La nostalgie.
Ce n'est pas elle qui me fait m'étonner de la critique du film "3 heures 10 pour Yuma" par Christine Haas, dans Paris Match. Comment peut-on, en effet, ne pas voir que le remake ne fait pas le poids par rapport à l'inoubliable original mis en scène par Delmer Daves, avec Glenn Ford et Van Heflin ? Comment peut-on analyser le premier film comme "un récit d'ambiance claustrophobique" quand ce huis clos, au contraire, avec son unité de lieu, de temps et d'action, donne au western une allure à la fois tragique et classique ? Comment ne pas remarquer que l'oeuvre de James Mangold, pour estimable qu'elle soit, en voulant se distinguer de la ligne pure, nue et intense de son modèle, tombe dans le gras, la boursouflure, le remplissage, parfois l'ennui, avant de retrouver du rythme et de la vivacité avec précisément la séquence finale incluant l'enfermement dans la chambre d'hôtel ? Comment ne pas être déçu par le jeu lourd et sans grâce de Russel Crowe quand on a dans la tête l'élégance cynique et navrée de Glenn Ford face à l'honnêteté butée de Van Heflin ?
Ce n'est pas de la nostalgie. Mais un constat. Il faudrait offrir aux spectateurs les deux versions et je crains fort, pour ceux qui n'ont peut-être pas suffisamment l'histoire du cinéma dans l'esprit, que la première version écrase la seconde.
La nostalgie. Je ne crois pas non plus qu'elle puisse résumer le formidable succès du film de Dany Boon "Bienvenue chez les Ch'tis". Même si je comprends les réactions comme celle de Daniel Auteuil qui a aimé mais ne s'explique pas un tel engouement, il faut tout de même tenter de découvrir les raisons profondes d'un tel enthousiasme du public, au point qu'on sort du cinématographique pour entrer quasiment dans le sociologique. C'est comme si la France attendait un tel film et qu'on lui avait enfin donné ce qu'elle espérait.
D'abord, cette oeuvre est bien faite. C'est le travail d'un bon artisan. On ne se paie pas de mots ni d'images. On joue le jeu simplement, honnêtement, sans fioritures. Deux acteurs principaux sont réunis, avec des comédiens secondaires épatants, et une tranche de vie du Nord nous est offerte. Je sais bien que la représentation de celui-ci est schématique, qu'elle se fonde délibérément sur tous les clichés positifs ou négatifs de cette région, en forçant sur les premiers, en atténuant les seconds, sans prétendre y mêler la politique, au grand dam de certains critiques obsessionnels et militants qui auraient souhaité peut-être un film à la Bruno Dumont ! Cela ne signifie pas qu'ici ou là, on ne puisse pas déceler des faiblesses. La scène de l'alcoolisme à deux lors de la tournée est trop longue même si Kad Merad y est excellent. Les ressorts psychologiques de l'épouse du directeur me semblent assez peu plausibles. Mais qu'importe ! Un élan de rire et de joie nous rend heureux au-delà même de ce qu'une comédie ordinaire même réussie peut susciter.
Il y a toujours de la fatuité à généraliser d'après soi mais dans la mesure où je ne suis pas habituellement un épris des drôleries à la française - Amélie Poulain m'a semblé mièvre et longuet, malgré de très jolies trouvailles et son fantastique retentissement -, j'ose penser que mon adhésion au film de Dany Boon donnera un peu de crédit à mon analyse.
La France, par cette oeuvre, s'incorpore le Nord, prend conscience de son unité sur un mode ludique mais sensible, regarde comme des concitoyens des êtres que la susceptibilité des régionalismes et des identités locales faisait percevoir presque comme des étrangers, certes chaleureux mais dont on moquait le patois, la propension à l'alcoolisme, la simplicité des goûts, la familiarité des attitudes et le "sale" climat. D'un coup ce film pourtant aux antipodes du sérieux et du pédagogique, offre l'opportunité à tous les autres Français de se réjouir de leur proximité avec ce territoire, avec ces gens et d'être fiers qu'ils appartiennent au même monde, au même pays, au même Etat que le leur. Une telle assimilation n'aurait pas été possible avec n'importe quel département ou région. Je suis sûr que les Alsaciens ou les Savoyards n'auraient pas bénéficié de la même aura et qu'un film de même nature sur eux n'aurait pas entraîné un tel triomphe. Avant de savoir, il y avait déjà une tendresse pour le Nord qui ne demandait qu'à éclore. Le film s'est constitué comme un lien , une passerelle, un billet doux entre des communautés qui, grâce à lui, se sont reconnues fraternelles et solidaires. La tendresse du regard, la certitude d'être ensemble. Une diversité enrichissante, loin des discours cherchant à nous démontrer qu'autrui, parce qu'il était étranger, était nécessairement une chance et une richesse. Le film a été comme les rois de France : il a uni.
Il a fait mieux. Il a permis à la France de fuir un instant sa morosité, en se regardant, dans le miroir de cette oeuvre, avec une sorte de contentement moral et de jubilation collective. L'irruption, avec évidence, sans volonté de dénaturation ni de décalage, sans dérision ni honte, d'une multitude de bons sentiments sur l'écran et dans le récit, loin de susciter ricanements et gêne, a lavé à grande eau, à pellicule salvatrice, les manies troubles, les zones nauséeuses, les courtes et médiocres inspirations, les tristesses plombantes et sans génie du cinéma français. Celles-ci n'étaient supportables que filmées par Bergman. Par d'autres, elles étouffent, elles ennuient. Alors, bien sûr, tout y passe, dans cette histoire qui nous entraîne vers le bonheur comme plan, comme point final. La fraternité de l'amitié, la douceur et l'incompréhension de l'amour, l'absurdité des préjugés, la force du lien maternel, l'humanité chaleureuse, simple et vraie, la mélancolie des départs. Il serait facile, mais idiot, de se moquer de cet univers du tendre, du coeur, du Nord puisqu'au fond, c'est celui dont nous rêvons tous pour nous purifier les bronches, la vue, l'âme et l'existence. Dany Boon, par ce film qu'il a heureusement voulu modeste et filial, a atteint la grandeur du quotidien. La France se dit en s'observant dans cette représentation d'une part d'elle-même : on est des gens bien, tout de même !
Sans doute d'autres causes pourraient-elles être identifiées mais il me semble que ce plaisir de l'unité et cette satisfaction collective sont fondamentaux.
Bienvenue en France, nous murmure cette oeuvre. Quand la politique a du mal, quand la société doute, quand les institutions peinent, quand le pouvoir d'achat n'est pas au plus haut, quand la France fait ce qu'elle peut, quand le monde est dur, il y a parfois de petites lumières. Certes, Dany Boon n'a pas changé la vie de ses concitoyens.
Il a éclairé et embelli leur route. C'est déjà beaucoup.
C'est vrai qu'on prend vite le pli. Je retire volontiers "injure de beauf". Moi-même, il m'arrive d'être atteint par une variante du syndrome de Gilles de la Tourette. B... de M...
(à propos, on ne se dédouane pas d'une confrérie, on s'en exclut à la rigueur).
Rédigé par : Laurent Dingli | 01 avril 2008 à 19:41
Enfin, un dernier commentaire qui remet cet épisode de la banderole à sa juste place.
J'ai l'âge d'avoir ri comme un bossu aux premiers numéros d'Hara-kiri mensuel, journal "bête et méchant", avec les "jeux de cons du professeur Choron", Je me souviens des dessins de Siné, insultant les curés, les flics, les militaires, les témoins de Jéhovah et les facteurs, les épiciers et les fonctionnaires, les ramollisseurs de pain rassis et les coupeurs de cheveux en quatre, tout le monde, quoi…
«Pédophiles, chômeurs, consanguins», c'est un peu du même tonneau : ça fait penser nécessairement à Outreau, et là on peut comprendre que les politiques et les journalistes en fassent aujourd'hui des tonnes auprès des Nordistes pour les assurer de leur solidarité, de leur compassion, de leur révolte face à l'outrage, blablabla…
Après leur acharnement dans un passé récent pour stigmatiser ce quart-monde des familles tuyau-de-poêle, on peut considérer le tintamarre émotionnel actuel de session de rattrapage.
Quant aux insultes régionophobes, il me semble que notre patrimoine folklorique ne s'est jamais nourri que de cela : les Corses sont des feignasses, les Bretons des bourrins complets (paille-foin, au bon temps du régiment !), on dit faux comme un Béarnais, les Alsacos, c'est casque-à-pointe, et les Marseillais comme va-de-la gueule et menteurs fieffés, on fait pas mieux.
Bref, si Lens avait gagné, on se serait gondolé chez les chtis d'avoir rousté les Parisiens tête-de-chien, et la banderole aurait été repliée dans une relative indifférence.
La pratique de l'insulte avant l'affrontement, de la guerre ou des jeux, est vieille comme le monde. Il faut vraiment être naïf pour croire que les échanges verbaux sur un terrain de foot - et pas que de foot – sont du genre "après vous" "je n'en ferai rien". Lorsque les joueurs se frottent dans une surface de réparation ou une mêlée, on entend plus souvent des "nique ta mère" que "mignonne, allons voir si la rose“. C'est peut-être malheureux mais c'est comme ça. Et ceux qui, pour se dédouaner de l'ignoble confrérie, pensent que ce ne sont que des injures de beaufs, devraient savoir que lorsque l'on a pratiqué quelque peu le terrain on a vite fait de prendre le pli.
Rédigé par : Cricri | 01 avril 2008 à 18:10
Je suis encore stupéfait d'apprendre que Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur vient, suivant ses propres termes, de mettre "en route les éléments de procédure qui pourraient conduire à une interdiction de ces groupes de supporteurs concernés par les événements et la banderole après avis de la commission nationale de prévention des violences" (ouf !...) "Nous utilisons la vidéoprotection qui va nous permettre de déterminer avec précision" les auteurs présumés ayant déployé la banderole, a précisé la ministre, évoquant en outre les "empreintes génétiques" relevées sur la banderole que "nous sommes en train d'analyser" (source actualité orange).
Mais quelle est donc cette société absurde où la moindre expression d'agressivité, même très déplacée, même injurieuse, serait totalement bannie ? La dernière option ne serait-elle pas alors la violence physique ? Des propos, même regrettables, ne font-ils pas partie de ces joutes puériles entre énergumènes échauffés par leur divertissement du dimanche et leur jeu du stade moderne ? Faudrait-il tout interdire, mettre un policier derrière chaque comptoir où des piliers un peu éméchés manifesteraient des excès de langage ? Va-t-on relever les empreintes génétiques des garnements qui s’insultent dans les cours d’école ? Que l’on soit vigilants, certes, mais nous risquons par une attitude aussi grotesque, aussi outrancière et, je ne crains pas de le dire, aussi opportuniste, de dévaloriser le sens même de la sanction.
Rédigé par : Laurent Dingli | 01 avril 2008 à 17:00
La banderole du PSG : Cette histoire devient franchement grotesque. J'entends que Nicolas Sarkozy va recevoir le maire de Lens et les dirigeants du PSG pour cette broutille, et que la police va même effectuer des prélèvements d'ADN !!!!! Quand Nicolas Sarkozy va-t-il recevoir le voisin de Madame Michu dont le chien aura pissé sur sa mobylette ? Je ne me suis jamais associé au concert de critiques qui dénonce constamment l'omniprésence du chef de l'Etat, mais là, franchement, tout cela devient vraiment ridicule. J'entendais encore ce matin un supporter de Lens dénoncer lui-même tout ce tapage et rappeler que c'est la manière de fonctionner entre équipes rivales. Si on commence à se mêler de toutes les injures que se lancent ces beaufs...
A part ça, le film de Dany Boon est très drôle en effet, très réussi. Quant à "Amélie Poulain", que vous évoquez, je l'ai trouvé d'une insupportable mièvrerie : il est rempli de phrases creuses et dégouline de bons sentiments. Je ne suis donc pas très étonné du succès qu'il a rencontré.
Rédigé par : Laurent Dingli | 01 avril 2008 à 08:57
Ha le cinéma américain... Moi, "The misfits" de John Huston. Peut-être l'Amérique, la fascination de la liberté, tient-elle à cette scène du mustang (?) avec ses cordes qui l'emprisonnent et ce moment où Clark Gable cède à Marilyn et libère ce fougueux étalon, blanc si je me souviens... C'est une image d'une force extraordinaire, avec cet instant où Gable qui ne voit pas pourquoi il doit lâcher l'animal, le fait. C'est pas pour les beaux yeux de Norma Jean... Quand le cinéma produit ça, c'est immense.
Ca n'a rien à voir, of course, mais c'est d'un livre d'Abel Gance - son Napoléon - citant Charles Cros, qui est né non loin de chez moi : "Il vaudrait mieux jouer aux dés car les mots sont des procédés dont on meurt vite".
Et pourtant... on renaît mieux par eux que par un 421.
Rédigé par : daniel ciccia | 31 mars 2008 à 17:48
Vot’ Seigneurie,
Suite à votre petite chronique sur les J.O. je me suis permis de vous chambrer un peu.
Accordez au presque clochard, pour qui se payer une toile est un luxe, de se moquer des puissants.
Qui bene amat, bene castigat, comme diraient mes pages roses.
Sachant que vous exprimez infiniment mieux que je ne pourrais le faire certains avis communs.
Mais puisque c’est carnaval…
D’autant plus que la ronde des fous devient perpétuelle dans ce merveilleux monde qui part à vau l’eau.
Bon cinoche.
Bisous.
Rédigé par : Baudricourt | 31 mars 2008 à 15:12
Je ne suis pas étonnée par votre critique plaisante du film de Dany Boon.
"La fraternité de l'amitié, la douceur et l'incompréhension de l'amour, l'absurdité des préjugés, la force du lien maternel, l'humanité chaleureuse, simple et vraie, la mélancolie des départs."
Et pourtant, sbriglia, quand il vous nomme Swann, est tellement dans le vrai aussi.
Proustien et flonflons à la française à la fois. La gentillesse des fêtes populaires et familiales. La fragilité de l'inquiet aux fièvres tristes qui s'abrite dans le Grand Hôtel de Cabourg.
Bienvenue en France. Bienvenue dans les mondes sentimentaux, colorés, contrastés et imaginaires de Philippe Bilger.
Rédigé par : Véronique | 31 mars 2008 à 11:55
Bienvenue chez les "mal dans leur peau" !
Je ne comprends pas la méchanceté gratuite et le coup de la banderole m'a déplu fortement. Je pense qu'il faut être mal dans sa peau pour salir autrui qui, de plus, ne vous a rien fait !
Cela me fait penser aux s... que des gens disent des autres lorsque ces derniers ne sont pas là et puis, les sourires hypocrites qui s'affichent dès que ces autres réapparaissent dans leur champ de vision !
Oui, des calomnies, ça existe partout. il suffit d'être différent, de faire des envieux, de ne pas aller dans le sens que les personnes calomnieuses souhaiteraient et paf !
Se moquer de gens est une souffrance que rien ne pourra effacer tout au long de leur vie.
Je ne comprends pas ce besoin de se distinguer au sein d'un même pays.
C'est lamentable.
J'ai aimé le film, n'étant pas pourtant adepte de ce genre cinématographique.
J'ai pas cherché à l'analyser : j'ai juste souri et ri, me suis détendue et oublié mes tracas quotidiens.
Bonne semaine à tous et merci à Philippe, critique cinématographique accompli (de toute manière, vous savez rédiger sur tous les sujets. Vous êtes épatant ! )
Rédigé par : Ktrin contre la banderole de la honte | 31 mars 2008 à 01:16
Fonctionnaire au ministère de la Justice, défenseur de Valérie BEGUE et admirateur de votre "exécution" en règle de monsieur Yannick NOAH, je ne puis que vous suivre par rapport à vos propos sur le cinéma.
Sans être un nostalgique qui idéalise le passé, caractère propre aux réactionnaires qui disent "ah c'était mieux avant, c'était le bon temps", alors que tout n'était vraiment pas rose (on ne va pas regretter l'époque des guerres coloniales, de la dureté de la condition ouvrière), je ne puis que suivre votre jugement pertinent sur le cinéma, dont je suis vraiment fou passionné, en toute modestie.
En effet, quand on voit l'oeuvre de William DIETERLE avec Charles LAUGHTON et Maureen O'HARA, Cédric HARDWICKE, Thomas MITCHELL et Harry DAVENPORT (le bossu de Notre Dame: the hunchback of notre DAME), cette adaptation, bien qu'infidèle au roman de Notre Dame de PARIS éclipse en beauté même celle de Jean DELANNOY 20 années plus tard (1959) avec Anthony QUINN et Gina LOLOBRIGIDA avec Alain CUNY. Cela dit, celle ci était plus fidèle dans son adaptation à l'oeuvre d'HUGO. On est vraiment heureux que l'adaptation récente faite par HOLLYWOOD vers les années 2000 avec Salma HAYEK et Mandy PATIKIN n'ait pas franchi le seuil des salles obscures. L'outrage a ses limites.
Malgré toute sa prestance d'hidalgo, Antonio BANDERAS peut-il faire oublier Tyrone POWER dans le signe de ZORRO tourné dans les années 40 avec la belle Linda DARNELL?
Je refuse de commenter l'idée d'une suite qui fut réalisée (par la télévision américaine, mais avec des acteurs de cinéma) il y a quelques années à AUTANT EN EMPORTE LE VENT avec Timothy DALTON et Joanne WALLEY KILMER, sous le titre de SCARLETT, d'après un roman d'Alexandra RIPLEY, qui a eu le culot (les arguments commerciaux et le fric facile à tout prix justifie toutes les audaces), de faire une suite au roman de Margaret MITCHELL. Timothy DALTON (qui avait déjà repris le personnage magistralement joué par Sean CONNERY dans James BOND) aurait mieux fait de ne pas s'embarquer dans cette galère et de continuer à jouer les James BOND où il arrivait à faire passer quelques moments divertissants, sans la prétention d'égaler son illustre prédécesseur.
Oui, le cinéma était nettement mieux avant, et je le dis d'autant mieux que je ne rejette pas le cinéma d'aujourd'hui, voyant régulièrement les sorties d'actualité.
Je me revendique également réactionnaire, au moins pour le cinéma, car, élevé dans la découverte de la beauté du septième art (mes parents sont âgés et ont eu la bonté de me faire découvrir les films de leurs époques), je ne peux que constater que les illustres aînés de ceux qui se prétendent acteurs ne peineraient pas, même aujourd'hui, si on comparait côte à côte les différentes adaptations des oeuvres selon les époques, pour rafler la mise, même auprès d'un public jeune. Je crois qu'il ne faut pas sous-estimer l'intelligence d'une jeunesse qui est parfaitement capable de réfléchir et de reconnaître la qualité des oeuvres anciennes. Roger Hanin et Gaella le DEVEHAT qui tentèrent il y a quelques années l'aventure de la trilogie marseillaise de PAGNOL ont-ils vraiment cru pouvoir faire oublier le grand Jules RAIMU et Orane DEMAZIS ? J'espère qu'ils n'ont pas eu cette suffisance.
J'aime le cinéma, passionnément, à la folie. Et c'est pourquoi je ne peux que rejoindre, malgré les trois décennies et un peu plus qui nous séparent, votre jugement sur la beauté des oeuvres anciennes, qui pour certaines demeureront toujours inégalées.
Offrir les différentes versions serait une démarche salutaire pour les distributeurs de cinéma, cela montrerait l'idiotie de l'adage "du passé faisons table rase". Il convient de ne jamais idéaliser le passé, c'est je pense une attitude stupide, mais cela n'empêche pas de savoir reconnaître qu'il y avait vraiment des acteurs et cinéastes d'exception dont la perte demeurera toujours non remplacée.
Merci pour votre opinion sur le cinéma du passé. Sincèrement. Cela fait quelque chose à partager.
Rédigé par : Jean-Nicolas GILLOT | 30 mars 2008 à 23:34
@Jean-Jacques Duval
Moi, j'ai vu les Chtis et je vous les recommande. Si vous voulez savoir de quoi cela parle et surtout la cause de leur succès, lisez le commentaire de Philippe Bilger. Il n'y a rien d'autre à ajouter. Ou plutôt si, c'est un film qui parle du bonheur de vivre ensemble, de la gentillesse des hommes, sans considération philosophique et sans aucune vulgarité. Tout pour garantir un échec.
Rédigé par : Léopold Schonbach | 30 mars 2008 à 20:33
« In parle gramint des Ch'tis in ch'momint, in a nos orelles qui nous décatoul'nt. »
« On parle beaucoup des Ch'tis en ce moment, on a les oreilles qui nous chatouillent »
Bel hommage, monsieur Bilger, pour ce film qui rencontre un succès vraiment particulier, qui me va droit au cœur étant donné que je suis « ch’tie » et également « boïaux rouches ».
Film et région qu’on aime ou pas. Région qui malgré tout change depuis l’arrêt de l’exploitation charbonnière qui a beaucoup perdu de l’image de mon enfance.
Danny Boon voulait rendre hommage à cette région à laquelle il est très attaché. Il voulait dénoncer les nombreux clichés. Il voulait également démontrer que le dicton :
« Quand y'a un étranger qui vient din ch'Nord , Y brait deux fois : Quand y'arrive et quand y r'part .."
« Quand un étranger vient dans le Nord, il pleure deux fois : quand il arrive et quand il repart ».
Succès peut-être également dû parce que Danny Boon, malgré sa notoriété de comique, est resté un « type sincère, un type simple ». Il se voit actuellement appelé le « Pagnol du Nord ».
Vous citez Daniel Auteuil à qui fut proposé le rôle de Kad Merad, qu’il refusa.
Je ne vais plus au cinéma depuis des lustres, mais j’avoue que pour « Bienvenue chez les ch’tis », je suis allée le voir deux fois. Ce film a été écrit pour faire rire. Et j’ai beaucoup ri. On rit du début jusqu’à la fin. Bien sûr, il y a un peu de ch’ti. Mais pas trop difficile à comprendre, il me semble. C’est un film anti bling bling, anti bobo, anti fric, anti mépris, anti…. Une histoire simple, de gens simples.
En tant que film comique, ce film n’a rien à voir avec « dîner de cons » par exemple, car il n’en ressort aucune méchanceté, aucune moquerie, aucun sarcasme, il n’est pas l’outil blessant contre quelqu’un. C’est un film tendre.
A l’occasion du printemps du cinéma, les parents pouvaient emmener leurs enfants ou petits-enfants voir ce film non vulgaire, sans risques de scènes de sexe ou de dialogues remplis d’obscénités, sans pornographie et sans violence, qui n'est ni de la science-fiction, ni du fantastique.
Ce qui est rare, de nos jours, il faut le reconnaître. Ce film est un bol d’air frais dans la grisaille de certaines vies. Même s’il n’est pas des plus intellectuels, on rit du début jusqu’à la fin. C’est la description de la vie de gens simples. De la générosité et de l’entraide des gens d’une région qui ont du cœur. D’une amitié sincère. C’est le Nord.
Ce film est également l’opposition Nord – Sud, le beurre / l’huile, un vrai sujet de société. Michel Galabru, qui fait une très brève apparition, marque de sa réplique : c’est le Nôôôrd, « en été il fait 0 ; 1 » «« c’est des cheutemis : « les femmes elles sont cheutemis, les enfants ils sont cheutemis, les chiens ils sont cheutemis, les chats ils sont cheutemis... » « c’est des fadas, ils prononcent le « O » à la place du « A », le « que » à la place du « che » mais ils disent « che » à la place du « se » ! ». Un délice à écouter.
Alors, ce Nord : « Quand on voit le panneau Nord-Pas-de-Calais, là, il drache [il pleut ] !
D’ailleurs, à l’office de tourisme, lors du tournage, dans une lettre d’une classe de CM2 de Charente-Maritime, il leur avait été demandé : "Comment vous faites pour vivre sans jamais voir le soleil ?"»
« Dans le coin, il pleut seulement trois fois par an, mais à chaque coup, ça dure quatre mois » !
Et puis Bergues !
Bergues, ville prise aux Espagnols par le traité d’Aix-la-Chapelle, est appelée « la petite Bruges du Nord » où on y parle le flamand et non le ch’ti, au patrimoine très riche : ses remparts qui furent revus par Vauban, son beffroi classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, ses ruines de l’abbaye Saint-Winoc… qui a eu une place importante par le passé.
De ce film il restera une scène d’anthologie : la tournée à vélo.
Tournée du facteur qui se passe vraiment comme ça, peut-être moins de nos jours. Mais, dès que vous êtes un peu connu, les gens vous invitent à prendre un verre en leur compagnie. Une petite bistoule, par exemple : une goutte de café dans le genièvre.
Le jeu au carillon de Bergues : le doublage fut réalisé par le maître-carillonneur de Douai, Stefano Colletti.
En Juillet 2005 : le beffroi de Douai comme 22 autres beffrois, dont Bergues, des régions Nord - Pas-de-Calais, Picardie était inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité.
En Novembre 2005 : l'UNESCO annonçait le classement des géants de Douai au Patrimoine mondial de l'humanité, dans la catégorie "patrimoine oral et immatériel de l'humanité".
Symbole des libertés communales, le beffroi (de Douai) se dresse fièrement au coeur de la ville depuis 600 ans tel que l'a décrit Victor Hugo en 1837 :
« Figure-toi une tour gothique, coiffée d'un toit d'ardoises, qui se compose d'une multitude de petites fenêtres coniques superposées sur chaque fenêtre une girouette aux quatre coins, une tourelle sur la pointe du beffroi, un lion qui tourne avec un drapeau dans les pattes et de tout cet ensemble si amusant, si fou, si vivant, il sort un carillon. Dans chaque petite lucarne, on voit se démener une petite cloche qui fait rage comme une langue dans une gueule ».
Que dire maintenant devant le succès de ce film ?
Danny Boon fut contacté pour présenter son film à l’ouverture de la 12ème édition du festival du film français "City of Lights, City of Angels", à Los Angeles, au mois d'avril. Bienvenue chez les Ch'tis qui devient donc "Welcome to the Land of Sh'tis".
Bergues fut victime aussi du succès du film de Danny Boon, puisque le 05 mars dernier l’un des panneaux signalant l’entrée de la ville a été volé.
En l'espace d'un mois, le site de la ville de Bergues a triplé son trafic : +203 % de visites par rapport en janvier 2008, et son audience ne cesse de croître.
Il y a également un engouement pour le Maroilles par les Parisiens.
La ruée sur le stand de la brasserie Castelain : bière du Ch’ti, au Salon de l’agriculture. Cette entreprise familiale, qui brasse 40 000 hectolitres de bières de spécialités par an, a d’ailleurs décroché deux médailles d’argent au concours général agricole 2008." Le fabricant dut puiser dans ses stocks pour satisfaire les brasseries, en rupture depuis la sortie du long-métrage - dans lequel ladite boisson est très présente.
Par contre, certains supporteurs du Losc, l’équipe de foot de Lille, ont appelé au boycottage du film sur leur forum. La scène avec le RC Lens et le stade Bollaert entonnant «Au Nord, c’étaient les corons» leur reste en travers de la gorge. « pour eux, c’est un film prolensois !»
Vous connaissez « la Marseillaise lensoise : L’étendard Sang et Or est levé » !
Alors, Bienvenue chez les ch'tis !
Rédigé par : Marie | 30 mars 2008 à 20:20
Je n'ai pas vu le film de Dany Boon. Trop de monde, trop de rire. En revanche, je viens de voir "Un coeur simple", sorti confidentiellement mercredi, premier film de Marion Lainé. Un très beau film, fidèle à Flaubert. Je vous le recommande. Cordialement.
Rédigé par : Jean-Jacques Duval | 30 mars 2008 à 17:51
Je suis allé voir ce film en fin d'après midi. J'avais malheureusement oublié mes tampons d'oreilles. Les exploitants de salle s'ingénient à être toujours à la limite des seuils maximaux pour le son, ce qui gâche énormément le plaisir du spectateur.
Le film de Dany Boon est parfois à la limite du film de communication touristique : la scène du stade, la scène de char à voile, etc.
Mais ce qui m'a plu au-delà de tout, c'est que passé le rire franc et large qu'il suscite, ce film souligne la nécessité de l'indulgence entre les humains.
Les traits forcis, les ressorts hâtifs s'effacent. Dany Boon nous donne un "grand bol" de chaleur humaine, d'indulgence, d'intelligence.
Que ce soit un chef d'oeuvre ou non intéresse plus la postérité que le spectateur que je suis.
Rédigé par : Hermione | 30 mars 2008 à 15:14
Je n'ai pas vu le film.
Je me demande si cette histoire se passant dans le Nord ne permet pas également aux Français de comprendre un tout petit mieux ces étranges voisins belges (dont je suis) et pour lesquels une certaine inquiétude se fait sentir quant à leur avenir.
Les Belges francophones y voient eux comme une communauté d'esprit leur permettant peut-être une échappatoire vers la France en cas de délitement de la Belgique.
Rédigé par : Ø | 30 mars 2008 à 15:11
"Bienvenue chez les Ch'tis" est un énorme succès - plus de 15 millions d'entrées au cinéma. Mais hier, quelques supporters parisiens ont provoqué un vrai scandale en la détournant devant des millions de téléspectateurs lors de la finale de la coupe de la ligue contre Lens -Voir le site sport-. On pouvait lire : "Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch'tis."
Sans commentaires.
Rédigé par : Marie | 30 mars 2008 à 14:35