Par cette injonction je ne prétends pas faire allusion à Denis Gautier-Sauvagnac (DGS) puisque, naturellement, il est présumé innocent ! Laissons la procédure dans laquelle il a été mis en examen et considérons l'étrange spectacle offert par tous ceux qui avec l'UIMM et ses dirigeants ont trouvé une formidable opportunité : celle de s'indigner à bon compte et, la main sur le coeur, de dénoncer pratiques et comportements heureusement assumés par un seul pour la plus grande sauvegarde de la plupart. Il est vrai qu'on n'est pas plus maladroit que DGS ! Ne sait-il pas encore que notre société adore donner des lecons de morale et que rien ne la mobilise plus que la vision de l'argent qui coule à flots dans le secret de coulisses impénétrables. Aujourd'hui, le mélange de la richesse et du slogan "on nous cache tout !" est dévastateur. L'envie aigre et sans doute compréhensible est portée à son comble. Les rares qui se privent, sans obérer substantiellement leurs revenus, sont très vite perçus comme des héros, des ascètes dans un monde de surabondance. Etonnant, d'ailleurs, comme seuls les délinquants et les patrons sont traités de voyous. Et tous les autres qui transgressent, partout ailleurs ?
Par cette prescription je veux seulement faire référence à l'émission "Faites entrer l'accusé" d'hier soir, consacrée à Luc Tangorre. Animée par Christophe Hondelatte, elle a innové puisque Tangorre, dont on narrait les péripéties judiciaires à la suite d'une double condamnation criminelle, était lui-même questionné et tentait de nous persuader, soutenu, en définitive, par ses seuls parents, qu'il avait été victime à chaque fois d'une tragique erreur. Le tour de force de l'émission a consisté à rendre claire une double procédure complexe, caractérisée par la commission et l'imputation, à des dates différentes, de plusieurs viols, des débats criminels difficiles à résumer, la synthèse de preuves, de charges et de dénégations, bref à faire oeuvre de pédagogie et de justice de manière remarquable. Ce n'était pas simple car il fallait, en même temps, dénoncer le scandale de ce soutien absurde longtemps prodigué à Tangorre et ne pas sacrifier la parole de celui-ci. A nouveau, on a pu percevoir que la réussite de "Faites entrer l'accusé" tenait d'abord à sa parfaite honnêteté, libérant un discours et des interventions pluriels de telle sorte que les affaires sont regardées et racontées sous divers angles qui, en se contredisant, s'enrichissent et donnent aux téléspectateurs la certitude d'une plénitude objective. Surtout, et c'est un point décisif, le réalisateur et l'animateur préférent la diversité et l'ambiguïté judiciaires à leur propre conviction. Jamais ils ne viennent troubler l'histoire passionnante, douloureuse et techniquement précise qu'ils exposent par l'immixtion d'états d'âme et de préjugés qui, leur étant strictement personnels, n'ajouteraient rien à la profondeur de l'émission. Cette indéniable excellence, cette objectivité exemplaire ont pour heureuse contrepartie le fait que les professionnels de la police, de la gendarmerie et de la justice n'hésitent pas à participer à cette télévision emblématique qui montre à quel point la rigueur et la bonne foi paient plus que la malignité tendancieuse.
Je me souvenais vaguement de toutes les polémiques et du comité de soutien qui avaient donné une aura discutable à la première affaire criminelle ayant abouti à la condamnation de Luc Tangorre à quinze ans de réclusion criminelle. Ils étaient là, tous là, les pétitionnaires habituels. Les juges sans savoir, les justiciers dans l'ignorance, les contempteurs par principe de la justice, les défenseurs patentés des fausses innocences proclamées et médiatisées. Marguerite Duras, François Sagan, Pierre Vidal-Naquet et son frère François, avocat, Gilles Perrault, Claude Mauriac et même à l'époque Jean-Claude Gaudin ! Le brouhaha médiatico-politique, l'action de la présidente du comité de soutien, Gisèle Tichané, un livre, ont abusé le président Mitterrand - qui n'était pourtant pas un naïf - puisqu'il a réduit de quatre années la durée de la peine de Luc Tangorre.
Celui-ci, quelques mois après sa libération conditionnelle, était interpellé pour le viol de deux étudiantes américaines. Les charges accablantes ont conduit la cour d'assises de Nîmes à condamner Luc Tangorre, assisté par rien moins que six avocats, à dix-huit années de réclusion criminelle, grâce aussi à la pugnacité vive et intelligente de l'avocate des deux parties civiles. Luc Tangorre bénéficiera d'une libération conditionnelle en 2000 et n'a plus fait parler de lui, sur le plan criminel ou délictuel, depuis cette date. Il est vrai qu'avec lui le compte était bon et plein !
Les remous médiatiques autour de Luc Tangorre éclairent bien plus que les dossiers lourds où il s'était trouvé impliqué. J'ai eu tort d'évoquer les frères Vidal-Naquet au milieu des pétitionnaires compulsifs. Certes, sans Pierre, beaucoup de personnalités ne se seraient pas mêlées de cette cause mais François a très vite fait preuve d'une lucidité méfiante. Pierre saura s'illustrer, plus tard, dans le Monde, par un article que nos médiocres Zola d'aujourd'hui devraient méditer. En effet, il présentera ses excuses publiques en ayant le courage de reconnaître que sans son action initiale et celle de ses soutiens, le viol des deux américaines par Luc Tangorre n'aurait pas eu lieu. Contrition qui, dans la caste intellectuelle, a été rare, voire unique. Les pourfendeurs improvisés et ignorants n'aiment pas se retourner sur leurs pas et sur leurs erreurs. Ils ont déjà fait beaucoup d'honneur à la société en acceptant de sortir de leur sphère de compétence et d'activité ! Rien n'a changé. De Gilles Perrault qui a cherché à nous "refiler" l'innocence de Christian Ranucci derrière une légitime dénonciation de sa peine de mort à Jean-Marie Rouart qui s'est senti poussé des ailes de Voltaire en miniature avec Omar Raddad, les intellectuels qui ne connaissent rien à la chose criminelle, généralement n'ont pas assisté aux procès qu'ils dénigrent et croient sur parole ce que la mythologie de l'erreur judiciaire leur susurre à l'esprit - la journaliste, dans l'émission, ébahie par l'air de sincérité de Luc Tangorre, Gilles Perrault affirmant qu'il était inconcevable de ne pas lui faire confiance, il semblait si vrai ! - n'ont pas disparu. Au contraire. En effet, moins on a de maîtres incontestables sur le plan de la pensée, de la vision sociale et de la morale publique, plus on retrouvera ces personnalités limitées dans les domaines de l'éthique facile, des causes confortablement médiatiques et des combats aujourd'hui vite menés et aisément gagnés : ceux qui s'en prennent aux institutions d'ordre et d'autorité, ceux qui ont un faible pour les transgressions.
Oui, alors, faites entrer les coupables ! A côté de ceux qui fuient leur responsabilité judiciaire, qui n'osent pas assumer parce qu'ils ont peur ou qu'ils espérent un quelconque comité de soutien, il y a les parasites qui viennent se greffer sur leur culpabilité en prétendant ne pas la voir, qui prospérent dans les médias et jouent à se croire quelqu'un d'autre. Zola, Voltaire ou Sartre, par exemple.
Ceux qui ont commis le crime seront sanctionnés. Pas ceux qui égarent l'opinion. Les journaux devraient être emplis d'excuses publiques.
Rédigé par Monsieur SOCRATE le 11 février 2010 à 09:34
Si Monsieur Bilger me le permet, je vous recommande ce site, a moins que vous ne le connaissiez deja.
Je le consulte regulierement pensant, sans doute a tort, que la verite sortira un jour.
Justice & Affaires criminelles
www.justice-affairescriminelles.org
Cliquer sur "Affaire R"
puis vous entrez sur le forum de discussion, les debats y sont toujours animes et la passion regne parfois en maitre... etrange pour une affaire si ancienne !
Rédigé par : Valerie | 11 février 2010 à 14:55
Bonjour M.Bilger,
Je vous connais au travers des émissions de télé, de vos livres, en clair j'apprécie beaucoup votre liberté de ton, aussi je me permets de vous communiquer mes constatations suite à la lecture d'un livre.
J'ai lu avec une attention particulière l'ouvrage de Gérard Bouladou : "Autopsie d'une imposture - Toute la vérité sur le pull-over rouge".
La vérité est au fond du puits....pour longtemps encore.
Il y a sans nul doute contradiction entre le PV de gendarmerie d'Aubagne qui expose la découverte du corps de la victime Marie-Dolorès Rambla, le 5 juin 1974 à 15h 45 (page 27) et le télégramme officiel de la sûreté urbaine de Marseille au préfet de la région Provence Côte d'Azur en date du 5 juin 1974 (page 332) « suite enlèvement de Marie-Dolorès Rambla la brigade de gendarmerie de Gréasque vient de découvrir aujourd'hui à 14h 00 le corps d'une enfant de sexe féminin correspondant par l'âge, le signalement et les vêtements à la jeune disparue... voiture Peugeot 204 N° 1369 SG 06 propriétaire nommé Ranucci Christian... »
Donc deux découvertes du corps !
Autres faits troublants qui laissent profondément interrogateur, il existe deux PV de découverte du couteau, un en date du 5 juin 1974 dressé par la brigade de gendarmerie de Gréasque (page 159), un autre en date du 6 juin dressé par la brigade de gendarmerie d'Aubagne (page 331).
Donc deux découvertes du couteau !
Enfin, la découverte du couteau sous 20 centimètres de fumier, ou de tourbe, ou de terre (c'est selon suivant l'auteur) est faite à l'aide d'un appareil de détection électromagnétique, appelé plus techniquement détecteur de mines, ledit appareil n'ayant pas a priori, du moins pour les modèles de cette époque, la possibilité de détecter des métaux à une telle profondeur.
Et pour cause, les mines ne sont jamais enterrées à une telle profondeur, au risque d'être inefficaces.
Il y a bien d'autres contradictions, le lecteur se fera sa propre impression, sans oublier de lire l'ouvrage de Maître Jean-François Le Forsonney - avocat de Ranucci - pour se faire une idée objective.
En tout état de cause, à défaut de vérité, cet ouvrage pose plus de questions nouvelles qu'il n'apporte de certitudes.
Je ne sais pas si Ranucci est coupable. Je ne sais pas si Ranucci est innocent.
SOCRATE (juriste)
Rédigé par : SOCRATE | 11 février 2010 à 09:34
http://www.laprovence.com/actu/region-en-direct/lavocat-de-christian-ranucci-est-mort
"L'avocat de Christian Ranucci est mort
Publié le jeudi 31 décembre 2009 à 11H44
Sa disparition a profondément attristé les barreaux de Marseille et de Paris où l'on salue la mémoire de cet avocat reconnu et discret. Me Jean-François Le Forsonney est décédé la semaine dernière à l'âge de 60 ans. Il avait entamé sa carrière en ayant la lourde tâche de défendre, au côté de Me Lombard, Christian Ranucci, condamné à mort pour le meurtre de Marie-Dolorès Rambla."
"Cette affaire me colle à la peau", écrivait-il en 2006 dans un livre intitulé "Le fantôme de Ranucci". Pour Me Lombard, "c'était un homme de courage, de simplicité et de talent. Le vrai talent, celui qui vient du coeur. Le vrai courage, celui sans lequel un homme est un infirme de l'âme. Nous avons vécu ensemble l'horreur judiciaire. Nous n'en parlions jamais parce que nos blessures étaient si profondes que les mots capitulaient. Pour moi, Jean-François était dans le sens le plus complet du mot "un avocat". Depuis qu'il n'est plus, la défense est en deuil."
"Me Mattei, bâtonnier de Marseille, salue également "un homme brillant, aux grandes qualités". Ses obsèques devraient avoir lieu le 7 janvier à Saint-Cloud."
En consultant parfois un certain forum qui traite de cette terrible affaire criminelle (devenue rapidement mediatique) qui a agite la France des annees 70, je viens de lire cette triste information qui ne semble pas avoir ete divulguee dans la presse Nationale. Paix a l'Ame de ce Monsieur.
Rédigé par : Valerie | 06 janvier 2010 à 15:57
Tchernozium, l'affaire Tangorre ne manque pas "d'arrangements" elle non plus.
L'émission "Faites entrer l'accusé" est le plus convaincant des trompe l'œil...
Si vous en doutez :
http://www.justice-affairescriminelles.org/Affaire_Tangorre/forum/viewtopic.php?p=70760&highlight=#70760
En tout cas je vous félicite de ce que vous écrivez au sujet de l'affaire Ranucci.
Rédigé par : Diego | 08 février 2009 à 03:36
Bonjour M. Bilger,
de retour sur la page de ce billet de mars dernier, je vous informe de la récente mise en ligne du dernier texte de mon blog, consacré (entre autres) aux fausses erreurs judiciaires :
http://chatborgne.canalblog.com/archives/2008/12/23/11843047.html
Bon dimanche à vous et aux lecteurs et lectrices du site !
Frédéric Valandré.
Rédigé par : Frédéric Valandré | 28 décembre 2008 à 17:13
Ne comparez pas l'affaire Tangorre et l'affaire Ranucci.
Dans le cas de l'affaire Ranucci les policiers ont rafistolé une enquête qui partait en décomposition en "arrangeant" les deux seuls éléments matériels du dossier : ils ont rendu la voiture pour que sa mère la reconduise dans le garage et sont venus la chercher un dimanche soir en douce pour subtiliser un pantalon et faire croire qu'il avait été saisi dans le coffre de la voiture.
Ils ont été replanter un couteau saisi la veille par les gendarmes pour faire croire que Ranucci avait indiqué l'endroit.
C'est tellement minable d'obtenir la tête d'un jeune homme de 22 ans sur des pièces arrangées que cela ne vaut pas le coup de faire des comparaisons hasardeuses...
Rédigé par : Tchernozium | 26 avril 2008 à 23:50
@ sbriglia
Je vous trouve bien arrogant !
Rédigé par : Thomas | 15 avril 2008 à 12:24
Bravo M. l'avocat général, vous êtes à la hauteur, comme vous l'êtes quand vous êtes l'invité de C dans l'air, vous n'avez pas la langue de bois.
Vous avez la chance d'avoir une position dominante, moi simple correspondant de presse ai plutôt des menaces de mort si j'ose dire la vérité sur certains agissements, si vous avez le temps voyez mon blog je vais inviter mes lecteurs à vous lire. Salutations lechaponoir
mon site : http://newsvalro.over-blog.com
Rédigé par : Morin gérard | 21 mars 2008 à 05:53
"Désolé la consonance de votre pseudo me paraissait féminin."
Diego, lorsque j'écris "j'ai été fasciné..." cela vous paraît féminin comme tournure ?...
D'où mon légitime questionnement sur l'approfondissement de vos lectures....
Fin de la boutade!
Rédigé par : sbriglia | 10 mars 2008 à 06:37
@ sbriglia
Désolé la consonance de votre pseudo me paraissait féminin.
Rédigé par : Diego | 09 mars 2008 à 19:27
@ sbriglia
J'avoue ne pas comprendre votre message. Votre première phase, sibylline, absconse, me laisse songeur. Pouvez-vous développer, argumenter ? De quels livres parlez-vous ? Lorsqu'on émet un avis (le vôtre est respectable, chacun ses illusions ; après tout les miennes n'ont peut-être rien à envier aux vôtres), n'est-il pas plus constructif d'aborder le fond ? Pour être si sûr de vous, vous devez parfaitement connaître le dossier ? Mais si vous pensez que l'émission de C.HONDELATE vous a permis d'acquérir une connaissance exhaustive de cette affaire, attendez-vous à de sacrées surprises... Des arguments, émis au masculin ou au féminin, restent des arguments, je ne vois pas en quoi cela perturbe ou altère la qualité d'un échange. Au masculin ou au féminin, des idées développées ne valent que par leur force de persuasion, rien de plus. Or, vous me répondez, et je vous en remercie, sans jamais apporter la moindre réponse à mes questions. J'en pose donc une autre : si, je dis bien si, l'émission a travesti la réalité du dossier, trouveriez-vous cela normal ?
Cela dit, je comprends le respect et l'admiration des internautes envers Philippe BILGER, le fait de permettre une libre expression, bien réelle et entière, sur son BLOG, en dit long sur la valeur humaine de cet homme.
Oh pardon d'être long à la détente
Rédigé par : Diego | 09 mars 2008 à 19:13
Bonjour,
Je suis tout à fait comblée par le niveau des débats sur ce blog et je remercie Monsieur Bilger et tous les intervenants.
Je n'ai pas fini mes autres commentaires mais je tiens à vous faire part de ma perplexité au sujet de l'affaire Tangorre.
En effet j'ai regardé l'émission avec beaucoup d'intérêt, mais à la fin je me posais encore la question si c'est bien lui le coupable et quelle était la preuve de sa culpabilité. Je vous dirai même que cela m'a préoccupée et je ressentais un certain malaise. Mon petit côté Agatha Christie m'a poussée même à imaginer tout le contraire. Par exemple le premier violeur ne pouvait-il pas se déguiser en L.T. pour revioler en toute tranquillité et égarer la police ??? Pantalon blanc et tennis et voiture verte et des livres à l'arrière ceci est à la portée de tout le monde surtout après toute la médiatisation. Cela ne me paraît pas impossible et l'enquête n'a pas démontré son impossibilité non plus ; j'ai retenu que les dires de la première petite amie de L.T. avaient été capitaux, car si j'ai bien compris elle aurait fréquentée ce petit endroit avec L.T. mais est-ce suffisant ? Et cela ne prouve-t-il pas en plus que quelqu'un d'autre s'y était aventuré ? Je n'ai pas bien suivi mais je crois qu'elle n'avait pas dit avoir été violée à cet endroit.
j'adhère donc totalement aux questions soulevées par DIEGO, et j'y vois les prémisses d'un nouveau "Douze hommes en colère" !
Pourquoi pas ? Je suis tout à fait partante.
Cette idée que quelqu'un a fait 18 ans de prison pour payer le crime d'un autre même si cela n'est qu'à un pour cent me révolte.
Comme dit Diego "Une aberration demeure : pour se persuader de la culpabilité de Tangorre dans l’affaire de 1981, il faut avaliser sa supposée récidive de 1988, et inversement admettre que Luc Tangorre était bien un violeur en 1981 pour se convaincre sans preuve qu’il ne pouvait que le demeurer en 1988. Est-ce en se mordant la queue que la vérité a le plus de chance de retomber sur ses pattes ?"
Cela pose tout le problème de la Récidive, qui a tendance actuellement à prendre la place de la Rechute. Puisque la mode actuelle c'est la suppression de toute différenciation entre crime et trouble psychiatrique et l'effacement de la loi 1938. (j'y reviendrai)
Être en état de récidive, c’est avoir réitéré dans sa conduite dolosive. On peut prétendre que le récidiviste est moins coupable que le délinquant primaire : d’une part, en effet, si l’on considère le délinquant comme un « malade » et le séjour dans un établissement pénitentiaire comme une période curative, on peut prétendre alors qu’il a mal été soigné ; d’autre part, positivement, le fait de tenir compte de l’existence d’une condamnation antérieure pour prononcer la condamnation présente revient pratiquement pour le magistrat à revenir sur la première, donc à méconnaître, dans une certaine mesure, la règle non bis in idem, règle suivant laquelle on ne peut remettre en question ou juger deux fois la même affaire. Toutefois, la société tient à se prémunir contre les récidivistes plus efficacement que contre les délinquants primaires car les premiers présentent un caractère de danger social plus élevé, ayant deux fois au moins manifesté leur asocialité.
J'y reviendrai quand je terminerai mon commentaire sur la peine de rétention.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval uzan | 09 mars 2008 à 18:49
"Je dis néanmoins la même chose que l’une de vos admiratrices, telle qu’elle s’exprime sur votre BLOG..."
@DIEGO : si vous lisez les livres comme vous changez les sexes, la vérité n'est pas prête de gagner la bataille...
Rédigé par : sbriglia | 09 mars 2008 à 16:56
Monsieur BILGER, sur votre BLOG, je vous avais posé la question de savoir si LUC TANGORRE était sorti en 2000 en libération conditionnelle comme vous l’affirmez (en écho à l’émission de C. HONDELATTE) et je me demandais qui de vous ou de ses partisans disait la vérité à ce sujet. A propos, il n’y a pas que son père et sa mère à le croire innocent. Beaucoup d’autres, ce qui revient presque au même, pensent que sa culpabilité n’a pas été prouvée, ni dans la première affaire ni dans la seconde. Pourquoi feint-on d’ignorer l’existence de deux livres parus à ce sujet ? Nombres de lecteurs informés différemment se posent quand même des questions, et vous dites le contraire sur votre BLOG. On peut également se demander pourquoi vous comptez six avocats sur les bancs de la défense en cour d’assises à Nîmes. Compter jusqu’à cinq n’est pas au-dessus de vos ressources (loin s’en faut à apprécier la finesse de votre esprit), mais je vous sens tellement imprégné, comme d’ailleurs C. HONDELATTE de la culpabilité de TANGORRE, qu’on est en droit de se demander si cela n’altère pas quelque peu vos facultés arithmétiques de base. Ce brillant présentateur ne semble plus savoir compter jusqu’à deux lui non plus : il n’y aurait donc plus qu’un seul avocat sur les bancs de la partie civile… Maître Charly Bensard se serait donc envolé en fumée ?
Commettre quelques erreurs et relayer quelques inexactitudes, oui bien sûr cela peut arriver à tout le monde, mais force est de constater, en ce qui concerne l’émission d’HONDELATTE et les commentaires qui s’y rapportent sous votre plume, qu’elles se produisent toujours dans le même sens, au profit de vos interprétations jumelles du dossier. Dans le livre de Marie Laffranque et Claire-Lise Foiret, je n’ai pas rencontré ce genre de dérives et d’extrapolations. Cela fragilise quand même vos propos en crédibilisant les leurs..
Je dis néanmoins la même chose que l’une de vos admiratrices, telle qu’elle s’exprime sur votre BLOG, à savoir :
« Comme vous, comme je le suppose aussi chez ceux qui ont regardé cette remarquable émission, j'ai été fasciné par le décalage entre la logique et l'émotion, entre le réel et l'illusion ».
A une différence près, le camp des illusionnistes est-il vraiment celui qu’elle dit, celui qu’elle croit, faute d’informations plus complètes et moins orientées ?
Pour qui connaît suffisamment ce dossier, force est de constater que l’affaire a été présentée de façon partielle et partiale. Je m’explique :
1°) Expliquer l’affaire en prétendant que les certificats médicaux (auxquels j’ai eu accès) corroborent en tous points les déclarations des accusatrices de Tangorre relève de la désinformation.
2°) Prétendre que les trois reconstitutions du parcours ont permis de rendre crédible le scénario retenu contre Tangorre relève d’un tour de passe-passe très acrobatique. Pourquoi dans ce cas avoir procédé à trois rétrospectives du parcours dont la première avortée à mi-parcours en raison d’impossibilités majeures ? Sans entrer dans les détails, il suffisait de prendre le véhicule de Tangorre, un jour de Pentecôte, pour partir à 19 H 10 de Marseille et voir s’il était possible d’arriver « une heure à trois quart d’heure avant la tombée de la nuit » en faisant un plein au relais des chasseurs. Cela correspond tout simplement à la déposition de Jennifer et Carole.
1ère reconstitution 40 mn pour se rendre à la station.
2ième reconstitution 26 mn.
3ième reconstitution 24 mn.
En étudiant le dossier, on constate la seule volonté de Madame LAPORTE de gommer toute invraisemblance concernant le parcours. Il y avait pourtant matière à contradictions de l’aveu même de la chambre d’accusation qui avait, quant à elle relevé, je cite, « des incohérences » lors du transport précédent. La démarche de Claudine LAPORTE n’aura hélas consisté qu’à la planification du parcours idéal préétabli et planifié en compagnie des Américaines les jours précédents.
-Le départ s’effectuera à 18 H 55. (1 quart heure rogné)
-Le plein ne se fera pas (autre quart d’heure escamoté : on fait la queue pour un plein ce jour là, à cet endroit, à ces heures)
-On refuse d’utiliser la voiture de Tangorre plus poussive qu’une 4 L de gendarmerie préparée pour poursuivre des suspects.
-On ne passe pas à Arles comme il avait toujours été dit avant le constat d’impossibilité (40 mn de plus).
-On ne passe plus devant le palais des papes, on se contente de l’apercevoir au loin (20 mn de plus pour passer devant).
-On prend l’autoroute payante et l’on se fait ouvrir les portiques pour prendre un raccourci.
Pourtant, cette succession de « coupes franches » aux antipodes de l’honnêteté intellectuelle, ne suffira pas à faire arriver le convoi une heure avant la tombée de la nuit. Le convoi arrive précisément un quart d’heure après le coucher du soleil. Les images d’archives en témoignent aussi bien que le procès-verbal qui détermine l’heure d’arrivée (le soleil s’est couché à 21 H 06 ce jour-là… On voit bien que les phares du convoi sont allumés à l’arrivée dans le verger incriminé).
3°) Ne pas seulement évoquer les noms de Vittorio DEL ANDREA (le dossier dans le dossier à en croire le nombre de cotes), de Claire Lise FOIRET, de Frédérique FOIRET, de madame EMMINET, et du vitrier qui atteste de la présence de LT aux heures incriminées (demande de révision), procède justement d’un tour de passe-passe singulier. Expliquer cette affaire aux téléspectateurs sans même évoquer le plein d’essence que Luc Tangorre est censé avoir fait deux fois le même jour, à cinquante kms d’intervalle relève également d’une malhonnêteté intellectuelle caractérisée.
4°) Au procès l’avocat Général a assuré que la baquette était fixe. Or, lorsque M. Tangorre père la récupère dans les locaux de la gendarmerie en compagnie d’un huissier, celui atteste qu’on ne peut la fixer d’aucune sorte. Qui ment, qui extrapole ?
Bref, l’on pourrait épiloguer sur chaque point du dossier, quelque chose ne tourne pas rond dans cette affaire, la double personnalité : oui, si des preuves viennent étayer cette séduisante interprétation : groupage de spermes ? Empreintes génétiques ? Empreintes digitales des américaines dans le véhicule ? Empreintes de pas des chaussures de Tangorre auprès du véhicule lorsqu’il en descend dans le chemin de terre ?…. Non, rien de tout ça, seulement une accusation sur laquelle tout repose, exactement comme dans l’affaire d’OUTREAU…
Que l’on croie Tangorre ou non coupable n’a que bien peu d’importance alors. Pour ma part, j’ai toujours rêvé d’une justice qui ne se contenterait pas d’aveux ou d’accusations en guise de preuve de culpabilité. Mais plutôt une justice qui justifierait ses décisions en alignant des preuves dignes de ce nom. Encore une fois : une accusation, même en doublon, n’est pas une preuve.
Pour ce qui est de votre ouverture d’esprit, je la reconnais, puisque mes écrits précédents sont effectivement passés sur votre BLOG (je m’attendais au contraire). Etant un internaute tout nouveau, je peux donc en déduire que je suis seul responsable d’une maladresse dans le transfert de ma question et je vous présente bien volontiers des excuses pour avoir supposé votre volonté d’évincer du débat ceux dont l’approche de ce dossier (en tout point conforme à celle de l’émission Faites entrer l’accusé) est différente de la vôtre.
Pour résumer le fond de ma pensée, je ne dis pas que Tangorre est innocent, je n’en sais rien en réalité. Je dis ceci en revanche : personne ne m’a démontré, sauf à réduire le dossier à la présentation qu’en a fait C. HONDELATTE, que Tangorre était vraiment coupable de manière indiscutable. Vous affirmez le contraire. Tangorre, lui, dit : « la vérité a perdu la bataille ». J’ignore quant à moi si elle l’a gagnée. Et bien malin qui peut le dire à part Jennifer, Carole ou Luc. Je dis aussi que je discerne peu de désinformations dans le camp, minoritaire certes, de ceux qui continuent à se poser des questions, et beaucoup d’oublis ou d’esbroufes chez les détracteurs de Tangorre. Cela m’interpelle quand même. Si montage il y a eu, il a réussi. Dans ce cas, la naïveté n’appartiendrait plus aux partisans de LT, et il faudrait détrôner ce dernier de l’oscar pour la meilleure interprétation afin de le décerner à Jennifer et Carole. A méditer de mon point de vue, surtout après avoir vu le calque du livre…
Rédigé par : Diego | 09 mars 2008 à 16:19
@ Laurent
"Ce qui m'a choqué en revanche, c'est que Valéry Giscard d'Estaing n'ait pas daigné gracier Ranucci. Dans le doute, quand même..."
"L'audience auguste fut fixée. Paul Lombard tint à y aller seul. Dois-je cacher que je lui en ai voulu ? Depuis, nous nous sommes expliqués. Inutile de refaire la Marne. Pourtant, si mon âge avait pu être jusqu'ici un handicap, j'aurais pu tenter, sans trop me forcer, de jouer, sans qu'on prenne forcément ce mot de travers, de cette proximité de génération. La réclusion à perpétuité n'est pas une plaisanterie. Nous ne demandions ni pardon, ni absolution, ni même qu'on nous entende enfin sur l'existence d'un doute indiscutable. Mais son extrême jeunesse, l'absence d'antécédent, de dangerosité, cette procédure indigne..."
Extrait "Le fantôme de Ranucci" - Jean-François Le Forsonney, 2006. JFLF fut le jeune avocat chargé de la défense de Christian Ranucci.
A ce moment-là il n'était pas question du doute tel que vous le concevez aujourd'hui.
Personne ne peut savoir si JFLF aurait réussi à inverser les choses. Mais je pense que ce paragraphe contient beaucoup de ce dont CR a été privé dans sa défense.
Rédigé par : Véronique | 08 mars 2008 à 19:23
Je ne connais pas l'affaire Tangorre. Ce qui m'a choqué en revanche, c'est que Valéry Giscard d'Estaing n'ait pas daigné gracier Ranucci. Dans le doute, quand même...
Rédigé par : Laurent Dingli | 08 mars 2008 à 11:25
M. le juge, vous n'avez pas cru opportun d'accepter le commentaire émis à propos de l'affaire LT. Vous ne répondrez donc pas à la question posée. J'en déduis deux choses : 1°) que LT n'est pas sorti en libération conditionnelle comme le prétend l'émission Faites entrer l'accusé. Je sais maintenant qui dit la vérité et qui se soustrait aux questions embarrassantes dans ce dossier. 2°) L'alignement de position que vous affichez aussi ouvertement envers les commentaires de Monsieur Hondelatte doit définitivement convaincre toute personne douée de raison que vous utilisez les mêmes procédés déplorables en matière de dialectique. La contradiction n'existe donc qu'en apparence sur votre blog avec le même souci d'occulter les questions embarrassantes. Quand on se targue d'avoir raison sur un dossier, on doit pouvoir répondre sans ambages aux questions d'éventuels contradicteurs. Je croirai donc à la culpabilité de LT lorsque celle-ci me sera démontrée et pas avant. Il existe effectivement 1000 preuves de la culpabilité de Tangorre si l'on part du postulat que les américaines ont toujours dit la vérité. Inversement, il n'en existe plus aucune si l'on admet un ou plusieurs mensonges de leur part. Or, le schéma d'un livre entr'aperçu dans des conditions traumatiques et reproduit (calqué en réalité) deux mois plus tard pose objectivement la question de leur sincérité. Si elles ont menti sur ce point comme c'est de mon point de vue démontré, pourquoi n'auraient-elles pas menti sur toute la ligne ? D'ailleurs, cela dit en passant, et contrairement à ce qui est dit dans l'émission, les certificats médicaux n'ont jamais corroboré le viols de façon indubitable ("d'après ses dires.... bien que l'on ne constate aucune lésion....on peut penser qu'elle a subi un rapport de force"... ce sont les termes du rapport). Cela rejoint d'ailleurs l'impression première faite auprès des gendarmes sur l'incongruité de ce double viol. A-t-il vraiment existé ? Si le fait d'être décrit parfaitement ainsi que son véhicule est une preuve de culpabilité, alors tout le monde peut accuser tout le monde. Parlons plutôt d'empreintes digitales, génétiques etc…. De véritables preuves en somme. Où sont-elles dans l'affaire LT ? Sa présence sur les lieux est-elle seulement démontrée d'une façon quelconque ? Oui, décidément oui, cette affaire me désarme car le fait que l'on soit conduit systématiquement à évoquer la thèse de la double personnalité ne fait que souligner en réalité l'absence de preuve digne de ce nom. Rien ne colle. N'oubliez pas, monsieur le juge, que 7 témoins sont venus dire à la barre que LT ne pouvait se trouver à Nîmes aux heures incriminées. L'émission de C. Hondelatte, partiale et partielle pour qui connaît le dossier, n'a présenté que les 3 plus fragiles (père, mère, amie qui se rétracte) pourquoi banaliser les cinq autres tous recevables ? (4 autres au procès, plus un nouveau dans la demande de révision). N'oubliez pas non plus que dans le cadre de la première affaire, pas moins de quatre alibis ont été immédiatement présentés. L'émission n'a évoqué que les deux plus fragiles (hôpital et bal). Qu'en est-il des témoins Eve Tsyguris, Patricia Schacherer et Gilles Fraudet qui ont toujours attesté de la présence de LT la nuit ou se perpètre deux agressions. Qu'en est-il encore de la présence de LT dans le Vaucluse au moment où une agression est commise à Marseille comme en atteste la famille Bourdon. Or, ne perdez jamais à l'esprit que, les deux affaires confondues, cette vingtaine de témoins (à l'exception d'un seul dont l'explication de rétractation à l'antenne m'a convaincu) ont tous confirmé sans exception l'emploi du temps de LT. Comment soupçonner ces témoignages de collusion puisque LT se trouvait en prison sans le moindre risque de concertation. Car enfin, tous ces gens qui ne se connaissent pas entre eux auraient-ils tous, simultanément et d'emblée, décidé de protéger, d'abord un violeur, puis, pire encore, un violeur récidiviste ? Non, décidément non, l'affaire est moins claire qu'on ne veut bien le dire.
Quant aux frères Vidal-Naquet, je suis stupéfait des commentaires de l'avocat François lors de l'émission. Déontologiquement, cet homme aurait dû embrasser votre carrière et non la sienne… Que fait-il sur les bancs de la défense ?
Pierre Vidal-Naquet s'est effectivement fourvoyé dans l'affaire Luc Tangorre, soit en prenant sa défense dans les années 80, soit en s’excusant de l'avoir fait dans les années 90. La vérité n'a rien à voir avec le nombre ni la qualité des personnes qui s'arrogent le droit de la détenir. La seconde position de l'historien s'avère d'autant plus légère qu'il n'a pas pris la peine de seulement assister au procès de Luc Tangorre à Nîmes en février 1992. On pouvait quand même espérer le contraire tant son implication était grande dans ce dossier de 1985 à 1988. Si tel avait été le cas, sans doute aurait-il su, au minimum, que les viols reprochés à son ancien protégé ne l’étaient pas à la date du 29 mai 1988. Pourquoi ceux qui ont fait l’effort de suivre intégralement les débats émettent-ils des avis opposés au sien ? Ce dernier se serait-il contenté, depuis Paris, de s’aligner sur des positions relayées par des media acquises aux thèses accusatoires ? C’est bien ce que semble laisser penser «Les ombres d'un dossier » (Roger Colombani) ou encore « Chronique d'une condamnation annoncée » (Marie Laffranque et Claire-Lise Foiret). En réalité, l’affaire Tangorre est bien moins élucidée qu’on a voulu le prétendre. La seule chose indiscutablement prouvée dans ce dossier est l’erreur de Pierre Vidal-Naquet, soit lorsqu’il se fit le chantre de la révision du condamné, soit lorsqu’il renia ce combat sans s’assurer (par lui-même au procès) du bien-fondé de ses nouvelles positions. Par contre, la culpabilité de Luc Tangorre n’a jamais été prouvée, ni dans la première affaire, ni dans la seconde que d’aucuns soupçonnent de montage. Une aberration demeure : pour se persuader de la culpabilité de Tangorre dans l’affaire de 1981, il faut avaliser sa supposée récidive de 1988, et inversement admettre que Luc Tangorre était bien un violeur en 1981 pour se convaincre sans preuve qu’il ne pouvait que le demeurer en 1988. Est-ce en se mordant la queue que la vérité a le plus de chance de retomber sur ses pattes ?
Pour conclure, Paul Lefebvre (référence judiciaire sur Antenne 2 à l'époque), l'un des seuls à suivre assidûment les débats, écrira dans la préface du livre de Roger Colombani, je le cite, que "personne ne peut dire aujourd'hui que les verdicts qui l'ont condamné ne sont pas des erreurs judiciaires".
Lui se trouvait au procès, et vous, y étiez-vous ?
Quant aux deux livres écrits, l'émission de C. Hondelatte ignore leur existence à des fins partisanes. Les avez-vous seulement lus avant d'émettre des avis aussi tranchés et catégoriques ?
Bref, vous pouvez continuer à tirer à boulet rouge sur Luc Tangorre, vous ne réussirez à convaincre que ceux dont l'information n'arrive que biaisées jusqu'à leurs oreilles. Les autres, sans affirmer l'innocence de Luc Tangorre, se posent plus de questions, en particulier celle de savoir pourquoi la prophétie du marabout François Vidal-Naquet ne s'est pas réalisée avec plus de logique encore : trois mois (il s'en était donné six) pour avoir une réponse dans le premier cas, et combien dans le second ? Des siècles ?
La vérité ne marche décidément pas d'un pas assuré dans ce dossier, ce sera mon dernier mot.
Ou plutôt non, encore une phrase : si vous acceptez enfin de faire apparaître un avis différent sur votre blog, alors je penserai que vous êtes un homme juste et raisonnable, un homme d'ouverture, et que, donc, c'est peut-être vous qui détenez la vérité dans ce qui, à mes yeux, demeure une énigme.
Rédigé par : diego | 08 mars 2008 à 06:20
Je vous rejoins pour l’essentiel de votre propos. C’est d’ailleurs un thème que vous avez déjà évoqué à diverses reprises. Il est en effet prématuré de vouer l’UIMM et son ancien président aux gémonies. Je comprends bien, il est vrai, la colère de Laurence Parisot qui tente désespérément d’améliorer l’image du patronat dans notre pays et voit, régulièrement, ses efforts réduits à néant par le comportement irresponsable et l’avidité de quelques-uns. Mais, puisqu’elle ignore les détails de cette affaire - ainsi qu’elle le confesse elle-même - il est sans doute trop tôt pour désigner des coupables à la vindicte populaire. On pourrait aussi s’interroger sur la différence de traitement médiatique dont est victime un patron comme Denis Gautier Sauvagnac, qui se retire avec 1,5 millions d’euros, alors que l’ancien PDG de Renault, Louis Schweitzer était arrivé en tête des revenus 2006, comme vous l’aviez vous-même noté, avec la coquette somme de 11,9 millions d'euros, jouissant notamment d’une "belle plus-value de stock-options". 11,9 millions d’euros c’est l’équivalent de près de mille ans de SMIC gagnés par un seul homme en une seule année... Et ce sont les mêmes qui viennent nous asséner des leçons d’égalité et de justice sociale. Louis Schweitzer ? : l’ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius au temps des écoutes de l‘Elysée et du sang contaminé, ce bien-pensant moralisateur, directeur de la HALDE, a donc bénéficié d’un traitement de faveur médiatique. Pourquoi s’en étonner ? Louis Schweitzer est la parfaite incarnation de cette gauche caviardée, hypocrite et méprisable dont le discours est altruiste et le portefeuille toujours très bien garni. En 1999, les Britanniques lui ont décerné le Prix de la carpette anglaise, une distinction qui lui va à merveille.
Rédigé par : Laurent Dingli | 07 mars 2008 à 09:46
"Excellent billet comme bien souvent."
Je vais même m'avancer plus loin encore :
"Excellent fil, comme dab"
Sissi !
sinon :
"Les journaux devraient être emplis d'excuses publiques."
que de :
"faut coupables faux coupables !", c'est un fait que c'est un méfait presque quotidien avec les dits-journaux concernés de la dernière pluie mais jamais consternés ou presque !
Rédigé par : Faux Cactus rebondissant sur Olivier . | 06 mars 2008 à 10:45
"Faites sortir les innocents" aurais-je envie de dire en écho... Je n'ai pas regardé cette émission, pas plus que les précédentes et pas plus que les suivantes... un numéro m'a suffi. Je n'aime pas le voyeurisme qu'induisent ces émissions, fussent-elles bien faites. Elles sentent trop le sang encore chaud pour que je puisse les regarder sans malaise. Je préfère, et de loin, la fiction d'un Collector Bone de Jeffrey Deaver ou de Seven. Cela dit je comprends mal cette difficulté que semble avoir notre justice à se remettre en question, son absence de doute. Qu'il y ait eu des erreurs à propos d'"erreurs judiciaires" (et encore c'est à voir) ne signifie pas pour autant que la justice a toujours raison. J'aimerais tant par exemple qu'elle réexamine enfin en toute sérénité et sérieux l'affaire Mis et Thiénot avant que Raymond Mis meure à son tour. Quant à Christian Ranucci je l'aurais préféré coupable mais libre que la tête tranchée.
Rédigé par : catherine A. | 06 mars 2008 à 10:35
"De Gilles Perrault qui a cherché à nous "refiler" l'innocence de Christian Ranucci derrière une légitime dénonciation de sa peine de mort"
Même si je souscris pleinement à votre billet, je vous trouve un peu dur avec Gilles Perrault. "Le pull-over rouge" ne démontre pas l'innocence de Ranucci mais pointe les insuffisances de l'enquête et des charges qui auraient du conduire à un acquittement "au bénéfice du doute" de Ranucci.
Cette affaire a d'ailleurs fait l'objet d'un des tout premiers numéros de l'émission "Faites entrer l'accusé" qui aboutissait à la même conclusion. Je me souviens très bien qu'au cours de cette émission, Gilles Perrault affirmait avoir rédigé son livre en pensant au bénéfice du doute et que ce n'est qu'ensuite qu'il a été convaincu de son innocence.
Rédigé par : Mussipont | 06 mars 2008 à 08:28
Je n'ai pas vu l'émission de C. Hondelatte.
Au sujet de Christian Ranucci.
Il y a quelques jours, dans le blog d'Eolas, en lisant un commentaire où était évoquée cette affaire, j'ai retrouvé la profonde tristesse et la colère que j'avais ressenties quand Christian Ranucci a été exécuté.
Cette exécution a beaucoup compté dans ma façon de regarder la justice.
Ce n'est pas du tout parce que je pense Christian Ranucci innocent. J'ai dit dans le blog d'Eolas que je n'en sais strictement rien.
Mais, à l'évidence, pour moi, une affaire emblématique, déjà, de la confusion justice-politique-médiatique. Avec, de la part de la défense de CR un sorte de préférence pour le rendu médiatique d'alors. Au détriment d'un encadrement du très jeune avocat chargé alors du travail du dossier.
Et par la suite, des publications, comme celle de G. Perrault, et des films essentiellement orientés contre l'accusation. Ce qui comptait en premier, c'était de ne faire que le procès de l'enquête, de l'instruction et de l'accusation.
J'en étais malade d'écrire que la désinvolture professionnelle a, selon moi, caractérisé la défense de ce garçon de 20 ans.
J'en étais malade parce que, après coup, il est toujours très aisé de juger les uns et les autres.
Mais le mot désinvolture exprime au plus près ce que je pense.
Rédigé par : Véronique | 06 mars 2008 à 07:43
J'ai comme vous vu l'émission et je me suis assoupie par fatigue. Je n'ai donc pas vu la fin. J'aimerais savoir s'il a été reconnu coupable car je ne comprenais pas pourquoi il était sur le plateau face cachée, j'en ai donc déduit qu'on avait usurpé son identité et qu'il en avait reçu une autre. Merci de me répondre.
Rédigé par : julie | 05 mars 2008 à 22:29
Comment dire...
Je ressens une telle amertume dans votre billet qu'elle est palpable au bout de ma souris... Il y a des jours où on aimerait être loin...
Rédigé par : Bernard1 | 05 mars 2008 à 20:38
Bonsoir M. Bilger,
je ne suis pas un inconditionnel de M. Hondelatte et de son émission mais pour l'émission d'hier soir, je ne peux que dire : chapeau bas. D'ailleurs sur le plan de l'audience, elle a fait un tabac, bien mérité. Merci à vous pour votre billet et pour votre blog, que je lis régulièrement (même si je ne partage pas toutes vos observations).
Cordialement,
Frédéric.
Rédigé par : Frédéric | 05 mars 2008 à 18:09
Que rajouter ?
Vous avez, cruellement, tout dit...
J'ai gagné un pari que je m'étais fait en éteignant le poste : PB ne va pas résister à la tentation du commentaire, il doit déjà jubiler devant son clavier !
Comme vous, comme je le suppose aussi chez ceux qui ont regardé cette remarquable émission, j'ai été fasciné par le décalage entre la logique et l'émotion, entre le réel et l'illusion, entre l'aveuglement excusable chez des parents mais confondant chez des êtres dits de raison...
Il me paraîtrait nécessaire de diffuser cette émission d'hier soir (je n'ai pas vu les précédentes) auprès de nos futurs magistrats, avocats, policiers, gendarmes...
Quant aux intellectuels et aux professionnels de la pétition et des comités de soutien, la cure de désintoxication serait trop longue : l'aveuglement n'est pas une maladie mais une permanente infirmité...
J'ai été sensible à cette jeune, fragile mais solide avocate jetée dans la fosse aux lions : comme quoi une soprano peut étouffer un quarteron de ténors !
Rédigé par : sbriglia | 05 mars 2008 à 17:34
"Il est vrai qu'avec lui le compte était bon et plein !"
Je me demande s'il a été question du programme de soins qu'il a pu suivre car j'avoue m'être assoupie à un moment donné. Il semble toutefois qu'il y aura une rediffusion le vendredi 07 mars.
"Pierre saura s'illustrer, plus tard, dans le Monde par un article que nos médiocres Zola d'aujourd'hui devraient méditer. En effet, il présentera ses excuses publiques en ayant le courage de reconnaître que sans son action initiale et celle de ses soutiens, le viol des deux américaines par Luc Tangorre n'aurait pas eu lieu. Contrition qui, dans la caste intellectuelle, a été rare, voire unique. "
J'ai été moi aussi interpellée par cette contrition mais probablement pas pour les mêmes raisons que vous.
De fait ce n'est pas tellement cette contrition qui m'interpelle si ce n'est pour approuver que qui s'est trompé publiquement le reconnaisse publiquement et non pas du bout des lèvres dans une embrasure de fenêtre - attitude qui demande effectivement un certain courage - , que l'éventualité que cette formidable mobilisation n'oblitère la prochaine mobilisation en faveur d'un présumé innocent qui peut-être en effet le sera, mais dont l'innocence pâtira d'une plus grande difficulté à se faire reconnaître par la faute de tout ce remue-ménage sans objet.
Ceci dit, j'ai découvert ce site où est publié un article qui fait état d'une demande de sanction contre les états responsables de violences sexuelles :
http://www.carnetdeliens-abussexuels.net/article-13954493.html
Je profite de l'évocation de cette question pour souligner que les violences étatiques en question ne sont pas uniquement le fait d'états de guerre et que certaines formes de harcèlements moraux mis en oeuvre par un certain type d'administrations civiles ou encore des groupements professionnels, se fondent quelque part aussi sur une forme de violence sexuelle quand bien même il n'y a, bien sûr, pas de passage à l'acte lui-même, car le sexuel est au fondement de nombre de comportements répréhensibles et notamment du mal dire !!
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 mars 2008 à 16:58
Mitterrand, abusé une deuxième fois, a aussi gracié Roger Knobelspiess.
Rédigé par : all | 05 mars 2008 à 16:55
Monsieur Bilger,
Je ne suis pas surpris de voir que vous consacrez un billet à ce sujet : j'ai également vu l'émission hier soir et je dois dire que j'ai été fasciné du début à la fin, d'autant que j'ignorais tout de l'affaire.
Il y a cependant un point central que vous passez sous silence : l'incroyable personnalité de l'accusé qui est pour beaucoup, je crois, dans l'erreur fatale commise par son comité de soutien.
Je regrette également que l'émission - et le procès ?- n'ait pas exploré plus avant la personnalité de Luc Tangorre.
Mais c'était le prix, peut-être, de l'exposé rigoureux, concis et impartial d'un si complexe dossier.
Rédigé par : Nicolas | 05 mars 2008 à 16:52
Excellent billet comme bien souvent.
Je réitère mon commentaire laissé sur le billet ""Double langage"" au sujet du livre de Michel Dubec...
Car je trouve votre ici présente dernière phrase très adaptée...
Rédigé par : Olivier | 05 mars 2008 à 16:47