Une tristesse. Une déception. Une crainte. Un espoir. Une bonne surprise.
Depuis hier jusqu'à aujourd'hui, la vie m'a fait passer par toutes les couleurs de l'humeur.
Une tristesse. Je viens d'apprendre la mort de la journaliste Catherine Erhel. Je ne l'avais plus revue depuis quelques années mais comment oublier sa délicatesse d'esprit, son honnêteté intellectuelle, cette ironie douce et tendre qui donnait un charme infini à son être ? La voir revenir dans l'information, qu'elle aimait tant, pour que seulement sa fin nous soit connue, est terrible.
Une déception. Ainsi, le projet de loi pénitentiaire si nécessaire et urgent ne sera même pas débattu en 2007, si j'en crois le Monde. Je me prends à songer que l'organisation parlementaire est étrange qui tient compte sans doute de mille données mais peut-être pas assez de l'indiscutable. En 2008, ce sera bien tard alors que la sévérité carcérale, que les peines planchers imposent, n'a de sens qu'accordée à des prisons rénovées sur tous les plans. Dans le même mouvement.
Une crainte. Le Conseil national des barreaux et la Conférence des bâtonniers sont vraiment très doués pour la négociation. La réforme de la carte judiciaire est fondamentale au regard du bien public. Il n'empêche que ces organisations parviennent à se faire consoler pour ce qui est nécessaire. Elles obtiennent des compensations financières et, mieux, alors qu'elles n'ont pas une très haute idée du magistrat, elles bénéficieront d'une plus grande facilité d'intégration dans la magistrature pour les avocats qui le souhaiteraient. Attention, le métier de magistrat n'est pas un hochet qu'on peut brader et si le conseil qui a réussi est une chance pour nous, celui qui viendrait seulement percevoir sa prime de rattrapage ne serait pas le bienvenu.
Un espoir. Hier, la tonalité très positive de l'audience disciplinaire consacrée à notre collègue Renaud Van Ruymbeke m'a frappé. Que le 20 novembre le Conseil supérieur de la magistrature ose aller jusqu'au bout de cette logique d'empathie et de compréhension ! Qu'on échappe à la réprimande pour l'élève récalcitrant au bénéfice d'une absolution qui ne sera pas indigne du magistrat jugé ! Il serait catastrophique, pour notre corps, que Renaud Van Ruymbeke se prenne au sérieux en proférant sa menace de départ. Nous n'avons pas une telle surabondance de personnalités exemplaires - je maintiens le terme en tenant compte de ce qui lui est reproché - pour pouvoir nous passer aisément de celle-ci.
Une bonne surprise. C'était "Ce soir ou jamais", l'émission de Frédéric Taddeï (FD).
D'abord, la parfaite organisation, le rythme et le professionnalisme à la fois agité et cohérent de l'immense plateau.
Ensuite - et cela m'a beaucoup changé par rapport à d'autres prestations télévisuelles -, la gentillesse, la politesse, la capacité intelligente d'effacement de l'animateur FD. A l'évidence, pour une fois, j'en ai rencontré un qui ne se rengorge pas en permanence de "travailler à la télé" et qui sait au moins donner l'impression à ses invités qu'il les respecte. Au fond, il ne cherche pas d'emblée à se poser comme plus important que le débat qu'il va présenter et stimuler.
Avant que celui sur la justice commence, j'ai été fasciné par l'entretien que FD a pu obtenir du philosophe Alain Badiou et qu'il a remarquablement mené. Alain Badiou, dans une langue parfaite, maniait des concepts explosifs comme guerre, violence, pétainisme sans soupçonner que sa responsabilité aurait peut-être du le conduire à s'interroger sur l'impact de ces folies dont il paraissait apprécier le sulfureux et le scandale qu'elles représentaient pour son auditoire. Je ne pouvais m'empêcher de voir dans cet esprit brillant une caricature de l'intellectuel jouant passionnément avec des allumettes pour mettre le feu à la France et s'en émerveiller.
Puis notre table ronde sur la justice a commencé. Je me trouvais en face de quatre sensibilités de gauche - deux avocats, un théoricien de la chose judiciaire et un ancien avocat devenu un grand enseignant - et j'étais à côté d'un magistrat candidat aux municipales sous l'étiquette socialiste et d'un représentant d'une association de victimes qui me soutenait seulement partiellement puisqu'il était farouchement hostile à la prison.
Plusieurs thèmes ont été abordés, dont la place donnée aux victimes, les peines planchers, la prison et la judiciarisation de la société.
Dans les quelques commentaires que j'ai reçus au sujet de cette émission, on m'a reproché d'avoir peu parlé et d'avoir tenu des propos outranciers, complaisants à l'égard du garde des Sceaux.
Sur le premier point, après un début difficile je suis intervenu à plusieurs reprises mais d'une manière à chaque fois infiniment moins longue que mes contradicteurs de sorte que j'ai pu donner l'impression d'être trop avare de mes paroles. Sur le second, je me suis contenté de répéter les raisons pour lesquelles j'étais favorable aux peines planchers et opposé à une vision sulpicienne de la société et de l'être humain. Vision qui décrit mécaniquement les prisons comme l'école du crime, en oubliant que celui-ci a été commis avant. Et parfois après, parce que l'enfermement est infirme à l'égard de certaines natures.
Il est un reproche, tout de même, qui m'a paru fondé. C'est de m'être abandonné à une forme d'outrance et de rigidité. La raison en est double, je crois.
D'une part, il est clair qu'un débat sur la justice, aujourd'hui, ne peut plus s'abriter derrière des généralités facilement consensuelles mais est contraint de s'engager dans des antagonismes forts et percutants. Les opinions ne sont plus, à supposer qu'elles l'aient jamais été, purement techniques mais font se combattre des pensées que tout sépare. Et la conscience de ce gouffre, avec la nécessité de parler vite, accuse les différences et fige les attitudes. Je l'ai d'autant plus ressenti que je me savais évidemment très minoritaire dans ce groupe et que cette position et la surenchère de certains contradicteurs me poussaient à des pétitions de principe qui auraient mérité d'être nuancées. Mais, pour la nuance, il aurait fallu pouvoir être seul en face de FT.
D'autre part, l'impression d'excès que j'ai suscitée ici ou là venait aussi du fait que nous n'avions pas le temps d'appréhender ce qu'aurait du être une politique globale de la justice, où, par exemple, la rigueur des peines planchers devait être, dans mon esprit, clairement équilibrée par la restauration de la dignité pénitentiaire, où la procédure pénale et ses contraintes avaient pour contrepartie une responsabilité plus largement entendue des magistrats. Faute d'une partie du réel, celle visible s'imprégnait d'outrance et de démesure.
A cette occasion, je me suis rendu compte qu'à choisir, j'aurais préféré mille fois, au judiciaire et à ses inévitables affrontements - le conservateur solitaire contre les "progressismes" en nombre - la passion de discussions culturelles ou sociétales. Il est des échanges que le conflit gangrène inévitablement tandis que d'autres, gratuits, illimités dans leurs perspectives et nourris par la seule vigueur de l'analyse, rendent forcément heureux ceux qui s'y adonnent.
Une tristesse, une déception, une crainte, un espoir, une bonne surprise. Une journée particulière assez bien remplie, en définitive.
@ Maître Cayre
J’ai regardé l’émission de France 3, non pas pour être convaincue par la position de PB sur les peines planchers. Je la connaissais et je l’approuvais.
Ce qui me motivait en premier, c’était ce que certains intervenants pouvaient lui opposer. Par exemple, j'étais curieuse de connaître la position de D. Peyrat, dont les récentes interventions dans les médias m’ont intéressée.
Je regrette le mot bobo à votre endroit si celui-ci vous a blessée.
Ce que j’ai voulu dire et que j’aurais du expliquer.
Pour le seul téléspectateur que je suis entendre que dealer de la coke ou autre stupéfiant dans certains quartiers de Paris relève presque d’un usage communément admis. Qu’à ce titre, une peine plancher prononcée par un tribunal ne peut apparaître que comme une disposition grossière, hors de propos et hors d’un sens commun. Dealer et multi récidiver ne seraient ainsi qu'une sorte de norme sociale admise et peu conséquente.
Que, selon vos propos, la peine plancher ne peut que disqualifier une sanction. Tant il semble évident que dans l‘esprit du prévenu, en raison des risques encourus dans le cas d’une récidive, il devient plus rentable de dealer 5 kg plutôt que 10 g de coke.
Que persister à forcer les serrures des voitures ou à casser des véhicules ne justifie pas qu’un tribunal sanctionne par une peine de prison.
C’est sans compter que parmi des téléspectateurs, il n’y a pas que des théoriciens du droit qui ne seraient que des enivrés par l’éclatant des cours d’assises.
Mais aussi des gens de tous les jours qui, même s’ils ne sont pas confrontés aux délinquances à répétition, connaissent quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a été directement confronté à ce type de délit angoissant et empoisonnant. Qu’une serrure flinguée, que des dégradations sur une voiture peuvent être un gros souci quand les choses de la vie ne sont pas sereines.
C’est sans compter, par exemple, que des accidents de la route sont dus à des conducteurs pour lesquels sniffer ou fumer ne devrait être compris que relevant d’un usage. C’est sans compter que des frères, des sœurs, des amis finissent par dégringoler à force de se shooter.
C’est précisément ce type de nuisances, de dommages et de souffrances, au quotidien, dont beaucoup dans notre pays ont eu affaire et ont affaire, qui finissent par rendre hargneux. S‘obstiner à ne vouloir les compter que comme rien ou que comme négligeables vous placent, au coeur de ce débat, dans une position qui n’est plus tenable.
Que la drogue soit un lieu commun pour certains milieux dans certains quartiers de Paris est une chose. Qu’au nom de cela, une société ne doit pas affirmer que son seuil de tolérance est largement dépassé, me semble être le pire des arguments pour convaincre de l’injustice et de l’aspect judiciairement catastrophique d’une peine plancher.
Vous ne pouvez demander après cela, que le téléspectateur qui n'est pas un enragé des peines planchers soit plutôt disposé à comprendre ou à revoir sa position sur cette sanction.
C’est en ce sens, que dans un discussion à la TV sur les peines planchers, après ce type de démonstration, l’affaire pour moi demeure entendue.
Je ne sous-estime pas votre expérience des tribunaux au quotidien.
Il est plus que probable que si un de vos clients prend une peine plancher pour 10 g de coke, la sanction exposée, expliquée et dénoncée que comme telle m’apparaîtrait excessive. Mais le tribunal prendra également en compte le CV de votre client et les dommages causés par l’acte délinquant. Et là, expliquer aux magistrats, m'expliquer que votre client n’est qu’un banal dealer se contentant juste de fournir les branchés du milieu parisien me semblera insuffisant.
Jean-Yves Le Borgne, en juillet dernier, développait dans le Figaro l’argument selon lequel, compte tenu des profils de la majorité des délinquants multi récidivistes, convaincre un tribunal qu’un prévenu présente des garanties exceptionnelles de réinsertion relève quasiment d'une mission impossible pour l’avocat.
La mise en avant de ce déséquilibre m’avait parlé et fait douter de la proposition de RD.
A la télé, n'explosez pas d’entrée cet argument.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 30 octobre 2007 à 07:49
@Hannelore : à fin de lire vos romans, ôtez-moi d'un doute : sera-ce la fin des "à fin" ou en avez vous toujours faim ?...
Rédigé par : sbriglia | 30 octobre 2007 à 07:27
"L'avocate" n'a pas été invitée que parce qu'elle a commis quelques romans mais aussi parce qu'elle est confrontée quotidiennement aux peines planchers lorsqu'elle défend des prévenus à la 23ème chambre.
Avec ses petits moyens rhétoriques, elle voulait juste mettre en garde les théoriciens du droit afin que de temps en temps ils détournent leurs têtes de leurs prestigieuses cour d'Assises afin de jeter un oeil vers les plateaux correctionnels pour voir ce qui s'y passe afin de ne pas perdre tout sens commun.
Quant au qualificatif de "bobo", on appréciera…
Rédigé par : Hannelore Cayre | 29 octobre 2007 à 20:40
La cravate, qu'elle soit de couleur bleue, blanche, rouge ou rose, ce n'est pas l'homme, même si des femmes la portent ! Quant à zieuter ces étoffes coûteuses, c'était peut-être le seul intérêt de l'émission. Don Lorenty, quant à croire en nous-mêmes, encore faudrait-il se connaître ! Quant à la connaissance d'une femme, elle se connaît mais Dieu s'y perd, il s'est trompé sur le compte de la seule qu'il eut à gouverner et qu'il avait pris soin de fabriquer. Honni soit qui mal y pense.
Rédigé par : francis | 29 octobre 2007 à 18:31
Votre mot d'absolution me renvoit au reportage sur Lucien Léger, où j'ai eu le plaisir de vous voir, fidèle à vous même et refusant la simplification des réactions à l'emporte-pièce.
Absolution... est-ce possible pour ce qui a été jugé comme méritant la perpétuité ? Ce serait croire en la capacité de l'homme de s'amender. Mais croyons-nous en nous-mêmes ?
Rédigé par : Don Lorenjy | 29 octobre 2007 à 11:38
Merci pour l'hommage. Malgré la maladie, Catherine partageait vos inquiétudes et vos déceptions. Gardez-les.
Rédigé par : ivan | 28 octobre 2007 à 18:47
A Véronique :
Bonjour,
(sourire...)
Je reçois votre (s) argument(s) !
En effet, le regard se promène lorsque l'on regarde un plateau télévisé.
Le mien s'était " focalisé" sur les expressions faciales de Philippe :) car il me semblait qu'elles étaient aussi importantes que les propos tenus.
Mea culpa:
Je ne sais pas me vêtir, coordonner les couleurs. Donc,j'ai souvent recours au ...noir ! :)
En règle générale, autrui étant le plus souvent vêtu avec + de goût que moi-même, ne ressentant pas d'attrait pour ce qui se fait et ne se fait pas en matière de mode, je n'ai pas porté d'intérêt à la cravate (rose?) :)
Bien souvent on m'a reproché de ne pas savoir me vêtir. Je me suis sentie solidaire, quelque part, peut-être? :)
"Mais vous avez raison. Il y avait pas mal de rose. Et c’est plutôt une couleur tendre." : héhé, j'adore lorqu'on m'accorde un brin de "raison" !(grand sourire)
On ne se refait pas mais je vous accorde qu'on puisse se corriger !:)
Bien à vous et au plaisir !:)
Rédigé par : Parisot Catherine | 28 octobre 2007 à 16:58
@ Catherine (Parisot)
Ce qu'il faut prendre en considération c'est que je connais les positions de PB sur la place des victimes, les peines planchers et la politique pénale de RD.
Alors sa cravate et son costume ont accroché ma pensée.
Je n'ai pas écrit non plus que la cravate de PB était dans les pires.
La preuve que j'ai écouté sérieusement le débat. Didier Peyrat a développé l'idée que pour les peines planchers, il aurait été plus judicieux, selon lui, de les différencier en fonction de la nature des délits.
Et Maître Leclerc a dit que s'il y avait un sondage, ce serait PB qui serait plébiscité.
Je pense que PB, effectivement, emporterait la partie. Mais pas forcément en raison de ce qu'il a dit. Mais les propos préliminaires de l'avocate présente sur le plateau faisaient que, même avec en face un Philippe muet, il était très difficile pour les autres intervenants présents d'inverser la tendance.
Je pense également, que comme avocat, un Jean-Yves Le Borgne aurait été plus efficace et plus pédagogique pour contester la loi de RD.
Je ne souhaite pas pour la justice des défilés de mannequins. Simplement quand les magistrats et les avocats passent à la télé, ils sont aussi en position de communication. Et là, que PB le veuille ou non, notre regard s’accroche à des choses insignifiantes.
Mais vous avez raison. Il y avait pas mal de rose. Et c’est plutôt une couleur tendre.
Rédigé par : Véronique | 28 octobre 2007 à 16:00
J'aime beaucoup : "C'est donner trop de lustre à un misérable bout de tissu que d'y accrocher sa pensée." Ca ma fait penser à du Jean de La Fontaine !:)
Et pourtant, l'apparence tient une place primordiale dans notre société :) Et elle tient de plus en plus une place stratégique dans la plupart des métiers de la communication et autres métiers du genre!
Si tu es photogénique et captes bien la lumière, tu seras l'Elu(e)!
Elle semble être prise davantage en compte que ne l'est ce qui sort de la bouche des personnes!
Ainsi est fait le système!
Si mes souvenirs sont bons, il y avait du rose, pourtant, non? C'est joyeux, le rose!
Prometteur, du moins !
Pour ma part, de celle des représentants de la Justice, on n'attend pas un "défilé de mode" !:)Enfin, je touche du bois, certains et c'est leur droit, attendent cela. :)
rires...
Amitiés à tous,
Catherine
Rédigé par : Parisot Catherine | 28 octobre 2007 à 11:26
A propos de la pléthore d'émotions dont la vie nous assaille parfois, j'en aurais de bien sordides à vous conter, toutefois je préfère m'atteler à une anecdote plus amusante :
Je suis un affreux récidiviste, j'ai encore craqué. Le soir autour d'un lac, je vais promener mon petit chien, faire un jogging ou simplement respirer un peu d'oxygène vu que je passe beaucoup de temps devant le PC à écrire, aller sur les blogs, "discuter" avec mon éditeur. Parfois je regarde comme un voyou préparant son mauvais coup qu'il n'y ait nul témoin, sensible que je suis au regard d'autrui et je me laisse glisser wwiiizzz sur un téléphérique pour gosses. Le problème est que la vitesse descendante est proportionnelle au poids (80kg tout en muscle) 1/2 m.gt si mes souvenirs de cours de physique si loin maintenant ne me trahissent pas trop donc l'arrivée est souvent périlleuse pour ce corps d'adulte devenu pataud par rapport à celui de l'enfant. Cependant, le plaisir de la vitesse, la transgression d'avec cette image d'adulte sérieux, ce retour à l'enfance de vingt-cinq secondes, la honte de cette folie douce, le rire d'autodérision qui en ressort, ce petit interdit sans conséquence franchi, le souvenir nostalgique du petit con attachant que j'étais me génère une douce tristesse, une joie puérile, une fierté de ne pas être devenu totalement conventionnel, un passage furtif chez les hommes-enfants qui m'agace en général... toute une palette sentimentale bien complexe en vérité. Je m'interroge enfin si ma folie est de me sentir fou de cet aparté ou de ces nombreuses absences d'aparté.
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 28 octobre 2007 à 03:54
@ Cactus sans GPS
Un journée particulière. Que oui ! Loren en ménagère, Mastroianni, Scola...
Mais en attendant, je me fais engueler par PB au sujet des cravates:
"Je déteste les gandins. J'appelle gandin celui qui a tellement le souci de soi qu'il fait de sa toilette et de son apparence une ridicule opération narcissique. C'est donner trop de lustre à un misérable bout de tissu que d'y accrocher sa pensée."
Voilà la réaction à ma proposition de transformation des juges et des avocats.
Qu'est ce que vous voulez que je vous dise ?
Le plateau de Taddeï, les propos de l'avocate. Je voudrais dire à PB :
même s'il n'avait disposé que de 2 minutes de liberté de parole. Pour le téléspectateur, à écouter l'avocate, l'affaire des peines planchers est pliée en faveur de PB et de RD.
Il ne faudrait pas non plus qu'elle songe à intégrer la magistrature. C'est pour cette raison que j'ai écrit que notre avocate ferait mieux d'écrire ses romans.
Ce serait moins préoccupant. Non ?
Rédigé par : Véronique | 27 octobre 2007 à 18:54
Il aura fallu moins de temps pour traduire R.V.R devant le Conseil de Discipline que Fabrice Burgaud. L'affaire était-elle plus simple ou bien la cible plus aisée ? Quoiqu'il en soit, RVR mérite l'indulgence de ses juges dont j'espère qu'elle se traduira par une relaxe. Son ancienne collègue, retournée en Suède, n'a pas hésité à publier ses états d'âme en plein procès Elf ! Qui a eu le courage de lui reprocher une violation du secret de l'instruction ? Son ancien voisin du Pôle financier est devenu Procureur à Nanterre et, si l'on en croit le Canard Enchaîné, il serait passé à l'action fort rapidement en classant sans suite, en deux coups de cuillère à pot, l'affaire de l'appartement Sarkozy ! Et alors que le Juge Burgaud, à peine bouclé l'instruction lamentable d'Outreau, était propulsé en 2002 par une promotion à l'antiterrorisme, on a refusé à RVR une promotion méritée de Président de Chambre à la cour d'appel de Paris. Quels sont donc les critères qui déterminent l'évolution de carrière dans la magistrature ??? Plaire à son roi suppose des qualités de sujétion que RVR n'a pas, tant ce Magistrat, avec un M majuscule, brille par sa technicité, son indépendance d'esprit et son humanité envers les justiciables. Un symbole pour toute une génération de magistrats ne mérite pas d'être puni symboliquement.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 27 octobre 2007 à 15:55
Autant que je puisse en juger, un conservateur aurait, par exemple, "pensé" les aspects intéressants, peut-être nécessaires, en tout cas réellement discutables de l'automaticité partielle des remise de peines. Un conservateur n'aurait pas craint d'être tiède ou perplexe à l'idée de tout remettre à plat (bientôt un Grenelle de la Prison ?)
A mon avis, le conservateur discute les vérités fracassantes du corps social. Il ne les suscite pas.
Rédigé par : olivier | 27 octobre 2007 à 13:53
"Bien souvent, lorsque vous passez à la télé, j'ai des amis qui me disent "Ton Bilger, c'est un répressif à fond, il est pire que Sarko" nous déconte JD Reffait !
moi qui étais de gauche voire de gauche,ho de ma jeunesse , mon époque BZZZZZ , et qui tangue ho tangue ho encore -difficilementc'est vrai - en notre gauche molle,ho et endorm,hi , permettez-moi de Villepinder oops de vilipender " ces amis là " - tendrement bien sûr :
Monsieur Bilger n'est point tel ( Guillaume ou pas ) mais plutôt pour moi un Buffalo Bill - avec tout mon respect bien sûr aussi -
IL a " des idées , de bonnes idées et il dérange " ! ( plus un blog qui fait déjà référence et jamais irrévérence , alors , là si ce n'est point une cerise sur une marmite infernale , qu'est-ce , oui , qu'est-ce ? )
longue vie à lui !
Rédigé par : Cactus mise au poing mais avec virgules . | 27 octobre 2007 à 11:24
Je ne vous reproche pas d'être conservateur pour ma part, mais peut-être de jouer au conservateur, et par la posture, d'être tombé dans le panneau d'une révolution conservatrice qui est surtout, d'abord, avant tout, seulement... révolutionnaire, cette maladie française, cette fascination française (catégories, disputes, surenchère, absence de limites).
Rédigé par : olivier | 27 octobre 2007 à 11:21
"Je tenais simplement à vous dire que vous m'avez beaucoup déçu ce soir, comme si vous essayiez, avec ce billet critique, de vous rattraper aux yeux des non sots de ce blog !
Vraiment étrange."
non non , je me permets de plaisanter , pour une fois !
sinon pour FD , une louange méritée de plus : Il est pour moi , une sorte d'OVNI ou plutôt de PNVI ( présentateur non violent identifié )
sinon , quel beau film que votre titre !
( Dame Véronique abondera dans mon sens - unique ? - j'en suis certain pour mon propos cinématographique )
amitiés sincères (de ma voix cactée parfois lactée !)
Sissi !
Rédigé par : Cactus sans GPS , plage "I" comme Tati sur billet précédent | 27 octobre 2007 à 11:10
«Alain Badiou, dans une langue parfaite,»
J'ai eu moi aussi le plaisir d'esthète d'entendre Alain Badiou en live. Il était l'invité de l'un des séminaires de la formation doctorale en philosophie de Strasbourg et je partage tout à fait votre sentiment à son égard [ce qui ne signifie pas que je partage les idées de Badiou elles-mêmes]. J'ai même failli intervenir à l'époque rien que pour dire combien il pouvait être agréable d'entendre enfin quelqu'un s'exprimer d'une façon qui rendait les choses aussi claires, limpides et évidentes, en philosophe, et dans un tel français, mais j'ai craint que l'enseignant responsable ne le prenne mal, vu qu'à Strasbourg avait prévalu, par un moment, le français langue d'arrivée d'un processus de traduction, même pour penser en français... Mais bon, ne le répétez pas, ce n'est que mon avis. Ceci étant, pour le reste je vous suis également. C'est un peu ennuyeux de gaspiller un tel talent et quelquefois sans doute, il vaut mieux être un peu moins brillant...
«D'une part, il est clair qu'un débat sur la justice, aujourd'hui, ne peut plus s'abriter derrière des généralités facilement consensuelles mais qu'il est contraint de s'engager dans des antagonismes forts et percutants. »
Je partage également votre avis sur ce point malheureusement, contrairement à vous, je n'ai que de tout petits poings, si en revanche je ne suis pas un petit pois.
«l'impression d'excès que j'ai suscitée ici ou là venait aussi du fait que nous n'avions pas le temps d'appréhender ce qu'aurait du être une politique globale de la justice,»
A bon entendeur il vous faut une heure rien que pour vous...
«Le Conseil national des barreaux et la Conférence des bâtonniers sont vraiment très doués pour la négociation. »
Vous voulez parler du talent de l'avocat d'affaires qui, pour la défense de ses propres affaires, a affaire à des affairistes à propos desquels, quelque part sans doute, on attend que surgisse l'Affaire...? Je pense qu'il faut aussi donner la parole dans cette affaire aux justiciables, non dûment chapitrés au préalable, et non pas seulement aux professionnels.
S'agissant des victimes qui font leur deuil dans les médias, je voudrais qu'elles pensent un peu de temps en temps à ceux qui sont seuls face au scandale de la mort de leurs morts. Je commence à me faire une idée un peu plus précise du personnage social de l'avocat général, mais je ne sais pas comment vous prendriez le fait que, pour l'instant du moins, je le voie moins comme le défenseur de la société que comme l'image du cadavre dont le fantôme se lève d'un discours tombeau pour interpeller le remords...! Mais bon moi j'ai un peu l'imagination fertile d'une lectrice de manga.
Rédigé par : Une boiteuse | 27 octobre 2007 à 09:59
Eh bien, nous pouvons dire sans beaucoup de marge d'erreurs que l'avocate présente sur le plateau, dont la spécialité, semble t-il, est la boboïtude dans toute sa longueur et sa largeur, ferait mieux de se consacrer à ses romans qu'à ses plaidoiries.
C'est vrai, Philippe. Vous n'étiez pas spécialement décontracté.
Mais il y a de quoi aussi.
Car notre romancière, à l’oral, dit ce qu’il faut pour en démotiver et en frigidifier plus d'un.
Et puis... les cravates, Philippe.
Il faut me changer tout ça vite fait chez les juges, les avocats et les représentants des victimes.
Dans la page Tendances du Nouvel Obs de cette semaine, il y a une présentation de cravates new wave qui, elles, ne me font pas peur.
Ou alors. On peut choisir, sous le costume sombre, la chemise blanche légèrement et finement échancrée à la Taddeï.
Et voilà le travail... une justice relookée et contemporaine !
Mais bon.
Savez-vous que dans une discussion, au fond, l’intervenant qui attire l’attention est très souvent celui qui sait se taire ?
Votre collègue Didier Peyrat est décidément un magistrat qu’on apprécie d’écouter et de lire. Est-ce possible de lui transmettre mon appréciation ?
"alors que la sévérité carcérale n'a de sens qu'accordée à des prisons rénovées sur tous les plans. Dans le même mouvement."
Dans le même mouvement. Évidemment oui. Et surtout parce que RD a écrit dans Le Monde "La justice sans attendre".
Pour RVR, ce n’est pas le moment, pour que s'accomplisse "La justice sans attendre" d’abandonner la justice aux seuls poussins ou aux seules poussines.
"...mais d'une manière à chaque fois infiniment moins longue que mes contradicteurs de sorte que j'ai pu donner l'impression d'être trop avare de mes paroles."
Cela, c’est l’idée qu’on se fait d’un RVR. On a aussi besoin de magistrats comme lui, dans la discrétion et l’âpreté.
De cela, plus que jamais.
Rédigé par : Véronique | 27 octobre 2007 à 08:24
Un article de l'AFP sur l'absence des députés UMP à l'Assemblée laisse penser que beaucoup de projets de loi, ceux qui pourraient, par exemple, rendre impopulaire aux prochaines élections législatives, risquent d'être "renvoyés" à une date ultérieure.
Oui, moi aussi, j'ai sursauté à l'annonce d'une retraite à 55 ans pour des avocats, une carotte pour faire avancer la réfome de la carte judiciaire ? Quelle farce, dire au cheminots "Je n'accepterai pas votre chantage" tout en proposant un régime spécial à d'autres au même moment !
Quant à Monsieur Sauvignac... Il démissionne de son poste de Président mais garde celui de délégué général de la même organisation avec une rémunération qui laissera perplexe ceux qui ont besoin de se lever tôt...
Rédigé par : Bulle | 27 octobre 2007 à 06:46
Ha, ces émotions : une de joyeuse pour cinq négatives qui sont les garantes de notre bonne santé mentale nous montrant que nous réagissons adéquatement à la vie, je rêve parfois d'annihiler les miennes, de ne plus ressentir les pertes chères, les chagrins d'amour, l'inutilité de la vie, cette mort qui viendra un jour trop tard ou trop tôt selon l'humeur du moment puis une broutille me fait sourire à la vie et je remercie alors d'avoir ce ressenti parfois paroxystique. Je pense qu'il faut vivre sans se laisser guider, bloquer par ce ressenti parfois indépendant de notre raison qui sera excessif pour des riens comme étrangement absent pour des causes dramatiques, bien curieux monde que celui des émotions en vérité que nous allons réclamer dans les moments d'ennui et vouloir supprimer dans la surcharge d'une vie correctement remplie. Une vie dont tout le charme est de nous emporter où elle le décide, pas où nous désirons aller.
Peut-être que les progressistes, les corporatistes sont aussi pris au piège de la réduction de temps télévisuelle tout comme vous et n'ont pas le temps d'apporter la nuance ? C'est la première fois que cette pensée m'effleure.
Des prisons décentes pour des peines appliquées, c'est une sage décision qui évite la régression du bagne tout en évitant l'autre régression possible de laisser la cité à la barbarie. Quel dommage que les bracelets électroniques montrent leurs échecs puisque les obligations ne semblent pas toujours respectées, Pascal ne disait-il pas que nos problèmes venaient du fait que nous ne savions pas rester dans notre chambre ?
Rédigé par : Ludo Lefebvre | 27 octobre 2007 à 00:34
Concernant le report de la loi pénitentiaire, ma première réaction aura été comme pour vous la déception. Mais bon, mieux vaut peut être une loi ambitieuse, bien ficelée, et qu'on aura pris le temps d'expliquer aux Français plutôt qu'une loi bâclée de plus.
Et puis, quand on lit ça :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20071026.OBS1676/centres_fermes_un_avantprojet_de_loi_au_conseil_detat.html
on se dit que NS et RD ont finalement d'autres priorités que la loi pénitentiaire...
Rédigé par : Mussipont | 26 octobre 2007 à 22:28
Il y a des jours où toutes les émotions submergent !
Je suis contente et attentive à vos impressions sur la soirée... cette soirée.
Je ne vous ai pas trouvé "outrancier". Votre réserve, au début du débat, était intelligente : je ne vous ferai pas le "reproche" ( cf vos écrits) de l'avoir gardée. Je constaterai seulement (sourire) que vous sembliez concentré, serein.
De toute manière, écouter est souvent + fructueux que de s'emballer.
Au regard des invités sur le plateau, vous écriviez que vous vous sentiez "minoritaire". Question : est-ce que les avocats sont tous de gauche, ça, j'en sais rien ! (grand sourire).
Autre question : est-ce que cela joue dans le rôle que la justice a à jouer dans la cité ?
La qualité l'emporte parfois sur la quantité.
Si on peut parler de cette qualité, vous étiez peut-être isolé mais votre talent permettait de compenser :)
Je ne flatte pas. Vous êtes brillant !
Bonne soirée, Philippe !
K.
Rédigé par : Parisot | 26 octobre 2007 à 22:12
« la sévérité carcérale n'a de sens qu'accordée à des prisons rénovées sur tous les plans », il en va de même pour la création de ce contrôleur général des lieux de rétention, qui ne saurait contrôler des lieux où l'obligation de moyens ne peut être tenue car ils font défaut.
J'ai cru comprendre qu'il était question d'une retraite à 55 ans pour les avocats de juridictions en disparition. Il est épatant d'imaginer qu'on puisse accorder une telle faveur tout en voulant, dans le même temps, par ailleurs, supprimer les départs en retraite à cet âge pour des métiers à la pénibilité physique manifeste. Notre Gouvernement serait-il, dans son entreprise de modernisation de l'Etat, si enclin que cela à supprimer les privilèges des uns pour les donner aux plus avantagés de tous, aux notables ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 26 octobre 2007 à 21:49
Ayant "podcasté" (pardon !) l'émission, je comprends mieux vos explications... le débat était déséquilibré mais quel que soit l'animateur, c'est la loi du genre... Je me suis bien amusé à écouter Badiou et son archéo vision du monde : il eut fait un remarquable commissaire politique en d'autres temps !
Sur la vision corporatiste des avocats, vous avez raison : tous les défroqués ne sont pas des Kross mais ils me semblent néammoins apporter une autre vision du monde dans cette magistrature qui est si conservatrice aussi...
Sur Van Ruymbeke il faudra l'immense talent de Bredin pour le sortir de ce mauvais pas : l'orgueil me semble avéré, qui l'a fait ainsi déraper... même, et surtout, si ses qualités professionnelles sont patentes.
Rédigé par : sbriglia | 26 octobre 2007 à 20:55
Bien souvent, lorsque vous passez à la télé, j'ai des amis qui me disent "Ton Bilger, c'est un répressif à fond, il est pire que Sarko" et je me fends régulièrement d'un "C'est un homme paradoxal qui est bien capable de rejeter pour un cas particulier la théorie qu'il vient d'énoncer sur le plan général". Yeux équarquillés de mes interlocuteurs entendant sortir de ma bouche une défense d'un avocat général !!
La télé réduit tout à des bribes et je crains que vous ne soyez toujours, dans cet exercice, le vilain croquemitaine, face à une autre caricature, celle des "miséricordieux" qui peuvent s'avérer, face à un cas particulier, des répressifs à tous crins.
La nature véritable d'un magistrat, comme d'un avocat, c'est la preuve par les actes.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 octobre 2007 à 19:55