Le partage entre la vie privée et la vie publique me passionne depuis longtemps. Cette question s'inscrit dans la continuation de mon expérience judiciaire relative à la loi du 29 juillet 1881 et aux infractions de presse.
Sans aborder le fond de ce débat qui est gouverné par l'article 9 du code civil sur le respect de l'intimité de la vie privée et du droit à l'image, j'ai toujours considéré que la loi de 1970 qui avait voulu rompre avec une jurisprudence ancienne pas assez protectrice des droits de la personne avait inutilement compliqué un dispositif qui était fondé sur le bon sens. Avec celui-ci, tout ce qui était public pouvait être relaté et montré. A contrario, la sphère privée devait demeurer interdite à la curiosité du journalisme et des photographes. L'article 9 du code civil a, par ailleurs, pour rendre encore plus faciles les victoires des "victimes", exclu la nécessité de la démonstration d'un préjudice. De sorte que, par exemple, photographier sur la voie publique une actrice enceinte et heureuse de l'être permet à cette dernière d'assigner pour atteinte à son droit à l'image et de gagner sûrement, dans tous les sens du terme, alors qu'à l'évidence elle n'a subi aucun dommage.
Cette problématique n'a cessé de prendre de l'importance à cause de la vie politique et de ses rapports avec l'existence intime. De fait, on a constaté, au cours des dernières années et bien avant la présidence de Nicolas Sarkozy, un mouvement qui tendait à fixer d'une manière moins nette et drastique les frontières entre le public et le privé, la classe politique, notamment pour ses membres emblématiques, étant soumise à une investigation qui ne s'arrêtait qu'au seuil de la chambre à coucher, une tradition française s'honorant de cette retenue.
Cette évolution, qui a conduit certaines consciences à pousser des hauts cris, ne m'a jamais scandalisé. D'abord parce qu'inéluctable, elle ne pouvait s'effectuer que dans le sens d'un accroissement de la part de l'intime dans la vie publique et qu'ensuite elle manifestait, malgré les apparences, un progrès du contrôle démocratique.
Il y avait, en effet, quelque chose de généreusement théorique dans l'obsession de prétendre sauvegarder à toute force pour les personnalités publiques la pureté de leur vie privée comme si une cloison étanche pouvait et devait séparer l'homme ou la femme du professionnel. De plus en plus, cette conception abstraite, où le droit était battu en brèche par le cours d'une société qui aspirait à tout connaître pour pouvoir mieux distinguer et élire, est apparue dépassée, en tout cas plus du tout conforme à l'éthique républicaine. Il ne s'agit pas, pour le citoyen, de faire intrusion dans l'intimité d'autrui par voyeurisme mais parce qu'il n'est plus concevable que ce qui se montre, même sur un registre non politique, n'ait pas la moindre incidence sur les choix politiques.
Sauf à demeurer cloîtré dans ses appartements privés, un responsable dépendant du suffrage de ses concitoyens n'est-il pas conduit à accepter que toute représentation de lui-même, dans l'espace public, prenne naturellement un tour politique et qu'il serait vain d'espérer une réserve de l'opinion qui ferait la part des choses, à la supposer possible et souhaitable ? Car ce totalitarisme, qui ne laisse plus échapper à son emprise citoyenne une once d'existence pour peu que les médias lui aient fait un sort, consacre l'esprit d'une démocratie qui mêle aujourd'hui, à l'appréciation technique d'un programme, l'évaluation éthique d'une personnalité. Qu'on l'approuve ou non, la société n'est pas seulement déçue par le hiatus entre les engagements et les réalisations mais aussi, quand elle a lieu, par la contradiction, au sein d'un même être, entre une pratique personnelle et une attitude officielle. Tout devient politique si on veut bien admettre que le citoyen va puiser à toutes les sources de quoi nourrir sa conviction. Ainsi, les relations amoureuses, les histoires intimes, les ruptures et les bonheurs, les voyages, le comportement quotidien, le rapport avec l'argent, tout ce qui inscrit un politique, surtout un président de la République, dans l'espace public et par conséquent dans nos têtes de juges complaisants ou critiques, vient faire irruption dans le champ démocratique et élargir notre palette.
On comprendra mieux, dans ces conditions, pourquoi le refus d'ordonner récemment en référé l'interdiction du livre d'Anna Bitton malgré la demande de Mme Sarkozy- selon le Monde - m'a semblé non seulement une décision respectueuse de la liberté d'expression mais fidèle à l'évolution de notre société sur le plan de l'élargissement du contrôle démocratique.
Il est manifeste qu'avec le président Sarkozy, au cours de cette première année, la vie privée, la vie publique se sont mêlées au point de modifier le regard sur un style de gouvernant auquel on s'était habitué depuis longtemps. Il y avait l'espace politique et, derrière, cachés et invisibles à la communauté nationale, connus des seuls journalistes, des secrets et des comportements qui engageaient parfois l'Etat et l'argent des contribuables. Force est d'admettre que l'inquisition médiatique, dans le passé, sur ces pratiques clandestines n'a pas été intense comme si on préférait disposer d'un savoir entre soi plutôt que de le diffuser, ce qui l'aurait rendu moins précieux. L'actuel président de la République, sur ce plan, ne bénéficie pas de la même mansuétude, en grande partie parce que montrant et se montrant, il crée mécaniquement une curiosité et une information sur des démarches qui n'ont pas voulu ou pu demeurer discrètes.
Marianne consacre un remarquable dossier à Nicolas Sarkozy, sous le titre : L'argent, la vie privée et lui. Infiniment éclairant, même si sa tonalité est globalement critique, il a le mérite de bien identifier les questions centrales sur ce sujet.
A mon sens, ce qu'il ne met pas assez en lumière, c'est le fait que Nicolas Sarkozy, dans la gestion de son existence totale- ce bloc où le responsable élu fait corps avec la personne, son tempérament, sa subjectivité -, a réfléchi à l'évidence sur les courants nouveaux qui structurent la vie publique et exigent quasiment une transparence entière. Il sait qu'aujourd'hui, le citoyen ne veut plus se contenter d'une part de ce qu'il a le droit de choisir mais qu'il désire prendre en charge, par son jugement fondé sur ce qu'il voit, l'ensemble d'un mouvement vital, intimité et politique mêlées. Cette intuition se conjugue avec l'aspiration de Nicolas Sarkozy à attendre de sa victoire présidentielle un gain particulier. Non pas, comme l'affirme Paul Thibaud, " gagner les élections, c'est gagner le droit de jouir", mais plutôt "gagner les élections, c'est gagner le droit d'être soi-même", et j'ajouterai : en toutes circonstances. Loin que l'accession au pouvoir suprême limite l'expansion de soi et favorise l'amplification de la comédie en élargissant la sphère du secret et de l'intime avouable ou non, chez Nicolas Sarkozy elle constitue, enfin, la chance d'être libéré de tout ce qui, dans la vie dite ordinaire en amont, contraint à ne pas penser, sentir, agir, vivre à plein régime. Ce bonheur de pouvoir être totalement soi se conjugue avec la vigilance du citoyen qui ne supporte plus, en face de soi, qu'une totalité humaine à apprécier.
Cette méthode pour présider et pour exister constitue la sphère intime comme infiniment réduite. Non seulement parce que plus aucun acte de Nicolas Sarkozy ne peut échapper à l'évaluation puisque que, dès lors qu'une incidence sur l'esprit des électeurs est possible, prévisible, tout prend la couleur du politique. Par exemple, quand, même suivi par un avion de la République française comme le rappelle Pierre Bergé, un avion est mis à la disposition du président par Vincent Bolloré ou par le roi de Jordanie, pour des séjours apparemment privés. Qui sait ce que tirera le citoyen lambda de ces équipées ? Rien peut-être ou une touche qui l'aidera plus tard à affiner son point de vue politique. Mais, même sur le plan purement privé, dès lors que celui-ci est offert, par l'entremise des médias, au regard de tous, il pourra représenter une petite pierre dans ce que l'électeur, plus tard, décidera de rassembler pour voter en pleine connaissance de cause.
J'ai évoqué les médias et ce n'est pas par hasard. La récente conférence de presse du président a montré à quel point il avait changé la nature des rapports avec eux. Ils sont sans doute trop complaisants ou trop bridés dans ces grandes messes présidentielles même rénovées mais l'essentiel réside dans le fait qu'à mon sens et en dépit des apparences, Nicolas Sarkozy les traite cavaliérement parce qu'étant obligé de passer par eux, il ne leur accorde tout de même pas une importance capitale dans le lien qu'il désire nouer avec le peuple français. Une forme de bonapartisme intelligent laisse, au contraire, présumer qu'il veut leur arracher, sur le plan de la vie privée et de la vie publique, le privilège qui leur était dévolu par les pouvoirs passés de partager avec eux des secrets et des informations jamais confiés aux citoyens. Avec Nicolas Sarkozy, c'est clairement l'inverse. Son attitude présidentielle sur l'ensemble de ses registres révèle qu'il ne prétend plus cacher au peuple ce dont, hier, seuls les médias avaient vent. L'exposition de son être multiple entraîne une démocratisation du bruit, de la rumeur et de la confidence. Ils n'existent plus ou sont très vite étouffés par la réalité.
Si on admet la conquête inéluctable du privé par le public, le caractère généralement politique, aujourd'hui, de ce qui hier prétendait relever seulement de l'intime et de la moralité personnelle, le mouvement vers une transparence dont la démocratie a besoin, comment ne pas se féliciter d'une démarche présidentielle qui, qu'on l'approuve ou non, met sur la table publique tout, absolument tout de soi ? Si les Français avaient connu les détails du second ménage de François Mitterrand et le fait qu'ils en assumaient la charge, sans doute un certain nombre, en 1988, auraient-ils déserté la cause présidentielle. Au moins, avec Nicolas Sarkozy, un tel dysfonctionnement républicain ne se produira pas.
Personne en 2012 ne pourra dire, s'il se représente : je ne savais pas. Qu'on vote pour ou contre lui. C'est et ce sera une forme moderne et exemplaire de transparence démocratique.
J’achève le « feuilleton Attali », puisque mes commentaires ont dévié sur l’auguste personnage. Je l’ai encore entendu hier. C’était lors de l’émission de Franz-Olivier Giesbert, F.O.G., dont il était le principal invité. Je passe les détails. Deux choses m’ont frappé. J’avais déjà entendu la première dans la bouche d’Attali : après avoir réalisé d’importantes réformes, le pouvoir mitterrandien n’a strictement rien fait à partir de 1985, soit pendant près d’une décennie. Cet aveu du conseiller de l’ancien Président de la République a quelque chose de vaudevillesque. Le second point concerne l’échange houleux qui a opposé Elisabeth Lévy au même Jacques Attali, la journaliste ayant rappelé l‘attitude méprisante de Maître Jacques envers la presse (et envers le Parlement aurait ajouté Jean-François Coppé). Il y eut donc une première passe d’armes à fleurets non mouchetés. « Vous n’avez pas lu le rapport » affirma l’un. « Mais si », répondit l’autre… En pleine dispute, Attali s’empressa de préciser, que lui, avait lu et même beaucoup aimé le livre d’Elisabeth Lévy, élevant ainsi la matoiserie au niveau du grand art. N’est-ce pas en effet la bonne vieille tactique qu’utilisent les routiers de la courtisanerie pour désarçonner l’adversaire ? Que répondre quand l’éloge vous transperce à la manière d’une flèche ? Et comment ne pas être touché par la bonté de Frère Jacques ? Par contraste, Elisabeth Lévy ne pouvait passer que pour une mégère qu’affriande de basses polémiques. C’est alors que l’écrivain Yann Moix, l’inoubliable auteur de « Partouz » s’est dressé comme un seul homme sur sa chaise, raidi par l’indignation, le visage empourpré de colère, sermonnant Miss Lévy pour la manière inconvenante avec laquelle elle s’était adressée au Grand Homme. Pour faire bonne mesure, Moix a même été jusqu’à qualifier celui-ci - et sans même rire - de « génie », ajoutant que, comme tout être d’une tel calibre, Maître Jacques était forcément critiqué et incompris par la piétaille (je retranscris, vous l’aurez compris, avec mes mots). Je me suis frotté les oreilles. Mais non, j’avais bien entendu. Comment ne l’avais-je pas compris ? Sot que je suis ! C’était donc cela, il y avait dans la morgue attalienne, un peu de l’emportement d’un Michel-Ange, de la violence acariâtre d’un Cellini, tout comme il y avait dans l’incrédulité arrogante de la masse, la même incompréhension qui, jadis, avait frappé un Van Gogh, un Schubert ou un Gary, bref le sceau du génie méconnu ! Moix continua en parlant de son livre, ce qui lui donna l’occasion d’égrener quelques clichés… et à Elisabeth Lévy de se faire doctement rabrouer par messieurs Attali et Moix, c’est-à-dire par le Génie et son co-découvreur, le zélateur et l‘idole, et ce, pour avoir dit - il est vrai très curieusement - que le judaïsme se transmettait par le sang (sic). Cette femme sympathique, qui porte le nom d’une tribu d’Israël, n’a peut-être jamais vu un ashkénaze aux côtés d’un falasha. Mais bon ! On a le droit de faire des bourdes, même aussi énormes - votre humble serviteur en fait au bas mot une dizaine par jour… Et puis il arrive que des personnes intelligentes comme Elisabeth Lévy se trompent et que de pompeux imbéciles aient raison. C’est dans l’ordre des choses. Le rideau est donc tombé sur la touchante confession de Moix à son père spirituel, Attali, qui, tout en l’écoutant, conservait l’air digne, recueilli et modeste du vieux raminagrobis dont on fait la dithyrambe. Et comme le jeune écrivain n’a dit en réalité que des banalités sur le judaïsme, il avait forcément reconnu en Maître Jacques, un maître à penser.
« C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
« Un chat faisant la chattemite,
« Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
« Arbitre expert sur tous les cas.
« Jean Lapin pour juge l'agrée.
« Les voilà tous deux arrivés
« Devant sa majesté fourrée.
Jean de La Fontaine
Rédigé par : Laurent Dingli | 10 février 2008 à 17:52
Je tombe hier par hasard sur une émission que je ne regarde presque jamais, Esprits libres de Guillaume Durand. Qui en est l’invité ? Jacques Attali, venu nous parler de son fameux rapport. En l'écoutant, je pense à votre article "les crocs", aux bonnes résolutions que j'ai prises (supra) de ne pas trop fulminer, de conserver la mesure, bref d'être sage. Mais il y a des personnages dont la suffisance vous fait presque immanquablement sortir de vos gonds. Attali est de ceux-là. Combien de fois n’a-t-il pas répété qu’il avait écrit 45 livres et n’avait donc plus rien à prouver. A la moindre critique, le visage de l’expert en chef se crispait, la mine se faisait bilieuse, le ton rogue, confirmant ainsi ce que vous avez écrit. Je ne juge pourtant pas sur le fond - car le sujet de l’agacement d‘Attali et non pas la forme que celui-ci a pris - cet agacement donc n’est pas sans fondement : beaucoup de journalistes se contentent en effet de résumer un long travail (le rapport) à quelques mesures secondaires, spectaculaires et sujettes à quelques polémiques futiles. Il existe, indéniablement, dans ce sens, un risque de dévaluation du débat public. Je l’ai souvent remarqué, notamment à propos de la dernière conférence de presse du chef de l’Etat, que peu de personnes ont vue et dont les transcriptions par une certaine presse, orientée ou fainéante, trahissaient autant la lettre que l’esprit. Il y a une quinzaine de jours, j’ai eu l’occasion d’interroger de vive voix Erik Orsenna, lequel a participé, comme vous le savez, à l’élaboration du rapport Attali. Je vous avoue que j’ai apprécié la forme nuancée de sa réponse, la modestie de la présentation qu’il a faite de ce travail et de ses limites. Peut-être aurait-il été plus politique d’envoyer devant la presse le diplomate Orsenna plutôt que l’homme dont l’onctuosité laisse trop souvent échapper de vives et fréquentes éruptions - celles de l’amour-propre blessé.
Rédigé par : Laurent Dingli | 09 février 2008 à 10:35
Encore un mot pour nuancer mon propos. Je regrette la charge contre Jacques Attali (je maintiens pour BHL). Je la trouve finalement bien excessive et elle ne fait nullement avancer le débat. L'acharnement contre le principe de précaution provoque chez moi ce genre de réactions épidermiques... Comme je vous l'ai écrit l'autre jour, j'en viens moi-même à alimenter ce que je dénonce. L'équilibre entre la vivacité nécessaire à l'indignation et le recul indispensable à la réflexion est parfois si dificile à trouver...
Rédigé par : Laurent Dingli | 30 janvier 2008 à 12:37
Quel équilibre trouver entre l’authenticité du discours, la richesse de nos échanges et le respect de l’autre, c’est-à-dire celui d’une certaine harmonie sociale ? Je crois comme vous qu‘il faut se garder des positions extrêmes. « La gentillesse orientée devient », en effet « le seul moyen de séduire pour les médiocres que l'arrivisme et l'appétence de gloire démangent ». Je vous suis encore lorsque vous écrivez à l‘inverse : « Il y a dans l'exigence de vérité une violence, presque une destruction des rapports civilisés avec autrui ». Et comme vous l’avez si bien noté en conclusion, il nous reste « à favoriser le bon usage de cette authenticité ».
Ce que vous écrivez sur Jacques Attali ne m’étonne pas outre mesure. C’est un petit homme enflé par le troupeau dont il recueille régulièrement les suffrages. On pourrait en dire autant de l’inénarrable Bernard-Henri Lévy, qui au vide sidéral de sa pensée, à sa grotesque fatuité, vient encore d’ajouter récemment le sceau de la grossièreté. N’a-t-il pas traité élégamment le premier secrétaire du Parti socialiste de « couille molle » ?
Nicolas Sarkozy a en effet contribué à libérer la parole publique - ou plutôt à lui instiller davantage d’authenticité, pour le meilleur comme pour le pire. Cela permet sans doute d’enrichir le débat, d’éviter le recours un peu trop systématique à la langue de bois dans laquelle les discussions - et la pensée - avaient fini par se pétrifier. Mais cela vaut aussi à François Hollande d’être moqué vulgairement sur sa virilité et au Président de la République lui-même, c’est-à-dire au premier représentant de l’Etat, de se faire traiter « d’enculé » par un pêcheur breton… Point d’excès donc.
Je ne crois nullement que la violence verbale soit une voie à suivre. Je veux dire qu’on peut se montrer incisif, et même acerbe - dire qu‘un sot est un sot - sans pour autant tomber dans la bassesse. Depuis trop longtemps déjà, les braillards en imposent aux polis, aux timides, aux pusillanimes et, de tout temps, les propos péremptoires furnt la marque des imbéciles. Qui ne se souvient de l’infâme émission de Michel Polac, véritable foire d’empoigne, d’arène pour pugilistes fanatisés et autres mal élevés qui se targuaient d’avoir libéré la parole ? C’est pendant cette triste période, celle de la fin du giscardisme et du mitterrandisme conquérant, que les querelles de gargotes achevèrent de remplacer la discussion par l‘insulte et la courtoisie par les échauffourées de bas étage. On a fini par tout accepter, par entendre un Laurent Ruquier dire à propos du livre de l’un de ses invités (Ted Stanger) « ce chapitre ça va, le reste c’est de la merde ». On a fini par avoir des Fogiel et, pire encore, des Thierry Ardisson… Cet été, un internaute a été jusqu’à qualifier sur mon blog la belle et intelligente Rama Yade de « poupée nègre de Sarkozy ». Ici même, un péremptoire songe-creux justifiait l’emploi de la torture ou en appelait au putsch militaire et à l‘action terroriste… Il y a soixante ans, et sans faire référence à ce qui précède, une autre « libération de la parole » avait permis de publier les propos antisémites les plus abjectes…
La liberté est aussi désirable que fragile et derrière la silhouette chambardée d’un Mirabeau pointe déjà le verbe tranchant d’un Fouquier-Tinville. L’impolitesse, parfois l’infamie, se parent toujours du masque de la liberté ou de la franchise, comme le remarquait déjà, il y a deux siècles, la duchesse d’Abrantès.
« Il suivit de tout ce tumulte que la société devint une arène, un forum où les causes se jugeaient, plaidées par des femmes, des hommes - jeunes et vieux, des gens de tout état raisonnant sur toutes choses ; la raison n’en n’était pas mieux servie, mais la conversation y gagnait et était des plus animées, car nous n’étions pas encore arrivés au point où nous nous voyons. Nous disputons aujourd’hui, alors on parlait, et tout au plus on discutait quand les avis différaient. La Révolution, qui vit éclore les opinions exagérées (…) nous a laissé ces paroles acerbes, ces mots injurieux, pour lesquels il faut une voix assez élevée pour l’emporter sur celle de son adversaire qui, oubliant quelquefois le nom, le sexe et la qualité de la personne avec laquelle il se trouve en différence de sentiment, crie de manière à couvrir la voix la plus étendue ».
Bien sûr, la forme n’est pas tout. On se montrait jadis fort courtois avec les femmes mais on ne leur accordait aucun droit. Peut-être faudrait-il retrouver ce juste milieu qu’évoque Madame d’Ambrantès à propos du début de la Révolution, cet équilibre difficile entre la liberté d’expression et le respect de l’autre. Et je vous le dis sans flagornerie, vous êtes, dans ce domaine, un exemple à suivre.
En revanche, lorsque je lis rapidement les commentaires des internautes, je constate que très peu d’entre eux ont véritablement lu ou compris ce que vous écriviez et qu’ils se contentent pour l’essentiel de détourner le débat au profit de leur obsessions personnelles, de leur étalage assommant de connaissances, de leurs humeurs de comptoir, voilà pourquoi, au sein de cette sympathique tour de Babel qu’est internet, les discussions débouchent régulièrement sur d’affligeantes banalités et de pompeuses sottises. Mais ce n’est là que le miroir du monde.
Rédigé par : Laurent Dingli | 28 janvier 2008 à 14:16
Je vous trouve bien indulgent. L'étalage des péripéties de la vie amoureuse du président de la République ne peut que nuire à la nécessaire dignité de la fonction. Les formes, qu'on le veuille ou non, sont très importantes. D'ailleurs NS est en train d'en payer le prix avec sa chute dans les sondages.
Rédigé par : Grain de poivre | 17 janvier 2008 à 19:13
@ Sbriglia,
Bon retour parmi nous, sieur Sbriglia.
Votre commentaire est-il le résumé du livre de JL Debré : "Quand les brochets font courir les carpes" ?
Pardon monsieur Bilger.
L'ancien président de l'Assemblée nationale ne se sent pas à l'aise avec notre époque. «On a changé de monde, constate-t-il, les idéologies sont mortes. Aujourd'hui, tout va vite, très vite. Il s'agit de conquérir le pouvoir et d'y rester.»
Rédigé par : Marie à sbriglia | 16 janvier 2008 à 19:46
Bonjour,
Il ne faut pas que la transparence se transforme en AFFICHOMANIE.
Cette surabondance de l'intime fait disparaître l'"extime" au point de ne plus percevoir la différence. Une affiche peut en annuler une autre et parfois elle n'est là que pour masquer.
Cet idéal de visibilité manque son objet et finit par exhiber la transparence en tant que telle. Giscard d'Estaing était contre la nudité sur les plages, il trouvait important de laisser toujours place au dévoilement. Il craignait que le désir de voir s'attaque au corps en l'absence de maillot, n'ayant pas d'autre objet. C'était un vrai prophète quand on voit les ravages que fait actuellement l'anorexie.
"L'ere du visuel sature les sens les uns après les autres et les éteint sous la pléthore, trop d'images tue l'image. Quand tout se voit, rien ne vaut" (Régis Debray).
L'image ne parle que d'elle et ne s'intéresse qu'à elle quand elle est prise dans un tel idéal de VISIBILITE intégrale, de transparence. C'est ainsi qu'en tant que réceptacle de la transparence, la télévision ne cesse jamais de parler d'elle et de s'auto-célébrer.
(Voir l'ouvrage de Thierry Vincent- "L'anorexie", je vous le recommande)
Ces petits bouts de prétendue intimité, dont on ignore le début et la fin ne sont là que pour créer l'attente du prochain épisode du feuilleton et la résolution de l'énigme du roman policier.
Les conseillers de Sarkozy en publicité ont bien compris cela. Ils créent une question : "vrai ou faux ??" du coup quoi que l'on fasse il y aura MANQUE de Sarko.
C'est toujours "A SUIVRE" dans tous les sens du mot. Il n'y a pas d'oeufs brouillés mais il y a de la brouille, et des oeufs borrolés.
Anat Duval Uzan
Rédigé par : Anat Duval Uzan | 16 janvier 2008 à 11:21
A Cactus qui m'a fait rire ce matin (cela n'a pas de prix...)
Comment être jalouse d'une femme qui va vivre avec un "sauteur", un "pingre" "un homme qui n'aime pas ses enfants" et "qui a un problème de comportement" ? Le choix des mots a été laissé à l'ex-première dame de France... Désolée pour ce petit rab de vulgarité...
Bonne journée
Rédigé par : Bulle | 16 janvier 2008 à 05:18
Moi je me pose deux questions :
la première : est-ce que le président de la République (lui ou un autre) est dispensé de publier des bans s'il veut se marier ?
Si "oui", quelle loi l'en dispense ?
Si "non", alors pourquoi a-t-il prétendu lors de son interview que les journalistes l'apprendraient après que cela soit fait ? Cela veut dire qu'il n'y aurait donc pas de publication de bans ? Et la salle de la mairie serait fermée au public ?
Deuxième question : quelles lois couvrent le secret des sources des journalistes ?
Allez, répondez... vous dégonflez pas...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 15 janvier 2008 à 23:36
@Bulle
Rappelez-moi voir ce que Proust nous disait du 'coeur d'artichaut'!
@sbriglia
"la standardisation des petits pois dans la magistrature dont on me dit qu'elle peut être assise, debout, voire couchée."
"Chiche ! devrait vous répondre un spécialiste de la mise en boîte."
@Bernard1
"Je vais faire un peu de people à mon tour, je trouve que Nicolas-Rachida auraient fait un plus beau couple."
Vous préconisez donc de mêler vie professionnelle et vie conjugale de façon à faire faire des économies de logement de fonction au contribuable frileux qui devrait donc vous dire Bercy beaucoup, mais est-ce cependant suffisant à pouvoir unir l'eau (karcherisée) et le feu (téléprésidentiel qui jaillit sous les sabots du 'pur sang qui ne connaît pas les rênes' - ou les rennes de Santaklaus peut-être? - comme le lui font diplomatiquement remarquer les saoudiens) !
Rédigé par : Catherine JACOB | 15 janvier 2008 à 18:12
J'ai lu cette chronique, un peu surprise de la différence de tonalité avec les précédentes.
Je suis en désaccord (pour une fois) avec la conclusion :
une démarche présidentielle qui, qu'on l'approuve ou non, met sur la table publique tout, absolument tout de soi ?
Jusqu'à la fin nous n'en serons jamais sûrs et saura-t-on jamais ce que nous auront coûté en contreparties les séjours offerts par Bolloré ?
Personne en 2012 ne pourra dire, s'il se représente : je ne savais pas.
Il y a une illusion bien sûr à penser que l'on peut tout savoir. Est-ce bien utile finalement de tout savoir ?
Si Mme Sarkozy ne souhaitait pas voir sa vie privée transposée en une biographie qu'elle juge approximative, elle pouvait sans doute s'éviter quelques confidences à une journaliste, ça n'est pas beaucoup plus compliqué, il suffit d'un peu de discrétion et d'humilité. Et vraiment quel dommage de s'attacher à la surface des choses.
Que ce soit du temps de Mitterrand, Chirac ou Sarkozy, les Français préfèrent l'apparence au fond des questions, aux débats politiques, les vrais : ceux posés par l'économie, la santé, l'éthique, la politique internationale... mais ces sujets demandent de l'étude et des efforts. Pour un peuple habitué à se plaindre, il est plus simple d'aller au plus facile.
Rédigé par : Rosacania | 15 janvier 2008 à 13:16
La transparence n’existe pas dans la société, et nous avons bien des zones cachées pour nos parents, nos enfants, nos conjoints, nos collègues de bureau : ainsi je ne connais rien de leur maîtresses ou de leurs amants, malheureusement, car comme tout le monde j’apprécierais, du moins pour un temps. Dès lors la transparence des politiques et fiction, récit selon le terme à la mode.
Car s’il s’agit de transparence, j’aimerais savoir si Nicolas Sarkozy a subi ou non le redressement habituel sur l’ISF tardivement déclaré ou si tel n’est pas le cas où se trouve l’origine de l’indulgence liée au statut - lâcheté des fonctionnaires ou la pression des ou du ministres.
Mais là la transparence n’est plus de mise, l’hypocrisie est de retour... et je tends à penser que tout compte fait l’hypocrisie est souhaitable, tant je suis convaincu que dans toutes sociétés il faut peu de choses pour que la violence s’enflamme ; l’analyse de René Girard sur la rivalité du désir aide à comprendre, or aujourd’hui Nicolas Sarkozy chauffe à blanc les désirs, il pourrait avoir une tête de bouc émissaire, puisque comme Louis Capet, il n’est qu’un homme comme nous.
Rédigé par : Jean-Marie | 15 janvier 2008 à 11:02
La politique de communication de Sarkozy ne répond pas à une exigence de transparence. Sans cela, il nous aurait fait part de ses petits ennuis de santé à l'automne dernier.
Les choses sont bien plus prosaïques que cela. Sarkozy instrumentalise sa vie privée, il s'en sert aux moments critiques pour distraire l'opinion : les services de l'Elysée annoncent son divorce le jour de la grève contre la réforme des régimés spéciaux, les Français découvrent sa nouvelle liaison à la fin de la visite de Kadhafi.
On peut essayer de donner une caution théorique à cette politique de l'image. Je préfère garder les yeux ouverts, et notamment sur l'essentiel, à savoir la politique menée par la gouvernement. Car derrière les apparences de mouvement et la tonitruance des discours, rien ne s'est décidé d'essentiel depuis mai.
Rédigé par : Julien | 15 janvier 2008 à 10:14
je suis juste un peu déçu :
imaginez les réactions s'IL avait épousé Ségo !
leur boucle était bouclée et le PS mouché une bonne fois pour toute :
ils auraient vécu heureux tout en n'oubliant pas bien sûr , comme en toute belle histoire d'avoir quelques beaux bébés UMP/PS voire l'inverse !
un véritable changement alors voire un tsunami !
Sissi !!!!!!!!!!!
( sinon je soupçonne Bulle d'être un peu jalouse , là , non ? )
Rédigé par : Cactus peu intimidé par tant d'intimité ne se tait point. | 15 janvier 2008 à 09:34
@bulle
Tout à fait d'accord avec vous : le summum du vulgaire serait même de laisser traîner l'étiquette pour voir le prix et le lieu de l'achat. Les pauvres qui font la manche dans la rue à Paris seront heureux de savoir que leur Président a autant de pognon à jeter par la fenêtre.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 15 janvier 2008 à 08:38
La vie du Président dans la presse "People" ? Juste une démocratisation de celle-ci qui nous avait habitué à l'intimité des princes et princesses de la planète, une certaine princesse à défaut d'avoir réussi dans le show-biz a même amassé une petite fortune avec les procès faits à cette presse.
Quant au couple "Nicolas-Carla" comme le rappelle Philippe Bilger nous sommes au moins au courant, nous n'aurons pas l'excuse de dire que ne savions pas comme certains l'ont dit avec "Tonton", lequel s'était révélé être un joyeux luron, surtout avec l'argent du contribuable. La seule chose qui me gêne c'est cet engouement d'adolescent que semble avoir Nicolas Sarkozy pour Carla Bruni. Un engouement qui risque de lui rappeler un jour que le carnet bleu de la dame n'est pas exhaustif, dans le show-bizz on divorce aussi vite qu'on se marie. Le "malaise présidentiel" qui s'en suivrait pourrait influer momentanément sur la politique du pays, la presse people mettant alors de l'huile sur le feu.
Je vais faire un peu de people à mon tour, je trouve que Nicolas-Rachida auraient fait un plus beau couple.
Rédigé par : Bernard1 | 15 janvier 2008 à 07:54
Depuis la nuit des temps les princes qui nous gouvernent ont toujours aimé avoir près d'eux des scribes gravant leurs actes, des aèdes chantant leurs louanges, des chroniqueurs narrant leurs aventures, des troubadours colportant leurs bienfaits, des mémorialistes décrivant leurs cours ou encore des portraitistes peignant leurs puissances.
Des scribes à Joinville, de Commynes à Saint-Simon, du Cardinal de Retz à Jean Lacouture ou Jacques Attali, pour traverser les siècles sans vous importuner, tous ont eu recours à ces thuriféraires pour les encenser afin qu'ils laissassent pour la postérité l'image de leur pouvoir. Certains avaient une plume acérée, comme le petit Duc à la cour de Louis XIV.
D'autres grands de ce monde préférèrent écrire eux-mêmes leur histoire, comme de Gaulle. Par précaution peut-être, de crainte qu'on ne dît pas ce qu'il eût aimé qu'on racontât.
Ils avaient cependant en commun beaucoup de talent, parfois du génie.
Grâce à leurs écrits le peuple de France connaissait leur histoire, mais aussi la petite histoire, l'Histoire en un mot, afin que celle-ci s'inscrivît dans la lignée de leurs prédécesseurs, et que s'y mêlât déjà le privé de leur vie.
Et Nicolas Sarkozy ne déroge pas à la règle, sous une forme un peu nouvelle, de mettre en scène l'histoire de sa vie, même s'il a commencé avant l'heure, voulu sans doute, pressé comme à son habitude.
Nous avons tous en mémoire la royale position du plus grand des Louis, constipé sur son trône, devant l'assemblée de ses courtisans.
Je me trompe peut-être, mais sa démarche s'y apparente. A tout le moins elle y ressemble.
Seulement voilà, n'a pas autour de lui les génies qui veut, comme François 1er, protecteur des poètes et des livres, ayant su aimer, puisqu'il le nommait "son père", mais aussi se faire aimer par celui qui vécut au clos Lucé, Léonard.
Nicolas Sarkozy n'a que quelques journalistes, qu'il pourfend de son ironie croyant les mettre à sa botte, ce faisant, attisant leur haine ; quelques photographes savamment briefés le fixant pour l'éternité, tel Bonaparte, devant les Pyramides - mais Bonaparte avait emmené une horde de scientifiques en lieu et place d'une atone chanteuse ; et enfin une prétendue chroniqueuse se targuant d'écrire une espèce de petite histoire au goût de nos contemporains.
"Mme de Guise mourut en ce temps ci. Bossue et contrefaite à l'excès, elle avait mieux aimé épouser le dernier duc de Guise, en mai 1667, que de ne se point marier." Saint-Simon, Mort de Mme de Guise.
"C'est un roman, mon truc !" Anna Bitton, Cécilia.
C'est plus dans l'air du temps, certes. Mais c'est exactement semblable, le talent en moins. Et ce que je reproche, ce n'est pas ce mélange de la vie privée et de la vie publique de ceux qui nous dirigent, il s'est toujours produit, exacerbé de nos jours par l'explosion de la communication, par l'attrait toujours plus fort des humbles aux apparats des grands et par leur propension à tout vouloir savoir avant la fin de l'histoire, non, ce que je reproche c'est le manque de grandeur, des uns comme des autres.
Il manque à notre temps, ce temps de la rupture, non la vision de l'opulence, du dédain et de la médiocrité qu'on nous propose, mais celle de la splendeur.
Rédigé par : Patrick PIKE | 15 janvier 2008 à 00:30
"Vie privée, Vie publique" :
" Sauf en Moldavie, je n'ai vu de prison pire que ça " : tels sont les mots du Commissaire Européen aux droits de l'homme après sa dernière visite des prisons françaises.
1 suicide tous les 3 jours, taux d'occupation de 200 %, 8 détenus sur 10 présentant une pathologie psychiatrique,...
Si la prison a un sens, il faut qu'elle soit école de citoyenneté et de démocratie, et non plus école du crime.
…….
Documentaire : publicsénat.fr :
Tous coupables
Rediffusion le :
vendredi 18/01/2008 à 16h30
samedi 19/01/2008 à 14h00
dimanche 20/01/2008 à 09h00
Durée : 52 minutes
Puis : débat :
La réinsertion
Rediffusion le :
mardi 15/01/2008 à 10h30
samedi 19/01/2008 à 14h55
dimanche 20/01/2008 à 09h55
Durée : 44 minutes
La prison sanctionne les crimes et les délits. Sa mission ensuite est d'insérer ou de réinsérer l'individu dans la société...
Dans ces conditions, comment faire en sorte que la peine soit utile au détenu ? Et surtout comment faire pour qu'il ne récidive pas une fois dehors ?
Avec :
Saïd-André REMLI, Réalisateur du documentaire « Tous coupables »
Philippe POTTIER, Adjoint au sous directeur des Personnes placées sous main de justice
Jean-Marie FAUCHET, Directeur général de l'ARAPEJ
Emmanuelle PERREUX, Présidente du syndicat de la magistrature, Juge d'application des peines
Pétition sur le site :
CONTRELARETENTIONDESURETE.FR
http://www.contrelaretentiondesurete.fr/
Possibilité de lire la vidéo : LE DEBAT la réinsertion, sur le site : publicsénat.fr
Rédigé par : Marie | 14 janvier 2008 à 22:27
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni se seraient mariés jeudi à l'Elysée.
Selon une source proche d'un témoin ayant assisté à leur union, le Président de la République Nicolas Sarkozy et l'ex-mannequin chanteuse Carla Bruni se seraient mariés jeudi dernier à l'Elysée. Interrogé cet après-midi alors qu'il accompagne le Président Sarkozy dans le Golfe, son conseiller en communication Franck Louvrier a déclaré: "Cette information relève de la vie privée de Nicolas Sarkozy et je n'ai aucun commentaire à faire". Une déclaration reprise par David Martinon, le secrétaire général de l'Elysée.
Rédigé par : martin | 14 janvier 2008 à 21:32
Transparence? Ou apparence de Transparence? L'hospitalisation au Val de Grâce, courant octobre, a visiblement été moins bien médiatisée que les Congés Maltais. A l'évidence, selon une politique de communication bien pensée, l'on donne l'illusion d'une transparence comme, en son temps, Feu F. Mitterrand affichait l'illusion d'une santé saine. Comme tout individu, le Président a droit à un minimum d'intimité et nul ne saurait le lui dénier. Le malheur est que, sous couvert d'une apparente transparence, les choses le sont probablement bien moins qu'on ne veut le dire. Et si les projecteurs braqués dans certaines directions n'avaient d'autre objectif que de mieux créer l'ombre sur d'autres objectifs... Seule l'histoire dira le moment ce qu'il fallait penser de cette apparente transparence. Dans le cas du Président Mitterrand, c'est en fin de second septennat que les révélations sont apparues. L'avenir nous dira si votre analyse était juste.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 14 janvier 2008 à 20:58
Monsieur l'Avocat Général,
Il m'est rapporté par mes Conseillers que vous auriez applaudi à la politique de transparence que je m'efforce, au contraire de mes prédécesseurs, d'ériger en ligne de conduite.
Venant d'un homme dont les qualités de plume et la liberté de pensée, ajoutées aux incontestables mérites professionnels, sont reconnues bien au-delà de la "blogosphère", je ne peux que me réjouir de votre soudaine autant qu'inattendue adhésion, qui fait ainsi le lit des appréciations peu flatteuses que vous crurent commettre dans un proche passé sur ma ministre des Sceaux.
Le" Bonapartisme intelligent" (sic) dont vous me créditez par ailleurs me semble correspondre en effet à la ligne de conduite que je me suis fixée.
Heureux de vous accueillir aujourd'hui au nombre de mes thuriféraires, adoubé par l'analyse juridique du spécialiste incontesté que vous êtes, je me permettrai de vous faire appeler par mon secrétaire général pour vous confier une mission prochaine dont l'objet pourrait être la standardisation des petits pois dans la magistrature dont on me dit qu'elle peut être assise, debout, voire couchée.
Croyez, Monsieur l'Avocat général, à l'expression de ma haute considération.
Pcc Nicolas S. Président de la République
Rédigé par : sbriglia | 14 janvier 2008 à 20:03
Grâce à la mise en scène de la vie du Président, on sait dorénavant que Dior fait des bijoux kitsch, les rend encore plus kitsch en leur donnant les noms de "Cupidon" et "Coeur romantique", que le Président a le mauvais goût d'offrir deux bagues à Carla, dont un modèle déjà offert à Cécilia, et que cela fait bling bling quand on nous annonce, publiquement, la facture. Vous reprendrez bien deux louches de vulgarité ?
Rédigé par : Bulle | 14 janvier 2008 à 18:21
La transparence, au point où l’a portée Nicolas Sarkozy, est-elle provocatrice ? L’évolution des mentalités, les remords de la presse après les grands silences sur les affaires passées, la rendaient en partie inévitable. En un mot, comme le résume Philippe Bilger, la conquête du privé par le public est inéluctable. Mieux vaut donc avouer avant d’y être contraint puisque la course est engagée pour dénoncer les tares, réelles ou supposées, des puissants. Les « reportages » de la presse people semblent désormais anecdotiques voire complaisants par rapport à la férocité prolifique des auteurs réputés sérieux, journalistes au premier chef.
Où la volonté de transparence trouve t-elle sa limite ? Tel, évidemment, comprendra, pardonnera, louera certaines de ces innovations. Tel autre en condamnera les aspects jugés inopportuns ou choquants. Sur un même sujet, les deux types de sentiments peuvent cohabiter. Les rapports du Président de la République à l’argent, par leur ambiguïté même, sont ceux qui soulèvent le plus d’incompréhension. Qu’il avance sans réticence son traitement désormais débarrassé de tous les compléments occultés jusque là relève d’une saine conception. En revanche, les largesses de ses amis, sollicitées ou non, laissent place à l’incompréhension parce qu’elles font ressortir l’outrage de l’argent-roi. Le faste snob de la réception du Fouquet’s a quelque chose d’outrancier. Le jet et le luxueux yacht mis à disposition supposent, en arrière-plan, une fortune colossale dont ces moyens de transport ne sont qu’un élément d’un train de vie insultant pour une majorité de citoyens. Même si la notion d’égalité, grande conquête de la République, ne se fonde pas sur la seule fortune, il n’est pas souhaitable de la saper par imprudence ou par ostentation. Sagan disait, à juste titre, que l’argent est un bon valet mais un mauvais maître.
Rédigé par : Peroixe | 14 janvier 2008 à 17:28
Philippe, autant je partage votre analyse sur l'hypocrisie générale autour de la presse people que vous avez finement analysée dans un de vos livres (source de revenus considérables pour ceux qui hier se damnaient pour apparaître sur ces pages glacées et qui la notoriété venue ne veulent voir d'eux que ce qui les arrange, mépris de ceux qui pourtant chaque semaine l'achètent par millions d'exemplaires, etc etc) autant votre optimisme sur l'opération "transparence" du Président de la République me laisse dubitative : NS me semble-t-il a été muet sur son intermède sentimental avec une journaliste du Figaro qu'il avait même - lorsque son ex-épouse était partie rejoindre son amant aux States - présentée à ses amis et à sa famille ; et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Si cette fois il s'affiche avec Carla Bruni c'est peut-être parce qu'il est urgent de montrer qu'il est quelqu'un "d'aimable" ; une nécessité lorsqu'on est à la tête de l'Etat et pas seulement pour des questions de protocole. Et je ne parle pas du côté tableau de chasse, de cette joie enfantine que l'on pressent - bisque bisque rage c'est moi qui suis avec elle après Jagger, Klarsfeld, Fabius et j'en passe - je sais, c'est un peu de la psychanalyse à trois cents d'euros...
NS a choisi non pas la transparence mais la mise en scène ce qui n'est en fait que l'autre face de la dissimulation... Je ne suis pas sûre en effet que cette volonté de transparence survivra(vrait) aux éventuels aléas de ces nouvelles amours. NS en fait reste dans la tradition, il montre ce qui, pense-t-il, le valorise. Une maladie partagée par la plupart de ceux qui ont une petite notoriété ou qui souhaitent l'avoir : dans Match cette semaine j'ai eu la surpise de voir Mme Boutin avec son mari. Pourquoi surprise car franchement je me demande qui peut être intéressé par la vie privée de cette dame. Mais passons. Supposons que demain un autre magazine montre que ce couple qu'elle nous impose soit moins "idéal", j'entends déja les cris d'orfraie.
Une dernière chose : les rires complaisants et bêtes de certains journalistes quand NS s'est payé certains d'entre eux, Laurent Joffrin par ex, à sa conférence de presse m'ont consternée.
Rédigé par : catherine A. | 14 janvier 2008 à 10:17
"contrôle démocratique."
J'aime bien cette notion qui répond à une nécessité dont j'ai pris conscience vers l'âge de 23-24 ans.
"la vigilance du citoyen qui ne supporte plus, en face de soi, qu'une totalité humaine à apprécier."
En effet.
"Qui sait ce que tirera le citoyen lambda de ces équipées ? "
D'après NS le sentiment que ce n'est pas l'argent public issu de ses impôts qui est dilapidé, mais celui d'un magnat privé qui est dépensé selon le bon vouloir de ce dernier, notamment lorsqu'il souhaite sponsoriser des déplacements de politiques (je résume ce que j'en ai retenu).
"il pourra représenter une petite pierre dans ce que l'électeur, plus tard, décidera de rassembler pour voter en pleine connaissance de cause."
Ou même carrément un pavé dans la mare !
"le privilège qui leur était dévolu par les pouvoirs passés de partager avec eux des secrets et des informations jamais confiés aux citoyens."
Mais pas inconnu du valet de chambre et je me demande quelque part si ce n'est pas du fait d'un aïeul maternel tailleur du roi et d'un aïeul paternel valet personnel de l'une de nos dernières têtes couronnées que ma descendance tient un goût certain pour la discrétion tel que je ne sais jamais rien que distillé au compte-goutte, quand je sais même sans vouloir savoir, ce qui a trait à la vie privée publique présidentielle.
"L'exposition de son être multiple entraîne une démocratisation du bruit, de la rumeur et de la confidence. "
Le citoyen lambda est à Versailles tous les jours si en revanche il n'y est pas à la fête !
"Au moins, avec Nicolas Sarkozy, un tel dysfonctionnement républicain ne se produira pas."
Sans commentaire :)
Rédigé par : Catherine JACOB | 13 janvier 2008 à 20:06
Les journalistes ont fait élire Sarkozy en le sur médiatisant et sont, pour la plupart, des courtisans, ces morceaux de lierres mercantiles se cramponnant au pouvoir et à ses bonnes grâces.
Lors de la dernière conférence de presse, ils les a traités comme des moins que rien, ce revers m'a fait plaisir et choqué en même temps par sa vulgarité, sa condescendance (ce mépris lâche et facile de celui en position de force) !
Pourquoi nous acharnons-nous à prendre le pire de l'Amérique (sa télé, son abondance de pub, son lien entre pouvoir et exposition médiatique outrancier, ses lobbies, son communautarisme) alors qu'il y a tant d'autres richesses dont nous pourrions nous inspirer à commencer par cette formidable compétitivité dont sort le meilleur, cette enviable méritocratie récompensant le talent, l'inventivité et la combativité ?
La réponse est simple, pour privilégier cet épouvantable népotisme, ce désastreux esprit mafieux en politique, cette bande de voyous à gauche comme à droite nous prenant pour des imbéciles, cette médiocratie qui donne des envies de tyrannie même aux plus convaincus des démocrates.
Nicolas Sarkozy n'est pas intelligent, ses sbires non plus, de surcroît, ils ne veulent pas le bien du pays, mais le leur uniquement. Qui sent un amour véritable de la France chez eux ?
Il en est de même sinon pire chez madame Royal et son clan.
Qui n'a pas remarqué en son for intérieur, bien silencieusement ce simple constat posé ?
Nous avons les politiciens les plus malveillants de l'ensemble des cinq Républiques et ça ne me fait pas rêver du tout que ce soit en papier verglacé sur Voici avec Bruni qui pense creux et me fait honte par avance de la représentation de la France dans le monde ou dans l'action politique qui fait de la dernière élection une ironie faite aux Français. Il y a un lien entre cette démonstration impudique, la compétence, les intentions qui est évident.
Pourvu que les militaires ou les anarchistes nous sortent de cette ornière le plus rapidement possible.
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 13 janvier 2008 à 19:16
Bonjour,
Je suis surpris par la démagogie qui se dégage de vos propos, et dont j'ai rarement été témoin sur votre blog, en général vous arrivez à exprimer les contradictions, mais là :
"Nicolas Sarkozy, [...] a réfléchi à l'évidence sur les courants nouveaux qui structurent la vie publique et exigent quasiment une transparence entière. Il sait qu'aujourd'hui, le citoyen ne veut plus se contenter..."
"C'est et ce sera une forme moderne et exemplaire de transparence démocratique."
... vous ne parlez pas du secret qui a entouré sa relation avec sa précédente épouse. Le secret sur l'état de leur relation à l'époque, secret qui n'avait rien à envier avec les frasques des ses prédecesseurs, ou encore sur le "séchage" du second tour par Cécilia Sarkozy, la place de cette dernière dans le pouvoir et surtout son rôle dans les nominations (pour ne pas parler de son intervention en Lybie qui relève peut-être du confidentiel défense). Mais nous pouvons nous interroger sur la transparence quand il s'agit de cette angine qui a privé le Président des États-Unis d'Amérique de la présence de notre Première Dame, ou bien encore de cette vexation par les média français qui a provoqué son absence très regrettée en Bulgarie.
À mon humble avis, l'extrême transparence du Président concernant son actuelle vie privée est, une position tout à fait nouvelle, et en cela, n'est ni exemplaire, ni entière. Mais j'imagine que cela n'est pas forcément un choix de Nicolas Sarkozy, mais plutôt de sa deuxième femme, et c'est justifié.
Cependant, on parle déjà, dans les milieux "informés", de l'action politique de la future première dame, et paraît-il de "l'appel d'offre" concernant ses assistants, représentants : vive la transparence !
Rédigé par : Frastealb | 13 janvier 2008 à 17:37
Je ne suis pas certaine que la révélation publique de la seconde vie de F. Mitterrand aurait inversé le résultat de son élection.
Entre 1988 et 2008, vingt ans se sont écoulés. Et ce n'est que depuis peu que le discours politique dominant s'efforce de réellement prendre en compte les transformations majeures de la société et de son environnement mondial.
L'élection présidentielle de 1988 bénéficiait encore - et pour longtemps, au moins jusqu'en 2002 - d'une demande électorale rivée à ses chimères idéologiques et à ses conformismes traditionnels.
Lors des obsèques de F. Mitterrand, les Français n'ont été, dans leur très large majorité, ni perturbés, ni indignés par l'image de D. Mitterrand et d'A. Pingeot accompagnant le cercueil du président.
Je suis d'accord avec vous quand vous dites que NS a compris que les secrets donnent à la classe journalistique ou médiatique
l'illusion d'un pouvoir. Celui des initiés.
Mais je pense que ce qu'il a surtout compris c'est que cette religion du secret et de l'entre soi - qui couche avec qui ? - n'a pas l'importance pour la société que le monde médiatique lui accorde.
Que ce président ait le désir profond d'être lui-même, je suis d'accord également avec vous. Je pense même que c'est la difficulté à être réellement elle-même qui a beaucoup handicapé SR lors de la campagne.
Maintenant, concernant la relation de NS avec Carla Bruni, un communiqué pouvait suffire.
Je persiste à penser que cette question d'intimité publique et d'intimité privée n'a que très peu d'incidence sur la façon dont sera évaluée et jugée l'action politique de NS.
Rédigé par : Véronique | 13 janvier 2008 à 16:27
Et moi je pose la question suivante : au nom de quoi Sarkozy peut-il se marier autant de fois qu'il le veut et refuse-t-il dans le même temps l'ouverture du mariage aux couples homosexuels ? Il peut battre le record d'Eddy Barclay en nombre de mariage s'il le veut mais les couples homosexuels n'ont eux, pas le droit de se marier. Les couples homosexuels sont-ils inférieurs aux couples hétérosexuels ?
Rédigé par : Têtuniçois | 13 janvier 2008 à 15:50
" Avec Nicolas Sarkozy, c'est clairement l'inverse. Son attitude présidentielle sur l'ensemble de ses registres révèle qu'il ne prétend plus cacher au peuple ce dont, hier, seuls les médias avaient vent. L'exposition de son être multiple entraîne une démocratisation du bruit, de la rumeur et de la confidence. Ils n'existent plus ou sont très vite étouffés par la réalité."
Le livre d'Anne Bitton aurait révélé une légère intervention chirurgicale, cachée, à la gorge du Président en fin d'année dernière.
Par ailleurs, d'après le site du "Point", Cécilia Sarkozy ne ferait pas appel mais envisagerait de porter plainte pour «atteinte à la vie privée», mais sans référé.
Rédigé par : Marie | 13 janvier 2008 à 15:30