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03 mars 2008

Commentaires

Nicolas

Bonjour Catherine JACOB,

Merci de m'avoir toujours répondu. Une question : êtes-vous bien la célèbre actrice Catherine Jacob ? Internet c'est magique, on peut discuter avec des célébrités comme à des voisins.

Bien cordialement

mike

Etre suspect avec d'autres, de bon acabit, est plutôt réconfortant ; la solitude est, elle, dure pour l'amour-propre.

Catherine JACOB

Nicolas

"Qui connaît un peu la réalité colombienne, sait que les paramilitaires ne séquestrent pas, ils assassinent et les chiffres de leurs meurtres, viols, massacres de syndicalistes, de journalistes, de pauvres paysans et d’enfants des rues sont considérables."

En effet, et je crois même que le serial killer américain aux deux ou trois cents meurtres non élucidés que j'ai évoqué l'autre jour est un véritable enfant de choeur en comparaison de certains paramilitaires colombiens à propos desquels le juge d'instruction, ou le procureur, en charge des charniers récemment découverts et explorés, dit que certains inculpés sont près d'avouer jusqu'à deux mille exécutions 'pro person'!!

Voir résumé Le Monde: http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?objet_id=986984&offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J

Ou encore art. Nouvell Obs: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20070506.OB
S5751/plus_de_200_corps_decouvertsdans_des_charniers_en_colom.h
tml

De plus si l'on en croit également ce site : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=10029 il n'y a pas que l'homme de la rue à devoir craindre de respirer un peu trop fort comme autrefois les messins sous la terreur que faisait régner le Dragon Le GRAOUILLY, vaincu par St Clément au IIIème siècle ( cf. http://www.metz.fr/METZ/ANIM/VISITES/VIS_Graouilly.html )

Nicolas

En réponse à l'information de Polochon

Maintenant que le stade aigu de la crise paraît un peu dépassé, je voudrais que nous réfléchissions ensemble à ce qu’elle nous enseigne. Ma propre position politique n’est pas une adhésion sans condition aux méthodes des FARC, loin de là. Fondamentalement tous ceux qui mènent le processus révolutionnaire bolivarien en Amérique latine à commencer par Chavez n’adhèrent pas plus à la stratégie des FARC et on ne peut pas les accuser d’apporter un soutien au FARC, alors que comme nous allons le voir la proposition de Chavez est d’en finir avec ce type de lutte.
Même les Cubains qui ont pris le pouvoir avec une guérilla et l’ont longtemps prônée ne sont pas en accord avec les séquestrations d’otage. On peut dire qu’aujourd’hui les révolutionnaires et les communistes d’Amérique latine pensent que les FARC ont commis des excès dans une lutte de guérilla de quasi un demi-siècle. Leurs motifs pour la lutte sont nobles et valables mais la séquestration d’otages politiques peut les isoler. Pourtant dénoncer les FARC sous ce seul prétexte est une sacrée hypocrisie. Qui connaît un peu la réalité colombienne, sait que les paramilitaires ne séquestrent pas, ils assassinent et les chiffres de leurs meurtres, viols, massacres de syndicalistes, de journalistes, de pauvres paysans et d’enfants des rues sont considérables. Durant tout le temps où a duré la guérilla il y a eu de nombreuses tentatives pour promouvoir la paix en Colombie. Mais toujours la violence a repris sous une triple influence, celle d’une oligarchie qui veut continuer à exploiter, des trafiquants de drogue et surtout des Etats-Unis qui savent que ce chaos est la meilleure chance pour avoir une base pour leurs mauvais coup dans toute l’Amérique latine. Le thème de la Colombie comme Israël du sous-continent a été omniprésent dans cette crise. Et cette exaspération des tensions internes et de la violence envers ses voisins ne date pas d’aujourd’hui, c’est pourquoi les Etats-Unis portent la responsabilité entière de ce qui se passe depuis cinquante ans en Colombie. ils ont trouvé en Uribe un valet docile tant qu’on le laisse lui et l’oligarchie continuer ses trafics. L’assassinat de qui les gêne est la forme naturelle d’un tel pouvoir.
La conclusion me paraît donc être celle que l’on trouve déjà dans le dernier texte de Fidel, il ne faut jamais faire ce que veut l’adversaire, ce qu’il veut c’est la peau de Chavez pour en terminer avec le processus d’unification révolutionnaire bolivarien, et pour cela il lui faut la guerre : donc il faut lui imposer la paix. C’est comme cela aussi qu’il faut analyser l’apparente réconciliation du sommet de Saint Domingue, quelques clés d’analyses.

Avec l’arrivée d’Uribe, la volonté active des Etats-Unis de tabler sur les paramilitaires et mafias, a trouvé son homme : ils ont en quelque sorte été placés à la tête du pays. Ce n’est un secret pour personne, les paramilitaires ont affirmé qu’ils “n’ont aucune divergence avec l’Etat, et travaillent avec les mêmes objectifs” l’imbrication est surtout forte avec l’armée, ils sont actifs là où l’armée est présente.
A partir d’une campagne médiatique féroce contre les guérillas et la gauche et avec la participation approximative de seulement 20-30% des votants, dans les dernières élections le pôle Démocratique d’Uribe était assuré de la victoire. Il y eut seulement 5% de votants dans les zones paysannes qui sont en majorité celles des guérillas.
Pour la population cela s’est traduit par des drames, plus de 60% des Colombiens vivent dans la pauvreté et la racine de la violence est là. La population fuit les exactions, on estime à 3 millions le nombre de déplacés sans compter ceux qui se sont réfugiés à l’étranger, environ 4 millions.

La Colombie est devenue le fer de lance contre une Amérique latine rebelle et en train de construire processus d’unité bolivarien. Elle ne peut l’être que dans une situation de violence qui n’est pas produite par les FARC mais dont ils sont le résultat.
C’est dans un tel contexte que se place le processus d’échange des otages dans lequel sont impliqués personnellement le président français et venézuélien. ce dernier ne cesse de subir la pression de la Colombie, d’où partent de multiples tentatives de déstabilisation, des incursions de sabotage et même des enlèvements.
Chavez cherche depuis toujours à en finir avec la menace que les Etats-unis font peser sur lui via la Colombie, il propose une solution de paix, le vendredi 11 janvier 2008 il propose devant l’Assemblée vénézuélienne “la reconnaissance des Forces armées Colombie (FARC) comme force belligérante.” Il ouvre ainsi non seulement un débat sur la Colombie mais sur bien des situations dans le monde. Il s’agit de faire des forces dites terroristes, les FARC mais aussi le Hamas, le Hezbollah, des acteurs politiques et de les intégrer donc à un processus de négociations politiques.
Une telle position part d’une analyse qui n’est pas dite mais qui considère que ce qui produit le terrorisme est la misère, la négation des droits des populations et à ce titre l’ingérence des multinationales et des milieux financiers est un terrorisme bien plus préjudiciable. De surcroît dans la définition du terrorisme que veulent imposer les nord-américains sont confondues des organisations criminelles et d’autres qui loin de nuire à leur population ont en vue l’indépendance nationale.
C’est sur cette vision du monde que se regroupent des pays qui en Amérique latine ont décidé de reconquérir indépendance et développement endogène avec des méthodes parfois différentes mais avec une volonté plus ou moins commune.
Il y a donc une volonté de paix assortie d’une réflexion en profondeur sur les conditions réelles de la démocratie.
Le gouvernement colombien a rejeté immédiatement la proposition de reconnaissance des FARC comme force belligérante et a insisté sur la voie militaire pour les extirper comme « un cancer » afin que la Colombie devienne « un pays sans terroristes » en 2010. L’initiative de Chavez a été critiquée comme constituant une intervention dans les affaires internes de la Colombie. Le porte-parole du Département d’État des Etats-Unis Sean Mc Cormack, a rejeté le 14 janvier la proposition de retirer les FARC de la « liste des organisations terroristes ». L’Europe a suivi.
Quand on ignore ces enjeux et le contexte, on ne comprend pas la situation et les multiples tentatives de déstabilisation menée par les Etats-Unis avec l’aide de la Colombie.
Avec Raul Reyes les terroristes d’Etat ont assassiné le médiateur, le négociateur de la Paix et ils ont retardé et compliqué la libération d’Ingrid Betancourt, qui était en train d’être négociée avec un envoyé du président français et Chavez, Uribe envoya un message : il ne laisserait jamais s’installer la paix nuisible à ses intérêts personnels, à ceux de sa classe et de son maître étasunien.
C’est au peuple colombien à demander des comptes à Uribe. Ses voisins peuvent oeuvrer pour la paix sans prendre position sur ce qui est une affaire interne, mais ils ne doivent pas tolérer la moindre incursion pour porter la guerre hors des frontières.
Je ne peux m’empêcher de voir la main de Cuba dans la manière dont cette ligne a fini par être adoptée par tout le monde à partir du moment où une victoire avait été remportée, en effet si l’ennemi veut la guerre il faut lui imposer la paix, mais une paix qui te laisse maître et souverain de ton propre pays, sur cela ne céder à aucun prix. Cela fait pratiquement cinquante ans que Cuba mène cette stratégie. Dans un état de dysimétrie total, l’île n’a jamais cédé un pouce de souveraineté et imposé le respect à l’énorme adversaire. Elle a obtenu que ne soit pas livré une bataille inégale, gagné un combat sans avoir à combattre par la construction d’un rapport de forces et l’extrême mobilité de ses réactions.
Cette bataille a été menée de la même manière :
- Victoire des peuples avec l’audience des défilés contre les paramilitaires et pour la paix, en Colombie plus de 300.000 participants dans des conditions dont nous venons de voir les difficultés et la peur.
- Victoire de l’unité d’un continent, grâce à la fermeté, à la dignité du jeune président équatorien Rafel Correa la démonstration a été faite des mensonges d’Uribe et de sa volonté de guerre. Il a dû s’engager à respecter la frontière de ses voisins. Les Etats-Unis ne sont pas arrivés à diviser les “durs” et “les modérés”, le processus d’unification n’a pas été brisé. Et ce malgré un déchaînement sans précédent de la presse et des médias aux mains de l’oligarchie, la pression a été considérable sur les chefs d’Etat, ils ont tenu bon.
rencontre du sommet du groupe de Rio à Saint domingue

http://www.youtube.com/watch?v=FScY…
Regardez bien cette video et vous comprendrez que c’est Chavez qui a gagné en imposant la paix: “Nous avons encore le temps d’arrêter un tourbillon que nous pourrions tous regretter”.
C’est une étape, un pas comme le disent les latinos, mais il est bien évident que rien n’est réglé, les FARC ont perdu deux de leurs dirigeants mais pour la première fois leur cause a commencé à briser le mur de mensonge érigé autour d’eux et du drame venu par les Colombiens.
Il est probable qu’il va y avoir d’autres épisodes, ici et dans le reste du monde mais c’est une ligne politique susceptible de rassembler qui s’est dessiné, elle nous concerne aussi.

Cactus un peu Freud

"Si le suspect déteste
1 _ porter sa sensibilité en bandoulière pour jouir d'un consensus gratifiant_,
il se méfie aussi comme de la peste
2 _de ce qui vient mécaniquement pactiser avec la bêtise et l'air du temps"_

Je vous suspecte avec cette envolée lyrique :
Vous êtes maintenant devenu "poète"
(aux écrits non vains, ce n'est pas nouveau et parfois divins, donc, mais suis-je pour autant bon devin ?)
je le pense mais ceci n'engage que moi !
Sissi !!!!!!!!!!!

sinon :
"Alors qui, pour ne pas désespérer ?"
Je cherche encore ! :-(

Catherine JACOB

Patrick PIKE

"La philosophie qu'on enseigne au lycée - l'enseigne-t-on toujours d'ailleurs ? - ne doit guère être plus que pensée de pacotille."

Voici pour votre information le
Programme de philosophie en classe terminale des séries générales
NOR : MENE0301199A
RLR : 521-7
ARRÊTÉ DU 27-5-2003
JO DU 6-6-2003
MEN
Consultable à partir
http://www.education.gouv.fr/bo/2003/25/MENE0301199A.htm

Dont je citerai ce passage à destination des blogueurs qui n'auront pas la patience de lire jusqu'au bout la prose de Jean-Paul de Gaudemar (directeur de l’enseignement scolaire en 2003) à ce sujet:

"Les exigences associées à ces exercices (dissertation et explication de textes), tels qu’ils sont proposés et enseignés en classe terminale, ne portent donc ni sur des règles purement formelles, ni sur la démonstration d’une culture et d’une capacité intellectuelle hors de portée. Elles se ramènent aux conditions élémentaires de la réflexion, et à la demande faite à l’élève d’assumer de manière personnelle et entière la responsabilité de la construction et du détail de son propos."

Plus problématiques dans certains cas:

"Les capacités à mobiliser reposent largement sur les acquis de la formation scolaire antérieure : elles consistent principalement à introduire à un problème, à mener ou analyser un raisonnement, à apprécier la valeur d’un argument, à exposer et discuter une thèse pertinente par rapport à un problème bien défini, à rechercher un exemple illustrant un concept ou une difficulté, à établir ou restituer une transition entre deux idées, à élaborer une conclusion."

Patrick PIKE

Les "Monsieur Propre" d'aujourd'hui ne souhaitent que javelliser nos pensées, nos mots ou nos actes. Cette obsession qui confine à la frénésie de considérer tout ce qui n'est pas conforme à ce qu'on inculque en distillant savamment ces poisons de l'uniformité et de la bienséance, nous entraîne irrémédiablement vers une société aseptisée. Le véritable esprit critique, celui qui fait qu'on bannit tout ce qui ressemble à des a priori, n'existe pratiquement plus. La philosophie qu'on enseigne au lycée - l'enseigne-t-on toujours d'ailleurs ? - ne doit guère être plus que pensée de pacotille.

Qu'ajouter à votre propos si plein de clairvoyance, sinon ces quelques phrases :

"Il chante pour lui seul, et non pas pour ses semblables. Il ne place pas la mesure de son inspiration dans la balance humaine. Libre comme la tempête, il est venu échouer, un jour, sur les plages indomptables de sa terrible volonté ! Il ne craint rien, si ce n'est lui-même !" Lautréamont "Les chants de Maldoror" IV,2

"S'il t'arrive jamais de te tourner vers l'extérieur dans le dessein de plaire à quelqu'un, sache que tu as perdu ton orientation. Contente-toi donc en toute circonstance d'être philosophe. Si tu veux, en plus, le paraître, parais-le à toi-même, c'est bien suffisant." Epictète "Manuel" XXIII

J'aime quand un procureur accouple la poésie à la philosophie. L'univers soudain s'éclaircit sous un rayon de soleil.

Polochon

Je viens d'apprendre que les informations retrouvées sur l'ordinateur du n° 2 des Farc prouvent que Chavez a été financé par les Farc puis a financé les Farc. Il est donc suspecté de collusion avec une organisation terroriste. Un mauvais suspect dans ce cas.
Cette parenthèse fermée,j'approuve totalement votre article ainsi que les commentaires de Paul et de Véronique.

Véronique

Seuls les intellectuels de votre blog vont se risquer à commenter votre note.

Les plutôt pragmatiques comme moi lisent votre billet comme votre autoportrait intellectuel. Vos brûlures de liberté et votre détestation des bienséances.

Je vous l'ai dit. Je me cogne souvent l'esprit à vous lire. Et j'ai des bleus partout à la tête.

Bref, mon bon suspect, c'est vous.

Jean-Dominique Reffait

Suspect Bilger, nous allons vous garder à vue pour cette apologie de la sédition ! Regarder avec ses oreilles, écouter avec ses mains, penser avec ses pieds, marcher avec sa tête, tromper nos sens avant qu'ils ne nous trompent, c'est la philosophie du non de Bachelard, celle qui se méfie des évidences.
Mais Philippe, il n'y a plus de suspects, à moins que nous le soyons tous : suspects de ne pas l'être, ratiocinant des valeurs aveuglantes et enfumées par des milliers d'encensoirs, submergés par un fatras de conformismes extrêmes qui sont autant d'anticonformismes égotiques, catégoriels et clochemerlesques, convenances boutiquières des révolutionnaires de plateaux télés, addictions aux bulles multicolores vite éclatées de l'actualité du jour, de l'heure, de la seconde.
Parce que plus de Sartre, plus d'Aron, plus de Genet, plus de Céline, mais du BHL immaculé, du Finkielkraut irascible, du Houellebecq de basse extraction littéraire.
Parce que nous sommes noyés sous les tartes à la crème qui fusent de tous les côtés, les entartés sont devenus les entarteurs, ça ne fait pas mal, oh non, c'est doux, c'est comestible, c'est même bon pour le teint. Ainsi batifolons-nous au milieu des Charlots libéraux, des Marx Brothers trotskystes, confits dans les idéologies redondantes et poussiéreuses des autres siècles, le 21ème, lui, n'est pas encore né.
Alors les suspects, les vrais, se cachent, en cavale qu'ils sont, à moins qu'ils ne soient encore à têter leur maman.

LABOCA

Régis Debray correspond peu à la définition de suspect proposée par l'Avocat général Bilger.
C'est un brillant intellectuel qui dérange certes mais tout en respectant les conventions sociales : il ne dit, ni écrit rien de nature à troubler l'ordre public, à provoquer une rupture de la paix sociale. Régis Debray est aussi un rigoureux universitaire : il est un fin observateur de la société ; ses concepts pour traduire ses constatations sont souvent très pertinents.
Alain Finkielkraut, quoique lui aussi intéressant, est plutôt un doctrinaire. En cela il présentera toujours un danger pour la cohésion et la paix sociales. Il reste capable d'insulter une partie importante des composantes de la population de la France. Il m'impressionne beaucoup car, bien que régulièrement il violente verbalement les gens des banlieues, c'est-à-dire au fond les Français de race africaine ou de race arabe, il est invité systématiquement à parader à la télé. Il n'est pas certain que Finkielkraut aurait toujours existé médiatiquement s'il avait insulté d'autres catégories de Français.
Ce mondain littéraire n'apporte rien de pertinent pour la compréhension de la société française : on ne lui connaît aucun fort concept opératoire pour l'analyse sociologique.
Je redis que c'est un doctrinaire.
On a l'impression qu'il s'exprime au nom d'un courant politique trouvant prolongement dans la classe politique actuelle, son rôle étant alors d'essayer tant bien que mal de trouver un certain revêtement intellectuel aux idées participant de ce courant.
Je crois savoir que Finkielkraut a déjà eu à répondre de ses provocations devant la Justice. C'est donc davantage une personne qui cherche à détruire la paix sociale, qu'un suspect au sens envisagé par le billet de l'Avocat général Bilger.
L'honnêteté m'oblige seulement à dire qu'il s'exprime très bien : c'est vraiment un excellent orateur ; il donne aussi l'impression de quelqu'un qui lit beaucoup. En tout cas, sa culture classique est admirable, même si parfois il se trompe - de bonne foi - dans la citation de grands auteurs.
Je regrette vraiment qu'il soit aussi extrémiste que Jean-Marie Le Pen, lequel au contraire a souvent été condamné par la Justice.
Pour en revenir à Régis Debray, je marquerai que récemment il a écrit deux ou trois livres sur la religion ou le fait religieux, comme on voudra : on voit que son champ de réflexion peut déborder du cadre strictement égal au champ politique - à supposer que la frontière entre religion et politique soit réelle, contrairement à ce que Marx et Engels ont pu en dire.
Debray est aussi, à la différence de Finkielkraut, un penseur modeste, prêt à se rendre aux arguments de l'autre. Son récent livre-discussion avec Claude Geffré - un autre grand intellectuel que son statut de religieux a obligé à vivre loin des projecteurs - est un bel exemple de l'absence d'engagement doctrinaire dans la pensée de Debray.

olivier-p

Ce que vous mettez en place dans ce texte, ce n'est pas la possibilité d'une dissidence interrogatrice et subversive,

c'est au contraire le théâtre déjà tout-prêt d'un Christ "suspect" face aux pharisiens, forcément de mauvaise foi, oui forcément - et tout est là dans cette perception d'un "indignité générale" qui vous saisit - tant mieux - et ne vous relâche pas - c'est là plus que dommage.

Permettez-moi d'insister encore une fois : un passage par les Lectures talmudiques de Lévinas pourrait utilement interroger cette mise en scène déjà prête de votre solitude libre et blessée, cet "en vérité je vous le dis" qui parle pour vous...

Guzet

Valéry écrivait: "le monde ne vaut que par les extrêmes et ne durent que par les modérés". On peut transposer et dire que le monde ne vaut que par les non-conformistes et ne durent que par les conformistes. C'est sans doute cet équilibre qui est aujourd'hui en question alors que de façon unanime... (et conformiste !) on célèbre à tout va la transgression, la révolte, la rupture, la fin des tabous, etc, etc... Comme le disait encore l'économiste et sociologue Jean Fourastié, les valeurs qui font progresser l'humanité ne sont pas celles qui la font durer. On commence à s'apercevoir qu'on ne peut sacrifier unilatéralement les secondes aux premières - et le magistrat comme le policier sont sans doute les mieux placés pour le constater. C'est sans doute un des mérites de la réflexion écologique de, plus ou moins confusément et consciemment, le rappeler... C'est pourquoi le conformisme du non-conformisme fait problème...

Paul

"Séparer le bon grain de l'ivraie", "les bons apôtres" : Tous ce vocabulaire religieux utilisé pour définir les bon moralistes qui voudraient vous empêcher de penser, à croire qu'à vos yeux la religion serait... suspecte ?

Et effectivement, elle l'est, elle doit sans cesse lutter pour affirmer sa spécificité face à un anticléricalisme primaire qui se pare du nom de laïcité et qui aujourd'hui reçoit l'assentiment de toutes les bienséances.

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