59
@Véronique : je n'ai pas manqué de suivre vos conseils. Mon praticien m'a soumis au "réfracteur" et a mesuré ainsi ma subjective réfraction...
Elle est certaine et ma presbytie installée confirme les raisons de la diminution de mon pouvoir d'adaptation !
Ceci explique mon humeur aqueuse. Toutefois, mon acuité visuelle, c'est-à-dire la mesure de ma résolution, révèle une certaine vigueur.
Je vous rassure - autant que vous ayez envie de l'être - je n'ai ni euphorie, c'est confirmé, ni hétérophorie !
Quant à l'illusion du mouvement, cet excellent ophtalmo de mes proches, il est vrai, me confirme qu'elle naît bien de l'effet de continuité, de la disparition du scintillement et de l'effet "phi" (sans jeu de mots avec les forces françaises de l'intérieur).
Pardonnez-moi, Véronique, ces jeux de mots ne sont que l'expression de la sympathie pudique et sincère que je vous porte.
Mille excuses, également, aux autres.
Mon opinion représente une vision que j'ai... jusqu'à ce que je trouve quelque chose qui me fasse changer d'idées.
J'y suis prêt.
Rédigé par : Parayre | 10 septembre 2007 à 13:36
Parayre
«une "rupture" positive »
Certes mais il faut désormais passer de l'incantation du Totoro au-dessus du champ de céréales à la croissance effective. Dans le dessin animé de Hayao Miyazaki ça prend douze heures, mais dans notre France de voltairiens impénitents ça prendra nécessairement plus de temps. http://perso.orange.fr/tom.series.evangelion/ghibli/totoro.jpg
Rédigé par : Catherine JACOB | 10 septembre 2007 à 10:59
Parayre
«Avec le nouveau président, la "politique" nous semble devenue certes, même si R-G Schwartzenberg l'a excellemment écrit en 1977, un "spectacle", une rencontre journalière avec l'opinion, un jeu permanent avec la réalité.»
Vous êtes pour l'espacement de la rencontre par exemple une fréquence hebdomadaire?
Sur le modèle :
L'animateur: «Bonjour, où il est ton patron ? et ta patronne ? Qu'est-ce que tu vas nous chanter ?»
Papy Mougeot : «Le travail c'est la santé... tout faire pour la conserver ! »
Et "En voiture, Simone, c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes".
Rédigé par : Schmilblick | 10 septembre 2007 à 10:36
Je propose de faire lire avant France-Irlande certains commentaires japonisants...
...ou on endort notre pack, ou on le rend furieux...
Rédigé par : sbriglia | 10 septembre 2007 à 10:09
@ Parayre
Vous faites bien de prendre RV dès demain chez votre ophtalmo...
Car Philippe n'écrit pas dans sa note que sa vie quotidienne est bouleversée et transcendée depuis le 6 mai.
Il nous dit - et avec sa manière très bilgérienne - que la méthode de NS a brouillé des repères et a fait bouger les lignes dans la façon de présider et de gouverner notre pays. Philippe nous dit également que les choses se transforment dans notre rapport personnel à l'action politique et publique.
Il prend appui pour développer son appréciation sur la relation conflictuelle que lui-même entretient avec l'obligation de réserve liée à sa fonction de magistrat.
Une note, donc, on ne plus bilgérienne. Au sens où l'homme va loin et haut dans sa sincérité et dans son honnêteté intellectuelles. Ne craignant pas d'oser penser contre lui-même.
Ce qu'il nous confie c'est que lui-même a un mal fou d'adaptation par rapport au style de NS. Cette méthode inédite, si naturellement elle doit susciter discussion et remise en question, déroute la plupart. Y compris un univers médiatique si peu habitué à une telle offensive en matière gouvernementale.
Je vous rassure. Ma vie de tous les jours n’a pas été chamboulée par l’élection de NS.
J’ai seulement voulu dire que si je me réfère aux débats que je peux avoir avec des personnes de mon entourage privé et professionnel plutôt versées dans une vision des choses opposée, voire très opposée à celle de NS, pour des questions très concrètes comme celles du chômage ou des précarités, les lignes d'opposition ont bougé. Par exemple, la proposition de M. Hirsch (le revenu de solidarité active) nous rassemble.
Je ne désespère pas de les convaincre également que parallèlement , dans le domaine économique, il est urgent d’engager des réformes structurelles pour favoriser la croissance.
Je suis consciente que pour les personnes que vous aidez dans l’association dont vous nous parlez, les frontières de leurs difficultés n’ont pas bougé depuis le 6 mai.
Ce qui a motivé en partie mon vote du 6 mai, c’est l’idée - ou l’illusion - que ce que proposait NS était le plus à même de faire exploser cette ligne de fracture-là.
"Sa politique, c'est lui-même." écrit Philippe.
Je ne suis pas d’accord avec cela. Je pense que la politique de NS qu’on peut juger surprenante, superficielle, brouillonne, bouillante, casse-gueule, hyper présidentielle etc. est un passage obligé pour tenter de sortir notre pays des immobilismes qui l'ont plombé.
@ Philippe
L ’initiative de faire lire la lettre de Guy Môquet dans une cérémonie d’ouverture d’une coupe sportive est d’un ridicule achevé.
Comme pour ce que vous nous avez dit au sujet du positionnement de Rachida Dati, ce qui peut arriver de mieux à NS, c’est que ses collaborateurs sachent s‘opposer et exister par eux-mêmes.
Rédigé par : Véronique | 10 septembre 2007 à 07:58
Appelons cette proximité du président par son nom : il s'agit d'abord d'une personnalisation du pouvoir, de l'accaparement d'une fonction par un ego avide d'attention.
Je n'ai pas encore vu de Président depuis le 6 mai. Sarkozy, par contre, je le vois tous les jours.
Rédigé par : Julien | 10 septembre 2007 à 07:37
Véronique - que je sais soucieuse de concret - avant vous et aux pieds de vos derniers billets a estimé que son quotidien a changé, je résume sa pensée éminemment plus riche, et aujourd'hui, vous nous publiez une note de la même tonalité et non moins riche : à vous lire, N.S a bouleversé apparemment le "vécu" de vous deux et de bien d'autres !
Je m'interroge car, ayant de l'estime pour les propos que vous développez chacun, je ne rencontre pas dans mon entourage, ma "société", pour reprendre le terme de Véronique, une telle "grâce".
Suis-je dans un microcosme immunisé, rebelle, insensible ?
Je ne crois pas puisque, "pluriel", il réunit des individus favorisés, dont je fais partie, dans la douleur, comme ceux assistés par une association à laquelle j'apporte ma modeste aide, en attente et en quête, avec mes adultes d'enfants et leurs proches qui, ouverts, formés, volontaires, travailleurs, non forcément pour gagner plus mais pour satisfaire leurs légitimes ambitions, ne sont guère, avec moi, conscients de vivre une "rupture" positive (pardon pour l'oxymore sbriglia) depuis le 16 mai .
Avec le nouveau président, la "politique" nous semble devenue certes, même si R-G Schwartzenberg l'a excellemment écrit en 1977, un "spectacle", une rencontre journalière avec l'opinion, un jeu permanent avec la réalité.
Celle-ci ne se couvre pas moins de l'âpreté du "concret" et les paroles prononcées, avec un certain talent sur lequel nous avons déjà échangé, ne la changent guère ...
Sûrement qu'en "politique", comme en religion, le doute, tel que celui qui m'habite, est une maladie de... foi !
Je sais que cette dernière est une vision des choses qui ne se voient pas, une aveugle qui donne des yeux à l'espérance.
Je prends, dès demain, rendez-vous chez mon ophtalmo !
Rédigé par : Parayre | 09 septembre 2007 à 22:24
Nolite me tangere, souhaitaient les Autorités à la suite de Jésus (NDRL, sauf si je vous y invite).C'est pourquoi les "toque-menottes" pour les hommes et les bises sur la joues pour les groupies s'imposaient. Rupture depuis le 6 Mai, le rythme obséquieux a cédé à celui de la peopolisation. Il est ubiquitaire, le Président, pérore et s'offre aux foules. Je ne doute pas que si d'aucuns lui tapaient sur le ventre, il ne s'en serve comme d'une caisse de résonance à son endroit. Ainsi va la Presse qui n'a plus qu'un camelot pour aiguiser sa plume en supputant du concret. J'espère que les journalistes avisés sauront à partir de là disserter sur l'essentiel plutôt que sur cette personnalité politique singulière. Et juger comme les citoyens en attente du devenir de la rupture proclamée ; finie, la plume respectueuse du conventionnel. C'est au pied du mur qu'on voit le macon, j'espère que ne sera pas le Mur des Lamentations, Inch Allah. Or dans les interstices du Mur, on glisse des suppliques, comme Jean-Paul II l'a fait. Alors à l'aube de la nouvelle année hébraïque, 5768, je lui souhaite, comme pour notre pays, le Shanah tova, une heureuse année, que la Presse célébrerait sur un mode oecuménique.
Rédigé par : francis | 09 septembre 2007 à 21:58
Faut-il parler de changement politique ou de dérive médiatique ? Le tintamarre médiatique autour de l'équipe de France de rugby avant vendredi soir n'est-il pas du même genre que celui qui s'est organisé sur le plan politique depuis quelques semaines, avec le même risque : que la bulle médiatique explose au contact de la réalité...
Rédigé par : guzet | 09 septembre 2007 à 19:19
J'ai un peu de mal avec cette pipolisation, ce quotidien médiatisé, trop peu ou trop ne va pas et je crois aux statues de Commandeur, à une nécessaire distance d'étiquette, à la hiérarchie, même si je peux avoir du mal à la supporter lorsqu'elle n'est pas méritocratique !
La représentativité symbolique d'un roi, d'un président de cinquième République telle que l'a voulu de Gaulle est importante, bien sûr que l'homme, qu'il soit un exceptionnel général résistant ou un Louis XIV, n'est jamais à la hauteur du mythe qu'il affiche, mais le peuple dont je fais partie n'a pas à le savoir, il doit pouvoir se reposer sur une confiance, un prestige et pour cela il faut la distance nécessaire.
Bien sûr que l'attitude du président me donne l'envie de discuter au coin d'un feu de cheminée de la politique, de la philosophie, des lettres, qu'il a un côté sympathique et attachant (si seulement il pouvait se détacher de ses amis).
Je me dis parfois qu'il va nous mener où on ne l'attend pas... dans un bon endroit.
Quelqu'un pourrait lui dire que son modèle américain est revenu sur la discrimination positive et sur l'ultra-libéralisme, que le géant atlantiste a les nombreux garde-fous pour protéger le citoyen consommateur que nous n'avons pas, que le voisinage n'est pas le même, que ces gens sont très patriotes, que ce n'est pas que le modèle commercial qu'il faudra prendre, mais aussi la mise à la page récente, pas celle d'il y a vingt ans, l'amour de soi, de ses aînés, des valeurs humaines ?
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 09 septembre 2007 à 18:02