C'est toujours pareil.
Dès qu'un scandale financier vient agiter la surface de l'actualité, les mêmes mouvements se répétent : la stupéfaction, puis l'indignation, la dénonciation sans nuance du coupable par anticipation, le revirement inévitable constituant en réaction la victime comme suspecte, le choeur des politiques qui prêche sa mise à l'écart au nom de la morale, enfin le redressement, la restauration d'un équilibre, l'accomplissement souvent trop lent de l'oeuvre de justice. Plus tard, bien plus tard, une décision sera rendue pour clôturer une affaire dont on ne savait même pas qu'elle continuait son cours. Comme ces anciennes célébrités qu'on croit mortes alors qu'elles sont encore vivantes.
C'est toujours pareil. Cette litanie monotone est d'autant plus choquante que peu, au fond, peuvent se dire véritablement informés et que ceux-ci se taisent. Alors, tout le reste, c'est du vent, de la parole, du lynchage par précaution. De peur de sembler marquer un temps d'hésitation, un instant de scrupule, pour ne pas laisser la moindre place au doute et à l'enquête, pour dégainer plus vite que les autres en condamnant à tout hasard, on est au premier rang des péremptoires et des justiciers. D'abord on s'en prend à Jérôme Kerviel, puis à Daniel Bouton. On dispose heureusement d'idées générales qui peuvent toujours servir. L'argent et sa contrepartie : la responsabilité, principe seulement valable pour autrui. Il n'y a pas de fumée sans feu. Ce qui s'est passé est intolérable. Chacun y va de son discours. Le bienfait des catastrophes, c'est qu'elles permettent de se rengorger et de s'abandonner au pur plaisir de décréter le bien et le mal. Ce qu'il aurait fallu faire et ce qu'on aurait dû éviter. C'est le triomphe des prophètes de l'après-coup. Le lyncheur qui sommeille en beaucoup d'entre nous se réveille et, médiatique, politique, technique ou civique, s'en donne à coeur joie. Kerviel c'était agréable mais Bouton, c'est sûr, est une plus belle prise. Pourquoi attendre ? Il ne faut jamais remettre au lendemain l'injustice d'aujourd'hui. Le lynchage est encore plus délicieux avant l'heure. Coupables l'un et l'autre, forcément coupables.
Sur cette trame unique et obsessionnelle, des variations elles aussi peu variées. Sur le plan judiciaire, Jérôme Kerviel soutient que la Société générale ne pouvait pas ignorer ses agissements et que si elle l'avait laissé faire, elle n'aurait pas perdu mais gagné beaucoup d'argent. D'ailleurs, il n'était pas le seul à pratiquer ainsi. Kerviel embarque dans son naufrage, pour se rassurer, le plus de monde possible. Daniel Bouton, après avoir loué le talent malfaisant, n'éprouve qu'une envie : séparer le bon grain de l'ivraie, le trader de la banque honorable. Les avocats de Jérôme Kerviel inspirent ou adoptent sa ligne d'inconduite.
C'est toujours pareil et on ne sait rien, au fond. C'est normal puisque l'instruction vient à peine de commencer. Et que je peux affirmer que dans cette tourmente et ces lynchages au quotidien, la justice n'a pas été médiocre. Au contraire. Le procureur de la République de Paris et les juges désignés - dont l'emblématique Renaud Van Ruymbeke - ont apporté dans ce maelstrom financier, politique et médiatique du silence, de la sérénité, le respect du contradictoire et de la présomption d'innocence, même pour le président de la Société générale !
Puisqu'elle est sans cesse attaquée, il faut bien défendre la justice, même lorsqu'elle n'accomplit que sa tâche.
Je déteste le lynchage et les lyncheurs, sur quelque tête qu'ils se posent, qu'ils apposent leur verdict expéditif.
Poster un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.
Vos informations
(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)
Rédigé par : Catherine JACOB | 31 janvier 2008 à 19:46
"Nous comptons donc sur l'emblématique juge désigné dans cette affaire pour ne pas s'égarer dans le labyrinthe opaque des opérations informatiques des marchés boursiers et tirer au clair non seulement la véritable origine de la perte ainsi que les véritables responsabilités des uns et des autres, mais aussi, au passage et tant qu'à faire, les trois derniers récents suicides de traders de cet organisme !!"
Je voulais rappeler ce billet.
Il me semble que le juge qui instruit n'est pas celui qui juge malheureusement.
Rédigé par : Duval Uzan | 27 octobre 2012 à 22:09
@Catherine JACOB
Parfois, devant un clavier il me vient à penser que j'ai deux mains gauches.
Mais en plus il m'arrive de ne pas ôter mes moufles.
Mon cas est grave docteur ?
Ceci dit cela n'enlève en rien le plaisir que j'ai à venir discuter ici.
Cordialement
Rédigé par : surcouf | 03 février 2008 à 16:41
A 'Ktrin @ Surcouf qui veut pas être mon pote ("peut-être")'
"accepte la contradiction et même les fôtes d'orthographe"
C'est vrai qu'il s'abstient, avec beaucoup de magnanimité, de pourfendre les dactylographies trop pressées, trébuchantes ou parfois carrément négligentes (dont « Je » - Mea maxima culpa !)
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 février 2008 à 09:35
@Patrick Pike
Monsieur,
J'ai lu votre message posté sur ce blog.
Je tenais à vous répondre.
Je trouve révoltant (même davantage : il n'y a pas de mots) que parallèlement à la douleur de perdre votre enfant, vous subissiez les accusations d'autrui affirmant qu'il serait le seul et unique responsable de sa disparition.
La décence exigerait qu'on présente tout d'abord les condoléances à une famille en deuil.
Bien à vous
Rédigé par : Ktrin à Patrick Pike | 02 février 2008 à 18:33
Tout d'abord, Philippe, désolée pour cet échange avec Surcouf. J'espère que cela ne vous agace pas trop.
Puis, à Surcouf :
Ce que vous écrivez sur les stars de la presse audiovisuelle est fondé.
Personnellement, c'est comme pour toute meute. On dirait qu'il faut des leaders.
Ce que j'aime chez notre ami Philippe, c'est que bien distingué par la légion d'honneur (héhé) et notable national, il "plonge" avec nous tous, propose le dialogue, accepte la contradiction et même les fôtes d'orthographe (suivez mon regard!).
Allez trouver le blog d'une star X ou Y ( euh, Y, dans ce cas-là...) qui propose ce mode d'échange. Elles ont des blogs pour vendre leurs produits et leur immenseeeeee talent. Les emails sont là pour adresser des témoignages de fans.
Philippe est une des rares personnes qui vient vers "le peuple" pour parler de l'actualité et nous entraîner dans des débats démocratiques.
Il n'y a malheureusement qu'un seul Philippe Bilger.
Il faudra faire avec, Surcouf !
Et faire abstraction des autres.
S'ils doivent leur succès à leurs compétences, ils le doivent aussi à leur bonne étoile.
Tout le monde sur cette Terre a le droit de donner son avis sur tout. Ce n'est pas parce qu'Untel déclare ceci ou cela qu'il détient la vérité ( bien entendu, j'en fais partie, sourire). Un AVIS, Surcouf.
La liberté de tout citoyen est de donner du crédit ou non à ces propos. Ou de se forger son "intime conviction".
Eviter les propos qui vous agacent ne changera pas le système. Cela participera uniquement à préserver votre tranquillité.
Par contre, écrire sur le blog de Philippe est mille fois + constructif pour ne pas cautionner ce système que vous dénoncez.
Plus il y aura des lieux d'échange pour M. et Mme Toutlemonde, des lieux de qualité comme le philippebilger.com, + le réel débat démocratique s'épanouira.
Bien à vous
Rédigé par : Ktrin @ Surcouf qui veut pas être mon pote ("peut-être") ! | 02 février 2008 à 18:26
@Catherine Parisot ma p'tête potine ;)
Je vous cite:
"Le public a fait de ces grands journalistes des stars. Il faut être lucide et savoir choisir sa presse écrite et sa chaîne de TV".
N'ont-ils pas assez de recul ces GRANDS journalistes pour ne pas trop se piquer au jeu.
Je dis, pas trop, car je pense qu'il doit être agréable et grisant de savoir que des gens vous encensent.
Il est légitime d'avoir une certaine fierté et un certain bonheur à voir que des gens reconnaissent votre travail.
Je citerai cependant, par humour, Michel Polac.
« J'ai le droit - le devoir - de ne pas me prendre au sérieux. Ce n'est pas une raison pour que les autres en fassent autant à mon égard. »
ou cet homme que je trouve souvent pertinent, Pierre Dac.
« La véritable modestie consiste toujours à ne jamais se prendre pour moins ni plus que ce qu'on estime qu'on croit qu'on vaut ni pour plus ni moins que ce qu'on évalue qu'on vaut qu'on croit. »
Ps: étant gourmand les tartines ne me déplaisent pas forcément.
Bien cordialement
Rédigé par : Surcouf le peut être pote de Catherine ;) | 02 février 2008 à 10:41
Comment peut-on émettre un avis sur cette affaire alors que les termes et agissements employés dans le monde des traders relèvent des sciences occultes, d'un grimoire de sorcellerie, du Grand Albert, des cultes à mystères. Je tire mon chapeau aux magistrats instructeurs et aux policiers de la brigade financière qui arrivent à démêler les écheveaux dans ce monde d'une autre dimension sans recourir à un astrologue ou un medium.
PS: J'avoue n'avoir rien compris dans ce qui s'est passé.
Rédigé par : Bernard1 | 01 février 2008 à 17:20
Non, je n'aime pas le lynchage qu'il soit présidentiel, ministériel, administratif, institutionnel, médiatique ou populaire.
Et pour une fois je vais déroger à la règle que je m'étais fixée de ne pas parler de mon cas sur un site qui ne serait pas un des miens.
Mon fils cadet est mort le 6 mai 2007 dans le crash du Sinaï avec 8 de ses camarades. Il était un des 2 pilotes que l'Armée de l'Air envoie tous les 2 mois en mission au sein de la FMO, organisme chargé de surveiller les vieux belligérants que sont l'Egypte et Israël.
Leur avion s'est écrasé dans le centre de la Péninsule. Nul ne peut savoir ce qui s'est passé. Pas de boîte noire, pas d'enregistreur de vol.
Mon fils était le meilleur pilote sur Twin-Otter. Il le pilotait ce jour-là. Celle à ses côtés aurait dû être la 1 ère femme pilote de chasse 1 an avant Caroline Aigle. Elle déclina la demande des généraux, préférant le transport, très exactement comme mon fils. Ils savaient tous deux ce que piloter veut dire.
Mais j'abrège pour en venir à la question qui nous préoccupe. Dès le 31 mai, alors qu'aucune enquête technique n'avait sérieusement commencé, un général invita pour déjeuner mon fils aîné, CdB à AF, pour le préparer à ce qui allait devenir un véritable lynchage.
Le 22 juin mon épouse et moi-même fûmes reçus par un autre général qui pendant 2 heures, sans la moindre preuve, sans aucune préoccupation de notre douleur, accusa nommément mon fils d'être à l'origine du drame. Pendant 2 h. nous assistâmes, malgré mes questions, la plupart du temps éludées, et mon calme, au lynchage de mon fils.
Ce jour-là, alors que je n'en avais nulle intention, j'ai décidé de me constituer partie civile puisque plainte avait été déposée, comme il est de coutume, auprès du TAAP pour homicide involontaire.
A ce jour notre avocat n'a toujours pas accès, officiellement, au dossier.
Ce que nous avons vécu, les autres familles des victimes l'ont également en partie vécu douloureusement.
Je n'accuse pas l'Armée de l'Air. J'accuse 2 de ses membres d'avoir délibérément lynché des êtres morts, ce qui à mes yeux est encore plus pitoyable, car incapables de se défendre. Le résultat est que l'on commençait à dire d'eux "les imbéciles qui s'amusaient dans le Sinaï", car bien sûr ce lynchage fut propagé au sein de l'armée.
Cela pour vous dire que ce que vous condamnez ne touche pas uniquement quelques couches de la société, mais toutes ses strates.
Est-ce l'air du temps ? Je ne le pense pas spécialement, cette manifestation stupide est inhérente à la nature humaine. Mais j'ai peur que ne s'amplifie le phénomène, l'exemple venant de haut. Lorsque N.Sarkozy dit : "On est dans un système où, quand on a une forte rémunération qui est sans doute légitime, et qu'il y a un fort problème, on ne peut pas s'exonérer des responsabilités" pour s'immiscer dans la vie d'une société privée, il oublie 2 choses, son rôle tout d'abord inscrit dans la Constitution, et cette arme redoutable qui est devenue un jeu, le boomerang.
Rédigé par : Patrick PIKE | 01 février 2008 à 00:00
C'est une histoire qui n'a pas de fin :)
Ne croyez pas que je sois de mauvaise foi ou que je veuille absolument vous faire plier (humour) mais j'aime bien répondre.
"Quand je dis qu'ils feraient mieux "de la fermer" j'aurais du dire de se prendre au sérieux et d'annoncer leurs nouvelles comme s'ils détenaient la vérité.
Ce gars a été jeté en pâture et cela me gêne.
Notre presse et notamment celle audiovisuelle est, à mon sens, en pleine dérive égocentrique. Elle vit dans un microcosme et prend ses fantasmes pour des réalités. Au lieu de nous informer, elle nous assène ses vérités, du moins c'est comme cela que je ressens leur manière de faire passer les infos."
Plusieurs points mériteraient qu'on en parle mais seuls les journalistes ou rédacteurs en chef que vous trouvez égocentriques et vivant dans leur microcosme etc... pourraient vous répondre. Je n'ai pas leur vie et je ne connais pas leur quotidien. Je ne suis pas aussi compétente qu'eux, par ailleurs.
Retour à vos propos :
Qui a déclaré détenir la vérité?
Pour autant, lorsqu'on écrit ou que l'on annonce une info, manier le verbe au conditionnel est avisé. OK avec vous. Je me répète, je ne sais pas comment cela fonctionne dans les "grandes rédactions" !
Je suis pigiste ...
Je ne connais pas ces grands reporters parisiens mais je puis vous assurer que beaucoup de journalistes en France (oublions un peu Paris, y 'a pas que Paris ) n'ont pas cet ego dont vous parlez. J'en connais des fabuleusement lucides et modestes.
La preuve ( je ne me qualifie pas de modeste) : je vous écris volontiers et je suis, serai toujours prête à parler avec mes confrères et mes consoeurs et celles et ceux qui ne sont pas journalistes, bref avec tout le monde du rôle du journaliste et de la qualité de l'info à passer au public.
Je ne connais que de loin le microcosme journalistique parisien. Notre ami Philippe doit le connaître beaucoup mieux que nous tous réunis. N'est-ce pas Philippe?
Je n'ai jamais pensé que le journalisme était le 4ème pouvoir mais il faut dire que lorsque les ventes de magazines explosent car un(e) journaliste y paraît en maillot de bain, je peux comprendre que l'ego de certain(e)s enfle!
Le public a fait de ces grands journalistes des stars. Il faut être lucide et savoir choisir sa presse écrite et sa chaîne de TV.
A la base, il y a l'envie d'informer puis chaque parcours journalistique étant spécifique à chacun(e), il est impossible d'expliquer un état d'esprit et donc la manière de travailler sous les ordres de sa hiérarchie. Les places sont chères.
Comme dans beaucoup de métiers de la communication, le courage et la volonté de conserver son intégrité morale sont malmenés par ce paramètre.
Je ne vais pas faire une tartine sur ce sujet. Je voulais juste vous répondre.
Cordialement
Rédigé par : Catherine Parisot à Surcouf mon (ma?) nouveau pote !:) | 31 janvier 2008 à 23:02
Bonsoir,
@ Catherine JACOB
Tout à fait d'accord. Vous avez bien reformulé ma question. Ce n'est pas en tant que simple individu qu'il s'est permis de jouer gros. Moi aussi je me pose des questions quant à l'actif et je ne sais pas comment cela a été rendu possible. On doit sûrement jouer sur la vitesse et espérer que le temps que la perte s'enregistre, elle sera déjà comblée. Il y a des casinos qui acceptent les chèques. Ils ne sont pas encaissés à la seconde et cela peut pousser le joueur à prendre des risques.
Quant au suicide cela ne m'étonne point, je viens de regarder Envoyé spécial. Quel monde !
C'est bien connu que les casinos remplissaient les poches des suicidés pour maquiller le motif du suicide.
Amitiés
Anat duval uzan
Rédigé par : duval uzan | 31 janvier 2008 à 22:58
A Surcouf :
"D'un autre côté comme vous le faites justement remarquer :
"Qui a le droit d'obliger un individu à ne plus s'exprimer ?"
Mais on peut lui dire si sa manière déplaît.
Bien cordialement :)"
Oui, on peut le lui dire.
Mais pas de se la fermer.
:)
Cordialement, aussi :)
Rédigé par : A Surcouf mon (ma?) nouveau pote !:) | 31 janvier 2008 à 22:38
Pour répondre à Ktrin qui répondait à Catherine A et à Surcouf :)
Quand je dis qu'ils feraient mieux "de la fermer" j'aurais du dire de se prendre au sérieux et d'annoncer leurs nouvelles comme s'ils détenaient la vérité.
Ce gars a été jeté en pâture et cela me gêne.
Notre presse et notamment celle audiovisuelle est, à mon sens, en pleine dérive égocentrique. Elle vit dans un microcosme et prend ses fantasmes pour des réalités.
Au lieu de nous informer, elle nous assène ses vérités, du moins c'est comme cela que je ressens leur manière de faire passer les infos.
Je préférais avant quand ma grand mère disait "allons écouter les nouvelles".
C'était alors à nous de décider si c'était des informations ou du vent.
D'un autre côté comme vous le faites justement remarquer :
"Qui a le droit d'obliger un individu à ne plus s'exprimer ?"
Mais on peut lui dire si sa manière déplaît.
Bien cordialement :)
Rédigé par : surcouf | 31 janvier 2008 à 21:20
duval uzan
"qui peut reprocher à un joueur professionnel (car un trader n'est rien d'autre) d'avoir mal joué, alors que le risque fait partie de son métier."
Une chose est de jouer de l'argent virtuel, une autre est de jouer de l'argent réel. Etant donné que ce ne saurait être de l'argent virtuel qui pourrait éponger d'éventuelles pertes, mais uniquement celui dans la possession duquel on se trouve effectivement ou encore le montant qu'on est admis à miser sur telle carte ou série de cartes ou telle valeur boursière, miser au-delà se définirait comme une infraction, si j'ai bien compris. Ex: Vous êtes en possession de 10 dollars, vous voulez en gagner 20 et vous les misez. Soit vous gagnez effectivement 20 dollars, soit vous perdez 10 dollars. Jusque là rien à redire sauf si c'est avec mes 10 dollars que vous jouez et non avec les vôtres.
Revenons à la mise de départ et admettons que vous vouliez gagner 50 dollars, mais que cela ne peut se faire qu'en misant 20 dollars, or vous ne disposez que de 10. Si vous imaginez jouer à coup sûr et misez 10 dollars effectifs + 10 dollars virtuels et soit vous gagnez effectivement 50 dollars, soit vous perdez vos 20 dollars. Dans ce dernier cas de figure que faire sinon se les procurer d'une façon ou d'une autre. Voilà pourquoi il est interdit de miser au-delà de son avoir effectif. Dans le cas qui nous occupe, si j'ai bien compris ce qu'a expliqué la presse, le trader - qui aurait fait 'comme tout le monde', du moins comme tout ce monde auquel nous n'appartenons ni vous ni moi - et donc jouait depuis un petit moment avec 50 millions d'euros dont il ne disposait pas en totalité mais avait, grâce à cette importante mise, gagné cependant 1 million d'euros à la date du 31 décembre. Toutefois, au lieu de réaliser ce gain, il aurait continué de jouer avec la mise initiale augmentée des gains, soit 51 millions d'euros dans l'idée de gagner, mettons deux millions, d'ici, mettons la fin février, quand ça a commencé à sentir mauvais sur les marchés. La banque, subitement informée et qui s'est rappelé à temps ou presque, qu'elle n'était pas une banque d'investissement mais une banque de particuliers, s'est manifestement dit que la probabilité non pas de gagner deux millions mais de perdre plus que le montant de l'actif disponible était désormais trop importante et que donc il fallait ramener la mise dans la légalité, autrement la limite de l'actif disponible, et par voie de conséquence réaliser dans les plus brefs délais l'ensemble de ce qui avait été misé, d'où une perte de 5 millions encore supportable sur l'actif (ou le bénéfice annuel) mais qui aurait pu être plus conséquente en attendant davantage!!
Tout la question est donc visiblement celle-ci : qui, en réalité, a décidé de ne pas réaliser les gains en décembre et de retenter le diable encore une fois, la hiérarchie bancaire ou le seul trader ???
Nous comptons donc sur l'emblématique juge désigné dans cette affaire pour ne pas s'égarer dans le labyrinthe opaque des opérations informatiques des marchés boursiers et tirer au clair non seulement la véritable origine de la perte ainsi que les véritables responsabilités des uns et des autres, mais aussi, au passage et tant qu'à faire, les trois derniers récents suicides de traders de cet organisme !!
Rédigé par : Catherine JACOB | 31 janvier 2008 à 19:46
A Catherine A :
" Le journaliste n'est pas, en tout cas dans ma conception de ce métier, celui qui "échange pour animer la vie" ; ça c'est un job de bateleur ou d'animateur de café du commerce : ce n'est pas déshonorant mais ça n'a pas grand-chose à voir."
Je souris. OK avec votre avis et j'entends bien ce que vous avez pensé à la lecture de mon commentaire. En effet, le journaliste TV par exemple, n'est pas là pour faire l'animateur DJ.
Pourtant, il est appréciable qu'un journaliste "anime" un débat de manière à ne pas le laisser se figer.
Animer n'a pas été utilisé au sens "c'est la fête ce soir!" mais au sens de "présenter un sujet de débat".
"La vie" : je ne vais pas énumérer tous les sujets d'information mais cette dernière regroupe la vie car ce sont les êtres humains qui la font.
Concernant les écrits de Surcouf :
Je parlais de la parole en général, celle échangée avec son entourage certes mais aussi la parole de tout le monde.
Et comme on me disait que la volonté était d'éviter (je cite) d'entendre cette parole, je répondais que c'était un droit.
Et me posais la question sur ces mots " les gens en général" et "c'est fou les gens qui devraient se la fermer" : vivre en voulant éviter d'entendre amène vers des systèmes de non liberté : l'Histoire nous l'a prouvé et nous le prouve encore. "Entendre", "écouter" ne signifie pas adhérer à l'idée proposée.
OK pour éviter d'écouter la presse et "les gens en général" mais pour l'idée qu'ils devraient "la fermer", je persiste et signe.
Qui a le droit d'obliger un individu à ne plus s'exprimer ?
Retour à Catherine A :
Merci de constater que la presse est parfois prise comme bouc émissaire.
Amitiés à tous :)
Rédigé par : Ktrin à Catherine A et à Surcouf | 31 janvier 2008 à 19:40
Le trader, la boulangère, le taxi, l'huissier, le PDG, le juge, la menteuse, les accusés, les acquittés, l'infirmière, les humanitaires, les familles adoptantes, les affaires du siècle, les casses du siècle, les furieux d'un enfant à tout prix, à n'importe quel prix, les caméras frénétiques, etc...etc....
Quand j'ai lu que Renaud Van Ruymbeke était le magistrat qui allait instruire le dossier du trader et du PDG, eh bien, je me suis dis à moi-même :
OUF !!!
Et j'ai écouté Alain Vanzo qui chante l'air de Nadir dans Les Pêcheurs de perles.
Je l'ai même mis en lien sur le blog de Cactus. Pour que lui aussi, il se dise à lui-même :
OUF !!!
Rédigé par : Véronique | 31 janvier 2008 à 19:16
Voilà qui est quand même curieux ! Pas une seule personne, mais pas une seule, nulle part, ne se pose la question du "comment", même pas vous-même, Monsieur Bilger.
Je n'entends pas refaire le métier d'un trader et des motivations de celui-là en particulier. Mais :
- Comment est gérée "la crise" par le staff de Bouton, alors même qu'ils étaient au courant durant au moins tout un week-end (peut-être plus puisqu'il y aurait eu au moins un administrateur qui s'est défaussé d'une forte part de ses actifs en titre de la SG) ?
Pour le moment, elle est parfaitement bien gérée : en quelques dizaines d'heures, on chiffre, on fait valser des têtes, on propose la dem du chef, sans doute après s'être assuré "qu'il n'y que les rats qui quittent le naivre quand il fait eau", on désigne un coupable, on déverse de l'information, on rassure contre une OPA hostile, on s'assure du soutien du personnel (qui fait quand même la gueule) et on en profite pour "resserrer les boulons" (demandez donc une autorisation de découvert à votre agence de la SG en ce moment, rien que pour voir !) et on propose la solution d'une recapitalisation (sans doute déjà ficelée) : magnifique !
- Et plus généralement, la presse ainsi "drivée", les politiques priés de dire des âneries sans consistance, personne ne se rappelle plus que rien n'est nouveau dans cette affaire : Eon, Barings, Le Crédit Lyonnais et le CDR, tout ça c'est déjà oublié !
On fait semblant de découvrir qu'un génie de l'informatique peut tout faire (ce qui n'est pas le talent de Krievel, il en a d'autres peut-être, mais pas celui-là, c'est évident).
Pour éviter quoi ? De constater les dégâts de la consanguinité de direction du système bancaire, au moins en France, qui passe entre les mains de technocrates en technocrates, qui font toujours les mêmes bourdes (souvenez-vous de M. Bon au CA, des gars de chez Paribas, d'autres au CIC).
Pour éviter de perdre ce fameux pouvoir de dire OUI à quelques-uns et NON à tous les autres ?
Je m'étonne, je m'étonne... de cette cécité.
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 31 janvier 2008 à 17:49
Vous avez sûrement mille fois raison de nous prévenir des dangers du lynchage et de la frénésie de la presse. (Une presse qui ne semble pas savoir ou comprendre grand-chose de cette affaire d'ailleurs. Mais bien peu de journalistes ont l'honnêteté intellectuelle et le courage de le dire...)
Il y a pourtant urgence à disposer d'une information publique et fiable, pour tout épargnant, client ou salarié de cette banque, légitimement inquiet des conséquences de cette affaire sur son emploi ou ses économies.
Sinon, on laisse le champ aux délits d'initiés, et on mine la confiance dans le système bancaire, au risque d'alimenter une panique dévastatrice.
Le temps judiciaire n'est pas compatible avec une telle urgence. N'est-il pas dans ce cas légitime que la presse se procure "par effraction" les informations permettant de comprendre et d'évaluer la situation de manière précise et fiable, en publiant, par exemple, un procès-verbal d'audition de Jérôme Kerviel couvert par le secret de l'instruction ?
Rédigé par : tardif | 31 janvier 2008 à 16:14
J'ai été choqué par la vitesse à laquelle la presse a balancé son nom et surtout sa photo.
Que je sache, JK n'est pas une personne publique et n'est pas recherché par la police.
Rédigé par : Olivier | 31 janvier 2008 à 15:11
--comment prétendre au respect du contradictoire, quand l'un est interviewé avec respect par Pujadas sur France 2, alors que l'autre mis en examen est inaudible et que l'on divulgue quelque morceaux choisis de son interrogatoire ??
-- Qu'est-ce qu'un trader sinon un joueur professionnel, avec tout ce que cela implique comme charge émotionnelle commune à tous les joueurs.
-- Jérôme Krievel a comme on dit joué gros !
Comme tous les joueurs après avoir beaucoup gagné il a poursuivi, et après avoir perdu a voulu se REFAIRE est-ce un délit ?
--Si le gain était sûr à tous les coups, c'est Monsieur Bouton lui-même qui aurait placé sa mise.
-- qui peut reprocher à un joueur professionnel (car un trader n'est rien d'autre) d'avoir mal joué, alors que le risque fait partie de son métier.
-- Il faut être beau joueur ; c'est une tragédie et non une stratégie. Le LOTO ne peut pas toujours rapporter gros. Y a qu'à relire Dostoïevski si l'on veut comprendre ce drame, avant de lyncher de façon unilatérale.
Duval Uzan
Rédigé par : duval uzan | 31 janvier 2008 à 13:13
@Catherine Parisot
Si comme vous je suis excédée par la mise en cause systématique et très commode de la presse et des journalistes - la technique du bouc émissaire a toujours fait ses preuves - faut-il pour autant mettre sur un même plan ce que dit un journaliste (dans son activité professionnelle bien sûr) et ce que peut dire "une personne de votre entourage". Je ne le crois mais alors vraiment, vraiment pas. Puisque vous êtes journaliste, vous le savez mieux que quiconque, le journaliste a le devoir d'être honnête, de vérifier et vérifier encore ses infos avant de les donner, il doit anticiper les éventuelles conséquences de ce qu'il dit ou écrit, être responsable simplement. Il a bien sûr aussi le droit de se tromper. Heureusement. "La personne de votre entourage" a ce même droit et aussi celui d'être mal informée, de mauvaise foi, malhonnête et partisane ; ça fait une sacrée différence. Le journaliste n'est pas, en tout cas dans ma conception de ce métier, celui qui "échange pour animer la vie" ; ça c'est un job de bateleur ou d'animateur de café du commerce : ce n'est pas déshonorant mais ça n'a pas grand-chose à voir.
Rédigé par : catherine A. | 31 janvier 2008 à 10:15
Complètement en accord, Philippe, à une contradiction près : le parquet de Paris ne participe-t-il pas au lynchage préventif en faisant appel d'une mise en liberté de Kerviel ? Ce garçon, de l'avis du procureur, a participé pleinement à la progression de l'enquête et on réclame sa détention. Pour complaire à qui ? Pour sauver quoi ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 31 janvier 2008 à 09:58
Après avoir répondu à Surcouf :
A Philippe :
"Puisqu'elle est sans cesse attaquée, il faut bien défendre la justice, même lorsqu'elle n'accomplit que sa tâche.
Je déteste le lynchage et les lyncheurs, sur quelque tête qu'ils se posent, qu'ils apposent leur verdict expéditif"
Je suis entièrement d'accord avec vos propos.
Si l'être humain était aussi indulgent avec l'Autre qu'il l'est avec lui-même, il y aurait moins de croisades ( au sens figuré) et de chasses aux sorcières.
On éviterait peut-être aussi la volte-face facile de celui ou celle qui après avoir condamné sans preuve, s'y sent contraint(e)!
Ah, que je déteste ces mouvements de foule, ces instincts grégaires qui parfois commettent l'irréparable.
De la guerre d'antan, on est passé non pas à une guerre idéologique mais à une dialectique qui se hâte, ces mots qui emprisonnent et clouent au pilori avant toute sentence officielle.
Bonne nuit.
Rédigé par : Ktrin | 31 janvier 2008 à 01:26
A Surcouf :
Je n'ai rien contre Coluche et de toute manière, chacun ses goûts en la matière.
Comme on est libre de ses choix en matière de comique(s), je suis pour la liberté d'éviter les infos.
Vive la démocratie !:)
Et cela est très bien : il faut toujours une opposition. Cela fait avancer les choses dans tous les domaines.
Par contre, certains souhaitent visiblement :
que les juges soient infaillibles.
que les journalistes soient infaillibles.
PERSONNE N'EST PARFAIT, zut et re-zut !!
:)
C'est comme si une personne de votre entourage tenait des propos avec lesquels vous n'étiez pas d'accord ou dont la véracité n'aurait pas été vérifiée.
Vous vous boucheriez les oreilles ? Vous changeriez de pièce ? Vous feriez quoi pour que cette personne se la "ferme" ?
Comme ni la justice ni la presse ne sont parfaits, oui, je ne vois plus que la solution de ne plus écouter les infos.
Accepter d'être à l'écoute des autres implique d'entendre des "conneries" ou des "non vérités". Les bases de la communication. Les gens échangent pour alimenter le débat. Ils échangent pour animer la Vie. Pas pour inscrire une vérité à chaque fois qu'ils ouvrent la bouche.
Tout cela pour dire que vous évitez les infos si vous le souhaitez.
Bonne nuit à tous !
Rédigé par : Catherine Parisot qui prend son courage pour donner son avis | 31 janvier 2008 à 01:07
La presse, mais les gens en général, devraient reprendre la réplique de Coluche dans un sketch sur les journaux TV :
"quand on en sait si peu sur une information on ferme sa gueule".
Et c'est fou le nombre de gens qui devrait la fermer.
C'est saoulant. J'en arrive à éviter les infos tant à la TV qu'à la radio.
Rédigé par : Surcouf | 30 janvier 2008 à 22:56
A Mike :
"moins elle en sait, plus elle cause."
En fait, si la presse se tait, on dit qu'elle a pris parti en décidant de faire l'impasse sur une information, qu'elle a eu peur du pouvoir en place et des représailles, etc, etc...
Ce n'est pas "causer" comme vous l'écrivez qui compte, c'est le contenu.
Ce que la justice va décider sera aussi contesté par une partie de l'opinion.
Pouvoir se faire sa propre opinion et avoir ses propres convictions, avec ou sans la presse, c'est pas mal non plus.
Bonne soirée.
Rédigé par : Ktrin | 30 janvier 2008 à 20:47
D. de Villepin disait ce matin avec justesse que l'ensemble des narrations de presse relatives à cette affaire se bornent à ruer dans les brancards, à ressasser les mêmes poncifs et lieux communs, à formuler les mêmes hypothèses pour finalement vendre du creux. Hélas, même la garde des Sceaux, qui en tant que chef des Parquets, ainsi qu'elle s'est auto-baptisée, devrait observer la plus grande prudence par précaution mais aussi par égard pour la présomption d'innocence, a enfoncé des portes ouvertes en indiquant que "la responsabilité de M. Bouton pourrait être recherchée". Avec ça, on est bien renseignés ! Le mieux serait sans doute de se taire et de laisser les deux juges d'instructions saisis, et pas des moindres, rassembler les preuves d'éventuelles infractions, à les supposer établies. La presse se déchaîne avec la même furie qu'en 2003 lors de l'affaire Alègre/Baudis. On n'a hélas toujours rien retenu et l'ogre médiatique se tient prêt à cannibaliser le premier fait divers à sensation venu. Un coup de chapeau néanmoins au Bâtonnier Charrière-Bournazel qui a réussi, avec sa faconde et son courage, à orienter les journalistes dans une direction a priori moins évidente que celle ébruitée durant la garde à vue de J. Kerviel. D'ailleurs, la décision des juges d'instruction sonnait comme un cruel désaveu à l'égard des propos tenus quelques heures plus tôt par M. Marin, Procureur de Paris. Eh oui, Mme Dati, pour empêcher M. Van Ruymbeke de continuer à sévir à l'instruction du Pôle financier avec la liberté d'esprit qui l'honore, il fallait cesser l'instance devant le CSM et le promouvoir là où de toute façon il méritait d'aller !
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 30 janvier 2008 à 19:38
Oh que vous avez raison.
A l'exception de Madame Lagarde qui est du métier, tous les politiques ou presque se sont commis, à commencer par notre Président qui ne comprend rien à l'économie mais n'aime pas Monsieur Bouton.
Pour ce qui est de la presse, pas de commentaires : elle est égale à elle-même ; moins elle en sait, plus elle cause.
Attendons que la justice nous dise et, d'ici là, patientons.
Rédigé par : mike | 30 janvier 2008 à 19:07