Enfin on aborde de plein fouet les raisons profondes de la catastrophe d'Outreau, en proposant d'y remédier à la source, c'est-à-dire à l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) de Bordeaux, là où les futurs magistrats effectuent leur formation.
Le garde des Sceaux s'y est rendu le 1er février et a prononcé un discours privilégiant trois nouvelles orientations. Selon le site du Nouvel Obs, les propositions de réforme de l'ENM seront présentées par le Directeur Jean-François Thony au Conseil d'administration de l'Ecole à la fin du mois de mars et feront l'objet d'un débat avec le corps enseignant, les élèves et les syndicats.
Le ministre a notamment mis l'accent sur sa volonté de donner une nouvelle dimension à l'ouverture de l'Ecole et d'inscrire la formation des auditeurs dans une politique de ressources humaines. Mais l'essentiel n'est pas là. Ce qui me semble déterminant, qui peut apparaître comme une banalité mais qui, pris à la lettre, constituera une révolution, c'est l'exigence du développement des qualités humaines des magistrats.
Cette idée est capitale à condition que sa mise en oeuvre n'oppose pas l'humanité aux compétences techniques, mais fasse bien valoir que ces dernières demeureraient limitées si elles n'étaient pas enrichies par la première. C'est l'enseignement central de la tragédie collective d'Outreau. Une technique, même sans cesse validée, crée d'infinis désastres si la sensibilité ne l'irrigue pas. J'évoquais le caractère de poncif d'une telle affirmation mais, en même temps, force est de reconnaître qu'on s'est toujours gardé d'établir ce lien nécessaire entre le coeur et l'esprit, le savoir et la psychologie pour résumer. Sans doute y avait-il une forme de pudeur voire de répugnance, à appréhender dans la formation l'obligation d'une intimité morale, d'une subjectivité exemplaire, comme si elles n'étaient pas compatibles avec la rigueur du Droit et la rectitude intellectuelle.
Cette orientation décisive serait confortée par la présence d'un psychologue dans le jury de sélection et par l'instauration de tests psychotechniques, possibilités évoquées par Rachida Dati. L'évaluation des qualités humaines, de l'expérience, des motivations et des repères éthiques en serait à l'évidence facilitée.
Je regrette qu'un membre du Syndicat de la magistrature, à Bordeaux, ait dénoncé le recours éventuel à un psychologue comme la manifestation négative de la "psychiatrisation de la société". On peut à la rigueur comprendre l'opposition à la politique pénale votée par la représentation nationale mais je perçois mal ce qui pourrait justifier le refus de mesures qui, dans tous les cas, ne pourront qu'améliorer la formation des futurs magistrats et rendre leur sélection plus fiable et plus approfondie. Qui, de bonne foi, serait prêt à soutenir qu'un regard de psychologue sur la personnalité des candidats constituerait un point de vue inutile, sauf à vouloir les faire échapper à une appréciation absurdement jugée indigne d'eux ? Il y a derrière cette fronde l'expression d'un élitisme de mauvais aloi.
S'arrêter à ces trois pistes, se contenter d'un psychologue et de tests favoriseraient la sélection mais auraient relativement peu d'incidence sur la formation. La qualité de celle-ci dépendra en grande partie de l'ouverture de l'Ecole à tous les courants de pensée, d'une refonte complète du corps enseignant et des modalités d'enseignement, de l'affinement d'une culture générale et d'un savoir-vivre judiciaire, enfin de l'apprentissage de la maîtrise du pouvoir qui sera dévolu aux auditeurs de justice. Plus tard, la justice n'aura pas besoin de petits chefs mais de grands magistrats. Là où les premiers abusent, les seconds modérent. Pourquoi les écoles de formation du barreau ne s'inspireraient-elles pas aussi de ces suggestions ? A entendre et à voir beaucoup de jeunes avocats, ce ne serait pas du luxe !
Pour parler franchement, mon soutien à ce qui semble se dessiner et qui fera de l'ENM une école d'avenir vient du fait que ce sera, d'une part, mettre définitivement Outreau derrière nous et peut-être le rendre impossible, et d'autre part me sentir, en totale immodestie, conforté dans une analyse que je n'ai cessé de développer (voir le chapitre consacré à l'ENM dans "Pour l'honneur de la justice").
L'ENM est, en effet, à la source. Du meilleur ou du pire. Je souhaite bon courage à Jean-François Thony pour en faire surgir l'excellence humaine et professionnelle.
Le problème, c'est aussi ce qui rentre dans l'ENM, qui est de plus plus constitué par des juristes, abrutis de droit positif, sans culture générale, ou des élèves d'IEP (notamment de Paris) qui bachotent le droit en six mois !
Rédigé par : Guzet | 05 février 2008 à 20:19
Bonjour,
C'est un sujet très intéressant. Le problème dans notre société c'est qu'on a toujours tendance à regarder ce qui se passe au-dessus de nous sans même faire attention à ce qui se passe autour de nous.
Pour votre gouverne messieurs et mesdames qui êtes soucieux de l'humanisme du pouvoir judiciaire, il existe déjà un protocole de garde-fou, ou si vous préférez, une assistance psychologique pour les éducateurs de la PJJ. Un outil de travail très efficace face à la dureté de leur mission, s'occuper de mineurs délinquants, violents et parfois arrogants est une tâche difficile à assumer. C'est pour cette "simple raison" qu'a été mis à leur disposition une cellule psy accessible 24h/24. Pour ceux qui pensaient avoir inventé le fil à couper le beurre sachez qu'il est utilisé depuis belle lurette. Maintenant quant à l'adaptation du diamètre du fil en fonction de la matière à découper, des réglages sont nécessaires quant à la bonne utilisation de l'outil.
Bien à vous tous. Rachide
Rédigé par : litim | 05 février 2008 à 11:03
Que l'ENM doive, comme toute institution, être repensée, contestée, réformée, oui. Qu'elle soit considérée comme l'une des causes majeures des problèmes de la Justice dans notre pays, restons raisonnables ! Il suffit de connaître des élèves, auditeurs de justice, pour voir que ce sont pour la plupart des personnes responsables, ouvertes sur la société, sensibles au changement, et même, non dépourvues d'humanité !
Et le cursus a déjà été modifié. Le stage avocat a été privilégié (dommage que tant de stages se passent dans des cabinets d'avocats d'affaires : le droit des contrats internationaux et le droit boursier sont importants, mais est-ce vraiment une priorité pour de futurs magistrats qui seront en poste dans quelques semaines ?), et dès l'an prochain, je comprends que ce sera au détriment de stages auprès d'auxiliaires ou partenaires de la justice (huissiers, notaires, pénitentiaire,...) Ceci ne va pas dans le sens d'une grande ouverture, et dans la Justice, il n'y a pas que la défense, même après Outreau. Que la psychologie soit prise en compte, bien sûr, mais ne croyons pas qu'elle ne le soit pas déjà. Ce serait faire injure à des enseignants qui prennent leur tâche à coeur.
Enfin, je serais intéressé de savoir si le bruit qui court d'une baisse considérable du nombre de candidats est exact : serait-ce à cause d'Outreau ? Ou du manque d'appétence pour devenir un petit pois parmi d'autres ?
Voilà un sujet où un psychologue serait précieux !
Rédigé par : alxago | 05 février 2008 à 00:50
Vraisemblablement Véronique.
Mais je n'ai pas voulu dire cela et me suis-je sans doute mal exprimé.
Un psychologue, en fonction de ce qu'on lui demande de rechercher, peut déterminer si tel ou tel correspondant a un certain profil.
Il est évident que le profil espéré dans une société privée n'est pas le même que celui du public ou d'une institution.
Je peux vous citer d'autres exemples où le rôle des psychologues est fondamental et totalement différent des recrutements pré-cités.
Pour reparler de mes fils, ils ont tous eux subi des tests psychologiques avant d'être admis, mais totalement différents pour l'un et l'autre puisque ce que l'on demandait à l'un n'était pas tout à fait semblable à ce que doit effectuer l'autre, tout comme un magistrat n'a pas la même fonction.
Alors que Philippe Bilger ne fût pas recruté s'il avait eu la fantaisie de postuler dans une entreprise privée, peut-être, mais je n'en sais rien, tout comme je ne sais pas s'il eut pu faire autre chose que ce qu'il fait.
Ce que je veux dire, c'est qu'un psychologue est à même de discerner les possibilités exigées pour une profession donnée.
D'ailleurs, lors d'un procès, on fait bien appel aux psychiatres et aux psychologues pour cerner la personnalité d'un accusé. Et ils sont tous différents.
Et pour répondre à J.D. Reffait, je doute de la pertinence des appréciations faites dans les IUFM sans l'aide d'un spécialiste de la question.
A chacun son métier.
Rédigé par : Patrick PIKE | 04 février 2008 à 23:15
Ce n'est pas parce qu'un psy a dérapé, qu'un juge s'est outrageusement mal comporté au cours d'une audience, qu'il faut pour cela semer l'opprobre sur toute la profession. Ce qui s'est passé pour Outreau c'est très grave, mais comme je l'avais dit, tous les jours il y a des Outreau, c'est-à-dire des décisions de justice qui sont prises en méconnaissance du dossier. Le justiciable est mis entre parenthèses et il ne peut ni parler ni écrire.
C'est un véritable combat et le juge est souvent instrumentalisé. Je vous assure qu'une simple erreur de frappe (intentionnelle ou pas) peut changer toute la décision. J'ai mis du temps à comprendre combien les magistrats étaient impuissants dans ces cas-là.
Amitiés
Rédigé par : duval uzan | 04 février 2008 à 21:59
Nein, nein ! Les qualités humaines qui doivent s'apprécier pour tout futur magistrat ne résultent en aucune façon du verdict d'un psychologue, en voilà une idée !
La ministre parle de qualités humaines, d'éthique, de déontologie et d'enseignement de la psychologie.
Ce n'est pas après avoir foutu dehors ces charlatans après Outreau qu'on va les faire entrer dans le processus de sélection des magistrats : c'en serait fini de la justice !
Apprécier les qualités humaines d'un individu s'effectue très bien dans les IUFM pour les professeurs des écoles, et cela sans le crible de psycho de pacotilles.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 février 2008 à 19:15
Bonjour
Merci encore pour ce billet, je vous dis en vrac ce que je pense sans trop travailler le sujet :
Il faut instituer au concours d'entrée à l'Ecole de la magistrature les tests psychologiques, en particulier les tests projectifs (Rorchach et T.A.T.) qui donnent de très bonnes appréciations de la personnalité. Mais le dépouillement de ces tests demande beaucoup beaucoup de temps. Si l'on ne donne pas ce temps aux psychologues il vaut mieux s'en passer.
Il y a aussi des tests spécifques qui évaluent la personnalité en la confrontant sur le terrain à différentes situations. Il y a par exemple des tests spécifiques pour l'admission au stage d'officier dans l'armée (dans certains pays).
L'entretien préliminaire aussi est d'une extrême importance. Il doit être fait par des psychologues qualifiés, parfois deux.
On va dire que c'est de la sélection mais il faut bien la faire, cette sélection.
Et puis il y a l'enseignement qui doit aussi comporter de la psychologie. J'ai toujours pensé qu'il y avait une similitude ente le travail du juge d'instruction et le psychothérapeute. Il s'agit de l'écoute ; il faut savoir écouter.
Et surtout surtout enseigner la responsabilité.
Il ne faut pas oublier le caractère sacralisé du magistrat, il doit être à la hauteur. Certains l'ont prouvé comme par exemple le magistrat qui a incriminé maître Moulin. C'est ça le triomphe de la justice. Ce magistrat devrait être distingué car on n'en voit pas tous les jours. Nous vivons une époque où beaucoup ne cherchent qu'à se défausser.
C'est cela qu'il faut changer fondamentalement. Cette responsabilité collective, peut-être faut-il l'enseigner dès la maternelle. La morale ça s'enseigne.
Nous en avons notre CLAQUE, de la société des enfants gâtés.
Les psychanalystes ont inventé ce que l'on appelle le "contrôle", la "supervision", c'est-à-dire qu'un psychanalyste choisit parmi ses "pères" un psychanalyste avec lequel il va discuter des problèmes qu'il rencontre dans les cures qu'il a entreprises. Il lui parle de l'effet qu'à eut sur lui le dire de ses patients, de ses sentiments. Il le paye pour cela, pour qu'il le contrôle, sans être pour autant son supérieur hiérarchique.
Les magistrats ont besoin de ce genre d'instance, parce qu'ils sont confrontés à des faits que nous ne pouvons voir même à la télé sans nous détourner.
J'ajouterai qu'il faut enseigner un minimum de droit au citoyens. Chevènement a fait beaucoup pour cela mais pas assez.
Nous devrions pouvoir choisir pour nos enfants (puisque pour nous c'est trop tard) l'enseignement du droit à la place d'une troisième langue.
Rédigé par : duval uzan | 04 février 2008 à 17:44
@ Catherine JACOB
En aparté de la note
" Quel avocat ayant été de longues années son propre chef acceptera de s'insérer dans une hiérarchie ? "
Cela, Catherine, c'est à mon sens une forme de psychologisme qui pourrait faire craindre le pire si des psychologues supervisaient des recrutements pour l'ENM.
Quelqu'un qui a eu une expérience libérale ou qui a été son propre patron vous répondrait que c'est bien grâce à cette particularité dans son parcours professionnel qu'il peut savoir et maîtriser ce que signifie une décision.
D'autre part, cette personne saura mesurer la valeur ou la faiblesse d'une hiérarchie, donc sera plus à même de cultiver et d'enrichir son indépendance.
Enfin, une hiérarchie qu'elle estimera compétente et à sa place ne lui pèsera JAMAIS. Cette personne en connaît tout le prix, au sens de valeur.
Rédigé par : Véronique | 04 février 2008 à 17:28
Pourquoi n'y a-t-il qu'une seule école pour former les magistrats ?
Est-ce que le problème fondamental n'est pas ce trop grand esprit de corps que donne l'école ?
Une seule école entraîne un même type de formation et donc où sont les contre-pouvoirs ?
Rédigé par : Polochon | 04 février 2008 à 13:50
Je ne suis pas certain que la psychologie, à elle seule, puisse contribuer à recruter de meilleurs magistrats. Ce qu'il faudrait, sans doute, c'est que de plus en plus de magistrats soient recrutés par la voie interne ou sur titre. Nos magistrats sont trop jeunes, et il y a aujourd'hui trop de femmes dans la magistrature. Ce ne sont pas les raisons de la crise de la justice, évidemment ! Les jeunes et les femmes sont de très bons magistrats, dans leur grande majorité, j'imagine. Il faudrait simplement que le corps soit plus diversifié, faisant appel à des hommes et des femmes d'expérience, des universitaires, etc...
Rédigé par : Noblesse Oblige | 04 février 2008 à 12:00
@ Catherine JACOB
Détrompez-vous sur les revenus des avocats. Certains gagnent très bien leur vie mais beaucoup (généralement des avocats collaborateurs) ont des revenus qui ne correspondent même pas à ceux d'un cadre ! Et puis le traitement d'un magistrat n'est pas négligeable tout de même !!!!
Je suis d'accord avec LABOCA mais il ne faut pas limiter l'accès à la magistrature aux seuls avocats. Pour moi un enseignant, un policier, un ancien juriste d'entreprise (...) peuvent tout aussi bien remplir la fonction. Ce qui importe c'est la capacité à annalyser, à prendre du recul mais aussi à observer. Je l'ai déjà dit, en matière de divorce il n'est pas rare de voir des pères condamnés à des pensions alimentaires trop élevées ce qui a pour conséquence de laisser le père dans une situation financière catastrophique et la seconde conséquence est que la mère du coup ne participe pas du tout aux charges de l'enfant car entre la pension et les allocations tout est pris en charge. Ce n'est pas que la JAF à laquelle je pense en particulier est incompétente c'est juste qu'elle ne se rend pas compte de ce que représentent 250 € par mois (pour un seul enfant) sur un salaire mensuel de 1000 € pour une personne vivant à Paris (cas réel hélas) !
Rédigé par : Jean Philippe | 04 février 2008 à 11:56
Eh oui ! "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme !"
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 04 février 2008 à 11:30
@LABOCA
«Ne qualifions à la fonction de magistrat que des personnes ayant déjà exercé la profession d'avocat, c'est-à-dire des personnes habituées à agir selon le principe dit du contradictoire.»
Quel avocat ayant été de longues années son propre chef acceptera de s'insérer dans une hiérachie ? Et quel avocat encore auquel une étude aura permis de vivre confortablement se contenterait d'un salaire de magistrat ? Reste les marginaux du système libéral mais làaaa....! Il semble donc que nous ayons affaire à des vocations différentes. Reste en revanche les stages de part et d'autre.
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 février 2008 à 10:05
@ Laboca
Je crois avoir lu, que pour Outreau, le second juge d'instruction qui a remplacé le premier juge d'instruction nommé à d'autres fonctions était… un ancien avocat.
@ Patrick Pike
Pardon d'être certainement de mauvaise foi.
Si Philippe Bilger avait été évalué par un psychologue avec l'approche de ceux qui oeuvrent ou qui sévissent - cela peut se dire des deux façons -, dans les grandes entreprises privées, je ne pense pas que sa candidature aurait été retenue dans la magistrature.
Trop atypique, trop littéraire, trop de personnalité, trop tout.
Mais je pense que c’est en raison de ses " trop " qu'il est devenu un grand magistrat.
Si vous avez la curiosité de lire sa biographie professionnelle écrite avec S. Durand-Soufflant, croyez-moi, le psychologue de service aurait eu du mal à imaginer Philippe s'inscrivant dans une "culture d'entreprise" telle que vous la suggérez dans votre post.
Imaginez également Renaud Van Ruymbeke ou Gilbert Thiel testés au moyen d’une grille de lecture de psychologue d'entreprise.
Je cite ces trois noms parce que ce sont ceux que le grand public connaît.
Comme l'écrit Philippe dans sa note, au-delà des qualités humaines que je serais bien en peine de définir correctement, ce qui me semble déterminant dans le métier de magistrat c'est la capacité à savoir maîtriser un pouvoir.
Si dans son programme de formation, l'ENM remplaçait le mot de "référent" utilisé à tout propos - mot transpirant de psychologisme - par celui de patron ou de Maître d'enseignement, il me semble que ce serait un positif.
Rédigé par : Véronique | 04 février 2008 à 09:12
Pour répondre à LABOCA, toutes les grandes sociétés françaises font du "psychologisme" depuis bien longtemps. Depuis une quarantaine d'années environ. Je l'ai connu, et à tous les niveaux, depuis les réseaux de commerciaux afin de mieux cerner leurs clients, jusqu'aux cadres pour diriger leurs équipes afin de déterminer leur motivation, d'essayer de mieux les comprendre, de deviner les problèmes qu'ils pouvaient rencontrer dans leur travail mais aussi dans leur vie personnelle, de mieux les aider, d'éviter les erreurs de jugement, d'être juste dans les décisions, mais aussi et surtout de savoir recruter sans trop se tromper.
Peut-être travaillais-je dans une industrie privilégiée (chimique et pharmaceutique) riche et tournée vers l'avenir, soucieuse d'une certaine pérennité, de relations humaines sereines et d'éviction des conflits.
Certes ce n'était pas dénué d'arrière-pensées et le but essentiel était le développement économique de la société, car un conseil d'administration ou un directoire n'est pas une entreprise philanthropique. Mais les stages que nous suivions régulièrement, donnés par des intervenants extérieurs, nous permettaient d'appréhender avec objectivité la réalité de nos collaborateurs, de développer leurs capacités ou de régler des conflits au mieux des intérêts de chacun en faisant abstraction de notre sensibilité ou de nos a priori. Et même de nos préférences, ce qui n'est pas forcément toujours très accessible. De savoir, à tout le moins tenter, recruter celui ou celle qui nous semblait apte à intégrer une équipe et une philosophie d'entreprise. En agissant en fait très exactement comme vous le dites, selon le principe du contradictoire.
Si donc ces rudiments de psychologie ont porté, et portent toujours leurs fruits au sein des grands groupes, je ne vois pas pourquoi ils n'apporteraient pas ce qui me semble indispensable à un magistrat qui doit déterminer, au mieux des intérêts de chacun, ce qu'il est juste de faire ou pas, d'intégrer également, non pas une philosophie d'entreprise (encore que !), mais la philosophie d'une Institution qui a dépassé l'âge de l'Inquisition. Or tout individu, même bardé de diplômes, n'est pas forcément apte à satisfaire cette nécessité.
Ce qui m'étonne d'ailleurs, c'est qu'on n'ait pas mis en place plus tôt cet élément, tout se passant comme si seule la connaissance des textes était nécessaire et suffisante. La société évolue sans cesse ; l'exemple le plus probant est celui du professeur et de son élève. Au-delà de nos réactions déterminées par nos sensibilités, peu ont fait preuve d'objectivité, moi le premier.
Un magistrat ne doit pas réagir ainsi, et un fin psychologue peut déterminer lors d'un test de recrutement, croyez-moi, qui est qui, sans sombrer dans le "psychologisme".
En revanche, là ne doit pas s'arrêter le changement, et comme le dit Philippe Bilger, une formation idoine est indispensable dans les cours de l'ENM, pour développer et affiner cette aptitude à comprendre ou à essayer de comprendre, en gestation chez les heureux élus.
Rédigé par : Patrick PIKE | 03 février 2008 à 23:28
L'affaire d'Outreau a causé un grand malaise dans la société. Celle-ci a cessé de faire confiance à la Justice. Il suffit de discuter avec les Français et Françaises pour comprendre la nature et l'ampleur des critiques adressées à la Justice.
Il fallait donc entreprendre quelque chose pour essayer de recréer un lien entre la France et sa Justice.
En tant que citoyen, je ne peux qu'appuyer toute initiative en vue d'améliorer le fonctionnement de la Justice.
Mais je crains que tous les efforts qui seront engagés dans cette perspective ne soient d'avance voués à l'échec.
Depuis quand un être humain, psychologue ou autre, possède-t-il les moyens nécessaires pour lire dans l'Autre ?
Aucun homme ne peut dire de façon certaine que tel autre offre telles garanties d'humanité.
Si l'on veut que la Justice fonctionne mieux et si l'on pense que cela passe par la qualité des magistrats, ce n'est certainement pas en soumettant les futurs magistrats à des tests mis en oeuvre par des psychologues qu'on y parviendra.
Selon moi, si la Justice connaît de graves problèmes de fonctionnement, c'est, fondamentalement, parce que beaucoup de juges d'instruction n'ont pas encore suffisamment la culture du principe du contradictoire. On n'accède pas à cette culture par enchantement.
Je mets au défi tout le monde de me prouver qu'un pyschologue est capable de faire le départ entre un futur magistrat porté vers le respect du principe du contradictoire et un autre futur magistrat prêt à s'asseoir sur ledit principe.
J'ai parlé tout à l'heure de culture du principe du contradictoire. C'est à dessein que j'ai accolé "culture" à "principe du contradictoire".
Le plus important donc à mes yeux, c'est la culture.
En philosophie, le terme "culture" a un sens précis. Il renvoie à l'expérience, à la pratique, si on nous permet de recourir à un mot bien connu des juristes, ou à quelque chose de semblable.
Un magistrat n'a pas la culture du principe du contradictoire, surtout lorsqu'il entre en fonctions. Ce n'est que progressivement qu'il assimile les implications pratiques de ce principe. Entre-temps, pour n'être pas venu à cette assimilation, il peut mal juger au point de causer des dégâts sur le plan humain.
Ma proposition de réforme est radicale : je propose qu'on ne devienne magistrat qu'après avoir exercé la profession d'avocat.
Un magistrat qui a été antérieurement avocat, pourra difficilement violer le principe du contradictoire : il sait qu'une affaire ne peut être jugée d'après les principes de la Justice que si on permet à toutes les thèses en présence de s'exprimer de façon égale.
Je ne veux pas attaquer les juges d'instruction dont je mesure la difficulté du travail.
Je dis seulement qu'une civilisation qui a épousé le scientisme ne peut, si elle est vraiment orgeuilleuse, se permettre des ratés dont l'affaire d'Outreau constitue le dernier développement notoirement connu.
Je ne crois pas à l'efficacité de tests psychologiques à imposer aux magistrats. Ces tests pourraient se révéler dangereux, et ouvrir, bien légalement, sur des discriminations coupables ; en outre ils donneraient aux psychologues le dernier mot dans le recrutement des magistrats, alors que la première qualité exigée de ces derniers, c'est la compétence technique, c'est-à-dire la maîtrise du droit et des principes généraux du droit.
La France est en train de sombrer dans le psychologisme : on ne fait plus confiance aux hommes et on veut les soumettre au divan.
Permettez-moi, Monsieur l'Avocat général, de me séparer d'un projet de réforme qui, outre qu'il entre en contradiction avec les contenus de tous les livres sacrés, ajoutera fatalement la confusion à l'inquiétude.
Ne qualifions à la fonction de magistrat que des personnes ayant déjà exercé la profession d'avocat, c'est-à-dire des personnes habituées à agir selon le principe dit du contradictoire.
De cette sorte, nous pourrions très difficilement revivre l'affaire d'Outreau.
Rédigé par : LABOCA | 03 février 2008 à 19:52
On fait passer les policiers devant des psychologues.
Cela est totalement légitime.
Les policiers dans le cadre de leurs fonctions peuvent être amenés à faire usage de leur arme à l'encontre d'un autre homme.
Situation hautement stressante et demandant dans un temps très court que le policer soit en pleine possession de ses moyens psychologiques.
Il me paraît tout autant légitime d'avoir la même démarche envers un fonctionnaire pouvant condamner un citoyen à la perpétuité et ayant à gérer des situations sortant souvent de l'ordinaire et parfois même relevant de l'innommable.
Il y a là, tant pour le fonctionnaire que pour l'Etat, et même et surtout dirais-je, pour le citoyen, une garantie concernant la force morale, intellectuelle et psychologique des personnels chargés de mettre en oeuvre les lois de la République.
Je serais même d'avis qu'au cours de sa carrière, de tels fonctionnaires puissent obtenir un bilan psychologique mais également une aide dans ce domaine lorsqu'ils ont eu à faire face à des situations hautement perturbantes.
Avoir face à soi en permanence toute la misère, parfois sordide, du pays est une chose contre laquelle on ne peut pas forcément se "blinder".
Rédigé par : surcouf | 03 février 2008 à 19:09
C'est en effet une constante chez vous, et qui m'a permis de dépasser en ce qui vous concerne les préventions que j'ai naturellement à l'égard du métier que vous faites, que d'avoir placé au centre de la réforme de la justice la réforme des mentalités judiciaires.
Je constate que les victimes d'erreurs judiciaires, en premier lieu ceux d'Outreau, et les autres dans lesquelles je me range, ont également toujours placé en première priorité une autre formation humaniste des magistrats. Face aux revendications et alibis syndicaux du manque d'effectifs, il faut bien constater que, dans le cas d'Outreau, il n'a pas manqué de magistrats puisque 64 d'entre eux se sont penchés sur tout ou partie de ce dossier, avec la même constance autiste.
J'ai noté avec satisfaction le contenu de la réforme de l'ENM voulue par la ministre. Elle correspond aux préconisations de la commission parlementaire et semble même faire de la qualité humaine d'un auditeur de justice le critère de sélection pour qu'il puisse ensuite poursuivre les études techniques de l'école.
Un autre point à noter, qui va dans le même sens. Depuis quelques mois, lentement mais visiblement avec constance, le management des prisons change, avec de nouvelles directions. Dans les enfers que représentent certaines prisons (Fresnes, Villepinte, Fleury), certains détenus rapportent des modifications substantielles de l'ambiance depuis quelques mois : plus de respect, plus d'attention à la personne, moins de brimades, une meilleure prise en compte des questions sociales.
Serait-on sur le bon chemin ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 février 2008 à 14:52
"Mais ce n'est pas du tout le point essentiel. RD évoque un psychologue et je me contente de dire que c'est une bonne idée, ce qui me semble évident. "
me répondez-vous.
Nous sommes d'accord sur l'opportunité et l'évidence d'une évaluation de l'équilibre psychologique.
Ce que j'ai voulu dire dans mon commentaire, c'est que suite à la lecture du programme de la formation ENM, j'ai eu le sentiment de lire des intitulés qu'on trouve dans bon nombre de programmes de formation.
Un recyclage plus ou moins adroit d'airs du temps principalement véhiculés par des approches psy dont se gargarisent des chargés de formation.
Je voulais juste signaler qu'il me paraît préférable de parler avec simplicité d'exigences en matière de culture générale, au sens humaniste.
Rédigé par : Véronique | 03 février 2008 à 13:21
" L'évaluation des qualités humaines, de l'expérience, des motivations et des repères éthiques en serait à l'évidence facilitée."
Philippe, encore une fois, je ne partage pas vraiment votre enthousiasme. Ici, pour le caractère décisif de la présence d'un psychologue pour le recrutement des élèves magistrats.
Bon.
Cela ne peut pas faire de mal. En effet l'évaluation de l'équilibre psychologique des postulants devrait être une chose entendue depuis longtemps.
Ce qui me gêne dans votre propos, c'est l'importance exagérée que vous portez à la présence d'un psychologue.
J'ai eu la curiosité d'aller lire sur le site de l'ENM le programme de la formation initiale 2008 mis en lien par Eolas (note: " Comment fabrique t-on un magistrat ? " 31-01).
Euh...Je n'en peux plus.
Car question vocabulaire psy recyclé vocabulaire com, recyclé vocabulaire poncifs formation, c'est un modèle du genre.
Avec l'imparable, l'incontournable et l'obligatoire trilogie :
les savoirs, les savoir-faire, et, fin du fin, les savoir-être.
D'autre part, poursuivant mon investigation sur le site, étant particulièrement intéressée par le fonds de la médiathèque, j'étais curieuse de me faire une idée des collections.
En résumé, j'étais dans l'état d'esprit et dans l'interrogation :
Dis-moi ce que tu proposes dans ta médiathèque, je pourrai peut-être te dire qui tu es.
Plus exactement, pour reprendre une question posée par Alain Finkielkraut :
A quelle bibliothèque sont confiés les destins professionnels des futurs magistrats ?
Je ne suis pas parvenue à trouver le catalogue de la médiathèque de l'ENM sur Internet.
Un jour, à Bordeaux, je demanderai à visiter la médiathèque...
ps: j’ai relu votre chapitre sur l’ENM.
Ouf, j’ai eu chaud ! Vous évitez, vous, les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être.
Dans votre livre il s’agit d’abord d’un enseignement qui, au-delà de l’indispensable maîtrise des techniques et des technicités, réintroduit les savoirs, tout court, d’une culture humaniste.
Rédigé par : Véronique | 03 février 2008 à 12:04
La réforme de l'ENM est une nécessité pour avoir une magistrature digne de ce nom. Mais qu'on ne s'y trompe un magistrat n'est pas seulement formé en 31 mois d'école. Si on veut prendre le problème à la source il faut aller plus loin. Les facs de droit doivent aussi se remettre en question tout comme les IEP.
Plusieurs axes sont à travailler, vous l'avez souligné la culture générale en fait partie. Mais qu'on ne s'y trompe pas la culture générale ne doit pas se limiter à disserter sur un sujet tel que "le corps", "le jeu" ou "la vitesse". Par culture générale il faut mettre l'accent sur le terme "générale". Pour moi il est essentiel de s'interroger sur les questions de société et en ce sens le concours de commissaire de police me paraît meilleur que celui de l'ENM car le sujet de culture générale invite à réfléchir sur la société.
Ce qui me gêne chez les jeunes magistrats et chez les jeunes avocats c'est le manque de connaissance des gens qui nous entourent. Lorsqu'on étudie le droit on est dans un milieu fermé, et si on ne sort pas un peu de ce milieu on ne peut se rendre compte de l'état de la société. Quand un JAF fixe une pension alimentaire il doit avoir une idée précise de ce que coûte l'éducation d'un enfant mais aussi de ce que représentent les charges d'habillement, de logement pour une personne dont le salaire est nettement inférieur au traitement d'un magistrat ! C'est la raison pour laquelle je suis totalement d'accord avec Philippe Houillon quand il veut favoriser le recrutement interne et le recrutement sur titre. Il nous faut des magistrats venant de tous les horizons et non des magistrats qui ont tous plus ou moins le même profil et pire encore les mêmes idées politiques.
Rédigé par : Jean Philippe | 03 février 2008 à 10:28
Précisions quant à « Il a déjà fort à faire » = « Il a déjà si fort à faire qu’il en oublie certaines paroles données ( ex : proposition de tirage à part, ou restitution de ses bénéfices au comité de publication de la revue étudiante qui connaît un succès financier supérieur à celui de la revue des enseignants et dont le président est un handicapé etc..)», et ça, il est vrai que cela me paraît totalement exclusif quant au choix d’un membre de Jury d’une ENM !!!!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 février 2008 à 09:44
La prise en compte de la psychologie et des qualités humaines dans la sélection et la formation des magistrats est un point positif que les justiciables apprécieront, peut-être, plus tard si elle donne quelque résultat dans la considération des droits de la défense ! Il est regrettable qu'elle intervienne si tard, après, non pas la catastrophe judiciaire d'Outreau, mais la multitude de catastrophes individuelles restées anonymes et non suffisamment indemnisées !
Par ailleurs, cette initiative ne résoudra pas le problème de la détention provisoire injustifiée, propre à la France... Dans ce domaine, c'est une réforme profonde de l'approche de l'enquête préliminaire qui est à faire et la seule loi du 5 mars 2007, post-Outreau, n'est, à mon avis, certainement pas suffisante. D'ailleurs, avant toute nouvelle initiative, la réelle mise en application du respect, par les magistrats, de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d'innocence serait souhaitable et sans besoin de financement particulier...
Rédigé par : calach | 03 février 2008 à 09:39
"Cette orientation décisive serait confortée par la présence d'un psychologue dans le jury de sélection et par l'instauration de tests psychotechniques, possibilités évoquées par Rachida Dati. "
Sans doute est-il devenu inutile de préciser qu'il vaudra mieux éviter de le rémunérer en vacations au tarif d'une femme de ménage, et aussi qu'il conviendra de s'entourer des meilleures garanties le concernant lui-même...!!
Un excellent choix à mon humble avis :
Une personnalité telle J.P. Resweber, philosophe et psychanalyste, Professeur des université, Dr en psychologie, Dr en philosophie, Dr en théologie et qui a une grande habitude des jurys et des étudiants et auteur entre autres de : «Des lieux communs dans la modernité» (Le Portique 1998)
Qui donc, sur les antiques traces de Socrate, continue de mettre en garde contre le danger des stéréotypes, expliquant que l’acceptation sans critique des lieux communs peut nous aliéner et nous précipiter dans des délires …
( = en quelque sorte Outreau expliqué avant Outreau comme résultant d’un enchaînement de causes connu depuis l’antiquité !!)
Attirant, avec d’autres, l’attention sur le fait que le «bien-pensant», le «nivellement par le bas» et le «relativisme culturel» résultent de l’influence massive des «idées reçues» et des «opinions toutes faites» qui circulent facilement, tout en empêchant les argumentations solides de se faire valoir.
Personnellement, j’en sais quelque chose, moi qui vois sans cesse les meilleurs travaux battus en brèche par les ignares et les médiocres ivres de destruction de tout ce qu’ils jugent sans comprendre, dans une totale ignorance de la notion même de « niveau d’incompétence », prompts aux fixations symptomatiques du délire de jalousie, donc prompts à dénoncer dans cet autrui qui suscite un délire passionnel pour un motif ou un autre - motif dans l'ignorance duquel il vaut, par ailleurs, mieux le tenir, pour plus d'efficacité et aussi de peur qu'il s'y révèle en réalité totalement étranger -, la créature la plus diabolique, le nouveau Léviathan dont il conviendra de, sans l'entendre, se préserver et le monde par un lynchage anticipé ! (http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9d/Destruction_of_
Leviathan.png )
Accessoirement on précisera que le 'test psychologique' n'est pas sans participer également des dits lieux communs, sinon on risquerait de voir aussitôt des émules au petit pied du Dr KAWASHIMA (Nintendo DS) se positionner illico sur le marché de la préparation au concours d'entrée de l'ENM et tout serait à refaire !!
NB: Je n'ai pas dit que je suggerais le Pr Resweber, lequel paraît avoir déjà fort à faire, mais simplement le choix de quelque personnage doté de tels talents sans oublier le simple bon sens!
Autres travaux sans doute utiles à consulter pour constituer un Jury, et du même auteur : « La philosophie des valeurs » ou encore "Les pédagogies nouvelles" (http://www.amazon.fr/p%C3%A9dagogies-nouvelles-Jean-Paul-Resweber/dp/2130556345 ) = "comprendre l'individu, interpréter ses attitudes, l'aider à développer ses potentialités. Elles ont en commun de favoriser l'interdisciplinarité"
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 février 2008 à 09:30