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21 octobre 2007

Commentaires

Mussipont

Monsieur Bilger, je ressors ce billet ancien car j'ai lu que Mathurin avait obtenu ce mois ci, après pratiquement 22 ans de détention, un placement en semi-liberté (que j'imagine probatoire pour une liberté conditionnelle), et j'aimerais beaucoup savoir ce que vous inspire cette décision.

Catherine JACOB

@Nicolas

Comme c'est réjouissant de constater que certains qui s'abstiennent manifestement de vous lire, se rapprochent néanmoins d'une partie de vos conclusions bien que d'une façon beaucoup plus périlleuse quant au contredit susceptible d'y être apporté...

Ex: « Cest vous qui le dites », énoncé qui représente la façon assez commune de dire à quelqu'un qu'on refuse de se rendre à ses raisons bien qu'on ne sache pas vraiment pourquoi, mais surtout qu'on ne souhaite pas prendre la peine d'y réfléchir plus avant vu qu'on ne le tient pas dans une considération suffisante pour ce faire !

Autre ex: «Vous ne connaissez pas le dossier lequel démontre qu'il sait désormais se tenir à l'écart des mauvais génies potentiels. » Le voisin qui n'a pas lu le dossier mais qui vous croit sur parole : effectivement je n'y avais pas pensé mais «Si c'est vous qui le dites! » en effet pourquoi le lire ?

Ce qui accessoirement pose le problème de la crédibilité de qui parle, ainsi que de ses critères, un problème à l'origine de plus d'un tour de passe passe dans les conseils d'administration, mais qui aboutit aussi bien à: «Oh là Houh là c'est elle [lui] qui le dit. Donc... n'écoutons pas.»

Le procès de l'énonciation est pourtant simple : «Qui parle à qui de qui [ou de quoi] à quel titre et sur quelles bases [=ce qui permet d'apprécier la légitimité précisement de l'énonciation].»
La langue japonaise qui prend toujours en compte l'ensemble de ces paramètres jusque dans la conjugaison de ses verbes qui sera nécessairement différente selon que par ex. on aura une connaissance directe ou non, autorisée et fondée ou non, de ce dont on parle et qu'on peut le prouver, est à cet égard extrêmement intéressante et pose également d'inimaginables problèmes de traduction de ce simple fait.

Ex de tour de passe passe:
Un personnage donné a été condamné pour abus de pouvoir par un Tribunal administratif qui a produit une décision motivée, et notamment par la mention d'une infraction caractérisée à l'art.32 de la loi sur l'enseignement supérieur qui dit que la décision litigieuse et qui est l'objet de son annulation aurait du être prise par l'ensemble du Conseil de telle UFR. Il ne fait ni une ni deux. Sur la suggestion de son avocat il réunit - hors de la présence du principal intéressé en faveur duquel le TA a tranché - le conseil en question et que pensez-vous qu'il lui dise «J'ai été condamné pour abus de pouvoir pour avoir pris une décision non motivée qui plus est à votre place - ce qui est très grave -. Mais vu ceci cela - dont j'avais omis de vous parler à l'époque bien que j'ai eu l'intention de faire, mais vous savez ce que ce c'est on parle on parle et finalement ce qui devait être dit n'a plus le temps de l'être, je pense que cette décision n'en était pas moins nécessaire et qu'il serait donc opportun que vous la preniez ?» ce qui laisse à chacun son libre-arbitre. Que nenni beaucoup trop long et il y a bien d'autres choses plus intéressantes à discuter.

Or donc que dit-il en fin de compte ? Forcément il pare au plus pressé et fait donc court de la façon suivante : «Le tribunal administratif vous demande de prendre la décision suivante par jugement numéro tant - que bien sûr il ne fait que montrer de loin avec sa belle Marianne, donc sans le lire car on est à la bourre, assez de perte de temps - Qui est pour ?» Je vous laisse imaginer le résultat.

Quant à vous, vous vous dites que ce n'est pas grave, que ce n'est que partie remise, qu'on va faire convoquer le conseil par un nouveau tribunal en sorte qu'il s'explique sur la façon dont la nouvelle décision a été prise. Mais voilà le hic : «Convoquer le Conseil, le convoquer en entier ? Mais vous n'y pensez pas !»

Résultat : RECIDIVE! Ailleurs certes mais avec le même succès ! Tellement simple tellement pratique de faire court et léger ! Ca n'est pas du pénal mais ça a des conséquences autrement dommageables qu'un vol de parapluie ou de carte vitale qui ne peut servir qu'à l'intéressée !


Remarque : accessoirement le même personnage vous collera une sale note à votre dissertation parce que vous n'aurez pas suffisamment étayé votre propos de façon convaincante. Normal il y a des cas vous devez vous étayer utilement votre propos, et des cas où il est en revanche beaucoup plus utile de faire court, mais ce n'est pas à vous de faire la différence.
Autre méthode quand la première est sur le point d'échouer : faire passer le contradicteur pour un fou ou un incompétent ou mieux encore les deux, mais ça demande des complices alors que le tour de passe passe ci-dessus évoqué est en revanche réalisable sans concours extérieur et beaucoup plus discrètement.

Je vous raconterais bien également un conseil d'administration d'association, subventionnée par les pouvoirs publics, à l'époque où il était présidé par un avocat mais je craindrais de faire beaucoup trop long.


Véronique
Lisez les deux post et tirez-en vos propres conclusions qui seront pour moi quelque part très... disons éclairantes.

Guzet

Sans rapport avec le sujet du blog d'aujourd'hui, mais en rapport avec le sujet de blogs antérieurs sur l'omerta à la française, pourquoi faut-il aller sur le site d'un journal québécois, - Le Devoir - pour trouver un rappel de la réalité historique concernant des faits d'actualité (affaire G. Moquet) ?


Le Devoir

"La lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées de France relance une controverse historique
Paris -- «Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, je vais mourir!»

Ainsi commence la lettre poignante qui sera lue ce matin dans la plupart des lycées de France. Les mots sont d'un jeune militant communiste de 17 ans, Guy Môquet, qui fut sauvagement fusillé par les soldats allemands le 22 octobre 1941 en représailles à un attentat perpétré par la résistance. Sitôt élu, le président Nicolas Sarkozy a décrété que tous les lycées devraient dorénavant lire cette lettre à chaque anniversaire de la mort de Guy Môquet.

Mais cette lecture «obligatoire», selon les mots de la présidence, n'est pas sans susciter une vive opposition chez les historiens et les professeurs. De nombreux enseignants refuseront ce matin de lire la lettre de celui qui tomba sous les balles de l'occupant. Ils n'encourent pas de sanctions, a précisé l'Élysée. Plusieurs feront ce geste pour s'opposer à ce qu'ils qualifient d'«instrumentalisation de l'histoire» par les responsables politiques. Certains historiens vont même jusqu'à contester à Guy Môquet le titre de résistant.

«Il ne s'agit pas de nier le courage de Guy Môquet ni son martyre, mais il n'a jamais été un résistant», affirme brutalement l'historien Jean-Marc Berlière.

L'auteur du Sang des communistes (Fayard, 2004), avec son collègue Franck Liaigre, est un spécialiste de l'histoire policière. Il a étudié l'histoire interne de la résistance en se fondant sur un long et patient dépouillement des archives policières. Pour lui, et une partie des historiens français, la mythification de Guy Môquet relève de la «téléologie», pas de l'histoire.

«L'arrestation de Guy Môquet remonte à une époque où le Parti communiste était tout sauf résistant», dit Berlière. Fils d'un député communiste, élevé dans l'orthodoxie stalinienne, Guy Môquet est arrêté à la gare de l'Est le 15 octobre 1940 pour avoir diffusé des tracts du Parti communiste. Des tracts qui, rappelle Berlière, ne dénoncent pas l'occupation allemande.

C'est l'époque du pacte Molotov-Ribbentrop, signé le 23 août 1939, par lequel l'Allemagne nazie et l'URSS se partagent une partie de l'Europe de l'Est. Le discours communiste antifasciste de l'époque de la guerre d'Espagne se transforme aussitôt en vague dénonciation de tous les impérialismes, qui évite de s'en prendre à l'occupation allemande. «Cette guerre n'est pas notre guerre», affirment les communistes français qui demeurent sourds (ils ne seront pas les seuls) à l'appel de Londres lancé par de Gaulle le 18 juin 1940. La propagande communiste d'alors va même jusqu'à traiter le futur libérateur de la France de «valet de la City».

Môquet est donc arrêté le 13 octobre 1940 par la police de Vichy en vertu des lois de la IIIe République qui avaient mis le Parti communiste hors la loi dès la signature du pacte germano-soviétique. L'adolescent sera condamné à quelques semaines de prison, puis interné au camp de Chateaubriant, près de Nantes. L'ironie veut qu'il se retrouve en prison alors même qu'un des principaux cadres du Parti communiste, Maurice Tréand, négocie secrètement avec l'émissaire de Hitler à Paris, Otto Abetz, la reparution de L'Humanité.

Lorsqu'en juin 1941 Hitler attaque l'URSS, le Parti communiste entre en résistance. Trois jeunes militants communistes commettent alors un attentat contre des militaires allemands et tuent, sans savoir de qui il s'agit, le feld commandant de Nantes, Karl Holtz. La répression sera sanglante: 48 prisonniers seront fusillés à Nantes, dont 25 communistes. Parmi eux, un certain nombre viennent de Chateaubriant.

«Môquet est un martyr et il a droit, à ce titre, à toute notre considération, dit Berlière. Sa lettre est terriblement émouvante. Mais en déduire que le Parti communiste était dans la résistance au moment de son arrestation, c'est un mensonge. La transformation de Guy Môquet en icône n'est pas un hasard. C'est une figure émouvante et consensuelle, un vrai martyr qui a fait preuve de courage, mais qui permet aussi d'oublier que le Parti communiste n'a pas toujours été résistant et qu'il a même saboté l'effort de guerre en 1940.»

La légende communiste construite aussitôt après la guerre va s'évertuer à gommer l'année noire de 1940. Le mythe de Môquet mettra un demi-siècle à se construire. Il sera renforcé par le talent du poète Louis Aragon, qui lui dédie son poème La Rose et le Réséda, et même avalisé par de Gaulle. Pourtant, parmi les fusillés de Nantes, il y avait de vrais résistants, explique Berlière. Comme André Le Moal, 17 ans, soupçonné d'avoir hissé un drapeau tricolore sur la cathédrale de Nantes.

Laisser l'histoire tranquille

L'ironie veut que ce panthéon de gauche soit aujourd'hui ressuscité par un président de droite à une époque où le Parti communiste ne fait plus peur à personne. La secrétaire nationale du Parti communiste, Marie-George Buffet, a d'ailleurs été conviée par Nicolas Sarkozy à une lecture commune de la lettre le 22 octobre. Elle a décliné l'invitation.

Mais l'opinion de Berlière ne fait pas l'unanimité. En 2004, l'écrivain Gilles Perreault avait accusé Berlière et Liaigre de ressusciter les «hargnes rancies de la guerre froide». Depuis plusieurs semaines, le quotidien L'Humanité a ouvert ses pages à plusieurs articles qui prennent la défense de la mémoire communiste. À défaut de dénoncer l'occupation allemande, Guy Môquet dénonçait «Vichy et les conditions de vie de l'été et l'automne 1940», écrivent les historiens Xavier Vigna, Jean Vigreux et Serve Wolikow. Cela suffirait à faire de lui un résistant.

Plusieurs accusent les historiens de chercher des poux là où il n'y en a pas. Selon l'éditorialiste de Libération, Laurent Joffrin, «le texte [de Guy Môquet] est un magnifique exemple d'héroïsme manifesté dans la lutte la plus indiscutable qui soit, celle qui a opposé la résistance aux barbares hitlériens. Quel mal peut-il faire?»

Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire dénonce la fabrication d'un «héros pour la jeunesse». Les historiens, qui s'étaient regroupés en 2005 lors de l'adoption par l'Assemblée nationale d'une loi destinée à faire valoir les «aspects positifs de la colonisation», critiquent une nouvelle ingérence de l'État dans l'enseignement de l'histoire.

L'historien Jean-Pierre Azéma est le seul à avoir souligné dans le geste de Nicolas Sarkozy une rupture avec l'attitude de Jacques Chirac. L'ancien président avait été le premier à reconnaître les responsabilités de la France à l'époque de l'occupation. «Laissons donc les enseignants organiser leur cours comme ils l'entendent et, s'ils font le choix de cette lettre, ils sauront la lire au bon moment, mise en perspective par les travaux qui l'éclairent», écrit-il dans la revue L'Histoire.

Pour prévenir la contestation, le ministre de l'Éducation, Xavier Darcos, a pris soin de faire envoyer aux lycées d'autres textes de résistants qui pourront être lus en classe. On y trouve des textes de résistants gaullistes, chrétiens et communistes. Bref, il y en a pour tous les goûts.

Véronique

"Le réquisitoire a déjà eu lieu.
Le Jury a prononcé un verdict."
nous dit Olivier.

Je suis d’accord avec lui.

Une libération conditionnelle de JTM est un tout autre sujet que celui de son procès.

Vous souhaitez opposer à l’optimiste de son avocate votre appréciation d’il y a près de 18 ans.

Je peux comprendre votre position qui est celle d’apporter une contradiction aux propos sommaires de l’avocate.

Mais c’est un autre jury que celui des Assises de 1991 qui aura à se prononcer sur une libération conditionnelle de JTM.

Je partage en partie ce que qu’écrit Jean-Dominique.

Et si le citoyen Bilger a parfaitement le droit d’avoir un avis sur une future décision judiciaire concernant JMT, je pense que vous êtes pour toujours l’avocat général de ce procès-là. Aussi, le propos de votre note me met mal à l’aise. Il transgresse, pour moi, l’idée que je me fais de votre liberté de parole.

J’ai regardé hier soir le documentaire diffusé par France 3.

Pour ce qui est des robes rouges et noires. Dans l’ordre du mieux :
Le Président du Tribunal
L’avocat de la défense
L’avocat de la partie civile
L’avocat général.

Je sais que le montage n’a pas précisément privilégié les interventions du PB du documentaire, - Jacques, ce PB était un pois habillé en noir -.

Mais bon. J’ai quand même eu le sentiment que ce Philippe en plus jeune était dans une sorte de service minimum.

"On sentait d'un coup la douleur de la société basculer de l'autre côté, du côté de la punition et de la consolation. Etaient comblés les trous que les meurtres avaient créés dans la confiance publique."

Euh... à écouter votre jeune collègue, ce n’était pas exactement cela qui sautait à l'esprit.

@ Jacques

RD comme une Ondine.

Allez, ce n'est quand même pas tous les jours qu'un GDS réveille les rêveries aquatiques des magistrats.

nicolas

Et bien, ce n'est pas si fréquent de vous voir aussi proche de l'USM, même si vous semblez davantage apprécier l'action de Bruno Thouzelier que celle de Dominique Barella.

Quant à Mathurin, je veux bien parier un yacht contre un caramel mou qu'il restera en prison pour quelques années encore.

En affirmant : "sans Paulin il n'aurait pas été dangereux, il ne l'était pas avant de le rencontrer, il ne l'est plus maintenant", je trouve que son avocate ne lui rend pas trop service, car on peut très légitimement se demander combien de temps il lui faudra avant de rencontrer quelqu'un qui saura le pousser à l'être de nouveau.

Thierry SAGARDOYTHO

Que feriez-vous, M. l'avocat général, si vous étiez amené à requérir au nom du Ministère Public devant le Tribunal de l'application des peines en charge de ce dossier ? Seriez-vous pour le rejet ou l'admission au bénéfice d'une telle mesure ?

Parayre

R.D demande à N.S :

- de quelle couleur sont les petits pois ?

N.S lui répond :

- les petits pois sont verts !


R.D, fière de ses connaissances, lui rétorque :

- non ! Dans les cours d'appel, les petits pois sont rouges.

N.S :

- Bilger est donc un rouge qui, très Net, s'exprime aussi dans le bocal ! Tu es en quelque sorte garde-pêche alors ?

R.D :


- c'est un pois lourd nageant certes bien, mais pas du tout rouge - ça m'énerve du reste - qui affirme, tel Ulysse, que sous mon apparence de sirène, je suis fille de l'eau et de l'air, symbolise les abysses de l'inconscient, la confusion du rêve et, en quelque sorte, l'illusion fatale, la fascination mortelle du désir.

A suivre...

Thierry SAGARDOYTHO

Bravo M.Bilger de vous associer à la protestation polie mais ferme du Président de l'USM. Mme Dati plaide lamentablement qu'il s'agirait d'un malentendu regrettable mais chacun a compris, dans les actes comme dans les paroles, que le ministère de la Justice est devenu, dans l'esprit du Président et de sa garde des Sceaux, une sous-direction du ministère de l'Intérieur. Ce que l'on avait déjà saisi depuis le passage de M. Sarkozy place Beauvau. Mais après tout, Rachida, qui se proclame "Chef des Procureurs" et qui les convoque à son bureau (affaire Nativel) comme n'importe quel proviseur taperait sur les doigts d'un élève dissipé, ne rêve-t-elle pas finalement de disposer de petits pois dociles et en rang bien serré derrière elle ? Une question de nature génétique : existe-t-il un petit pois en chef ?

Louison

Ce que vous ne dites pas. C'est que Rachida Dati a donné le script de l'émission de Drucker et des propos du Président.

Jean-Dominique Reffait

Philippe, je note que :
1. Vous avez requis perpétuité avec 18 années de peine de sûreté et que vous avez été suivi. Vous pouviez demander plus et vous nous expliquez pourquoi vous avez gradué votre demande. Le compte y est.
2. La demande du condamné est donc recevable.
3. Si vous estimiez à 18 ans la peine incompressible (et non 22 ans qui était le maximum possible), c'est que vous admettiez la possibilité qu'au terme de ces 18 ans, la cas de Mathurin pouvait être examiné en vue d'une libération conditionnelle.
4. L'avocat de Mathurin tire les mêmes conclusions que vous : après les 18 années requises et obtenues, il est admissible de reconsidérer le cas.
5. Je pronostique simplement à 1000 contre 1 le rejet de cette première demande. Mathurin ayant effectué sa période de sûreté mais n'ayant pas entamé sa perpétuité, les juges lui demanderont sans doute d'en faire un bout...

catherine A.

@Philippe
Votre billet me renvoie en écho cette affaire que j'ai évoquée ici une fois : celle de cet homme qui a violé et tué un bout de chou de 3 ou 4 ans puis a réquisitionné son propre fils, ado, pour l'aider à enterrer le corps de l'enfant. Sauvé de la guillotine par l'abolition de la peine de mort, sans doute est-il aujourd'hui libre et j'avoue que, sans remettre en cause cette sortie inéluctable, je me demande avec inquiétude quel homme il est devenu après tant d'années de prison où assurément il fut un détenu exemplaire.
Une phrase me dérange toutefois dans votre texte "la souffrance, écrivez-vous, avait changé de camp "; mais la Justice est-elle là pour faire souffrir l'accusé ? Pour offrir la souffrance du criminel en trophée à ses victimes ? Un procès, est-ce souffrance contre souffrance ?
Vous êtes bien placé pour savoir que certains meurtriers, certains assassins, sont imperméables à la souffrance, fut-elle la leur. Cela rend-il la peine énoncée moins légitime ? Quant à la souffrance des victimes, pensez-vous qu'elle soit quantifiable ? Il en est des muettes qui ne s'éteindront jamais et qui n'ont rien à faire de celle de leur "bourreau". Ces victimes-là réclament justice pas vengeance.

olivier

Le réquisitoire a déjà eu lieu.

Le Jury a prononcé un verdict.

La peine, quoi qu'il arrive, n'est pas restée lettre morte.

L'inconsolable (et je n'écris pas "l'insoutenable", notion qui me semble perverse, car il est de l'insoutenable qu'on rappelle, qu'on détaille), l'inconsolable donc, interdit ; il tait.

Ludo Lefebvre

Il y a en effet des réminiscences qui surgissent au milieu de tel rappel. Je ne connais pas les conditions exactes d'obtention d'une liberté conditionnelle, mais je pense qu'il ne faut pas toujours voir que devant, effacer la mémoire de pauvres mamies isolées victimes de la cruauté de ces deux individus ne serait pas digne. Pour ma part, je me fiche que cet homme souffre en prison, soit réintégrable ou pas : il a assassiné froidement pour de l'argent des inconnues sans défense. L'influence bien réelle parfois a toutefois bon dos, il avait le choix de s'enfuir, de dénoncer son mentor, de ne pas participer, la peur pouvait le conduire, si elle était présente, à se sauver plutôt que participer. Il n'y eut pas qu'une fois où l'on pourrait se dire que transi d'effroi, il avait perdu son libre arbitre. L'argent taché de sang fut bien aussi dépensé par lui en coke, alcool, soirées.
C'est en voyant l'émission "Faites entrer l'accusé" sur cette affaire que j'ai appris qu'une vieille dame assassinée valait 1500 euros... drôle de société, parfois qui pourrait rattraper le cynisme d'un Paulin. Heureusement justice fut rendue et il est bon de lire que cette expression simple a encore un sens.

Cactus et la necdote

Crimes-back :
"Façon élégante de signifier que les petits pois ne passaient pas !"

je me permets donc , me connaissant , de rebondir sur monsieur Bilger et de dire alors :
" Small Pies come back ! " :
clin d'oeil aux Equals , groupe mystique d'alors et à leur :
" Baby come back "
leur seul et unique titre resté célèbre à l'époque ou sévissaient aussi les Rubettes et leur " Sugar baby love "( mais je suis certain qu'ici aussi tout le monde est déjà au parfum :-) !

sinon je viens de relire votre " Guignol et le magistrat " , ouvrage qui m'a permis de vous redécouvrir - donc :-)- dont je ne recommande pas la lecture ici hoooo puisque tout le monde l'aura déjà acheté !
Sissi !

john.reed

"j'ai envié les dangereuses certitudes des défenseurs"

Sauf votre respect, je suis sûr que beaucoup d'avocats vous envient vos tranquilles certitudes lorsque vous dites que Mathurin se situait "entre faiblesse réelle et comédie habile (et) jouait à la personne fragile", certitudes que vous avez sans doute au sujet de tous les justiciables passés devant vous.

Catherine JACOB

Je ne suis pas abonnée au Parisien donc je n'ai pas accès à autre chose qu'au résumé des articles de ce quotidien qui relatent l'affaire évoquée. Je n'ai pas lu non plus l'ouvrage écrit à partir de cette affaire par un « ex-professeur de philosophie à Enghien, aujourd'hui commerçante au centre Parinor d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint- Denis), Christiane Jumeaucourt - Nevchehirlian, une habitante d'Arnouville- lès-Gonesse, a coécrit avec le psychiatre Serge Bornstein 'l'Assassin des vieilles dames'» paru en 2004, lequel médecin paraît être connu pour ses sympathies à l'égard de la Scientologie qui est une secte pure et simple pour laquelle je n'ai, pour ma part, aucune sympathie et c'est rien de le dire.

Par conséquent, je vais me limiter à ce que j'entends de ce que vous en dites vous, qui avez eu à faire face au personnage : «Quand j'ai lu que selon elle "sans Paulin il n'aurait pas été dangereux, il ne l'était pas avant de le rencontrer, il ne l'est plus maintenant", j'ai envié les dangereuses certitudes des défenseurs. »

J'ai déja observé votre interrogation profonde à l'égard de la défense. Le diable est-il défendable ? Que penser de ceux qui entreprennent de le défendre ? A cette question d'ordre général, je répondrai tout d'abord abruptement qu'il est tout de même rassurant quelque part de constater qu'il existe des avocats qui n'excipent pas à tout bout de champ leur conscience. Mais, je vous l'accorde, le problème existe et se rattache d'une certaine façon à la problématique du mal absolu, du moins il me semble et qui, lorsque j'y pense, m'évoque en premier lieu les larmes de sang qui auraient coulé des yeux d'une statue de la Vierge pour les crimes attribués à Gilles de Rais. Autrement dit toutes choses douteuses dans leur réalité concrète, mais bien réelles dans l'ordre fantasmatique, ce qui fait aussi leur intérêt, puisque cela dit : voilà ce que sont de tels crimes, ce sont des crimes de l'ordre de l'impensable et parfois aussi de l'in-nommable, mais qui néanmoins tirent à la Vierge, mater dolorosa, des larmes de sang ! Etant bien compris que ces larmes coulent autant sur le pécheur que sur ses crimes et leurs victimes.

Dans le cas particulier, d'après ce que vous en restituez, l'avocate du libérable semble dire que son complice et acteur principal «mauvais génie ravi à la justice par une mort anticipée.» -et dont l'absence parut avoir «pesé lourd» en effet au point que nous lisons sous la plume de l'ex prof, ou étudiante, de philo citée par le résumé du Parisien et qui paraît donc avoir assisté au procès : « J'étais habitée par Paulin, il m'a fait peur.»- que Paulin aurait été le catalyseur en quelque sorte du meurtrier potentiel caché en Mathurin comme Hyde en Jekyll, et qu'une fois son maître Paulin disparu, la bête serait retournée dans l'antre des pulsions enchaînées de Mathurin, ce qui ne manque pas de susciter la question suivante : que se passera-t-il si le destin met sur la route de Mathurin un nouveau Paulin[ ou met Mathurin sur la route d'un nouveau Paulin] , autrement dit que se passera-t-il si les conditions d'une nouvelle cristallisation des pulsions meurtrières de Mathurin à l'égard de plus vulnérable que soi se trouve à nouveau réunies ? D'où cette seconde question : comment Mathurin a-t-il grandi dans sa tête et dans son coeur ? Comment a-t-il changé ? Et surtout comment peut-on apprécier le fait que Mathurin serait désormais devenu imperméable à l'influence de quelque nouveau mauvais génie éventuel ? Autrement dit encore, comment se positionne-t-il désormais vis-a-vis de ce qu'il a dû chercher à effacer quand il s'est attaqué aux sept personnes âgées [+1tentative] qu'il a assassinées ?

Il me semble que c'est là la question devant être posée aux personnes dont dépend sa libération conditionnelle, autrement dit à laquelle devra répondre le Tribunal d'application des peines auquel il incombera ensuite d'en assumer la responsabilité quelque réponse qu'il y jugera bon d'y apporter, et dont nous ne pouvons, bien évidemment, préjuger.

Quant à votre étrange formule «La souffrance avait changé de camp.» permettez-moi de la commenter en disant que la souffrance ne change pas de camp. La souffrance a de multiples visages visibles ou invisibles et elle ne s'efface pas du simple fait que l'autre souffre aussi, car chercher à effacer une souffrance par une autre souffrance c'est précisément ce que paraît souvent chercher à faire le meurtrier acteur de l'impensable, faire changer la souffrance de camp, et pour cela il tue et souvent atrocement. Par conséquent, je trouve dangereux que vous déclariez avoir fait changer la souffrance de camp car cela implique la possibilité pour les choses de basculer à nouveau dans l'autre sens. Je préfèrerais donc vous voir dire que vous avez fait la lumière sur de l'in-nommable et lui avez ainsi permis d'être nommé, et aussi que vous y avez mis un terme en disant à l'accusé que ce qu'il a fait n'a servi à rien eu égard à l'économie de son désir, tout en obtenant la sanction la plus juste possible de l'absurde. La souffrance est ailleurs. Pardonnez-moi de vous contredire, moi qui ne suis que la citoyenne lambda, mais c'est ce que, à tort ou à raison, je pense.

Marcel Patoulatchi

L'écart nécessaire entre le temps de la condamnation et celui de l'aménagement de la peine fait qu'il devient aisé d'oublier certains aspects de la vérité judiciaire.

Le condamné en prison à tout le temps de méditer sur ses actes, à cette vérité. Il a tout autant le temps, consciemment ou pas, d'altérer son souvenir et se donner un rôle plus tenable.

Quant à son conseil, il ne peut qu'être tenté de jouer des amnésies partielles ou totales, dès lors que l'intérêt de son client compte au-delà de la vérité judiciaire.

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