Une nouvelle qui m'attriste. Je viens de lire sur le site du Nouvel Obs reprenant France Info que Jean-Louis Bruguière, après son échec aux législatives, se déclare toujours disponible et nous annonce même qu'on lui confiera bientôt un poste ou une mission importante. Il a tout de même droit au repos. Il est trop exigeant avec lui-même. Nous devrions tenter de le persuader que la vie professionnelle, sans lui, sera certes difficile mais possible.
Une entrée en force dans le champ médiatique - hier Métro, aujourd'hui le Figaro - du procureur général de la cour d'appel de Paris, Laurent Le Mesle, qui souhaite, pour résumer, des caméras dans les prétoires. Ce n'est pas parce qu'il s'agit de mon chef que je suis obligé de le désapprouver !
Il a prononcé, lors de la rentrée solennelle de la cour, un discours que j'ai pu lire, comme beaucoup de mes collègues. Il y annonçait une triple résolution. La deuxième se rapportait à son désir de s'investir davantage, pour la justice, dans les débats publics. Il n'a pas tardé à mettre en application cette volonté.
Il est indiscutable que l'incompréhension du citoyen devant la chose judiciaire et l'éloignement qui en résulte seront sensiblement diminués si notre institution se montre davantage, n'hésite pas à offrir à la société la transparence, pour un procès équitable et une vision équilibrée. Contrairement à ce que d'aucuns prétendent, c'est le culte du secret à tout prix, l'obsession de demeurer entre soi, de ne pas ouvrir le plus largement possible l'espace judiciaire qui créent le discrédit. La démarche inverse restaurera le lien de confiance et d'estime entre les juges et ceux qui ont le droit de les juger en démocratie.
La présence ou non des caméras dans les prétoires n'est pas une question nouvelle. Pour ne parler que de la commission Linden (et non pas pas Lindel, dans l'article de Mathieu Delahousse ), elle avait beaucoup réfléchi et proposé des orientations qui n'avaient que le tort, à mon sens, d'être si compliquées dans leur mise en oeuvre qu'elles faisaient craindre une véritable usine à gaz, une bureaucratie de la publicité. Ce que suggère le procureur général, notamment l'interdiction du direct et le contrôle d'un magistrat pour éviter tout préjudice, constitue des données de base à partir desquelles cette expérience entraînera d'heureux effets.
L'une de ses conséquences trop peu remarquée consistera à imposer aux parties un comportement exemplaire. Pas seulement aux magistrats, n'en déplaise à Me Dupont-Moretti qui, dans Métro, soulignait que la caméra dans le prétoire permettrait de surveiller les pratiques des présidents d'assises. L'avantage sera général et je ne doute pas une seconde que tous en tireront profit, même et surtout les avocats qui ont au moins autant de leçons à recevoir qu'à donner.
Enfin, moi qui crois à quelques erreurs judiciaires réelles mais dénonce aussi une mythologie concoctée par le barreau, quelques médias, des justiciers à la petite semaine, je suis certain que l'enregistrement des procès rendra vaines beaucoup de polémiques allant toujours dans le même sens : un innocent prétendu qui aurait été condamné, jamais un coupable probable qui aurait été acquitté.
Les caméras dans les prétoires : la justice, plus ouverte, sera plus sereinement traitée.
Pourquoi pas acquittée ?
@Bernard1
«Bien que je l'emploie comme image cela est possible dans la théorie des univers parallèles. Avocat général et avocat, bien sûr...»
Donc là vous êtes carrément en train de nous parler de Justice... parallèle ! Laissons-là donc s'occuper des 'rats morts' et occupons-nous des rongeurs bien vivants du nôtre, d'univers ! Plus sérieusement si le qualificatif est le même [ parallèle], les concepts de valeur, d'univers et d'état de la matière dans un même espace-temps sont différents. Or, c'est le déterminé et non le déterminant qui le précise, qui est producteur du sens, mais merci pour les cordes vibratoires, je m'y colle dès que j'aurai un moment vu que cela m'a l'air très très compliqué comme dit l'échanson !
«Quant à Oedipe, le débat dépasserait le but de ce blog, donc si un jour nous nous croisons... nous débattrons.»
Je précise que je ne suis pas votre père, ni votre mère, ni leur substitut neutre [analyste], donc nos chemins pourront vraisemblablement se croiser sans risque... Ceci étant l'Oedipe [concept freudien] est une chose et le mythe de même nom [infiniment plus complexe] et auquel il a emprunté, en lui rendant... parfois, en est une autre.
Rédigé par : Catherine JACOB | 22 janvier 2008 à 10:12
@Catherine JACOB
Philippe Bilger juge et partie... Bien que je l'emploie comme image cela est possible dans la théorie des univers parallèles. Avocat général et avocat, bien sûr...
Quant à Oedipe, le débat dépasserait le but de ce blog, donc si un jour nous nous croisons... nous débattrons.
Pour vous mettre en appétit, en folio essais je vous conseille "L'univers élégant" de Brian Greene. Le livre que l'auteur veut de vulgarisation (heureusement qu'il le précise) vous emmène dans la théorie des cordes ; théorie qui est dans le même état d'esprit que celle des univers parallèles. Notre monde n'aurait pas 4 dimensions (avec le temps) mais 25. (Institut des hautes études scientifiques -Departement théorie de cordes - Université d'Orsay... pour la France)
Rédigé par : Bernard1 | 21 janvier 2008 à 11:18
@ Bernard1
Qu'est-ce que vous tentez de dire ? Que le chat est désormais simultanément mort-vivant dans la boîte, vivant et mort dans plusieurs univers parallèles, tout en étant toujours en train de finir sa gamelle dans un coin de la cuisine ? En fait ce que je tentais d'exprimer, c'est que dans le cas de l'innocence bafouée [ex. malédiction transgénérationnelle] il y a triple souillure selon une pensée sacrificielle, alors que dans le cas du coupable impuni [ex. peste thébaine] elle n'est que double.
En ce qui concerne Philippe Bilger, il ne peut pas être juge et partie vu qu'il n'est ni juge ni partie mais dans une tierce position, mais où il lui arrive, dit-on parfois, de traiter la question en cumulant les points de vue, celui de la défense et de l'accusation, ce qui le rendrait si redoutable vu que tout paraît déjà dit quand les parties interviennent ce qui implique pour leurs avocats la nécessité de se surpasser.
Rédigé par : Catherine JACOB | 21 janvier 2008 à 08:02
@ Laboca
L'intervenant Véronique n'est en rien une dépitée de la justice et des avocats.
Rédigé par : Véronique | 21 janvier 2008 à 06:10
Je vous suis sur ce sujet et j'ai lu votre billet de façon, disons, subliminale....
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 janvier 2008 à 21:37
@ Catherine JACOB
Juste une parenthèse pas si hors sujet que ça.
Fini le chat de Schrödinger, nous en sommes à la théorie des univers parallèles.
Cette théorie avancée par le physicien Hugh Everett et qui a inspiré le roman de Philip Pulmann "La croisée des mondes" dont un film a été tiré (La boussole d'or) est prise actuellement très au sérieux (Revue CERN courrier de décembre 2007 - Astrophysicien Aurélien Barrau Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie UJF/CNRS/IN2P3)
Il est préférable de citer les sources si je ne veux pas voir arriver chez moi deux mastards habillés en blancs me forçant à avaler des petites bleues et m'entravant dans une camisole.
Il n'est pas question de faire un cours de physique théorique surtout sur ce sujet hyper complexe, mais si la physique arrivait à démontrer que ces univers existent, certains avancent le nombre de 10 puissance 100 ; univers que nous pourrions appeler antimondes, notre pensée serait bouleversée. Le chat de Schrödinger serait mort et vivant à la fois, Philippe Bilger Juge et partie, Descartes et Freud n'auraient plus de raison d'être et iraient au pilon, surtout si en poussant la pensée d'Everett ces mondes interfèrent entre eux... Le mot de la fin reviendrait à Nietzsche "Dieu est mort".
Rédigé par : Bernard1 | 20 janvier 2008 à 21:19
Cher Duval,
Vous avez bien raison de vous tenir éveillé, nous n'avons que trop entendu parler du dormeur Duval.
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 20 janvier 2008 à 19:50
L'intervenant Véronique a soulevé une question importante.
Nous critiquons souvent les juges mais nous nous abstenons d'attaquer les avocats, alors que ces derniers participent aussi du système judiciaire.
Avec l'augmentation importante des procès, les avocats sont souvent submergés. Cette situation ne leur permet toujours pas de défendre comme il se doit tous leurs clients. Ils sont donc amenés à choisir de mieux traiter certains dossiers plus que d'autres. Souvent ils priviligient les dossiers de clients importants financièrement.
J'ai déjà eu à solliciter un avocat. Je n'en ai pas gardé un excellent souvenir, car j'ai eu l'impression de me retrouver devant un guichet de la poste : en ma présence l'avocat a dicté ses conclusions à sa secrétaire, alors que nous n'en étions qu'à notre première rencontre.
Il se trouve qu'un ami qui a également recouru à un avocat pour une procédure de divorce a, lui aussi, une perception négative des avocats.
Le temps manque souvent aux avocats. Mais on voit que ce sont des personnes assez fortunées : ils s'habillent bien et travaillent dans des locaux souvent somptueux. Mais pourquoi ne recrutent-ils pas suffisamment de collaborateurs pour bien traiter les dossiers ?
Le plus difficile pour un client est de voir reconnue la responsabilité professionnelle d'un avocat négligent. Les litiges entre un client et l'avocat sont réglés par l'ordre des avocats en première instance et on peut légitimement craindre que l'ordre se montre moins sévère vis-à-vis d'une personne qui y appartient.
Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire pour que la qualité du travail de l'avocat soit toujours assurée. Mais je pense que le premier rempart à utiliser est ce qu'on appelle la conscience professionnelle de l'avocat.
Rédigé par : LABOCA | 20 janvier 2008 à 18:43
Bonjour,
Je suis tombée sur ce blog parce que je cherchais à en créer un du nom de "les dépités de la justice".
Je souhaitais expliquer pourquoi.
LA JUSTICE EST HUMAINEMENT IMPOSSIBLE A
Savez-vous que :
1- En civil comme en pénal le justiciable n'a aucun droit de regard sur son dossier sans passer par un avocat, qui est le plus souvent "submergé".
2- savez-vous qu'il n'y a aucun moyen pour un justiciable de vérifer si les conclusions et pièces jointes transmises aux juges sont celles dont il avait pris connaissance.
3- savez-vous qu'un justiciable en demande ne peut absolument pas obliger un avocat à transmettre aux juges ses réelles prétentions et ses moyens de défense sans l'aval de ses avocats ?
Vous me direz mais n'est-ce pas là le travail des avocats ? Je réponds oui mais ils n'ont pas le temps de le faire car
chaque affaire en chasse une autre.
4- C'est sans doute qu'ayant pris conscience de toutes ces constatations, Dominique de Villepin a demandé au Bâtonnier la permission d'exercer la profession d'avocat, je ne peux que l'y encourager s'il veut vraiment un procès tout à fait équitable (si tant est que cela existe, il arrive tant de choses aux avocats, les dossiers devraient être mieux protégés).
Espérons qu'il y ait plus de politiques confrontés à la justice de façon aussi "pratique" pour qu'ils y remédient.
Mais alors quelle est la solution ???
Peut-être le procès électronique (comme ça commence à se faire aux Etats-Unis ou alors un préprocès par lettre ouverte).
On peut aussi promulguer une loi pour que chaque page des conclusions et chaque pièce jointe comporte la signature du justiciable. Cela limiterait l'"appréciation souveraine des juges", mais aussi de petites erreurs d'avocats.
Car que peut faire un justiciable si les pièces n'avaient pas été transmises aux juges ?? Comment se pourvoir en cassation ?? Il faudrait aussi quadripler le montant des condamnations selon l'article 700 pour motiver les avocats, et limiter les procès abusifs.
Et surtout surtout faire quelque chose pour que la justice ne soit pas si dépendante des avocats.
L'histoire d'Outreau n'est qu'un cas parmi d'autres, qui a fait beaucoup de bruit à cause du nombre de condamnés mais la plupart des affaires sont jugées ainsi parce que personne n'a le temps de lire quoi que ce soit et que tout n'est lu qu'en diagonale.
Peut-être serait-il bon de créer une profession intermédiaire, comme "écrivain de justice" par exemple.
Il y a vraiment beaucoup de choses à faire pour que la justice cesse d'être cette véritable mascarade.
Je précise que je n'ai pas l'expérience des assises mais lors d'un procès en civil et en demande j'ai constaté que le justiciable n'est RIEN ! Je souhaite qu'il le sache, les tribunaux seraient moins submergés.
Il faut instaurer un contrôle mais pourquoi sur les juges qui eux dépendent totalement de ce qui leur est présenté !
Il faut punir sévèrement les magouilles.
Monsieur Perben était sur la bonne voie, souhaitons un successeur pour mettre le Droit sur le bon rail.
Rédigé par : duval | 20 janvier 2008 à 15:37
"la garantie très importante viendra du fait que rien ne sera en direct"
me répondez-vous.
Oui, évidemment. Il ne manquerait plus que ça !
Dans le Figaro, M. Le Mesle dit qu’il pense la société suffisamment mûre pour ce type de diffusion banalisée.
Les médias TV et Internet sont-ils, eux, suffisamment mûrs et responsables ? Leur éthique est-elle suffisamment encadrée et consolidée pour faire des procès ou des audiences judiciaires, des programmes distanciés et acceptables ?
D’autre part, comme il a été question de civilisation dans un post précédent.
Une société civilisée n’est-elle pas celle qui reste toujours capable de produire ou de préserver des tabous et des interdits ? Une façon d’être en permanence dans l’interrogation du "jusqu’où ne pas aller trop loin".
Rédigé par : Véronique | 20 janvier 2008 à 10:29
Je ne partage pas votre enthousiasme pour la proposition de M. Le Mesle.
Ce qui me gêne dans cette proposition est l'idée sous-jacente de systématiser la présence de caméras dans les tribunaux.
M. Le Mesle, pour sa part, considère que de cette façon la justice sera plus compréhensible pour la société.
Vous ajoutez l'idée d’un regard, en forme de contrôle, de la société sur le fonctionnement de la justice.
Pour ce qui est de l'aspect pédagogique d'une telle initiative. Cela est déjà fait.
Par exemple, à l'automne dernier France 3 a diffusé un documentaire consacré à un procès d'assises.
Je préfère qu'on en reste à des diffusions de ce type, qui s'inscrivent dans un parti pris éditorial et d'information.
En résumé, filmer un procès d'assises ou une audience correctionnelle dans le cadre d'une politique documentaire.
J'ai regretté qu'à l'issue du film de France 3, la chaîne n'ait pas proposé aux téléspectateurs, par le biais d’une analyse par des professionnels de la justice de ce documentaire, un élargissement.
Cela aurait pu se faire également dans les jours qui suivaient la diffusion. Comme un complément au film.
C'est à mon sens de cette façon qu'on se rapproche le plus d'une ambition pédagogique.
Concernant votre position.
" L'une de ses conséquences trop peu remarquée consistera à imposer aux parties un comportement exemplaire. "
Cette "exemplarité" me semble contestable. Dans la mesure où je pense qu’un procès ne peut pas se transformer uniquement en un jeu de rôles et une représentation.
Par ce recours, habituel, systématique - au sens banalisé - à des caméras, même encadrées par un contrôle de professionnels de la justice, il y a le risque que les "acteurs" finissent par n'adapter leurs interventions qu'aux rendus des images. Cette sorte d’exemplarité figée et normalisée deviendrait tout autant inquiétante.
Rédigé par : Véronique | 20 janvier 2008 à 09:40
Marcel Patoulatchi
"tout comme cela corrigerait certains dérapages."
Ha,ha ! Il deviendrait inutile en effet de faire passer en douce l'un ou l'autre dossier sous la pile pour l'audiencer en dernier quand plus aucun public n'est là, même si la porte reste plus (ou moins) ouverte, puisque le débat serait lui aussi enregistré et qu'on serait susceptible de rendre des comptes sur un certain type de comportement consistant notamment après la clôture du débat à le continuer en présence immédiate d'une seule partie par ex. en l'admettant notamment à rendre une 'note en délibéré' sur une question auquelle elle n'avait pas pu ou su répliquer etc. etc. etc. etc. etc. etc. etc. !!!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 janvier 2008 à 08:47
Les caméras sont un bon début...
Il en faut beaucoup, beaucoup plus pour que le citoyen ayant un minimum l'habitude des gens de justice, retrouve un jour la confiance dans cette institution sans honneur ni dignité.
Une caméra certes témoigne de ce qui ne peut exister dans un Etat de droit, mais elle n'a pas le pouvoir de décision pour sanctionner comme ils le méritent les ripoux corrompus qui pullulent dans les tribunaux de la république aux frais du contribuable.
Une caméra et un KARCHER seraient la solution simple et pas cher, pour les tribunaux de commerce, en attendant que enfin on se décide à les supprimer au profit des juges professionnels intègres...
Les économies réalisées en supprimant ces spoliateurs de la nation et des citoyens permettraient au bas mot de doubler le budget de la justice pour enfin garantir au justiciable le respect de ses droits fondamentaux ainsi qu'en dispose l'article 6-1 CEDH.
Il y aurait beaucoup à dire sur la corruption généralisée du système qui maintient le pauvre citoyen de base dans l'illusion des droits de l'homme...
Si, les avocats et bâtonniers ont une grande responsabilité dans ce système corrompu.
On devrait obliger les magistrats, et en particulier les procureurs de la république, à relire chaque matin les articles 31, 40-3, et 220 du CPP avec la deuxième déclaration des droits l'homme de 1793...
Bonne journée.
Antoine Talens
Rédigé par : Citoyen un peu moins ignare | 20 janvier 2008 à 06:58
Bien entendu, se pose la question de la diffusion des enregistrements.
Montés ou pas, et si oui, par qui, selon quel cahier des charges ?
Diffusé régulièrement ou pas, et si oui, dans quel cadre ?
Je suis persuadé qu'une justice moderne devrait employer les moyens de communication modernes pour sa publicité.
Alors quoi, la justice devrait être publique mais cette publicité devrait se restreindre à l'enceinte des tribunaux ? Non, internet, la vidéo, pourraient avantageusement permettre aux citoyens de suivre l'action judiciaire.
Et, effectivement, cela corrigerait certaines légendes, certains fantasmes, tout comme cela corrigerait certains dérapages.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 19 janvier 2008 à 23:41
Vous avez raison, Monsieur. Que le bénéfice du doute profite à l'accusée quand bien même sa propension à vouloir être exonérée de tout rendu de compte à la société qui seule lui donne existence, peut avoir pour effet qu'elle soit, sans qu'aucun procès soit jamais instruit, considérée comme probablement coupable.
J'en profite pour saluer ici Monsieur Burgaud. Il fut digne et m'a inspiré de la sympathie lors de ses auditions devant la commission parlementaire. Je ne me soucie pas de savoir ici s'il avait commis des fautes personnelles, mais de constater que tous ses actes avaient été estimés valables et bons par toute la chaîne de la justice qui est intervenue jusqu'au procès d'assises. Et ces auditions m'ont donné le sentiment que tous : presse, pouvoirs publics et peut-être ses collègues, enfin moi-même essuyons nos pieds sur le paillasson commode d'un coupable désigné à l'avance.
Je m'étais fait la réflexion à l'époque qu'une fois "ce petit juge" bien humilié et désigné à la vindicte populaire, tout continuerait comme avant, sans qu'il ne ressorte jamais rien de tout ce théâtre.
Lorsque votre fonction vacille, c'est sans doute notre société qui est atteinte en raison du mandat qu'elle vous confie. Ne pas le constater, quand cela est exact, serait beaucoup plus dangereux et pour l'institution et pour la société.
Mais il sera illusoire de croire qu'une caméra puisse avoir les résultats que vous en attendez, les erreurs judiciaires, si elles existent direz-vous, quand elles se produisent dirai-je, sont des enchaînements de faits depuis l'enquête jusqu'au jugement et non le fruit de l'intention maligne de tel ou tel.
Encore que la nécessité de savoir le magistrat hors de tout soupçon est de nature institutionnelle et non pas le résultat constaté d'une loi naturelle. Il va de soi que les magistrats s'attachent à correspondre à ce postulat sans doute à presque 100%.
Pour résumer ce qui précède, je crois en fait que l'on a beaucoup de considération pour la justice et ses fonctionnaires, que l'on apprécie son existence et son fonctionnement sans doute dans d'immenses proportions.
C'est toutes proportions gardées comme au zoo, nous admirons les tigres, leur puissance, leur rapidité, leur dangerosité de prédateurs sans état d'âme particulier. Il est dans leur nature d'être des carnassiers prédateurs. Dans leur genre ils ont atteint un niveau de spécialisation proche de la perfection. Et ils ont l'air si calmes allongés derrière leurs vitres de protection. Je n'irais pas pourtant dîner avec eux, ces animaux sont capables de changer soudain d'appétit (l'image n'est peut-être pas très respectueuse, excusez-moi).
Rédigé par : Hermione | 19 janvier 2008 à 21:35
Alors on pourra donc comptabiliser les heures de sommeil des magistrats en séance ,
C'est une nouveauté appréciable...
Et est-ce que le jugement sera cassé si on se rend compte que les magistrats ont roupillé plus de 30 % du temps de l'audience ?
Plus de possibilité de faire son courrier à l'audience ? ça va être très dur pour l'emploi du temps des magistrats...
Tout ça c'est du vécu.
Et si on mettait une caméra dans le bureau des juges d'instruction ? Je parie que cela changerait beaucoup de choses et avec une saisie plus "éthique" du CSM cela devrait faire du vide dans la profession...
Rédigé par : Admirateur éperdu | 19 janvier 2008 à 20:09
La caméra dans les prétoires, avec ou sans le son ?
parce que là... il y aurait eu une belle séquence à diffuser dans le bêtiser de la justice...
"Un garçon est poursuivi pour outrage devant le Tribunal correctionnel de Bobigny : il a traité un policier de "fils de pute".
Au cours de ses réquisitions emphatiques, la Procureure s’exclame : "Monsieur, le fils de pute c’est vous !" (sur RUE89 ce jour)
Rédigé par : Pierre-Antoine | 19 janvier 2008 à 19:24
Entièrement d'accord avec GL.
Le sieur sbriglia serait mieux à même d'ajouter : comment va donc faire la magistrature couchée qui subit les influences extérieures dans le cadre d'un procès criminel ?
Par ailleurs, l'installation de caméras compensera t-elle la mise en responsabilité des magistrats que beaucoup réclament ?
Faudra t-il créer un responsable caméra dans votre profession ? Et comment seront sauvegardés les films, pour pallier les risques de destruction en cas de litige ?
Rédigé par : Marie | 19 janvier 2008 à 18:27
Par-delà les caméras, il me semble qu'il serait judicieux que des contrôleurs du ministère de la Justice soient établis et pour fréquenter les audiences, et pas uniquement d'assises, le tout pour faire rapport aux structures disciplinaires du comportement de beaucoup trop de magistrats. Tant la Justice que l'institution elle-même et la majorité de ses membres y gagneraient assurément.
Rédigé par : GL | 19 janvier 2008 à 17:56
"Pourquoi pas acquittée ?"
Vous qui connaissez si bien nos contemporains, ne rêvez pas.
"je suis certain que l'enregistrement des procès rendra vaines beaucoup de polémiques"
Sur ce point vous avez sans doute raison, mais pour que le public en soit vraiment convaincu, sans doute faudra-t-il envisager la constitution d'une commission de contrôle de la censure qui se sera exercée sur les enregistrements puisqu'il n'y aura pas de direct.
"allant toujours dans le même sens : un innocent prétendu qui aurait été condamné, jamais un coupable probable qui aurait été acquitté."
Sans doute y-a-t-il plus de monde pour s'identifier à l'innocent objet d'une injustice qu'aux victimes qui réclament vengeance d'un coupable probable; et sans doute aussi y-a-t-il eu du point de vue de la pensée profonde archaïque, toujours plus à craindre de l'innocence bafouée que du coupable ignoré, sachant que le mythe nous peint les deux cas sous de très sombres couleurs, ce qui implique un choix, lequel comme tout choix implique aussi un renoncement.
En la matière, la probabilité de la culpabilité me paraît donc pouvoir être rapprochée des états superposés tels qu'un même état (accusé/présumé innocent) peut posséder plusieurs valeurs, valeur d'innocence, valeur de culpabilité établie, valeur de culpabilité non établie, qui constituent autant d'univers parallèles entre lesquels s'évalue la probable culpabilité.
Il existe une expérience de physique quantique qui prouve que tant que l'observation n'est pas faite (en matière judiciaire, tant que la preuve n'est pas rapportée), l'animal objet de l'expérimentation (un chat) serait simultanément dans deux états opposés ( état mort et état vivant; rapporté à la matière judiciaire: état innocent et état coupable).
Si les conditions techniques pour préserver l'état superposé du chat sont très difficiles, la circonstance qui du point de vue mathématique est une pure expérience de pensée, me paraît en revanche répondre tout à fait à l'état superposé qui a nom 'coupable probable'.
Pour ceux qui l'ignore l'expérience de pensée réalisée par Erwin Schrödinger qui est l'un des pères fondateurs de la mécanique quantique, en voici le récit récupéré sur: http://www.astronomes.com/c7_bigbang/p754_chat.html - S'il passe sur ce blog un physicien pour se plaindre de voir mettre sur le même plan l'individu lambda dont s'occupe la Justice et le célèbre chat, qu'il parle ou... qu'il se taise! - )
"L'expérience du chat de Schrödinger a, pour sa part, été imaginée en sorte de faire surgir l'indéterminisme microscopique dans le monde macroscopique de notre vie quotidienne. L'idée de Schrödinger consiste à placer un chat dans une boite fermée. Cette boîte est pourvue d'un système destiné à tuer le chat (il s'agit évidemment d'une expérience de pensée.)
Ce système est constitué d'un flacon de poison, d'une petite quantité de matière radioactive et d'un compteur Geiger. Lorsque la première désintégration d'un noyau radioactif se produit, le compteur Geiger réagit en déclenchant un mécanisme qui casse le flacon et libère le poison mortel. Ainsi, la désintégration d'un noyau radioactif, un processus microscopique, se traduit par la mort du chat, un événement macroscopique.
La désintégration d'un noyau radioactif est un processus purement quantique qui se décrit en termes de probabilités. Il est impossible de prévoir quel noyau se transformera en premier ou bien quand la première désintégration se produira. La seule chose que nous puissions calculer est la probabilité qu'un certain nombre de noyaux se soient désintégrés après un temps donné. Nous pouvons en particulier choisir une substance radioactive adéquate de telle façon qu'après cinq minutes, il y ait 50 pour cent de chances qu'un noyau se soit désintégré et 50 pour cent de chances que rien ne se soit produit.
Fermons donc la boîte et patientons pendant cinq minutes. Puisque la désintégration radioactive s'exprime en termes de probabilités, le sort du chat ne peut être décrit qu'en termes similaires. Après cinq minutes, il y a donc 50 pour cent de chances que le chat soit mort et 50 pour cent de chances qu'il soit vivant.
Dans l'interprétation traditionnelle de la mécanique quantique, le chat n'est alors ni mort, ni vivant. Il se trouve dans une superposition de ces deux états. Ce n'est que lorsque nous ouvrons finalement la boîte que l'un des deux états possibles devient la réalité. Le chat est alors soit vivant, soit mort. "
A savoir pour ce qui nous concerne, ce n'est que lorsque nous pouvons en rapporter la preuve requise que l'état de superposition aboutira à constater l'individu qui, mutatus mutandi, se trouve dans la position du chat, coupable ou non coupable.
Pour la même raison que l'expérience n'a jamais été réalisée avec un vrai chat, nous ne pouvons que nous déterminer pour laisser le chat en vie avec certitude, donc pour l'état d'innocence du coupable incertain!
Enfin, puisque que le procureur général de Paris décide des choix de politique pénale, allons-nous voir resurgir un débat qui n'apparaît pas au profane que je suis, si éloigné que cela de la polémique Nativel et qui est celui dans à propos duquel Laurent Le Mesle fut "limogé par le garde des Sceaux Élisabeth Guigou en 1999 pour avoir publié un "Que-sais-je ?" dans lequel il justifiait que le gouvernement puisse donner des instructions écrites au Parquet."
Rédigé par : Catherine JACOB | 19 janvier 2008 à 16:26
La caméra dans les prétoires permettra au moins de constater les avocats qui refusent de travailler sur certains dossiers parce qu'ils ont juste le défaut d'être des aides juridictionnelles. Lorsqu'ils ne prétendent pas, eux-mêmes, en relever, (combine oblige, cela existe évidemment) alors qu'il n'y a aucune demande d'effectuée et aucun contrôle également.
Rédigé par : Marie | 19 janvier 2008 à 15:56