J'étais l'autre soir au théâtre de l'Odéon.
Ce n'était que Molière. On jouait l'Ecole des femmes.
A ma grande surprise, le texte étincelant était respecté et on n'avait pas éprouvé le besoin de donner un tour crépusculaire et triste à la mise en scène de cette comédie.
Daniel Auteuil, un acteur magnifique oscillant entre rire et gravité.
L'éternité de ces vers, l'intelligence absolue qui y préside. Dans cette pièce sur le féminisme, pas un argument n'était oublié et rien, aujourd'hui, ne serait à retoucher. Les misogynes comme les amoureux des femmes peuvent y puiser à satiété. Tout est dit dans un sens ou dans l'autre et les argumentations se répondent avec une incroyable richesse. La force de ces génies, c'est qu'ils n'annoncent pas demain mais qu'ils campent comme des maîtres sur toutes les époques.
On sort d'un tel spectacle l'esprit et le coeur comblés. On voudrait que cela dure mais le rideau tombe trop vite.
Le classicisme, c'est cela. L'humanité tellement dépouillée de sa graisse qu'elle ne meurt jamais.
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A Philippe,
"Daniel Auteuil, un acteur magnifique oscillant entre rire et gravité."
Oui, il est talentueux et séduisant dans tous ses rôles. Et les médias le respectent car il est respectueux et respectable. Pas de scoop people à 2 balles. La Culture sait reconnaître les siens : ouf !
Aux autres :
Je n'écrirai rien car vos vers sont trop bien pour que je prenne le risque de "pécho la honte"!
Molière : ah, mes années collège !:)
Le français : la seule matière qui m'intéressait vraiment. L'histoire, aussi. Mais beaucoup moins...
Aaah, les virées au Théâtre de la Sinn, organisées par notre prof de français/ latin : une échappée fabuleuse ! Merci à elle ! Une prof extraordinaire. Puis, le prof de français de ma seconde : captivant.
Dans mes souvenirs, les seuls profs dont la passion de la matière qu'ils enseignaient était contagieuse. Leur gestuelle, leur mine réjouie : par la suite, je n'ai jamais retrouvé le même enthousiasme chez mes profs d'économie, de mathématiques ou de compta : allez savoir pourquoi...
A Bernard :
Harpagon : tout à fait !!
Je vous souhaite un bon we (pour ce qu'il en reste)
A vous tous,
Rédigé par : Ktrin | 09 février 2008 à 17:11
Pierre-Antoine,
Essayez donc de vous rappeler comment "la naïve donzelle" est venue à bout du protecteur qui voulait l'épouser et venez donc me dire ensuite si elle était si naïve, malgré le soin pris pour essayer de la rendre idiote.
Rédigé par : Barbara | 08 février 2008 à 21:08
"Dans un petit couvent, loin de toute pratique,
Je la fis élever selon ma politique.
C'est-à-dire, ordonnant quels soins on emploierait
Pour la rendre idiote autant qu'il se pourrait.
Dieu merci, le succès a suivi mon attente.
Et, grande, je l'ai vue à tel point innocente,
Que j'ai béni le ciel d'avoir trouvé mon fait,
Pour me faire une femme au gré de mon souhait".
Je ne sais pas si on trouve encore de nos jours, non un tel phallocrate, dont la race ne s'est pas éteinte, mais une si naïve donzelle que quelque ethnologue aurait bien du mal à trouver !
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 08 février 2008 à 19:18
Monsieur Bilger, merci de nous rappeler que Molière existe.
@Surcouf
Le Bourgeois gentilhomme... j'étais en 6 ème. Molière... Non non je ne suis pas un fossile, mais Molière, Racine et Corneille furent au programme de la 6 ème. C'était avant 68.
"Ma cassette, où est ma cassette" : le directeur de la Socié... L'actualité me trouble... Harpagon bien sûr.
Rédigé par : Bernard | 08 février 2008 à 17:31
Monsieur Michael Edwards, professeur au Collège de France, a, lors d'une série de cours il y a deux ou trois ans mis Molière au rang de Shakespeare ce qui, de la part d'un sujet de Sa Majesté britannique et de plus spécialiste de l'auteur de Hamlet, est un beau salut rendu à notre grand Homme.
Rédigé par : mike | 08 février 2008 à 12:48
Si je vous comprends bien, alors ce n'est que de l'hooooooooooooo, ce n'est que de l'hoooooooooooo et tant mieux comme nous chante Barbara en premier post-it ici hooooooo aussi !
Sissi !!!!!!!!!!!!
Rédigé par : Cactus dansant le sans bahhhh | 08 février 2008 à 11:25
A quand certaines ministres interprétant sur les planches "LES PRECIEUSES RIDICULES" ?... Il y aurait matière à jouer de cette humanité dépouillée de la graisse et du fond de teint...
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 08 février 2008 à 08:43
Molière, Racine, Corneille, La Fontaine, La Bruyère, Vincent Voiture (le plus grand poète de cette époque, Descartes, Pascal mais qui n'a jamais voulu être édité) n'ont eu de cesse de me réjouir, de me nourrir, je ne peux dire si je préfère cette époque au romantisme, mais elle nous rappelle que l'esthétique et le fond n'ont pas l'impossibilité de la compatibilité, que l'intelligence n'est pas née après la révolution française ou Mai 68, que le génie français a existé. Il est difficile de ne plus s'aimer lorsque l'on a goûté à la magnificience de la France dans son plus grand rayonnement. Mon amour des lettres vient de là et vous me faites plaisir avec votre billet, mais aussi celle de la France, si je me bats si hardiment au détriment de mon éducation, mon relationnel, mon avenir professionnel, ma sérénité pour cette dernière, c'est surtout pour ne pas perdre Molière. Ceci peut paraître bien futile et pourtant, en y réfléchissant un peu...
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 07 février 2008 à 22:49
Grâce à Dieu, nos auteurs ont changé de méthode,
Et nous aimons bien mieux quelque drame à la mode
Où l'intrigue, enlacée et roulée en feston,
Tourne comme un rébus autour d'un mirliton.
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 février 2008 à 15:08
Depuis "L'Adversaire", Daniel Auteuil montre combien il excelle aussi dans le registre de la gravité. Grand acteur !
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 07 février 2008 à 14:55
Nous avons eu la chance de pouvoir, en famille, il y a quelques années, aller à la Comédie française pour assister à une représentation du Bourgeois Gentilhomme.
Ce fut une grande fête dont on parle encore avec les enfants.
Rédigé par : Surcouf | 07 février 2008 à 11:13
Si Molière rentrait aujourd'hui dans Paris, la grand'ville,
Il y trouverait mieux pour émouvoir sa bile
Qu'une méchante femme et qu'un méchant sonnet ;
Nous avons autre chose à mettre au cabinet.
Jourdain à l'Elysée, la muse Carla embourbée, on ne chahute plus M. de Pourceaugnac, on magnifie ses enflures, Trissotin et Vadius revêtent l'habit vert de la Star Ac', la descendance de Tartufe inonde les palais de justice et les rédactions de journaux, jusqu'aux galères mahométanes qui menacent d'exploser sous notre nez, ils n'ont jamais quitté la scène, les Polichinelles du demi-monde, il s'y entassent toujours : Diafoirus a planté son clystère à lavement de cerveau disponible dans nos fondements, Harpagon rachète la SocGen, Dorante court la chronique cachetonneuse chez Ruquier, tandis qu'une foule de Scapin et Martine ramasse avidement les éclats lourdingues des faux soleils qui tombent en paillettes, de Gala à Closer, pauvre foule sentimentale faiseuse de fagots à brûler vite pour ne pas mourir de froid, ils sont tous sur la scène, comme un soir de première.
Il n'en manque que deux, l'un a disparu pour vomir dans les sables du désert, c'est Alceste, l'autre est mort, libre et bien mort et tellement libre, c'est Don Juan et notre monde ressemble enfin à cette belle rose du Bengale, belle Marianne : sans épine et sans parfum.
Bastonara ! Bastonara ! Mon cheval pour un bâton !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 février 2008 à 09:58
Je suis vraiment ravie d'apprendre qu'il est encore possible de voir les classiques non défigurés par une "mise en scène moderne". Je garde pour ma part un souvenir inoubliable des fourberies de Scapin.
Rédigé par : Barbara | 07 février 2008 à 09:09