J'ai l'impression qu'on a traité le Tchad et sa justice comme on utilise l'expression "homme de couleur" : avec un respect ostensible et une supériorité subtile.
Qu'on m'entende bien : je comprends la peine, voire l'indignation des familles des condamnés, je suis heureux que ceux-ci soient transférés en France pour y purger leur peine.
Je n'ai pas été scandalisé par les multiples déclarations médiatiques au Tchad, avant et durant le procès, des avocats de la défense, notamment de Me Gilbert Collard qui s'en est donné à coeur joie, assuré d'avoir un soutien facile. Je relève avec plaisir que le seul qui ne s'est pas abandonné là-bas à cette débauche fut le bâtonnier Mario Stasi qui, sous toutes latitudes, garde dignité, respect et tenue. Je n'ai pas été surpris par les protestations dénonçant le verdict de huit ans de travaux forcés et vitupérant la justice tchadienne. Sans rire, elles m'ont rappelé celles que de plus en plus s'autorise le barreau quand, en France, il veut influencer le cours d'un procès ou mobiliser à son issue, quand la décision rendue n'est pas conforme à ses voeux.
Pourtant, derrière cette contestation classique et en quelque sorte sans frontières, j'ai ressenti des insinuations, une condescendance, presque du mépris enrobé dans une apparente courtoisie, des polémiques qui ne se rapportaient pas seulement à l'administration d'une justice sans doute critiquable mais à une sorte d'état qui rendait cet Etat naturellement inapte à la souveraineté et au jugement. Cela fleurait, sans vouloir abuser du terme, le colonialisme judiciaire. Lorsqu'à l'évidence des pays disposent de moyens aussi clairement disproportionnés, la seule manière d'instaurer une égalité, même de surface, de sauvegarder, coûte que coûte, les droits de l'homme ici et là-bas, de ne pas offenser les citoyens du Tchad au nom de la citoyenneté française réside dans le style, dans la forme, dans l'hommage que le langage doit savoir rendre, en toutes circonstances, à la pauvreté honorable, à la bonne volonté estimable. Puis-je dire que je n'ai pas perçu cette volonté de ne pas blesser, ce refus de profiter de sa force et de son confort pour ne pas accabler, avec une infinie démagogie, l'autre et ses trop évidentes faiblesses ?
La justice tchadienne aurait été trop expéditive ? Que n'aurait-on pas soutenu si l'affaire de l'arche de Zoé avait été instruite durant des années et tranchée après un interminable délai ?
On a tourné en dérision l'avocat général qui, pour tous les accusés, a requis de sept à onze ans de travaux forcés. On n'a pas compris, ou pas voulu comprendre, que cet espace si large qu'il proposait pour la peine invitait les magistrats, au moins implicitement, à varier les sanctions au regard de cet intervalle lucidement requis. L'arrêt de huit ans serait un déni de justice pour la plupart des avocats ? Ils auraient été plus crédibles si cette outrance ne leur était pas habituelle, même après une administration remarquable de la justice.
Connaît-on, enfin, beaucoup d'Etats qui auraient accepté aussi aisément, en dépit d'une forte opposition populaire, de faciliter le transférement de condamnés dans leur pays d'origine en tenant pour rien un sens de la souveraineté à plusieurs reprises battu en brèche ?
Une justice de couleur. Un respect ostensible, une supériorité subtile. L'arrogance mal dissimulée de l'homme blanc. J'ai pensé à mes collègues tchadiens et j'ai partagé leur humiliation rentrée ou affichée.
Une interrogation pour finir. Une association aurait commis les mêmes actes, pour rester neutre, en France ? Celle-ci aurait-elle toléré l'intrusion du Tchad dans le fonctionnement de ses institutions ? La réponse étant évidemment négative, il faut bien admettre que le "deux poids deux mesures" résulte seulement de l'inégalité des statuts, des pays, des revenus et des images.
La démocratie véritable, pourtant, c'est de penser et d'agir comme si.
Poster un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.
Vos informations
(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)
Deux poids, une mesure ?
Tout à fait d'accord avec les réflexions et les commentaires de Philippe Bilger. Le paradoxe des thuriféraires de la bien pensance, qui imaginent que nos bons humanitaires ayant agi en toute bonne foi, ne méritent pas l'opprobre d'une condamnation pénale, est que dans une affaire pratiquement analogue mais vieille de plus de quarante ans, leur position diverge radicalement de celle qu'ils soutiennent dans l'affaire de l' "arche de zoé".
Petit rappel historique. Dans les années soixante, à l'initiative de Michel Debré alors député de la Réunion, le ministère des Affaires sociales décida du départ (on dit aujourd'hui déportation) d'enfants réunionnais pour y être accueillis dans des familles de la Creuse, de l'Aveyron ou du Cantal. Quelques-uns étaient orphelins, mais la plupart étaient encore à la charge de leurs parents. Ce sont eux qui, bien des années plus tard, ont intenté un procès à l'Etat pour les avoir privé d'une existence qui aurait du avoir pour cadre l'environnement géographique et familial de leur naissance. Nombre de ces enfants étaient plus ou moins délaissés par leurs géniteurs ou ceux qui en faisaient office. C'est donc la démission parentale qui a servi de prétexte à cette exode.
Quelle arrière-pensée sous-tendait ce curieux projet de retirer les enfants de leur contexte social pour repeupler des départements à démographie déclinante ? Rien que la certitude bien ancrée dans l'inconscient républicain que l'Etat ne peut dispenser que le bien sans s'attarder sur les dommages directs ou collatéraux qu'une telle décison pouvait engendrer. Aujourd'hui c'est ce totalitarisme du bien qui est mis en accusation sur un ton cinglant. Ce qui est décrié, c'est ce volontarisme authentiquement altruiste qui ignore les réalités empiriques et qui a fait dire à certains qu'on était en présence d'un nouvel esclavagisme. Pas moins. Car s'il y a bien un terrain propice à tous les amalgames c'est bien celui-là.
Ainsi beaucoup d'âmes charitables, émues par cette revendication identitaire de ces enfants qui ont grandi loin de leurs racines, ont été promptes à inculper cet Etat irresponsable, plus monstre froid des monstres froids que jamais. Il me semble toutefois reconnaître dans leur complainte indignée le même timbre de voix que celui des discours ambiants qui tentent de nous faire croire que la cause humanitaire est l'excuse absolutoire de tout débordement.
Il est plutôt naturel d'éprouver une fraternelle compassion pour des compatriotes aux prises avec un système judiciaire étranger. Il n'empêche que je crois discerner derrière les critiques condescendantes du système judiciaire tchadien (à bien des égards calqué sur le nôtre) cette résurgence de cette idéologie hégémonique du bien qui, en toutes circonstances, accorde un rang de prévalence à celui qui agit sous sa banière dans l'ignorance totale des dégâts qui peuvent en résulter.
Qu'auraient dit dans quarante ans les petits Tchadiens arbitrairement qualifiés d'orphelins ? Je conjecture, en tous les cas, ce qu'auraient dit les thuriféraires de la bien pensance.
Philippe Maurel
Rédigé par : philippe MAUREL | 04 janvier 2008 à 15:09
Il s'agit d'une affaire diplomatique, nullement d'une affaire judiciaire. L'appareil judiciaire tchadien n'a manifestement été convoqué que pour fournir un habillage médiatico-juridique à un arrangement qui n'est que la traduction du rapport de forces entre la France et le Tchad. Rapport de forces qui est de nature néo-colonial. La justice tchadienne s'est donc pliée à la volonté politique française, indirectement. Ce qui a été rendu possible par le fait qu'elle est, évidemment, nettement moins indépendante que la française.
Il serait anormal de ne pas ressentir de "colonialisme judiciaire" dans la couverture de l'événement. C'est là où l'on n'en ressent pas que se trouve l'hypocrisie.
Rédigé par : FC | 02 janvier 2008 à 11:55
@francis
"Je pense qu'il en est ainsi pour l'Arche de Zoé, les naïfs organisateurs de cette O.N.G fantomatique ont cru bien faire,"
Les 'naïfs organisateurs' comme vous dites sont sans doute bien naïfs en effet, mais je ne pense pas que le problème puisse se voir restreint à la question kantienne en somme d'une 'volonté bonne'. Qu'est-ce que vouloir bien faire?
J'ai été confrontée en mars 2005 à une sombre histoire de bébé japonais qui serait allé sonner tout seul à la porte d'une habitante de la banlieue messine, présidente d'association comme par hasard, et j'ai donc fait à ce propos un courrier à l'autorité administrative pour m'en étonner vu que si les bébés japonais sont très en avance comme chacun sait personne n'en a encore jamais vu d'aussi avancé !!
A la lecture de ce texte je crois qu'on comprend bien que dans certaines histoires la réalité psychologique est en fait très compliquée. Je ne sais pas présentement sur quel CD j'ai bien pu archiver ce texte auquel l'administration qui m'avait paru devoir être concernée n'a cependant pas cru bon de réagir pour des raisons que je serais bien curieuse de connaître, mais si je mets la main dessus, je vous le posterai vu que c'est par ailleurs ce que dans le milieu franco-japonais du Japon on m'a conseillé de faire depuis longtemps, en l'espèce de le faire paraître sur l'un des forums du domaine franco-japonais.
Rédigé par : Catherine JACOB | 01 janvier 2008 à 09:58
@Parisot Catherine
L'adoption est un acte effectivement grave, mais la lenteur extrême de l'administration (DDASS) peut décourager les plus fervents et les détourner vers des associations plus ou moins louches.
Le dossier qui est constitué auprès de la DDASS par les familles qui souhaitent adopter un enfant n'est valide que 5 ans et il peut arriver que la lenteur administrative invalide le dossier. Auquel cas les familles sont obligées de recommencer la formulation d'adoption. Il faut vraiment avoir la foi.
Sans avoir recours aux faits divers, la vente d'enfants s'est pratiquée en France, dans nos maternités. Plutôt que d'abandonner à la DDASS l'enfant à la naissance, l'acte de naissance était rédigé avec le nom d'une famille qui "attendait". Certainement que la mère que l'on pourrait qualifier de porteuse touchait une rémunération...
@ à tous...
Bonne et heureuse année 2008.
Rédigé par : bernard1 | 31 décembre 2007 à 21:32
PS : Mais où donc ont été formés ces magistrats africains pour posséder un tel bon sens juridique ? Peut-être à l'E.N.M ! Il ne faut désespérer de tout.
Rédigé par : francis | 31 décembre 2007 à 18:19
La rocambolesque affaire de de l'Arche de Zoé fait se souvenir, rapportée par l'Express, de la pitoyable histoire des enfants Finaly. Pendant l'Occupation, deux enfants de 2 et 3 ans, Robert et Gérald Finaly, fils de parents autrichiens qui vont mourir en déportation, sont recueillis par la Congrégation N.D de Sion et confiés à Antoinette Brun, directrice de crèche. Pour cette femme courageuse, malgré les dangers encourus, ce geste noble était alors coutumier. La suite ne le fut pas. La congrégation de N.D de Sion a la vocation alors de convertir les Juifs, pour le salut de leurs âmes ; à l'instigation d'A. Brun, les enfants ont été baptisés en 1948, déjà soustraits à leur famille qui les réclame. Ils sont cachés en Espagne, allant de couvent en couvent, il importe de sauver leurs âmes... Cela déclenche un conflit international où sont mêlés le cardinal Gerlier, Primat des Gaules, le Vatican, le général Franco, la France, le Rabbinat et la France outre Israël. Finalement, les enfants parviennent en Israël où ils sont adoptés et élevés par leur famille proche. Cinquante ans après, le final appartient à Robert Finaly, chirurgien en Israël : "Mlle Brun a fait ce qu'elle pensait devoir faire, tout le problème, c'est qu'elle avait tort". Je pense qu'il en est ainsi pour l'Arche de Zoé, les naïfs organisateurs de cette O.N.G fantomatique on cru bien faire, ils se sont trompés, comme vraisemblablement ils ont été trompés. Comme beaucoup, j'ai été choqué par l'attitude d'une certaine opinion publique et judiciaire francaise à l'égard de la magistrature tchadienne. Il convenait de régler au plus vite et au mieux cette triste affaire qu'allaient vite envenimer les relents du colonialisme. Oui, "la bonne volonté estimable dans sa pauvreté honorable de la justice du Tchad", face aux impératifs politico-judiciaires, a été bien rendue. Belle réponse à l'anticolonialisme judiciaire et hélas à notre Président Sarkozy qui se croyait encore au bon temps des colonies.
Rédigé par : francis | 31 décembre 2007 à 18:07
@Marcel Patoulatchi
Pourquoi faut-il toujours mettre de l'huile sur le feu ? N'existe-t-il pas des travaux d'intérêt général, par exemple au service d'associations d'utilité publique et n'ayant aucun lien ni avec l'humanitaire ni avec les enfants ? Et des travaux d'intérêt général que l'on n'accomplit pas librement ne sont-ils pas dès lors passibles d'un accomplissement forcé ? Il n'est sans doute pas nécessaire d'en faire des cantonniers à l'époque des énormes machines-robot des travaux publics, mais d'employer chacun selon ses compétences et d'envoyer ensuite une part de leur salaire aux Tchadiens qui y trouveront certainement davantage leur compte qu'en les faisant trimer dans leurs propres bagnes, car à moins qu'on ait prévu de les employer sous le soleil de Cayenne pour des travaux de restauration à des fins touristiques ultérieures (???), j'imagine bien qu'il ne va pas s'agir de réintroduire par ce biais des peines cruelles archaïques en leur faisant construire un bagne spécialement pour eux, fondre des boulets comme pour les Dalton en leur faisant traverser la France à pied, enchaînés, et éventuellement de les marquer au fer rouge d'un logo haute couture et tout le toutim !!
Rédigé par : Lucky Luke et Jolly Jumper | 31 décembre 2007 à 17:58
Par pure curiosité, je me demande comment on peut purger une peine de travaux forcés en France, pays qui a signé des accords internationaux proscrivant ce type de peine.
S'agit-il purement et simplement d'une mutation de la peine, d'un changement de nature ? La démarche elle-même serait empreinte de cette condescendance à l'égard de la Justice du Tchad : ainsi on voudrait bien lui reconnaître le droit de condamner mais pas celui de déterminer la nature de la peine.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 31 décembre 2007 à 14:59
@ Parisot Catherine
"Connais pas le Café de Flore."
Le Café de Flore (station de métro : Saint-Germain-des-Prés) est l'endroit où les intellectuels made in Paris vont boire leur café. Ex : de son propre aveu BHL qui a établi un parallèle entre le Fouquet's, la brasserie située sur les Champs Elysées et ce Café au cours d'une récente interview télévisée. Bonne année 2008 à vous aussi.
Rédigé par : Catherine JACOB | 31 décembre 2007 à 10:38
@ Catherine Jacob
OK, OK... chacun pense comme il le souhaite. Je voulais juste dire que les actes du Président pour la France n'ont rien à voir avec son choix de compagne. Il a le droit d'aller avec qui bon lui semble.
Surtout, à chaque fois qu'on parle de lui, paf, on glisse le prénom de Carla !
Bah, un jour on parlera de ce qui émeut les Français sans faire allusion à sa compagne.
Les feux de la rampe ne durent pas... qui de Carla Bruni et/ou des journalistes se lasseront ? Ah, zut, moi aussi je me prête au jeu !
Connais pas le Café de Flore.
J'connais la gare de l'Est, la chaîne du groupe Accor, le RER, la Villette, le métro, les cafés, les bureaux de patrons qui ne rappellent plus après un entretien, la Tour Eiffel (fort heureusement appartient encore à tout citoyen ne pouvant se restaurer (on y mange ?) au Café de Flore).
Bah, pô grave, l'Alsace est jolie et ses winstubs sympathiques !
Bonne année, Catherine !:) de la part de l'autre Catherine.
A Bernard 1
Je n'ai pas à accepter vos excuses car vous ne m'en devez pas. Vous ne m'avez pas fait mal au coeur :) Je relevais juste le fait que le fait d'adopter (j'adore les répétitions dans mes phrases ) n'était pas l'apanage des bobos. Adopter est un acte singulièrement "grave" avec tout ce qu'il implique comme prise de conscience de la part des adoptants et des adoptés par la suite.
Ce n'est pas un acte à prendre à la légère, avec ou sans argent qui suit (ou précède, pour le cas que vous citez). Tout comme prendre la décision de faire un enfant, je pense.
La chanson de Renaud a tourné en boucle il y a de cela quelques mois. Vous n'avez pas acheté le CD ? Oh, Bernard, voyons ! (rires)
Moi non plus. :)
Amitiés à tous ! Dans moins d'une heure, je pourrai écrire "Ce soir, c'est la fêteeeeee !!"
BONNE ANNEE A TOUS ! Revenez nombreux, svp.
MERCI à Philippe pour cette année riche en rebondissements !
Rédigé par : Parisot Catherine | 30 décembre 2007 à 23:15
@ Parisot Catherine
Loin de moi l'idée de penser que vos parents étaient des "bobos" et si je vous ai choquée dans mes écrits je vous adresse mes excuses les plus sincères et mes plus vifs regrets.
Mais on peut s'interroger sur le contournement des voies officielles de l'adoption par les vedettes... Il y a d'un côté la DDASS et sa multitude d'enquêtes et de l'autre, comme exemple, "Johnny" revenant d'Asie avec un enfant adopté sans que celui-ci ait eu à affronter (semble-t-il) la complexité de l'adoption légale. Il se disait même prêt à y retourner. Les "People" auraient-ils certains privilèges ?
...Je ne connais pas la chanson de Renaud...
Rédigé par : Bernard1 | 30 décembre 2007 à 20:08
"Qu'on m'entende bien : je comprends la peine, voire l'indignation des familles des condamnés, je suis heureux que ceux-ci soient transférés en France pour y purger leur peine."
Ai-je bien entendu ? Supputez-vous que purger une peine de 8 ans de réclusion criminelle en France c'est plus "équitable" qu'au Tchad ?
Eh bien figurez-vous qu'une prison africaine, tchadienne de surcroît, est plus "laxiste" sur le règlement intérieur et les droits de visite. Là bas il est plus facile de recevoir toute sa famille et même de s'isoler intimement. Bien sûr il faut "graisser la patte"… mais au moins il y a une humanité, pas d'hypocrisie comme en France où la sexualité est complètement déniée (mais les préservatifs largement distribués) et les parloirs une parodie de lien familial et l'intimité pudiquement nommée "bébé parloir".
Ceci étant dit, j'avoue humblement ne pas comprendre pourquoi la magistrature, si prompte à sortir de sa réserve ces temps-ci, ne s'est pas prononcée sur le fond de cette affaire.
En quoi un "appel de cette décision parodique de justice" n'est pas possible une fois en France.
Je vous ai entendu aussi quand vous dites : "Connaît-on, enfin, beaucoup d'Etats qui auraient accepté aussi aisément, en dépit d'une forte opposition populaire, de faciliter le transférement de condamnés dans leur pays d'origine en tenant pour rien un sens de la souveraineté à plusieurs reprises battu en brèche ?"
"opposition populaire" ? Ah bon, parce que le peuple tchadien a voix au chapitre maintenant ? Tiens c'est nouveau ça… à quand remontent les dernières élections démocratiques au Tchad ?
Savez-vous ce que vont devenir ces enfants ? Rien n'est moins sûr qu'il soit bien pour eux qu'ils retrouvent leurs familles.
Quand j'étais au Tchad, à Moussoro, on a voulu me vendre une "très" petite fille "sur pied", pour quand je serai vieux…
Le sort des enfants là bas est vite "jeté" : déjà mère à 13 ans pour une fille, grand-mère à 26, morte à 35, ou alors "petite main" pour offrir "l'amour qui passe" à l'homme blanc. Et si par bonheur il est garçon, il sera mangeur de cat dès 12 ans et avec un peu de chance il vivotera à la débrouille.
Je pense qu'il faut savoir sortir du cadre légaliste (carcéral) de la loi et se poser la question :
est-ce la loi qui est faite pour l'homme ou l'homme pour la loi ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 30 décembre 2007 à 19:15
Chez moi j'utilise Mir couleur et je pense que ce n'est que justice si j'inspecte combien mes chemises sont respectées après de nombreux lavages (et je ne vous parle pas de mes blue sued shoes) !
et vous ?
sinon à 2008 et bonne année !
Rédigé par : Cactus fait sa grande lessive | 30 décembre 2007 à 12:18
Parisot Catherine
«Je ne m'inquiète pas pour Carla Bruni et sa relation avec son compagnon choisi en toute démocratie (zut alors, ils ont le droit d'être ensemble, sans déconner !).»
Oui et non. Personnellement je pense qu'il en va de la vie privée du détenteur du pouvoir temporel comme de celle du détenteur du pouvoir spirituel.
Autrement dit, de même que le célibat des prêtres me paraît une sorte de sacrifice nécessaire à son exercice - on remarquera au passage que plus la revendication est grande quant à l'alignement sur d'autres formes de sacerdoce et plus ce pouvoir amorce une perte de crédibilité vis-à-vis de la pratique culturelle de la religion majoritaire de ce pays - de même une certaine pudeur quant à la vie privée du citoyen président peut me paraître propice à éviter l'écueil représenté par l'institutionalisation d'une forme de pouvoir revenant quelque part à une monarchie absolue de droit people où chacun assiste de sa place aux 'couchers' du soleil, ce au profit de qui saurait, lorsqu'il y a lieu, se restreindre quant à toute espèce d'appétits terrestres dès lors que leur satisfaction s'avère hors d'atteinte du plus grand nombre [= vraie démocratie et aussi vraie intelligence du commandement ainsi que du pouvoir appelé à durer car que nous reste-t-il, à nous pauvres humains, dès lors qu'on nous imite jusque dans nos petites faiblesses!].
Autrement dit encore, il me semble que la République n'a nul besoin de Carla Bruni si en revanche elle pourrait avoir besoin d'une Mme Sarkozy qui sache, pour l'honneur de la France, tenir ce rang le temps d'un quinquennat. Dans l'attente je trouve que la mère du président fait très bien l'affaire comme on l'a vu à l'occasion du voyage en Chine.
En résumé donc et très clairement dit, pour la France et pour la citoyenne française - à savoir aussi pour les femmes et pour la femme -, épargnons-nous une confusion tout à fait regrettable entre l'escalier de service et le grand escalier, entre l'Elysée et la brasserie rivale du Café de Flore !
Rédigé par : Catherine JACOB | 30 décembre 2007 à 11:43
Merci pour ce billet.
Je n'ai pas lu la presse française récemment mais je doute d'y trouver une aussi juste analyse, étant donné la quasi absence d'indignation sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, où se mêlaient clichés et généralités sur tout un continent.
Rédigé par : Bulle | 30 décembre 2007 à 11:07
"J'ai pensé à mes collègues tchadiens et j'ai partagé leur humiliation rentrée ou affichée."
Compte tenu des contextes de cette affaire, la justice tchadienne a fait son travail.
Maintenant l'interrogation qui persiste pour moi est la difficulté à admettre comment un tel scénario de sauvetage a pu être jugé crédible par tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont été partie prenante de ce dévoiement de l'humanitaire.
Ce que je n'arrive pas à comprendre c'est qu'il n'y a eu visiblement personne pour dire stop et rappeler des principes de réalité.
Je pense que les déclarations de Maître Collard participent à leur façon de cette sorte de captation des réalités propres à un pays et à des cultures au profit d'une vision fantasmée dont la seule finalité, au fond, était une médiatisation à n'importe quel prix.
A tort ou à raison, je persiste à penser que la présence des journalistes a aggravé l’hallucination collective qui semble avoir caractérisé le montage en amont et en aval de cette opération délirante.
Présenter la décision de la justice tchadienne comme une mascarade. N’est-ce pas l’hôpital qui se moque de la charité ?
"Marc était là-bas pour essayer de comprendre cette opération particulière qui paraissait farfelue. Mais à aucun moment la vie des enfants n'a été menacée, à aucun moment il n'y a eu de maltraitance", a expliqué Hervé Chabalier. Selon lui, il y a chez cette ONG "un côté naïf mais aussi très déterminé à aller jusqu'au bout de sa mission humanitaire avec un grand H". (LCI 04-11)
"essayer de comprendre cette opération particulière qui paraissait farfelue".
J’aurais souhaité qu’au-delà du désir de comprendre le farfelu, le statut d’observateur puisse être invoqué pour mettre en garde des périls auxquels expose la naïveté exaltée.
Rédigé par : Véronique | 30 décembre 2007 à 10:30
Je n'ai plus trop les yeux en face des trous comme on dit (on dit ça?) donc je vais tenter, vu l'heure, d'être concise (pour une bavarde, pas évident! Hm...:)!)
A Bernard 1 :
"Votre remarque n'est pas sans rappeler le magazine "Fluide glacial", lequel ironisait sur le sujet dans un des ses numéros consacré aux "Bobos" et anticipait sur un "Salon des bobos" dans lequel le stand adoption n'avait pas été oublié."
Lorsque j'étais gamine ( "Allongez-vous sur le canapé, Madame..."!) il n'était pas à la mode d'être adopté et je peux avancer des arguments. Je l'ai vécu.
Mes parents m'ont adoptée en 1973. Ils n'ont rien de "bobos" et rien ne me fait plus sourire que les textes de la chanson de Renaud à ce sujet.
Comme on dit " c'est celui qui le dit qui l'est!" Tralala! Tsoin, tsoin.
L'adoption par les stars a été mise en évidence par certains médias.
L'adoption par Monsieur et Madame Tout le Monde ne l'est pas (mise en évidence) + qu'elle ne l'était il y a 30 ans. Cela n'intéresserait personne. Ce n'est pas l'enfant qui fait vendre du papier mais qui est l'adoptant.
Je suis bien entendu pour l'adoption vu que j'en ai bénéficié.
Toute la problématique - Philippe pourra nous l'expliquer car je n'ai pas fait de grandes études consacrées au droit - réside peut-être dans le fait de savoir si ces gosses étaient ou non orphelins.
Et ça, c'est pas demain la veille qu'on le saura.
A Jean-Dominique Reffait :
"Carla est une gourmande qui n'attend pas"
Gourmandise : selon l'Internaute :
Définition nom féminin
Sens 1 Caractère de celui qui est gourmand. Synonyme gloutonnerie Anglais greed, greediness
Sens 2 Friandise. Synonyme douceur Anglais sweet thing
8 synonymes : appétit, bonbon, douceur, friandise, gâterie, gloutonnerie, goinfrerie, sucrerie.
Si Carla Bruni aime les douceurs, c'est que notre Président en est une.
L'image est plutôt jolie, romanesque.
Mais, pourquoi ne pas fiche la paix à notre Président en ce qui concerne son choix de compagne ? A chaque fait d'actualité abordé, il devient fréquent que le prénom de Carla apparaisse. Ce n'est pas elle qui a été élue.
Ce n'est pas elle qui améliorera l'économie de notre pays !
Elle est belle ; elle éblouit ou du moins ne laisse pas indifférent. Tant mieux.
L'essentiel est :
A Anne :
"Des enfants il n'en est plus question. Ils seraient toujours dans un "orphelinat". Mais ce ne sont plus des victimes "médiatiques". Leur situation n'intéresserait donc plus personne (pensent les rédacteurs en chef...). Dans quelques mois, un reportage, en troisième partie de soirée, nous apprendra peut-être quel a été leur destin. Qui s'y intéressera ? Le colonialisme est toujours dans les têtes..."
Oui, là est l'essentiel : le sort des enfants.
Je ne m'inquiète pas pour Carla Bruni et sa relation avec son compagnon choisi en toute démocratie (zut alors, ils ont le droit d'être ensemble, sans déconner !).
Anne, vous avez raison, l'essentiel est le sort de ces enfants. Qu'ils retrouvent leurs familles ou qu'ils finissent à l'orphelinat sans personne au final pour les "réclamer" !
Bon dimanche à tous !
A bientôt, Philippe !
Rédigé par : Parisot Catherine | 30 décembre 2007 à 02:52
Merci Bernard, je ne savais pas. Ce qui sort d'ironique ou de sérieux vient généralement de mon constat ou de mon imaginaire et j'y suis précautionneux, mais il est évident que la caricature de la caricature n'est pas un exercice neuf, Scaron s'y entendait déjà.
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 30 décembre 2007 à 02:33
Bien qu'il convienne à tout esprit animé d'une certaine droiture de dénoncer une sensible condescendance de la France vis-à-vis de la justice tchadienne, force est de constater la médiocrité de l'appareil judiciaire tchadien. Et c'est une question de bon sens que de ne pouvoir qualifier ce procès que de simple mascarade qui permet simplement aux autorités tchadiennes de sauver la face médiatiquement. Il était convenu d'avance que les prévenus allaient être expatriés après ce procès expédié vivement. Et évitons donc de jouer les bien-pensants : il eût été hautement inconcevable pour tous que ce ne fût pas le cas étant donnée la disymétrie de puissance qui existe entre la France et le Tchad. Le droit international n'est qu'un mythe alimenté sporadiquement par le jugement en grande pompe de diables déchus impotents et inoffensifs. Le seul rapport des Etats entre eux est le rapport de force et la justice internationale un habile maquillage médiatique.
Rédigé par : cravate | 30 décembre 2007 à 00:20
@ Ludovic Lefebvre
"Je voulais offrir à ma compagne un petit noir assorti à ses sièges de voiture en cuir blanc et puis avec le R&B et la télévision, ils sont à la mode. Du coup, je me retrouve en carafe, quelqu'un en aurait-il un à me proposer même une solde avec une jambe en moins ? "
Votre remarque n'est pas sans rappeler le magazine "Fluide glacial", lequel ironisait sur le sujet dans un des ses numéros consacré aux "Bobos" et anticipait sur un "Salon des bobos" dans lequel le stand adoption n'avait pas été oublié.
Rédigé par : Bernard1 | 29 décembre 2007 à 20:30
Je vous suis totalement. Le comportement de la France, des médias français, du président qui prétendait aller les chercher "quoi qu'ils aient fait", transpirent le mépris à plein nez. Le président n'est pas allé les chercher, mais bon, Bolloré n'avait que ce créneau pour son avion et Carla est une gourmande qui n'attend pas.
Certes l'instruction a été rapide, trop sans doute, et ne permettant pas, notamment par l'envoi de commissions rogatoires en France, de démêler toutes les implications de cette affaire.
Il ne me semble pas que la justice tchadienne ait cependant démérité, coincée entre des impératifs politiques de délai (se débarrasser de la patate chaude au plus vite et toucher le pognon promis par N. Sarkozy) et une suspicion honteuse (les prisons de nègres, la nourriture des nègres, les nègres déguisés en juges). J'ai trouvé ces magistrats plutôt zen, malgré tout ce qu'il leur tombait sur la figure.
Il y a, dans d'autres pays "civilisés", des français détenus pour des faits éventuellement moins graves que l'embarquement à coups de bobards de 103 gosses. Personne ne s'en émeut au point de considérer que nous venons de libérer du Tchad des otages odieusement retenus. Mais ils sont jugés par des civilisés, des blancs ou des asiatiques, pas par des nègres dont la justice est, par définition chromatique, empreinte d'illégitimité.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 29 décembre 2007 à 15:55
Vous écrivez: "Pourtant, derrière cette contestation classique et en quelque sorte sans frontières, j'ai ressenti des insinuations, une condescendance, presque du mépris enrobé dans une apparente courtoisie." Il est très étonnant que vous n'ayez pas ressenti les mêmes insinuations et le même mépris lorsque le Président français se permettait de déclarer avant même le début du procès : "J'irai les chercher quoi qu'ils aient fait" ! Vous semblez choqué par des communications d'avocats qui ont un rôle réel de défense. Je le suis beaucoup plus par un Président qui fait du Tchad une néo-colonie !
Rédigé par : Dan | 29 décembre 2007 à 14:46
Après le procès de la justice tchadienne par nos médias sous prétexte que l'Arche de Zoé menait une action humanitaire, j'avoue que je ne sais plus qui est la victime et qui est le fautif.
Cela est malheureusement de plus en plus le cas le cas. Remember Outreau !
Rédigé par : mike | 29 décembre 2007 à 12:52
Ayant pensé au "colonialisme judiciaire" en parlant de cette affaire avec des amis qui ne voulaient pas voir cette condescendance que j'avais bien perçu, je suis extrêmement heureux qu'un esprit aussi brillant que le vôtre confirme mes dires...
Quant à Maître Collard, on ne peut lui reprocher la constance qu'il s'applique à adopter dans les registres tantôt de la vulgarité, à tout le moins de l'excès... il n'honore pas le barreau, ne faudrait-il pas à ce titre imposer aux avocats d'être magistrats pendant une certaine période, aux fins de leur faire saisir la difficulté de juger....?
Avec ma plus profonde estime,
un étudiant en droit
Rédigé par : drillabug | 29 décembre 2007 à 11:21
Bonsoir, Philippe ! Bonsoir à tous !
Je ne connais pas tout ce qu'il faudrait savoir pour commenter l'affaire.
Et si en effet on avait menti à cette équipe en lui faisant croire que les enfants étaient orphelins ?
La justice n'est-elle pas spécifique à chaque pays ? Son application étant déjà différente selon la nation en question, il est évident que les enjeux qui lient telle ou telle nation à une autre en sont d'autant plus complexes et parfois inconnus du grand public.
L'opinion française est pour sauver la peau (pas de Roger Rabbit) de ces humanitaires, je crois ? Normal, de soutenir ses compatriotes, Philippe ! Non ? Lorsqu'ils sont accusés, il est tentant de leur trouver des excuses. Des " Et si..." tout comme je le fais en me demandant s'ils n'étaient pas de bonne foi en voulant ramener ces enfants de là-bas...
Vous avez raison, la justice devrait avoir le même visage pour l'homme blanc et l'homme noir (ou violet).
Là encore on peut faire l'expérience de l'émotionnel confronté à ce que la Justice, impartiale et froide a comme devoir à remplir.
Au final, je préfère ce sujet de post à celui qui parlait de Miss France...
La jeune femme si photogénique est sauvée ! Elle conserve sa position.
Là, le peuple de France a gagné !:) car il lui a permis de sauver sa couronne !
Bonne nouvelle : au moins pour des sujets de moindre importance, on écoute l'audimat français ! Héhé !
Le peuple de France a eu son mot à dire. Si seulement on l'écoutait autant pour des sujets plus graves !!
On devient fou, actuellement, entre les yeux de Kadhafi, ceux de Carla Bruni et les formes de Miss France ! Oui, c'est un peu comme un feuilleton haletant avec sans cesse de nouvelles figures : les personnages sont troublants. Jusqu'où iront-ils ?
De cette semaine d'actualités, je garderai surtout le souvenir de la disparition de Madame Benazir Bhutto. Non ?
A très bientôt à tous !
Amitiés à Philippe !
Rédigé par : Parisot Catherine | 29 décembre 2007 à 00:40
Votre chute ressemble au commentaire que je me préparais déjà à émettre à la lecture de votre billet.
Imaginons des noirs faisant commerce d'enfants blancs censés être orphelins, mais qui ne l'étaient pas, ce qui ne change pas grand-chose à l'affaire, ici en France. La loi du pays est la loi, elle doit continuer de primer sur le Droit international pour le respect de l'histoire du monde, de la culture de chacun. Je me bats contre l'implantation de la charia en France, mais ne me donne pas le Droit de changer l'Arabie Saoudite ou le Tchad, aussi cruel et insupportable puisse être leur sens de la justice à mes yeux.
Je voulais offrir à ma compagne un petit noir assorti à ses sièges de voiture en cuir blanc et puis avec le R&B et la télévision, ils sont à la mode. Du coup, je me retrouve en carafe, quelqu'un en aurait-il un à me proposer même une solde avec une jambe en moins ?
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 29 décembre 2007 à 00:21
D'accord, comme souvent, avec votre billet. Deux problèmes (au moins) nous attendent une fois les condamnés rentrés au bercail :
1/ La pression du monde bobo pour une libération immédiate et inconditionnelle des six condamnés, voire leur 'réhabilitation' (quand seront-ils reçus à l'Elysée ?),
2/ La tournée médiatique sans fin d'auto-justification et les attaques tous azimuts sur tous les plateaux de télé et de radios de la part du charismatique (?) (ir)responsable de l'association. Jusqu'à l'indécence. Jusqu'au dégoût.
Cordiales salutations/JYG
Rédigé par : JYG | 28 décembre 2007 à 20:38
Merci de cette réflexion. Les commentaires des médias et les micros tendus aux proches de ces "humanitaires" sont, au minimum, inquiétants. Il ne serait donc rien passé ? Aucune infraction n'aurait été commise ? Cette justice tchadienne ne comprendrait rien à rien ? La pauvreté de ses moyens la rendrait inapte à comprendre les hommes blancs ?
Ce sont ces humanitaires dévoyés qui sont maintenant présentés comme les victimes. Des enfants il n'en est plus question. Ils seraient toujours dans un "orphelinat". Mais ce ne sont plus des victimes "médiatiques". Leur situation n'intéresserait donc plus personne (pensent les rédacteurs en chef...). Dans quelques mois, un reportage, en troisième partie de soirée, nous apprendra peut-être quel a été leur destin. Qui s'y intéressera ?
Le colonialisme est toujours dans les têtes...
Rédigé par : anne l | 28 décembre 2007 à 18:07
Bonjour,
De retour après une longue absence je constate que votre blog est toujours aussi riche.
L'affaire de l'Arche de Zoé a été traitée avec passion ce qui a eu pour conséquence que les journalistes n'ont pas pris le recul nécessaire. Même notre président n'a pas été habile. Lorsqu'on s'intéresse aux questions de diplomatie la règle de base est de ménager les susceptibilités. Si dès le départ on avait pris les précautions nécessaires et si le président n'avait pas déclaré vouloir chercher les détenus "quoiqu'ils aient fait" la fin aurait été meilleure probablement.
Néanmoins je ne peux que m'interroger sur cette condamnation. Tous les bénévoles ont eu la même peine sans distinction des rôles respectifs. J'ai le sentiment que la justice tchadienne voulait faire plaisir à l'opinion publique. Enfin il est également normal de s'interroger sur l'exceptionnelle célérité dont cette justice a fait preuve. Soit l'instruction a été bâclée soit les magistrats tchadiens sont efficaces au point qu'on voudrait les mêmes chez nous !!! Ce jugement laisse de nombreuses questions sans réponse.
Rédigé par : Jean Philippe | 28 décembre 2007 à 17:31
Je me garderais de commenter une décision de justice venant d'un Etat de droit, mais j'ai une question qui reste sans réponse : la rapidité avec laquelle ce procès a été instruit. Si des spécialistes du droit peuvent m'éclairer... Merci d'avance.
Rédigé par : Bernard1 | 28 décembre 2007 à 14:24
Je dois dire que j'ai ressenti le même malaise que vous, malaise qui perdure alors que certains commencent déjà à évoquer une modification des peines pendant que les prevenus - pardon, condamnés - sont encore au Tchad. Au delà de la décision de justice elle-même que l'on peut comprendre ou non, de l'inquiétude des familles que l'on peut forcément comprendre, et sans être un spécialiste du genre, j'ai plutôt trouvé le comportement tchadien plus honorable et courageux - dans un contexte peu évident - que les rodomontades et tentatives de manipulations de certains avocats de la défense.
Rédigé par : Thierry Grenot | 28 décembre 2007 à 14:09
Evidemment la sanction est dure pour les condamnés comme pour leurs proches.
Mais quand même : ce qu'ils se proposaient de faire était grave (arracher des enfants à leurs familles) et ils étaient pleinement conscients de commettre une action illégale, puisqu'ils ont tenté de maquiller ces enfants en prétendus blessés pour ne pas se faire prendre.
Peut-être était-il salutaire de rappeler énergiquement qu'on ne peut pas commettre une action blâmable sous prétexte d'excellentes intentions.
Rédigé par : Barbara | 28 décembre 2007 à 14:05
"la seule manière d'instaurer une égalité, même de surface, de sauvegarder, coûte que coûte, les droits de l'homme ici et là-bas, de ne pas offenser les citoyens du Tchad au nom de la citoyenneté française réside dans le style, dans la forme, dans l'hommage que le langage doit savoir rendre, en toutes circonstances, à la pauvreté honorable, à la bonne volonté estimable. Puis-je dire que je n'ai pas perçu cette volonté de ne pas blesser, ce refus de profiter de sa force et de son confort pour ne pas accabler, avec une infinie démagogie, l'autre et ses trop évidentes faiblesses ?"
Exactement.
En fait, c’est en entier que j’aurai du vous citer, car il n'y a pas un seul mot, pas une seule virgule de ce billet qui n’ait pas mon approbation… respectueuse, cela va sans dire !
Autrement dit, comment se fait-il que vous ayez du l'écrire, tout cela aussi aurait du aller sans dire ! Quand désapprendrons-nous enfin de pérorer ?!
Rédigé par : Catherine JACOB | 28 décembre 2007 à 14:04