L'actualité est si riche mais si pleine de sujets dangereux pour un magistrat, que la moindre opportunité intellectuelle paisible est saisie de toute urgence. C'est comme se détourner de l'essentiel pour l'accessoire, ou prétendre oublier un chagrin d'amour en s'occupant l'esprit avec des futilités.
Pourtant, le fait que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ait estimé, le 22 octobre, que la justice française n'a pas violé la liberté d'expression, notamment celle de Mathieu Lindon et de son éditeur POL, n'est pas sans intérêt. Le premier, rappelons-nous, a écrit en 1998 un roman "Le Procès de Jean-Marie Le Pen". Selon le Monde, ce dernier y était qualifié par l'un des personnages de "chef d'une bande de tueurs" et de "vampire qui se nourrit de l'aigreur de ses électeurs, mais parfois aussi de leur sang". Ces propos ont été jugés diffamatoires par les juridictions françaises.
C'est un problème passionnant mais difficile à trancher que celui du rapport de la loi sur la presse avec l'imaginaire. Certes, dans un premier mouvement, une évidence semble sauter à la pensée mais la réflexion fait naître plus d'interrogation que de certitude.
En effet, immédiatement le bon sens ne nous invite pas à laisser un auteur se réfugier dans l'ombre de ses personnages, à l'abri de la fiction pour vitupérer des êtres réels qui peuvent se sentir directement offensés en dépit de l'indirect de la narration. Ce serait comme une supercherie, un procédé indélicat.
Mais refuser cette démarche, n'est-ce pas au fond méconnaître, qu'on aime ou non le roman, la spécificité de la littérature et du langage, qui n'informe pas mais représente ? Lorsque l'instance avait été engagée, j'avais déjà, en tant que citoyen, tenté de rassembler sur ce débat ce qui pouvait favoriser l'auteur ou satisfaire le plaignant. Au bénéfice de Mathieu Lindon dont les opinions étaient connues et la forte antipathie à l'encontre de Le Pen avérée, demeurait le point fondamental que le choix de la fiction ne pouvait être traité à la légère et que ç'aurait été, à l'évidence, un trop lourd appareil pour faire passer un bref message idéologique. Force était d'admettre - et encore plus aujourd'hui - que l'imaginaire modifiait la nature de l'insulte brute proférée par un personnage. Celle-ci devenait l'émanation de celui qui s'exprimait, pour l'incarner en quelque sorte. Même appliquée à un responsable politique existant, elle ne relevait plus, à mon sens, de la diffamation, qui aurait exigé un lien sans détour entre Mathieu Lindon et Le Pen alors que, précisément, les mots incriminés perdaient, par la grâce de cette littérature même engagée, l'intensité offensante du slogan pour s'inscrire dans un espace intellectuel inventé dont ils n'étaient qu'une part infiniment modeste et pas forcément assumée par l'écrivain. Il n'est pas neutre que Mathieu Lindon ait emprunté les voies de l'imaginaire, même pour transmettre ce qu'il pensait par l'entremise d'une création de son esprit, puisqu'ainsi, par le simple fait de ne pas l'endosser directement, il manifestait la distance et le retrait qui définissent la littérature et mettent, ailleurs, la réalité avec ses fulgurances et ses agressions immédiates, sans la douceur d'une intercession.
Cette analyse, j'en suis heureux, ne se trouve pas en contradiction avec l'opinion partiellement dissidente de quatre juges de la CEDH qui ont très justement mis l'accent sur le "grand poids" qu'il faut attacher à "la nature de l'ouvrage en question", en critiquant la position des autorités judiciaires internes, selon laquelle "il ne faut pas faire de distinction en fonction de la forme d'expression utilisée". Regrettant que la CEDH ait, dans son arrêt, manifesté une totale soumission à l'argumentation française, ils suscitent, par leur attitude pugnace et stimulante, une obligation d'intelligence et de critique qui se trouve fichée au coeur du droit de la presse et de la liberté d'expression.
Le roman de Mathieu Lindon n'aurait-il eu qu'un seul mérite, ce serait déjà celui de nous contraindre à fuir les routes faciles et les chemins tout tracés, pour nous plonger dans cet état incommode où la pensée est rétive au repos.
Dans un délicieux malaise.
Version courte :
S’agissant de l’autorité et des problèmes que son exercice connaît, il me semble que cela résulte souvent d’une confusion entre sa nature et son exercice en tant que souvent cette nature se résume au dit exercice.
Par exemple l’autorité dont traite votre billet recouvre essentiellement ses représentants en tant que ceux qui sont admis à l’exercer au prix d’une éventuelle contrainte dont les formes peuvent se révéler extrêmement désagréables à qui se retrouve un jour en position de les subir. D’où cette confusion entre ‘autorité’, ‘absence de possibilité de contredit’ ou encore ‘négation de toute contradiction’ ainsi que ‘répression’ à savoir entre ‘nature’ et ‘méthode’ et ce qui s'oppose à la méthode n'est pas obligatoirement négateur du tout.
En effet, la nature de l’autorité ne réside pas du tout dans la répression qui n’est révélatrice que d’un défaut pour elle à pouvoir se faire reconnaître, c’est-à-dire aussi à s’imposer, en quelque sorte de soi, ou encore naturellement.
La nature de l’autorité me semble a priori pouvoir être désignée dans l’authenticité, notamment l’authenticité de l’écrit et en particulier de celui qui fait loi, par exemple et selon les époques, le texte biblique, le coran, les évangiles etc.… ainsi que de l’assimilation progressive des coutumes qui organisaient le vivre ensemble d’une communauté donnée à de tels écrits, en sorte qu’à un moment donné on a eu affaire à des lois ainsi qu’en la personne de ceux qui les ont promulguées en tant que textes avec pour conséquence la mise en œuvre éventuelle des moyens de les faire respecter, et par glissement de sens, à l’autorité, ce avec une frontière parfois fluctuante selon les lieux et les époques entre l’autorité morale, religieuse et l’autorité politique.
Il me semble quelque part que nombre de problèmes épineux pourraient trouver une solution dans la reconnaissance d’une distinction entre nature et moyens ainsi que dans une réflexion sur les possibilités de les conjuguer heureusement, à savoir autrement que dans par l’emploi d’une coercition aveugle et sourde !
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 novembre 2007 à 10:15
à Véronique :
Comprenez bien : sur le fond, sur le livre de M. Pingeot, je n'en sais rien... et le corollaire de la modération, c'est d'abord la confiance qu'on peut éprouver envers des personnes qui font leur métier. Cette confiance A PRIORI me semble la base d'une société pacifiée et efficace. Et, pour des raisons qui ne sont pas toutes intellectuelles, je suis assez peu "jurys citoyens" dans mon genre...
Je n'ai pas de compétences en matière de choix d'acquisitions sinon l'envie que j'avais de vous répondre, de répondre à cette espèce de défi que vous nous lanciez là, et, partant, de poursuivre notre dialogue.
Quoi qu'il en soit, mon incompétence assumée ne m'interdit pas d'accepter votre invitation, de vous en remercier, et de la situer là où elle doit demeurer : celle d'un lecteur parmi d'autres.
Amicalement,
Olivier
Rédigé par : olivier | 28 octobre 2007 à 18:38
@ Olivier
En complément.
Je confirme. Jusqu'à présent le livre de M. Pingeot ne nous a pas été demandé par des lecteurs. Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'il ne le sera pas.
Au fond, m'opposant à ma collègue c'est aussi la motivation de mon désaccord à l'achat de ce livre que j'essaie de construire en vue d'une éventuelle demande.
Il arrive que nous refusions d'acheter un ouvrage.
Notre souci est de parvenir à une position collective que nous expliquons au lecteur. Il arrive également que le lecteur parvienne à nous convaincre de modifier notre position.
Si je me place sur un plan strictement personnel.
Ce qui me gêne dans l'acquisition du livre de M. Pingeot, c'est également l'idée, à tort ou à raison, que je me sens dans l'obligation de protéger la mère infanticide à laquelle, qu'on le veuille ou non, le livre fait référence.
Nous achetons au nom d'une collectivité.
J'ai du mal à concevoir cette collectivité comme partie prenante à l'exposition médiatique de cette femme.
D'autre part, je veux vous dire que, compte tenu de l'actualité, nous travaillons à l'amélioration de notre fonds sur le sujet des infanticides.
Je pense seulement que sur cette question il y a mieux que le livre de M. Pingeot.
Rédigé par : Véronique | 28 octobre 2007 à 08:25
@ Olivier
Si vous passez par ici, ce sera un grand plaisir de vous recevoir pour visiter notre bibliothèque et pour vous montrer notre façon de travailler. Vos appréciations nous seront très utiles.
Pour ce qui est de la prise en compte des publics, je pense très sincèrement avoir fait beaucoup depuis mon arrivée.
Sachant qu'avant cela, il y avait plutôt l'idée non pas de ne pas prendre en considération les souhaits et les besoins de nos lecteurs. Mais chez quelques-uns l'idée même de services à des publics était un concept inexistant. Les lecteurs étant plutôt perçus comme des empêcheurs de "bibliothéquer" en rond.
Maintenant, je défends toujours dans notre travail d'acquisitions le compromis. Et par dessus tout, je pense indispensables dans les équipes des profils et des personnalités très contrastés, aux expériences différentes. Les désaccords et les conflits sont nécessaires.
Alors, je l'espère.
Bienvenue à vous chez nous.
Rédigé par : Véronique | 27 octobre 2007 à 18:41
Véronique :
Je prends la question du roman de Melle Pingeot sans m'être penché sur l'ouvrage ; je considère votre défi non pas comme un "cas pratique" mais comme un "cas d'école" chimiquement pur.
L'argument "pour" l'acquisition serait celui de la modération.
La médiation du bibliothécaire ne saurait en effet être une position d'autorité pure. Elle doit forcément se coltiner un peu les attentes du public - ce qui ne la réduit pas à cela non plus.
A la "défaite de la pensée" ne doit pas suivre comme dans un duo infernal - l'un appelant l'autre - le "triomphe" de celle-ci. Dans le "ma foi, s'ils aiment ça" il n'y a pas qu'une capitulation, mais au contraire un sentiment aigu de soi, un soi qui se limite.
En clair, je vous invite à lire Finkielkraut moins comme un "Fumarolien" si j'ose dire que comme un "Lévinassien".
Rédigé par : olivier | 27 octobre 2007 à 11:09
John_G
«Je vous ai regardé ce soir dans l'excellente émission de M. Taddeï sur F3. Je vous ai trouvé tellement caricatural que je n'ai pas cru que c'était vous. Vous n'avez quasiment rien dit pendant l'émission pour conclure par cette sentence sur les "deux philosophies" qui me semblait tout à fait dérisoire.»
Au sortir d'une assemblée générale = prise de tête je me suis endormie devant M6, mais je vois que j'ai manqué quelque chose. Qu'est-ce que vous avez contre les philosophies et quelle est la sentence que vous évoquez ?
«La question est de savoir ce qu'un livre peut ou ce qu'il ne peut pas pour nous.»
Alors là je vous approuve tout à fait [voyez je ne suis pas rancunière] Un jour il y a bien longtemps une BD a sauvé ma raison laissée momentanément en plan par la philosophie, j'ai donc renoué avec ce genre et depuis j'adore toujours les BD mais bon c'est difficile à citer sans l'image !
catherine A.
«La preuve, je vais acheter le bouquin de Lindon.»
Vous n'allez pas l'emprunter à Véronique ?
«je fais depuis pas mal de temps déjà un grand détour:-)»
Prenez la ligne de crête vu que :« Un jour au fond d'un vallon....» -Voltaire-:-)
Rédigé par : *** et deux fourchettes | 26 octobre 2007 à 14:58
Nous vous avons regardé et écouté avec plaisir hier soir même s'il était souvent difficile d'en placer une. Les contraintes du temps de parole à l'antenne font que le sujet est bon mais le public non initié se lasse de discours trop longs et trop compliqués. Heureusement, il y a ce blog pour approfondir la réflexion.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 26 octobre 2007 à 12:37
Je suis 'à la bourre' mais :
j'ai une question en apparence plus ou moins hors sujet par rapport à la thématique du billet du jour mais d'une actualité brûlante concernant l'institution judiciaire en Lorraine. Merci de permettre à quelqu'un de me répondre éventuellement.
Qu'est-ce que le garde des Sceaux fait à Nancy aujourd'hui pour expliquer sa réforme alors que :
1- La capitale régionale de la Lorraine c'est METZ du ressort de la cour d'appel de Metz donc et où se trouvent et le Conseil régional de Lorraine et la Préfecture de la région lorraine ?
2- la majorité des tribunaux listés en vue d'une suppression sont en Moselle [Chef lieu Metz] et non pas en meurthe-et-moselle [ Chef lieu Nancy] ni dans les Vosges ou dans la Meuse [ ressort de la Cour d'appel de Nancy], qui plus est dans cette partie de la Moselle qui intéresse encore le droit local ?
3- Pourquoi mettre en avant ce matin à la une de l'actualité régionale le fait que les avocats de Sarreguemines auraient sauvé leur tribunal dès lors que ce dernier me figurait pas sur la liste connue ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 octobre 2007 à 12:29
«Mais refuser cette démarche, n'est-ce pas au fond méconnaître, qu'on aime ou non le roman, la spécificité de la littérature et du langage, qui n'informe pas mais représente ?»
Là vous avez raison et c'est même là le point vue selon lequel la ligne de défense mise en oeuvre par Alain Robbe-Grillet à propos de son dernier roman est tout à fait tenable. Les moyens employés par son éditeur de façon à affirmer cette spécificité sont d'ailleurs tout à fait significatifs à cet égard ! Il s'agit pas d'attenter à ni d'inciter à, mais de représenter un univers intérieur sur le plan strict de l'imaginaire.
«"il ne faut pas faire de distinction en fonction de la forme d'expression utilisée". »
Toute la question me parait être a priori des moyens donnés à l'auditeur ou au lecteur de faire la différence, notamment en ce qui nous occupe ici entre une accusation portée contre des personnages reéls sous quelque forme que ce puisse être et le jeu fictionnel lequel ne doit pas servir de paravent à l'apostrophe politique mais constituer l'armature même du roman ainsi que sa finalité [ intentionnalité]. Autrement dit personnellement je suis pour lever la visière de mon heaume lorsque le contexte s'y prête, plutôt que de dissimuler l'haleine fétide et/ou brûlante du Dragon derrière mon éventail, vu que 'la fiction du politique' et la politique du et dans le fictionnel sont à distinguer absolument dans l'ordre démocratique... Autrement dit encore, il s'agit non pas d'abolition mais de restauration de la fonction critique.
«l'un des personnages de "chef d'une bande de tueurs" et de "vampire qui se nourrit de l'aigreur de ses électeurs, mais parfois aussi de leur sang". »
C'est là où effectivement le recours au nom propre pose sans doute problème sur le plan de l'injure publique, vu que le terme de 'tueur' ne recouvre pas une qualification avérée mais un profil psychologique présumé. Le vampire lui est totalement fictionnel et imaginaire en tant qu'employé au sens propre et qu'il -se nourrit de l'aigreur - donc admissible-,en revanche le second cas est plus problèmatique vu que l'on n'est plus dans le domaine du fictionnel mais du métaphorique. L'aigreur en effet est une abstraction tandis que le sang semble ici du concret. D'où je pense que je vous comprends sans doute plus ou moins lorsque vous dites éprouver un « délicieux malaise.» mais bon, le contexte de l'ouvrage me manque dans le cadre de ce billet pour débattre plus avant.
Ludo Lefebvre
«Pourrais je faire légalement un roman où j'ouvrirais le ventre de Strauss-Kahn, jouerais au bilboquet avec la tête de Fabius, m'essuierais les pieds sur la dépouille de Jack Lang, violerais Ségolène Royal ? »
Là est en effet l'endroit ou le bât blesse: le recours au nom propre de personnages publics [toujours en vie donc il ne s'agit pas d' attentat à leur mémoire ] et même toujours en activité et appartenant à la même famille politique, d'où une possible suspicion de recours détourné à la forme du débat pour y aller subrepticement d'un petit coup de lynchage symbolique. Mais là est aussi ce qui vous sauve: l'ordre symbolique. On comprend bien que de telles horreurs n'entrent aucunement dans vos intentions quant à un éventuel passage à l'acte, et que vous n'appelez pas non plus à l'attentat. Ceci étant, je ne m'étendrai pas sur le sort que vous imaginez de façon tout à fait hypothétique certes, mais tout de même, réserver à Madame Royal... qui me paraît placer le fantasme sur un plan différent de celui du recours au langage de la chasse destiné à stygmatiser l'adversaire politique, et qui en tant que ce type d'adversaire le présume asexué ou neutre du point de vue sexuel: [ ouvrir le ventre de la bête présumée et présumée attrapée, jouer avec des parties du corps démembré de la victime, jeu d'adresse mais genre auquel appartient aussi bien la devinette - à l'aide du brechet de oiseaux - ou le jeu sportif - Bouzkachi afghan -, entreprendre une opération magique sur la base de sa dépouille etc... C'est pourquoi je pense que si de façon indubitable vous ne tombez sous le coup d'aucune infraction possible concernant deux des quatre objets fantasmatiques publiquement exposés - mis au pilori langagier!-, concernant les deux autres [ fantasme sexuel et intentionnalité s'exerçant dans le cadre du double magique], en revanche ça se discute... La solution se trouvant à mon sens dans le rituel de Carnaval qui autorise votre transgression, et ne sommes nous pas dans la proximité d'Hallowen... [ Sous réserves de, comme dit Sbriglia, «ne pas me permettre de polémiquer avec l'ancien substitut de la 17ème chambre,» ]
Je n'ai pas lu tous les commentaires encore, car ce matin je suis un peu 'à la bourre' comme on dit.
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 octobre 2007 à 11:16
@ Ludo, vous n'étiez pas visé of course par ma métaphore pauvrette.
Rédigé par : catherine A. | 26 octobre 2007 à 10:58
John G
"comme si vous essayiez, après quelques billets critiques, de vous rattraper aux yeux de la garde des Sceaux. Vraiment étrange."
Pas tant que ça.
Philippe Bilger ne peut pas être à vie que "le haut magistrat" qui a dit que RD...
Utilisant sa liberté de parole, il a aussi eu le courage d'assumer le risque de n'être compris que comme cela. Ce qui n'est pas rien.
Enfin, ses appréciations sur RD ne demandent qu'à être contestées. Lui, je pense, en premier, le souhaite.
Certains, ici, qui ne partagent pas ses positions sur RD, dont moi-même, ont fait de leur mieux pour les lui contester.
Rédigé par : Véronique | 26 octobre 2007 à 10:32
"Je tenais simplement à vous dire que vous m'avez beaucoup déçu ce soir,
.......... comme si vous essayiez, après quelques billets critiques, de vous rattraper aux yeux de la garde des Sceaux..........
Vraiment étrange.
nous conte John_G plus hooo là là !
suis-je à ce point sot
pour ne point avoir
des pensées telles les vôtres
ayant de mes propres yeux
vu le même écran
- en moins grand peut-être - ?
votre commentaire tout en n'étant pas d'accord nous rapproche d'OK Corral et ses tristes règlements , là , non ?
coté z'yeux , je suis un 4 Z'yeux comme on me dénommait lors de mon séjour à Bora Bora il y a d'illustres lustres : peut-être pour cette raison , alors ? :-)
Rédigé par : Cactus pas O.K et une chorale . | 26 octobre 2007 à 09:56
à en lire ici certaines voire certains , plutôt un compliment pour monsieur Bilger , non , suite à son " non show " télé sur FR3 hier soir chez M. Taddeï :
monsieur Bilger , restez comme vous êtes !
ne devenez jamais un " chaud man qui s'agite juste pour faire croire qu'il peut tout agiter sur son beau " plateau télé irréelle d'urgent content " si scoop y tonne que chez lui" ( jamais scopitone comme avant ) en vrai ou faux direct , juste uppercut voire parfois K.O ,
" un show-man télé irréalité " !
tous ces Guignols télévisuels - si loin de JC Averty de la Grande époque :
JE " LES " abhorre !
ici , chez VOUS - en VOTRE auberge :
on VOUS
" adore " !
juste pour ce que vous dites ,
ce que vous êtes ,
(ce que vous avez déjà fait
dans la vraie vie aussi )
entre autres un homme fidèle à ses idées , c'est si rare :-(
je ne suis qu'un de vos humbles lecteurs d'ici hooooooooo là là ;
jusqu'à ce jour , aucun bahhhhhhhhhh , je vous le jure :
merci à vous et surveillez votre gauche et votre droite car " fais pas bon être comme vous " de nos jours ou l'anecdotique et le banal sont rois !
pour conclure :
mon pov' Zébu ,
y sont tous devenus fous !
bien à vous
j'avoue !
( sans me confesser ,
quand même :-)
ps voire ump : j'ai beau essayer , je n'arrive pas à faire aussi long que les reines et rois de ce blog !
- peut-être parce que je suis né Garçon Abscon , quelle belle région :-)
Sissi !
Rédigé par : Cactus même pas groupe "I" ni mains rouges | 26 octobre 2007 à 09:43
Excusez-moi, Catherine, je n'ai pas su y voir votre touche de malice, mais aussi par quel miracle pourrais-je savoir ce qu'un autre être humain sait et ignore ?
Je ne suis moi-même pas très citation en dehors de chaque ouverture de chapitre de mes livres, car j'aime ce résumé venu d'ailleurs et l'esthétique de ce "blason" en en-tête. Il vaut mieux prendre le risque de penser par soi, quitte à se tromper de temps à autre que de n'être plus qu'un archiviste de la pensée. C'est un peu ce que je reproche aux intellectuels contemporains, ils nourrissent leur raisonnement de pensées qu'ils ne cessent de citer, certes ceci remplit aisément un livre, mais où est la réflexion propre là-dedans, la magie née de l'affect et du constat, la trouvaille ?
Il vaut mieux un jardin d'herbes folles dont nous sommes le propriétaire, qu'un jardin à la française dont nous ne sommes au mieux que le locataire, je suis donc bien d'accord avec vous... une fois de plus. Mais je vous aime bien et j'aime bien nos désaccords (non, Véronique, je ne me crois pas sur meetic) !
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 26 octobre 2007 à 04:05
M. Bilger,
D'habitude, même si je ne crois pas partager les mêmes convictions politiques que vous, j'apprécie vos avis, souvent tranchés.
Je vous ai regardé ce soir dans l'excellente émission de M. Taddeï sur F3. Je vous ai trouvé tellement caricatural que je n'ai pas cru que c'était vous. Vous n'avez quasiment rien dit pendant l'émission pour conclure par cette sentence sur les "deux philosophies" qui me semblait tout à fait dérisoire.
Pourtant, au-delà de certains arguments fallacieux, notamment de la part de l'avocate en face de vous, il me semble que les remarques balancées de l'un de vos voisins méritait mieux que les commentaires que vous en avez fait.
Je tenais simplement à vous dire que vous m'avez beaucoup déçu ce soir, comme si vous essayiez, après quelques billets critiques, de vous rattraper aux yeux de la garde des Sceaux. Vraiment étrange.
Rédigé par : John_G | 26 octobre 2007 à 02:46
Bonsoir,
Il est 23h31... J'étais bien inspirée de zapper...
Ce soir, je vous regarde et vous écoute :)
Y va y avoir du sport sur le plateau !:)
K.
Rédigé par : Parisot Catherine | 25 octobre 2007 à 23:43
"@cactus
Vous allez trop au cinéma !
ce n'est pas Vincent mais Mathieu !
Rédigé par : sbriglia"
c'est vrai puisque ma bien aimée depuis maintenant 35 ans est exploitante à plein temps (ne manquez pas" Le fils de l'épicier" d'Eric Guirado au fait)
je vous rassure :
"Je vous pardonne volontiers.Personne n'a été le Lindon de la farce!"
ceci n'est pas de moi ! :-(
je vous le donne pour Emile : DE QUI ?
j'ai juré de ne point le dire alors vous ne le saurez jamais !
je jure de ne pas dire toute la vérité, pas que la vérité :-)
Rédigé par : Cactus un peu d'Inde . | 25 octobre 2007 à 21:59
@sbriglia
Je l'ai déjà dit, je suis un peu basse de plafond ; du coup l'humour de votre post m'a échappé.
@Ludo
En fait j'avais pris le parti d'ignorer Voltaire, réaction un peu infantile pour dire mon ras-le-bol du déferlement de citations auquel nous avons droit... enfin, vous avez droit, car moi ne voulant pas me laisser embarquer, je fais depuis pas mal de temps déjà un grand détour
:-)
Rédigé par : catherine A. | 25 octobre 2007 à 20:07
@ Catherine A
"... Et puisqu'on n'échappe pas à la médiation, puisque la littérature est décidément toute-puissante, la question est de savoir à quelle bibliothèque on confie son destin. " (A. Finkielkraut - Ce que peut la littérature)
Mon propos n'est pas celui du bon ou du mauvais écrivain.
La question est de savoir ce qu'un livre peut ou ce qu'il ne peut pas pour nous.
"le seul talent donnerait des droits. Outre que ce talent est très relatif... "
Je ne peux me résoudre à l’idée que la liberté d'expression ne serait que l'idée, au nom de la liberté d’expression, de mettre sur un plan d'égalité le tout, le rien, le grand, le petit, le remarquable, le quelconque.
Dans mon métier, tous les jours je suis obligée avec mes collègues, ensemble, d’opérer des choix de livres.
Si j’ai parlé du livre de M. Pingeot, c'est parce qu’aujourd'hui nous n’étions pas d’accord entre nous pour l’acquisition de ce roman.
J'ai fait valoir mon opposition avec ce que j’ai exprimé dans mon premier commentaire. Et en demandant à ma collègue qui souhaite l’achat du Pingeot de me convaincre.
Hum,... si possible, en évitant l’argument de la liberté d’expression et du talent qui, somme toute, serait très relatif.
Elle va y réfléchir.
A suivre...
@ Philippe
Même que l’exercice du commentaire dans votre blog, parfois, il trouve des applications dans la vie de tous les jours.
Rédigé par : Véronique | 25 octobre 2007 à 19:59
Catherine A,
C'est Voltaire que vous avez cité (je ne suis pas....)
Je pense que le marxisme en France n'a pas fait d'autres dégâts que ceux de la manipulation idéologique, la vérité travestie, l'histoire pervertie... C'est déjà beaucoup, il est vrai, nous nous passerions bien du tissu de fausses vérités contemporain et encore, il s'agit plus de trotskistes et de maoïstes que de communistes purs et durs. Ceci nous amène d'ailleurs à nous interroger sur la personnalité d'un pays puisqu'une même idéologie ne trouvera pas la même application en Russie, en Chine, en Italie ou en France. Peut-être, ne sommes nous pas si mauvais ? Enfin, je suis convaincu que Marx en tant que tel a apporté aussi beaucoup de bon, ce qu'il en fut fait souvent n'est que de la mauvaise récupération à des fins loin de l'humanisme du grand philosophe.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 25 octobre 2007 à 18:10
Olivier et Sbriglia,
Vous m'avez mal lu ou je me suis mal exprimé, j'ai dit que je n'étais pas intéressé par ce genre de prose qui surenchérit dans la vulgarité, la violence pour se donner un genre marginal qui n'en n'a plus que le nom tant il est répandu.
Si vous avez vingt euros de trop, vous aurez bientôt l'occasion de me lire et vous verrez que mes écrits sont à cent mille lieux de cette facilité que j'abhorre. Je me suis juste demandé si il était possible d'écrire dans l'outrance vis-à-vis d'un personnage politique autre que Le Pen, j'ai pris le ton de la caricature tant je trouve caricaturaux les auteurs comme Lindon.
Quant à une justice plus sévère... Je ne suis pas pour, je suis pour une justice qui ne soit pas appliquée que sur l'émotionnel et qui ne fasse pas du tout répressif pour les pauvres et du tout indulgent pour les riches. Je suis pour une justice qui serait appliquée en l'état tout simplement où l'excuse de quartier comme de col blanc n'aurait pas à citer, une justice pour tous dans un espace commun qui se glorifie de l'égalité, de la fraternité et de la liberté sur son fronton n'est pas trop demander, n'est pas une possibilité de totalitarisme, me semble-t-il.
Si je n'ai qu'un conseil à vous donner Olivier, c'est d'apprendre à lire ce qui est écrit et non ce que vous avez envie qu'il soit écrit.
Par ailleurs ce que j'écris par jeu, par provocation, pour susciter une réaction parfois n'est pas un élément de ma personnalité.
Excusez-moi de vous décevoir, mais je ne lis pas Rebatet au petit-déjeuner (quoi qu'il ait une prose brillante, paraît-il), je n'ai pas d'insignes nazis cachés dans le tiroir de mon secrétaire, je n'écorche pas de chats, je ne pratique pas de jeux sado-masochistes, je suis horriblement ordinaire loin de l'artefact malade que vous semblez vouloir faire de moi, mais il est vrai que dès que l'on ne pense pas conventionnel, nous sommes sensés être dérangés mentalement.
Sbriglia, j'accepte avec plaisir votre invitation.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 25 octobre 2007 à 17:53
"certains ici apprécient Houellebecq qui n'est pour moi qu'un affreux frustré faisant des phrases" a écrit Catherine A.
...on l'invite sur le blog ?...
Rédigé par : sbriglia | 25 octobre 2007 à 17:29
@Pierre-Antoine
Serge july a été condamné en même temps que Lindon et son éditeur P.O.L.
Quant au respect des sources que vous évoquez il fait partie de la Charte des Journalistes rédigée par la professions et heureusement ! C'est une condition essentielle à l'exercice de ce métier. Faute de cette protection, la police pourrait obtenir les coordonnées de toutes les personnes rencontrées par un journaliste. Imaginez ce que cela peut donner dans un pays totalitaire, et pas seulement. Un exemple parmi tant d'autres : lorsque l'avortement était interdit, de nombreuses journalistes ont publié des témoignages de femmes qui s'étaient fait avorter dans des conditions souvent terribles. Sans cette fameuse protection des sources, ces femmes auraient pu être poursuivies et condamnées.
Cela dit et l'actualité le montre régulièrement, les tentatives et les tentations de la remettre en cause sont nombreuses.
@Véronique
En comparant Olmi et Pingeot vous posez, me semble t'il le problème du "bon" et du "mauvais" écrivain. Si je vous ai bien comprise, le seul talent donnerait des droits. Outre que ce talent est très relatif (certains ici apprécient Houellebecq qui n'est pour moi qu'un affreux frustré faisant des phrases), je crois que ce qui est en cause dans cette affaire est tout simplement la liberté. Tous les artistes y ont droit ; les "bons" comme les "mauvais". Libre à vous, ensuite, de n'écouter/lire/regarder/ que ceux qui vous semblent les "bons".
Rédigé par : catherine A. | 25 octobre 2007 à 15:40
@cactus
Vous allez trop au cinéma !
ce n'est pas Vincent mais Mathieu !
@Ludo
Olivier n'a pas tout à fait tort...
Venez prendre le soleil dans le Var, laissez le gris au vestiaire... en toute amitié !
Rédigé par : sbriglia | 25 octobre 2007 à 14:43
Juste soutenir le point de vue de Véronique sur "Bord de mer".
Rédigé par : olivier | 25 octobre 2007 à 13:39
" Mais refuser cette démarche, n'est-ce pas au fond méconnaître, qu'on aime ou non le roman, la spécificité de la littérature et du langage, qui n'informe pas mais représente " ?
Je pense que si à la lecture du livre de M. Lindon, on lit JMLP, on ne voit que JMLP à travers son personnage, alors ce roman - que je n’ai pas lu - est un échec littéraire.
Votre note me renvoie aux polémiques suscitées par l’utilisation que font les romanciers des faits divers.
La littérature est un filtre. Non au sens où elle gommerait les aspérités, les duretés et le brut du réel. Mais parce qu’au contraire, la littérature les révèlent et les "médiatisent" (au sens premier du terme).
Quand Mazarine Pingeot publie son livre qui serait inspiré par des infanticides, on ne pense qu’à la mère infanticide de Touraine.
Ce n’est même pas de l’information. Un journaliste, même dans le plus sommaire et dans le plus emmuré dans des faits réels, ferait mieux.
Quand Véronique Olmi écrit Bord de Mer, un roman où il est aussi question d‘infanticides, elle accompagne son lecteur dans quelque chose qui lui fait entrevoir l’abîme de ces crimes.
V. Olmi s’est inspiré d’un fait divers. A aucun moment, le lecteur n’éprouve ni le besoin, ni l’envie, ni la curiosité trouble de savoir à quel fait divers ce livre est rattaché. Son roman a acquis sa propre autonomie.
Quand on a lu le livre d’Olmi, c’est notre regard sur les humiliations de l’exclusion et de la pauvreté qui s’est transformé. Quelque chose nous a été enseigné. Et ce quelque chose n’a nullement besoin de s'ancrer dans un visage et dans une identité.
J’ai fait ce détour par une autre actualité littéraire. Mais je pense que je suis, malgré cela, dans le sujet de votre note.
Rédigé par : Véronique | 25 octobre 2007 à 13:07
Je vous lis après avoir rédigé un commentaire de cette - désolante ! - décision de la Cour européenne des droits de l'homme (lien ci-dessus).
Vous avez raison de souligner l'attitude "pugnace et stimulante" des juges en dissidence : l'important en effet, en matière de liberté d'expression, est de nourrir le débat public. Et si l'arrêt est décevant, les réflexions de ces quatre magistrats sauvent, en les rappelant, les principes fondamentaux de la matière...
Rédigé par : pf | 25 octobre 2007 à 12:48
@Philippe
Heureusement que la vie est pleine de futilités... Cela dit je ne suis pas sûre que parler de la création artitisque et de ses éventuelles limites soit si futile que ça, je pencherais même pour le contraire.
Par contre le débat sur le vrai-faux roman ou le faux-vrai roman, sur les frontières floues entre réalité et fiction me parait secondaire. C'est de toute la création littéraire et artistique qu'il doit être question.
Je le fais court mais qui trouverait normal aujourd'hui de
caviarder la moitié du journal des Goncourt, de ne pas avoir le droit de voir l'Olympia de Manet qui fit tant scandale.
Et aujourd'hui, faut-il accorder à des associations de vertu le droit de poursuivre ce vieux cochon libidineux et sans talent (cela n'engage que moi) de Robbe-Grillet ou cet autre "écrivain" dont la notoriété ne serait pas grand-chose s'il n'y avait ce goût prononcé pour les très jeunes filles, faut-il censurer Angot alors que le succès de son livre ne repose que sur ses amours avec un amant banquier et fort bien marié dont le Tout-Paris a fait des gorges chaudes, au risque de leur donner une publicité qu'ils n'auraient jamais eue. Un argument qui à lui seul suffirait à me faire remettre mes ciseaux dans le tiroir si j'avais des vélléités de censure.
En fait au delà de l'art, c'est de la liberté d'expression qu'il s'agit. Faut-il rappeler que ce sont les démocraties qui la permettent et les régimes totalitaires, de droite ou de gauche, qui la restreignent. Au passage Ludo, les régimes marxistes ont fait plus de dégâts que cet entrisme marxiste qui vous irrite tant.
Je ne sais plus qui a dit "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire". Je fais mienne cette profession de foi et je comprends Noam Chomsky qui défend le droit des négationnistes à réécrire l'histoire.
Essayer de convaincre en expliquant sans relâche, en démontrant, est souvent plus efficace qu'interdire.
La preuve, je vais acheter le bouquin de Lindon.
Rédigé par : catherine A. | 25 octobre 2007 à 12:44
Personnellement, j'admire plutôt ces magistrats capables de motiver leurs décisions sur d'aussi infimes "détails".
C'est magnifique de tout l'art consommé de dire la justice au nom des peuples !
Bref : toujours autant splendide...
Quelle que soit la décision, finalement !
Rédigé par : Infreequentable | 25 octobre 2007 à 11:12
Don Lorenjv a écrit "Imaginons un journaliste qui citerait les propos incriminés. Imaginons également qu'il souhaite protéger ses sources et ne livre pas ces "personnages".
Cela me permet de poser la question au spécialiste du droit que vous êtes Mr. l'Avocat Général, de savoir sur quelle loi ou quel article de quel code un journaliste s'appuie-t-il pour "protéger ses sources" ?
Bien sûr d'autres commentateurs du blog peuvent répondre s'ils connaissent la réponse.
Merci par avance de votre (vos) réponse(s).
Cordialement,
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 25 octobre 2007 à 10:48
Rappelons que le contexte du roman est une confrontation au cours d'un procès de droit commun et que, par construction, un procès suppose des témoins qui expriment des opinions à charge et à décharge. Les propos jugés diffamatoires viennent dans la bouche d'un témoin qui, à partir d'un fait divers et recherchant les motivations de l'accusé, exprime son opinion sur le contexte politique. D'autres témoins tiennent des propos différents. La notion de procès implique l'expression publique de propos désagréables.
Les justices françaises et européennes viennent donc de dire clairement qu'un procès ne peut être un sujet de fiction. En effet, si les propos reprochés avaient été tenus au cours d'une véritable audience et relatés par la presse, il n'y aurait pas eu diffammation mais compte-rendu d'audience. Les juges n'admettent ainsi la mise en fiction de la justice que lorsque tout, non seulement la cause mais surtout les contextes, est imaginaire et désincarné.
C'est donc une vraie limitation à la liberté d'expression qu'une décision qui prétend interdire toute référence à un contexte social ou politique réel dans une fiction, quand bien même s'exprimerait-elle dans le cadre contradictoire d'un procès fictif. En effet, le roman de Lindon est subtil et n'hésite pas à valoriser Le Pen pour en déchiffrer les contours.
Et puis je m'amuse de cette mise en abîme de la justice : le vrai tribunal qui juge un tribunal fictif, les vrais juges qui condamnent leurs images...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 25 octobre 2007 à 09:54
Il reste pour moi un bon acteur à tics parfois c'est vrai, mais sans Toc !
quelques excellents rôles pleins de pudeur et pas qu'intérieur !
( en fait je ne mâle traite que la face cachée de votre "fil" - le subliminal (? - puisque je ne connais absolument pas celui consterné ici, d'après certains !)
Rédigé par : Cactus vint sans oreille là . | 25 octobre 2007 à 09:50
Ludo Lefevre : je ne sais pas si vous auriez le droit de faire un roman sur les perspectives que vous évoquez ; je constate seulement votre prose ici, de contributions en contributions, est sanglante. Dans quel recoin de votre esprit allez-vous donc imaginez les perspectives que vous évoquez ? Sombre imagination que la vôtre !
Je constate aussi que cette attirance pour le sang va de pair avec un appel permanent à toujours plus de "sévérité".
Rédigé par : olivier | 25 octobre 2007 à 09:04
Imaginons un journaliste qui citerait les propos incriminés. Imaginons également qu'il souhaite protéger ses sources et ne livre pas ces "personnages".
Le journaliste serait peut-être condamné pour diffamation, mais le bruit des boucliers levés couvrirait bien vite ce jugement.
Qu'est-ce qu'un auteur, sinon le rapporteur d'une musique intime que lui chantent ses personnages ? Il protège ses sources, puisqu'elles lui sont intérieures. Mais il n'y a guère que d'autres auteurs pour brandir et soutenir.
Ce malaise n'a pour moi rien de délicieux.
Rédigé par : Don Lorenjy | 24 octobre 2007 à 23:21
Heu, là j'ai pas tout compris...
Matthieu qui ?
il aurait écrit un livre qui aurait défrayé la chronique le siècle dernier ? Et l'Europe aurait discrédité la justice française ?
Houlala elle doit pas être contente Madame la Justice...
Mais n'est-ce pas là justement, ce que vous disiez en début de votre billet, l'exemple parfait de l'accessoire qui cache l'essentiel...
ça me fait penser à la coupe du monde rugbalistique qui aurait drainé 16 millions de téléspectateurs français devant leur poste de télé...
ça c'est l'accessoire qui cache l'essentiel : 44 millions n'ont pas été intéressés. 7 français sur dix n'ont pas été scotchés devant la lucarne... pourtant quand ils ont acheté leurs denrées alimentaires ou leurs biens de consommation, ils ont payé le budget de la pub que les fabricants et autres fournisseurs n'ont pas manqué de répercuter sur l'étiquette.
Pour en revenir à Matthieu, combien de Français avaient entendu parler de lui ?
L'accessoire pour lui fut JM LePen qui lui a servi de faire-valoir.
Ceci dit, je fait partie de la majorité des Français qui n'ont pas voté pour lui.
Cordialement,
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 24 octobre 2007 à 22:23
" les mots incriminés perdaient, par la grâce de cette littérature même engagée, l'intensité offensante du slogan pour s'inscrire dans un espace intellectuel inventé dont ils n'étaient qu'une part infiniment modeste"
Je ne me permettrai pas de polémiquer avec l'ancien substitut de la 17ème chambre, n'en ayant pas les compétences... qu'il me soit permis toutefois de déceler dans vos propos quelque hypocrisie : les mots sont redoutables, issus de libelles, de journaux, de romans ou de plaidoiries... croire que la vertu "purificatrice" de l'imaginaire pourrait les faire bénéficier de l'immunité me paraît relever d'une certaine déférence inadéquate pour l'écrivain au détriment du journaliste... la prose de Céline ou celle de Brasillach, celle de Mein Kampf, recèle autant de poison, que le texte soit broché ou non... Qu'en aurait pensé d'ailleurs l'avocat général Lindon, s'il avait eu à requérir ?...
Accorder à l'imaginaire du roman le privilège de passer outre les fourches caudines de l'injure et de la diffamation serait, à mon sens, une régression...
Que penser par ailleurs de cette curieuse particularité qui permet à des Juges - dont le Président ! - d'exprimer leur dissidence et de violer ainsi le secret des délibérations ou la solidarité juridictionnelle ?...
Non, vraiment, je ne puis partager vos réserves, aussi subtilement exprimées soient-elles.
Rédigé par : sbriglia | 24 octobre 2007 à 21:08
C'est une des nombreuses possibilités de la fiction, je n'ai rien contre un détournement de la réalité pour un mythe, à condition que le mythe ne vienne se substituer à la réalité ensuite. C'est là que nous rencontrons la difficulté parce que les méthodes de désinformation et d'entrisme marxistes sont particulièrement efficaces dans cet exercice. Je n'aime pas les sujets faciles, les terrains défrichés par avance. Je fus pris du mythe fait réalité et j'ai longtemps partagé cette haine de convenance à l'égard de Le Pen jusqu'à ce que je me rende compte de qui étaient les détracteurs les plus acharnés de cet homme politique qui n'inspiraient guère plus de confiance et que je décide d'"enquêter", de me faire une opinion propre et effectivement, bien que je ne partage pas quelques positions, je me suis rendu compte qu'il était loin de l'Hydre, le cerbère, Méduse, Hitler et autres monstres. Il a, le cas échéant quelques discours qui m'ont frappé de par leur réalisme, Sarkozy aussi apparemment. Il y a des moments où je pourrais tenir des arguments quelle que soit leur impopularité parce que je les crois justes et qu'il est mauvais qu'ils soient tus.
Pour revenir au coeur du sujet, j'imagine mal ce genre de fictions sur Guevara, Trotski, Cohn-Bendit, Lévy ou Mitterrand qui ne soulèveraient pas un tollé général. La facilité, toujours cette facilité répétitive qui pollue notre quotidien, est là bien ancrée.
Le Pen fut un âne d'avoir participé à cette curée à son égard, à avoir servi de programme à une absence de programme pendant des années. De Gaulle avait en son temps préparé l'instauration du comte de Paris, lorsqu'il s'est rendu compte des amitiés de ce dernier, il a su faire à raison demi-tour , il y a des voies qu'il faut savoir ne pas ouvrir.
Pourrais je faire légalement un roman où j'ouvrirais le ventre de Strauss-Kahn, jouerais au bilboquet avec la tête de Fabius, m'essuierais les pieds sur la dépouille de Jack Lang, violerais Ségolène Royal ?
Je ne sais pas... et ceci n'est pas mon intention, tant c'est une autre facilité. C'est ce que je reproche également à l'ouvrage de Littel.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 24 octobre 2007 à 20:13