On peut apprécier ou non Nadine Morano, porte-parole de l'UMP. Pour ma part, ayant un faible pour les "grandes gueules", je la préférais aux petits maîtres tièdes et sans relief et j'avais trouvé injuste sa disgrâce temporaire.
On peut approuver ou non le parti socialiste. Pour ma part, je me suis toujours senti, en dehors d'amitiés personnelles fortes qui m'ont conduit à privilégier la gravité de gauche par rapport à la dérision de droite, en décalage avec sa philosophie pénale, sa vision de la liberté et de la responsabilité, sa conception de la justice. La société serait peu ou prou coupable quand l'auteur du crime ou du délit - sauf s'il est riche, bien sûr - ne serait, lui, que le jouet de forces qui le dépassent et sur lesquelles il n'aurait jamais aucune prise. Je caricature certes mais il y a au fond de la pensée socialiste cette idée qu'il faut diluer dans le pluriel ce qui crève les yeux et brise le coeur dans l'instant et dans le singulier de la transgression. Il n'empêche que depuis l'aveu de sa naïveté par Lionel Jospin, le parti socialiste, notamment sous l'influence de Robert Badinter idolâtré au-delà de toute mesure et d'André Vallini, parlementaire que le désaccord qu'on a avec lui n'empêche pas d'estimer et d'écouter avec beaucoup d'attention, a évolué et ne saurait aujourd'hui être réduit au culte de l'angélisme pénal.
Aussi, lisant des propos de Nadine Morano sur le site du Nouvel Observateur au sujet de la polémique née de la demande présidentielle au Premier président de la Cour de cassation, j'ai sursauté. On ne peut pas dire qu'elle fait dans la nuance ! Ces extraits vous éclaireront : "Je laisse le soin aux Français de juger le PS qui se met clairement du côté des assassins et oublie toutes les victimes. C'est irresponsable de jouer avec la sécurité des Français", et elle ajoute : "Il s'agit d'appliquer le principe de précaution", reprenant ainsi l'argument utilisé par le président de la République.
L'outrance ne sera sans doute discutée par aucune personne de bonne foi, même fortement engagée dans le combat politique. Mais je devine déjà le mouvement désinvolte par lequel l'esprit se débarrassera aisément de cet excès en le traitant de "politique". Ce serait donc cela, le militantisme, la controverse partisane, ce serait cette absurdité revendiquée et assumée ?
Qu'on ne s'y trompe pas. Cette démesure dans la dénonciation ne doit pas seulement être rejetée par ceux qu'elle cherche à atteindre mais aussi par les partisans de la politique au nom de laquelle elle est formulée. A entendre de telles outrances, qui défigurent stupidement l'adversaire et feignent de le croire complice de crimes qu'il récuse autant que vous, on finit par avoir honte des idées qu'on défend. On regrette que les moyens mis au service de la cause qu'on approuve vous rendent celle-ci insupportable. On souhaiterait que l'argumentation sur le fond et pour la forme soit à la hauteur de l'élan intellectuel qui vous pousse à adhérer à une conception pénale dont le bien-fondé ne mérite pas d'être détruit par des attaques aussi injustes. Il est clair que je ne peux pas me sentir solidaire, même en avalisant le principe de la rétention de sûreté et après les récentes péripéties nous conduisant du Conseil constitutionnel à la Cour de cassation, de propos osant imputer au parti socialiste d'être complice des "assassins" et indifférent aux victimes. On est saisi de nausée devant le caractère absurde et dévastateur d'une telle accusation. On croit se trouver dans le champ du dialogue républicain, même vigoureux, et on est tombé en réalité dans la triste mécanique politicienne qui consiste plus à démolir autrui qu'à faire l'apologie intelligente de ce qu'on soutient.
Quand Nadine Morano se laisse ainsi aller, j'ai besoin de me rappeler que la politique pénale dont il est question est, à mon sens, courageuse et lucide. Ce n'est pas la première fois que je me suis senti mal à l'aise devant des explications maladroites, pauvres, sommaires, qui venaient altérer la validité de ce qu'elles prétendaient défendre. Etrangement parfois, l'antagonisme crée plus de fraternité que l'accord apparent, si trompeur quand on cherche à l'approfondir. Les débats sur les peines plancher et la carte judiciaire l'ont démontré avant même l'irruption de la rétention de sûreté dans notre espace judiciaire. Raison de plus pour qu'on ne nous rende pas trop difficile, à force de médiocrité et de mauvaise foi partisanes, un soutien que nous ne sommes pas si nombreux à apporter.
La pire des attitudes serait, devant ce qui paraît ressembler à la politique telle que l'opinion publique se plaît à la caricaturer - un combat sans écoute, une lutte sans merci, un excès assumé -, de jeter l'éponge en acceptant ces dérives comme un inévitable fait acquis. Elles seraient l'inéluctable rançon d'un affrontement honorable et il n'y aurait pas de militantisme sans ces outrances périphériques. La tentation de prendre avec fatalisme cette perversion de la politique au quotidien est sans doute ancrée en chacun de nous, du moins chez tous ceux que la chose publique passionne. Mais une telle attitude de confort et de résignation n'est qu'apparemment raisonnable.
A l'évidence, on peut faire de la politique autrement. Il n'est pas nécessaire, pour défendre la position du président de la République et, plus largement, le texte sur la rétention de sûreté, de traîner ainsi dans une opprobre injustifiable des contradicteurs dont le seul tort consiste à ne pas avoir la même conception de l'Etat de droit que vous. Dire qu'ils se trompent et le démontrer, n'est-ce pas suffisant ? Ce qu'on ne réussit pas à signifier doit-il inévitablement être remplacé par la virulence du ton ? Quel étrange retournement que celui qui fait suivre l'ouverture politique pratiquée par Nicolas Sarkozy par une fermeture dans la forme. Il est paradoxal que des ministres dits socialistes oeuvrent dans ce gouvernement et qu'en même temps un tel paroxysme se déchaîne pour battre en brèche des contestations judiciaires, pour ne parler que d'elles. Comme si l'ouverture gouvernementale avait pour implacable contrepartie une fermeture intellectuelle ailleurs, une rigidité politique dans les échanges partisans. Comme s'il fallait compenser la souplesse d'un côté par l'intolérance de l'autre.
Je ne fais pas de politique. J'évoque, pour le bénéfice de tous, le rêve d'une tranquillité et d'un respect démocratiques.
http://www.dailymotion.com/relevance/search/nadine%2Bmorano/video/x36yz0_clash-a-imatin-avec-nadine-morano_news
Quand on voit ceci, on comprend mieux ce qu'est Nadine Morano...
Rédigé par : Kivdul | 12 mars 2008 à 21:57
@Admirateur éperdu
«Vous verrez l'incroyable duplicité de ce gouvernement et du précédent qui verrouillent dossiers de crimes à Toulouse et qui gardent secret une bombe : le rapport du procureur Bréard...
"Quand le doigt montre la lune, l'imbécile regarde le doigt"... Proverbe chinois.
Et on prend les citoyens pour des imbéciles.»
On a le gouvernement qu'on mérite. Sur ce je vais aller voter en m'efforçant de regarder la lune, mais comme c'était la nuit noire vendredi dernier ça risque de pas être si facile que ça !
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 mars 2008 à 09:36
Certes, certes, certes...
Mais ce gouvernement, comme le précédent, serait infiniment plus crédible si au lieu de vouloir enfermer ad vitam aeternam certains criminels sexuels qui ont "payé" il ne "verrouillait" pas, via les parquets et parquets généraux certains dossiers de crimes sexuels, et ainsi il n'empêchait pas la justice de passer.
Lisez donc l'excellent ouvrage de Gilles Souillès "Affaire Alègre : la vérité assassinée" sorti en juin dernier et lisez en particulier la synthèse du rapport Bréard.
Vous verrez l'incroyable duplicité de ce gouvernement et du précédent qui verrouillent dossiers de crimes à Toulouse et qui gardent secret une bombe : le rapport du procureur Bréard...
"Quand le doigt montre la lune, l'imbécile regarde le doigt"... Proverbe chinois.
Et on prend les citoyens pour des imbéciles.
Rédigé par : Admirateur éperdu | 08 mars 2008 à 18:29
Effectivement, on ne peut pas dire que le débat de fond sur cette épineuse question qu'est la rétention de sûreté en sorte grandi. Je pense que les politiques qui se plaignent souvent du "tous pourris" ambiant devraient se rendre compte qu'en prenant de telles postures insensées ils se décrédibilisent eux-mêmes. Pour ce qui est de Nadine Morano, je ne suis guère étonné. Elle a la gâchette facile, on le sait bien. Et a tendance à tirer à vue sans se préoccuper des dégâts collatéraux qu'elle provoque.
Rédigé par : Hervé Pugi | 07 mars 2008 à 17:02
Dans la même veine, il y a cette belle tirade de l'autre porte-parole de l'UMP, Yves Jego :
"Contrairement au parti socialiste, nous ne voulons pas que des prédateurs sexuels soient dans les rues et menacent nos enfants."
Quelle force de conviction !
Rédigé par : Laurent | 27 février 2008 à 10:57
@Florence :
-"c'est parce que le grand public, dont je fais humblement partie, ne comprend rien à ce système de peines non entièrement effectuées."
A mon humble avis, c'est bien cette "inculture judiciaire" (objet d'un billet de notre hôte il y a quelques mois) qui est à l'origine du divorce que nous constatons entre les Français et leur justice.
-"Je souhaite également que l'on trouve une solution rapidement pour prévenir la récidive. S'il arrive prochainement un cas de récidive de ce type, l'image de la justice en prendrait un grave coup.Le scandale du petit garçon violé l'été dernier par homme tout juste sorti de prison à qui il avait été prescrit du viagra de surcroît ne doit pas recommencer."
Malheureusement, je suis désolé de vous le dire, mais cela va arriver tôt ou tard. C'est triste à dire mais c'est comme ça. Le risque zéro est une illusion. Et ce cas de récidive fera les gros titres des journaux alors que les milliers de criminels qui en récidivent pas, eux, ne feront pas les gros titres. Vous demandez de façon tout à fait légitime les données sur la durée des peines effectuées, moi je demande tout aussi légitiment les chiffres précis sur la récidive des criminels.
Une dernier point sur la perpétuité, j'ai appris hier soir sur le blog d'Eolas que l'article 221-3 du code pénal prévoit la possibilité d'infliger à un criminel une peine à perpétuité sans remise de peine possible dans le cas d'un meurtre de mineur de 15ans précédé de viol et torture. Cette disposition qui existe depuis 1994 n'aurait selon Eolas jamais été appliquée.
Rédigé par : Mussipont | 27 février 2008 à 08:25
Merci de vos réponses sur la perpétuité. Ces réponses me font justement penser que si les sondages semblent soutenir Sarkozy sur les peines de rétention pour les criminels dangereux, c'est parce que le grand public, dont je fais humblement partie, ne comprend rien à ce système de peines non entièrement effectuées. Qui me dit que Francis Heaulme ou Guy Georges ne seront jamais libérés ? La libération anticipée a certainement du bon même en cas de condamnation à perpétuité, mais dans le cas de pervers sexuels dangereux qui présentent un haut risque de continuation de leurs crimes, le minimum serait qu'ils aillent jusqu'au bout de leurs peines. J'ai du mal à faire confiance en une justice qui annonce haut et fort une peine et puis qui, en catimini, réduit cette peine, on ne sait sur quels critères. Quelle est la part des peines réellement effectuées jusqu'au bout ? De l'extérieur, je dirais qu'il n'y en a aucune ; j'ai l'impression que les remises de peine sont automatiques pour peu que le comportement du prisonnier soit "convenable" en prison. Je suis persuadée que le grand public devrait être mieux informé de ce qui se passe. Cela rétablirait la confiance. Je souhaite également que l'on trouve une solution rapidement pour prévenir la récidive. S'il arrive prochainement un cas de récidive de ce type, l'image de la justice en prendrait un grave coup.
Le scandale du petit garçon violé l'été dernier par homme tout juste sorti de prison à qui il avait été prescrit du viagra de surcroît ne doit pas recommencer.
En ce qui concerne la loi retoquée partiellement par le conseil constitutionnel, comment se fait-il que personne ne l'ait vu venir ? Incompétence ou bien démagogie ? Les deux peut-être ...
A propos de Nadine Morano, je constate malheureusement que la parole des politiques, de droite comme de gauche, dépasse les limites de l'intelligence dès que l'on se trouve en campagne électorale. Le spectacle est consternant, à droite comme à gauche.
Rédigé par : Florence | 26 février 2008 à 18:37
Jean-Marie
«La plupart des juristes étaient convaincus de la censure.»
La plupart des juristes manquent de sens politique quand ils n'en ont pas fait le choix d'une carrière qui dès qu'ils l'embrassent embrument en revanche souvent leur esprit juridique. Il peut s'en passer des choses en quinze ans = 3mandats ! En tout cas il y a du pain sur la planche pour les criminologues originaires de diverses disciplines. Je suggère donc qu'on augmente leurs honoraires, car 400 euros par dossier qui équivalent au montant des honoraires de constat d'huissier pour constater une simple fuite d'eau - en tout cas c'est ce que j'ai payé récemment, 428 pour être exacte - ce n'est peut-être pas suffisant à passer tout le temps nécessaire à une bonne évaluation. Or quand à un bout de la chaîne quelqu'un fait correctement son travail, cela représente beaucoup d'économies à l'autre bout et inversement. C'est ce qui s'appelle investir, le contraire de colmater les brèches.
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 février 2008 à 18:25
« J'évoque, pour le bénéfice de tous, le rêve d'une tranquillité et d'un respect démocratiques. »
Après, la voix de son maître...
Après l’interdiction de s’exprimer...
Après tant de propos excessifs des uns et des autres...
Tous les espoirs et tous les rêves sont encore permis, monsieur Bilger. Ne désespérez donc pas de l’humain.
L’année 2008 est une année de jubilé. Alors, que diriez-vous d’un petit miracle ?
Peut-être devrions-nous suggérer aux parlementaires et aux politiques de tous ordres une petite visite à Lourdes, (discrète ce serait difficile, étant donné le nombre), ce, à l’occasion du voyage du Pape Benoît XVI en septembre prochain pour le 150ème anniversaire des apparitions de la Vierge à sainte Bernadette ? Une bénédiction papale leur ferait grand bien. Et pourquoi pas avec un miracle ? Certes, il faudrait pour l'occasion beaucoup d'eau miraculeuse. On risquerait sans doute la pénurie !
Mais quel miracle ce serait !
Et quelle victoire pour Nicolas Sarkozy !
Rédigé par : Marie | 26 février 2008 à 16:13
Je refuse de toutes mes forces d'envisager la possibilité qu'un pervers pédophile en sortant de prison, ne viole et tue la fille d'un(e) magistrat(e) affilié(e) à un quelconque syndicat de magistrats... à un(e) quelconque journaliste de gauche ou de droite... comme à n'importe quel père ou mère de famille !
Je m'y refuse, car je n'aime pas l'outrance des propos de quelque obédience qu'elle se réclame...
De même que je refuse les situations perverses et extrêmes, qui pourtant s'imposent de manière outrancière à la dure réalité de l'humanité.
Rédigé par : Pierre-Antoine | 26 février 2008 à 13:04
Les derniers sondages soulignent l'appétit de l'opinion sur la rétroactivité de la loi Dati. Il y a du travail sur la planche ! Dès lors, je comprends mieux quelle démagogie anime NS et sa fidèle Nadine Morano. Quand rangera-t-on M. Lamanda dans le clan des assassins ? A trop surfer sur la démagogie sécuritaire, le revers de bâton arrivera bien tôt.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 26 février 2008 à 11:19
1)Le Conseil Constitutionnel a admis tout ce que voulait la loi Dati, sauf la rétroactivité, et ce dernier point en partie en montrant l'impossibilité de la mise en oeuvre rétroactive.
2) La plupart des juristes étaient convaincus de la censure par le C. C . , j'ai ainsi entendu par un avocat que le bâtonnier de Paris a rassuré ses troupes en leur écrivant que le texte serait censuré.
Une loi rédigée pour ne pas être rétroactive, un gouvernement et un Président qui se scandalisent en appelant à l'opinion acquise d'autant plus que tout est flou : soit il y a incompétence, soit il y a une provocation calculée pour déconsidérer l'Etat de droit. Cette interrogation elle me vient que je suis membre de la droite, et qu'il m'est arrivé de participer en d'autres temps à l'action gouvernementale.
J'espère me tromper mais un peu de vigilance me semble s'imposer et je ne comprends plus la bienveillance d'un magistrat aussi brillant que vous, PB.
Rédigé par : Jean-Marie | 26 février 2008 à 10:10
«la demande présidentielle au Premier président de la Cour de cassation»
Je suis pour ma part rassurée d'avoir pu constater que le 1er président de la Cour de Cassation, cette juridiction qui a vocation à apprécier le respect du droit dans les arrêts de Cour d'appel ou encore les décisions de justice rendues en dernier ressort [ = non susceptibles d'appel mais susceptibles de pourvoi en cassation], soit resté dans ses attributions et rappelé au président de la République ainsi qu'à son ministre de la Justice que «la constitution ne peut être violée» qui dispose que les décisions du conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours et que des dispositions décrétées anticonstitutionnelles ne peuvent être ni promulguées ni appliquées.
Je suis très triste et préoccupée de constater l'insistance des pouvoirs publics à vouloir passer outre la légalité. Quant aux sondages ils ne me surprennent guère vu l'opinion que j'ai des réactions d'une foule ignorante agitée et inconsciente des véritables dangers, donc prête à suivre le 1er mouton de Panurge à se précipiter dans l'abîme, ce dont on ne peut se préserver soi-même qu'en évitant de se trouver sur son chemin .
Depuis mon petit terrier je fais donc respectueusement observer à tout personnage ayant des velléités de tribun que la foule est un Tsunami dont il faut connaître les signes avant-coureurs si on veut y survivre.
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 février 2008 à 10:06
On va y venir à cette modification de la Constitution ! Mme Morano a demandé hier soir au président de l'Assemblée de créer une commission pour "réfléchir à l’adaptation de la Constitution afin qu’une loi puisse être rétroactive, dans des cas exceptionnels, lorsqu’il s’agit de la sécurité des Français".
Je suis content, j'avais proposé cela sur ce blog 24 heures avant Mme Morano !
Rédigé par : Mussipont | 26 février 2008 à 08:16
@Florence
Même si la loi française prévoit que les condamnés à perpétuité peuvent obtenir une libération conditionnelle, j'imagine que jamais aucune commission n'osera libérer un jour un Francis Heaulme ou un Guy Georges. Jusqu'à maintenant, c'est ce genre de personnes qu'on considérait comme des "monstres". Il se trouve que le critère monstre a été abaissé à 15 ans de réclusion par la nouvelle loi. Tout est relatif, même la monstruosité.
Pour revenir sur la perpétuité, il faut savoir qu'un Lucien Léger, assassin d'un enfant, a tout de même passé 42 ans en prison, ça n'est pas rien quand même.
Rédigé par : Mussipont | 25 février 2008 à 22:28
Pourquoi souvent ces coups de patte, au détour d'une phrase, sur Robert Badinter ? Seriez-vous jaloux de son aura ?
Rédigé par : Duval Jean-Jacques | 25 février 2008 à 20:54
Je n'ai que très peu de notions de droit. Monsieur Bilger, pourriez-vous, s'il vous plaît expliquer pourquoi la perpétuité n'est jamais appliquée réellement.
Pourquoi ne pas l'appliquer aux peines à perpétuité déjà données. Je suppose (à tort ?) que tous les "monstres" criminels ont eu une peine à perpétuité. Il n'y aurait rien de rétroactif. Cela paraît tellement simple. Merci d'avance.
Rédigé par : Florence | 25 février 2008 à 19:33
@pauvrecon (de sa propre dénomination)
« je ne fais pas partie de la clientèle, mais de la matière première »
‘La matière première’ qu’est-ce à dire ?
« quand il fut question d'une loi rétroactive et d'une punition sans acte »
J’ai eu l’occasion de bénéficier à midi des explications éclairées d’un criminologue et je me suis aperçue que je n’avais pas bien compris jusqu’à présent ce que recouvrait exactement tout un certain nombre de dénominations, par ex.
« l’infime partie malfaisante de notre société », la société est elle-même malfaisante dans certaines circonstances.
« angélisme », discuter le principe et l’enjeu est très loin de révéler de l’angélisme ou de la naïveté , bien au contraire.
« criminels dangereux », sait-on un ‘criminel’ qui ne soit pas dangereux ?
« être du côté du manche », seule la victime est de l’autre côté.
« monstre en liberté », le monstre désigne un écart à la norme par excès, défaut ou position anormale des parties. Il y en a quelques-uns au musée de l’homme qui autorisent une certaine distanciation par rapport à ce qu’il est coutumier de considérer comme ‘normal’. L’effroi qu’il provoque est conditionnel de son apparition. Le monstre en liberté est donc celui qu’on connaît pour tel. Quid de celui qu’on ne connaît pas encore, autrement dit de la face cachée de l’ordinaire et qui tout à coup de dévoilera sous un aspect effrayant dès lors qu’on ne sait quel comportement adopter, mais pas nécessairement dangereux. Une cohue monstre est une cohue gigantesque etc.….
Au départ le terme appartient aux vocabulaire religieux et désigne le prodige signifiant de la volonté des dieux, le signe donc. « Nous sommes un monstre privé de sens ; Nous sommes hors douleur» dit la traduction française d’un poème de Hölderlin cité par Heidegger dans « Qu’appelle-t-on penser ? », autrement dit un pur signe, ou une pure interprétation hors réalité de la chose désignée, à savoir nous ne savons plus ce dont nous parlons, nous y sommes devenus étrangers, à moins qu’en vérité nous ne l’ayons jamais su.
« serial killer » etc.…
C’est précisément l’acception technique de ce dernier terme qui a fait l’objet des propos de table évoqués et que je vais restituer pour partie (avec par ailleurs l’autorisation de leur auteur).
Je me suis aperçue en effet que je donnais jusqu’à présent à cette expression un sens erroné, tout en souhaitant faire valoir à ma décharge que je l’employais de travers vu que tout le monde l’emploie de travers en dehors des personnes qui savent ce dont elles parlent et qui sont peu nombreuses.
Il existe en effet des « serial killer » qui n’ont tué qu’une seule fois et des personnages qui ont ‘dégommé’ toute une série de victimes mais qui cependant ne sont pas des « serial killer ».
Comment cela se fait-il ?
Il convient, comme souvent, de remonter à l’origine de l’emploi de cette dénomination qui se réfère à l’époque de l’émergence de la vogue des séries télé américaines. Le principe de la série télé c’est la série certes, mais en tant que l’épisode se termine juste au moment où nous sommes haletants quant à ce qui va se passer, où nous le devinons presque mais pas complètement, et en tout cas, pour en être certains, nous allons nécessairement devoir rallumer le poste de télévision à l’heure du prochain épisode. Le principe de la série apparaît donc comme le principe du besoin qui une fois déclenché ne peut se satisfaire du présent épisode mais fait dépendre sa satisfaction du prochain. Ça ressemble un peu au principe de l’addiction tout en étant différent.
Rapporté au « killer », cela nous donne quoi ?
Cela donne ceci que la série, à l’image donc du feuilleton télé, est déjà toute entière présente dans le premier meurtre en tant que, ce dernier ne pouvant correspondre parfaitement au fantasme sexuel dont il est en quelque sorte la traduction, se termine nécessairement sur un sentiment d’incomplétude qui va exiger le second qui ne sera pas parfait lui non plus vu que la perfection que serait l’adéquation parfaite au fantasme, sur un modèle kantien en quelque sorte de ‘Darstellung’ si j’ai bien compris, n’apparaît pas de l’ordre du possible à moins que, et sous toutes réserves, la présentation de sa problématique n’advienne dans un dialogue entre ‘le thérapeute’ et le ‘killer’, ce qui implique que ce dernier ait fait l’objet d’une évaluation correcte quand bien même il n’en serait qu’au premier acte. Ce qui implique également que le ‘médecin coordinateur’ définit par la nouvelle loi, sache de quoi il en retourne, que donc il ait reçu une formation adéquate qui est semble-t-il une formation tout à fait spécifique et problématique dans la mesure où elle irait dans un sens qui serait plus ou moins différent de celui dans lequel se dirige la psychiatrie contemporaine.
S’agissant des pédophiles, si le meurtre n’est pas inscrit dans sa problématique, le pédophile ne tuera pas, si ce n’est ‘comme tout le monde’ (façon de parler), autrement dit par accident ou nécessité induite par les circonstances, indépendamment donc d’une nécessité qui serait intérieure. Sa ‘récidive’ qui dépend dès lors de paramètres aléatoires aussi inconnaissables que le risque tel que par ex. celui pris en charge par les compagnies d’assurances qui assurent tout un chacun contre tout un certain nombre d’événements malheureux, ne saurait raisonnablement faire l’objet d’une évaluation sensée. Concernant le passage à l’acte pédophile non lié au meurtre, c’est une autre question bien évidemment.
S’agissant de la récidive d’une façon générale, il semblerait que dans le cas du « serial killer » ce serait improprement que l’on parlerait de récidive. En effet, il ne recommence pas il continue. Autrement dit, il se situe dans un continuum espace temps en quelque sorte différent du nôtre, créé par une économie du désir telle qu’il ne peut atteindre à la satisfaction et demeure par nature inassouvi. Ce sera donc un perfectionniste qui va chercher non pas à être nuisible mais, aussi extraordinaire que cela puisse sembler, à « faire mieux » que la fois précédente, à « s’améliorer » en quelque sorte et non à simplement répéter.
Sur la base de toutes ces explications, je pense qu’il conviendrait d’opérer une distinction pertinente entre la « récidive » pure et simple et ce « continuum » à travers lequel le « killer » est à la recherche d’une sorte de « Graal » qui serait la scène idéale indéfiniment rejouée parce que éternellement imparfaite, et donc susceptible de se poursuivre au travers de meurtres purs signifiants d’un pur fantasme, sur des séquences qui peuvent, paraît-il, aller de un seul événement à deux ou trois cents meurtres (on parle là cependant des Etats-Unis qui ont inventé ce concept de ‘serial killer’), impunis, vu que ce sont des pervers et non des psychotiques, autrement dit qu’ils sont extrêmement malins et conscients, que s’ils se font attraper on les garde rarement longtemps, que donc la part de la société la plus malfaisante, est généralement dehors et non pas dedans, et que les plus dangereux des criminels dont la loi de rétention de sûreté vise à nous préserver ne sont visiblement pas concrètement inclus dans le contingent effectivement détenu et jugé, celui décrit comme « l’infime partie malfaisante » susceptible de « récidive », sachant qu’en ce qui concerne le « serial killer » ce n’est pas la rétention de sûreté qui sert effectivement la sûreté mais la prise en charge par des praticiens formés à sa détection même dans le cas d’un seul événement et capables de faire la différence avec des crimes d’une autre nature, autrement dit ayant obéi à d’autres nécessités que celle impliquée par leur sorte de « perfectionnisme » ainsi qu’avec les actes psychotiques.
Par voie de conséquence, plutôt que des lois liberticides qui ne reviennent, qui plus est, dans les faits, qu’à rassurer simplement un public d’électeurs, en appliquant un emplâtre sur une jambe de bois, de la formation, de la formation, de la formation, on ne le martèlera jamais assez, ainsi qu’à l’adresse de nos représentants légaux, des exposés sincères des problèmes tels qu’ils se posent effectivement dans l’état actuel de nos connaissances, ce qui permettra peut-être effectivement de se limiter à la punition de l’acte commis dans des faits tout en prenant en charge autrement ce qui réellement inquiète, en tant série inscrite dès l’origine dans un premier meurtre appelé à se continuer ou encore à s’achever sans jamais y parvenir… !!
Toutes ces notions ont été évoquées à travers une paire d’affaires non résolues, donc dont même les maigres détails qui ont pu être cités devant moi pour étayer le propos ne peuvent faire l’objet d’une mise en ligne sur un blog. Ce d’autant plus que j’ai également appris avec effarement qu’il existait des sites Internet de conseils en matière de pratiques criminelles particulièrement épouvantables tout comme il existe des sites de conseils en matière de tout ce qu’on veut, bricolage, jardinage, réfection de bâtiments, diététique, esthétique etc.. etc.. etc.…
Mais bon, j’espère être quand même arrivée à exposer clairement ce que j’ai pu en retenir.
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 février 2008 à 18:25
@ sbriglia
Philippe "un austère qui se marre" ???
Un austère doux, un grave dans les aigus, un puritain plein de courbes et de douceurs, un désespéré de libertés, en liberté, un qui a besoin d'altitudes, voilà le Philippe.
Mais se marrer, sbriglia.
Je crains fort que pouffer ne soit pas le genre de Monsieur.
Rédigé par : Véronique | 25 février 2008 à 18:02
Cher Philippe, chacun a compris que Mme Morano n'a absolument pas votre sens de la nuance, et encore moins naturellement votre expérience de la chose judiciaire. Celle-ci ne s'adresse évidemment pas à vos lecteurs habituels. L'outrance anéantit le point de vue qu'elle exprime et le rend totalement dérisoire. Même J-M Le Pen, dont on se souvient où ses excès de langage l'ont conduit, ne s'abandonnerait pas à prononcer de pareils propos ou, en tous cas, sans doute les imagerait-il davantage ! A la suivre, cela signifie que le sénateur Badinter, idolâtré à tort ou à raison, se rangerait dans le camp des assassins ! Il est des moments où le silence vaut mieux que de prononcer de pareilles bêtises...!
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 25 février 2008 à 18:00
..."en dehors d'amitiés personnelles fortes qui m'ont conduit à privilégier la gravité de gauche par rapport à la dérision de droite..."
...au choix, très tendance, de pseudo d'un commentateur vous accusant d'être resté "du côté du manche", on pourrait s'interroger sur la pertinence de vos affinités électives...
Mais vous me permettrez, toute révérence gardée, d'être sceptique sur la réalité de votre révélation.
La lecture régulière de votre blog instille le doute.
La permanence du sérieux étant trop souvent la triste nécessité des médiocres, je crois que la dérision, dans certaines limites, peut avoir du bon... ne serait-ce que pour vous faire qualifier "d'austère qui se marre".
Mais vous comprendrez que votre phrase puisse interpeller sur vos critères de... proximité.
Rédigé par : sbriglia | 25 février 2008 à 16:52
J'ai déjà, à plusieurs reprises, entendu ou vu s'exprimer Madame Morano à la radio ou à la télé : il n'est pas injuste de dire qu'elle est souvent excessive.
Comment une femme qui a réussi, plus d'une fois, à se faire élire peut-elle observer un comportement indigne de son statut de parlementaire ?
Il est certain que Nadine Morano possède un caractère qui ne peut s'effacer ; en outre, à un certain âge, on ne peut plus changer : on peut seulement acquérir de nouvelles connaissances en s'instruisant.
Nadine Morano ne changera donc pas. Dès lors la tentation est grande de n'accorder aucune attention aux propos de cette députée.
Il faut cependant reconnaître que Nadine Morano est une bonne militante de parti : elle est prête à faire n'importe quoi pour l'UMP et le chef de fait de cette structure : Nicolas Sarkozy.
On a annoncé un remaniement ministériel imminent.
D'un autre côté, des journaux ont fait état de l'insatisfaction de Nicolas Sarkozy devant le fait que très peu de ses partisans, hormis Rama Yade, l'ont défendu face à la presse.
Actuellement donc, ces partisans rivalisent d'ardeur dans la défense du Président. La "sortie" musclée de Nadine Morano ne s'explique pas uniquement par le tempérament de celle-ci : elle doit aussi être comprise à la lumière de la guerre que les partisans du Président se livrent pour lui faire plaisir, la visée étant pour chacun d'eux de faire partie du prochain gouvernement.
La politique est vraiment une activité particulière : pour rester fidèle à la ligne du parti - pour reprendre une phraséologie trop éloignée de l'esprit de la France -, on se croit obligé de défendre n'importe quelle position présidentielle.
Sous ce rapport, on doit souligner la classe manifestée par Valérie Pécresse dont la singularité est de ne jamais manquer de sens de la mesure. Cette ministre n'a pas craint d'affirmer fortement que le principe de non-rétroactivité de la loi pénale la loi dure ne peut être remis en cause.
L'esprit de solidarité gouvernementale ou majoritaire n'oblige pas à dire des conneries pour défendre le parti. Edouard Balladur et Jean-Pierre Raffarin nous ont donné une belle leçon en ce sens.
On aimerait que Madame Morano, dont le naturel est plaisant, n'oublie jamais que, bien que tenue à une solidarité majoritaire, elle est, du seul fait de son caractère d'être humain, libre de ne pas suivre son propre camp sur une politique donnée.
Rédigé par : LABOCA | 25 février 2008 à 15:30
Nadine Morano a le mauvais rôle : vous profitez de votre indignation claironnée pour lâcher le fond de votre pensée.
Vous avez peut-être des amis à gauche, vous n'accuseriez pas l'honnête militant socialiste de complicité avec le crime, et il vous arrive sans doute de lire et d'écouter Finkielkraut.
Il n'empêche que, concrètement, précisément, quand on a eu besoin de vous, quand il fut question d'une loi rétroactive et d'une punition sans acte,
comme lorsqu'il fut question de dénier à nos enfants l'excuse de minorité,
vous avez choisi,
non pas d'être le roc derrière lequel on s'abrite, non pas d'être la rude autorité dont la seule expression permet à chacun de s'entrevoir demain amendé, amendable,
mais de demeurer du côté du manche, va sans dire.
(mais il est vrai que celui qui vous dit ça ne fait pas partie des honnêtes gens, à l'innocence déclamée et courroucée - je ne fais pas partie de la clientèle, mais de la matière première).
Rédigé par : pauvrecon | 25 février 2008 à 13:33
Totalement d’accord avec vous !
N. Morano n’exprime là aucune hauteur de vue, aucun argument de fond. Comme citoyen, nous nous sentons presque humiliés quand comme vous, nous avons l’espérance d’une tranquillité et d’un respect démocratique.
Le débat sur la rétroactivité de la rétention de sûreté, pour ma part, est clos par la décision du Conseil constitutionnel.
Ce qui demeure c’est l’interrogation au sujet de libérations qui présenteraient une haute probabilité de récidive que des professionnels de la justice et de la santé peuvent identifier.
Ce que N. Morano sous-estime totalement dans son discours, c’est, je pense, le fait que la société n’est pas, comme elle semble le croire, dans la recherche de qui est du côté des victimes et de qui est du côté des assassins.
Mais dans l’interrogation vis-à-vis des responsables politiques et des professionnels de la justice de leur maîtrise dans des situations particulièrement préoccupantes.
Si on se réfère aux deux affaires qui ont déclenché une forte émotion collective et la création de cette loi, je pense que cette émotion était due au sentiment que pour ces libérations, les choses n’avaient pas été réellement été analysées à leur mesure et évaluées d’une façon satisfaisante.
ps : "les grandes gueules", moi, je trouve ça toujours too much. Et surtout, inefficace et inopérant. Le talent, c’est autre chose. Même, surtout, quand il s’exprime haut, fort et clair.
Rédigé par : Véronique | 25 février 2008 à 12:36
Nadine Morano devrait surtout lire la loi qu'elle a votée, car en lisant les considérants 17 à 21 du Conseil il me semble que l'application de la loi ne pouvait pas remonter au-delà des personnes non encore jugées.
En effet le considérant 20 fait référence à l'article 1 de la loi qui semble très clair sur la date de prise en charge psychiatrique.
Cette question de l'effectivité de la prise en charge psychiatrique prévue semble-t-il par la loi, devrait plus préoccuper le Président de la république, la garde des Sceaux et Madame Morano, car je doute qu'il y ait actuellement sur le marché suffisamment de psychiatres disponibles pour répondre à leur ambition aujourd'hui élargie par le Parlement à plus de quelques criminels par an, alors que les départs en retraite vont s'accélérer et que le temps de formation est de 4 ans à partir de l'offre au concours de l'Internat.
A moins que cet article 1 ait, dans l'esprit de la garde des Sceaux et des parlementaires, vocation à ne pas être mis en oeuvre mais serve simplement à apaiser la mauvaise conscience des parlementaires et à rendre la loi présentable à l'opinion.
Rédigé par : Jean-Marie | 25 février 2008 à 12:22
Le dramatique problème des criminels visés par cette mesure, c'est bien l'inefficacité de notre arsenal juridique pour, tout simplement, les empêcher de nuire.
Dans une telle perspective, s'il est sans doute exagéré de dire les contestataires, vis-à-vis des nouvelles mesures proposées, indifférents à la douleur des victimes et de leur proches, se pose la question de savoir quelle responsabilité ces contestataires acceptent de prendre en exigeant l'inaction - ou tout le moins, en exigeant le maintien du statu quo, des actions courantes ayant l'efficacité que l'on sait.
Lorsque l'opposition à ces nouvelles mesures se borne à évoquer la haute idée d'Etat de droit, le scandale d'une rétention sans nouvelle condamnation (drôle de scandale, si l'on songe que les cas de rétention administrative sont rares), cette opposition peut-elle être considérée attentive à l'intérêt commun concret, alors que seul apparaît un intérêt pour une vision juridique théorique et l'envie de défendre le droit acquis des criminels dont il est question, c'est-à-dire des criminels à la dangerosité et au dol récidiviste établi ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 25 février 2008 à 11:33
"Cassez-vous, pauvres cons", tels sont l'alpha et l'omega de la philosophie politique des barbares qui nous gouvernent. Il n'y a rien à en attendre.
Quousque tandem abutere, Catilina Sarkozy, patientia nostra ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 25 février 2008 à 11:23
«Il est en effet des excès que rien ne justifie» a dit «le chaste Balladur» comme l'a qualifié le journaliste, donc pas même le sacro-saint principe de précaution - celui qui veut par ex. que, afin de les préserver d'une hypothétique carence en vitamine D, on fasse prendre le soleil aux «enfants de la lune», pour le cas où ce dernier ne serait finalement pas si contre-indiqué que cela à ceux d'entre eux qui n'auraient peut-être bien aucune prédisposition aux cancers de la peau, mais comme on ne peut savoir d'avance lesquels, autant exposer tout le monde - et j'ajouterai : excès que rien ne justifie donc, sinon en réalité la plupart du temps, la seule volonté de perdre et de discréditer qui ne le mérite en rien, de façon à en retirer un obscur profit personnel, combiné à une éventuelle impossibilité d'admettre ses torts, laquelle est beaucoup plus répandue qu'on ne le pense parmi les imbéciles nuisibles !!
«Il convient également de respecter les règles» a ajouté notre 'chaste ex premier ministre de trois gouvernements de cohabitation différents' ce qui témoigne d'une extraordinaire capacité à reconnaître l'existence de la différence. Au contraire donc de qui change les règles du jeu jusque sur le terrain même dès que l'arbitre lui donne un carton jaune.
Bernard1
«J'ai toujours pensé qu'une bonne réforme de l'Education nationale passerait d'abord par une réforme parentale, autant écrire que c'est utopiste.»
C'est néanmoins mis en oeuvre dans le cas de ce qu'on appelle les thérapies familiales.
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 février 2008 à 11:06
A Bernard1 !
Bien vu !
Et entre autres, il suffirait au Président et au ministre de l'Education de regarder les manuels et les cahiers de leurs enfants pour découvrir l'important programme de Français, de Maths et d'Education civique... Et même pour le brevet qui est un examen qui ne comporte que 5 matières, on y trouve le Civisme avec le Français, les Maths, l'Histoire et la Géographie.
Rédigé par : Bulle | 25 février 2008 à 10:37
Nadine Morano représente cette France des vrais gens, que les instituts de sondages ont encensés pendant la campagne présidentielle. Le hasard a voulu que je me retrouve jurée d'assises, quel choc ! Des discussions de comptoir où le sort d'un accusé dépendait de l'affect, de la morale, où la peine de mort revenait comme une option que ces satanés hommes du pouvoir devaient remettre à l'honneur. Alors, le populisme de Nicolas Sarkozy, le suivisme de Nadine Morano ne font que mettre en lumière les pensées d'une grosse frange de la population. Il suffit de s'attabler au comptoir d'un café anodin, pour entendre les propos des clients qui ne comprennent vraiment pas pourquoi les décisions finales pour avaliser un texte de loi sont entre les mains de neuf Sages composés d'ennemis ou de mis en examen, non élus par le peuple.
Rédigé par : SR | 25 février 2008 à 10:09
Je pense que les propos de Nadine Morano sont plus faits en cette veille d'élections pour récupérer les voix de l'extrême droite qui préfèrent se reporter à gauche que sur une droite supposée gaulliste. Hélas le monde politique manque de plus en plus de subtilités et d'argumentations.
@ Bulle
Ce n'est pas aux élèves qu'il faut donner des cours d'éducation civique mais aux parents. J'ai toujours pensé qu'une bonne réforme de l'Education nationale passerait d'abord par une réforme parentale, autant écrire que c'est utopiste.
Rédigé par : Bernard1 | 25 février 2008 à 08:13
Je n'avais pas assez d'éléments pour juger de la pertinence ou non de la pétition sur la vigilance républicaine. On pouvait dans la forme être bling-bling et dans le fond respecter la République et sa Constitution.
Maintenant j'en ai une ! L'exécutif, demandant au judiciaire d'arranger une loi préparée par le législateur, et revue par le Conseil constitutionnel, piétine les cours d'éducation civique reçus à l'école. Car contrairement à ce qu'affirme le Président et le ministre de l'Education, l'éducation civique est toujours enseignée dans les écoles. Avec schéma à l'appui sur le circuit que peut emprunter une proposition de loi... On n'y voit aucune Cour de cassation et on y parle ensuite de la séparation des pouvoirs... Les jeunes vont découvrir ainsi que le Président ne respecte pas le Constitution. Et petite cerise sur le gâteau, ils vont pouvoir travailler en français (qu'on enseigne toujours aussi) sur les registres de langues et classer celle du Président dans "familier" pour les plus gentils et dans "grossier" pour les plus lucides...
Rédigé par : Bulle | 25 février 2008 à 04:38
Les coups se donnent sur des histoires de sms et de rhétorique tant ces deux partis sont porteurs du même projet. La gauche et la droite n'existent plus depuis belle lurette et une des qualités de N.Sarkozy est d'avoir rendu public le secret de Polichinelle en pratiquant l'ouverture.
Et puis le discours vrai doit bien réapparaître comme en toute veille d'élection pour mieux redisparaître ensuite. Nous sommes coutumiers de l'exercice.
J'aime bien enlever la nuance qui habille pour masquer le fond et dame Morano n'a pas tort de mener le propos à l'essentiel, de le dévêtir. Ce striptease, hélas uniquement dans la sémantique, détruit une pléthore de faux arguments.
Certains "gauchistes" ne sont pas de cet avis, sont dans le réalisme, certes, donc dans ce cas, ils ne sont pas dans ce type d'arguments.
Tous nus ? Que de laideurs se révèlent.
Rédigé par : Ludovic Lefebvre | 25 février 2008 à 02:28