L'invitation faite au Guide libyen, au-delà de la controverse sur les droits de l'homme et de l'argumentation développée en réplique par le président de la République dans le Nouvel Observateur, a remis en lumière un débat presque vieux comme le monde et dont la France raffole. Celui qui oppose l'exigence de responsabilité à l'éthique, la réalité aux principes, la raison d'Etat aux idéalistes, les politiques aux intellectuels pour résumer.
Question de cours et concept opératoire en même temps, cette controverse ne mérite pas d'être traitée par-dessus l'esprit, comme si à force elle avait fini par lasser tant elle était à la fois inévitable et insoluble. Je crois qu'il convient tout de même, pour la démocratie, de se pencher sur la possible conciliation de la politique et de la morale, du contingent de l'une et du nécessaire de l'autre. Comment mêler, dans l'action, les contraintes qu'imposent l'immédiateté et l'efficacité avec le retrait et la réserve que l'humanisme authentique se doit d'adopter en certaines circonstances ?
Je ne suis pas persuadé que la réponse usuelle, qui consiste à délimiter le champ de deux univers condamnés à demeurer hétérogènes l'un par rapport à l'autre, soit la plus pertinente. Au fond, elle revient à généraliser la méthode qui laisse Dieu au religieux et César au profane. Ainsi, j'ai entendu Henri Guaino sur France-Inter avec Nicolas Demorand. Il a clairement félicité Bernard Kouchner, reprenant ses propos à son compte, d'avoir marqué que le politique était en responsabilité tandis que l'intellectuel était sinon en irresponsabilité, du moins en liberté. Celui-ci, par conséquent, pouvait s'autoriser des indignations que le caractère sérieux du pouvoir excluait. Cette démarche qui s'abrite derrière un apartheid commode - il n'y a pas de problème puisque les uns et les autres ne jouent pas dans la même cour ! - me semble sujette à caution. Pour une double raison.
D'une part, à l'appliquer à la lettre, elle reviendrait à interdire quelque emprise que ce soit de l'éthique sur le réel et disqualifierait par avance les avancées même timides de la morale pour réguler l'inévitable cynisme d'une politique qui, ne rêvant que de résultats, perdrait son âme profonde. Les adeptes les plus convaincus de la séparation des ordres - celui du réalisme dur et guère pur et celui de la rectitude pure mais guère dure - ne sont jamais allés jusqu'à afficher une telle position dans son extrémisme qui laisserait les "responsables" en arrogante et triste autarcie. On admet, même du bout du coeur, qu'il faut irriguer l'aridité d'un pouvoir qui ne se soucierait que de sa propre logique.
D'autre part, cet apparent bon sens qui consiste à renvoyer chaque champion - celui de la morale, celui du réalisme - dans son camp et à sembler régler de la sorte une lancinante problématique, oblige à caricaturer l'adversaire et à le prendre pour plus sommaire qu'il n'est. De même qu'un Etat digne de ce nom, une démocratie en recherche de vraie respectabilité sont tenus au moins d'invoquer les valeurs permanentes de liberté et de justice, donc de rendre hommage à une morale publique, des intellectuels, des théoriciens, pour demeurer crédibles, ont l'obligation de se fonder sur le réel et les leçons douloureuses que parfois il asséne. Certes, on entend souvent un Bernard-Henri Lévy, qui ne recule devant rien pour laisser croire qu'il a réponse à tout, s'abandonner à une surenchère d'indignation, au culte médiatique de soi en même temps que de l'exigence morale internationale qu'il incarnerait mais il suffit de le confronter, par exemple avec Rony Brauman, pour que ses attitudes sentent le fabriqué et l'outrancier. Un pouvoir ne peut plus faire cavalier seul en assumant un cynisme rationnel qui ne serait plus compris, et des idéalistes, observateurs sourcilleux des délires de l'univers, ne peuvent plus, sauf à être ridicules, se laver les mains d'un monde qui ne se laisse pas oublier.
Sur ce double registre de l'Etat et de sa raison, de l'éthique et de ses principes, un mouvement d'approfondissement est nécessaire. On le voit bien avec le président de la République qui se défend de négliger les droits de l'homme mais, au contraire, relie directement leur respect aux échanges que la vertu républicaine se doit d'avoir avec le sulfureux. La création, au sein du gouvernement, d'un secrétariat d'Etat consacré à ces mêmes droits - et dont la "sortie" très appréciée de Rama Yade a démontré qu'il n'était pas de pure forme - va dans le même sens d'intégration d'un humanisme opérationnel à l'appareil étatique. D'un côté, donc, l'Etat manifeste, en dépit de l'impérieux et du concret qui le sollicitent sans cesse, qu'il garde une place pour l'abstrait, l'immatériel et le moral. De l'autre, ces intellectuels, dont on regrette la disparition en France puisqu'à une ou deux exceptions près nos essayistes accompagnent les puissants plus qu'ils ne les jaugent et les jugent, se veulent moins des consciences et des vigilances que des confiances et des assurances, enrichiraient l'espace politique s'ils en venaient plus souvent à proposer des synthèses entre leur dénonciation morale et leur compréhension de l'Etat. Quel dommage, par exemple, qu'on n'ait pas entendu, sur l'invitation faite à Kadhafi, Alain Finkielkraut - qu'il faut d'autant plus ménager qu'il demeure le seul qu'on puisse encore à peu près estimer dans cette sphère de l'intelligence professionnelle ! Quant à André Gluksmann, libre à nous d'interpréter son silence comme on l'entend, déception ou soumission.
Un Pouvoir s'honorant de ne pas reléguer la morale dans un coin sombre, des intellectuels apprenant la réalité pour en lester leurs considérations, encore conviendrait-il de favoriser les rencontres entre le premier et les seconds et d'amplifier les influences bienfaisantes d'une telle relation. Pour y parvenir, cela impliquerait qu'on sorte du système des réseaux, du clientélisme, des favoris, pour inventer un mode de gouverner qui rende attentifs les politiques à ce que la liberté de l'irresponsabilité soit susceptible de leur offrir, les intellectuels curieux de ce qu'un Etat sûr de soi ait la capacité de leur enseigner.
Comment garder le moral ? En tout cas, en échappant à la tentation d'encaserner, de cacher la morale pour qu'on l'oublie et qu'on ne s'en serve pas. Présente partout, elle doit impressionner un Etat comme la lumière impressionne une pellicule. La plus belle illustration, chez une personne, de ce que je viens de développer plus généralement ne réside-t-elle pas en Bernard Kouchner écartelé entre idéal et réel, volonté de pureté et souci d'accomplir, esprit intègre et mains utiles ? C'est une tension.
Pour l'Etat, pour chaque ministre, pour chaque citoyen.
Pour chacun d'entre nous.
La morale du petit homme, c'est la 'realpolitik'. Déjà, ça sent le gaz. Puis, comme on le découvrira peut-être un peu vite, aller chercher la croissance dans les poches du colonel, c'est surtout comique.
Ca fait penser à la logique du sapeur Camember. C'est marrant, mais inefficace. Et ce brave Colonel lui rétorque subséquemment: 'Camember, z'êtes qu'une huître'.
Les affaires du monde vont leur train, et sans être outrageusement sarcostique, notre petit bonhomme prend celui-ci en marche. Et sans paraître vraiment savoir où il nous mène.
Merci sarcoprésident pour tes voeux omnicompassionnels. Tant d'amour, ça m'chavire. Du bon boulot, vraiment...
Rédigé par : Jihelix le Gaulois | 03 janvier 2008 à 01:58
Kadhafi n'est pas un dictateur comme les autres ! Les partisans de Sarkozy oublient bien vite que ce dictateur a du sang de Français sur les mains ! C'est sûrement un point de détail de l'histoire...
Imagine-t-on demain Ben Laden reçu à New York s'il promet de condamner le terrorisme ?
Rédigé par : Têtuniçois | 17 décembre 2007 à 23:03
« C’est la Libye de demain qui nous intéresse dans cette visite du colonel Kadhafi ce n’est pas la Libye d’hier qui est entièrement condamnable et donc je n’oublie ni les victimes ni la propension au prosélytisme »
Voilà, par ces quelques mots sur France Inter lundi matin Bernard Kouchner a presque résumé ma pensée sur cette venue controversée du chef de l’Etat Libyen. Alors j’entends des voix se lever et me souffler d’autres mots plus virulents et des illustrations plus provocantes pour commenter cette visite officielle.
Je crois que derrière la raison économique de sa venue (évidemment la France actuellement pouvait difficilement se passer de ces contrats signés), il y a bien entendu un soupçon de diplomatie : les infirmières bulgares ont été libérées…A quel prix ? On ne le saura peut-être jamais… fruit du mystère des négociations diplomatiques. Alors lorsque l’on me cache la vérité j’essaye de me l’imaginer… Le prix d’une réconciliation sûrement traduite par une invitation à Paris où Kadhafi verra tous ses caprices assouvis comme le souligne l’expression du quotidien le Monde « Le grand théâtre Kadhafi vient planter sa tente à Paris. Exotisme et numéro d'acteur garantis ».
Mais ce n’est pas tout, les envies fantasques de l’homme ne doivent pas faire disparaître pour autant la réalité qui suit : Kadhafi a changé… Souvenez-vous… Le président entame des négociations diplomatiques, pendant toute l’année 2003, entre responsables libyens, britanniques et américains, et annonce en décembre de la même année qu’il renonce officiellement à son programme d’armes de destruction massive. Enfin, en mars 2004, il signe le protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire.
“Que dirions-nous aujourd'hui aux dirigeants iraniens si nous ne tendions pas la main au dirigeant libyen qui a choisi lui-même de tourner le dos à l'arme nucléaire et au terrorisme ?” déclarait notre chef de l'État.
Comme le témoignage d’un geste politique fort que pour ma part je trouverai très efficace si notamment cette venue peut donner un résultat, à savoir l’arme incontournable de dissuasion de l’épineuse équation à deux inconnues danger/bombe atomique. Il aurait été scandaleux de recevoir Kadhafi il y a cinq ans mais les temps ont changé et les mentalités doivent évoluer ! Car lorsqu’un homme fait des efforts pour une certaine renaissance il faut l’aider ! Et ne pas le laisser seul, en autarcie, dans la plus totale indifférence où il saura pertinemment retrouver sa haine et les vieux démons du passé. A noter que Kadhafi est également attendu le 17 décembre en Espagne où il sera reçu par le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. La France n’est donc pas le seul Etat européen à lui tendre la main.
Alors à tous les opposants je répondrai que nul doute que l’homme est critiquable en raison de son passé à la fois intolérable et condamnable, mais qui peut juger de l’avenir ?
Les premiers pas qui ont été faits semblent signifier qu’il faut laisser un peu de temps pour se faire une nouvelle opinion.
Oui patience et laissons à ce pays une nouvelle chance pour que son guide (Officiellement, Kadhafi est désigné comme le Guide de la grande révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste) puisse trouver les ressources nécessaires afin d’accompagner son peuple vers la lumière des droits de l’homme !
Seulement à tous ceux qui s’acharnent : soyez patients en faisant preuve de la même sagesse que Reporters sans frontières (RSF) qui juge la visite en France du leader libyen Mouammar Kadhafi “pas illégitime”, mais estime qu'elle doit être “l'occasion de l'interpeller” sur les droits de l'Homme. Oui interpeller mais ne pas s’indigner, faire preuve d’un minimum de clairvoyance plutôt que de formuler des propos sous le signe de la violence car lorsque l’on plante les premières graines, il faut attendre un peu avant de voir éclore les roses et pouvoir les cueillir avec diplomatie sans toucher les épines.
Rédigé par : Stanislas Perret | 16 décembre 2007 à 16:23
@bernard1
"Le Christ ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion",
Vu que 'convertir' c'est 'affaiblir' disait un mien inspecteur général de File Ô Sophie adepte des moyens de penser par soi-même !
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 décembre 2007 à 11:26
@Marie
"refuser de le recevoir, c'est donner un mauvais message à l'Iran".
Est-ce que vraiment on pense sincèrement que, en dehors d'une prise de position ferme et inébranlable sur un certain nombre de principes non négociables sauf à se 'faire foutre' de nous une fois de plus, quelque message que ce soit puisse encore changer quelque chose à l'évolution prévisible de la situation ?
La France ne peut plus exister, au sens fort du terme, dans le monde tel qu'il est, qu'en s'affirmant haut et fort dans toutes les attitudes clairement reconnues par tous comme une sorte de pictogramme pour "France"!
Notamment: "Non aux barbelés pour les intellectuels, même les plus déjantés, vu que ce qui fait vraiment du dégât ce sont : 1- Les bombes, 2- la malnutrition et en aucun cas les 'mauvaises odeurs'- celle de l'argent y compris, sans doute"!
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 décembre 2007 à 11:22
Je ne souhaite pas que l'on voie dans mes propos un quelconque délire confessionnel, mais au-delà de l'éthique, des "Droits de l'homme" (qui nous font souvent oublier ses devoirs), de la morale du café du commerce, ne pourrions-nous pas saupoudrer la venue du bouillant colonel de valeurs chrétiennes ? Le Guide Libyen, n'est-ce pas la brebis égarée que l'on doit ramener dans le troupeau ? Je me souviens d'un prêtre qui commençait souvent son homélie par: " Le Christ ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion", n'est-ce pas aussi ce rôle que nous avons ? Depuis le péché originel, et Hobbes nous le rappelle, l'homme sait faire la part du bien et du mal, il n'est donc pas question de rappeler au colonel Kadhafi ces valeurs, il les connaît, mais de lui montrer que l'on peut très bien vivre démocratiquement dans un Etat de droit et surtout qu'il en prenne conscience. Après que la Libye a passé plusieurs années au ban des nations, la main lui est tendue en direction du troupeau à réintégrer. C'est d'ailleurs ce retour à la bergerie qui est la condition sine qua non de l'absolution, mais comme nous le savons, il ne suffit pas de reconnaître sa faute pour être absous encore faut-il en disant "Pardonnez moi mon Père parce que j'ai péché" accepter la sentence, sous peine d'être relaps, sentence qui est proportionnelle à la faute... et là je doute que 10 "Pater" suffisent même si faute avouée est à demi pardonnée... sinon... "perseverare diabolicum".
Rédigé par : bernard1 | 16 décembre 2007 à 09:19
Glucks est toujours aussi glauque (pour le champ lexical). Le rôle des journalistes n'est pas celui de templier des droits de l'Homme (et du citoyen que l'on oublie toujours, peut-être à dessein ?), mais celui d'informer. Il serait si bon que ces derniers s'en rappellent !
Pourquoi la Libye et pas la Chine, l'Arabie Saoudite subit le blocus droitdel'hommiste du philosophe coiffé comme Cabu ?
Kadahfi n'est pas plus infect que nombre de théocrates et dictateurs soutenus par A. G et ses colégionnaires (volontaire) jadis, pas pire que Bouteflika.
Pourquoi les Serbes étant les seuls à ne pas avoir nié leur génocide dans le conflit yougoslave continuent-ils de subir les affres de ces "bien-pensants" encore de nos jours alors que ces mêmes penseurs absolvent et passent sous silence les carnages et les razzias croates, bosniaques ?
Pourquoi soutenaient-ils le G.I.A devant l'armée algérienne alors que ce groupe ancêtre d'Al-Qaïda était bien pire encore que le gouvernement ex du FLN ?
Pourquoi enfin recevoir Kadhafi serait-il pire que recevoir les chinois, les cubains, les Ayatollahs, discuter avec les FARC... ?
Pourquoi la bombe atomique perse est-elle plus dangereuse que la pakistanaise ?
Pourquoi parmi la pléthore d'assassins au pouvoir les seuls qui soient une menace d'holocauste se trouvent comme par hasard où il y a le pétrole et le gaz ?
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 16 décembre 2007 à 02:06
Durant sa campagne électorale, NS aurait déclaré : "J'irai chercher la croissance avec les dents s'il le faut" !
La croissance est devenue pour NS une incantation voisine du mirage. Telle une prière récitée avec le Chapelet de la Divine Miséricorde, en signe de voeu !
Le jour de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, NS était en Chine. Total, trois milliards non pas d'humains, mais d'euros de contrats.
Le jour de la fête des Droits de l'Homme, le Guide est reçu en grande pompe en France. Total, dix milliards de contrats.
La journée des droits de l'enfant, elle, est passée à l'as !
La morale étant devenue synonyme de contrat qui lui, est synonyme de valeurs, alors pourquoi se fustiger ?
Selon des industriels avoir un contrat est une belle chose, toutefois, ce n'est qu'un pas... ! Alors, une question se pose : tous ces milliards seront-ils bien réels ?
Le chiffre avancé de 10 milliards ne signifie pas pour autant que ceux-ci tomberont dans les aumônières. Entre un memorandum par ci, un engagement de principe par là, rien n'est véritablement ferme. Pas même les ventes des Rafale de chez Dassault.
Ce qui expliquerait pourquoi, M. Serge Dassault aurait prié Rama Yade de se mêler de ses affaires !
Quant à l'installation d'une centrale nucléaire en Libye, cela poserait, paraît-il, des tas de problèmes de sécurité, alors faut-il engager la signature de la France ?
Conclusion, les journalistes devront s'enquérir de la réalité de ces contrats, d'ici une année au moins. S'ils se réalisent, tant mieux, ils boucheront le déficit !
Alors, tout ceci justifie t-il tout le "chambard", tout le bouleversement provoqué par la venue du Colonel Kadhafi ? " ?? "
Personnellement, je n'ai pas suivi son voyage à Paris, ni à travers les médias, ni à travers la presse. Ce ne fut qu'incidemment que j'entendis Mémona Hintermann s'exprimer à son propos. Et c'est toujours incidemment que me fut relaté le passage d'un certain cortège sur les Champs-Elysées, hier, à défaut de trompettes, toutes sirènes hurlantes. Ce n'était pas Lawrence d'Arabie.
Ce qui est certain, c'est que ces infirmières bulgares et ce médecin qui voyaient la France comme le pays des Droits de l'Homme, se demandent tout d'un coup si, confiants en notre beau pays, eux aussi ne sont pas frappés par un mirage, non pas de chez Dassault, non pas de royalties, mais cauchemardesque !
Est-ce seulement suffisant de tenter de leur expliquer qu'il valait peut-être mieux voir monsieur Kadhafi se vautrer dans les couleurs de la France pour la délivrance de chacune de leur vie brisée, ne le valaient-elles pas ?
La morale ne se trouve t-elle pas là ? Avons-nous gardé le moral ? Si tous ces mirements se réalisent, non ? Ainsi, tout n'aura pas été vain.
Rédigé par : Marie | 16 décembre 2007 à 01:22
"Quant à André Gluksmann, libre à nous d'interpréter son silence comme on l'entend, déception ou soumission."
Sans vouloir paraître "Miss écho des ondes", M. Gluksmann s'est exprimé vendredi sur la radio RTL, invité par J-M Apathie.
M. Gluksmann, je cite : "n'intervenant que quand tout le monde se tait", félicite : la presse qui, selon lui, pour une fois, s'occupe des droits de l'homme et madame Rama Yade pour son intervention. Il considère que NS a eu raison de recevoir le Colonel Kadhafi car, toujours selon lui, "refuser de le recevoir, c'est donner un mauvais message à l'Iran". Tout en estimant, néanmoins, que 5 jours, c'était trop long.
Rédigé par : Marie | 15 décembre 2007 à 23:05
Certes Kadhafi n'est pas le premier dictateur reçu en France mais celui-ci est différent car il a du sang de civils français sur les mains ! Combien ça vaut une vie de Français ? Combien de Rafale ? Vingt victimes françaises = un Rafale ?
Cette même semaine Sarkozy reçoit l'assassin du juge Borel , le président de Djibouti. Les tueurs de Français sont réunis en congrès en France ?
Sarkozy veut vendre la France, bizarrement je pensais que le proxénétisme était interdit... La loi a du changer depuis le moi de mai.
Rédigé par : Têtuniçois | 15 décembre 2007 à 17:09
No comment. Impeccable.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 15 décembre 2007 à 16:40
@ Sego
"Prenons exemple sur l'Allemagne qui fait encore plus de contrats que nous tout en condamnant fermement tant la Libye que la Chine ou la Russie."
Oui, bien sûr. Nous pouvons faire comme l'Allemagne. Sauf qu'économiquement, nous ne sommes pas au même niveau que l'Allemagne.
@ Philippe
Je suis d'accord avec vous.
B. Kouchner inaugure une sorte de 3ème voie. Dans la tension entre le pur et l'impur, entre l'idéal et le réel.
J'aime bien la phrase de C. Imbert dans Le Point à propos de N. Sarkozy:
"C'est sa nature : entre le plus et le moins, Sarkozy souvent choisit le « trop » qui se voit mieux."
Mais quelle est la place réelle du curseur quand, comme le dit Julien, la diplomatie choisit le juste assez ou le pas de trop ?
Enfin, il me semble que si, évidemment, la morale, les valeurs fondamentales qui définissent une démocratie, sont essentielles à affirmer, la contrepartie à accepter c’est qu’une démocratie ne peut défendre ses principes que dans la fragilité et la tension.
Les intellectuels, ou plutôt ce qu’il en reste, devenant plus des éveilleurs de tensions que la référence de la Morale.
Au fond, pourquoi a-t-on abandonné ce beau mot de moraliste (au sens de celui qui serait une sorte de fournisseur de tensions en morale publique) ?
Et dans le monde d'aujourd'hui peut-être faut-il savoir se donner les moyens, économiquement parlant, pour pouvoir s’offrir la sérénité d’être dans le juste assez ou le pas de trop.
C'est juste une question.
Rédigé par : Véronique | 15 décembre 2007 à 13:42
Le citoyen lambda peut très bien comprendre que diplomatie et éthique ne sont pas toujours superposables.
En revanche, un ministre doit savoir choisir et ne pas dire une chose et faire ou accepter le contraire surtout lorsqu'il est le chef de la diplomatie française et un vieux renard de la politique.
Pour ce qui est de la jeune Madame Yadé, elle apprendra avec le temps que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
Un dernier mot à propos du Guide :
Beaucoup de femmes qui le trouvaient si beau dans sa jeunesse le trouvent maintenant vraiment laid ; personnellement, je le trouve repoussant. Ceci évidemment ne signifie pas que les beaux dictateurs soient sympathiques. Du reste, ils sont souvent vilains.
Je profite de ce que ce personnage a quitté notre sol pour souhaiter à notre hôte et à tous ses commentateurs de bonnes fêtes ; qu'ils gardent l'esprit libre, leur franc-parler et leur générosité.
Cela m'aide à garder un moral souvent déclinant.
Rédigé par : mike | 15 décembre 2007 à 10:31
Ségo
«Je me pose une question : où est passé le candidat qui disait vouloir devenir le président des droits de l'homme ?»
C'est vrai qu'il ferait bien de se le rappeler vu qu'en matière de 'real politik' aucune image forte n'est négligeable. Il serait donc incommensurablement dommageable que Liliane passe avant Ingrid, parce qu'à terme, dans un tel cas de figure, il ne resterait bientôt plus de Suez à Panama qu'un sillage pourpre tel les coquelicots de Flower by Kenzo !
Rédigé par : Catherine JACOB | 15 décembre 2007 à 09:37
« Il a clairement félicité Bernard Kouchner, reprenant ses propos à son compte, d'avoir marqué que le politique était en responsabilité tandis que l'intellectuel était sinon en irresponsabilité, du moins en liberté. »
L'irresponsable, tel un intellectuel en liberté...
Quel humour! Cest le titre de votre future gazette judiciaire ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 15 décembre 2007 à 09:13
La morale de l'Histoire revient aux infirmières bulgares, elles ont refusé de venir à Paris où elles étaient attendues, cette semaine, au Grand prix de la communication solidaire. Cela a-t-il fait le grand titre des grands medias jeudi ?
La stratégie de Nicolas Sarkozy est de laisser la "sensibilité" de Bernard Kouchner et de Rama Yade s'exprimer, parasitant ainsi l'opposition, puis de les faire rentrer dans le rang et leur faire avaler, avec leur consentement, leurs principes... Les chiens aboient et la caravane de Khadafi passe.
Rédigé par : Bulle | 15 décembre 2007 à 05:21
Comme vous écrivez bien... ça fait plaisir de constater que la langue française est toujours là...
Merci.
Rédigé par : duval uzan anat | 15 décembre 2007 à 01:48
C'est le cas Kadhafi...
Kadhafi reçu en France ? ho la belle affaire.
Ce qui me choque le plus, c'est qu'on n'ait pas agi plus tôt.
Quand quelques avions de l'US Navy ont fait du rase-mottes sur son territoire, combien ont applaudi ? Combien ont soulevé le couvercle de l'indignation intellectuelle ?
Maintenant c'est trop tard... trop tard car l'argent qu'on réclame à corps et à cris pour la justice, et bien il nous le donne en échange de quelques Rafale, avion ô combien polyvalent, comme le sont les magistrats au gré de leurs plans de carrière.
Au fait, qu'est devenue la plainte déposée par le docteur palestino-bulgare ?
Enterrée sous le sable du désert ?
Désert qui renferme en-dessous du même sable bien des trésors, que quelques multinationales ont déjà fait moult et moult forages exploratoires.
Allons, allons... messieurs et mesdames, avant de critiquer la venue sur le sol de notre belle France d'un dictateur, posez-vous la question de savoir ce qu'il y a sous son sol à lui...
et vous aurez la réponse à votre indignation moralement fondée, économiquement infondée.
Ca me fait penser que le prix du baril à baissé, mais pas le prix du litre de carburant à la pompe...
Cherchez l'erreur.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 14 décembre 2007 à 23:45
Hier, j'ai écouté Mémona Hintermann s'exprimer sur la visite de Kadhafi dans l'émission de Morandini. Elle a déclaré que dans le cadre de sa profession de journaliste et à l'occasion d'une de ses visites en Lybie, elle aurait failli être violée par Kadhafi, puis menacée.
On peut l'écouter là :
http://www.dailymotion.com/video/x3r6m4_memona-hintermann-
chez-morandini_news
Rédigé par : Marie | 14 décembre 2007 à 23:30
@ Surcouf,
"...je préfère que les ouvriers de Dassault, Vinci, Areva et autre Airbus travaillent suite aux commandes du président lybien plutôt que ceux d'Exxon, General Electric ou Boeing."
Evidemment, mais à la condition que les avionneurs ne délocalisent pas en zone dollar.
Rédigé par : Marie | 14 décembre 2007 à 22:54
Il faut savoir mettre ses gants hypoallergéniques pour les affaires, cela ne me choque pas. Le souci est qu'il n'y pas que les affaires dans le poste présidentiel, il y a aussi la représentation des valeurs à l'échelle internationale, le gardien des traditions... et là, il y a de fortes carences. Nous sommes loin du gaullisme et je suis persuadé que ce sont les valeurs incarnées qui seraient les plus précieuses dans l'époque contemporaine.
BHL, sa place est en exil pour crimes contre l'Etat, racisme et usurpation.
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 14 décembre 2007 à 22:30
Tapis rouge pour un dictateur lybien, félicitations pour un dictateur... euh... un président russe, aucun mot sur les droits de l'homme en Chine...
Je me pose une question : où est passé le candidat qui disait vouloir devenir le président des droits de l'homme ?
Alors M.Sarkozy dit encourager le guide lybien à prendre le chemin de la respectabilité et de la pacification... très bien M.Sarkozy mais pourquoi vendre des armes à un homme qui estime que le terrorisme est un moyen normal pour les petits pays de se défendre contre les puissances occidentales ?
y'a quelque chose de paradoxal ou du moins une sorte de gifle au bon sens dans tout ça.
Le fait est que cette venue restera comme une tache sur le drapeau français.
Bien sûr que l'on peut faire du commerce et faire des contrats avec la Chine, la Lybie et autres mais on peut le faire sans s'abaisser comme le fait la France devant cet homme.
Prenons exemple sur l'Allemagne qui fait encore plus de contrats que nous tout en condamnant fermement tant la Lybie que la Chine ou la Russie.
D'ailleurs sa venue s'est accompagnée d'une interdiction de manifester contre ou pour sa venue, aucune conférence de presse n'a été accordée... une vraie petite dictature pendant 5 jours.
Et M.Kadhafi de venir se présenter à l'Assemblée Nationale : y'a quelque chose de choquant là-dedans.
Où va notre pays ? Avec ce président => notre pays devient un paillasson à dictateur venant se laver leurs chaussures pleines de sang.
Je crois qu'on ne peut pas tout faire sous prétexte qu'on va faire 10 milliards de contrats et cete visite officielle de Kadhafi est un nouveau point noir sur le plan international pour notre pays.
Un de plus et tout cela en 6 mois de présidence Sarkozy => je me demande ce qu'il en sera dans 4 ans et demi...
Une chose est sûre : M.Sarkozy, vous resterez comme le président qui aura déroulé le tapis rouge à l'un des pires dictateur et terroriste du XXe siècle.
Honte à vous M.Sarkozy.
Rédigé par : Ségo | 14 décembre 2007 à 22:29
Moi je voudrais féliciter notre président.
Par delà les belles envolées lyriques, il apprend rapidement, sur le tas, le métier de président de la République et avale comme bien d'autres ses couleuvres.
Ahhh ministre c'est vrai qu'on peut plus facilement l'ouvrir.
Ne croyez pas que je me gausse de Nicolas Sarkozy car en fait j'aime bien sa méthode, même si parfois elle est brouillonne.
Certes Kadhafi est un dictateur mégalo mais il n'est pas un idiot loin de là.
Pour en finir, et faire bref pour une fois, je préfère que les ouvriers de Dassault, Vinci, Areva et autre Airbus travaillent suite aux commandes du président lybien plutôt que ceux d'Exxon, General Electric ou Boeing.
C'est moins moraliste mais tellement plus pragmatique et bénéfique pour eux et somme toute pour la France en général.
Rédigé par : Surcouf | 14 décembre 2007 à 21:25
La visite de Kadhafi a en effet mis en avant la traditionnelle question de l'amoralité de la diplomatie.
Une diplomatie ne saurait être, par essence, fondée sur la morale. Depuis des siècles, les Etats fondent leur action au sein de la scène internationale à l'aune d'un seul et unique critère : leur intérêt.
La France à tout intérêt à réchauffer ses relations avec la Libye, afin de maintenir son influence en Afrique du nord, zone disputée par d'autres grandes puissances, à commencer par la Chine. La France a tout autant intérêt à chercher un acheteur qui fasse travailler ses entreprises.
C'est d'ailleurs pourquoi il est stupide de présenter la visite de Kadhafi comme le prix de la libération des infirmières bulgares, comme si la France subissait le resserrement de ses relations avec la Lybie ... Disons plutôt que cette libération était le préalable à tout ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours, et que le voyage de Chirac à Tripoli en 2004 annonçait.
Rien de choquant donc dans ce qui vient de se passer, si ce n'est, peut-être, comme l'a dit Serge July, "l'épaisseur du tapis rouge".
Rédigé par : Julien | 14 décembre 2007 à 21:14
"Comment garder le moral ?"
nous comptez-vous presque par K.O !
je ne sais !
par contre , pour garder l'immoral, là,je peux répondre !!
Rédigé par : Cactus et la morale de l'histoire | 14 décembre 2007 à 20:36