Comment choisir ?
Libération censure. Frédéric Beigbeder interpellé avec de la cocaïne et en train d'en sniffer. Va-t-on le traiter comme les autres justiciables ? Le PSG recrute in extremis deux joueurs brésiliens. Va-t-il continuer à remonter la pente ?
Et la promotion dans l'Ordre de la Légion d'Honneur vient dêtre publiée. Elle s'est féminisée, certes, mais aussi, si j'ose le néologisme, "copainisée". Je n'ai pas demandé cette distinction mais en 2000 je l'ai acceptée. Selon Alphonse Allais, je suis tout de même à moitié coupable et je n'ai donc droit qu'à une moitié de liberté d'expression dans ce domaine. Aussi, j'arrête là.
Cela tombe bien car au moment où certains ne doivent leur faveur qu'à la seule complaisance des Pouvoirs publics, je songe, depuis deux jours, à cet enseignant que l'opprobre n'a pas épargné. Il a été placé en garde à vue durant vingt-quatre heures et va être jugé, le 27 mars, selon la procédure de plaider-coupable, pour violences sur mineur de quinze ans.
Pourquoi ? Qu'a-t-il commis de si grave ? Un élève de onze ans lui désobéit en ne rangeant pas, le professeur projette ses affaires à terre, l'élève le traite de "connard" et il reçoit une gifle. Le père de la "victime" est gendarme et vient en uniforme demander des explications au collège. Ensuite, il porte plainte.
C'est tout ? Oui. Le procureur de la République d'Avesnes-sur-Helpe s'est justifié hier à la télévision. L'enseignant n'a jamais connu le moindre incident en trente ans de carrière, ses collègues le soutiennent, d'anciens élèves sont venus rappeler qu'il était "autoritaire mais juste" et rien n'est venu démontrer l'accusation d'avoir jamais exercé sous l'emprise de l'alcool.
Le Figaro, le Parisien et le site du Nouvel Obs, notamment, ont évoqué cette affaire scolaire mais qui dépasse largement ce cadre par le débat qu'elle suscite. Sur RTL, le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos a souligné avec bon sens qu'un fait divers, "aussi scandaleux soit-il" - seule concession au politiquement correct - ne devait pas faire "oublier la réalité" qui, "dans l'immense majorité des cas fait souvent des professeurs les victimes".
L'étonnant est déjà qu'aujourd'hui, cette péripétie entraîne un tel émoi et que le professeur, avant une heureuse réaction collective, ait d'abord été accablé. Force est de constater la perversion d'une modernité qui se croit obligée de placer sur le même plan l'enseignant et l'enseigné, le maître et l'élève. Au lieu d'examiner d'emblée, au regard des droits et devoirs de chacun, de la nécessaire hiérarchisation des situations et des comportements, de la politesse du savoir et du savoir de la politesse, qui est initialement et indiscutablement en faute - le jeune enfant de onze ans -, on s'abandonne par démagogie à un salmigondis d'où il ressort une confusion propice à l'indifférenciation des rôles et des statuts. Tout ce qui sert à combler l'écart entre celui qui apprend du maître et doit lui obéir et l'enseignant est bienvenu. Tout ce qui permet de dissoudre l'autorité dans une sorte de convivialité désastreuse - puisque l'élève y perd, comme le professeur - recueille l'assentiment de beaucoup. Les mêmes qui, dans les dîners, le verbe haut, cultivent un catastrophisme systématique en déplorant la baisse du niveau !
Quel étrange rapport à la sanction notre époque cultive-t-elle ? Pour répudier le pire, l'intolérable, l'accomplissement et la justification de tortures, l'inadmissible assujettissement d'autrui par la force, on a lâché la bonde sans savoir ni vouloir s'arrêter à mi-chemin, dans une mesure équilibrée. Tout a été jugé à la même aune, tout est évalué de manière théorique, au nom d'une égalité abstraite démentie par l'expérience. Le garnement de onze ans qui, en le regardant droit dans les yeux, traite son professeur de "connard" est plaint parce qu'il est giflé au même titre que le malheureux qui subira une insupportable agression. L'enseignant systématiquement dur dans ses gestes mérite d'être sanctionné, c'est sûr. Mais qu'une claque unique - que le vécu de la classe ne rendait ni absurde ni choquante, après trente ans d'un métier pratiqué de manière irréprochable - entraîne de telles conséquences démontre que notre monde a perdu ses repères et ne tourne plus rond. Pour ne pas évoquer ces parents absurdement traumatisés parce qu'ils ont fessé un rejeton qui le méritait ! Condamner le dérisoire n'a jamais été une bonne méthode pour blâmer l'important. Au contraire. C'est un moyen de se donner bonne conscience. L'un vous dispense de l'autre.
On ne peut pas réfléchir sur un tel fait divers sans rassembler, en soi, le citoyen, le magistrat, le père, l'élève qu'on a été, l'enseignant qu'on a pu être. Je suis frappé par ce que révèle l'attitude du père de l'enfant giflé, gendarme, - fonction qui devrait être sensible au respect qu'on doit à l'autorité -, qui va déposer plainte après avoir pourtant pris langue avec un représentant du collège. Je n'ai jamais connu une telle situation avec mes enfants mais je sais que si l'un d'eux s'était permis d'insulter de la sorte son professeur et avait reçu une gifle en retour, j'aurais d'abord avec vigueur réglé le problème avec le jeune coupable puis dialogué avec l'enseignant. En aucun cas, je n'aurais judiciarisé un incident où, pour être gentil avec le père, les torts sont au moins partagés. Cette démarche manifeste une évolution qui inspire la plupart des personnalités, quelle que soit leur fonction. La plainte est un moyen d'éviter le conflit familial, la discussion nécessaire, l'engueulade utile pour parler net. Comme il y a plainte, le coupable est forcément ailleurs et c'est le professeur ! Par le recours à la justice, on publie ce qui mérite de demeurer discret et privé et on amplifie un mouvement qui va donner aux circonstances les plus intimes un tour officiel, intimidant et pour tout dire ridicule. L'appareil judiciaire pour une claque méritée !
Il faut bien, enfin, s'interroger sur le rôle du procureur de la République qui a motivé la poursuite de l'enseignant par un possible alcoolisme et une atmosphère de violence lors de l'algarade. Je n'ai pas à formuler un avis technique sur ce qui relève de sa seule responsabilité. Je me demande seulement si dans l'arbitrage que l'autorité judiciaire doit sans cesse effectuer entre le particulier et le général, l'individu et la société, le coupable et sa victime, mon collègue n'a pas sous-estimé les problèmes spécifiques de l'enseignement, les difficultés des professeurs, la fronde des élèves. A partir du moment où aujourd'hui, et depuis quelque temps déjà, le souci n'est vraiment plus de contrôler l'autorité des enseignants parce qu'elle serait abusive mais, au contraire ,de la sauvegarder, de l'aider à se maintenir parce qu'elle se délite, il me semble que la justice elle-même, s'insérant naturellement dans le processus social, dans la sphère éducative, ne se disqualifierait pas en assurant un traitement des affaires favorisant l'ordre, la discipline, le respect et stigmatisant - en classant sans suite, par exemple - les insultes et outrages qui appellent une réaction compréhensible. L'institution, certes, appréhende du singulier mais ne peut se désintéresser de l'incidence de ses pratiques sur le cours des univers qui s'adressent à elle. On saura donc, dans l'attente de la décision du 27 mars, qu'il est plus grave, dans une action éducative, de gifler un jeune élève de onze ans que d'être traité de "connard" par lui qui refusait d'obéir. C'est un signal. Il ne va pas colmater les brèches mais probablement, à un modeste niveau, les agrandir. A chacun sa politique.
Je suis navré d'emprunter sans autorisation ce très beau titre d'un roman et d'un film mais, pour ce billet, pouvais-je choisir autre chose que Classe tous risques ?
Je rêve d'une société où les risques scolaires et judiciaires ne pèseraient pas que sur les enseignants. Où le principe de l'égalité à tout prix serait, enfin, sacrifié.
Quelle drôle d'idée de porter ce fait divers en justice puisque l'enfant n'a pas été blessé.
Haro donc sur le gendarme.
(Par ailleurs : a-t-il le droit d'être en tenue quand il n'est pas en service ? A-t-il le droit de traiter des affaires privées quand il est en service ?)
Mais ce qui me choque chez l'enseignant, ce n'est pas la gifle, c'est le fait d'avoir jeté toutes les affaires de l'élève à terre.
Ce comportement ne me paraît pas en phase avec la description laudative de la mission de l'enseignant lue sur ce blog (et que je partage).
Une fois que les bornes sont dépassées, il n'y a plus de limites et les comportements s'emballent.
Il aurait été traité de connard pour avoir mis une colle, la situation aurait été à mes yeux très différente.
Ceci étant, me mettant à la place du professeur, je me dis que cela doit être dur de toujours se retenir et, me mettant à la place de l'élève, je me dis que je ne l'aurais sans doute pas dit, mais je l'aurais pensé très fort.
Rédigé par : Yves | 01 février 2008 à 23:26
Que l'élève ait pu penser "connard" du prof, j'aurais dit soit. Qui n'a pas un jour pensé cela d'un ou de ses professeur ? (Remarque, maintenant que j'y pense, pas tant que ça).
Par contre, à propos de la remarque d'esurnir expliquant que la violence n'est pas excusable : personne ne prétendra le contraire, mais est-ce que tout doit passer par le droit ? Est-ce que le simple sens commun ne doit pas s'imposer pour une affaire de ce genre (le professeur n'a pas envoyé l'enfant à l'hôpital, loin de là, il ne faut pas exagérer !).
Personnellement, j'estime que le parent d'un enfant qui aurait ainsi insulté son professeur ferait mieux de commencer par s'inquiéter de son éducation ! Et si vous acceptez que votre enfant se comporte ainsi, gardez-le chez vous ! Débrouillez-vous ! L'instruction est obligatoire, pas l'école.
Je ne suis pas enseignant, mais je comprends le malaise actuel et la véritable abnégation/ le sacerdoce/la vocation que nécessite ce métier vu ce qu'on fait subir aux enseignants. Que ceux qui critiquent cette petite gifle essaient de tenir ne serait-ce qu'une semaine face à des gamins mal élevés qui oscillent entre insolence manifeste et insultes proférées...
Philippe Bilger l'a parfaitement bien dit : en tant que père, c'est ce qu'a fait son enfant qui l'aurait choqué en premier chef !!!
Et personnellement, exactement comme dans ce billet, je ne parviens pas à comprendre un représentant de l'autorité qui apprend que son fils a insulté son professeur, qui se précipite pour porter plainte au lieu de s'occuper de son gamin taré. Celui-là, il ne doit pas être fin...
Rédigé par : Baptiste | 01 février 2008 à 23:17
Mince, si j'avais su...
Mon instit en CM2 nous donnait son "gantelet" sur les joues quand on dépassait les bornes. J'aurais du porter plainte et demander 50 000 francs de dommages et intérêts.
Ou alors j'aurais du venir armé, comme aux Etats-Unis, pour pouvoir tirer sur mon professeur s'il avait l'audace de vouloir m'apprendre le respect.
Rédigé par : Julien | 01 février 2008 à 23:05
J'ai beaucoup apprécié votre billet plein de sagesse et d'humanité mais il faut dès lors se poser la question.
Sommes-nous encore dans un monde ou le policier dispose d'un libre arbitre pour placer ou ne pas placer en garde à vue ?
N'est-ce pas devenu un passage obligé dans toute procèdure pénale pour peu qu'un délit soit constitué ?
Si l'on en croit certains juristes, toute personne auditionnée en tant que mise en cause dans une affaire doit être placée en garde à vue pour le respect de ses droits.
Etrange raisonnement...
De ce fait, la garde à vue devient systématique.
Elle contribue également à une certaine logique comptable, très en vogue actuellement.
Cette logique occulte malheureusement tout discernement...
Mon équipe a traité un cas similaire ; il n'y a pas eu de garde à vue mais un bon dialogue entre tout le monde, à la fin des auditions.
La plainte a été retirée et le magistrat a classé sans suite.
Tout le monde s'est serré la main, soulagé, à la fin de cette histoire qui n'entrera pas dans les statistiques.
Dommage, car c'est aussi cela faire de la police.
Dommage.
Rédigé par : Nichevo | 01 février 2008 à 22:51
Votre ami Maître Eolas a bien eu raison de nous diriger vers vous ; cela lui fait des vacances et nous permet de découvrir votre plume et votre pertinence.
Je suis comme plein d'autres amateurs, je n'ai aucune compétence juridique et je cherche à comprendre pourquoi on a (ou peut-être) prélevé à cet homme ses empreintes génétiques. Pourquoi, comme vous l'évoquiez au début de votre billet, cet amuseur public que d'aucuns qualifient d'écrivain se fait choper avec deux sachets de cocaïne et relâcher peu de temps plus tard quand un prisonnier, surpris avec quelques grammes de shit dans sa prison prend dix mois fermes. Pourquoi la loi invraisemblable de Dati pourrait passer (j'oublie Hortefeux naturellement) ? Pourquoi des enfants séjournent-ils dans des "camps" de rétention ?
Pourquoi vous et tous vos amis, restez-vous muets ?
Aujourd'hui, les caissières de France ont utilisé leur journée de repos ou de RTT (les autres n'avaient pas la possibilité), se sont dressées debout.
Imaginez, si la bronca venait des hommes de loi ?
Rédigé par : Babette | 01 février 2008 à 22:38
Esurnir >> le professeur a défendu son honneur. Ca ne compte pas ?
Je soutiens le professeur à 100%. Certes, il n'aurait pas dû gifler cet élève mais allez savoir s'il n'a pas des "circonstances atténuantes" : le môme l'emmerde peut-être depuis le début de l'année. Et avec un père qui le soutient mordicus en allant le défendre au collège, en uniforme (qui a peur du gendarme ?), le gamin n'a pas de quoi avoir peur d'être réprimandé.
D'ailleurs, je me demande si c'est légal, en tant que représentant de l'ordre, de se rendre, en uniforme et en service, dans un collège pour y discuter avec un professeur ?
Mon père est militaire de carrière, haut gradé et il s'est toujours changé avant d'aller rencontrer mes professeurs. Il n'était pas là pour instaurer un rapport de force entre eux et lui. Il redevenait un père.
Rédigé par : Steam | 01 février 2008 à 22:15
Aller régler un problème - mineur - concernant son enfant en uniforme, c'est inquiétant... J'ose espérer que cette faute (car elle me semble évidente) sera sanctionnée. Si le père était venu en bleu de travail, l'affaire aurait-elle pris une telle ampleur ?
Après une pareille médiatisation, il ne faudra pas s'étonner que les enseignants acceptent de se laisser insulter et refusent de faire preuve d'autorité dans leurs fonctions.
Rédigé par : anne l | 01 février 2008 à 21:38
Merci pour cette analyse.
Cette affaire devient grave, par ses échos et suites judiciaires. Il est bon d'en rappeler les enjeux.
Tout de même, un regret : la garde à vue de l'enseignant n'est pas commentée. Je ne pense pas être seul à m'interroger.
Merci d'avance de jeter un peu de lumière sur ce coin d'ombre.
Rédigé par : PLO | 01 février 2008 à 21:31
Cher Monsieur Bilger, j'espère que c'est vous qui dirigez l'école de la magistrature. J'espère que pas un seul formateur de futurs magistrats n'entre en fonctions sans avoir été auparavant agréé par vous.
Parce que là, le message, il est clair : ton prof te fait chier? Provoque-le, pousse-le à bout, et avec un peu de chance, tu vas l'envoyer en prison pour 24 heures.
Bravo le gendarme, bravo les flics, bravo le procureur... et bravo les gauchistes qui ont fait des pieds et des mains, depuis trente ans, pour qu'on en arrive là.
Vous avez gagné, les mecs. Admirez le résultat. Mais ne venez pas vous plaindre des conséquences. Et ne venez pas pleurnicher que vous manquez de "moyens".
Rédigé par : Robert Marchenoir | 01 février 2008 à 21:26
Avant de réagir de manière aussi véhémente, vous auriez pu lire l'article de Libération, un peu plus complet que les autres.
On y apprend que l'enseignant a commencé à brutaliser l'élève avant que l'insulte ne fuse. On y apprend aussi qu'il était probablement ivre au moment des faits.
Votre collègue a peut-être mal fait son travail, mais il a le dossier entre les mains, lui.
Rédigé par : Augustissime | 01 février 2008 à 21:26
Si je puis me permettre je mets en lien un commentaire sous le billet de maître Eolas qui montre que le cas présent n'est pas si simple qu'il n'en a l'air :
http://www.maitre-eolas.fr/2008/02/01/853-soufflet-n-est-pas-jouer#c44773
Rédigé par : Esurnir | 01 février 2008 à 20:55
...Une gifle ? C'est une fessée qu'il méritait.
Rédigé par : Bernard1 | 01 février 2008 à 20:45
@Esurnir
Si je vous ai bien compris, l'on a le droit de défendre son bien, mais pas son honneur. Belle mentalité !
Rédigé par : Christine | 01 février 2008 à 20:20
Je partage le point de vue d'Esurnir : que l'élève ait commis un acte inacceptable, soit. Mais cela n'autorise pas un enseignant à outrepasser les règles et à commettre lui-même un acte inacceptable, encore moins un acte de violence. Cela fait un peu plus d'un siècle que les châtiments corporels sont légalement interdits à l'école - bien qu'on ait fait fi de cette interdiction pendant de nombreuses décénnies comme les plus âgés d'entre nous le savent. Je ne vois pas ce qui permettrait maintenant de revenir aux règles du XIXème siècle.
Dans ces circonstances, on peut certes penser que pour une simple claque, ils auraient pu laver leur linge sale en famille plutôt que de faire appel à la justice : mais enfin la judiciarisation des comportements n'est pas l'apanage des parents d'élève et devient une mode chez certains enseignants (ainsi sur l'académie de Paris, TOUTE enfreinte de la part d'un élève, même un simple "raffut avec des chaises" est suivi d'un signalement au Procureur de la République).
Du reste, les explications données par le procureur laissent à penser qu'il ne s'agissait pas seulement d'une réaction un peu malheureuse à une insulte lancée de but en blanc : lorsque l'élève a insulté son professeur, il venait d'être plaqué contre le mur par ce dernier : c'était déjà là un acte de violence inacceptable.
Quant à la différence supposée de statut entre l'enseignant et l'enseigné, je trouve le concept scandaleux... les enfants ne sont pas des sous-êtres et par conséquent, ils méritent le respect comme n'importe qui d'autre. Et une protection particulière due à leur état de faiblesse. Je suis étudiant et je vous garantis qu'à l'université, il ne viendrait pas à l'idée du moindre "enseignant" de plaquer contre le mur le moindre "enseigné".
Rédigé par : Marcel | 01 février 2008 à 20:11
@Jean-Dominique Reffait
OK à cent pour cent.
Rédigé par : mike | 01 février 2008 à 20:10
Beigbeder va cesser de se croire "libre", au-dessus des normes, avec un peu de chance pour les lecteurs arrêter de croire qu'être écrivain consiste à prendre des poses et de la came. Je n'aime pas ces bobos babas bébés de 42 ans qui continuent de vivre comme des ados paumés, qui sont de mauvais modèles. La drogue m'a presque tué plusieurs fois, a failli me rendre fou, m'a généré des souffrances que je ne souhaite à personne et ma plus belle victoire fut de m'être sorti de cette horreur. Il y a encore de sombres crétins pour la présenter de façon romantique, qui la trouvent chic.
La petite Laura Smet à peine majeur (la majorité aurait du rester à 21 ans) fait des rechutes dans la dépression, repart dans les hôpitaux, je sais de façon empirique qu'il lui faudra de longues années pour retrouver un équilibre, si elle y arrive et je trouve cette jeunesse gâchée absolument dramatique.
Est-ce qu'elle est responsable de son état ? Non sinon elle ne se serait pas droguée en sachant où cela la mènerait, par contre un toxico d'une quarantaine d'années connaît exactement les conséquences et n'avait pas à entraîner une fillette dans l'enfer.
Beigbeder n'est pas un homme bien, ce qui est son droit, il y a cependant des limites que je n'aime pas que l'on dépasse. Il s'est fait choper en consommant dans la rue, se sentant au-dessus des lois et je suis heureux que la police ait fait son travail.
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 01 février 2008 à 20:09
Que le professeur soit en faute, nul ne le conteste.
Que la gifle soit "inacceptable", cela dépend des opinions de chacun, c'est en tout cas illégal, je vous l'accorde.
En revanche je ne comprends pas comment vous pouvez défendre le père : trouvez-vous normal d'aller en justice pour une gifle, surtout quand on connaît le degré d'engorgement des tribunaux ? Pensez-vous que le message qu'il envoie à son fils - signifiant que c'est le professeur qui est en tort et non lui - est souhaitable ? Le père aurait dû expliquer à son fils qu'il avait eu tort, ensuite s'expliquer, verbalement, avec l'enseignant ou saisir sa hiérarchie.
Ce que beaucoup reprochent au père, c'est de considérer que c'est son fils qui a raison, parce que c'est son fils, alors qu'un représentant de la loi devrait voir plus loin et inculquer à son fils le respect de l'autorité ; mais d'autorité, il ne voit sans doute que la sienne, et non celle de l'enseignant.
Si on se met à aller au pénal pour de simple gifles, pardonnez-moi, mais gérer la justice va devenir de plus en plus dur.
Rédigé par : Eowyn | 01 février 2008 à 20:05
Bien qu'enseignant au collège, c'est un souvenir d'élève que j'aimerais vous faire partager.
J'avais alors 6 ans en CE1, ma maîtresse Mme M. était la femme de mon jeune coeur d'enfant, la femme de ma vie alors.
Je lui offrais des fleurs et des dessins à longueur de temps espérant un bisou.
Je peux préciser sans arrogance que cette femme m'adorait ;-)
Bref, lors d'un atelier poterie durant lequel je réalisais un cadeau pour maman, me retrouvant en difficulté je demandais à Mme M assistance.
Elle me la promit dès qu'elle en eut fini avec un de mes camarades.
Hélas, prise dans le flot des appels des autres, elle oublia sa promesse et se consacra à un autre de mes camarades.
Je devins terriblement jaloux, fou de colère, et du haut de mes six ans je lui attribua l'ambigu qualificatif de "salope".
Elle n'avait pas entendu (je l'ai dit tout bas quand même) mais mon voisin me dénonça.
Mme M très en colère et très déçue m'emmena dans le couloir et m'administra une fessée, elle avait pris la précaution d'ôter ses bagues comme elle le précisera à mon père.
Confus, tourmenté, malheureux d'avoir perdu l'amour de ma vie, je revins le lendemain avec un bouquet de fleur et les larmes pleins les yeux. Elle me pardonna...
Je ne manquais pas non plus d'administrer au dénonciateur une juste correction.
Juste pour dire que je garde une vive émotion de cette histoire, cette femme a contribué à me faire grandir.
J'ajouterais au risque d'être censuré qu'en grandissant, je ne garde pas un si mauvais souvenir de cette fessée...
Bien à vous
Rédigé par : Marc | 01 février 2008 à 20:03
Esurnir: "Ce gendarme-là fait face à l'inacceptable"> Face a une gifle, j'aurais pu penser que le dialogue des adultes était approprié.
Moi ce matin on m'a bousculé dans le métro, (assez violemment, ouille) lorsque les portes de la rame se fermaient. Est-ce acceptable ? Devrais-je en parler a un avocat (j'hésite a porter plainte contre X ou contre la RATP).
Rédigé par : Vonric | 01 février 2008 à 20:03
Réponse à Philippe Bilger dont je recopie ici l'e-mail pour que les intervenants comprennent :
"Vous ne trouvez pas que vous donnez une importance démesurée à un geste qui s'explique, qui est justifié même par une insulte grave. Je considère qu'on est encore dans le champ scolaire. Une claque légitime dans une vie d'enseignant en trente ans ! On n'a pas d'autres, de vraies, tragédies à fouetter."
Le geste s'explique je vous l'accorde. Non je ne pense pas qu'il soit justifié car l'enseignant aurait pu :
- Mettre des heures de retenues à l'élève
- L'exclure du cours
- Demander a ce qu'il soit traduit devant le conseil de discipline
L'importance démesurée ce n'est pas moi mais le législateur qui trouve que contrairement au reste de la population pour lequel une contravention de première catégorie est issue pour les même faits (un acte de violence volontaire ne causant aucune ITT) si ce n'est qu'ils sont:
*Commis sur un enfant.
*Par une personne ayant autorité sur elle.
*Dans l'enceinte d'un etablissement scolaire. (au départ c'était les agressions de petites frappes contre les enseignants qui était visées mais c'est la lettre de la loi qui s'applique a tous).
requiert un maximum de 7 années d'emprisonnement. Si le législateur avait décidé de nous épargner ses réformes du code pénal au gré des faits divers, cet enseignant ne passerait pas en CRPC. Mais qu'on ne vienne pas dire que le père est en faute ici. Il choisit d'exercer son droit le plus légal, au Parlement la responsabilité de transformer une contravention (qui me paraît être une réponse d'importance appropriée dans le cas qui nous concerne) en procès devant le tribunal correctionnel.
Rédigé par : Esurnir | 01 février 2008 à 19:47
@Esurnir
"Ce gendarme-là fait face à l'inacceptable"
Etonnant que vous ne posiez pas le même principe pour le professeur ! Imaginons que le fils du professeur ait traité de "connard" le gendarme dans l'exercice de ses fonctions lorsque celui-ci lui demandait de se comporter correctement dans l'enceinte de la gendarmerie ! Imaginons que le gendarme lui ait mis une claque, ce qui n'est pas rare en garde à vue. Croyez-vous que le gendarme se retrouverait en garde à vue puis devant le tribunal alors que le fils du professeur serait présenté par le procureur comme une victime de l'agression d'un gendarme porté sur l'alcool parce que "le professeur a dû faire face à l'inacceptable"!
Bravo à J.D Reffait pour son commentaire. Nous sommes bien dans une société dans laquelle les cons marchent sur la tête et volent en escadrille.
Rédigé par : calach | 01 février 2008 à 19:46
Du haut de mes (presque) 21 ans, je ne suis sorti du système lycée que depuis 3 ans.
Je soutiens avec force ce professeur, même s'il est vrai que son geste est plus que regrettable
Mais regrettable pourquoi ? Tout d'abord, je pense qu'il aura perdu à cette occasion un peu de son aura d'autorité qu'ont naturellement beaucoup de professeurs, aura accordée par l'image que s'en font les élèves.
Regrettable également qu'il se soit "abaissé" à se comporter comme le plus limité des adolescents rebelles.
Après, il est vrai qu'il y a violences et le législateur a raison de punir les violences, surtout contre mineurs.
Mais le législateur avait-il prévu un tél délitement de la situation de respect et d'autorité quand il a prévu la (sur)protection des mineurs ?
Peut-être verrons-nous une nouvelle loi régler ce genre de cas (les "lois-émotions" sont dans l'air du temps après tout), mais comme vous l'avez dit, il est regrettable que ce qui aurait dû rester secret, aussi bien à la famille qu'à l'établissement, ne soit rendu public et que cela ne tourne en une désastreusement farce peu drôle.
Merci de votre billet qui est toujours un plaisir à lire.
PS : Oui oui, je soutiens réellement ce professeur, il est vrai que certains en mériterait pour moins que ça. (et je rappelle que j'ai 20 ans...)
Rédigé par : Rutrapio | 01 février 2008 à 19:41
@Jean-Dominique Reffait
Bayrou avait l'excuse de la légitime defense, il défendait son bien.
Ce gendarme-là fait face à l'inacceptable, que son enfant soit puni pour l'insulte qu'il a proférée cela va de soi mais qu'il se prenne une gifle reste hors des cadres légaux qui s'imposent à ce professeur. Sinon on "n'emmerde pas légalement" on dit "faire respecter ses droits". Que les personnes choisissent de recourir à la Justice plutôt que de se faire justice soi-même entre hommes après avoir bu un verre au bar du coin, j'appelle cela un progrès.
Rédigé par : Esurnir | 01 février 2008 à 19:23
Je ne vois pas pourquoi plaindre le professeur en question. Il a commis un acte de violence, cet acte-là est illégal, je ne vois absolument pas pourquoi il faudrait blâmer le père qui ne fait là que régler le problème de la façon la plus correcte qui existe plutôt qu'aller faire justice lui-même.
Oui un acte de violence volontaire n'ayant causé aucune ITT reste illégal et répréhensible, que cela passe par le TGI relève de la facétie du législateur qui a décidé que commettre un acte de violence dans un établissement scolaire était un acte qui fait encourir 7 années d'emprisonnement. Une peine de prison me semble au vu des faits invraisemblable. Le juge rendra justice et montrera à l'enseignant fautif que non, la violence n'est justifiée que dans les cas où la loi l'autorise, et qu'une personne ayant autorité sur des élèves doit montrer l'exemple.
Le règlement intérieur et les textes de lois prévoient des procédures disciplinaires appropriées dans des cas comme cela. "Péter les plombs" n'a jamais été une excuse valable pour s'affranchir de ces règles, vous qui avez probablement vu des meurtres passionnels passer devant les assises devriez être le premier au courant.
Rédigé par : Esurnir | 01 février 2008 à 19:18
Que voulez-vous qu'on réponde face à une telle incurie sociale ? Je supporte mal ou pas du tout les autorités qui s'imposent par le seul fait qu'elles portent le badge "autorité" et c'est pour moi un calvaire républicain que d'avoir à me plier à certaines injonctions crétines émises par un imbécile qui a tout raté sauf le droit de m'emmerder - et à moi le devoir de lui obéir - en toute légalité.
Mais un prof, un maître quel qu'il soit, celui dont l'autorité est naturelle parce qu'elle est généreuse, parce qu'elle donne au lieu de supprimer, parce qu'elle élève au lieu d'abaisser, parce qu'elle confère des libertés au lieu de les aliéner, comment peut-on seulement accepter une milliseconde qu'il soit traité de connard ?
Je me souviens de la gifle de Bayrou au gamin qui lui faisait les poches : ce jour-là, il a gagné 10 points dans les sondages.
Le même gendarme, père du garnement, enchristerait quiconque le qualifierait de connard, non sans l'avoir bousculé en toute légitimité. Et le même procureur le soutiendrait à fond la caisse.
Ce gendarme est un connard, son fils est un fils de connard, j'en ai ras-le-bol de cette société à l'envers qui magnifie les plus cons des plus cons et qui outrage les agents de l'intelligence.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 février 2008 à 19:04
Bonjour,
Sans aller jusqu'à approuver le geste du professeur, cette affaire prend une tournure disproportionnée. Une CRPC pour une vulgaire claque dans les circonstances qu'on connaît, est-ce le meilleur choix ? Des faits plus graves se terminent par un rappel à la loi...
Quel message donnons-nous aux adolescents ? Certains vont effectivement se croire en position de force face aux enseignants. Alors qu'on parle de restaurer l'autorité à l'école cette affaire va finalement dans le sens contraire. Cette affaire a pour effet de laisser croire aux jeunes qu'on peut faire ce qu'on veut à l'école.
Bien entendu la violence n'arrange pas les choses mais face à l'arrogance d'un ado, un prof peut perdre ses moyens.
Plus généralement ce fait divers qui ne devrait même pas l'être démontre également un angélisme démesuré à l'égard des mineurs. Le père donne raison à l'enfant plutôt qu'à l'adulte alors que justement sa qualité de gendarme lui permet de constater tous les jours que les ados ne sont pas forcément des anges.
Rédigé par : Jean Philippe | 01 février 2008 à 18:34
Professeur en collège, je vous remercie pour ce billet qui exprime mieux que je n'aurais su le faire les sentiments que cette affaire me procure.
Bien à vous.
Rédigé par : Marc | 01 février 2008 à 18:26
merci !
moi qui ai fait plus que mes classes , ce "fait d'hiver" m'a tourneboulé !
la lecture de votre billet m'a mis du baume au coeur ; merci pour nous, les profs !
dur dur d'être un prof par ces mauvais temps qui courent si vite qu'ils vont finir par nous dépasser : mais n'est-ce pas déjà fait ?
ps : est-il préférable d'être élève ou prof aujourd'hui, au fait ?
le doute s'empare de mon émoi là !
qu'est-ce qu'être " élève normal " de nos jours ? que de non réponses à tant de questions nées d'un malaise général que ce soit en collèges , en lycées ou en facs !
( sinon ce titre est parfait , bien moins mode qu'_Astérix et périls_ , bien plus porteur de sens vrai ! )
Rédigé par : Cactus un pneu crevé là | 01 février 2008 à 17:55
Le plus étonnant c'est que tout le monde semble d'accord avec vous. Même les plus "libéraux" et progressistes (comme moi) sont sidérés par cette affaire. Comme la plupart des gens et bien que trentenaire (donc d'une époque où les punitions physiques n'étaient plus la norme) j'ai connu beaucoup d'enseignants réellement violents. Nombre de mes camarades ont supporté bien plus que des claques... Et pas qu'une fois... Et pas toutes justifiées... Bref, je pense que le père et le procureur ont vraiment manqué de sens commun et si le professeur n'est pas très vite "réhabilité" et sa réaction légitimée, nous risquons de démotiver encore plus les enseignants et débrider l'effronterie des gamins.
Bref, accélérer la tendance actuelle, le tout sur fond de judiciarisation des rapports sociaux et de sacralisation démagogique des "victimes" .
Merci de votre billet.
TB
Rédigé par : Billy | 01 février 2008 à 17:12
Plein de bon sens, comme très souvent, Mr Bilger. :)
Rédigé par : Pierre Guillery | 01 février 2008 à 17:02
"Je n'ai jamais connu, avec mes enfants, une telle situation mais je sais que si l'un d'eux s'était permis d'insulter de la sorte son professeur et avait reçu une gifle en retour, j'aurais d'abord avec vigueur réglé le problème avec le jeune coupable puis dialogué avec l'enseignant. "
Honnêtement dit, je ne saurais imaginer que le père que doit être la personnalité dont vous donnez l'impression, ait pu élever des enfants de telle sorte qu'ils aient jamais été réellement susceptibles de traiter leur professeur de 'connard'!
Mais je dois dire aussi qu'en tant qu'enseignante, si j'ai connu quelques houles, notamment à l'occasion de désordres extérieurs (grèves etc..), je ne pense pas avoir jamais connu d'élèves, même parmi les plus agressifs et les plus mal élevés de ceux qui pensaient avoir davantage à m'apprendre que l'inverse, auxquels ils soient jamais venu l'idée de me traiter de 'connasse'!
Rédigé par : Catherine JACOB | 01 février 2008 à 17:02